Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1881-05-23
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 mai 1881 23 mai 1881
Description : 1881/05/23 (Numéro 143). 1881/05/23 (Numéro 143).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : La Commune de Paris Collection numérique : La Commune de Paris
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO LUNDI 23 MAI 1881
Après une délibération qui dura deux
heures et demie, pendant laquelle les
délégués de la France demeurèrent au
Bardo en attendant patiemment la déci-
sion, le Bey revint accompagné alors de
Mustapha, et dit au général que par huit
voix contre quatre opposants, son conseil
lui recommandait de mettre sa signature
au bas du traité.
Après qu'il l'eut signé ainsi que le gé-
néral Bréart, et que M. Roustan et Mus-
tapha ben Ismaïl l'eussent contresigné,
les sceaux du Bardo et du consulat de
France furent apposés puis les délégués
français prirent congé du Bey et de son
premier ministre et se retirèrent.
Il était six heures et demie du soir.
Un des officiers d'ordonnance du géné-
ral Bréart, se rendit aussitôt à la Gou-
lette avec le traité, et monta à bord du
Çassaf'd, pour le porter de suite en
France.
Chez Mustaplia-Ben-IsmaSÏ
Le lendemain, c'est-à-dire avant-hier
samedi, notre ministre résident s'est
rendu au palais de Mustapha-ben-Ismaïl
et a eu avec lui une longue conversation
"dans laquelle il lui a exposé habilement
quelle devait être désormais sa ligne de
conduite et quels devoirs lui imposait sa
situation de premier ministre du gou-
vernement du Bardo vis-à-vis de la
France et vis-à-vis de l'Europe. Une cir-
constance exceptionnelle m'ayant mis à
nême d'en avoir connaissance, je la ré-
sume ici, avant que Mustapha ne la fasse
lui-même connaître; persuadé que cette
primeur originale est de nature à inté-
resser les lecteurs du Figaro.
M. Roustan rappela à Mustapha qu'il
y a trois ans, lors de son avènement
comme premier ministre, après la chute
de Kheiredine, il lui avait fait pressentir
tout le danger que le conseil des minis-
tres, par son influence pernicieuse, fe-
rait courir un jour au bey et à lui-même
et il ne lui cacha pas que les intrigues de
^e conseil, ouvertement hostile à la
France avaientdébeaucoup avancé l'heure
,du protectorat, qu'elle seule' était appe-
lée fatalement à exercer sur la Tunisie.
Il lui fit comprendre que l'avenir était
Ueui»-&&s moine quo la cagptïc:*? du gfou-
"vernement dû bey engageait dorénavant
"la France à couvrir la Tunisie, dans la po-
litique européenne et que, par consé-
quent, à l'abri d'éventualités fâcheuses
dont elle ne saurait plus d'ailleurs, avoir
la responsabilité, la Tunisie allait rece-
voir. une impulsion féconde et civilisa-
trice.
Mustapha parut, à ce moment, si.con-
vaincu par les paroles de notre ministre
résident qu'il l'interrompit pour lui faire
savoir que son intention était de se ren-
dre à bref délai à Paris, pour éclairer le
président de la République sur les cau-
ses du malentendu qui avait pu exister
un moment entre la France et la Tuni-
sie, pour lui donner lui-même l'assu-
rance formelle de ses meilleures inten-
tions et indiquer ainsi clairement que
toutes ses préférences nous étaient bien
acquises.
M. Roustan Jarrêta pour lui faire re-
marquer que l'époque de ce voyage à
Paris était prématurée que sa conduite
antérieure vis-à-vis de la France ne pou-
vait lui concilier de suite les sympathies
et le faire bien accueillir à Paris, et que,
pour atténuer et enfin changer cette
mauvaise impression, il lui fallait d'a-
bord par des actes et par des réformes
sérieuses s'être refait une sorte de vir-
ginité politique; car l'assurance de ses
bonnes intentions et toutes ses meilleu-
res paroles ne sauraient avoir en ce
moment une portée bien sérieuse.. Il lui
fit aussi l'historique des individus qui
avaient poussé le Bey et lui-même dans
la voie fâcheuse qui aboutit aux événe-
ments actuels, individus auxquels il de-
vait se hâter de défendre les approches
du Bardo et de son propre palais.
En outre, notre ministre résident si-
gnala à Mustapha l'intention de la France
d'introduire bientôt dans l'administra-
tion tunisienne l'ordre et l'économie qui
sont l'apanage de toute nation prospère.
Au point de vue politique, Mustapha re-
connut bientôt tous les avantages que la
Tunisie aurait à se voirdésormais repré-
sentée à l'étranger par une diplomatie
aussi sérieuse que celle de la France, qui
mettrait ainsi entièrement à couvert la
responsabilité de la Tunisie. Au point de
vue des finances, M. Roustan lui fit con-
naître que la France allait, dans le plus
bref délai, mettre à exécution un plan
financier qui, après avoir bientôt éteint
la dette tunisienne, ferait rendre aux
impôts au moins le double de- ce qu'ils
produisent actuellement.
Quant à l'occupation française, Mus-
tapha ayant exprima- le désir que, à
l'exemple de la colonne Bréart qui, cam-
pée près du Bardo doit se retirer demain
sur Béjà, les troupes françaises se reti-
rassent du Kef, de Tabarca, de Bi-
zerte et des autres points qu'elles oc-
cupent, M. Roustan lui répondit que la
France examinerait avec soin cetteques-
tion dès que les comptes qu'elle avait à
régler avec le bey seraient terminés et
les réformes promises en bonne voie
d'exécution.
Mustapha protesta ensuite, en son
2iom et au nom du bey, de ses intentions
futures et de sa volonté d'écarter les
fonctionnaires hostiles à la France, ajou-
tant qu'en se soumettant ainsi au désir
du gouvernement français, ce n'était pas
tuie gracieuseté qu'il croyait faire, mais
îm devoir auquel il était heureux de se
conformer.
Puis, il ajouta, avec une certaine mé-
lancolie, que, tout premier ministre qu'il
était, depuis trois "ans, il n'en était pas
moins pauvre que c'est tout au plus s'il
pouvait actuellement disposer de 25,000
piastres (15,000 francs) d'argent comp-
tant, et qu'il se trouvait dans la nécessité
de vendre une partie des terrains dont il
est propriétaire à des Italiens qui lui
avaient fait des offres en ce sens.
M. Roustan se déclara peu préoccupé
de ces propositions, sachant bien qu'il
ne les accepterait pas d'abord parce
qu'il savait que ce fait serait désa-
gréable au Résident, et ensuite parce
qu'il savait aussi que ce dont un Italien
lui offrirait mille francs des sociétés
françaises lui en donneraient quatre fois
autant.
Mustapha ajouta encore que tandis que
les événements actuels allaient faire pro-
fiter la Tunisie d'.une foule d'avantages,
et alors que M. Roustan venait déjà d'y
gagner le titre de ministre plénipoten-
tiaire de première classe et celui de rési-
dent, il allait se trouver, lui Mustapha,
pauvre premier ministre amoindri, le
seul qui n'eût reçu ni avantage, ni même
quelque compensation.
M. Roustan, sans rien répondre, lui
mit alors la main sur la poitrine à l'en-
droit où se place le grand cordon de la
Légion d'honneur, puis fit un geste inter-
rogateur qui amena de la part de Musta-
pha un signe de tête d'assentiment et de
satisfaction, et ramena la sénérité sur
son visage.
Lorsque M. Roustan se leva pour pren-
dre congé de Mustapha, celui-ci lui- ex-
prima l'espoir qu'il avait de recevoir
souvent encore sa visite ce à quoi notre
Résident répondit affirmativement et
ajouta qu'il pensait bien aussi qu'il vien-
drait le voir plus souvent encore.
.Enfin selon là mode orientale, ils
s'embrassèrent fraternellement, et notre
ministre Résidentlùi recommanda d'agir
de façon à ce que la verte vieillesse de
Mohamed-es-Sadock fût entourée par lui
comme par tous, de calme, de soins et
d'affection, de manière" à ce qu'il conti-
nuât à vivre longtemps encore et évitât
de la sorte le choix long et difficile qu'on
aurait à faire de son successeur.
Ka Revue
Le lendemain, c'est-à-dire, hier, di-
manche, à dix heures et demie, l,e géné-
ral et son état-major, ainsi que' lo rési-
dent et son. personnel, recevaient dans
la grande salle du consulat de France
toute la colonie française de Tunis. Au
dehors se tenaient une foule de mozabites
et des milliers de juifs aussi avides de
saluer te général français que de secouer
le joug musulman, parfois si lourd pour
eux.
Le premier député des notables fran-
çais, M. Valensi, prononça, au nom de
la colonie, un discours à l'adresse de
l'armée, pour la remercier de la mission
libératrice qu'elle avait remplie en ve-
nant inaugurer enfin une cre de justice
et de prospérité sur les côtes barba-
resques. Le général Bréàrt lui répon-
dit par un discours bien fait et court,
que je vous ai adressé hier par le té-
légraphe. Puis, le Résident, M. Rous-
tan, prononça aussi quelques mots en
réponse a une allocution faite par M. de
La Motte, délégué de la presse. Enfin,
toute la colonie française, les Mozabites
et les Juifs, d6filèrent devant le général
et le Résident. Le souvenir de cette ré-
ception d'un général français, dans cette
capitale musulmane de cent cinquante
mille âmes, restera un des faits les plus
saillants de l'histoire de Tunis, en môme
temps qu'il vivra toujours dans la mé-
moire de ceux qui y ont assisté.
Dans la journée, le général passa la
revue rlo l'armée entre Kassar-Saïd et la
Manouba: toute la colonie française- qui,
le matin, avait été invitée par lui, vint y
assister. Outre • les voitures- bizarres de
tout âge et de toute forme, chargées de
monde, qui encombraient la route du
Bardo, quatre longs trains organisés par
la Compagnie duchemin de fer deBone-
Guelma-Tunis, amenaient au camp tout
le reste de la colonie française, quelques
étrangers et une foule de juifs, mais
presque pas d'Arabes. Si ce n'eût été la
bizarrerie des nombreux costumes juifs,
et ça et là quelques rares burnous mu-
sulmans, on eût dit un train de banlieue
un dimanche d'été, dans les environs de
Paris.
Au bout de quelques minutes, on ar-
rive à la Manouba. A droite, dans la
plaine, du côté de Kassar-Saïd, on voit
les lignes blanches des couvre-nuques
de l'infanterie et de la cavalerie. C'est du
plus joli effet; le soleil est chaud et pas
un flocon blanc dans le bleu du ciel. Au
loin, à gauche, la colline et la chapelle
de Saint-Louis qui domine'les ruines de
l'antique Carthage. En face, la masse du
Bardo, d'un blanc aveuglant, puis les
beaux aqueducs d'Adrien, et plus loin, à
quelques kilomètres, se découpant dans
le bleu du ciel, les murailles dentelées
et les cent minarets de la blanche Tunis!
Le cadre est superbe, féerique Le
tableau ne l'est pas moins La reyuo a
commencé le général et le Résident
défilent à cheval sur le front des trou-
pes, suivis de l'état-major. Le soleil fait
miroiter les baïonnettes. La tenue des
soldats est correcte, recueillie, telle
qu'elle doit être à une revue passée en
psfys ennemi. Le "général et le Résident
saluent les drapeaux les musiques
jouent la Marseillaise
J'eussevoulu pouvoir transporter un
seul instant, sous les murs de Tunis, les
bandes de pâles voyous qui, pendant les
défaites de 1870, et depuis, lors de cha-
que élection, ou bien .mémo, et c'est le
plus souvent ainsi, à l'occasion de liba-
tions trop copieuses, hurlent la Marseil-
laise avec leurs voix avinées, en battant
d'un pas incertain, le soir,' le pavé de
nos villes. Peut-être le spectacle de cette
magique revue, leur eut-il fait compren-
dre qu'un chant, tel que la Marseillaise,
ne doit pas être prostitué comme il l'a
été par eux si souvent, et qu'on ne de-
vrait la chanter qu'en face d'un ennemi
ou après un succès de la France. Quoi
qu'il en soit, hier, la Marseillaise, jouée
à la revue par les musiques des régi-.
ments, sous les murs de Tunis, c'est-à-
dire d'une des plus grandes capitales
de l'Islam, était bien à sa place et pro-
duisait un superbe effet.
Enfin le dôlilé commença l'infanterie
marchait par compagnie entière, les sol-
dats sur deux lignes, serrés, se sentant
les coudes; puis l'artillerie et la cavale-
rie au trot, entourés d'un épais nuage de
poussière, disparurent à nos yeux émer-
veillés et rentrèrent au camp de la Ma-
nouba. La revue était finie qu'on regar-
dait encore.
L'impression produite fut des plus
vives j'ai vu pleurer d'émotion des
Français de Tunis déshabitués depuis de
longues années de. la vue de nos troupes.
J'ai remarqué la présence des consuls
d'Autriche et d'Espagne, et du consul
général d'Allemagne, M. Tulin de la Tu-
nisie, dont la conduite a été correcte en
toute circonstance pour nous, et qui
avait tenu à montrer une fois de plus par
sa présenSe à la revue les sympathies
dont il a toujours fait preuve pour les
Français.
-Les Suites dit» Traïté
Et maintenant, je demande pardon au
lecteur de me voir forcé de terminer ce
long article par une note triste et des re-
grets amers.
Si quelques officiers ont pu venir se
promener à Tunis, notre armée a dû res-
ter à quelques kilomètres des murs qu'il
lui était interdit de franchir. En appre-
nant l'arrivée sans difficulté de la co-
lonne Bréart en vue de Tunis, le gou-
vernement, qui dirige lui-même la mar-
che des troupes par le fil télégraphique,
n'avait plus qu'une faute à commettre
il n'a pas hésité à le faire.
Veut-on savoir exactement où nous en
sommes aujourd'hui, 1G mai, quatre
jours après la signature du traité, et au
lendemain de la revue? Nous avons un
morceau de papier qui arrive aujour-
d'hui en France, dans le sac d'un officier
d'état-major, c'est le traité. L'arniée/par
son voisinage de Tunis, lui donne un
certain appui demain, après son départ,
tout sera à recommencer
Et quel appui, hélas Veut-on savoir
comment le protectorat a été exécuté de-
puis quatre jours? Un exemple Larbi
Zarrouck, chef de la municipalité de
Tunis avait fait une tentative dé sou-
lèvement vendredi dernier. Le jour
même le Bey le faisait arrêter, nous
offrant de le faire ensuite décapiter.
Sur la demande de- notre Rési- 1
dent de lui donner, non pas la mort,
mais une punition néanmoins très sé-
vère, le gouvernement tunisien se côa-
tenta de le consigner dans son palais
avec une sentinelle à sa porte! Enfin,
pour bouquet; Larbi Zarrouck. a été dé-
livré hier matin et assistait, pendant ta
revue, à ce conseil des ministres hostile
à la France, et qui est encore debout en
son entier et ce matin même on recevait
an Bardo le juif Lévyl' ¡
Voilà ou en est l'exécution du traité
quatre jours après sa signature, et alors
que l'armée est a 6 kilomètres de Tunis
J'ai dit que le Bey est absolument do-
miné par son entourage. Ce serait môme
un service à lui rendre que d'occuper
Tunis et d'y mettre une sérieuse garni-
son pour lui donner la force et la con-
fiance qui lui sont nécessaires pour se
débarrasser de la tutelle de son conseil,
et rendre possible la marche régulière
de ce rouage si difficile du protectorat.
Les musulmans de Tunis se sont abste-
nus enjnasse d'aller à la revue il eût
fallu les contraindre à voir notre force
par une revue passée dans Tunis même
et ne pas hésiter à les canonner à la
moindre tentative de soulèvement. Vous
verrez qu'on sera forcé d'en venir là,
après le ridicule d'une demi-mesure.
M. Maccio n'a-t-il pas dit ces jour,s-ci à
diverses personnes qui me l'ont répété»
qu'il ne demandait que trois mois pour
démolir complètement le protectorat
français! Il est inouï que nous n'ayions
pas mieux profité des leçons de diplo-
matie que les musulmans donnent si gé-
néreusement à l'Europe. Rappelez-vous
le siège de Dulcigno.
Quand donc, mon Dieu, nousFrançais,
serons-nous fatigués de nous faire rouler
par l'inertie des Arabes qui, en Tunisie
comme en Algérie, ne songent qu'à nous
jeter à la mer, par la simple et juste rai-
son que nous sommes chez eux, et quand
cesserons-nous d'être assez ridicules pour
réclamer pour eux et pour leur donner
la loi civile des citoyens français.-
̃ B. de Çtrilleam
LES FABLES DE LA FONTAINE
/̃ LES PASTELS DE ft' DE MTTÏS
Il s'est trouvé un amateur assez in-
telligent pour tenter une chose nouvelle
dans l'histoire des collectionneurs. M.
Roux, de Marseille, a fait illustrer les
fables de La Fontaine par ,des artistes
en renom. Cette collectionnese compose
pas de moins de cent cinquante aqua-
relles, qui sont exposées rue Laffitte,
dans le petit salon particulier des aqua-
rellistes français. L'idée paraissait si
originale ù. quelques-uns qu'ils ne l'ont
pas comprise ils ont prêté à M. Roux
des idées de spéculation qui le chagri-
nent; il m'a fait l'honneur de venir me
voir et de m'exposer ses ennuis. C'est
sur» la demande des artistes queM.Roux
a exhibé ses aquarelles rue Laffitte il
ne pensait pas avoir le droit de leur re-
fuser cette satisfaction.
Quelle spéculation M. Roux aurait-il
d'ailleurs pu faire ? Je ne pense pas que'
l'idée ait pu lui venir de faire reproduire
ces aquarelles dans une nouvelle édition
de luxe des Fables' Les illustrations qui;
se prêteraient utilement à une reproduc-
lion populaire sont sans valeur. Les pa-
ges qui donnent une si grande valeur
à cette collection sont des œuvres d'art
tellement en dehors de la routine et
si personnelles qu'elles perdraient leur
intérêt dans une reproduction quelcon-
que. Si donc M. Roux avait une ar-
rière-pensée commerciale, elle serait
détestable. Mais il ne l'a pas il
m'a engagé sa parole qu'une telle pré-
occupation ne s'était jamais présentée
dans son esprit. Pour moi, il n'y a pas
de doute c'est un amoureux des choses
de l'art et non un spéculateur qui a eu la
pensée de se créer cette galerie originale.
Un spéculateur eut montré plus de souci
de plaire au public; il aurait fait une place
plus grande à la banalité aimable; non
qu'elle soit absente au contraire, elle ost
en nombre dans la collection, mais d'au-
tre part il y a là un réel fonds d'art de
noble expression qui donne à cette expo-
sition un éclat très grand.
Je détacherai trois noms du groupe
nombreux d'artistes. Ils résument les
trois tendances marquées de la collec-
tion ce sont MM. Gustave Moreau,
Heilbuth et le défunt Jacquemart tous
les autres font escorte à ces trois têtes
de colonne. De ces trois artistes M. Gus-
tave Moreau est le plus éblouissant,
M. Heilbuth le plus spirituel et M. Jac-
quemart le plus habile. M. Gustave Mo-
reau ne s'en est pas tenu au bonhomme
La Fontaine il a prouvé avec raison que
la fable ne s'applique pas à une époque
déterminée et à une seule civilisation
elle est humaine; elle s'applique à
l'homme et non aune race la pensée de
l'artiste peut la transporter dans le milieu
qui lui convient, en Orient ou en Occi-
dent au choix, dans lerêve du poète aussi
bien que dans la réalité de l'observateur.
Et pour no citer qu'un exemple, il lui
était permis de donner à la souris méta-
morphosée en fille, l'allure idéale d'une
Vénus sortant de l'onde. C'est cette
ambition de l'artiste, cette façon per-^
sonnelle de M. Gustave Moreau de
prendre la fable 'comme un prétexte à
créerune œuvre d'art en dehors delarou-
tine qui. donne aux éblouissantes aqua-
relles de l'artiste leur haute valeur. Les
pages qu'il a signées pour cette collec-
tion une vingtaine sont dépures
merveilles. Elles sont autant de rêves
nés de la lecture des fables et que l'ar-
tiste, au réveil de ces hallucinations, a
jetés sur le papier avec toutes les séduc-
tions de la composition et de la couleur. Il
se peut que La Fontaine serait surpris
de cette interprétation de son œuvre qui
en élargit te cadre et la porte dans les
hauteurs sereines de l'idéal. Mais' cet
étonnement' ferait place aussitôt à un
enchantement auquel il est impossible
de se soustraire et qui, Dieu merci nous
console du chic sans inspiration de M.
EugèneLami, par exemple, de la banalité
absolue de M. Leloir, et des vulgarités
commerciales d'un grand nombre d'au-
tres peintres.
M. Heilbuth nous fait entrer dans un
autre ordre d'idées il donne aux ani-
maux plus d'importance et nous montre
un Lafontaine homme d'esprit et sou-
riant. Ce sont la grâce et la bonne hu-
meur qui dominent chez M. Heilbuth.
Ce n'est pas lui qui sous prétexte- d'illus-
trer la Cigale et la fourmi recommence-
rait une de ces scènes routinières où la
cigale, grande cocotte, chante tout l'été
tandis que la fourmi, humble et labo-
rieuse fille du peuple, travaille.Non, rien
de la routine ordinaire un paysage,
plein de séduction et d'air et dans le vert
gazon on voit la fourmi courir affairée.
On voit te Héron, au bord d'un étang et
dans un paysage fleuri comme le prin-
temps. Rien de plus amusant et de plus
charmant eomme tableau que son Lièvre
et les grenouilles; son petit paysage de
la Goutte et V araignée est un bijou.
J'ai dit que M. Jacquemart est le plus
habile des trois; cet artiste- si doué et
que la mort a enlevé si tôt, se moque de
La Fontaine comme d'une guigne. Le fa-
buliste n'est pour lui qu'un prétexte à
faire aquarelle sur aquarelle, toutes en-
levées avec la même virtuosité et les
plus brillantes qualités. Par exemple,
pour l'Ane et les deux Maîtres, il se con-
tente de montrer un âne en plein soleil
sans s'occuper du reste.
Maintenant, il est vraiment curieux
de voir, de quelle façon chaque artiste a
interprété les Fables. M. Elie Delaunay
a fait une vingtaine d'aquarelles d'un
aspect triste, académique sans nécessité
et sans exprcssionpersonnellc. M. Vibert
a voulu prouver qu'il a plus d'esprit que
La Fontaine pour M. Duez, l'Oiseleur est
une occasion de camper un bonhomme
en plein,air; pour M. Eugène Lambert
le Chat et les vieux rats est le point de
départ d'une de ces spirituelles scènes
dont il a le monopole. M. Gervex en-
traîne La Fontaine dans la vie moderne.
Le fou et le sage fournit à M. Raffaê'li la
matière d'une aquarelle vivante et d'un
plein air remarquable. Mme Madeleine
Lemaire n'y va pas par quatre chemins;
elle se contente de peindre une très
jolie figure pour la Veuve. M. Jacquet
ne veut être que colorisle séduisant. M.
Edouard de Beaumont reste dans les
Fables Parisien jusqu'au bout des on-
gles.
Ne pouvant passer en revue les cent
cinquante aquarelles, je me borne à citer
les autours qui me restent à nommer
MM. Bastien Lepage, Gérômc, Gustave
Doré, Baudry, Hébert, de Nittis, de
Penne, Zuber, Imor, Berchère, Ga-
briel Ferrier, Français, Berne-Bellocour,
John-Lewis Brown, Henri Pille, Veyras-
sàt, Worms, Pasini, Morot, Emile Lévy,
Machard, Vayson, Ranvier, Dubufe fils,
Joseph Stevens, Lançon, Giacomelli, Ba-
ron, Maignan et Jules Didier.
La liste de ces noms plus ou moins
célèbres, dit au lecteur que toutes les
tendances de l'art moderne sont repré-
sentées dans cette collection d'aquarelles,
il en résulte certes une grande variété,
mais quand on envisage l'ensemble au
point de vue plus étroit d'une unité dans
l'œuvre d'art, il faut bien avouer qu'elle
n'existe nulle part. Il me semble que M.
Roux aurait mieux fait de limiterle nom-
bre des artistes. Dix ou douze auraient
suffi au besoin la demi-douzaine eut
été assez. C'est déjà beaucoup de trouver à
la fois six artistes qui apportent une note
personnelle non seulement dans l'exé-
cution, mais dans l'interprétation même
des Fables. C'est précisément cet esprit
personnel, la nouveauté dans la façon de
commenter La Fontaine qui donne une
si haute valeur à l'œuvre de M. Gustave
Moreau; elle est dans cette collection
panachée la note d'art dominante et par
conséquent le principal attrait pour le
délicat.
La place nous manque vraiment pour
rendre compte de toutes les expositions
qu'on ouvre aux quatre coins de Paris.
On ne peut cependant pas passer sous si-
lence les pastels que M. de Nittis montre
à partir d'aujourd'hui au cercle des Mirli-
tons ces seize pastels représentent une
année, de travail et une grande recherche
artistique dans la voie d'un arlpersonnel.
Je reconnais volontiers que jamais le
pastel n'a été manié avec une si grande
virtuosité.; M-, de Nittis.. arrive à une
puissance de couleur et à des surprises
de modelé que la couleur à l'huile ne
pourrait pas dépasser.
On verra avec le plus vif intérêt ces
seize ouvrages, dont chacun marque un
effort particulier, une préoccupation ar-
tistique qui contraste heureusement
avcclapeinturû, néed'un besoin commer-
cial et ne visant pas plus haut. Les trois
grandes scènes de courses, le portrait
féminin en noir sur un fond japonais, et
M. de Goncourt dans son cabinet de tra-
vail sont de véritables œuvres d'art. Je
ne crois pas pouvoir faire un plus grand
et plus sincère compliment à M. de
Nittis. Albe>t
Albert Wolff.
PABISAUJ0ÎI1EJÔ11
On a bien tort de croire que le gouver-
nement de M. Grévy est un gouverne-
ment muet. 11 est au contraire bavard
comme une pie, seulement il réserve ses
discours pour les journaux étrangers. Il
va même jusqu'à affirmer son énergie,
toujours dans les mêmes feuilles. Par
exemple, la Revue allemande vient de
publier sous ce titre le Pouvoir sans la
responsabilité, un article condamnant
sévèrement la politique de M. Gambetta.
M. Barthélémy Saint-Hilairc a saisi im-
médiatement la plume qui ne le quitte
jamais, et il a adressé au journaliste al-
lemand une lettre commençant ainsi
J'ai La votre article, et je sais entièrement
de votre avis. La pouvoir sans la responsabi-
lité est très dangereux pour celui, qui l'exerce,
et peut provoquer bien du trouble et de la
confusion' dans l'Etat.
Si le Cabinet, dont M. Barthélémy
Saint-Hilaire est un des membres les
plus importants, considérait l'influence
de M. Gambetta comme aussi néfaste,
il aurait mieux fait de le dire hautement
à la tribune, que d'en convenir tout bas,
dans le coin d'un journal d'Allemagne.
Abordant la question tunisienne, M.
Barthélémy Saint-Hilaire laisse échapper
une phrase qu'ilaurait rnieux fait de lais-
ser dans son encrier.
Nous n'avons qu'à nous louer de l'attitude
de l'Allemagne dans cette question impor-
tante je me plais à manifester la reconnais-
sance que nous devons au gouvernement
allemand et aux organes importants de votre
presse; c'est là un acte de justice.
M. Êjâint Hilaire a écrit cela avec
bonhomie il ne s'est aperçu ai du ridi-
cule ni de l'odieux de cette déclaration
de « reconnaissance » faite par un minis-
tre des affaires étrangères français à un
gouvernement qui a atteint complète-
ment son but: isoler la France de toute
alliance européenne et la tenir à sa dé-
votion.
Et il se trouve encore des feuilles ra-
dicales facétieuses pour se moquer de
feu M. de Chamillart. Mais M. de Cha-
millard est un Talleyrarid auprès de M.
Barthélémy Saint-Hilaire."
En terminant, ce ministre comme on
n'en a jamais vu a cru devoir renouveler
l'assurance que jamais la France n'en-
tendait faire le plus petit tort à cet excel- i
lent Bey de Tunis. f
Les explications qui ont été fournies au- 1
jourd'hui au Sénat attestent que nous ne vi- I
sons ni une conquête, ni même une occupa-
tion permanente. Nous prendrons des sûre-
tés,-mais pour un délai que nous chercherons
à abréger le plus possible.
Si l'Europe, après cela, continue à être
inquiète, il faut convenir qu'elle y met-
tra de la mauvaise volonté.
$*» Le National a fait !e relevé des
modifications qu'apporte, au point de
vue du nombre des députés, le scrutin
de liste dans l'ancienne représentation
parlementaire.
Etant donné autant de députés pour
chaque département, que sa population
contient de fois 70,000, plus un pour la
fraction restante
La Seine gagnera dix sièges
Le Nord et lo Rhône, chacun quatre;
La Loire, le Morbihan, le Pas-de-Calais, le
Puy-de-Dôme, deux.
Vingt-neuf départements gagneront un
siège, à savoir Aisne, Ariôge, Aude, Bou-
ches^du-Rhône, Côtes-du-Nord, Gard, Gi-
ronde, Hérault, Ille-et-Vilaine, Indre-et-Loire,
Isère, Jura, Haute-Loire, Loire-Inférieure,
Loiret, Lot-et-Garonne, Maine-el-Loire, Haute-
Marne, Mayenne, Meurthe-et-Moselle, Meuse,
Oise, Basses-Pyrénées, Haute-Saône, Sarthe,
Seine-Inférieure, Tarn, Var, Vosges.
Les autres départements n'éprouvent
ni diminution ni augmentation mais
beaucoup conservent le statu quo à titre.
provisoire seulement, leur population
n'étant point proportionnelle au chiffre
prescrit.
Aux élections qui suivront celles de la pré-
sente année, ces départements verront dimi-
nuer leur représentation. Le département des
Basses-Alpes perdra trois sièges, et les dix
départements dont les noms suivent en per-
dront un: Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes,
Aube, Aveyron, Corse, Creuse, Dordogne,
Lozère, Savoie, Vienne. Pour peu toutefois
que le recensement, qui se fera cette année
môme, montre un léger accroissement de la
population dans la Dordogne, ce département
aura droit à son huitième député à titre défi-
nitif, car il ne lui manque, depuis le recense-
ment de 187G, que 153 habitants pour se
trouver dans une situation normale.
Adolphe Racot.
LA PRESSE ÉTRANGÈRE
Les journaux étrangers apprécient di-
versement la valeur du changement ap-
porté dans le mode d'élection par le vote
du 19 mai mais tous s'accordent à con-
sidérer l'adoption du scrutin de liste
comme le triomphe personnel de M.
Gambetta. A ce point de vue, les uns se
bornent à constater une fois de plus la
facilité avec laquelle la France abdique
entre les mains d'un seul homme. Ce qui
ne prouve pas chez elle des mœurs bien
républicaines. D'autres, surtout les
feuilles allemandes, accueillent le suc-
cès de M. Gambetta avec une défiance
marquée.
La Gazette de Cologne spéculant sur
les conséquences probables de l'adoption
du scrutin de liste, dit
Une majorité à la dévotion de M. Gambett3
serait un tonneau de poudre, pour ne pas me
servir d'une image plus hardie, qui fera sauter
en l'air la République de M. Grévy et quiame-
nant une seconde dictature Gambetta, peut
mettre l'Europe, l'Asie et l'Afrique en feu.
^w^wv. Garibaldi vient d'adresser à un
ancien députe italien la lettre suivante à
propos des affaires tunisiennes
Je suis ami de la France, et je crois qu'il
faut faire tout ce qui est possible pour con-
sarver son amitié.
Mais je suis Italien avant tout, et jo donne-
rais certainement le reste de ma vie pour que
l'Italie ne soit offensée par personne. Or, si
on perméltutt à la France de s'emparor do la
Tunisie, l'Italie serait non seulement outragée
mais menacée dans ses intérêts et dans sa
sécurité.
J'espère toujours que la France se conten-
tera de la punition des assassins de quelques
citoyens français, et qu'elle se retirera en-
suite sans toucher à l'indépendance de la Tu-
nisie ni par une annexion, ni par un protecto-
rat. t.
Quoi qu'il en soit, la place de notre flotte est
pour le moment dans le golfe de Tunis pour
la protection de notre nombreuse colonie et
cinquante mille hommes avec les accessoires
nécessaires doivent être prêts sur les côtes
méridionales de nos deux grandes îles pour
le môme objet. ~G. GARIBALDI.
G. Garibaldi.
Nouvelles Diverses
L'état de faiblesse de Mlle Angélique Ma-
zioli, victime de l'attentat de l'esplanade des
Invalides, était malheureusement si grand
dans la matinée et la journée d'hier, qu'il
était difficile de formuler des pronostics cer-
tains.
L'énorme quantité de sang perdu par la
blessée est la cause naturelle de cette faiblesse
et bien qu'à certains égards, en raison des
soins qui lui ont été prodigués, Mlle Mazioli
ait éprouvé du soulagement, on n'est pas sans
avoir de sérieuses inquiétudes.
Hier matin, à huit heures, Mme Mazioli
s'est présentée à l'hôpital afin de voir sa mal-
heureuse enfant; mais dans l'intérêt même de
la malade on a dû refuser à la pauvre mère
cette triste satisfaction. Il en a été de même
d'ailleurs pour les autres membres de la fa-
mille qui ont essayé de rendre visite à la vic-
time de Gabriel Doucet
A ajouter au bilan déjà respectable des me-
sures d'hygiène générale prises récemment
par la Préfecture de police.
On vient d'afficher une ordonnance concer-
nant la construction et l'entretien des appa-
reils servant au débit de la bière.
Aux termes de cette ordonnance, les tuyaux
« conducteurs » de la bière doivent être en
verre ou en étain fin, à l'exclusion de tout
métal altérable et surtout du plomb. De plus,
la prise d'air servant à alimenter le réservoir
qui donne Ja pression doit venir de la voie
publique, ou de cours suffisamment spacieuses
mais ne peut, en aucun cas, être faite dans
des caves imparfaitement aérées ou dans des
locaux habités.
Enfin, ce réservoir d'air doit être muni,
non seulement d'une' soupape ou d'un mano-
mètre, pour le réglage de la pression, mais
encoi'e d'un « trou d'homme », afin de.per-
mettre la visite et le nettoyage fréquents de
toutes les parties de l'appareil.
Si toutes ces prescriptions sont fidèlement
observées, nos buveurs de bière sableront dé-
sormais sans défiance leur breuvage favori.
Deux nouvelles arrestations ont été opérées
hier par M. Clément, relatives au vol de
250,000 francs au préjudice d'une maison de
Marseille.
Les individus arrêtés sont deux courtiers
de la Bourse, nommés Chauveaux et Marchai,
qui s'étaient chargés de négocier les valeurs
escroquées.
La « Société de l'Avenir », société générale
de prévoyance et de secours des dames et
des demoiselles du commerce, s'est réunie
hier, aux Arts-et-Métiers, sous la prési-
dence de M. Jaluzot.
M. Angervîlle, médecin de la Faculté de
Paris, qui a fondé l'Association en ÏSG3, a an-
noncé aux sociétaires que leur caisse contient
actuellement 97,000 fr.
M. Jaluzot ayant pris la parole, a dit que
la Société, qui n'avait que quatre membres
au début, en 8 quinze cents aujourd'hui. Nous
espérons que cette institution, qui a pour but
d'aider les soeiétairesNinalades, de leur pro-
curer des emplois quand elles en sont dépour-
vues, des rentes viagères sur les caisses de
A. R.
retraite continuera à progresser dans fin-
térêt de tous.
Remercions nos lecteurs de l'empresse-
ment avec lequel ils sont venus en aide à la
famille Couder, que nous leur avions recom-
mandée.
En quelques jours, M. Couder a reçu prés
de 1,400 francs, ce qui lui a permis de prendre
immédiatement un logement provisoire, pour
lui et sa famille, 14,. passage Parmentier.
La somme est assez importante pour qu'il
puisse acheter des meubles et monter un petit
atelier.
Nous sommes heureux d'avoir pu ains
sauver de la misère et du désespoir une fa
mille des plus honorables et sur laquelle nôu
avons eu notamment de M. l'abbé Sibon
curé de Saint-Joseph les meilleurs rensef
gnernents.
v La fin du moade –plusv sauvent annonce
que désirée arrivera, sans rémission cett
fois, te 12 novembre prochain, à minuit son.
haut. Nous avons tenu à instruire nos lecteurs
de la date.exacte du terrible et dernier événe*
ment, afin qu'ils aient le temps de mettre
ordre à leurs affaires.
Nous devons cette connaissance du moment
précis de l'épouvantable cataclysme aux. cal-
culs positifs d'un professeur américain, M.
dames Swormstedt.
Voici comment les choses se passeront En
cet effroyable soir du 12 novembre, à minuit,
Jupiter, la Terre et le Soleil seront en ligne
directe, surgira alors une comète qui viendra'
donner un formidable coup de tête à ta. Terre.
Notre planète infortunée et abasourdie trébu-
chera comme un ivrogne et vacillera dans le
néant. On ne sait pas la tête que nous ferons
au moment où la Terre ébranlée sera déta-
chée du cercle planétaire. Quoi qu'il en soit,
vous êtes prévenus, lecteurs, et si vous ne
vous préparez pas au jugement dernier, en
ces quelques jours qui vous restent, ce n'est
pas à Jean de Paris qu'il faudra vous en'
prendre.
CN CONSEIL PAR JOUR
Les travailleuses ailées aimées de Virgile,
bourdonnent au-dessus des fleurs, cherchant
provende. Si, croyant se reposer sur des lis
et des roses, l'une d'elles venait à piquer
votre sein de neige et vos lèvres de corail,
Madame, prenez courageusement une cuille-
rée de chaux vive, frottez-en la partie affligée.
A l'instant, la douleur cessera. Vous détruirez
le gonflement en humectant la chair enflée
d'eau froide, prise dans le creux de la main.
U faut employer l'eau à plusieurs- reprises et
en petite quantité, Jean de: Paris- `
Jean de: Parl!l'
MeraoKto. Hier, à quatre heures, M.J.
rentier, âgo de quatre-vingt-quatre ans, démourant
en garni, rue du Théâtre, à Grenelle, a été trouve
mort dans son lit, couvert de sang ce vieillard s'é-
tait fait sauter ta cervelle. La cause de cet étrange
suicide n'est pas connue. v
Achats de tousvêtcments neufs et vieux. Albansl
jeune,20, passs5 de 1'Opéra.Ecrire.Se rend àdomicile.
Les secrétaires-généraux deaSociotôs savantes
de Paris, se réuniront mercredi prochain, 25 mai,
en un dîner confraternel, chez Brébant, à sept
heures..
Ces réunions, qui seront mensuelles, ont pour
but d'établie une solidarité durable entre toutes'
les sociétés savantes.
J. de P.
GAZETTE iiS_ TRIBDNAGX-
Police correctionnelle Les .enfants mar-
tyrs. Nouvelles judiciaires.
Nous avons eu trop souvent a parler
des patents dénaturés qui martyrisent
de pauvres enfants. Voici quelque chose
de pis
Les époux Morette sont des cJiands de
vin du faubourg Saint-l>cnis. Morette a
quatre enfants d'un second mariage, et
une petite fille, Fernande, née d'une pre
miere union.
Cette malheureuse enfant, qui a au
jourd'hui douze ans, était devenue un
véritable souffre-douleur. Son père et sa
belle-mère ne cessaient de l'accabler de
coups; ils la nourrissaient à peine, et
l'avaient réduite à une sorte d'esclavage.
Un jour, Morette pend sa fille par les
chevçux à un porte-manteau; un autre
jour, en présence de sa femme, il la
déshabille et la roue de coups de crava-
che. ̃
Enfin ce. misérable, tombé complète-
ment sous la dépendance de sa seconde
femme, résolut de se débarrasser de
l'enfant en la faisant enfermer dans une
maison de correction. Mais la petite fille
était douce, obéissante, il n'y avait point
de motifs pour qu'une mesure aussi sé-
vbre lui fût appliquée.
La haine est ingénieuse Morette et
sa femme inventèrent quelque chose «
d'odieux. Un jour, la femme Morette
prend sa belle-fille à la gorge,, elle la
force à s'asseoir devant une table, et, en
la menaçant de mort, elle la contraint à
écrire, au procureur de la République,
une lettre dans laquelle la pauvre en-
fant s'accuse de méfaits imaginaires;
Voici cette lettre, qu'elle dicta à Fer-
nande. Est-il possible d'imaginer rien de
plus odieux de la part d'une'femme ?
Monsieur le Procureur,
Je m'accuse des fautes que j'ai commises
J'ai été chez M. G. trois fois. Je me suis
sauvée chez lui' après avoir volé des gâteaux
et du vin, que nous avons mangés et bu en-
semble.
Chaque fois que j'allais le voir, it me met-
tait près de lui et faisait avec moi de vilaines
choses.
La lettre de la pauvre enfant donna
ici des détails ignobles qu'il nous est im-
possible de reproduire.
Quelques jours plus tard, Morette at-
tachait sa fille, plaçait un crucifix entre
ses mains jointes, et, après l'avoir mena-
cée d'un couteau qu'il lui appliqua sur
la poitrine, il fit entrêr une voisine, de-
vant laquelle l'enfant avoua mensongô-
rement qu'elle avait des habitudes vi-
cieuses et qu'elle se livrait à des actes
abominables avec un" garçon boucher.
M. le docteur Brouardel, commis par
le Parquet pour examiner Fernande Mo-,
rette, a constaté qu'elle était absolument
pure.
La pauvre petite fille a été recueillie,
nous dit-on, par des- parents charitables.
Quant aux époux Morette, ils ont dis-
paru depuis que la justice est saisie, et
c'est par défaut que la 10° Chambre les
a condamnés l'un et l'autre à un an de
prison.
La 10° Chambre a également jugé, hier,
une nourrice qui avait -martyrisé un
pauvre enfant.
Cette mégère habite Billancourt et se
nomme la femme Leroy. Un ouvrier, M.
Dumont, lui avait confié sa petite fille,
âgée de treize mois, et, qui, il faut le
dire, avait déjà été fort mal soignée chez
d'autres nourrices.
Au moins, celles-ci ne l'avaienl-eîles
pas maltraitée la femme Leroy, au con-
traire, la battit cruellement, la laissant
manquer de tout, et la privant d'air et de
promenades.
Mais il y avait plus un jour, pour
punir l'enfant d'avoir crié, la nourrice la
plongea dans un bain d'eau glactjq cela
«e passait au mois de février dernier.
Quelque temps après, toujours pour
punir la petite fille qui avait pleuré, la
femme Leroy la laissait pendant une
heure entière au pied d'un arbre, grelot-
tante et bientôt engourdie par le froid.
L'enfant ayant été atteinte d'une bron-
Après une délibération qui dura deux
heures et demie, pendant laquelle les
délégués de la France demeurèrent au
Bardo en attendant patiemment la déci-
sion, le Bey revint accompagné alors de
Mustapha, et dit au général que par huit
voix contre quatre opposants, son conseil
lui recommandait de mettre sa signature
au bas du traité.
Après qu'il l'eut signé ainsi que le gé-
néral Bréart, et que M. Roustan et Mus-
tapha ben Ismaïl l'eussent contresigné,
les sceaux du Bardo et du consulat de
France furent apposés puis les délégués
français prirent congé du Bey et de son
premier ministre et se retirèrent.
Il était six heures et demie du soir.
Un des officiers d'ordonnance du géné-
ral Bréart, se rendit aussitôt à la Gou-
lette avec le traité, et monta à bord du
Çassaf'd, pour le porter de suite en
France.
Chez Mustaplia-Ben-IsmaSÏ
Le lendemain, c'est-à-dire avant-hier
samedi, notre ministre résident s'est
rendu au palais de Mustapha-ben-Ismaïl
et a eu avec lui une longue conversation
"dans laquelle il lui a exposé habilement
quelle devait être désormais sa ligne de
conduite et quels devoirs lui imposait sa
situation de premier ministre du gou-
vernement du Bardo vis-à-vis de la
France et vis-à-vis de l'Europe. Une cir-
constance exceptionnelle m'ayant mis à
nême d'en avoir connaissance, je la ré-
sume ici, avant que Mustapha ne la fasse
lui-même connaître; persuadé que cette
primeur originale est de nature à inté-
resser les lecteurs du Figaro.
M. Roustan rappela à Mustapha qu'il
y a trois ans, lors de son avènement
comme premier ministre, après la chute
de Kheiredine, il lui avait fait pressentir
tout le danger que le conseil des minis-
tres, par son influence pernicieuse, fe-
rait courir un jour au bey et à lui-même
et il ne lui cacha pas que les intrigues de
^e conseil, ouvertement hostile à la
France avaientdébeaucoup avancé l'heure
,du protectorat, qu'elle seule' était appe-
lée fatalement à exercer sur la Tunisie.
Il lui fit comprendre que l'avenir était
Ueui»-&&s moine quo la cagptïc:*? du gfou-
"vernement dû bey engageait dorénavant
"la France à couvrir la Tunisie, dans la po-
litique européenne et que, par consé-
quent, à l'abri d'éventualités fâcheuses
dont elle ne saurait plus d'ailleurs, avoir
la responsabilité, la Tunisie allait rece-
voir. une impulsion féconde et civilisa-
trice.
Mustapha parut, à ce moment, si.con-
vaincu par les paroles de notre ministre
résident qu'il l'interrompit pour lui faire
savoir que son intention était de se ren-
dre à bref délai à Paris, pour éclairer le
président de la République sur les cau-
ses du malentendu qui avait pu exister
un moment entre la France et la Tuni-
sie, pour lui donner lui-même l'assu-
rance formelle de ses meilleures inten-
tions et indiquer ainsi clairement que
toutes ses préférences nous étaient bien
acquises.
M. Roustan Jarrêta pour lui faire re-
marquer que l'époque de ce voyage à
Paris était prématurée que sa conduite
antérieure vis-à-vis de la France ne pou-
vait lui concilier de suite les sympathies
et le faire bien accueillir à Paris, et que,
pour atténuer et enfin changer cette
mauvaise impression, il lui fallait d'a-
bord par des actes et par des réformes
sérieuses s'être refait une sorte de vir-
ginité politique; car l'assurance de ses
bonnes intentions et toutes ses meilleu-
res paroles ne sauraient avoir en ce
moment une portée bien sérieuse.. Il lui
fit aussi l'historique des individus qui
avaient poussé le Bey et lui-même dans
la voie fâcheuse qui aboutit aux événe-
ments actuels, individus auxquels il de-
vait se hâter de défendre les approches
du Bardo et de son propre palais.
En outre, notre ministre résident si-
gnala à Mustapha l'intention de la France
d'introduire bientôt dans l'administra-
tion tunisienne l'ordre et l'économie qui
sont l'apanage de toute nation prospère.
Au point de vue politique, Mustapha re-
connut bientôt tous les avantages que la
Tunisie aurait à se voirdésormais repré-
sentée à l'étranger par une diplomatie
aussi sérieuse que celle de la France, qui
mettrait ainsi entièrement à couvert la
responsabilité de la Tunisie. Au point de
vue des finances, M. Roustan lui fit con-
naître que la France allait, dans le plus
bref délai, mettre à exécution un plan
financier qui, après avoir bientôt éteint
la dette tunisienne, ferait rendre aux
impôts au moins le double de- ce qu'ils
produisent actuellement.
Quant à l'occupation française, Mus-
tapha ayant exprima- le désir que, à
l'exemple de la colonne Bréart qui, cam-
pée près du Bardo doit se retirer demain
sur Béjà, les troupes françaises se reti-
rassent du Kef, de Tabarca, de Bi-
zerte et des autres points qu'elles oc-
cupent, M. Roustan lui répondit que la
France examinerait avec soin cetteques-
tion dès que les comptes qu'elle avait à
régler avec le bey seraient terminés et
les réformes promises en bonne voie
d'exécution.
Mustapha protesta ensuite, en son
2iom et au nom du bey, de ses intentions
futures et de sa volonté d'écarter les
fonctionnaires hostiles à la France, ajou-
tant qu'en se soumettant ainsi au désir
du gouvernement français, ce n'était pas
tuie gracieuseté qu'il croyait faire, mais
îm devoir auquel il était heureux de se
conformer.
Puis, il ajouta, avec une certaine mé-
lancolie, que, tout premier ministre qu'il
était, depuis trois "ans, il n'en était pas
moins pauvre que c'est tout au plus s'il
pouvait actuellement disposer de 25,000
piastres (15,000 francs) d'argent comp-
tant, et qu'il se trouvait dans la nécessité
de vendre une partie des terrains dont il
est propriétaire à des Italiens qui lui
avaient fait des offres en ce sens.
M. Roustan se déclara peu préoccupé
de ces propositions, sachant bien qu'il
ne les accepterait pas d'abord parce
qu'il savait que ce fait serait désa-
gréable au Résident, et ensuite parce
qu'il savait aussi que ce dont un Italien
lui offrirait mille francs des sociétés
françaises lui en donneraient quatre fois
autant.
Mustapha ajouta encore que tandis que
les événements actuels allaient faire pro-
fiter la Tunisie d'.une foule d'avantages,
et alors que M. Roustan venait déjà d'y
gagner le titre de ministre plénipoten-
tiaire de première classe et celui de rési-
dent, il allait se trouver, lui Mustapha,
pauvre premier ministre amoindri, le
seul qui n'eût reçu ni avantage, ni même
quelque compensation.
M. Roustan, sans rien répondre, lui
mit alors la main sur la poitrine à l'en-
droit où se place le grand cordon de la
Légion d'honneur, puis fit un geste inter-
rogateur qui amena de la part de Musta-
pha un signe de tête d'assentiment et de
satisfaction, et ramena la sénérité sur
son visage.
Lorsque M. Roustan se leva pour pren-
dre congé de Mustapha, celui-ci lui- ex-
prima l'espoir qu'il avait de recevoir
souvent encore sa visite ce à quoi notre
Résident répondit affirmativement et
ajouta qu'il pensait bien aussi qu'il vien-
drait le voir plus souvent encore.
.Enfin selon là mode orientale, ils
s'embrassèrent fraternellement, et notre
ministre Résidentlùi recommanda d'agir
de façon à ce que la verte vieillesse de
Mohamed-es-Sadock fût entourée par lui
comme par tous, de calme, de soins et
d'affection, de manière" à ce qu'il conti-
nuât à vivre longtemps encore et évitât
de la sorte le choix long et difficile qu'on
aurait à faire de son successeur.
Ka Revue
Le lendemain, c'est-à-dire, hier, di-
manche, à dix heures et demie, l,e géné-
ral et son état-major, ainsi que' lo rési-
dent et son. personnel, recevaient dans
la grande salle du consulat de France
toute la colonie française de Tunis. Au
dehors se tenaient une foule de mozabites
et des milliers de juifs aussi avides de
saluer te général français que de secouer
le joug musulman, parfois si lourd pour
eux.
Le premier député des notables fran-
çais, M. Valensi, prononça, au nom de
la colonie, un discours à l'adresse de
l'armée, pour la remercier de la mission
libératrice qu'elle avait remplie en ve-
nant inaugurer enfin une cre de justice
et de prospérité sur les côtes barba-
resques. Le général Bréàrt lui répon-
dit par un discours bien fait et court,
que je vous ai adressé hier par le té-
légraphe. Puis, le Résident, M. Rous-
tan, prononça aussi quelques mots en
réponse a une allocution faite par M. de
La Motte, délégué de la presse. Enfin,
toute la colonie française, les Mozabites
et les Juifs, d6filèrent devant le général
et le Résident. Le souvenir de cette ré-
ception d'un général français, dans cette
capitale musulmane de cent cinquante
mille âmes, restera un des faits les plus
saillants de l'histoire de Tunis, en môme
temps qu'il vivra toujours dans la mé-
moire de ceux qui y ont assisté.
Dans la journée, le général passa la
revue rlo l'armée entre Kassar-Saïd et la
Manouba: toute la colonie française- qui,
le matin, avait été invitée par lui, vint y
assister. Outre • les voitures- bizarres de
tout âge et de toute forme, chargées de
monde, qui encombraient la route du
Bardo, quatre longs trains organisés par
la Compagnie duchemin de fer deBone-
Guelma-Tunis, amenaient au camp tout
le reste de la colonie française, quelques
étrangers et une foule de juifs, mais
presque pas d'Arabes. Si ce n'eût été la
bizarrerie des nombreux costumes juifs,
et ça et là quelques rares burnous mu-
sulmans, on eût dit un train de banlieue
un dimanche d'été, dans les environs de
Paris.
Au bout de quelques minutes, on ar-
rive à la Manouba. A droite, dans la
plaine, du côté de Kassar-Saïd, on voit
les lignes blanches des couvre-nuques
de l'infanterie et de la cavalerie. C'est du
plus joli effet; le soleil est chaud et pas
un flocon blanc dans le bleu du ciel. Au
loin, à gauche, la colline et la chapelle
de Saint-Louis qui domine'les ruines de
l'antique Carthage. En face, la masse du
Bardo, d'un blanc aveuglant, puis les
beaux aqueducs d'Adrien, et plus loin, à
quelques kilomètres, se découpant dans
le bleu du ciel, les murailles dentelées
et les cent minarets de la blanche Tunis!
Le cadre est superbe, féerique Le
tableau ne l'est pas moins La reyuo a
commencé le général et le Résident
défilent à cheval sur le front des trou-
pes, suivis de l'état-major. Le soleil fait
miroiter les baïonnettes. La tenue des
soldats est correcte, recueillie, telle
qu'elle doit être à une revue passée en
psfys ennemi. Le "général et le Résident
saluent les drapeaux les musiques
jouent la Marseillaise
J'eussevoulu pouvoir transporter un
seul instant, sous les murs de Tunis, les
bandes de pâles voyous qui, pendant les
défaites de 1870, et depuis, lors de cha-
que élection, ou bien .mémo, et c'est le
plus souvent ainsi, à l'occasion de liba-
tions trop copieuses, hurlent la Marseil-
laise avec leurs voix avinées, en battant
d'un pas incertain, le soir,' le pavé de
nos villes. Peut-être le spectacle de cette
magique revue, leur eut-il fait compren-
dre qu'un chant, tel que la Marseillaise,
ne doit pas être prostitué comme il l'a
été par eux si souvent, et qu'on ne de-
vrait la chanter qu'en face d'un ennemi
ou après un succès de la France. Quoi
qu'il en soit, hier, la Marseillaise, jouée
à la revue par les musiques des régi-.
ments, sous les murs de Tunis, c'est-à-
dire d'une des plus grandes capitales
de l'Islam, était bien à sa place et pro-
duisait un superbe effet.
Enfin le dôlilé commença l'infanterie
marchait par compagnie entière, les sol-
dats sur deux lignes, serrés, se sentant
les coudes; puis l'artillerie et la cavale-
rie au trot, entourés d'un épais nuage de
poussière, disparurent à nos yeux émer-
veillés et rentrèrent au camp de la Ma-
nouba. La revue était finie qu'on regar-
dait encore.
L'impression produite fut des plus
vives j'ai vu pleurer d'émotion des
Français de Tunis déshabitués depuis de
longues années de. la vue de nos troupes.
J'ai remarqué la présence des consuls
d'Autriche et d'Espagne, et du consul
général d'Allemagne, M. Tulin de la Tu-
nisie, dont la conduite a été correcte en
toute circonstance pour nous, et qui
avait tenu à montrer une fois de plus par
sa présenSe à la revue les sympathies
dont il a toujours fait preuve pour les
Français.
-Les Suites dit» Traïté
Et maintenant, je demande pardon au
lecteur de me voir forcé de terminer ce
long article par une note triste et des re-
grets amers.
Si quelques officiers ont pu venir se
promener à Tunis, notre armée a dû res-
ter à quelques kilomètres des murs qu'il
lui était interdit de franchir. En appre-
nant l'arrivée sans difficulté de la co-
lonne Bréart en vue de Tunis, le gou-
vernement, qui dirige lui-même la mar-
che des troupes par le fil télégraphique,
n'avait plus qu'une faute à commettre
il n'a pas hésité à le faire.
Veut-on savoir exactement où nous en
sommes aujourd'hui, 1G mai, quatre
jours après la signature du traité, et au
lendemain de la revue? Nous avons un
morceau de papier qui arrive aujour-
d'hui en France, dans le sac d'un officier
d'état-major, c'est le traité. L'arniée/par
son voisinage de Tunis, lui donne un
certain appui demain, après son départ,
tout sera à recommencer
Et quel appui, hélas Veut-on savoir
comment le protectorat a été exécuté de-
puis quatre jours? Un exemple Larbi
Zarrouck, chef de la municipalité de
Tunis avait fait une tentative dé sou-
lèvement vendredi dernier. Le jour
même le Bey le faisait arrêter, nous
offrant de le faire ensuite décapiter.
Sur la demande de- notre Rési- 1
dent de lui donner, non pas la mort,
mais une punition néanmoins très sé-
vère, le gouvernement tunisien se côa-
tenta de le consigner dans son palais
avec une sentinelle à sa porte! Enfin,
pour bouquet; Larbi Zarrouck. a été dé-
livré hier matin et assistait, pendant ta
revue, à ce conseil des ministres hostile
à la France, et qui est encore debout en
son entier et ce matin même on recevait
an Bardo le juif Lévyl' ¡
Voilà ou en est l'exécution du traité
quatre jours après sa signature, et alors
que l'armée est a 6 kilomètres de Tunis
J'ai dit que le Bey est absolument do-
miné par son entourage. Ce serait môme
un service à lui rendre que d'occuper
Tunis et d'y mettre une sérieuse garni-
son pour lui donner la force et la con-
fiance qui lui sont nécessaires pour se
débarrasser de la tutelle de son conseil,
et rendre possible la marche régulière
de ce rouage si difficile du protectorat.
Les musulmans de Tunis se sont abste-
nus enjnasse d'aller à la revue il eût
fallu les contraindre à voir notre force
par une revue passée dans Tunis même
et ne pas hésiter à les canonner à la
moindre tentative de soulèvement. Vous
verrez qu'on sera forcé d'en venir là,
après le ridicule d'une demi-mesure.
M. Maccio n'a-t-il pas dit ces jour,s-ci à
diverses personnes qui me l'ont répété»
qu'il ne demandait que trois mois pour
démolir complètement le protectorat
français! Il est inouï que nous n'ayions
pas mieux profité des leçons de diplo-
matie que les musulmans donnent si gé-
néreusement à l'Europe. Rappelez-vous
le siège de Dulcigno.
Quand donc, mon Dieu, nousFrançais,
serons-nous fatigués de nous faire rouler
par l'inertie des Arabes qui, en Tunisie
comme en Algérie, ne songent qu'à nous
jeter à la mer, par la simple et juste rai-
son que nous sommes chez eux, et quand
cesserons-nous d'être assez ridicules pour
réclamer pour eux et pour leur donner
la loi civile des citoyens français.-
̃ B. de Çtrilleam
LES FABLES DE LA FONTAINE
/̃ LES PASTELS DE ft' DE MTTÏS
Il s'est trouvé un amateur assez in-
telligent pour tenter une chose nouvelle
dans l'histoire des collectionneurs. M.
Roux, de Marseille, a fait illustrer les
fables de La Fontaine par ,des artistes
en renom. Cette collectionnese compose
pas de moins de cent cinquante aqua-
relles, qui sont exposées rue Laffitte,
dans le petit salon particulier des aqua-
rellistes français. L'idée paraissait si
originale ù. quelques-uns qu'ils ne l'ont
pas comprise ils ont prêté à M. Roux
des idées de spéculation qui le chagri-
nent; il m'a fait l'honneur de venir me
voir et de m'exposer ses ennuis. C'est
sur» la demande des artistes queM.Roux
a exhibé ses aquarelles rue Laffitte il
ne pensait pas avoir le droit de leur re-
fuser cette satisfaction.
Quelle spéculation M. Roux aurait-il
d'ailleurs pu faire ? Je ne pense pas que'
l'idée ait pu lui venir de faire reproduire
ces aquarelles dans une nouvelle édition
de luxe des Fables' Les illustrations qui;
se prêteraient utilement à une reproduc-
lion populaire sont sans valeur. Les pa-
ges qui donnent une si grande valeur
à cette collection sont des œuvres d'art
tellement en dehors de la routine et
si personnelles qu'elles perdraient leur
intérêt dans une reproduction quelcon-
que. Si donc M. Roux avait une ar-
rière-pensée commerciale, elle serait
détestable. Mais il ne l'a pas il
m'a engagé sa parole qu'une telle pré-
occupation ne s'était jamais présentée
dans son esprit. Pour moi, il n'y a pas
de doute c'est un amoureux des choses
de l'art et non un spéculateur qui a eu la
pensée de se créer cette galerie originale.
Un spéculateur eut montré plus de souci
de plaire au public; il aurait fait une place
plus grande à la banalité aimable; non
qu'elle soit absente au contraire, elle ost
en nombre dans la collection, mais d'au-
tre part il y a là un réel fonds d'art de
noble expression qui donne à cette expo-
sition un éclat très grand.
Je détacherai trois noms du groupe
nombreux d'artistes. Ils résument les
trois tendances marquées de la collec-
tion ce sont MM. Gustave Moreau,
Heilbuth et le défunt Jacquemart tous
les autres font escorte à ces trois têtes
de colonne. De ces trois artistes M. Gus-
tave Moreau est le plus éblouissant,
M. Heilbuth le plus spirituel et M. Jac-
quemart le plus habile. M. Gustave Mo-
reau ne s'en est pas tenu au bonhomme
La Fontaine il a prouvé avec raison que
la fable ne s'applique pas à une époque
déterminée et à une seule civilisation
elle est humaine; elle s'applique à
l'homme et non aune race la pensée de
l'artiste peut la transporter dans le milieu
qui lui convient, en Orient ou en Occi-
dent au choix, dans lerêve du poète aussi
bien que dans la réalité de l'observateur.
Et pour no citer qu'un exemple, il lui
était permis de donner à la souris méta-
morphosée en fille, l'allure idéale d'une
Vénus sortant de l'onde. C'est cette
ambition de l'artiste, cette façon per-^
sonnelle de M. Gustave Moreau de
prendre la fable 'comme un prétexte à
créerune œuvre d'art en dehors delarou-
tine qui. donne aux éblouissantes aqua-
relles de l'artiste leur haute valeur. Les
pages qu'il a signées pour cette collec-
tion une vingtaine sont dépures
merveilles. Elles sont autant de rêves
nés de la lecture des fables et que l'ar-
tiste, au réveil de ces hallucinations, a
jetés sur le papier avec toutes les séduc-
tions de la composition et de la couleur. Il
se peut que La Fontaine serait surpris
de cette interprétation de son œuvre qui
en élargit te cadre et la porte dans les
hauteurs sereines de l'idéal. Mais' cet
étonnement' ferait place aussitôt à un
enchantement auquel il est impossible
de se soustraire et qui, Dieu merci nous
console du chic sans inspiration de M.
EugèneLami, par exemple, de la banalité
absolue de M. Leloir, et des vulgarités
commerciales d'un grand nombre d'au-
tres peintres.
M. Heilbuth nous fait entrer dans un
autre ordre d'idées il donne aux ani-
maux plus d'importance et nous montre
un Lafontaine homme d'esprit et sou-
riant. Ce sont la grâce et la bonne hu-
meur qui dominent chez M. Heilbuth.
Ce n'est pas lui qui sous prétexte- d'illus-
trer la Cigale et la fourmi recommence-
rait une de ces scènes routinières où la
cigale, grande cocotte, chante tout l'été
tandis que la fourmi, humble et labo-
rieuse fille du peuple, travaille.Non, rien
de la routine ordinaire un paysage,
plein de séduction et d'air et dans le vert
gazon on voit la fourmi courir affairée.
On voit te Héron, au bord d'un étang et
dans un paysage fleuri comme le prin-
temps. Rien de plus amusant et de plus
charmant eomme tableau que son Lièvre
et les grenouilles; son petit paysage de
la Goutte et V araignée est un bijou.
J'ai dit que M. Jacquemart est le plus
habile des trois; cet artiste- si doué et
que la mort a enlevé si tôt, se moque de
La Fontaine comme d'une guigne. Le fa-
buliste n'est pour lui qu'un prétexte à
faire aquarelle sur aquarelle, toutes en-
levées avec la même virtuosité et les
plus brillantes qualités. Par exemple,
pour l'Ane et les deux Maîtres, il se con-
tente de montrer un âne en plein soleil
sans s'occuper du reste.
Maintenant, il est vraiment curieux
de voir, de quelle façon chaque artiste a
interprété les Fables. M. Elie Delaunay
a fait une vingtaine d'aquarelles d'un
aspect triste, académique sans nécessité
et sans exprcssionpersonnellc. M. Vibert
a voulu prouver qu'il a plus d'esprit que
La Fontaine pour M. Duez, l'Oiseleur est
une occasion de camper un bonhomme
en plein,air; pour M. Eugène Lambert
le Chat et les vieux rats est le point de
départ d'une de ces spirituelles scènes
dont il a le monopole. M. Gervex en-
traîne La Fontaine dans la vie moderne.
Le fou et le sage fournit à M. Raffaê'li la
matière d'une aquarelle vivante et d'un
plein air remarquable. Mme Madeleine
Lemaire n'y va pas par quatre chemins;
elle se contente de peindre une très
jolie figure pour la Veuve. M. Jacquet
ne veut être que colorisle séduisant. M.
Edouard de Beaumont reste dans les
Fables Parisien jusqu'au bout des on-
gles.
Ne pouvant passer en revue les cent
cinquante aquarelles, je me borne à citer
les autours qui me restent à nommer
MM. Bastien Lepage, Gérômc, Gustave
Doré, Baudry, Hébert, de Nittis, de
Penne, Zuber, Imor, Berchère, Ga-
briel Ferrier, Français, Berne-Bellocour,
John-Lewis Brown, Henri Pille, Veyras-
sàt, Worms, Pasini, Morot, Emile Lévy,
Machard, Vayson, Ranvier, Dubufe fils,
Joseph Stevens, Lançon, Giacomelli, Ba-
ron, Maignan et Jules Didier.
La liste de ces noms plus ou moins
célèbres, dit au lecteur que toutes les
tendances de l'art moderne sont repré-
sentées dans cette collection d'aquarelles,
il en résulte certes une grande variété,
mais quand on envisage l'ensemble au
point de vue plus étroit d'une unité dans
l'œuvre d'art, il faut bien avouer qu'elle
n'existe nulle part. Il me semble que M.
Roux aurait mieux fait de limiterle nom-
bre des artistes. Dix ou douze auraient
suffi au besoin la demi-douzaine eut
été assez. C'est déjà beaucoup de trouver à
la fois six artistes qui apportent une note
personnelle non seulement dans l'exé-
cution, mais dans l'interprétation même
des Fables. C'est précisément cet esprit
personnel, la nouveauté dans la façon de
commenter La Fontaine qui donne une
si haute valeur à l'œuvre de M. Gustave
Moreau; elle est dans cette collection
panachée la note d'art dominante et par
conséquent le principal attrait pour le
délicat.
La place nous manque vraiment pour
rendre compte de toutes les expositions
qu'on ouvre aux quatre coins de Paris.
On ne peut cependant pas passer sous si-
lence les pastels que M. de Nittis montre
à partir d'aujourd'hui au cercle des Mirli-
tons ces seize pastels représentent une
année, de travail et une grande recherche
artistique dans la voie d'un arlpersonnel.
Je reconnais volontiers que jamais le
pastel n'a été manié avec une si grande
virtuosité.; M-, de Nittis.. arrive à une
puissance de couleur et à des surprises
de modelé que la couleur à l'huile ne
pourrait pas dépasser.
On verra avec le plus vif intérêt ces
seize ouvrages, dont chacun marque un
effort particulier, une préoccupation ar-
tistique qui contraste heureusement
avcclapeinturû, néed'un besoin commer-
cial et ne visant pas plus haut. Les trois
grandes scènes de courses, le portrait
féminin en noir sur un fond japonais, et
M. de Goncourt dans son cabinet de tra-
vail sont de véritables œuvres d'art. Je
ne crois pas pouvoir faire un plus grand
et plus sincère compliment à M. de
Nittis. Albe>t
Albert Wolff.
PABISAUJ0ÎI1EJÔ11
On a bien tort de croire que le gouver-
nement de M. Grévy est un gouverne-
ment muet. 11 est au contraire bavard
comme une pie, seulement il réserve ses
discours pour les journaux étrangers. Il
va même jusqu'à affirmer son énergie,
toujours dans les mêmes feuilles. Par
exemple, la Revue allemande vient de
publier sous ce titre le Pouvoir sans la
responsabilité, un article condamnant
sévèrement la politique de M. Gambetta.
M. Barthélémy Saint-Hilairc a saisi im-
médiatement la plume qui ne le quitte
jamais, et il a adressé au journaliste al-
lemand une lettre commençant ainsi
J'ai La votre article, et je sais entièrement
de votre avis. La pouvoir sans la responsabi-
lité est très dangereux pour celui, qui l'exerce,
et peut provoquer bien du trouble et de la
confusion' dans l'Etat.
Si le Cabinet, dont M. Barthélémy
Saint-Hilaire est un des membres les
plus importants, considérait l'influence
de M. Gambetta comme aussi néfaste,
il aurait mieux fait de le dire hautement
à la tribune, que d'en convenir tout bas,
dans le coin d'un journal d'Allemagne.
Abordant la question tunisienne, M.
Barthélémy Saint-Hilaire laisse échapper
une phrase qu'ilaurait rnieux fait de lais-
ser dans son encrier.
Nous n'avons qu'à nous louer de l'attitude
de l'Allemagne dans cette question impor-
tante je me plais à manifester la reconnais-
sance que nous devons au gouvernement
allemand et aux organes importants de votre
presse; c'est là un acte de justice.
M. Êjâint Hilaire a écrit cela avec
bonhomie il ne s'est aperçu ai du ridi-
cule ni de l'odieux de cette déclaration
de « reconnaissance » faite par un minis-
tre des affaires étrangères français à un
gouvernement qui a atteint complète-
ment son but: isoler la France de toute
alliance européenne et la tenir à sa dé-
votion.
Et il se trouve encore des feuilles ra-
dicales facétieuses pour se moquer de
feu M. de Chamillart. Mais M. de Cha-
millard est un Talleyrarid auprès de M.
Barthélémy Saint-Hilaire."
En terminant, ce ministre comme on
n'en a jamais vu a cru devoir renouveler
l'assurance que jamais la France n'en-
tendait faire le plus petit tort à cet excel- i
lent Bey de Tunis. f
Les explications qui ont été fournies au- 1
jourd'hui au Sénat attestent que nous ne vi- I
sons ni une conquête, ni même une occupa-
tion permanente. Nous prendrons des sûre-
tés,-mais pour un délai que nous chercherons
à abréger le plus possible.
Si l'Europe, après cela, continue à être
inquiète, il faut convenir qu'elle y met-
tra de la mauvaise volonté.
$*» Le National a fait !e relevé des
modifications qu'apporte, au point de
vue du nombre des députés, le scrutin
de liste dans l'ancienne représentation
parlementaire.
Etant donné autant de députés pour
chaque département, que sa population
contient de fois 70,000, plus un pour la
fraction restante
La Seine gagnera dix sièges
Le Nord et lo Rhône, chacun quatre;
La Loire, le Morbihan, le Pas-de-Calais, le
Puy-de-Dôme, deux.
Vingt-neuf départements gagneront un
siège, à savoir Aisne, Ariôge, Aude, Bou-
ches^du-Rhône, Côtes-du-Nord, Gard, Gi-
ronde, Hérault, Ille-et-Vilaine, Indre-et-Loire,
Isère, Jura, Haute-Loire, Loire-Inférieure,
Loiret, Lot-et-Garonne, Maine-el-Loire, Haute-
Marne, Mayenne, Meurthe-et-Moselle, Meuse,
Oise, Basses-Pyrénées, Haute-Saône, Sarthe,
Seine-Inférieure, Tarn, Var, Vosges.
Les autres départements n'éprouvent
ni diminution ni augmentation mais
beaucoup conservent le statu quo à titre.
provisoire seulement, leur population
n'étant point proportionnelle au chiffre
prescrit.
Aux élections qui suivront celles de la pré-
sente année, ces départements verront dimi-
nuer leur représentation. Le département des
Basses-Alpes perdra trois sièges, et les dix
départements dont les noms suivent en per-
dront un: Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes,
Aube, Aveyron, Corse, Creuse, Dordogne,
Lozère, Savoie, Vienne. Pour peu toutefois
que le recensement, qui se fera cette année
môme, montre un léger accroissement de la
population dans la Dordogne, ce département
aura droit à son huitième député à titre défi-
nitif, car il ne lui manque, depuis le recense-
ment de 187G, que 153 habitants pour se
trouver dans une situation normale.
Adolphe Racot.
LA PRESSE ÉTRANGÈRE
Les journaux étrangers apprécient di-
versement la valeur du changement ap-
porté dans le mode d'élection par le vote
du 19 mai mais tous s'accordent à con-
sidérer l'adoption du scrutin de liste
comme le triomphe personnel de M.
Gambetta. A ce point de vue, les uns se
bornent à constater une fois de plus la
facilité avec laquelle la France abdique
entre les mains d'un seul homme. Ce qui
ne prouve pas chez elle des mœurs bien
républicaines. D'autres, surtout les
feuilles allemandes, accueillent le suc-
cès de M. Gambetta avec une défiance
marquée.
La Gazette de Cologne spéculant sur
les conséquences probables de l'adoption
du scrutin de liste, dit
Une majorité à la dévotion de M. Gambett3
serait un tonneau de poudre, pour ne pas me
servir d'une image plus hardie, qui fera sauter
en l'air la République de M. Grévy et quiame-
nant une seconde dictature Gambetta, peut
mettre l'Europe, l'Asie et l'Afrique en feu.
^w^wv. Garibaldi vient d'adresser à un
ancien députe italien la lettre suivante à
propos des affaires tunisiennes
Je suis ami de la France, et je crois qu'il
faut faire tout ce qui est possible pour con-
sarver son amitié.
Mais je suis Italien avant tout, et jo donne-
rais certainement le reste de ma vie pour que
l'Italie ne soit offensée par personne. Or, si
on perméltutt à la France de s'emparor do la
Tunisie, l'Italie serait non seulement outragée
mais menacée dans ses intérêts et dans sa
sécurité.
J'espère toujours que la France se conten-
tera de la punition des assassins de quelques
citoyens français, et qu'elle se retirera en-
suite sans toucher à l'indépendance de la Tu-
nisie ni par une annexion, ni par un protecto-
rat. t.
Quoi qu'il en soit, la place de notre flotte est
pour le moment dans le golfe de Tunis pour
la protection de notre nombreuse colonie et
cinquante mille hommes avec les accessoires
nécessaires doivent être prêts sur les côtes
méridionales de nos deux grandes îles pour
le môme objet. ~G. GARIBALDI.
G. Garibaldi.
Nouvelles Diverses
L'état de faiblesse de Mlle Angélique Ma-
zioli, victime de l'attentat de l'esplanade des
Invalides, était malheureusement si grand
dans la matinée et la journée d'hier, qu'il
était difficile de formuler des pronostics cer-
tains.
L'énorme quantité de sang perdu par la
blessée est la cause naturelle de cette faiblesse
et bien qu'à certains égards, en raison des
soins qui lui ont été prodigués, Mlle Mazioli
ait éprouvé du soulagement, on n'est pas sans
avoir de sérieuses inquiétudes.
Hier matin, à huit heures, Mme Mazioli
s'est présentée à l'hôpital afin de voir sa mal-
heureuse enfant; mais dans l'intérêt même de
la malade on a dû refuser à la pauvre mère
cette triste satisfaction. Il en a été de même
d'ailleurs pour les autres membres de la fa-
mille qui ont essayé de rendre visite à la vic-
time de Gabriel Doucet
A ajouter au bilan déjà respectable des me-
sures d'hygiène générale prises récemment
par la Préfecture de police.
On vient d'afficher une ordonnance concer-
nant la construction et l'entretien des appa-
reils servant au débit de la bière.
Aux termes de cette ordonnance, les tuyaux
« conducteurs » de la bière doivent être en
verre ou en étain fin, à l'exclusion de tout
métal altérable et surtout du plomb. De plus,
la prise d'air servant à alimenter le réservoir
qui donne Ja pression doit venir de la voie
publique, ou de cours suffisamment spacieuses
mais ne peut, en aucun cas, être faite dans
des caves imparfaitement aérées ou dans des
locaux habités.
Enfin, ce réservoir d'air doit être muni,
non seulement d'une' soupape ou d'un mano-
mètre, pour le réglage de la pression, mais
encoi'e d'un « trou d'homme », afin de.per-
mettre la visite et le nettoyage fréquents de
toutes les parties de l'appareil.
Si toutes ces prescriptions sont fidèlement
observées, nos buveurs de bière sableront dé-
sormais sans défiance leur breuvage favori.
Deux nouvelles arrestations ont été opérées
hier par M. Clément, relatives au vol de
250,000 francs au préjudice d'une maison de
Marseille.
Les individus arrêtés sont deux courtiers
de la Bourse, nommés Chauveaux et Marchai,
qui s'étaient chargés de négocier les valeurs
escroquées.
La « Société de l'Avenir », société générale
de prévoyance et de secours des dames et
des demoiselles du commerce, s'est réunie
hier, aux Arts-et-Métiers, sous la prési-
dence de M. Jaluzot.
M. Angervîlle, médecin de la Faculté de
Paris, qui a fondé l'Association en ÏSG3, a an-
noncé aux sociétaires que leur caisse contient
actuellement 97,000 fr.
M. Jaluzot ayant pris la parole, a dit que
la Société, qui n'avait que quatre membres
au début, en 8 quinze cents aujourd'hui. Nous
espérons que cette institution, qui a pour but
d'aider les soeiétairesNinalades, de leur pro-
curer des emplois quand elles en sont dépour-
vues, des rentes viagères sur les caisses de
A. R.
retraite continuera à progresser dans fin-
térêt de tous.
Remercions nos lecteurs de l'empresse-
ment avec lequel ils sont venus en aide à la
famille Couder, que nous leur avions recom-
mandée.
En quelques jours, M. Couder a reçu prés
de 1,400 francs, ce qui lui a permis de prendre
immédiatement un logement provisoire, pour
lui et sa famille, 14,. passage Parmentier.
La somme est assez importante pour qu'il
puisse acheter des meubles et monter un petit
atelier.
Nous sommes heureux d'avoir pu ains
sauver de la misère et du désespoir une fa
mille des plus honorables et sur laquelle nôu
avons eu notamment de M. l'abbé Sibon
curé de Saint-Joseph les meilleurs rensef
gnernents.
v La fin du moade –plusv sauvent annonce
que désirée arrivera, sans rémission cett
fois, te 12 novembre prochain, à minuit son.
haut. Nous avons tenu à instruire nos lecteurs
de la date.exacte du terrible et dernier événe*
ment, afin qu'ils aient le temps de mettre
ordre à leurs affaires.
Nous devons cette connaissance du moment
précis de l'épouvantable cataclysme aux. cal-
culs positifs d'un professeur américain, M.
dames Swormstedt.
Voici comment les choses se passeront En
cet effroyable soir du 12 novembre, à minuit,
Jupiter, la Terre et le Soleil seront en ligne
directe, surgira alors une comète qui viendra'
donner un formidable coup de tête à ta. Terre.
Notre planète infortunée et abasourdie trébu-
chera comme un ivrogne et vacillera dans le
néant. On ne sait pas la tête que nous ferons
au moment où la Terre ébranlée sera déta-
chée du cercle planétaire. Quoi qu'il en soit,
vous êtes prévenus, lecteurs, et si vous ne
vous préparez pas au jugement dernier, en
ces quelques jours qui vous restent, ce n'est
pas à Jean de Paris qu'il faudra vous en'
prendre.
CN CONSEIL PAR JOUR
Les travailleuses ailées aimées de Virgile,
bourdonnent au-dessus des fleurs, cherchant
provende. Si, croyant se reposer sur des lis
et des roses, l'une d'elles venait à piquer
votre sein de neige et vos lèvres de corail,
Madame, prenez courageusement une cuille-
rée de chaux vive, frottez-en la partie affligée.
A l'instant, la douleur cessera. Vous détruirez
le gonflement en humectant la chair enflée
d'eau froide, prise dans le creux de la main.
U faut employer l'eau à plusieurs- reprises et
en petite quantité, Jean de: Paris- `
Jean de: Parl!l'
MeraoKto. Hier, à quatre heures, M.J.
rentier, âgo de quatre-vingt-quatre ans, démourant
en garni, rue du Théâtre, à Grenelle, a été trouve
mort dans son lit, couvert de sang ce vieillard s'é-
tait fait sauter ta cervelle. La cause de cet étrange
suicide n'est pas connue. v
Achats de tousvêtcments neufs et vieux. Albansl
jeune,20, passs5 de 1'Opéra.Ecrire.Se rend àdomicile.
Les secrétaires-généraux deaSociotôs savantes
de Paris, se réuniront mercredi prochain, 25 mai,
en un dîner confraternel, chez Brébant, à sept
heures..
Ces réunions, qui seront mensuelles, ont pour
but d'établie une solidarité durable entre toutes'
les sociétés savantes.
J. de P.
GAZETTE iiS_ TRIBDNAGX-
Police correctionnelle Les .enfants mar-
tyrs. Nouvelles judiciaires.
Nous avons eu trop souvent a parler
des patents dénaturés qui martyrisent
de pauvres enfants. Voici quelque chose
de pis
Les époux Morette sont des cJiands de
vin du faubourg Saint-l>cnis. Morette a
quatre enfants d'un second mariage, et
une petite fille, Fernande, née d'une pre
miere union.
Cette malheureuse enfant, qui a au
jourd'hui douze ans, était devenue un
véritable souffre-douleur. Son père et sa
belle-mère ne cessaient de l'accabler de
coups; ils la nourrissaient à peine, et
l'avaient réduite à une sorte d'esclavage.
Un jour, Morette pend sa fille par les
chevçux à un porte-manteau; un autre
jour, en présence de sa femme, il la
déshabille et la roue de coups de crava-
che. ̃
Enfin ce. misérable, tombé complète-
ment sous la dépendance de sa seconde
femme, résolut de se débarrasser de
l'enfant en la faisant enfermer dans une
maison de correction. Mais la petite fille
était douce, obéissante, il n'y avait point
de motifs pour qu'une mesure aussi sé-
vbre lui fût appliquée.
La haine est ingénieuse Morette et
sa femme inventèrent quelque chose «
d'odieux. Un jour, la femme Morette
prend sa belle-fille à la gorge,, elle la
force à s'asseoir devant une table, et, en
la menaçant de mort, elle la contraint à
écrire, au procureur de la République,
une lettre dans laquelle la pauvre en-
fant s'accuse de méfaits imaginaires;
Voici cette lettre, qu'elle dicta à Fer-
nande. Est-il possible d'imaginer rien de
plus odieux de la part d'une'femme ?
Monsieur le Procureur,
Je m'accuse des fautes que j'ai commises
J'ai été chez M. G. trois fois. Je me suis
sauvée chez lui' après avoir volé des gâteaux
et du vin, que nous avons mangés et bu en-
semble.
Chaque fois que j'allais le voir, it me met-
tait près de lui et faisait avec moi de vilaines
choses.
La lettre de la pauvre enfant donna
ici des détails ignobles qu'il nous est im-
possible de reproduire.
Quelques jours plus tard, Morette at-
tachait sa fille, plaçait un crucifix entre
ses mains jointes, et, après l'avoir mena-
cée d'un couteau qu'il lui appliqua sur
la poitrine, il fit entrêr une voisine, de-
vant laquelle l'enfant avoua mensongô-
rement qu'elle avait des habitudes vi-
cieuses et qu'elle se livrait à des actes
abominables avec un" garçon boucher.
M. le docteur Brouardel, commis par
le Parquet pour examiner Fernande Mo-,
rette, a constaté qu'elle était absolument
pure.
La pauvre petite fille a été recueillie,
nous dit-on, par des- parents charitables.
Quant aux époux Morette, ils ont dis-
paru depuis que la justice est saisie, et
c'est par défaut que la 10° Chambre les
a condamnés l'un et l'autre à un an de
prison.
La 10° Chambre a également jugé, hier,
une nourrice qui avait -martyrisé un
pauvre enfant.
Cette mégère habite Billancourt et se
nomme la femme Leroy. Un ouvrier, M.
Dumont, lui avait confié sa petite fille,
âgée de treize mois, et, qui, il faut le
dire, avait déjà été fort mal soignée chez
d'autres nourrices.
Au moins, celles-ci ne l'avaienl-eîles
pas maltraitée la femme Leroy, au con-
traire, la battit cruellement, la laissant
manquer de tout, et la privant d'air et de
promenades.
Mais il y avait plus un jour, pour
punir l'enfant d'avoir crié, la nourrice la
plongea dans un bain d'eau glactjq cela
«e passait au mois de février dernier.
Quelque temps après, toujours pour
punir la petite fille qui avait pleuré, la
femme Leroy la laissait pendant une
heure entière au pied d'un arbre, grelot-
tante et bientôt engourdie par le froid.
L'enfant ayant été atteinte d'une bron-
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