Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1881-05-23
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 mai 1881 23 mai 1881
Description : 1881/05/23 (Numéro 143). 1881/05/23 (Numéro 143).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k277840v
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Lundi 23 Mai 188*.
Le Numéro io ceîit. à Paris, 20 cent. dans les Départements.
27e Année. 3e Série. Numéro iûS.
H.- DE VILLEMESSANY
Fondatettf
FERNAND DE RODAYS
Administrateur
ABONNEMENTS
Départements Trois mois • 19 fr. 5 0
Paris Trois mois I 6 fr-
ANNONCES ET UÊCLAME8 (
^OLLINGBN ÏILS, SEGVY ET C1', PASSAGE ilSB PniNOU
ET A L'AdîIINISTBAHOX
FRANCIS^ MAGNARD
Rédacteur en chef-
A P É R I y I E R
Stcréiaire de la Rédaction
'̃ KÉDÀCTION ,^p&i4:; ;S\ "°
X)e midi à minuit, rue Droupif;lk *<
i °. & a
Zcs manuscrits ne sont pas rekdtis f | j 5: j
• .BUREAUX ̃£ .•.
26, rue Drouot, 28 ^'ji>^
SOMMAIRE
Après vîNB PROMENADE AU SALON Emile Zola.
Echos DE PARIS Le Masque de Fer.
CARNET d'un Mondain.: Etincelle.
LE TRAITÉ du Bardo B. de Grilleau.
LES Fables DE LA Fontaine, LES PASTELS PB M-
DE Nrrns Albert Wolff.
Paris Au JOUR LE Jour Adolphe RacoU
Nouvelles Diverses' Jean de Paris.
GAZETTE DES Tribunaux Albert Bataille.
Les- Nihilistes AU,CIRQUE FernandoTÉLÉGRAMMES ET CORRESPONDANCES Argus.
Coursier DES THÉATRES Jules Prêvel.
Sport Robert Milton.
APRES UNE PROMENADE
AU SALON
Ces peintres sont heureux, ils ont le
Salon Chaque printemps, ils peuvent s'y
faire connaître du public ou se rappeler
à son souvenir, montrer leurs progrès,
rester en communion constante avec
leurs admirateurs. Songez à nos écri-
vains, aux romanciers par exemple, pour
lesquels rien de pareil n'existe ni ne peut
exister. Un peintre qui a du talent, est
populaire dès son premier tableau ex-
posé. Un romancier met souvent des an-
nées de production, un entassement de
volumes, à conquérir péniblement une
célébrité égale.
Le public me paraît également tirer
un bon profit des Salons annuels. A me-
sure que les expositions sont sorties du
cercle étroit de notre Académie de pein-
tùre, la foule a augmenté dans les salles.
Autrefois, quelques curieux seuls se
hasardaient. Maintenant, c'est tout un
peuple qui entre. On a évalué le nombre
des visiteurs à quatre cent mille. C'est
la vraie foule qui y circule, 'des bour-
geois, des ouvriers, des paysans, les'
ignorants, les badauds,'les promeneurs
de la rue, venus là une heure ou deux
pourtuerle temps. L'habitude est prise,
un Jauge courant s'est établi, le Salon a
passé dans les mœurs parisiennescomme
les revues et les courses.
Certes, je ne prétends pas que cette
cohue apporte là un sentiment artistique
quelconque, un jugement sérieux des,
œuvres exposées. Les boutiquières en
robe de soie, les ouvriers en veste et en
chapeau rond, regardent les tableaux
accrochés aux murs, comme les enfants
regardent les images d'un livre d'étren-
nes. Ils ne cherchent que le sujet, l'inté-
rêt de la scène, l'amusement du regard,
sans s'arrêter le moins du monde aux
qualités de la peinture, sans se douter,
même du talent des artistes. Mais il n'y
en a pas moins là une lente éducation de
la foule. On ne se promène pas au milieu
d'œuvres d'art, sans emporter un peu
d'art en soi. L'œil se fait, l'esprit apprend
à juger. Cela vaut toujours mieux que les
autres distractions du dimanche, les tirs
au pistolet les jeux de quilles et les feux
d'artifice.
Je sors du Salon et j'ai le besoin de
dire mon sentiment sur notre école de
peinture actuelle. Ce seront des idées'
générales, une étude d'ensemble,' car le
Salon de cette année n'est plus à faire au
Figaro, puisque mon collaborateur Al-
bert Wolff s'en est occupé, avec sa
grande compétence et son esprit habi-
tuel.
,̃'̃̃
Les maîtres sont morts. Voici déjà des
années qu'Ingres et Delacroix ont laissé
l'art en deuil. Courbet a perdu son talent
et sa vie dans la crise imbécile de la
Commune. Théodore Rousseau, Millet,
Corot, se sont suivis coup sur coup dans
la tombe. En quelques années,; notre
école moderne a été comme décapitée.
Aujourd'hui, les élèves seuls demeu-
rent:
Notre peinturé française n'en vit pas
moins avec une prodigalité de talent ex-
traordinaire. Si le génie manque, nous
avons la monnaie du,génie, une habileté
de facture sans pareille, un esprit, de tous
les diables, une science surprenante, une
facilité d'imitation incroyable. Et c'est
pourquoi l'école française reste la pre-
mière du monde; non pas, je le répète,
qu'elle ait un grand nom à mettre en
avant; mais parce qu'elle possède des
qualités de charmev de variété, de sou-
plesse, qui la rendent sans rivale. La
tradition, le convenu, le pastiche de
toutes les écoles, semblent même ajouter
à sa gloire. Nous avons à cette heure'des
Rubens, des Véronèse, des Velasquez,
des Goya, petits-fils très adroits, qui,
sans grande originalité personnelle, n'en
donnent pas moins à nos expositions un
accent d'individualité très curieux. La
France, en peinture, est en train de
battre toutes les nations avec les armes
qu'elle emprunte à leurs grands-peintres
le jadis.
Un des caractères les plus nets dû mo-
ment artistique que nous traversons, est
ddnc l'anarchie complète des tendances.
Les maîtres morts, les élèves n'ont songé
qu'à se mettre eh république. Le mouve-
ment romantique avait ébranlé l'Acadé-
mie, le mouvement réaliste l'a achevée.
Maintenant, l'Académie est par terre.
Elle n'a pas disparu elle, s'est entêtée,,
et vit à part, ajoutant, une note fausse à
toutes les notes nouvelles qui tentent de
s'imposer.Imaginez la cacophonie la plus
absolue, un orchestre dont chaque instru-
mentiste voudrait jouer un solo en un
ton différent. De là, nos Salons annuels.
Il s'agit avant tout de se faire entendre
du public; on souffle' le plus fort pos-
sible, quitte à crever l'instrument puis,
pour mieux piquer la curiosité, on s'ar-
̃ range un tempéramment, surtout lors-
qu'on n'en a pas, on se risque dans l'é-
trange, on se voue à une résurrection
du passé ou à quelque spécialité bien
voyante. Chacun pour soi, telle est la
devise. Plus de dictateurs de l'art, une
foule de tribuns tâchant d'entraîner le
public devant leurs œuvres. Et c'est ainsi
que notre école actuelle, je dis école
parce que je ne trouve pas d'autre mot,
est devenue une Babel de l'art; où
chaque artiste veut parler sa langue et
se pose en personnalité unique.
J'avoue que ce spectacle m'intéresse
fort. Il y a là une production infatigable, l'
un effort sans cesse renouvelé qui a sa
grandeur. Cette bataille'ardente entre 1.
des talents qui rêvent tous la dictature,
c'est le labeur moderne en quête de la
vérité. Certes, je regrette le génie ab-
sent mais je me console un peu en
voyant avec qnelle âpreté nos peintres
tâchent de se hausser jusqu'au génie.
Il faut,songer aussi que l'esprit hu-
main subit une crise, que les anciennes
formules sont mortes, que l'idéal change;
et cela explique l'effarement de nos ar-
tistes, leur recherche fiévreuse d'une in-
terprétation nouvelle de la nature. Tout
a été bouleversé depuis le commence-
ment du siècle par les m.éthodes positi-
ves, la science, l'histoire, la politique,
les lettres.. A son tour, la peinture est
emportée dans l'irrésistible courant. Nos
peintres font leur révolution.
A aucune époque, je crois, ils n'ont
été si nombreux en France; je parle des
peintres connus, dont les toiles ont une
valeur courante sur le marché. Jamais
non plus la peinture ne s'est vendue plus
cher. Ajoutez que beaucoup d'artistes
travaillent pour l'exportation j'en con-
nais dont tous les tableaux filent sur
l'Angleterre et~sur l'Amérique, où-ils at-
teignent de très hauts prix, lorsqu'on les
ignore absolument en France. Cela ren-
tre dans l'article de Paris nous four-
nissons le monde de tableaux, comme
nous l'inondons de nos modes et de nos
babioles. Il y a d'ailleurs chez nous une
consommation à la quelle il faut suffire.
Les peintres deviennent dès lors des ou-
vriers d'un genre supérieur qui achè-
vent la décoration- des appartements
commencée par les tapissiers. Peu de
personnes ont des galeries; mais il n'est
pas un bourgeois à son aise qui ne pos-
sède quelques beaux cadres dans son
salon, avec de la peinture quelconque
pour les emplir.
Et le fait a son importance. C'est cet
engouement, cette tendresse des petits
et des grands enfants pour les images
peintes, qui explique le flot montant des
œuvres exposées chaque année au Sa-
lon, leur médiocrité, leur variété, le
tohu-bohude leurs caprices. Au dessous
de l'effort superbe d'une génération ar-
tistique qui cherche sa voie et qui s'in-
surge contre les conventions démodées,
il y a le trafic très actif d'une foule d'ou-
vriers adroits flattant le public et le
gorgeant des douceurs qu'il aime, pour
en tirer le plus de succès et le plus d'ar-
gent possible.
Enfin, si l'on veut posséder tout notre
art actuel, il faut ajouter les préoccupa-
tions littéraires que le romantisme a in-
troduites dans la peinture.
Autrefois, dans les écolos de la Renais-
sance, un beau morceau de nu suffisait;
les sujets restreints, presque tous
religieux ou mythologiques, n'étaient
que des prétextes à une facture magis-
trale. Je dirai "même que, l'idée étant
l'ennemie du fait, les peintres peignaient
.plus qu'ils ne pensaient.
Nous avons changé tout cela. Nospein-
tres ont voulu écrire des pages d'épopée
et des pages de comédie. Le sujet est
devenu la grande affaire. Les maîtres,
Ingres et 'Delacroix, parexemple, ont en-
core su se tenir dans le monde matériel
du dessin et de la couleur. Mais les exta-
tiques, les Ary Scheffer et tant d'autres,
se sont perdus dans une quintessence
qui les amenés droit à la négation même
de la peinture. De là, nous sommestom-
bés aux petits peintres de genre, nous
nous noyons dans l'anecdote, le couplet,
l'histoire aimable qui se chuchote avec
un sourire. On dirait feuilleter un jour-
nal illustré. Il n'y a plus que des images,
des bouts d'idée agréablement mis en
scène. La littérature a tout envahi, je
dis la basse littérature, le faits-divers, le
mot de journal. Souvent nos petits pein-,
tres ne sont plus que des conteurs qui
tâchent de nous intéresser par des ima-
ginations de reporters aux abois.
Allez au Salon. Une promenade d'une
heure suffit pour montrer cet embour-
geoisement de l'art. Ce ne sont partout
que des toiles dont les dimensions sont
calculées de façon à tenir dans un pan-
neau de nos étroites pièces modernes.
Les portraits et les paysages dominent,
parce qu'ils sont d'une vente courante.
Ensuite viennent les petits tableaux- de
genre, dont notre bourgeoisie et l'étran-
ger font une consommation énorme.
Quant à ce qu'on nomme la grande pein-
ture, peinture historique ou religieuse,
elle disparaît un peu chaque armée, elle
n'est soutenue que par les commandes
du gouvernement et les traditions de
l'Ecole des Beaux-Arts. Généralement,
quand nos artistes ne font pas très petit
pour vendre, ils font très grand pour
stupéfier.
Et il faut voif le public au milieu de
ces milliers d'œuvres! 1 Il donne mal-
heureusement raison aux efforts fâcheux
que les artistes tentent pour lui plaire.
Il s'arrête devant les poupées bien mises,
les scènes attendrissantes ou comiques,
les excentricités qui tirent l'œil. Il est
touché par des qualités d'à-peu-près
surtout le faux le ravit. Rien n'est plus
instructif à entendre que les observa-
tions, les critiques, les éloges de ce
grand enfant de public, qui se fâche de-
vant les œuvres originales et se pâme en
face des médiocrités auxquelles son œil
est accoutumé. L'éducation de la foule,
cette éducation dont j'ai parlé, sera lon-
gue, hélas 1
Le pis est qu'il y a, entre les peintres
et le public, une démoralisation artisti-
que, dont la responsabilité est difficile à
déterminer. Sont-ce les peintres qui habi-
tuent le public à la peinture de pacotille
et lui gâtent le goût? Ou est-ce le public
qui exige des peintres cette, production
inférieure, cet amas de choses vul-
gaires ?
**#
N'importe, l'enfantement continu au-
quel nous assistons, s'il met au jour
bien des œuvres médiocres, n'en est pas
moins une preuve de puissance. Il est
beau, au lendemain de nos désastres,
au milieu de nos bousculades politiques,
de donner au monde la preuve d'une
telle vitalité dans notre production artis-
tique.
J'ajoute que l'anarchie de l'art, à notre
époque, ne me paraît pas une agonie,
mais plutôt uns naissance. Nos pemài>efr
cherchent, même d'une façon incons-
ciente, la nouvelle formule, la formule
naturaliste, qui aidera à dégager la
beauté particulière à notre siècle. Les
paysagistes ont marché en avant, comme
cela devait être; ils sont en contact di-
rect avec la nature, ils ont pu impo-
ser à la foule des arbres vrais, après une
bataille d'une vingtaine d'années, ce qui
est une misère, lorsqu'on songe aux len-
teurs de l'esprit humain. Maintenant, il
reste à opérer une révolution semblable
dans le tableau de figures. Mais là, c'est
à peine si la lutte s'engage, et il faudra
peut-être encore toute la fin du siècle.
Courbet, qui restera comme le maître
le plus solide et le plus logique de notre
époque, a ouvert la voie à coups de co-
gnée. Edouard Manet est venu ensuite
avec son talent si personnel puis, voici
la campagne des impressionnistes, que
l'on plaisante, mais dont l'influence gran-
dit chaque jour; enfin, des révoltés de
l'Ecole des Beaux-Arts, Gervex, Bastien-
Lepage, Butin, Duez, sont passés dans
le camp des modernes et semblent vou-
loir se mettre à la tête du mouvement.
Un symptôme caractéristique est l'aspect
même du Salon qui se modifie. Chaque
année, je constate que les femmes nues;
les Vénus, les Eves et les Aurores,
tout le bric-à-brac de l'histoire et de
la mythologie, les sujets classiques de
tous genres, deviennent plus, rares, pa-
raissent se fondre, pour faire place à des
tableaux dela vie contemporaine, oùl'on
trouve nos femmes avec leurs toilettes,
nos bourgeois, nos ouvriers, nos demeu-
res et nos rues, nos usines et nos campa-
gnes, toutes chaudes de notre vie. C'eat
la victoire prochaine du naturalisme dans
notre école de peinture.
Il ne reste plus à attendre qu'un pein-
tre, de génie, dont la poigne soit assez
forte pour imposer la réalité. Le gé-
nie seul est souverain en art. Je ne
crois pas au vrai -uniquement pour
et par le vrai. Je crois à un tempéra-
ment qui, dans notre Ecole de pein-
ture, mettra debout le monde contempo-
rain, en lui soufflant la vie de son haleine
créatrice. Emîle 1Zola.
Emile Zola.
Échos de Paris
La Températuee. La journée d'hier a
été une des plus belles dont on ait joui depuis
le commencement du printemps; le soleil a res-
plendi du matin au soir sans qu'un seul nuage
se montrât au ciel.
Le vent souffle des régions Est sur la France
la température monte et l'accroissement est sur-
tout important dans l'ouest et dans le nord-est
où le thermomètre atteignait, hier, 15° dès sept
heures du matin.-A paris, vers deux heures, on
a constaté 250.
Le temps reste au beau.
A TRAVERS PARIS
Aujourd'hui, à 2 h. 40, courses à En-
ghien. Train spécial, ,Nord, 1 h. 50.
Ouest, i h. 05.
Depuis que la question des deux scru-
tins a été engagée, on affectait au Sénat
une sorte d'indifférence et on paraissait
résolu à confirmer purement et simple-
ment le vote de la Chambré des députés,
quel qu'il fût.
C'est donc contrairement à toutes les
prévisions qu'il faut signaler l'émotion
qui règne au Luxembourg, depuis trois
jours, non pas à droite mais a gauche,
où l'on serait bien aise qu'un mot d'ordre
venu de l'Elysée autorisât la haute As-
semblée à remettre le scrutin de liste en
question.
Mais le gouvernement qui pouvait d'un
mot gagner la partie et qui n'a pas voulu
prononcer ce mot, ne le prononcera pas
aujourd'hui, alors qu'il a laisséM. Gam-
betta ramasser tous les atouts.
Le Sénat murmure^ mais il votera.
M. le marquis de Casa-Riera, bien
connu de toute la haute aristocratie pari-
sienne, vient de mourir dans son hôtel
de la rue de Berri.
Par disposition testamentaire du dé-
funt, aucune invitation particulière ne
sera envoyée pour les obsèques.
Le marquis de Casa-Riera a, de plus,
exigé que le service mortuaire qui sera
célébré demain, mardi, à dix heures et
demie du matin, en l'église Saint-Phi-
lippe-du-Roule fût des plus simples. Se-
lon sa volonté expresse, la maîtrise de la
paroisse ne se fera pas entendre.
Le prince de Galles a rendu visite hier
à une heure, au Président de la Répu-
blique qui est venu, une heure après, sa-
luer le prince à l'hôtel Bristol.
Son Altesse Royale doit quitter Paris
ce matin pour retourner en Angleterre.
Hier, a eu lieu, au Cirque d'Hiver, la
séance publique annuelle de la Société
nationale d'Encouragement au Bien.
Parmi les récompensés que-l'on a plus
particulièrement applaudis, nous cite-
rons Art. Camille Flammarion; -M. Ra-
phaël Bischoffsheim; la sœur Ursule qui,
depuis quarante-deux ans, se dévoue aux
pauvres et aux malades; l'OEuvre de l'a-
doption c|es petites iîlles abandonnées,
présidée par Mme Tarbé des Sablons;
l'Orphelinat- des Arts; Mlle Noriac, la
fille de notre pauvre confrère Jules
Noriac, que depuis un an elle soigne nuit
et jour avec un courage héroïque les
frères Lionnet; Mlle Joséphine Seveste,
de l'Opéra-Comique M. l'abbé Cambier,
qui n'a jamais voulu quitter sa modeste
cure de la Villette, où il rend à ses parois-
siens pauvres des servicesincessants, etc.
Par suite de la mort de M. P. Duver-
gier de Hauranne, il y a maintenant un
fauteuil vacant à l'Académie française
mais selon toutes les probabilités, il ne
sera procédé à aucune élection avant le
mois de novembre prochain.
D'ici là, les candidatures ont donc tout
le temps de se produire, et il serait té-
méraire de prononcer dès à. présent un
nom quelconque. Ce oue nous croyons
savoir cependant, c'est que, renonçant
*5» momentanément, tout au moins à
la politique, l'Académie française serait
résolue à faire de l'élection du succes-
seur de M. Duvergier de Hauranne une
élection purement littéraire.
C'est une décision à laquelle tout le
monde applaudira.
C'est ce soir lundi qu'a lieu, à l'Hôtel-
Continental, le grand bal organisé par
le Comité et les Dames patronnesses de
l'OEuvre de l'Hospitalité de nuit.
Le Comité nous prie d'annoncer que
les voitures entreront par la rue Casti-
glione et qu'en vue du nombre très con-
sidérable de billets placés, on fera, bien
d'arriver de bonne heure.
En cas d'encombrement, une seconde
entrée a été réservée du côté de la rue
Rouget-de-L'Isle.
Aux renseignements détaillés, que
nous avons déjà donnés sur cette fête
qui promet d'être splendide, ajoutons
et l'avis a bien son importance que
toutes les mesures sont prises par les
commissaires du bal, pour que tout le
monde puisse souper assis à partir de
deux heures du matin.
Nous apprenons la mort de M. Marc
Caillard, administrateur du chemin de
fer du Nord et membre du Comité de
direction de la Compagnie depuis sa fon-
dation.
M. Marc Caillard était âgé de quatre-
vingts ans. Selon la volonté expresse du
défunt, son corps a été transporté hier
soir à Saint-Mesmin (Loiret), où un ser-
vice funèbre sera célébré ce matin, à
l'église Saint-Hilaire, et où l'inhumation
aura lieu dans le caveau de la famille.
Pour rendre un dernier hommage à
la mémoire de leur regretté collègue, le
Conseil d'administration de la Compa-
gnie du chemin de fer du Nord a décidé,
sur la proposition de son président, M. le
"baron de Rothschild, qu'un service se-
rait également célébré àParis,dans quel-
ques jours, à l'église Saint-Vincent-de-
Paul.
M. Marc Caillard laisse un fils, M.
Paul Caillard, que le Figaro a un mo-
ment compté au nombre de ses collabo-
rateurs.
Hier matin, M. le baron de San Ma-
lato a eu l'honneur d'être présenté a
S. M. la reine Isabelle II, devant laquelle
il a fait assaut.
Le brillant maître sicilien avait été
présenté à Sa Majesté par un de ses
compatriotes, le baron Girolamo Cacca-
misi.
•C'est à onze heures et demie qu'ont
commencé les passes d'armes; elles se
sont terminées à une heure et demie.
San Malato a tiré avec M. le comte de
l'Angle-Beaumanoiret le marquis d'Alta-
Villa.
1 La Reine a paru très satisfaite et a
complimenté le maître sicilien à plu-
sieurs reprises.
Le beau temps qui revient ramène le
bruit et la vie dans toutes les charmantes
villas qui environnent Paris. Ce n'est pas
encore le moment du départ pour les
eaux, mais c'est celui des départs pour
la campagne.
Saint-Germain-en-Laye est déjà habité
comme au cœur de l'été, et bientôt il
sera difficile, pour ne pas dire impos-
sible, de trouver, même une chambre,
au pavillon Henri IV, où une grande par-
tie des appartements est déjà retenu
pour la saison.
Une cérémonie d'un genre tout par-
ticulier vient d'avoir lieu à Saint-
Pétersbourg la distribution aux trou:
pes delagarde, des trente-huituniformes
que portait le défunt empereur Alexan-
dre II. Chaque uniforme était placé sur
un coussin en velours, que le Tzar en
personne remettait, aux sons de l'hymne
national, à une compagnie du régiment
auquel il était désigné, et ce détache-
ment, musique entête, partait ensuite à
travers la ville pour déposer l'uniforme
dans une des éaiises appartenant à l'ar-
mée.
Jamais question ne nous a valu autant
de lettres que celle que nous avons po-
sée l'autre jour.:
Etant données deux veuves, du même âge,
du même monde, du même caractère, dont
l'une aeu un mauvais mari et l'autre un bon,
laquelle des deux doit avoir le plus envie de
se remarier ? `t
Disons tout de suite que le sens de la
grande majorité des réponses qui nous
sont parvenues peut se résumer dans la
réponse suivante
Toute veuve désire se remarier.
Celle qui a eu un mauvais mari pour ten-
ter une compensation.
Celle qui en a eu un BON pour recommen-
cer l'épreuve.
̃ Les autres considérations ne sont que baga-
Jelle Craindre que le second ne vaille pas le
"premier. Craindre que le second soit aussi
mauvais que le premier vétilles qui n'arrê-
teront pas longtemps l'impulsion de lanature
féminine.
Signa Un veuf qui regrette sa
i: femme et qui ne se remariera
?'̃̃̃ pas.
-Toutefois un certain nombre de nos
correspondants ne sont pas de cet avis
et nous devons aussi leur laisser la pa-
role.
C'est la veuve qui a eu un bon mari qui dé-
sirera le plus se remarier, car elle souffre
plus de sa solitude que l'autre, tout entière
au bonheur d'être débarrassée d'un tyran.
Une PROVINCIALE.
La veuve qui a été heureuse en ménage,
doit nécessairement avoir gardé un agréable
souvenir de. la vie à deux, et il est tout simple
qu'elle demandent la recommencer.
UNE LECTRICE.
Et dans le même ordre d'idées, cette
réponse féroce
C'est celle qui a eu un bon mari qui dési-
rera le plus se remarier, car c'est certaine-
ment celte qui oubliera le plus vite le défunt
UN mauvais Mari.
L'opinion contraire a aussi des par-
tisans
La veuve qui déèire se remarier est celle qui
à eu un mauvais mari elle a une revanche à
prendre et tient à faire payer au second mari
les ennuis qu'elle a subis avec le premier.
Et enfin ;ce quatrain qui peut passer
pour une moralité
Heureuse ou malheureuse une femme ne doit
Jamais du conjungo recommencer l'épreuve,
Et c'est par cela que l'on voit
Qu'elle a vraiment mérité d'être veuve.
NOUVELLES À LA MAIN
Les .vendredis à cinq francs n'ont pas
précisément fait merveille, on le sait.
Calino se promenait ou plutôt s.e fai-
sait étouffer hier dimanche dans l'es ga-
leries du Salon.
À la bonne heure! s'écrïe-t-il. Si
tous les jours étaient gratuits, quel ar-
gent on ferait! 1
Une jeune mariée cause intimement
avec une jeune femme mariée depuis
plusieurs années déjà.
Si tu savais comme mon mari est
exigeant 1
Un éclair passe dans les yeux de l'amie.
Vraiment? conte-moi cela,. »
Oui, voilà. Monsieur se couche et
dort douze heures de suite sans per-
mettre qu'on le dérange I
Un cocher intelligent.
Il a une discussion avec un bourgeois
pour le paiement de ses honoraires. Il
prétend avoir été pris à l'heure, le voya-
geur affirme que c'est à la course.
Tout à coup le cocher toise le bour-
geois, qui est d'une obésité pas ordi-
naire, disons même, éléphantine.
Eh bien si vous voulez, mettons de
côté la course et l'heure. Réglez-moi à la
livre 1
Le Masque de Fer.
̃
CARNET D'UN MONDAIN
Le royal bouquet de ce beau Paris, si mer-
veilleux au printemps, c'est l'Exposition d'hor-
tioulture.
On l'a placée cette année dans l'ancien Con-
cert Besselièvre. Ce qui me la gâte un peu,
c'est le banal tapage musical dont on régale
nos oreilles innocentes.
J'aimerais mieux tout simplement le langage
des fleurs, cette muette éloquence qui dit tant
de choses 1 ·
Il n'y a pas de fète princière comparable à
cette fête embaumée, pas de congrès de du-
chesses qui vaille ce congrès éblouissant de filles
du soleil.
Au milieu de la grande serre s'élève une mon-
tagne de rhododendrons, où les tons les plus
fins, les plus doux, les plus rares de la palette
divine teignent de pourpre, de rose, de lilas, de
violet sombre, d'améthyste, de bpin rouge et de
mauve des milliers de pétales confondus en un
feston de couleurs.
Les azalées, encore plus belles, épanouissent
leurs énormes touffes de neige, mêlées aux
nuances de carmin pâle, aux corolles cuisse de
nymphe émue, tachetées de corail rouge, aux
rubis et aux grenats foncés.
Partout on respire une odeur fraîche et capi-
teuse, les mille encensoirs des roses unissent
leur griserie troublante corrigée par les suaves
émanations des plantes vertes, par les délicates
douceurs des bégonias, des gloxinias, des kal-
mias, cette pluie d'étincelles blanches et roses
brillant dans un feuillage sombre et délicat
comme la plume.
Que dire du congrès des roses ? de cet
incendie printanier, de ce feu d'artifice de
fleurs, plus éclatantes que des fusées, plus
belles que des astres, des joyaux de la terre
pétris des rayons de l'aurore et des parfums
du paradis.
Voici les épanouissements lunaires du rosier
Mlle de Sombreuil, pâles et poétiques autant
que la douloureuse héroïne qui leur donna son
nom.
»' Voici l'Archiduc-Charles, brillant comme un
ordre impérial en diamants rouges.
Madame-de-Saint- Joseph d'une exquise
teinte de « nymphe rougissante » Marie-Van-
Houtte, or sombre; Eugénie Verdier, corail
pâle.
Et de, distance en distance, la princesse Marie-
de-Cambridge, un .rosier prodigieux, un arbre
de roses, d'une teinte pure, radieuse, pareille
à la couleur des neiges au lever du soleil.
Enfin des massifs de ces délicieuses petites
fleurs des jardins de curé et des jardins de grand'-
mère, telles que nous les avons tous vues dans
notre enfance, fleurettes aujourd'hui oubliées
dont nous faisions de si beaux bouquets de fête,
et qui de leur parfum modeste embaumaient nos
premiers rêves. Les chrysanthèmes couleur de sou-
fre, la juliennemauve,lespetitesfuséeslilasdulas-
tenia, les pois de senteur veloutés, les némo-
philes qui semblent de grands myosotis, les
lobelias couleur de lapis, les anémones sim-
ples, les œillets de poète, les oxalis rosé pâle,
les menthes et,. les mignonnettes, tout cela
avec de bonnes petites odeurs joyeuses qui
parlent des gaîtés de la famille et rappellent
le tiroir aux dentelles de bonne maman.
On a bien tort de les dédaigner. Comme les
modes de i84s, elles sont honnêtes avec un pe-
tit brin de romanesque, et. nous aurions bien
besoin d'elles dans ce temps de matérialisme 1
Les modes de 1881 se promènent dans ce
royaume verdoyant. C'est sans doute par ému-
lation qu'elles déploient des couleurs si écla-
tantes. Le Schaunard de Murger avait écrit un
fameux livre :-« De l'influence du bleu dans les
arts », on pourrait en écrire un cette année
« De l'influence du bleu sur la beauté n. Toutes
les nuances d'azur sombre ou clair apparaissent
dans la toilette le bleu œil-de-roi et le bleu
turquoise méritent leur succès, mais que- dire
d'un certain papier d'épicier dont on a le tort
de se vêtir?
Il n'y a de vraiment ravissant dans la mode
d'aujourd'hui que ces flots de blonde espagnole
dont on couvre les robes, les manteaux, les ca-
potes, si bien que la beauté blanche des femmes
produit Feflet d'un marbre roulé dans des den-
telles. L'ombrelle tout en blonde espagnole
comme un petit toit fragile et sombre se déploie
sur -If tête- et sa doublure rose éclaire le visage.
étincelle.
LE TRAITE DU BARDO
DE NOTRE CORRESPONDANT SPÉCIAL
Tunis, 17'maL
Débarquement à Bizerte
C'est le 1" mai que notre flotte de dé-
barquement s'est présentée devant Bi-
zerte. Le gouverneur, ayant été sommé
de rendre la ville et les forts, dut s'exé-
cuter de suite, et nos soldats sans avoir
besoin de tirer un coup de fusil occupè-
rent la ville et arborèrent le drapeau
français sur les forts. Les jours suivants,
le débarquement s'effectua aussi rapide
ment que l'état de la mer le permettait.
Cette colonne, sous les ordres des géné-
raux Bréart et Maurand, comprend les
20°, 38° et 92° de' ligne, le 30° chasseurs à
pied, le 9° chasseurs à cheval, le 1" de
hussards, une compagnie du génie, 6
batteries d'artillerie, et les services ac-
cessoires du train, de l'ambulance, de
l'intendance, du trésor, de la poste et du
télégraphe militaire. Bien que désignée
sous le nom de 4° brigade de renfort,
elle fut envoyée sans retard sous les
murs de Tunis, et remplacée à Bizerte
par de nouvelles troupes.
Après une marche de nuit des plus
pénibles et avoir fait étape à Fondpuek,
dans un pays entièrement déppjirvu _de_
cMffims, eue arrivait l& Djederaâ, Sta-
tion du chemin de fer située à 24&ilo-
mètres de Tunis.
Dès l'arrivée de nos troupes à la Dje-
deida, le mercredi 11 mai, M. Roustan,
notre chargé d'affaires à Tunis, alla, par
un train spécial, passer la matinée à
conférer avec le général Bréart, sur tou-
tes les mesures à prendre pour vaincre
rapidement les résistances du Bardo, et
obtenir la signature du bey au bas de
l'original du traité qu'il venait de rece-
voir de Paris. Sans doute, ce n'est pas
sans une émotion patriotique que ces
deux hommes, venus l'un au-devant de
l'autre, avec la difficile mission de sou-
mettre ce prince oriental, dont l'inertie
avait jusqu'ici résisté à toutes nos ten-
tatives, se rencontrèrent au camp de la
Djedeida.
Il serait inutile de faire ici l'éloge du
dijSlomate habile qui, disposé plutôt
même à paraître dépasser les instruc-
tions de son gouvernement qu'à négliger
l'exécution des moindres détails, n'a
cessé chaque jour depuis six ans, par
une persévérance et une fermeté iné-
branlables, de préparer et de mûrir cette
question tunisienne dont son pays' re-
cueille aujourd'hui les fruits.
Quant au général Bréart, il est bien,
au point de vue militaire, l'homme qui
pouvait en imposer au bey de Tunis et
l'amener, par son énergie de volonté et
sa crânerie dans ses revendications,
qualités ici plus qu'ailleurs nécessaires
pour triompher de l'inertie musulmane,
à apposer sa signature au bas du traité
qu'il allait lui présenter, en sa double
qualité de général et de ministre pléni-
potentiaire- extraordinaire du gouverne-
ment français.
La Manouba
Le lendemain matin 12 mai, la colonne
du général- Bréart faisait d'un trait les
14 kilomètres qui séparent la Djedeida
de la Manouba. Nos troupes établirent
leur camp dans les jardins de l'ancien
palais du général Kheiredine à quelques
kilomètres de Tunis, dans le voisinage
du Bardo et du palais Beylical de Kassar
Saïd.
Quel campement superbe et aussi
quelle fête pour nos soldats! Ils dressè-
rent leurs tentes à l'abri des feux d'un vrai
soleil d'Afrique, sous ces beaux orangers
qui leur présentaient entwre des fruits
pour les désaltérer et les reposer de la
fatigue de l'étape, sous ces palmiers et
ces grands bananiers qui font des jardins
de la Manouba le séjour préféré des
riches musulmans de Tunis qui y ont
fait construire de ravissantes villas mau-
resques pour y installer leurs harems.
Depuis un an environ, ce palais de Khei-
redine et son jardin, le plus beau de la
Manouba, est devenu la propriété de la
Société marseillaise.
En arrivant à la Manouba, le général
Bréart y trouva M. Roustan, qui l'atten-
dait avec son premier drogman du con-
sulat, M. Samaripa. Aussitôt, et sans
descendre de cheval, le général Bréart,
accompagné de son état-major, se ren-
dit avec notre chargé d'affaires et son
interprète au palais du Bardo, où se
trouvait le Bey de Tunis, Mohammed-
es-Sadock.
Au Bardo
Le prince, en passant au salon où de-
vait avoir lieu l'entrevue, dut entendre
par les fenêtres du palais, ouvertes sur
la campagne; résonner les ,sonneries de
notre cavalerie, et voir quelques hus-
sards, le mousqueton au poing, placés
en sentinelles avancées à deux cents
mètres de sa demeure.
Le Bey arriva seul, suivi de, M. Gonti,
son interprète ordinaire. Mohamed-
es-Sadock est un beau vieillard, grand
et assez fort âgé d'environ soixarite-
dix ans, et portant toute-sa barbe
grise. C'est un homme bon, doux, faible
et bien disposé par lui-même envers
nous et envers tous les Européens. Mais,
affaibli, plus encore au moral qu'au phy-
sique, par tous les excès d'une vie déjà
longue, il est, entièrement ,,dominé par-
son jeune premier ministre Mustapha
et toutes les odieuses créatures qui l'en-
tourent.
L'entrevue qu'il eut avec nos plénipo-
tentiaires dura plus de deux heures. Le
général Bréart y déploya une si vive
fermeté que le bey, se tournant avec in-
quiétude vers notre chargé d'affaires,
lui demanda plusieurs fois sa bienveil-
lante intercession vis-à-vis du général.
Néanmoins, après la discussion dutrailé,
Mohamed-es-Sadock paraissait encore
fort hésitant. A ce moment, il demand 1
au général Bréart s'il pourrait au moins
garder auprès de lui comme premier mi-
nistre soneherfîls Mustapha ben Ismaïl
Comme le général lui répondait que sot
gouvernement ne lui avait donné aucun
instruction qui s'y opposât « Oh alors
c'est différent 1 » dit le bey et il se retira
pour conférer avec le Conseil des minis-
tres.
Le Numéro io ceîit. à Paris, 20 cent. dans les Départements.
27e Année. 3e Série. Numéro iûS.
H.- DE VILLEMESSANY
Fondatettf
FERNAND DE RODAYS
Administrateur
ABONNEMENTS
Départements Trois mois • 19 fr. 5 0
Paris Trois mois I 6 fr-
ANNONCES ET UÊCLAME8 (
^OLLINGBN ÏILS, SEGVY ET C1', PASSAGE ilSB PniNOU
ET A L'AdîIINISTBAHOX
FRANCIS^ MAGNARD
Rédacteur en chef-
A P É R I y I E R
Stcréiaire de la Rédaction
'̃ KÉDÀCTION ,^p&i4:; ;S\ "°
X)e midi à minuit, rue Droupif;lk *<
i °. & a
Zcs manuscrits ne sont pas rekdtis f | j 5: j
• .BUREAUX ̃£ .•.
26, rue Drouot, 28 ^'ji>^
SOMMAIRE
Après vîNB PROMENADE AU SALON Emile Zola.
Echos DE PARIS Le Masque de Fer.
CARNET d'un Mondain.: Etincelle.
LE TRAITÉ du Bardo B. de Grilleau.
LES Fables DE LA Fontaine, LES PASTELS PB M-
DE Nrrns Albert Wolff.
Paris Au JOUR LE Jour Adolphe RacoU
Nouvelles Diverses' Jean de Paris.
GAZETTE DES Tribunaux Albert Bataille.
Les- Nihilistes AU,CIRQUE Fernando
Coursier DES THÉATRES Jules Prêvel.
Sport Robert Milton.
APRES UNE PROMENADE
AU SALON
Ces peintres sont heureux, ils ont le
Salon Chaque printemps, ils peuvent s'y
faire connaître du public ou se rappeler
à son souvenir, montrer leurs progrès,
rester en communion constante avec
leurs admirateurs. Songez à nos écri-
vains, aux romanciers par exemple, pour
lesquels rien de pareil n'existe ni ne peut
exister. Un peintre qui a du talent, est
populaire dès son premier tableau ex-
posé. Un romancier met souvent des an-
nées de production, un entassement de
volumes, à conquérir péniblement une
célébrité égale.
Le public me paraît également tirer
un bon profit des Salons annuels. A me-
sure que les expositions sont sorties du
cercle étroit de notre Académie de pein-
tùre, la foule a augmenté dans les salles.
Autrefois, quelques curieux seuls se
hasardaient. Maintenant, c'est tout un
peuple qui entre. On a évalué le nombre
des visiteurs à quatre cent mille. C'est
la vraie foule qui y circule, 'des bour-
geois, des ouvriers, des paysans, les'
ignorants, les badauds,'les promeneurs
de la rue, venus là une heure ou deux
pourtuerle temps. L'habitude est prise,
un Jauge courant s'est établi, le Salon a
passé dans les mœurs parisiennescomme
les revues et les courses.
Certes, je ne prétends pas que cette
cohue apporte là un sentiment artistique
quelconque, un jugement sérieux des,
œuvres exposées. Les boutiquières en
robe de soie, les ouvriers en veste et en
chapeau rond, regardent les tableaux
accrochés aux murs, comme les enfants
regardent les images d'un livre d'étren-
nes. Ils ne cherchent que le sujet, l'inté-
rêt de la scène, l'amusement du regard,
sans s'arrêter le moins du monde aux
qualités de la peinture, sans se douter,
même du talent des artistes. Mais il n'y
en a pas moins là une lente éducation de
la foule. On ne se promène pas au milieu
d'œuvres d'art, sans emporter un peu
d'art en soi. L'œil se fait, l'esprit apprend
à juger. Cela vaut toujours mieux que les
autres distractions du dimanche, les tirs
au pistolet les jeux de quilles et les feux
d'artifice.
Je sors du Salon et j'ai le besoin de
dire mon sentiment sur notre école de
peinture actuelle. Ce seront des idées'
générales, une étude d'ensemble,' car le
Salon de cette année n'est plus à faire au
Figaro, puisque mon collaborateur Al-
bert Wolff s'en est occupé, avec sa
grande compétence et son esprit habi-
tuel.
,̃'̃̃
Les maîtres sont morts. Voici déjà des
années qu'Ingres et Delacroix ont laissé
l'art en deuil. Courbet a perdu son talent
et sa vie dans la crise imbécile de la
Commune. Théodore Rousseau, Millet,
Corot, se sont suivis coup sur coup dans
la tombe. En quelques années,; notre
école moderne a été comme décapitée.
Aujourd'hui, les élèves seuls demeu-
rent:
Notre peinturé française n'en vit pas
moins avec une prodigalité de talent ex-
traordinaire. Si le génie manque, nous
avons la monnaie du,génie, une habileté
de facture sans pareille, un esprit, de tous
les diables, une science surprenante, une
facilité d'imitation incroyable. Et c'est
pourquoi l'école française reste la pre-
mière du monde; non pas, je le répète,
qu'elle ait un grand nom à mettre en
avant; mais parce qu'elle possède des
qualités de charmev de variété, de sou-
plesse, qui la rendent sans rivale. La
tradition, le convenu, le pastiche de
toutes les écoles, semblent même ajouter
à sa gloire. Nous avons à cette heure'des
Rubens, des Véronèse, des Velasquez,
des Goya, petits-fils très adroits, qui,
sans grande originalité personnelle, n'en
donnent pas moins à nos expositions un
accent d'individualité très curieux. La
France, en peinture, est en train de
battre toutes les nations avec les armes
qu'elle emprunte à leurs grands-peintres
le jadis.
Un des caractères les plus nets dû mo-
ment artistique que nous traversons, est
ddnc l'anarchie complète des tendances.
Les maîtres morts, les élèves n'ont songé
qu'à se mettre eh république. Le mouve-
ment romantique avait ébranlé l'Acadé-
mie, le mouvement réaliste l'a achevée.
Maintenant, l'Académie est par terre.
Elle n'a pas disparu elle, s'est entêtée,,
et vit à part, ajoutant, une note fausse à
toutes les notes nouvelles qui tentent de
s'imposer.Imaginez la cacophonie la plus
absolue, un orchestre dont chaque instru-
mentiste voudrait jouer un solo en un
ton différent. De là, nos Salons annuels.
Il s'agit avant tout de se faire entendre
du public; on souffle' le plus fort pos-
sible, quitte à crever l'instrument puis,
pour mieux piquer la curiosité, on s'ar-
̃ range un tempéramment, surtout lors-
qu'on n'en a pas, on se risque dans l'é-
trange, on se voue à une résurrection
du passé ou à quelque spécialité bien
voyante. Chacun pour soi, telle est la
devise. Plus de dictateurs de l'art, une
foule de tribuns tâchant d'entraîner le
public devant leurs œuvres. Et c'est ainsi
que notre école actuelle, je dis école
parce que je ne trouve pas d'autre mot,
est devenue une Babel de l'art; où
chaque artiste veut parler sa langue et
se pose en personnalité unique.
J'avoue que ce spectacle m'intéresse
fort. Il y a là une production infatigable, l'
un effort sans cesse renouvelé qui a sa
grandeur. Cette bataille'ardente entre 1.
des talents qui rêvent tous la dictature,
c'est le labeur moderne en quête de la
vérité. Certes, je regrette le génie ab-
sent mais je me console un peu en
voyant avec qnelle âpreté nos peintres
tâchent de se hausser jusqu'au génie.
Il faut,songer aussi que l'esprit hu-
main subit une crise, que les anciennes
formules sont mortes, que l'idéal change;
et cela explique l'effarement de nos ar-
tistes, leur recherche fiévreuse d'une in-
terprétation nouvelle de la nature. Tout
a été bouleversé depuis le commence-
ment du siècle par les m.éthodes positi-
ves, la science, l'histoire, la politique,
les lettres.. A son tour, la peinture est
emportée dans l'irrésistible courant. Nos
peintres font leur révolution.
A aucune époque, je crois, ils n'ont
été si nombreux en France; je parle des
peintres connus, dont les toiles ont une
valeur courante sur le marché. Jamais
non plus la peinture ne s'est vendue plus
cher. Ajoutez que beaucoup d'artistes
travaillent pour l'exportation j'en con-
nais dont tous les tableaux filent sur
l'Angleterre et~sur l'Amérique, où-ils at-
teignent de très hauts prix, lorsqu'on les
ignore absolument en France. Cela ren-
tre dans l'article de Paris nous four-
nissons le monde de tableaux, comme
nous l'inondons de nos modes et de nos
babioles. Il y a d'ailleurs chez nous une
consommation à la quelle il faut suffire.
Les peintres deviennent dès lors des ou-
vriers d'un genre supérieur qui achè-
vent la décoration- des appartements
commencée par les tapissiers. Peu de
personnes ont des galeries; mais il n'est
pas un bourgeois à son aise qui ne pos-
sède quelques beaux cadres dans son
salon, avec de la peinture quelconque
pour les emplir.
Et le fait a son importance. C'est cet
engouement, cette tendresse des petits
et des grands enfants pour les images
peintes, qui explique le flot montant des
œuvres exposées chaque année au Sa-
lon, leur médiocrité, leur variété, le
tohu-bohude leurs caprices. Au dessous
de l'effort superbe d'une génération ar-
tistique qui cherche sa voie et qui s'in-
surge contre les conventions démodées,
il y a le trafic très actif d'une foule d'ou-
vriers adroits flattant le public et le
gorgeant des douceurs qu'il aime, pour
en tirer le plus de succès et le plus d'ar-
gent possible.
Enfin, si l'on veut posséder tout notre
art actuel, il faut ajouter les préoccupa-
tions littéraires que le romantisme a in-
troduites dans la peinture.
Autrefois, dans les écolos de la Renais-
sance, un beau morceau de nu suffisait;
les sujets restreints, presque tous
religieux ou mythologiques, n'étaient
que des prétextes à une facture magis-
trale. Je dirai "même que, l'idée étant
l'ennemie du fait, les peintres peignaient
.plus qu'ils ne pensaient.
Nous avons changé tout cela. Nospein-
tres ont voulu écrire des pages d'épopée
et des pages de comédie. Le sujet est
devenu la grande affaire. Les maîtres,
Ingres et 'Delacroix, parexemple, ont en-
core su se tenir dans le monde matériel
du dessin et de la couleur. Mais les exta-
tiques, les Ary Scheffer et tant d'autres,
se sont perdus dans une quintessence
qui les amenés droit à la négation même
de la peinture. De là, nous sommestom-
bés aux petits peintres de genre, nous
nous noyons dans l'anecdote, le couplet,
l'histoire aimable qui se chuchote avec
un sourire. On dirait feuilleter un jour-
nal illustré. Il n'y a plus que des images,
des bouts d'idée agréablement mis en
scène. La littérature a tout envahi, je
dis la basse littérature, le faits-divers, le
mot de journal. Souvent nos petits pein-,
tres ne sont plus que des conteurs qui
tâchent de nous intéresser par des ima-
ginations de reporters aux abois.
Allez au Salon. Une promenade d'une
heure suffit pour montrer cet embour-
geoisement de l'art. Ce ne sont partout
que des toiles dont les dimensions sont
calculées de façon à tenir dans un pan-
neau de nos étroites pièces modernes.
Les portraits et les paysages dominent,
parce qu'ils sont d'une vente courante.
Ensuite viennent les petits tableaux- de
genre, dont notre bourgeoisie et l'étran-
ger font une consommation énorme.
Quant à ce qu'on nomme la grande pein-
ture, peinture historique ou religieuse,
elle disparaît un peu chaque armée, elle
n'est soutenue que par les commandes
du gouvernement et les traditions de
l'Ecole des Beaux-Arts. Généralement,
quand nos artistes ne font pas très petit
pour vendre, ils font très grand pour
stupéfier.
Et il faut voif le public au milieu de
ces milliers d'œuvres! 1 Il donne mal-
heureusement raison aux efforts fâcheux
que les artistes tentent pour lui plaire.
Il s'arrête devant les poupées bien mises,
les scènes attendrissantes ou comiques,
les excentricités qui tirent l'œil. Il est
touché par des qualités d'à-peu-près
surtout le faux le ravit. Rien n'est plus
instructif à entendre que les observa-
tions, les critiques, les éloges de ce
grand enfant de public, qui se fâche de-
vant les œuvres originales et se pâme en
face des médiocrités auxquelles son œil
est accoutumé. L'éducation de la foule,
cette éducation dont j'ai parlé, sera lon-
gue, hélas 1
Le pis est qu'il y a, entre les peintres
et le public, une démoralisation artisti-
que, dont la responsabilité est difficile à
déterminer. Sont-ce les peintres qui habi-
tuent le public à la peinture de pacotille
et lui gâtent le goût? Ou est-ce le public
qui exige des peintres cette, production
inférieure, cet amas de choses vul-
gaires ?
**#
N'importe, l'enfantement continu au-
quel nous assistons, s'il met au jour
bien des œuvres médiocres, n'en est pas
moins une preuve de puissance. Il est
beau, au lendemain de nos désastres,
au milieu de nos bousculades politiques,
de donner au monde la preuve d'une
telle vitalité dans notre production artis-
tique.
J'ajoute que l'anarchie de l'art, à notre
époque, ne me paraît pas une agonie,
mais plutôt uns naissance. Nos pemài>efr
cherchent, même d'une façon incons-
ciente, la nouvelle formule, la formule
naturaliste, qui aidera à dégager la
beauté particulière à notre siècle. Les
paysagistes ont marché en avant, comme
cela devait être; ils sont en contact di-
rect avec la nature, ils ont pu impo-
ser à la foule des arbres vrais, après une
bataille d'une vingtaine d'années, ce qui
est une misère, lorsqu'on songe aux len-
teurs de l'esprit humain. Maintenant, il
reste à opérer une révolution semblable
dans le tableau de figures. Mais là, c'est
à peine si la lutte s'engage, et il faudra
peut-être encore toute la fin du siècle.
Courbet, qui restera comme le maître
le plus solide et le plus logique de notre
époque, a ouvert la voie à coups de co-
gnée. Edouard Manet est venu ensuite
avec son talent si personnel puis, voici
la campagne des impressionnistes, que
l'on plaisante, mais dont l'influence gran-
dit chaque jour; enfin, des révoltés de
l'Ecole des Beaux-Arts, Gervex, Bastien-
Lepage, Butin, Duez, sont passés dans
le camp des modernes et semblent vou-
loir se mettre à la tête du mouvement.
Un symptôme caractéristique est l'aspect
même du Salon qui se modifie. Chaque
année, je constate que les femmes nues;
les Vénus, les Eves et les Aurores,
tout le bric-à-brac de l'histoire et de
la mythologie, les sujets classiques de
tous genres, deviennent plus, rares, pa-
raissent se fondre, pour faire place à des
tableaux dela vie contemporaine, oùl'on
trouve nos femmes avec leurs toilettes,
nos bourgeois, nos ouvriers, nos demeu-
res et nos rues, nos usines et nos campa-
gnes, toutes chaudes de notre vie. C'eat
la victoire prochaine du naturalisme dans
notre école de peinture.
Il ne reste plus à attendre qu'un pein-
tre, de génie, dont la poigne soit assez
forte pour imposer la réalité. Le gé-
nie seul est souverain en art. Je ne
crois pas au vrai -uniquement pour
et par le vrai. Je crois à un tempéra-
ment qui, dans notre Ecole de pein-
ture, mettra debout le monde contempo-
rain, en lui soufflant la vie de son haleine
créatrice. Emîle 1Zola.
Emile Zola.
Échos de Paris
La Températuee. La journée d'hier a
été une des plus belles dont on ait joui depuis
le commencement du printemps; le soleil a res-
plendi du matin au soir sans qu'un seul nuage
se montrât au ciel.
Le vent souffle des régions Est sur la France
la température monte et l'accroissement est sur-
tout important dans l'ouest et dans le nord-est
où le thermomètre atteignait, hier, 15° dès sept
heures du matin.-A paris, vers deux heures, on
a constaté 250.
Le temps reste au beau.
A TRAVERS PARIS
Aujourd'hui, à 2 h. 40, courses à En-
ghien. Train spécial, ,Nord, 1 h. 50.
Ouest, i h. 05.
Depuis que la question des deux scru-
tins a été engagée, on affectait au Sénat
une sorte d'indifférence et on paraissait
résolu à confirmer purement et simple-
ment le vote de la Chambré des députés,
quel qu'il fût.
C'est donc contrairement à toutes les
prévisions qu'il faut signaler l'émotion
qui règne au Luxembourg, depuis trois
jours, non pas à droite mais a gauche,
où l'on serait bien aise qu'un mot d'ordre
venu de l'Elysée autorisât la haute As-
semblée à remettre le scrutin de liste en
question.
Mais le gouvernement qui pouvait d'un
mot gagner la partie et qui n'a pas voulu
prononcer ce mot, ne le prononcera pas
aujourd'hui, alors qu'il a laisséM. Gam-
betta ramasser tous les atouts.
Le Sénat murmure^ mais il votera.
M. le marquis de Casa-Riera, bien
connu de toute la haute aristocratie pari-
sienne, vient de mourir dans son hôtel
de la rue de Berri.
Par disposition testamentaire du dé-
funt, aucune invitation particulière ne
sera envoyée pour les obsèques.
Le marquis de Casa-Riera a, de plus,
exigé que le service mortuaire qui sera
célébré demain, mardi, à dix heures et
demie du matin, en l'église Saint-Phi-
lippe-du-Roule fût des plus simples. Se-
lon sa volonté expresse, la maîtrise de la
paroisse ne se fera pas entendre.
Le prince de Galles a rendu visite hier
à une heure, au Président de la Répu-
blique qui est venu, une heure après, sa-
luer le prince à l'hôtel Bristol.
Son Altesse Royale doit quitter Paris
ce matin pour retourner en Angleterre.
Hier, a eu lieu, au Cirque d'Hiver, la
séance publique annuelle de la Société
nationale d'Encouragement au Bien.
Parmi les récompensés que-l'on a plus
particulièrement applaudis, nous cite-
rons Art. Camille Flammarion; -M. Ra-
phaël Bischoffsheim; la sœur Ursule qui,
depuis quarante-deux ans, se dévoue aux
pauvres et aux malades; l'OEuvre de l'a-
doption c|es petites iîlles abandonnées,
présidée par Mme Tarbé des Sablons;
l'Orphelinat- des Arts; Mlle Noriac, la
fille de notre pauvre confrère Jules
Noriac, que depuis un an elle soigne nuit
et jour avec un courage héroïque les
frères Lionnet; Mlle Joséphine Seveste,
de l'Opéra-Comique M. l'abbé Cambier,
qui n'a jamais voulu quitter sa modeste
cure de la Villette, où il rend à ses parois-
siens pauvres des servicesincessants, etc.
Par suite de la mort de M. P. Duver-
gier de Hauranne, il y a maintenant un
fauteuil vacant à l'Académie française
mais selon toutes les probabilités, il ne
sera procédé à aucune élection avant le
mois de novembre prochain.
D'ici là, les candidatures ont donc tout
le temps de se produire, et il serait té-
méraire de prononcer dès à. présent un
nom quelconque. Ce oue nous croyons
savoir cependant, c'est que, renonçant
*5» momentanément, tout au moins à
la politique, l'Académie française serait
résolue à faire de l'élection du succes-
seur de M. Duvergier de Hauranne une
élection purement littéraire.
C'est une décision à laquelle tout le
monde applaudira.
C'est ce soir lundi qu'a lieu, à l'Hôtel-
Continental, le grand bal organisé par
le Comité et les Dames patronnesses de
l'OEuvre de l'Hospitalité de nuit.
Le Comité nous prie d'annoncer que
les voitures entreront par la rue Casti-
glione et qu'en vue du nombre très con-
sidérable de billets placés, on fera, bien
d'arriver de bonne heure.
En cas d'encombrement, une seconde
entrée a été réservée du côté de la rue
Rouget-de-L'Isle.
Aux renseignements détaillés, que
nous avons déjà donnés sur cette fête
qui promet d'être splendide, ajoutons
et l'avis a bien son importance que
toutes les mesures sont prises par les
commissaires du bal, pour que tout le
monde puisse souper assis à partir de
deux heures du matin.
Nous apprenons la mort de M. Marc
Caillard, administrateur du chemin de
fer du Nord et membre du Comité de
direction de la Compagnie depuis sa fon-
dation.
M. Marc Caillard était âgé de quatre-
vingts ans. Selon la volonté expresse du
défunt, son corps a été transporté hier
soir à Saint-Mesmin (Loiret), où un ser-
vice funèbre sera célébré ce matin, à
l'église Saint-Hilaire, et où l'inhumation
aura lieu dans le caveau de la famille.
Pour rendre un dernier hommage à
la mémoire de leur regretté collègue, le
Conseil d'administration de la Compa-
gnie du chemin de fer du Nord a décidé,
sur la proposition de son président, M. le
"baron de Rothschild, qu'un service se-
rait également célébré àParis,dans quel-
ques jours, à l'église Saint-Vincent-de-
Paul.
M. Marc Caillard laisse un fils, M.
Paul Caillard, que le Figaro a un mo-
ment compté au nombre de ses collabo-
rateurs.
Hier matin, M. le baron de San Ma-
lato a eu l'honneur d'être présenté a
S. M. la reine Isabelle II, devant laquelle
il a fait assaut.
Le brillant maître sicilien avait été
présenté à Sa Majesté par un de ses
compatriotes, le baron Girolamo Cacca-
misi.
•C'est à onze heures et demie qu'ont
commencé les passes d'armes; elles se
sont terminées à une heure et demie.
San Malato a tiré avec M. le comte de
l'Angle-Beaumanoiret le marquis d'Alta-
Villa.
1 La Reine a paru très satisfaite et a
complimenté le maître sicilien à plu-
sieurs reprises.
Le beau temps qui revient ramène le
bruit et la vie dans toutes les charmantes
villas qui environnent Paris. Ce n'est pas
encore le moment du départ pour les
eaux, mais c'est celui des départs pour
la campagne.
Saint-Germain-en-Laye est déjà habité
comme au cœur de l'été, et bientôt il
sera difficile, pour ne pas dire impos-
sible, de trouver, même une chambre,
au pavillon Henri IV, où une grande par-
tie des appartements est déjà retenu
pour la saison.
Une cérémonie d'un genre tout par-
ticulier vient d'avoir lieu à Saint-
Pétersbourg la distribution aux trou:
pes delagarde, des trente-huituniformes
que portait le défunt empereur Alexan-
dre II. Chaque uniforme était placé sur
un coussin en velours, que le Tzar en
personne remettait, aux sons de l'hymne
national, à une compagnie du régiment
auquel il était désigné, et ce détache-
ment, musique entête, partait ensuite à
travers la ville pour déposer l'uniforme
dans une des éaiises appartenant à l'ar-
mée.
Jamais question ne nous a valu autant
de lettres que celle que nous avons po-
sée l'autre jour.:
Etant données deux veuves, du même âge,
du même monde, du même caractère, dont
l'une aeu un mauvais mari et l'autre un bon,
laquelle des deux doit avoir le plus envie de
se remarier ? `t
Disons tout de suite que le sens de la
grande majorité des réponses qui nous
sont parvenues peut se résumer dans la
réponse suivante
Toute veuve désire se remarier.
Celle qui a eu un mauvais mari pour ten-
ter une compensation.
Celle qui en a eu un BON pour recommen-
cer l'épreuve.
̃ Les autres considérations ne sont que baga-
Jelle Craindre que le second ne vaille pas le
"premier. Craindre que le second soit aussi
mauvais que le premier vétilles qui n'arrê-
teront pas longtemps l'impulsion de lanature
féminine.
Signa Un veuf qui regrette sa
i: femme et qui ne se remariera
?'̃̃̃ pas.
-Toutefois un certain nombre de nos
correspondants ne sont pas de cet avis
et nous devons aussi leur laisser la pa-
role.
C'est la veuve qui a eu un bon mari qui dé-
sirera le plus se remarier, car elle souffre
plus de sa solitude que l'autre, tout entière
au bonheur d'être débarrassée d'un tyran.
Une PROVINCIALE.
La veuve qui a été heureuse en ménage,
doit nécessairement avoir gardé un agréable
souvenir de. la vie à deux, et il est tout simple
qu'elle demandent la recommencer.
UNE LECTRICE.
Et dans le même ordre d'idées, cette
réponse féroce
C'est celle qui a eu un bon mari qui dési-
rera le plus se remarier, car c'est certaine-
ment celte qui oubliera le plus vite le défunt
UN mauvais Mari.
L'opinion contraire a aussi des par-
tisans
La veuve qui déèire se remarier est celle qui
à eu un mauvais mari elle a une revanche à
prendre et tient à faire payer au second mari
les ennuis qu'elle a subis avec le premier.
Et enfin ;ce quatrain qui peut passer
pour une moralité
Heureuse ou malheureuse une femme ne doit
Jamais du conjungo recommencer l'épreuve,
Et c'est par cela que l'on voit
Qu'elle a vraiment mérité d'être veuve.
NOUVELLES À LA MAIN
Les .vendredis à cinq francs n'ont pas
précisément fait merveille, on le sait.
Calino se promenait ou plutôt s.e fai-
sait étouffer hier dimanche dans l'es ga-
leries du Salon.
À la bonne heure! s'écrïe-t-il. Si
tous les jours étaient gratuits, quel ar-
gent on ferait! 1
Une jeune mariée cause intimement
avec une jeune femme mariée depuis
plusieurs années déjà.
Si tu savais comme mon mari est
exigeant 1
Un éclair passe dans les yeux de l'amie.
Vraiment? conte-moi cela,. »
Oui, voilà. Monsieur se couche et
dort douze heures de suite sans per-
mettre qu'on le dérange I
Un cocher intelligent.
Il a une discussion avec un bourgeois
pour le paiement de ses honoraires. Il
prétend avoir été pris à l'heure, le voya-
geur affirme que c'est à la course.
Tout à coup le cocher toise le bour-
geois, qui est d'une obésité pas ordi-
naire, disons même, éléphantine.
Eh bien si vous voulez, mettons de
côté la course et l'heure. Réglez-moi à la
livre 1
Le Masque de Fer.
̃
CARNET D'UN MONDAIN
Le royal bouquet de ce beau Paris, si mer-
veilleux au printemps, c'est l'Exposition d'hor-
tioulture.
On l'a placée cette année dans l'ancien Con-
cert Besselièvre. Ce qui me la gâte un peu,
c'est le banal tapage musical dont on régale
nos oreilles innocentes.
J'aimerais mieux tout simplement le langage
des fleurs, cette muette éloquence qui dit tant
de choses 1 ·
Il n'y a pas de fète princière comparable à
cette fête embaumée, pas de congrès de du-
chesses qui vaille ce congrès éblouissant de filles
du soleil.
Au milieu de la grande serre s'élève une mon-
tagne de rhododendrons, où les tons les plus
fins, les plus doux, les plus rares de la palette
divine teignent de pourpre, de rose, de lilas, de
violet sombre, d'améthyste, de bpin rouge et de
mauve des milliers de pétales confondus en un
feston de couleurs.
Les azalées, encore plus belles, épanouissent
leurs énormes touffes de neige, mêlées aux
nuances de carmin pâle, aux corolles cuisse de
nymphe émue, tachetées de corail rouge, aux
rubis et aux grenats foncés.
Partout on respire une odeur fraîche et capi-
teuse, les mille encensoirs des roses unissent
leur griserie troublante corrigée par les suaves
émanations des plantes vertes, par les délicates
douceurs des bégonias, des gloxinias, des kal-
mias, cette pluie d'étincelles blanches et roses
brillant dans un feuillage sombre et délicat
comme la plume.
Que dire du congrès des roses ? de cet
incendie printanier, de ce feu d'artifice de
fleurs, plus éclatantes que des fusées, plus
belles que des astres, des joyaux de la terre
pétris des rayons de l'aurore et des parfums
du paradis.
Voici les épanouissements lunaires du rosier
Mlle de Sombreuil, pâles et poétiques autant
que la douloureuse héroïne qui leur donna son
nom.
»' Voici l'Archiduc-Charles, brillant comme un
ordre impérial en diamants rouges.
Madame-de-Saint- Joseph d'une exquise
teinte de « nymphe rougissante » Marie-Van-
Houtte, or sombre; Eugénie Verdier, corail
pâle.
Et de, distance en distance, la princesse Marie-
de-Cambridge, un .rosier prodigieux, un arbre
de roses, d'une teinte pure, radieuse, pareille
à la couleur des neiges au lever du soleil.
Enfin des massifs de ces délicieuses petites
fleurs des jardins de curé et des jardins de grand'-
mère, telles que nous les avons tous vues dans
notre enfance, fleurettes aujourd'hui oubliées
dont nous faisions de si beaux bouquets de fête,
et qui de leur parfum modeste embaumaient nos
premiers rêves. Les chrysanthèmes couleur de sou-
fre, la juliennemauve,lespetitesfuséeslilasdulas-
tenia, les pois de senteur veloutés, les némo-
philes qui semblent de grands myosotis, les
lobelias couleur de lapis, les anémones sim-
ples, les œillets de poète, les oxalis rosé pâle,
les menthes et,. les mignonnettes, tout cela
avec de bonnes petites odeurs joyeuses qui
parlent des gaîtés de la famille et rappellent
le tiroir aux dentelles de bonne maman.
On a bien tort de les dédaigner. Comme les
modes de i84s, elles sont honnêtes avec un pe-
tit brin de romanesque, et. nous aurions bien
besoin d'elles dans ce temps de matérialisme 1
Les modes de 1881 se promènent dans ce
royaume verdoyant. C'est sans doute par ému-
lation qu'elles déploient des couleurs si écla-
tantes. Le Schaunard de Murger avait écrit un
fameux livre :-« De l'influence du bleu dans les
arts », on pourrait en écrire un cette année
« De l'influence du bleu sur la beauté n. Toutes
les nuances d'azur sombre ou clair apparaissent
dans la toilette le bleu œil-de-roi et le bleu
turquoise méritent leur succès, mais que- dire
d'un certain papier d'épicier dont on a le tort
de se vêtir?
Il n'y a de vraiment ravissant dans la mode
d'aujourd'hui que ces flots de blonde espagnole
dont on couvre les robes, les manteaux, les ca-
potes, si bien que la beauté blanche des femmes
produit Feflet d'un marbre roulé dans des den-
telles. L'ombrelle tout en blonde espagnole
comme un petit toit fragile et sombre se déploie
sur -If tête- et sa doublure rose éclaire le visage.
étincelle.
LE TRAITE DU BARDO
DE NOTRE CORRESPONDANT SPÉCIAL
Tunis, 17'maL
Débarquement à Bizerte
C'est le 1" mai que notre flotte de dé-
barquement s'est présentée devant Bi-
zerte. Le gouverneur, ayant été sommé
de rendre la ville et les forts, dut s'exé-
cuter de suite, et nos soldats sans avoir
besoin de tirer un coup de fusil occupè-
rent la ville et arborèrent le drapeau
français sur les forts. Les jours suivants,
le débarquement s'effectua aussi rapide
ment que l'état de la mer le permettait.
Cette colonne, sous les ordres des géné-
raux Bréart et Maurand, comprend les
20°, 38° et 92° de' ligne, le 30° chasseurs à
pied, le 9° chasseurs à cheval, le 1" de
hussards, une compagnie du génie, 6
batteries d'artillerie, et les services ac-
cessoires du train, de l'ambulance, de
l'intendance, du trésor, de la poste et du
télégraphe militaire. Bien que désignée
sous le nom de 4° brigade de renfort,
elle fut envoyée sans retard sous les
murs de Tunis, et remplacée à Bizerte
par de nouvelles troupes.
Après une marche de nuit des plus
pénibles et avoir fait étape à Fondpuek,
dans un pays entièrement déppjirvu _de_
cMffims, eue arrivait l& Djederaâ, Sta-
tion du chemin de fer située à 24&ilo-
mètres de Tunis.
Dès l'arrivée de nos troupes à la Dje-
deida, le mercredi 11 mai, M. Roustan,
notre chargé d'affaires à Tunis, alla, par
un train spécial, passer la matinée à
conférer avec le général Bréart, sur tou-
tes les mesures à prendre pour vaincre
rapidement les résistances du Bardo, et
obtenir la signature du bey au bas de
l'original du traité qu'il venait de rece-
voir de Paris. Sans doute, ce n'est pas
sans une émotion patriotique que ces
deux hommes, venus l'un au-devant de
l'autre, avec la difficile mission de sou-
mettre ce prince oriental, dont l'inertie
avait jusqu'ici résisté à toutes nos ten-
tatives, se rencontrèrent au camp de la
Djedeida.
Il serait inutile de faire ici l'éloge du
dijSlomate habile qui, disposé plutôt
même à paraître dépasser les instruc-
tions de son gouvernement qu'à négliger
l'exécution des moindres détails, n'a
cessé chaque jour depuis six ans, par
une persévérance et une fermeté iné-
branlables, de préparer et de mûrir cette
question tunisienne dont son pays' re-
cueille aujourd'hui les fruits.
Quant au général Bréart, il est bien,
au point de vue militaire, l'homme qui
pouvait en imposer au bey de Tunis et
l'amener, par son énergie de volonté et
sa crânerie dans ses revendications,
qualités ici plus qu'ailleurs nécessaires
pour triompher de l'inertie musulmane,
à apposer sa signature au bas du traité
qu'il allait lui présenter, en sa double
qualité de général et de ministre pléni-
potentiaire- extraordinaire du gouverne-
ment français.
La Manouba
Le lendemain matin 12 mai, la colonne
du général- Bréart faisait d'un trait les
14 kilomètres qui séparent la Djedeida
de la Manouba. Nos troupes établirent
leur camp dans les jardins de l'ancien
palais du général Kheiredine à quelques
kilomètres de Tunis, dans le voisinage
du Bardo et du palais Beylical de Kassar
Saïd.
Quel campement superbe et aussi
quelle fête pour nos soldats! Ils dressè-
rent leurs tentes à l'abri des feux d'un vrai
soleil d'Afrique, sous ces beaux orangers
qui leur présentaient entwre des fruits
pour les désaltérer et les reposer de la
fatigue de l'étape, sous ces palmiers et
ces grands bananiers qui font des jardins
de la Manouba le séjour préféré des
riches musulmans de Tunis qui y ont
fait construire de ravissantes villas mau-
resques pour y installer leurs harems.
Depuis un an environ, ce palais de Khei-
redine et son jardin, le plus beau de la
Manouba, est devenu la propriété de la
Société marseillaise.
En arrivant à la Manouba, le général
Bréart y trouva M. Roustan, qui l'atten-
dait avec son premier drogman du con-
sulat, M. Samaripa. Aussitôt, et sans
descendre de cheval, le général Bréart,
accompagné de son état-major, se ren-
dit avec notre chargé d'affaires et son
interprète au palais du Bardo, où se
trouvait le Bey de Tunis, Mohammed-
es-Sadock.
Au Bardo
Le prince, en passant au salon où de-
vait avoir lieu l'entrevue, dut entendre
par les fenêtres du palais, ouvertes sur
la campagne; résonner les ,sonneries de
notre cavalerie, et voir quelques hus-
sards, le mousqueton au poing, placés
en sentinelles avancées à deux cents
mètres de sa demeure.
Le Bey arriva seul, suivi de, M. Gonti,
son interprète ordinaire. Mohamed-
es-Sadock est un beau vieillard, grand
et assez fort âgé d'environ soixarite-
dix ans, et portant toute-sa barbe
grise. C'est un homme bon, doux, faible
et bien disposé par lui-même envers
nous et envers tous les Européens. Mais,
affaibli, plus encore au moral qu'au phy-
sique, par tous les excès d'une vie déjà
longue, il est, entièrement ,,dominé par-
son jeune premier ministre Mustapha
et toutes les odieuses créatures qui l'en-
tourent.
L'entrevue qu'il eut avec nos plénipo-
tentiaires dura plus de deux heures. Le
général Bréart y déploya une si vive
fermeté que le bey, se tournant avec in-
quiétude vers notre chargé d'affaires,
lui demanda plusieurs fois sa bienveil-
lante intercession vis-à-vis du général.
Néanmoins, après la discussion dutrailé,
Mohamed-es-Sadock paraissait encore
fort hésitant. A ce moment, il demand 1
au général Bréart s'il pourrait au moins
garder auprès de lui comme premier mi-
nistre soneherfîls Mustapha ben Ismaïl
Comme le général lui répondait que sot
gouvernement ne lui avait donné aucun
instruction qui s'y opposât « Oh alors
c'est différent 1 » dit le bey et il se retira
pour conférer avec le Conseil des minis-
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