Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-08-31
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 août 1919 31 août 1919
Description : 1919/08/31 (Numéro 21237). 1919/08/31 (Numéro 21237).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
•g. «si iLË T&HP& «=»' 3* Sofft ïtfWÎ
Un cri d'alarme du patriarche arménien'
Notre envoyé spécial nous écrit de Koum-Kapou
[Les Arméniens vont remettre aux b-auts-oom-
toissaires aMiés, J2finsbantinople, un mémoran-
idum attirant la très' sérieuse attention des puis-
sances sur la situation pdus que précaire de 1 é-
Hément chrétien en Anatolie, et sur le danger que
teommencent à courir les Arméniens eux-mêmes
jde la République d'Erivan.
En ce moment, itfa déclaré le patriarche, Mgr Zaven,
mous sommes complètement encerclés. Du cote de la
tfrontière turque, Moustapha Kemal a concentré une
force armée que nous pouvons évaluer à 40,000 hommes.
A Nahedjevan, où le mouvement s'est également
étendu, causant plus d'un millier de morts, les offloiers
turcs ne cachent plus leur présence, et c'est en uniforme
qu'ils commandent les formations tartares. Déjà, à Ka-
tabajrh de forts engagements avaient eu lieu il y a deux
(mois entre Tartares et Arméniens. Nombreuses sont les
idépéôhes que nous recevons de l'intérieur, de Césarée,
Me Diarbekir, de Brousse, où nos communautés manifes-
tent l'intention formelle d'émigrer, devant l'insécurité
Générale. Après un an -d'armistice, la situation pour nous
lest pire que durant la guerre. Les Turcs n'ont nulle part
jeté désarmés, et la distribution des armes se fait par-
ïout ouvertement. Seul, le chrétien ne peut avoir aucun
moyen de défense, et il reste ainsi à la merci du pre-
taiier agresseur. L'occupation de certains points de l'Ana-
jtolie s'impose, si l'on veut éviter de véritables malheurs
'et empêcher que périsse, en d'ultimes événements, ce
;xjui reste encore dê la nation arménienne. Nous nous
iétonnons chaque jour des égards que l'on a pour les
̃Furos à Constantinople, et on arrive à se demander
si, par hasard, ce ne serait pas, nous, les Arméni&ns,
laveo -les autres chrétions d'Anatolie, qui aurions
iait la guerre à l'Entente. Aux cOtés des Russes,
!dans les armées européennes, nous avons aidé de
itout notre possible, la cause des alliés. Nous leur de-
mandons, maintenant. de ne pas nous abandonner, et
ide se hâter" de nous secourir. Nous demandons à la
Conférence de fixer un moment plus tôt notre statut
inolltimie, si elle ne veut pas demain être appelée à
se prononcer sur des ruines. n faut parler fort à Cons-
itantinopte et faire comprendre aux meneurs de l'Ana-
itolie par des mesures militaires, que leur agitation est
rvainé l'Europe étant absolument décidée à se faire
bbéir, quelle que soit la décision qu'elle sera amenée à
prendre. La Constitution yougo-slave
Un télégramme de Vienne à l'agence Radio dit
jaûe d'après une dépêche d'Agram à la Mittagspost
•ton. envisagerait à brève échéance la modification
Se la Constitution yougo-slave dans un sens lar-
gement fédéraliste. Le prince Alexandre lui-mfl-
me en aurait pris l'initiative, après avoir toutefois
'conféré avec plusieurs personnalités. Ces conféren-
ces l'auraient en effet convaincu qu à la suite du
coup d'Etat de Budapest, la nécessité s imposait de
concéder de larges autonomies. Le Monténégro se
réunirait à la Yougo-Slavie, mais conserverait
gon autonomie.
33A-NS £jE LEVAIT
Déclarations du patriarche maronite
Mgr Hoyek, patriarche maronite, à Paris depuis
quebques jours pour faire entendre'à la Conférence
de la paix l'opinion et les vœux des populations
libanaises, a Man voulu nous préciser en ces ter-
mes l'objet de sa mission.
Vous savez que mon voyage à Paris est tout à fait of-
iflciel car je suis autorisé à parler au nom du conseil
administratif, qui est un véritable Parlement élu et qui
représente exactement l'opinion libanaise. Ce conseil a
iété longtemps la seule assemblée représentative de
l'Orient; elle est la seule qui subsiste aujourd'hui sur
Ses territoires composant officiellement l'ancien empire
ottoman.
En outre du conseil administratif, j'ai reou la même
mission de la plupart des chefs des autres confessions
religieuses et des populations des pays réolamés par le
'ijdban comme englobés dans ses frontières naturelles. La
•(présence à mes cotés d'un archevêque grec catholique,
Mgr Mghebghab, qui représente son patriarche, suffira
i.à montrer que notre accord est parfait et que nos désirs
sont identiques.
Ce que je vais demander aux membres de la ConM-
*enoe de la paix? C'est fort simple, car nos souhaits
peuvent s'exprimer en très peu de mots l'indépendance
tdu Liban restauré dans ses frontières naturelles, avec
\'aide et le concours de notre amie de toujours, la Franoe.
Je n'hésite pas à reconnaître que si la France était
appelée à donner son concours à la Syrie tout entière,
te serait un grand bienfait pour le Liban et pour la Syrie,
surtout au point de vue économique. Le mandat unique
donné à. 'la France faciliterait en effet les relations et
créerait une heureuse harmonie entre les différentes
pégions.
Mais je ne suis pas qualifié pour parler de la Syrie;
tous mes efforts tendront obtenir, conformément à la
volonté nationale libanaise," l'ïridê/iénddnee 'coinpKsttf do
mon pays avoo le concours ,'da la France.
NOUVELLES DE L'ETRANGER
~I. y.' ITALIE
Au conseil des ministres
ffSé conseil des ministres, après avoir envisagé, la
'feîitfuaMion internationale d'après les dernières in-
Sommatioitts reçues de la Conférence de Pans, s est
Wutpé die »la situation, économique et financière,
iqui a fait l'objet d'un examen prolongé.
IDama les milieux ministériels, on assure que
l'émission d'un emprunt forcé a été décidée..
Les mtaistraa tiendront une série de réunions
pour e'oootiper des autres questions à l'ordre du
UOior, notamraen't celle do l'amnistie. Un décret
«tens oe sens serait- publié dès la signature du
ftrai'tié avec l'Autriche ou, en tous cas, avant la
Ipeataôe dies Chambres.
AUTRICHE ALLEMANDE
Dissolution d'un bataillon communiste
à Vienne
fîotr-e 'correspondant particulier nous télégraphie en
M&e du 28 août
La dissolution du bataillon communiste de la
«ardè populaire viennoise, décidée par les conseils
Ses soldats, a eu lieu hier sans résistance. Une oen-
tàine d'hommes se sont fait licencier. Le reste, oé-
Êiarant adhérer au parti .sozialdemokrate, a ew re-
iparti dans divers bataillons. Après la dissolution,
la police a saisi dans une école qui servait de ca-
aux communistes de nombreuses mitrailleu-
ses, des fusils, des cartouches, des grenades. Un
dangereux foyer d'anarchie a été ainsi supprimé,
Le parti chrétien social a délibère hier sur la si-
tuation de la garde populaire et a voté un ordre
teu jour exigeant que les forces militaires futures
liîe l'Autriche, dont le contingent sera fixé par le
araité de paix, ne soient pas un instrument aux
'mains d'un seul parti politique, comme } est au-
ijourd'hui la garde populaire viennoise, constituée
j«u moment-do la révolution pour la Sozialdemo?
Jtatie.
REPUBLIQUE TCH ECO-SLOVAQUE
La question de Teschen
'Vî'Oa -mao'cte de Prague en. date du 29 août
"̃Dans la séanoe de la coramtesion des affaires
%rasKgèr,es à l'Assembilée nafâooale, qui a eu lieu le
as août la présidentdu conseil,iM. Tusar, a annoncé
jmi'3 la question de là Silésie de Tesch'&n n'était pas
ïeWore défini tiivemenit irésotoe. Dans le courant des
«jdemiera jours, on a pu constater que des tendances
sdéfavorables aux Tchèques prévalaient sur cette
«ues'tâcHi à 'la Conférence de la paix. Les représen-
ifeants ée> tous les partis ont déolairé que la solution
iâe 'la question idioations polonaises, porterait atteinte à la force
économique et à la vitalité û& da République te««-
iièo-akivaquie.
Le Conseil national tehéco-slovaque pour ta &i-
ilésie de Teschen a adressé à M. Benes, ministre des
affaires étrangèfres tebéco-slovaqu'e, le télégr&mrae
vivant:
Le peuple tchèque de Silésie est profondément ému.
Personne ne veut croire que la Conférence de la paix
[puisse dans cette question abandonner le peuple tchéco-
slovaque qui a, sans réserve, dès le commencement de la
guerre, pris le parti de l'Entente, t/e peuple tchèque
verrait dans cette résolution de l'Entente une humi-
âiaOo^ imméritée, et c'est pourquoi, au dernier moment,
nous vous conjurons de ne pas permettre qu'an pays
qui appartenait à l'Etat tchèque depuis six siècles lui
soit aujourd'hui iniquement arraché. Nous attirons vo-
Ick attention sur les conséquences éventuelles de cette
résolution. Les mineurs tchéco-slovaques du district mi-
nier menacent d'une grève générale qui aurait de fu-
nestes conséquences sur l'approvisionnement en charbon,
mon seulement de l'Etat tchécoslovaque, mais aussi
de l'Autriche. Nous comptons sur vos sentiments
de justice, et nous vous prions de ne pas nous abandon-
teëï.! An nom des Tchèques de la Silésie de Teschen,
Dr Peu; et Onpebka.
PAYS SCANDINAVES
La a Marseillaise » au Slesvig
Noire correspondant particulier de Copeinhaig'U.'e
msôus télégraphie que Je service allemand de bali-
sage a fait supprimer les batlisesi bouées et autres
marques de navigation dans le détroit entre l'île
«d'Aïs et le contimeM slesvicoi'S, afin- d'empêcher le
leroiseur français. Marseillaise de trouver son
•chemin dans les parages slesvicois. Néanmoins, la
Marseillaise est arrivée sans le moindre incident à
lŒCaderslev, la ville slesvicoise 'la plus eepteotrio-
̃ iinale, nMJoia..da..la.fcojiiiàEei jdanjateâUeniaade_aç.-
L'accueil que Haderslev avait réservé à la Mar-
seillaise a été, si possible, encore plus cordial que
dans l&s autres ports slesvicois. Un vapeur, sur
lequel se trouvaient environ 400 habitants de la
ville, a accosté la Marseillaise. Une députation de
14 citoyens s'est rendue à bord du croiseuT, où elle
a exprimé, devant le commandant, la reconnais-
saroe des Slesvicois danois envers La France. En-
suite, des boy-scouts, une députation 'de dix jeu-
nes fililes sont venus remettre des fleurs aux cou-
leurs françaises au commandant ©t à M. Verrier.-
Jeuidi, dans l'après-midi, .la Marseillaise a levé
l'ancre, faisant route vers Copenhague.
ETATS-UNIS
Les relations entre le président
et le colonel House
iDe New-York Sun ayant publié un télégramme
de son correspondant de Paris, suivant lequel une
brouille serait survenue entre le président Wilson
et le colonel House, un représentant du Daily
Mail est allé interviewer le colonel House, actuel-
lement en Angleterre.
Le colonel House a nié notamment avoir refusé
de se rendre à Paris pour signer le traité autri-
chien.
II s'est, d'autre part, refusé catégoriquement à
discuter la suggestion du New-York Sun, qu'il ne
serait plus l'agent du président Wilson en Europe.
Le testament de M. Carnegie
En dehors ées legs que nous aivons signalés hier,
M. Carnegie laisse, par son testament, une rente
de 50,000 francs à lord Mordey et des rentes de
25,000 francs à divers députes travaillistes an-
glais, notamment à l'ancien mknisitre travailliste
John Bums. Il donne des sommes vartianit de 250
à .10,000 francs à ses domestiques et aux ouvriers
de son' château d'Ecosse, ainsi que de fortes som-
mes à divers établissemeinjts scolaires ou religieux.
M. Carnegie fait remise de deux aimées de loyers
à ses tenanciers et de trois années aux paysans ha-
bitant sur ses terres, à condition que ceux-ci con-
sacrent le montant de la troisième année A amé-
liorer leur logement.
CHILI
Les navires allemands
Une dépêche de Valparaiso au Times dit qu'au-
cune mesure n'a encore été prise pour leT,ran«fert
aux alliés des navires allemands internés au Chili
qui sont toujours dans les ports chiliens, battant
pavillon allemand et ayant à bord des équipages
allemands. La raison en est que la propriété n'en
peut être transférée tant que les Etats-Unis n'au-
ront pas ratifié le traité de paix.
Sur l'intervention de M. Vaughan, ministre d'An-
gleterre ,1e ministre des affaires étrangères a fait
surseoir à la vente en adjudication de ceux des
navires allemands qui ont été endommages lors des
grandes tempêtes de juillet, vente qu'avaient an-
noncée les capitaines et agents maritimes de ces
navires. Cette affaire est déférée aux tribunaux
chiliens.
Une déclaration du ministre allemand prétend
dénonoer les tentatives illégales des alliés pour
affecter les intérêts allemands dans les pays neu-
tres et dit que les biens particuliers allemands à
l'étranger ne sont nullement affectés par les obli-
gations contractées par le gouvernement allemand.
PÉROU
Les élections et le referendum
Les élections générales ©t le référendum sur fa
réforme de la Constitution se sont effectués tran-
quil!lem«nt. Il n'y 'a eu que quelques petits troubles
locaux sans importance.
Les candidats appuyant le président Leguia et
la réforme constitutionnelle ont obtenu la pres-
que unanimité d'es eufftrages.
Le projet de révision de Ja Constitution, quii sera
soumis par le présiden't Leguia à la Constituante
qui vient d'être élue, tend à diviser le Pérou ©n
trois Etats autonomes ayamt leurs capitales à Are-
quipa, Huanoayo et Trujillo, le Pérou, jusqu'ici
centralisé, devenant une République fédéra tive.
Les Etats-Unis, la Chine, la Bolivie et la Co-
lombie ont reconnu le gouvernement de M. Le-
guia.
NOUVELLES DÉVERSES DE L'ETRANGER
Allemagne. Les grèves récentes des charbonnages
silésïens ont eu pour la ville de Berlin des conséquences
sensibles. H a été décidé que les cafés, cinémas et autres
établissements changeront l'heure de leur fermeture,
que l'usage du gaz pour la cuisine ne sera permis qu'en-
tre midi et 2 heures et entre 7 heures et '10 heures du
s< "[ "̃' '.17' :7.Z,i77
>– La Gazette de Voss reproduit une Information du
ministère de l'agriculture bavaiois, représentant la si-
tuation alimentaire du pays comme à peu près déses-
pérée de grandes villes comme Munich n'ont plus que
pour une semaine de blé ou de farine.
Lettre d'Italie
lia situation financière
Monteoatlni, août.
La grande réforme tributaire entreprise par le
cabinet Nitti a une telle importance pour la vie
présente et future du pays, que tout ce qui s'y rat-
tache de près ou de loin est suivi par le grand pu-
blio avec un intérêt passionné. On peut donc juger
de l'émotion provoquée par la nouvelle la fausse
nouvelle que le ministre des finances, M. Te-
desco, venait de donner sa démission à la suite de
discussions avec M. Schauzer, ministre du Trésor,
̃concernant la réforme même.
Je me suis rendu auprès de M. Tedesco,
qui se trouve en ce moment à la sation balnéaire
de Montecatini, en Toscane, et j'ai pu vous envoyer
le démenti formel que vous avez déjà dû recevoir
par télégramme.••
Puis, profitant de mon passage à Montecatini,
j'ai cherché à obtenir directement de M. Tedesco
quelques éclaircissements sur la réforme projetée.
En prinoipe, le ministre des finances est assez
réfractaire à l'interview, et bien qu'il ait été sou-
vent et longtemps ministre, on peut compter sur
les doigts les déclarations directes qu'il a faites
à la presse, toujours dans des circonstances excep-
tionnelles. Toutefois, dans l'intimité des causeries
d'après-dîner, il a bien voulu me donner, à bâtons
rompus, quelques renseignements que je rassem-
ble.
En résumé, comme les leteurs du Temps le
savent déjà, il s'agit de procurer au Trésor italien
une somme d'environ vingt milliards.
Dans le public, des nouvelles confuses s'étaient
propagées. On avait parlé, tout d'abord, d'un im-
pôt très élevé qui eût pesé sur toutes les fortunes
amassées pendant la guerre, et à l'occasion de la
guerre. Mais même en taxant les fortunes de
guerre à plus de 60 et de 75 0/0, on n'eût pu ob-
tenir la somme désirée.
Il fallait donc, pour le résultat voulu, toucher à
toutes les fortunes existantes avant et pendnnt| la
guerre. La nouvelle s'est donc répandue tout d'a-
bord que le ministère Nitti allait procéder à un
impôt général sur- le capital, établissant une diffé-
rence dans le pourcentage entre les sommes amas-
sées avant la guerre, et celles gagnées rapidement
pendant la guerre.
Toutefois, malgré cette différence annoncée, une
telle mesure risquait d'être impopulaire, car le
contribuable italien eût vu sans doute avec peu
do sympathie qu'un impôt du môme genre frappait
les fortunes acquises par le long et patient travail
de plusieurs générations, et celles qui s'étaient
gonflées en quelques années par des circonstances
de la guerre.
Ce fut alors que naquit l'idée de l'emprunt forcé.
On ne sait encore quel sera le taux fixé pour l'in-
térêt une commission spéciale étudie la question.
On parle d'un minimum do 0 50 0/0 et d'un maxi-
mum de 2 0/0; mais il est probable que ce sera un
peu plus que le minimum, un peu moins que le
maximum. Quant au délai fixé pour le rembourse-
ment, il sera entre 60 et 100 années. Enfin, la com-
mission fixera également la somme capitalisée au-
dessus de laquelle l'emprunt sera forcé. Cette
somme sera assez minime, très probablement in-
férieure à 50,000 francs, car la fortune nationale
en Italie comme en France est très morcelée.
Quant aux fortunes gagnées ou augmentées
pendant la guerre, elles seront soumises non pas
seulement à l'emprunt forcé, mais en plus à un
impôt pur et simple très élevé. Quelques journaux
eussent voulu qu'il fût fait une différence entre
les fortunes gagnées par des fournitures de guerre
ou tout commerce ayant rapport avec la guerre, et
les fortunes gagnées dans des industries et com-
merces n'ayant aucun rapport direct avec la guerre.
Mais cette distinction aût donné lieu à une infi-
nité de discussions stériles. On veut considérer que
toute fortune amassée, ou augmentée, pendant la
guerre l'a été, directement ou indirectement, à
cause de la guerre, et doit, par conséquent, être
frappée de l'impôt.
On estime que l'emprunt donnera une somme en-
tre 15 et 20 milliards et l'impôt une somme d'un
peu plus de 5 milliards. Tout compte fait, frais
généraux et intérêts à payer, on pense qu'il reste-
ra au Trésor une somme nette de 20 milliards.
Cependant, si importante que soit la somme pro-
curée par les mesures exceptionnelles qui vont
être mises en vigueur, il restera encore bien des
frais à solder pour lesquels ne suffiront pas les im-
pôts d'avant guerre. Et de fait, le budget annuel
~.l'~l,l~acrra~nai.d~rablec1~11J;,al~emAUl; 11 é.~j~
tvant la-- guerre, d'environ 2 milliards et demi, il oc
ra être porté à 6 milliards. Notamment, l'impôt ra
iur le revenu préparé par le précédent ministre M
les finances, M. Meda, sera adopté par le présent
ninistre, avec quelques amendements de détail. et
Avant de quitter M. Tedesco, je lui ai demandé ôt
juel était son sentiment sur l'avenir économique
îe l'Italie'. Le ministre des finances s'est montré ti'
l'un très grand optimisme, £c
En connaissance de cause, et après l'accueil C
que la presse et le public viennent de faire à nos ti
projets financiers, j'ai, m'a-t-il dit, la plus grande M
confiance dans l'avenir de notre pays et dans son si
léveloppement économique. Cette guerre a servi à
ious révéler à nous-mêmes les forces et les ri- ni
îhesses dont nous pourrons disposer dans l'avenir, fi
Votre sol et notre sous-sol vont être, en quelques m
années, soumis à un travail d'exploitation intense. U
La crise actuelle, si courageusement signalée dans
a belle circulaire du président du conseil aux pré- Fi
Têts, ne sera que .passagère, chez nous, comme dans de
les pays voisins. Notre population est essentielle- bl
ment laborieuse. Après les quelques mois de fati- n,
gue et d'éneryement qui suivent quatre années de p,
guerre, '-cette population, habituée au labeur, se ré-
prendra..De grands travaux vont ôtre entrepris, ai
Nos moyens de transport vont être transformés. v<
Plus de 0,000 kilomètres de chemins do fer vont ai
être électrifiés. En ce moment même on étudie le di
moyen d'appliquer le combustible liquide aux che-
mins de fer et à l'industrie. On va construire dans si
plusieurs de nos régions montagneuses, notamv d
ment en Calabre, d'immenses lacs artificiels qui n
fourniront l'eau régulièrement à nos régions agri- r
coles et créeront d'importantes forces hydrauli- el
ques pour l'industrie. Notre agriculture sera in-
tensifiée.
» La richesse nationale sera donc considérable- si
ment augmentée par nos propres ressources, et non b!
seulement notre peuple fera, en temps voulu, hon-
neur à ses engagements, mais encore j'ai la cer- p
titudo que sa puissance économique prendra, dans
un très prochain avenir, un essor bien supérieur à j<
celui que, naguère encore, n'osaient espérer les u
plus optimistes même. » q
M. Tedesco rentrera à Rome avant la fin de la n
semaine, et il est probable que le décret concer- p
nant l'emprunt forcé et l'impôt extraordinaire sur n
le capital paraîtra dans les premiers jours de d
septembre. Jean Carrère. p
̃ ̃
Journée parlementaire d
LA CHAMBRE e
Une nouvelle enquête parlementaire n
La commission du ravitaillement a décidé d'ou- si
vrir une enquête sur les affaires des rhums, et c
elle a chargé M. Bouswnot da lui faire un rap- t<
port à ce sujet. q
L'affaire du Chemin-des-Damee d
La commission die ïanmiée à désigné MM. Besrgeff, j(
Bouillpux-iLafont, Galli et Rognon comme rappor- f,
teurs de la question des sanctions consécutives à c
la rupture du froat du Guemin-des-Dames, en mai o
1916.
SÉANCE DU VENDREDI 29 AOUT t t
Le traité de paix o
(La quatrième séance, consacrée la discussion l~
du traité de paix et que préside M. Paul Des- g
chanel, a été marquée par deux discours de MM,
Barrés et Albert Thomas. d
La Chambre a suivi le débat avec un vif intérêt. a
Elle a prêté, à ces deux orateurs de tempérament y
et de formation contraires, une attention soutenue.
L'un et l'autre ont développé leurs idées en toute c
indépendance et en toute liberté devant un audi- Œ
tQire unanime à rendre hommage à l'étendue de
leur culture et à la sincérité de leur opinion, c
Il s'est trouve en fin de séanoe que les orateurs i
encore inscrits n'ont pas répondu à l'appel de leur 1
nom, jugeant sans doute que lo débat était arrivé r
au point où la commission et le gouvernement t
doivent parler, 1
M, MAURICE BARRÉS |
M, Maurice Barrés est moins un orateur ̃qu'un £
conférencier. Le timbre de la voix, un peu as- f
sourdi, ne lui permet pas les grandes envolées, j 1
Mais l'argumentation est solide, la pensée claire; j
la phrase élégante, la dialectique prenante. i 1
Il déclare tout d'abord qu'il votera le traité de £
paix, encore qu'il eût compris la paix autrement.
Une victoire si grande et si coûteuse lui faisait
espérer pour nos régions du nord et do l'est, per-
péluellement' exposées aux agressions de 1 Alle-
magne, une sécurité plus complète. ̃"̃ ̃' ,'j
Mais il considère que le traité renferme, deS
germes de prospérité et des moyens, de sécurité, .& (
condition que ces germes soient développés,, et
ces moyens mis en œuvre, à condition aussi que .(
nous ayons une politique rhénane..̃->; 1
C'est cette politique rhénane que l'orateur s'ef- 1
force de préciser et de définir.
Il en rappelle les origines historiques. Oharle- 1
magne croyait ne pas avoir suffisamment vaincu
les Saxons s'il ne les convertissait point. Sous i
Louis XIV, c'était la Ligue du Rhin; sous Napo-
léon I", c'était la Confédération du Rhin. ]
Quelle doit être notre politique à nous? Celle
que nous dicteront les événements..
La conception dont nous devons nous inspirer
dérive du traité lui-même. Le principe de libre
disposition des peuples est d la base du traité.
C'est ce principe qui doit guider notre politique.
Les populations rhénanes sont allemandes et el- c
les veulent rester allemandes, mais elles n'aiment
pas la Prusse, et elles désirent jouir d'une autono-
mie dans le cadre allemand.
Elles ont pour cela deux sortes de raisons des
raisons de parenté et d'affinités intellectuelles, et
des raisons d'intérêt économique.
Comment pouvons-nous intervenir en Rhénanie?
Tout d'abord au point de vue intellectuel. Nous le
faisons déjà. Un lycée français s'ouvre à Mayence.
En ce qui touche les intérêts matériels, il dé-
pend des chambres de commerce et des syndicats
ouvriers de préparer un programme de collabo-
ration.
Je m'adresse, dit-il, aux hommes de lettres, aux his-
toriens, et je leur dis Il me semble que les gvaxiàa
esprits du dix-neuvième siècle qui croyaient dur comme
le fer à la bonté de l'Allemagne, qui ss faisaient des
illusions dont WÏO les réveilla cruellement, avaient
pressenti une certaine Allemagne Idéale, qui maintenant
pourrait être installée sur terre en Rhénanie. Il existe, «n
France, dans la région de l'est, une conception qui n'est
que dans les esprits, qui flotte entre ciel et terre et qui
nous a toujours disposés à sentir une très grande pa-
renté entre des villes qui, politiquement, sont séparées
les unes des autres. Il nous a toujours semblé que
Nanoy, Metz, Luxembourg, Strasbourg, Trêves étaient
comme les éléments d'une machine électrique qui, le jour
où elle fonctionnerait, pourrait fournir à la vie intellec-
tuelle des étincelles jamais vues jusque-là.
Ces régions, qui, politiquement, garderaient leur in-
dépendance, créeraient un territoire de transition, une
sorte de bastion moral. Elles constitueraient, pour des
raisons spirituelles et pour des raisons matérielles, pour
ne pas être foulées aux pieds, et pour la joie d'épa-
noulr leur vie propre, une merveilleuse garantie contre
l'Allemagne et, d'une manière plus générale, un bastion
de sécurité pour la paix du monde. (Applaudissements.)
Mais il faut une direction gouvernementale.
Quelles instructions le gouvernement a-t-il don-
nées à nos généraux lorsque se sont manifestés les
mouvemcnts d'autonomie? Pourquoi a-t-on permis
à un commissaire du Reich de s'installer à Colo-
gne ? Pourquoi a-t-on admis par un acte en de-
hors du traité que nous devions évacuer avant
quinze ans certaines parties de la Rhénanie?
Après le départ de nos forces militaires, notre
force morale doit demeurer. Si le gouvernement
sait agir en ce sens, il n'est pas douteux qu'alors
nous trouvions dans le traité des éléments de ré-
confort et de satisfaction, en dépit des imperfec-
tions qui s'y trouvent.
M. AI.BERT THOMAS
M. Albert Thomas s'applique moins à discuter
les clauses du traité qu'à pénétrer la pensée pro-
fonde qui les a inspirées. ♦ <
Il examine tout d*abord la question des garan-
ties militaires. ̃̃ :±v
Notre frontière est assurée par la garantie- -que
donne l'article 10 du pacte de la Société des'na-
tions, par la réduction de l'armée allemande, par
la limitation contrôlée des armements, par î'oceu-
pation des têtes de pont durant quinze ans, enfin
par les traités avec la Grande-Bretagne et l'Amé-
rique.
Il les considère, chocune prise en soi, comme in-
suffisantes, et il ne peut croire que l'accumu-
lation de ces insuffisances constitue une garantie
solide.
Le système que le gouvernement avait exposé
dans sa note du 25 février est la critique la plus
sévère de tout l'ensemble des garanties qui sont
incluses dans le traité.
Pourquoi le gouvernement l'a-t-il abandonné et
dans quelles conditions l'a-t-il fait? Pourquoi nos
alliés se sont-ils obstinés dans leur résistance?
Comment a-t-on pu douter de notre parole et
nous prêter des intentions annexionnistes qui
n'étaient pas les nôtres?
De vifs applaudissements saluent cette première
partie de l'exposé.
L'orateur esquisse ensuite les traits généraux de
la politique que nous devons suivre demain vis-à-
vis do l'Allemagne.
I! veut la sécurité non seulement du côté de la
frontière 'Puyc.fl.UB .meute .la jruèiraji ne suffit des d' w» J-
.®
occupation militaire; il faut une pénétration mo-
rale appuyée sur une propagande d'où sera pros-
crite toute arrière-pensée annexionniste.
La vieille politique qui consistait à entretenir
et à développer le particularisme des Etats doit
être répudiée.
On objecte les méfaits de la politique des na-
tionalités. La vérité est jue ce n'est pas la dé-
fonse du droit des peuples qui nous a jamais nui.
C'est le système de l'équilibre et des compensa-
tions, et c'est pour cela qu'on a pu prétendre à
tort que la politique des nationalités avait pesé
sur notre pays.
M. Albert Thomas croit à la possibilité et à la
nécessité d'un développement de relations paci-
fiques entre l'Allemagne et la France dont la vie
matérielle va se trouver étroitement mêlée après
l'horrible catastrophe.
Quand on essaye de parler ici des relations entre la
France et l'Allemagne, on se heurte souvent à cet écho
de l'opinion publique commune « L'Allemagne est un
bloc, l'Allemagne est incorrigible, le peuple allemand
ne fait qu'un tout entier avec le militarisme et l'im-
périalisme allemands. »
C'est, j'ose dire, une thèse simpliste. Si elle inspirait
au jour le jour les attitudes et les décisions d'un gou-
vernement, elle pourrait -conduire aux pires difficultés,
aux pires aventures, provoquer dans un avenir prochain
de nouveaux conflits.
En face, il y a une autre thèse qui est non moins
simpliste c'est la thèse à laquelle, souvent, au début
de la guerre, notre peuple s'est attaché plus ou
moins naïvement. Elle consiste à distinguer absolument
l'impérialisme et le militarisme allemands, d'une part,
et d'autre part, le peuple allemand.
M. Charles Benoist. Très bien 1
M. Albert Thomas. le peuple allemand apparais-
sant tout à fait innocent des crimes et des responsa-
bilités de son gouvernement.
Ces deux thèses sont, à mon sens, également sim-
plistes.
Je demande, moi, que l'Allemagne, l'Allemagne d'au-
jourd'hui, ne soit pas considérée ainsi comme un bloo
unique ou comme deux blocs nettement distincts, mais
que l'on essaye d'y discerner avec critique les éléments
nouveaux qui peuvent y surgir, et sans se laisser égarer
par l'idée d'une régénération prochaine, immédiate, de
ne pas écarter pour- l'avenir l'idée d'une régénération,
d'une transformation politique, sociale et morale du
peuple allemand.
Et j'ose dire ici que, pour cette régénération, il y a,
à l'heure actuelle, pour qui sait voir, pour qui s'efforce
de comprendre, déjà des éléments indéniables.
Le peuple allemand, en 1914, a été, pour une part,
entraîné dans l'agression guerrière, mais il a été d'autre
part, dans son unanimité, trompé par les déclarations
du gouvernement allemand.
Il y a eu pendant tout le temps de la guerre, en Alle-
magne, un certain nombre d'hommes qui se sont dres-
sés oourageusement contre le militarisme allemand,
contre le gouvernement impérialiste. Il y a eu pendant
tout le temps de la guerre des consciences individuelles
qui se sont révoltées. Le gouvernement français et la
diplomatie française le savent.
L'orateur fait allusion au manifeste de Lieb-
ïcnecht, à la protestation Nicolaï contre le mani-
feste des 93, à la propagande «wnée par tes so-
cialistes indépendants et des militants obscurs qui
ont été punis de forteresse.
Il considère que ces indications ne (permettent
pas d'affirmer qu'il n'y a aucun effort de libéra-
tion, de démocratie et de justice de l'autre côté
du Rhin.
Il y a, selon lui, une possibilité de doctrine
commune à cause même des pensées nouvel-
les proclamées par le présid'enl Wilson qui nous
permet d'agir en commun. C'est la reconnaissance
des responsabilités et du droit aux réparations.
par la pratique au grand jour die la politique
des responsabilités, nous pourrons exercer une
aobion efficace sur les éléments démocratiques de
['Allemagne.
Ce développement, apiplauda par l'extrême gau-
che, est accueilli avec réserve sur les bancs m la
majorité.
L'orateur estime que le développement démo-
cratique dans l'Occident et dans le monde est su-
bordonné à l'accord intime et profond entre le
peuple anglais et le peuple français. Et précisé-
ment parce qu'il est un ami déclaré de l'Angle-
terre, il regrette qu'elle r.'ait pas résolu au
lendemain de la guerre, dans un esprit qui atteste
sa pensée libératrice et émancipatrice, les ques-
tions d'Egypte et d'Irlande qui pèsent encore sur
elle.
Pareillement, il manifeste l'impression doulou-
reuse que lui causent certains aotes annoncés à
l'égard de la Perse.
H affirme sa foi profonde dans le pacte de la
Société des nations.
On avait parlé d'un préambule au pacte. On avait dit
qu'il y aurait uno sorte de déclaration des droits des na-
tions avant les articles d'organisation. Cette forme so-
lennelle Importait peu. Mais ce qui importait, c'était de
̃défmir nettement les règles, ,4e;}a politique universelle,
c'était de préciser ce droit des peuples à disposer d'eux-
mêmes, dont on parle constamment, mais qui, Juridi-
quement a besoin encore d'être défini.
Surtout s'il y a des règles, elles devront valoir uni-
formément pour tout le monde. (Très bien Très bien 1)
Et ceux qui imposent les règles devront également les
respecter. (Très bien Très bien t)
L'orateur, en concluant, demande au gouverne-
ment de préciser la politique qu'il entend suivre
la politique du passe, la politique des alliances, la
politique dangereuse de l'équilibre ou la politique
loyale et féconde de la Société des nations, où se
trouve aujourd'hui le s.alut de la France.
Aussitôt après que M. Albert Thomas a regagné
son banc, un sentiment d'hésitation se manifeste
dans l'Assemblée.
Le président fait l'appol des orateurs inscrits,
qui ne répondent pas à l'appel de leur nom ou qui
déclarent renoncer à la parole.
On propose une suspension de séance qui est
repoussée. Au banc du gouvernement, les minis-
tres se consultent.
M. André Tardieu, commissaire du gouverne-
ment, se lève et fait la déclaration suivante
Je suis à la disposition de la Chambre, immédiatement
si elle le désire. Je dois toutefois l'informer qu'ayant à
lui exposer l'historique des négociations d'où sont sor-
tles les garanties militaires, politiques et générales que
le traité assure a la France, j'aurai et elle le com-
prend à coup sûr besoin d'un certain temps.
M, Jean Bon insiste pour la continuation du
débat.
Plusieurs membres demandent le renvoi de la
suite du débat à une prochaine séanoe,
Le renvoi est prononcé.
Séance mardi.
L'Alsace et la Lorraine libérées
Mgr Benzler quitte Metz
Mgr Benzler, à qui le gouvernement français,
d'accord avec le Vatican, a donné un successeur à
l'évêché de Metz, a quitté Metz hier, à midi.
Le chapitre entier de la cathédrale a accompa-
gné l'évêque à la gare où un représentant du
commissaire de la République et un officier repré-
sentant le général de Maud'huy, commandant su-
périeur du territoire de Lorraine, ont pris congé
de lui. Mgr Pelt; le nouvel évoqué, a accompagné
Mgr Benzler jusqu'à la frontière.
Les séquestres allemands
Une note remise hier par le baron von Lersner
à Versailles demande que la Conférence de Ja paix
fixe le règlement des séquestres et liquidateurs
allemands en Alsace-Lorraine.
Le président de la délégation allemande de-
mande en outre, au nom de son gouvernement, que
l'on permette aux liquidateurs et séquestres alle-
mands de quitter l'Aisaoe-Lorraine avec leur fa-
mille, leurs meubles et leur argent, ainsi que l'ont
promis le maréchal Foch au moment de l'armis-
tioe et plus tard le commissaire général, M. Mille-
rand.
p
COLONIES ET PROTECTORATS
Magistrature
Par décret sont nommés
Juge président du tribunal de Pnom-Pehh (Indochine),
M-- Moulin, juge, président du tribunal do Diégo-Suarez
(Madagascar)..
Juge président du tribunal de Diégo-Suarez, M. Jodin,
président du tribunal de Saint-Pierre (Réunion).
Président du tribunal de Saint-Pierre, M. Pezet, subs-
titut du procureur de la République de Nouméa (Nou-
velle-Calédonie).
Substitut' du procureur de la République de Nouméa,
M. Arnaud, juge président du tribunal de Saint-Pierre-
et-Miquelon.
Substitut du procureur général à Saigon, M. de Ker-
saint-Gilly, conseiller a la cour d'appel de Madagascar.
Conseiller à la cour d'appel de Madagascar, M. Camo,
juge président du tribunal de Tamatave.
Président du tribunal de Tamatave, M. Roui de la
Hellière, procureur de la République à Diégo-Suarez.
Procureur de la République a Diégo-Suarez, M. Pust,
lieutenant de juge à Nouméa (Nouvelle-Calédonie).
Lieutenant da juge à Nouméa, M. Rondeau, juge
président du tribunal à Djibouti (côte française des Sd-
malis).
Substitut du procureur général de la Nouvelle-Calé-
donie, M. Périssé, procureur de la République à Cayenne
(Guyane).
Procureur de la République à Cayenne, M. Loyon, lieu-
tenant de juge h Cotonou (Afrique occidentale fran-
çaise).
Juge président du tribunal de Cayenno (Guyane), M.
.Fo«oflue*jieulênani; dsJuKfi « T_anaaarive aiadacascari.
CHRONIQUE ÉLECTORALE
La date des élections
Devançant le gouvernement, M. Connevot, député
de la Creuse, vient, en vertu du droit d'initiative
parlementaire, de déposer sur le bureau de la
Chambre la proposition suivante
Article lor. Les pouvoirs de la Chambre élue en
1814 expirent le 1er décembre 1919.
Art. 2. Les élections législatives pour la nouvelle
Chambre sont fixées au dimanche 26 octobre 1919.
La période électorale s'ouvrira vingt jours avant.
M. Connevot adopte la date qu'on présume devoir
être choisie par le gouvernement dans le projet de
loi qu'il compte déposer après la ratification du
traité de paix.
L'inscription sur les listes électorales
Le ministre de l'intérieur vient de déposer un
projet de loi tendant à accorder un délai supplé-
mentaire pour l'inscription sur les listes électo-
rales, au profit d'un certain nombre d'électeurs
qui se sont -trouvés empêphés de réclamer leur.ins-
cription et dont le cas n'avait pas été prévu. Voici
ce projet de loi
Article premier. Les électeurs rentrant dans une des
catégories suivantes pourront demander leur inscrip-
tion sur les listes électorales de l'année 1019 jusqu'au
onzième jour qui précédera la date do la première élec-
tion
•1° Les mobilisés présents sous les drapeaux le M no-
vembre MM6, sans préjudice du délai plus favorable qut
pourrait résulter pour certains d'entre eux de l'applica-
tion de l'article 2 de la loi du 15 janvier 1919;
S" Les réfugiés, en ce qui concerne toute liste élec-
torale autre que celle de la commune lieu de refuge;
3° Les électeurs domiciliés aux colonies et retenus
dans la métropole faute de moyens de transports;
4° Les ouvriers mobilisés dans les usines de guerre, en
ce qui concerne la commune où étaient situés ces éta-
blissements
5° Les Alsaciens et les Lorrains qui demanderont leur
inscription dans une commune du territoire français tel
qu'il existait au 3 août 1914
6° Les Français résidant à l'étranger au 3 août ±914
et revenus depuis cette époque se fixer en France.
Art. 2. Lorsque les électeurs visés à l'article précé-
dent ne pourront justifier de six mois de résidence, il
y aura présomption que l'intéressé entend fixer son do-
micile réel dans la commune sur la liste électorale de
laquelle Il a demandé son inscription.
Art. 3. Ces demandes d'inscription seront soumises à
la procédure tracée par les articles 2 et 3 de la loi du
15 janvier 1919.
Art. 4. Si la demande d'inscription concerne une
commune autre que celle où l'intéressé était inscrit
en 1814, ou, pour les citoyens arrivés à l'âge électoral
depuis cette date, autre que celle de leur domicile de
recrutement, la requête présentée au juge de paix devra
être accompagnée d'une demande en radiation adressée
au maire de la commune du domicile électoral antérieur.
Cette demande, transmise au maire de la commune où
t'inscription est demandée en mêrne^. temps que lui est
notifiée la décision du juge de paix, sera envoyée au
maire de la commune où l'intéressé était précédemment
inscrit, conformément aux dispositions de l'article pre-
mier de la loi du 29 juillet 1913.
Art. 5. Le délai du pourvoi en cassation contre les
décisions précédemment rendues par les juges de paix
en exécution des articles 2 et 3 de la loi du 15 jan-
vier 19'W courra du jour de la promulgation de la pré-
sente loi.
DANS LES DÉPARTEMENTS
Aveybon. Les socialistes ont arrêté une liste
ne comprenant que des adhérents du parti. Elle
comprend les noms suivants
MM. Cabrol, député sortant, Fontanier, 'Mazars
et Ramadier.
Rhône. Le cardinal Maurin, archevêque de
Lyon, vient d'adre^er un appel aux électeurs ca-
tholiques du Rhône et do la Loire à l'occasion des
prochaines élections. Il leur indique la façon dont
ils devront comprendre leur devoir de citoyens
français
Les actes, dit-il, doivent maroher d'accord avec les
convictions. Un catholique ne peut habituellement voter
que pour des candidats prêts a respecter et à défendre
les droits de Dieu, de la religion entière, de la cons-
clence, des intérêts de la patrie, l'honneur de la famille,
et à ne pas ignorer systématiquement l'Eglise et son
chef.
« Je suis républicain, dites-vous, et j'entends ne
donner ma voix qu% des hommes que je saurai ne de-
voir faire aucune opposition au régime qui a mes préfé-
rences. » C'est votre droit, mais la condition expresse
que ces hommes se garderont de confondre la Républi-
que aveo les lois prétendues intangibles, qui, loin d'être
de son essence, vont parfois à. l'onoôntre des principes
sttf 'lesquels' elle déclare vouloir1 's'iipp'uyer comme sûr
son plus légitime fondement liberté, égalité, fraternité.
La ton du cardinal Maurin s'élève pour défen-
dre les principes sacrés de liberté et d'égalité
La vraie liberté et l'égalité, déc!are-t-il, condamnent
toutes les lois d'exception. Serait-ce respecter la liberté
que d'obliger à s'expatrier de nouveau, pour mener
une vie conforme à leur idéal, les religieux qui, à l'ap-
pel de la France, sont revenus de l'exil et dont l'attitude
.a été si belle sur les champs de bataille?
Serait-ce respecter la liberté que de continuer à in-
terdire l'enseignement parce qu'ils sont liés par des
vœux dont la législation civile n'a pas, en soi, à connaî-
tre, à des hommes munis des diplômes exigés par la
loi, qui ont versé leur sang et reçu les plus glorieuses
blessures pour la patrie?
Serait-ce respecter l'égalité que d'exiger des pères de
famille qu'ils payent deux fois l'impôt scolaire un pour
l'école qui ne saurait donner satisfaction à leur cons-
cienoe, et un pour celle, qui, goule, répond à leurs con-
victions?
Puis il ajoute
Pendant l'horrible guerre, ceux qui tenaient en main
les destinées de la France ont fait appel à l'union sa-
crée. Cet appel, les catholiques, l'ont entendu, et à l'ins-
tigation des évêques et des prêtres, oublieux de tout
passé de haine et de persécutions, ils ont donné leur
or et leur dévouement à la défense nationale. Au lende-
main de la victoire, seront-ils de nouveau l'objet de
vexations, et faudra-t-il que, muets, ils reçoivent les
coups d'adversaires auxquels la guerre n'aurait rien ap-
pris ? R
Dans un pays divisé comme le nôtre au point de vue
des idées, l'union eacréo exige que la législation assure
la reconnaissance de tous les droits, et en outre le res-
pect de toutes les libertés qui n'ont rien de contraire au
droit naturel et à l'ordre public
En ce qui concerne le vote lui-même, le car-
dinal Maurin donne aux électeurs les indications
suivantes
Si vous vous trouvez en présence d'une liste sérieuse
de candidats prêts à défendre intégralement l'idéal de
justice et de progrès social proposé par la doctrine ca-
tholique, aucune hésitation n'est possible.
Si, au contraire, aucune liste n'y répond d'une façon
absolue, vous gardant bien de vous abstenir ou de pra-
tiquer ce qu'on est convenu d'appeler la politique du
pire, vous choisirez de préférence, tout en vous entou-
rant des garanties nécessaires, celle dont la programme
se rapproche le plus du vôtre.
Et il conclut en ces termes
II m'appartenait de rappeler aux catholiques de mon
diocèse leur devoir électoral. Cette mission remplie,
voulant éviter avec le plus grand soin de descendre dans
l'arène politique, je me bornerai à' demander à tous les
fidèles d'unir leurs piières aux miennes pour que Dieu
susoite les candidatures qui répondront le mieux aux
intérêts de l'Eglise et de la France, et qu'il inspire aux
électeurs de les faire aboutir.
Yonne. La fédération socialiste de l'Yonne,
réunie en congrès, a approuvé l'établissement
d'une liste socialiste comprenant MM. Aristide
Jobert, député sortant, Boullé, maire de Vince-
lettes, Boijard, maire de Saint-Brancher, Dufour,
professeur au collège de Joigny, et Maxence Roldes,
qui fut candidat à Tonnerre au scrutin d'arron-
dissement.
Dans les motions votées à cette occasion, le
congrès déclare, notamment, que « la culpabilité
du gouvernement impérial allemand dans le dé-
chaînement de la catastrophe qui a ensanglanté le
monde est indéniable ».
.L3, R 7~It F.a
La Pffidiîiîioiï de ISanbeuge
La commission d'enquête, sous la présidence du
général Guillaumat, a entendu hier M. Messimy,
ministre do la guerre au moment de la mobilisa-
tion le général Desaleux. le lieutenant-colonel
Beauchôàe, le commandant Hoche, le colonel de
Lamothe, commandant un secteur pendant le siège.
La commission d'enquête n'entendra pas de té-
moins aujourd'hui ni demain dimanche.
Elle reprendra lundi ses travaux; il reste encore
seize témoins à entendre, dont le général Belin et
le maréchal Joffre.
On prévoit que l'audition des témoins sera 'ter-
minée jeudi prochain 4 septembre.
Légion d'honneur. Est nommé ohevalier
Pierre-Achille-Jean-Henri Vernade, sous-lieutenant à
la 4' compagnie du 21* bataillon de chasseurs à pied,
engagé volontaire de la classe l-MS « Le 10 août dS'18,
attaquant, avec sa bravoure habituelle, une position for-
tement organisée, a atteint ses objectifs, malgré une
très vive résistance; contre-attaqué par de gros effec-
tifs, a résisté vaillamment à la tête de ses hommes. Est
tombé glorieusement au champ d'honneur, en disant
« Je meurs content. Vive la. France! » A été quatre
fois cité, dont trois eltatioRg .M'fli^re de .t'armle. Péj.à
médaillé militaire. ».
NOUVELLES DU TOUR
Le général Pershing à l'Elysée
Le président de la République & reçu hier aprèsi
midi le général Pershing.
Le cardinal Mercier à Paris
Le cardinal Mercier, se renéant aux Etats-Unis,
arrivera à Paris demain dimanche, à 4 h. 55 de
l'après-midi, par la gare du Nord. Il logera à
l'hôtel Ritz et repartira, 'lundi matin pour Brest,
où il s'embarquera le 2 septembre, à bord du
transport américain Agamemnon, à destination 4e.
New-York.. •̃
Légion d'honneur
M. ILueien Lemaitre, industriel, vice-président
de la chambre de commepcei de Bastia, est nommé
chevalier de la Légion d'honneur.
La consécration de l'église du Sacré-Cœur
Le cardinal Amette, archevêque de Paris,
adresse aux fidèles de son diocèse une lettre
dans laquelle il annonce que la consécration so-
lennelle de l'église du Sacré-Cœur aura lieu le
jeudi 16 octobre prochain.
Le prélat rappelle, à cette occasion, le rôle que
joua la basilique de Montmartre pendant les heu-
res critiques vécues par Paris
Le Sacré-Cœur, dit-il, justifia la conflanoe que nous
mettions en lui.
Lorsque, pendant de longs mois, Paris fut bombardé
le jour et la nuit, Dieu ne permit pas qu'un seul projec-
tile atteignît le temple dont les dômes, brillant aux
rayons du soleil ou sous la clarté de la lune, offraient
pourtant un point de mire facile aux coups de l'ennemi.
Dans les nuits d'alerte, le peuple d'alentour accourait
en foule chercher un abri protecteur sous les voûtes da
la crypte.
Et, après avoir déclaré « qu'il ne dépend pas de
nous de procurer au Sacré-Cœur l'hommage of-s
ficiel que des nations voisines lui rendaient na-
guère en se consacrant à lui avec le concours des
pouvoirs publics », le cardinal Amette conclut
ainsi
Que du moins tous les Français qui croient en lui, et,
grâce à Dieu, ils sont encore le grand nombre, s'engagent
à l'aimer et à le servir fidèlement, à faire régner sa.
doctrine et sa loi en eux et autour d'eux, dans leur vie
privée, dans leur famille et, autant qu'ils le pourront,
dans la vie sociale! Nous avons la conflanoe que notre
miséricordieux Sauveur agréera leurs voeux, présentés
à son cœur par leurs premiers pasteurs, et qu'en consi-
dération de leur foi il voudra bien bénir la France tout
entière et la préserver des dangers du dedans comme il
l'a sauvée des périls du dehors. Qu'après nous avoir
accordé la paix extérieure, il daigne établir et affermir
parmi nous la paix sociale Cette paix ne peut régner
que par la pratique de la justice et de la. charité, donji
le cœur de, Jésus est la source.
L'affaire Judet
Le sous-lieutenant Duconseil étant démobilisé,
le commandant Abert, qui le remplace comme rap-
porteur près le 3° conseil de guerre, est arrivé hier
à Paris. Aussitôt il s'est rendu près des comman-.
dants Julien et Thibaut au Palais; il y a pris con*
naissance du dossier de l'affaire Judet.
LA DÉCOUVERTE DU DOCUMENT JAGOW
Le dossier contiendrait un rapport sur les cir-
constances dans lesquelles la justice militaire fut
appelée à s'occuper de l'ancien directeur de VEclair,
Le Matin publie a ce sujet l'information suivante
II y a quelques mois, dos agents de ta Sûreté nationale
découvraient à. Bruxelles un certain nombre de docu-
ments abandonnés par les Allemands au moment de leuu
fuite précipitée de la Belgique. Parmi ces documents se
trouvaient entre autres certains télégrammes adressés
par von Jagow, secrétaire d'Eta^àux affaires étrangè-
res, au représentant du gouvernement allemand à
Bruxelles, von der Lancken.
C'étaient, presque uniformément, des demandes de
renseignements sur diverses personnalités françaises, ou
appartenant à des pays alliés de la France,.
Ces télégrammes furent transmis rue Cambacérès, àj
la direction de la Sûreté nationale, qui les communiqua
au gouvernement. Deux d'entre eux seulement retinrent
momentanément l'attention.
Dans le premier, von Jagow exposait à von de*
Laneken que des propositions venaient d'être faites A
l'Allemagne par M. Alphonse Lenoir, agent de publicité
'à Paris, pour l'achat d'un journal parisien, le Journal.
En recevant ces propositions, expliquait en substance le
secrétaire d'Etat aux affaires étrangères de Berlin, nous.
avpns appris que,, M. Alphonse Lenoir était un ami, de
M. Caillaux, et qu'en.outre 11 avait été mêl-é d'une façon
active et directe aux' affaires1 d'Agadir, dont vous voita
êtes vous-rniôme occupé.
Et von Jagow terminait en invitant von der Lancken
à lui fournir sur Alphonse Lenoir tous les renseigne-'
ments qu'il pouvait .posséder.
Ce télégramme fut aussitôt transmis au 3° conseil de
guerre, qui était alors chargé de connaître des faits
reprochés à Pierre Lenoir.
Avant la fin des débats du procès, le huis-clos fut
prononcé, et c'est oe document qui fut communiqué
aux juges militaires appelés à se prononcer sur la cul-<
pabllité du fils de l'ancien agent de publicité mis en
cause par la dépêche von Jagow.
Le second des télégrammes était précisément celui
qui constitue aujourd'hui la pièce principale du dossier
Judet, et dont nous avons publié la traduction.
Déjà le dossier de la Haute-Cour contenait di-
verses pièces relatives à une visite de, M. Judet.
au Vatican, à son départ en Suisse, et à un dîner
avec M. Caillaux, auquel l'ancien directeur de
VEclair et un parlementaire qui a déposé devant la
Haute-Cour, assistaient.
NOUVELLES DÉCLARATIONS, PE M. JUDET
Un rédacteur du Matin en Suisse a questionné;
M. Judet sur les accusations dont il est l'objet.
La preuve de ma trahison, disons le mot, a déclaré
M. Judet, serait le document Jagow. La teneur de ça
télégramme secret, que le gouvernement français a sans
doute obtenu par son service de contre-espionnage ou
par des saisies effectuées en Belgique depuis le 11 no-
vembre, m'a stupéfié. Loin de moi la pensée de suppo-.
ser que ce document peut être un faux. Ce serait mons-
trueux. Il contient d'ailleurs une chose exacte qui m'a
frappé et que tout le monde sait depuis longtemps.
Dans le monde de la finance et de la presse, à Paris, on
sait que le journal VEclair, dont j'étais le directeur, re-
présentait une valeur d'un million à un million cinq
cent mille francs. Il n'y a donc rien d'étonnant qu'un,
émissaire de l'Allemagne, chargé de la renseigner sur les
journaux à acheter ou à subventionner, ait donné ces,
chiffres relatifs à VEclair.
Avant la guerre, je fus pressenti par des capitalistes
allemands ou italiens, et pendant la guerre j'ai reçu des
propositions. On mettait de l'argent à ma disposition. Je
dois vous dire que j'ai toujours refusé avec énergie.
Quelles gens vous firent oes propositions intéres-
sées ?
Pendant la guerre, ce furent toujours des neutres,
et leurs démarches me parurent d'autant plus suspec-
tes. On s'adressait à moi à cause de la politique exté-
rieure que j'ai toujours soutenue et l'on me reproche
aujourd'hui cette politique, que l'on qualifie d'anglo-
phobe et d'austrophile.
SI. Judet dit que lorsque 'la guerre éclata, ienj
août 1914, il fut « tout union sacrée ».
Je n'hésitai pas. J'écrivis à M. Messimy, mi-
nistre de Ja guerre, «t étant officier de (réserve,
jo demandai à prendre du service dans un était-
major. M. Messimy, que je vis deux ou trois jours
̃plus tard, me félicita de mon geste et me déolara
que je tiendrais la bonne place do combat à da
tête de VEclair.
Sur ses relations avec le Vatican pendant iN
guerre, M. Judet déclare
• Je suis allé à Rome trois fois pendant la guerre,
deux fois en 1916 et une fois en 1917, où j'allais aver-
tir le Vatican que je vendais VEclair. On a pu croire
que je m'étais livré à cette occasion à des traotations
relatives à la reprise des relations diplomatiques et à la
dénonciation du Concordat. Il n'en est rien.
Ces visites au' pape ont failli me faire passer pour
l'intermédiaire de M. Caillaux aveo le Vatican; Déjà on
voulait me compromettre à ce propos. Le 7 août 1918,
M. Darru, commissaire aux délégations judiciaires, vint
me voir à Gunten. Il me demanda textuellement
« N'êtes-vous pas l'intermédiaire de M, Gaillaur
avec le Vatican? » ••
Je lui fournis toutes explications utiles. Je vis, quel-
ques jours après, M. Dutasta, qui était encore notre
ambassadeur à Berne.
Il me déclara au cours de cet entretien « la. piste
ne sera pas suivie. »
L'ancien directeur de VEclair dit en outre n'a-<
voir vu M. Caillaux que deux fois en sa vie.
Quant à Lenoir père, il le rencontra alors qu'ils
faisaient ensemble une période comme officiers de
réserve.
Cet architecte, homme fort intelligent, qui devait
devenir plus tard agent financier du gouvernement, avait
des conceptions en matière de finance internationale se
rapprochant des idées de politique extérieure que je dé-
fendais, II ne m'a jamais offert de subventionner VEclair,
sachant que je n'étais pas un homme à acheter.
M. Judet n'a pas encore arrêté définitivement
la conduite qu'il va tenir. Il confierait toutefois
ses intérêts à M° de Moro-Giafferi, s'il peut se faire
représente" à l'instruction et aux débats, tout en
restant en Suisse. Car, il n'a pas l'intention de se
rendre en France, où, dit-il, ecroué aussitôt, « jet
serais étouffé, et moisirais en prison ». « Je tiens
à défendre à la fois mon honneur et ma vie. »
« Allez, dit-iL en terminant, je serais oondaimié,
1 »: à mark x >
Un cri d'alarme du patriarche arménien'
Notre envoyé spécial nous écrit de Koum-Kapou
[Les Arméniens vont remettre aux b-auts-oom-
toissaires aMiés, J2finsbantinople, un mémoran-
idum attirant la très' sérieuse attention des puis-
sances sur la situation pdus que précaire de 1 é-
Hément chrétien en Anatolie, et sur le danger que
teommencent à courir les Arméniens eux-mêmes
jde la République d'Erivan.
En ce moment, itfa déclaré le patriarche, Mgr Zaven,
mous sommes complètement encerclés. Du cote de la
tfrontière turque, Moustapha Kemal a concentré une
force armée que nous pouvons évaluer à 40,000 hommes.
A Nahedjevan, où le mouvement s'est également
étendu, causant plus d'un millier de morts, les offloiers
turcs ne cachent plus leur présence, et c'est en uniforme
qu'ils commandent les formations tartares. Déjà, à Ka-
tabajrh de forts engagements avaient eu lieu il y a deux
(mois entre Tartares et Arméniens. Nombreuses sont les
idépéôhes que nous recevons de l'intérieur, de Césarée,
Me Diarbekir, de Brousse, où nos communautés manifes-
tent l'intention formelle d'émigrer, devant l'insécurité
Générale. Après un an -d'armistice, la situation pour nous
lest pire que durant la guerre. Les Turcs n'ont nulle part
jeté désarmés, et la distribution des armes se fait par-
ïout ouvertement. Seul, le chrétien ne peut avoir aucun
moyen de défense, et il reste ainsi à la merci du pre-
taiier agresseur. L'occupation de certains points de l'Ana-
jtolie s'impose, si l'on veut éviter de véritables malheurs
'et empêcher que périsse, en d'ultimes événements, ce
;xjui reste encore dê la nation arménienne. Nous nous
iétonnons chaque jour des égards que l'on a pour les
̃Furos à Constantinople, et on arrive à se demander
si, par hasard, ce ne serait pas, nous, les Arméni&ns,
laveo -les autres chrétions d'Anatolie, qui aurions
iait la guerre à l'Entente. Aux cOtés des Russes,
!dans les armées européennes, nous avons aidé de
itout notre possible, la cause des alliés. Nous leur de-
mandons, maintenant. de ne pas nous abandonner, et
ide se hâter" de nous secourir. Nous demandons à la
Conférence de fixer un moment plus tôt notre statut
inolltimie, si elle ne veut pas demain être appelée à
se prononcer sur des ruines. n faut parler fort à Cons-
itantinopte et faire comprendre aux meneurs de l'Ana-
itolie par des mesures militaires, que leur agitation est
rvainé l'Europe étant absolument décidée à se faire
bbéir, quelle que soit la décision qu'elle sera amenée à
prendre. La Constitution yougo-slave
Un télégramme de Vienne à l'agence Radio dit
jaûe d'après une dépêche d'Agram à la Mittagspost
•ton. envisagerait à brève échéance la modification
Se la Constitution yougo-slave dans un sens lar-
gement fédéraliste. Le prince Alexandre lui-mfl-
me en aurait pris l'initiative, après avoir toutefois
'conféré avec plusieurs personnalités. Ces conféren-
ces l'auraient en effet convaincu qu à la suite du
coup d'Etat de Budapest, la nécessité s imposait de
concéder de larges autonomies. Le Monténégro se
réunirait à la Yougo-Slavie, mais conserverait
gon autonomie.
33A-NS £jE LEVAIT
Déclarations du patriarche maronite
Mgr Hoyek, patriarche maronite, à Paris depuis
quebques jours pour faire entendre'à la Conférence
de la paix l'opinion et les vœux des populations
libanaises, a Man voulu nous préciser en ces ter-
mes l'objet de sa mission.
Vous savez que mon voyage à Paris est tout à fait of-
iflciel car je suis autorisé à parler au nom du conseil
administratif, qui est un véritable Parlement élu et qui
représente exactement l'opinion libanaise. Ce conseil a
iété longtemps la seule assemblée représentative de
l'Orient; elle est la seule qui subsiste aujourd'hui sur
Ses territoires composant officiellement l'ancien empire
ottoman.
En outre du conseil administratif, j'ai reou la même
mission de la plupart des chefs des autres confessions
religieuses et des populations des pays réolamés par le
'ijdban comme englobés dans ses frontières naturelles. La
•(présence à mes cotés d'un archevêque grec catholique,
Mgr Mghebghab, qui représente son patriarche, suffira
i.à montrer que notre accord est parfait et que nos désirs
sont identiques.
Ce que je vais demander aux membres de la ConM-
*enoe de la paix? C'est fort simple, car nos souhaits
peuvent s'exprimer en très peu de mots l'indépendance
tdu Liban restauré dans ses frontières naturelles, avec
\'aide et le concours de notre amie de toujours, la Franoe.
Je n'hésite pas à reconnaître que si la France était
appelée à donner son concours à la Syrie tout entière,
te serait un grand bienfait pour le Liban et pour la Syrie,
surtout au point de vue économique. Le mandat unique
donné à. 'la France faciliterait en effet les relations et
créerait une heureuse harmonie entre les différentes
pégions.
Mais je ne suis pas qualifié pour parler de la Syrie;
tous mes efforts tendront obtenir, conformément à la
volonté nationale libanaise," l'ïridê/iénddnee 'coinpKsttf do
mon pays avoo le concours ,'da la France.
NOUVELLES DE L'ETRANGER
~I. y.' ITALIE
Au conseil des ministres
ffSé conseil des ministres, après avoir envisagé, la
'feîitfuaMion internationale d'après les dernières in-
Sommatioitts reçues de la Conférence de Pans, s est
Wutpé die »la situation, économique et financière,
iqui a fait l'objet d'un examen prolongé.
IDama les milieux ministériels, on assure que
l'émission d'un emprunt forcé a été décidée..
Les mtaistraa tiendront une série de réunions
pour e'oootiper des autres questions à l'ordre du
UOior, notamraen't celle do l'amnistie. Un décret
«tens oe sens serait- publié dès la signature du
ftrai'tié avec l'Autriche ou, en tous cas, avant la
Ipeataôe dies Chambres.
AUTRICHE ALLEMANDE
Dissolution d'un bataillon communiste
à Vienne
fîotr-e 'correspondant particulier nous télégraphie en
M&e du 28 août
La dissolution du bataillon communiste de la
«ardè populaire viennoise, décidée par les conseils
Ses soldats, a eu lieu hier sans résistance. Une oen-
tàine d'hommes se sont fait licencier. Le reste, oé-
Êiarant adhérer au parti .sozialdemokrate, a ew re-
iparti dans divers bataillons. Après la dissolution,
la police a saisi dans une école qui servait de ca-
aux communistes de nombreuses mitrailleu-
ses, des fusils, des cartouches, des grenades. Un
dangereux foyer d'anarchie a été ainsi supprimé,
Le parti chrétien social a délibère hier sur la si-
tuation de la garde populaire et a voté un ordre
teu jour exigeant que les forces militaires futures
liîe l'Autriche, dont le contingent sera fixé par le
araité de paix, ne soient pas un instrument aux
'mains d'un seul parti politique, comme } est au-
ijourd'hui la garde populaire viennoise, constituée
j«u moment-do la révolution pour la Sozialdemo?
Jtatie.
REPUBLIQUE TCH ECO-SLOVAQUE
La question de Teschen
'Vî'Oa -mao'cte de Prague en. date du 29 août
"̃Dans la séanoe de la coramtesion des affaires
%rasKgèr,es à l'Assembilée nafâooale, qui a eu lieu le
as août la présidentdu conseil,iM. Tusar, a annoncé
jmi'3 la question de là Silésie de Tesch'&n n'était pas
ïeWore défini tiivemenit irésotoe. Dans le courant des
«jdemiera jours, on a pu constater que des tendances
sdéfavorables aux Tchèques prévalaient sur cette
«ues'tâcHi à 'la Conférence de la paix. Les représen-
ifeants ée> tous les partis ont déolairé que la solution
iâe 'la question
économique et à la vitalité û& da République te««-
iièo-akivaquie.
Le Conseil national tehéco-slovaque pour ta &i-
ilésie de Teschen a adressé à M. Benes, ministre des
affaires étrangèfres tebéco-slovaqu'e, le télégr&mrae
vivant:
Le peuple tchèque de Silésie est profondément ému.
Personne ne veut croire que la Conférence de la paix
[puisse dans cette question abandonner le peuple tchéco-
slovaque qui a, sans réserve, dès le commencement de la
guerre, pris le parti de l'Entente, t/e peuple tchèque
verrait dans cette résolution de l'Entente une humi-
âiaOo^ imméritée, et c'est pourquoi, au dernier moment,
nous vous conjurons de ne pas permettre qu'an pays
qui appartenait à l'Etat tchèque depuis six siècles lui
soit aujourd'hui iniquement arraché. Nous attirons vo-
Ick attention sur les conséquences éventuelles de cette
résolution. Les mineurs tchéco-slovaques du district mi-
nier menacent d'une grève générale qui aurait de fu-
nestes conséquences sur l'approvisionnement en charbon,
mon seulement de l'Etat tchécoslovaque, mais aussi
de l'Autriche. Nous comptons sur vos sentiments
de justice, et nous vous prions de ne pas nous abandon-
teëï.! An nom des Tchèques de la Silésie de Teschen,
Dr Peu; et Onpebka.
PAYS SCANDINAVES
La a Marseillaise » au Slesvig
Noire correspondant particulier de Copeinhaig'U.'e
msôus télégraphie que Je service allemand de bali-
sage a fait supprimer les batlisesi bouées et autres
marques de navigation dans le détroit entre l'île
«d'Aïs et le contimeM slesvicoi'S, afin- d'empêcher le
leroiseur français. Marseillaise de trouver son
•chemin dans les parages slesvicois. Néanmoins, la
Marseillaise est arrivée sans le moindre incident à
lŒCaderslev, la ville slesvicoise 'la plus eepteotrio-
̃ iinale, nMJoia..da..la.fcojiiiàEei jdanjateâUeniaade_aç.-
L'accueil que Haderslev avait réservé à la Mar-
seillaise a été, si possible, encore plus cordial que
dans l&s autres ports slesvicois. Un vapeur, sur
lequel se trouvaient environ 400 habitants de la
ville, a accosté la Marseillaise. Une députation de
14 citoyens s'est rendue à bord du croiseuT, où elle
a exprimé, devant le commandant, la reconnais-
saroe des Slesvicois danois envers La France. En-
suite, des boy-scouts, une députation 'de dix jeu-
nes fililes sont venus remettre des fleurs aux cou-
leurs françaises au commandant ©t à M. Verrier.-
Jeuidi, dans l'après-midi, .la Marseillaise a levé
l'ancre, faisant route vers Copenhague.
ETATS-UNIS
Les relations entre le président
et le colonel House
iDe New-York Sun ayant publié un télégramme
de son correspondant de Paris, suivant lequel une
brouille serait survenue entre le président Wilson
et le colonel House, un représentant du Daily
Mail est allé interviewer le colonel House, actuel-
lement en Angleterre.
Le colonel House a nié notamment avoir refusé
de se rendre à Paris pour signer le traité autri-
chien.
II s'est, d'autre part, refusé catégoriquement à
discuter la suggestion du New-York Sun, qu'il ne
serait plus l'agent du président Wilson en Europe.
Le testament de M. Carnegie
En dehors ées legs que nous aivons signalés hier,
M. Carnegie laisse, par son testament, une rente
de 50,000 francs à lord Mordey et des rentes de
25,000 francs à divers députes travaillistes an-
glais, notamment à l'ancien mknisitre travailliste
John Bums. Il donne des sommes vartianit de 250
à .10,000 francs à ses domestiques et aux ouvriers
de son' château d'Ecosse, ainsi que de fortes som-
mes à divers établissemeinjts scolaires ou religieux.
M. Carnegie fait remise de deux aimées de loyers
à ses tenanciers et de trois années aux paysans ha-
bitant sur ses terres, à condition que ceux-ci con-
sacrent le montant de la troisième année A amé-
liorer leur logement.
CHILI
Les navires allemands
Une dépêche de Valparaiso au Times dit qu'au-
cune mesure n'a encore été prise pour leT,ran«fert
aux alliés des navires allemands internés au Chili
qui sont toujours dans les ports chiliens, battant
pavillon allemand et ayant à bord des équipages
allemands. La raison en est que la propriété n'en
peut être transférée tant que les Etats-Unis n'au-
ront pas ratifié le traité de paix.
Sur l'intervention de M. Vaughan, ministre d'An-
gleterre ,1e ministre des affaires étrangères a fait
surseoir à la vente en adjudication de ceux des
navires allemands qui ont été endommages lors des
grandes tempêtes de juillet, vente qu'avaient an-
noncée les capitaines et agents maritimes de ces
navires. Cette affaire est déférée aux tribunaux
chiliens.
Une déclaration du ministre allemand prétend
dénonoer les tentatives illégales des alliés pour
affecter les intérêts allemands dans les pays neu-
tres et dit que les biens particuliers allemands à
l'étranger ne sont nullement affectés par les obli-
gations contractées par le gouvernement allemand.
PÉROU
Les élections et le referendum
Les élections générales ©t le référendum sur fa
réforme de la Constitution se sont effectués tran-
quil!lem«nt. Il n'y 'a eu que quelques petits troubles
locaux sans importance.
Les candidats appuyant le président Leguia et
la réforme constitutionnelle ont obtenu la pres-
que unanimité d'es eufftrages.
Le projet de révision de Ja Constitution, quii sera
soumis par le présiden't Leguia à la Constituante
qui vient d'être élue, tend à diviser le Pérou ©n
trois Etats autonomes ayamt leurs capitales à Are-
quipa, Huanoayo et Trujillo, le Pérou, jusqu'ici
centralisé, devenant une République fédéra tive.
Les Etats-Unis, la Chine, la Bolivie et la Co-
lombie ont reconnu le gouvernement de M. Le-
guia.
NOUVELLES DÉVERSES DE L'ETRANGER
Allemagne. Les grèves récentes des charbonnages
silésïens ont eu pour la ville de Berlin des conséquences
sensibles. H a été décidé que les cafés, cinémas et autres
établissements changeront l'heure de leur fermeture,
que l'usage du gaz pour la cuisine ne sera permis qu'en-
tre midi et 2 heures et entre 7 heures et '10 heures du
s< "[ "̃' '.17' :7.Z,i77
>– La Gazette de Voss reproduit une Information du
ministère de l'agriculture bavaiois, représentant la si-
tuation alimentaire du pays comme à peu près déses-
pérée de grandes villes comme Munich n'ont plus que
pour une semaine de blé ou de farine.
Lettre d'Italie
lia situation financière
Monteoatlni, août.
La grande réforme tributaire entreprise par le
cabinet Nitti a une telle importance pour la vie
présente et future du pays, que tout ce qui s'y rat-
tache de près ou de loin est suivi par le grand pu-
blio avec un intérêt passionné. On peut donc juger
de l'émotion provoquée par la nouvelle la fausse
nouvelle que le ministre des finances, M. Te-
desco, venait de donner sa démission à la suite de
discussions avec M. Schauzer, ministre du Trésor,
̃concernant la réforme même.
Je me suis rendu auprès de M. Tedesco,
qui se trouve en ce moment à la sation balnéaire
de Montecatini, en Toscane, et j'ai pu vous envoyer
le démenti formel que vous avez déjà dû recevoir
par télégramme.••
Puis, profitant de mon passage à Montecatini,
j'ai cherché à obtenir directement de M. Tedesco
quelques éclaircissements sur la réforme projetée.
En prinoipe, le ministre des finances est assez
réfractaire à l'interview, et bien qu'il ait été sou-
vent et longtemps ministre, on peut compter sur
les doigts les déclarations directes qu'il a faites
à la presse, toujours dans des circonstances excep-
tionnelles. Toutefois, dans l'intimité des causeries
d'après-dîner, il a bien voulu me donner, à bâtons
rompus, quelques renseignements que je rassem-
ble.
En résumé, comme les leteurs du Temps le
savent déjà, il s'agit de procurer au Trésor italien
une somme d'environ vingt milliards.
Dans le public, des nouvelles confuses s'étaient
propagées. On avait parlé, tout d'abord, d'un im-
pôt très élevé qui eût pesé sur toutes les fortunes
amassées pendant la guerre, et à l'occasion de la
guerre. Mais même en taxant les fortunes de
guerre à plus de 60 et de 75 0/0, on n'eût pu ob-
tenir la somme désirée.
Il fallait donc, pour le résultat voulu, toucher à
toutes les fortunes existantes avant et pendnnt| la
guerre. La nouvelle s'est donc répandue tout d'a-
bord que le ministère Nitti allait procéder à un
impôt général sur- le capital, établissant une diffé-
rence dans le pourcentage entre les sommes amas-
sées avant la guerre, et celles gagnées rapidement
pendant la guerre.
Toutefois, malgré cette différence annoncée, une
telle mesure risquait d'être impopulaire, car le
contribuable italien eût vu sans doute avec peu
do sympathie qu'un impôt du môme genre frappait
les fortunes acquises par le long et patient travail
de plusieurs générations, et celles qui s'étaient
gonflées en quelques années par des circonstances
de la guerre.
Ce fut alors que naquit l'idée de l'emprunt forcé.
On ne sait encore quel sera le taux fixé pour l'in-
térêt une commission spéciale étudie la question.
On parle d'un minimum do 0 50 0/0 et d'un maxi-
mum de 2 0/0; mais il est probable que ce sera un
peu plus que le minimum, un peu moins que le
maximum. Quant au délai fixé pour le rembourse-
ment, il sera entre 60 et 100 années. Enfin, la com-
mission fixera également la somme capitalisée au-
dessus de laquelle l'emprunt sera forcé. Cette
somme sera assez minime, très probablement in-
férieure à 50,000 francs, car la fortune nationale
en Italie comme en France est très morcelée.
Quant aux fortunes gagnées ou augmentées
pendant la guerre, elles seront soumises non pas
seulement à l'emprunt forcé, mais en plus à un
impôt pur et simple très élevé. Quelques journaux
eussent voulu qu'il fût fait une différence entre
les fortunes gagnées par des fournitures de guerre
ou tout commerce ayant rapport avec la guerre, et
les fortunes gagnées dans des industries et com-
merces n'ayant aucun rapport direct avec la guerre.
Mais cette distinction aût donné lieu à une infi-
nité de discussions stériles. On veut considérer que
toute fortune amassée, ou augmentée, pendant la
guerre l'a été, directement ou indirectement, à
cause de la guerre, et doit, par conséquent, être
frappée de l'impôt.
On estime que l'emprunt donnera une somme en-
tre 15 et 20 milliards et l'impôt une somme d'un
peu plus de 5 milliards. Tout compte fait, frais
généraux et intérêts à payer, on pense qu'il reste-
ra au Trésor une somme nette de 20 milliards.
Cependant, si importante que soit la somme pro-
curée par les mesures exceptionnelles qui vont
être mises en vigueur, il restera encore bien des
frais à solder pour lesquels ne suffiront pas les im-
pôts d'avant guerre. Et de fait, le budget annuel
~.l'~l,l~acrra~nai.d~rablec1~11J;,al~emAUl; 11 é.~j~
tvant la-- guerre, d'environ 2 milliards et demi, il oc
ra être porté à 6 milliards. Notamment, l'impôt ra
iur le revenu préparé par le précédent ministre M
les finances, M. Meda, sera adopté par le présent
ninistre, avec quelques amendements de détail. et
Avant de quitter M. Tedesco, je lui ai demandé ôt
juel était son sentiment sur l'avenir économique
îe l'Italie'. Le ministre des finances s'est montré ti'
l'un très grand optimisme, £c
En connaissance de cause, et après l'accueil C
que la presse et le public viennent de faire à nos ti
projets financiers, j'ai, m'a-t-il dit, la plus grande M
confiance dans l'avenir de notre pays et dans son si
léveloppement économique. Cette guerre a servi à
ious révéler à nous-mêmes les forces et les ri- ni
îhesses dont nous pourrons disposer dans l'avenir, fi
Votre sol et notre sous-sol vont être, en quelques m
années, soumis à un travail d'exploitation intense. U
La crise actuelle, si courageusement signalée dans
a belle circulaire du président du conseil aux pré- Fi
Têts, ne sera que .passagère, chez nous, comme dans de
les pays voisins. Notre population est essentielle- bl
ment laborieuse. Après les quelques mois de fati- n,
gue et d'éneryement qui suivent quatre années de p,
guerre, '-cette population, habituée au labeur, se ré-
prendra..De grands travaux vont ôtre entrepris, ai
Nos moyens de transport vont être transformés. v<
Plus de 0,000 kilomètres de chemins do fer vont ai
être électrifiés. En ce moment même on étudie le di
moyen d'appliquer le combustible liquide aux che-
mins de fer et à l'industrie. On va construire dans si
plusieurs de nos régions montagneuses, notamv d
ment en Calabre, d'immenses lacs artificiels qui n
fourniront l'eau régulièrement à nos régions agri- r
coles et créeront d'importantes forces hydrauli- el
ques pour l'industrie. Notre agriculture sera in-
tensifiée.
» La richesse nationale sera donc considérable- si
ment augmentée par nos propres ressources, et non b!
seulement notre peuple fera, en temps voulu, hon-
neur à ses engagements, mais encore j'ai la cer- p
titudo que sa puissance économique prendra, dans
un très prochain avenir, un essor bien supérieur à j<
celui que, naguère encore, n'osaient espérer les u
plus optimistes même. » q
M. Tedesco rentrera à Rome avant la fin de la n
semaine, et il est probable que le décret concer- p
nant l'emprunt forcé et l'impôt extraordinaire sur n
le capital paraîtra dans les premiers jours de d
septembre. Jean Carrère. p
̃ ̃
Journée parlementaire d
LA CHAMBRE e
Une nouvelle enquête parlementaire n
La commission du ravitaillement a décidé d'ou- si
vrir une enquête sur les affaires des rhums, et c
elle a chargé M. Bouswnot da lui faire un rap- t<
port à ce sujet. q
L'affaire du Chemin-des-Damee d
La commission die ïanmiée à désigné MM. Besrgeff, j(
Bouillpux-iLafont, Galli et Rognon comme rappor- f,
teurs de la question des sanctions consécutives à c
la rupture du froat du Guemin-des-Dames, en mai o
1916.
SÉANCE DU VENDREDI 29 AOUT t t
Le traité de paix o
(La quatrième séance, consacrée la discussion l~
du traité de paix et que préside M. Paul Des- g
chanel, a été marquée par deux discours de MM,
Barrés et Albert Thomas. d
La Chambre a suivi le débat avec un vif intérêt. a
Elle a prêté, à ces deux orateurs de tempérament y
et de formation contraires, une attention soutenue.
L'un et l'autre ont développé leurs idées en toute c
indépendance et en toute liberté devant un audi- Œ
tQire unanime à rendre hommage à l'étendue de
leur culture et à la sincérité de leur opinion, c
Il s'est trouve en fin de séanoe que les orateurs i
encore inscrits n'ont pas répondu à l'appel de leur 1
nom, jugeant sans doute que lo débat était arrivé r
au point où la commission et le gouvernement t
doivent parler, 1
M, MAURICE BARRÉS |
M, Maurice Barrés est moins un orateur ̃qu'un £
conférencier. Le timbre de la voix, un peu as- f
sourdi, ne lui permet pas les grandes envolées, j 1
Mais l'argumentation est solide, la pensée claire; j
la phrase élégante, la dialectique prenante. i 1
Il déclare tout d'abord qu'il votera le traité de £
paix, encore qu'il eût compris la paix autrement.
Une victoire si grande et si coûteuse lui faisait
espérer pour nos régions du nord et do l'est, per-
péluellement' exposées aux agressions de 1 Alle-
magne, une sécurité plus complète. ̃"̃ ̃' ,'j
Mais il considère que le traité renferme, deS
germes de prospérité et des moyens, de sécurité, .& (
condition que ces germes soient développés,, et
ces moyens mis en œuvre, à condition aussi que .(
nous ayons une politique rhénane..̃->; 1
C'est cette politique rhénane que l'orateur s'ef- 1
force de préciser et de définir.
Il en rappelle les origines historiques. Oharle- 1
magne croyait ne pas avoir suffisamment vaincu
les Saxons s'il ne les convertissait point. Sous i
Louis XIV, c'était la Ligue du Rhin; sous Napo-
léon I", c'était la Confédération du Rhin. ]
Quelle doit être notre politique à nous? Celle
que nous dicteront les événements..
La conception dont nous devons nous inspirer
dérive du traité lui-même. Le principe de libre
disposition des peuples est d la base du traité.
C'est ce principe qui doit guider notre politique.
Les populations rhénanes sont allemandes et el- c
les veulent rester allemandes, mais elles n'aiment
pas la Prusse, et elles désirent jouir d'une autono-
mie dans le cadre allemand.
Elles ont pour cela deux sortes de raisons des
raisons de parenté et d'affinités intellectuelles, et
des raisons d'intérêt économique.
Comment pouvons-nous intervenir en Rhénanie?
Tout d'abord au point de vue intellectuel. Nous le
faisons déjà. Un lycée français s'ouvre à Mayence.
En ce qui touche les intérêts matériels, il dé-
pend des chambres de commerce et des syndicats
ouvriers de préparer un programme de collabo-
ration.
Je m'adresse, dit-il, aux hommes de lettres, aux his-
toriens, et je leur dis Il me semble que les gvaxiàa
esprits du dix-neuvième siècle qui croyaient dur comme
le fer à la bonté de l'Allemagne, qui ss faisaient des
illusions dont WÏO les réveilla cruellement, avaient
pressenti une certaine Allemagne Idéale, qui maintenant
pourrait être installée sur terre en Rhénanie. Il existe, «n
France, dans la région de l'est, une conception qui n'est
que dans les esprits, qui flotte entre ciel et terre et qui
nous a toujours disposés à sentir une très grande pa-
renté entre des villes qui, politiquement, sont séparées
les unes des autres. Il nous a toujours semblé que
Nanoy, Metz, Luxembourg, Strasbourg, Trêves étaient
comme les éléments d'une machine électrique qui, le jour
où elle fonctionnerait, pourrait fournir à la vie intellec-
tuelle des étincelles jamais vues jusque-là.
Ces régions, qui, politiquement, garderaient leur in-
dépendance, créeraient un territoire de transition, une
sorte de bastion moral. Elles constitueraient, pour des
raisons spirituelles et pour des raisons matérielles, pour
ne pas être foulées aux pieds, et pour la joie d'épa-
noulr leur vie propre, une merveilleuse garantie contre
l'Allemagne et, d'une manière plus générale, un bastion
de sécurité pour la paix du monde. (Applaudissements.)
Mais il faut une direction gouvernementale.
Quelles instructions le gouvernement a-t-il don-
nées à nos généraux lorsque se sont manifestés les
mouvemcnts d'autonomie? Pourquoi a-t-on permis
à un commissaire du Reich de s'installer à Colo-
gne ? Pourquoi a-t-on admis par un acte en de-
hors du traité que nous devions évacuer avant
quinze ans certaines parties de la Rhénanie?
Après le départ de nos forces militaires, notre
force morale doit demeurer. Si le gouvernement
sait agir en ce sens, il n'est pas douteux qu'alors
nous trouvions dans le traité des éléments de ré-
confort et de satisfaction, en dépit des imperfec-
tions qui s'y trouvent.
M. AI.BERT THOMAS
M. Albert Thomas s'applique moins à discuter
les clauses du traité qu'à pénétrer la pensée pro-
fonde qui les a inspirées. ♦ <
Il examine tout d*abord la question des garan-
ties militaires. ̃̃ :±v
Notre frontière est assurée par la garantie- -que
donne l'article 10 du pacte de la Société des'na-
tions, par la réduction de l'armée allemande, par
la limitation contrôlée des armements, par î'oceu-
pation des têtes de pont durant quinze ans, enfin
par les traités avec la Grande-Bretagne et l'Amé-
rique.
Il les considère, chocune prise en soi, comme in-
suffisantes, et il ne peut croire que l'accumu-
lation de ces insuffisances constitue une garantie
solide.
Le système que le gouvernement avait exposé
dans sa note du 25 février est la critique la plus
sévère de tout l'ensemble des garanties qui sont
incluses dans le traité.
Pourquoi le gouvernement l'a-t-il abandonné et
dans quelles conditions l'a-t-il fait? Pourquoi nos
alliés se sont-ils obstinés dans leur résistance?
Comment a-t-on pu douter de notre parole et
nous prêter des intentions annexionnistes qui
n'étaient pas les nôtres?
De vifs applaudissements saluent cette première
partie de l'exposé.
L'orateur esquisse ensuite les traits généraux de
la politique que nous devons suivre demain vis-à-
vis do l'Allemagne.
I! veut la sécurité non seulement du côté de la
frontière
.®
occupation militaire; il faut une pénétration mo-
rale appuyée sur une propagande d'où sera pros-
crite toute arrière-pensée annexionniste.
La vieille politique qui consistait à entretenir
et à développer le particularisme des Etats doit
être répudiée.
On objecte les méfaits de la politique des na-
tionalités. La vérité est jue ce n'est pas la dé-
fonse du droit des peuples qui nous a jamais nui.
C'est le système de l'équilibre et des compensa-
tions, et c'est pour cela qu'on a pu prétendre à
tort que la politique des nationalités avait pesé
sur notre pays.
M. Albert Thomas croit à la possibilité et à la
nécessité d'un développement de relations paci-
fiques entre l'Allemagne et la France dont la vie
matérielle va se trouver étroitement mêlée après
l'horrible catastrophe.
Quand on essaye de parler ici des relations entre la
France et l'Allemagne, on se heurte souvent à cet écho
de l'opinion publique commune « L'Allemagne est un
bloc, l'Allemagne est incorrigible, le peuple allemand
ne fait qu'un tout entier avec le militarisme et l'im-
périalisme allemands. »
C'est, j'ose dire, une thèse simpliste. Si elle inspirait
au jour le jour les attitudes et les décisions d'un gou-
vernement, elle pourrait -conduire aux pires difficultés,
aux pires aventures, provoquer dans un avenir prochain
de nouveaux conflits.
En face, il y a une autre thèse qui est non moins
simpliste c'est la thèse à laquelle, souvent, au début
de la guerre, notre peuple s'est attaché plus ou
moins naïvement. Elle consiste à distinguer absolument
l'impérialisme et le militarisme allemands, d'une part,
et d'autre part, le peuple allemand.
M. Charles Benoist. Très bien 1
M. Albert Thomas. le peuple allemand apparais-
sant tout à fait innocent des crimes et des responsa-
bilités de son gouvernement.
Ces deux thèses sont, à mon sens, également sim-
plistes.
Je demande, moi, que l'Allemagne, l'Allemagne d'au-
jourd'hui, ne soit pas considérée ainsi comme un bloo
unique ou comme deux blocs nettement distincts, mais
que l'on essaye d'y discerner avec critique les éléments
nouveaux qui peuvent y surgir, et sans se laisser égarer
par l'idée d'une régénération prochaine, immédiate, de
ne pas écarter pour- l'avenir l'idée d'une régénération,
d'une transformation politique, sociale et morale du
peuple allemand.
Et j'ose dire ici que, pour cette régénération, il y a,
à l'heure actuelle, pour qui sait voir, pour qui s'efforce
de comprendre, déjà des éléments indéniables.
Le peuple allemand, en 1914, a été, pour une part,
entraîné dans l'agression guerrière, mais il a été d'autre
part, dans son unanimité, trompé par les déclarations
du gouvernement allemand.
Il y a eu pendant tout le temps de la guerre, en Alle-
magne, un certain nombre d'hommes qui se sont dres-
sés oourageusement contre le militarisme allemand,
contre le gouvernement impérialiste. Il y a eu pendant
tout le temps de la guerre des consciences individuelles
qui se sont révoltées. Le gouvernement français et la
diplomatie française le savent.
L'orateur fait allusion au manifeste de Lieb-
ïcnecht, à la protestation Nicolaï contre le mani-
feste des 93, à la propagande «wnée par tes so-
cialistes indépendants et des militants obscurs qui
ont été punis de forteresse.
Il considère que ces indications ne (permettent
pas d'affirmer qu'il n'y a aucun effort de libéra-
tion, de démocratie et de justice de l'autre côté
du Rhin.
Il y a, selon lui, une possibilité de doctrine
commune à cause même des pensées nouvel-
les proclamées par le présid'enl Wilson qui nous
permet d'agir en commun. C'est la reconnaissance
des responsabilités et du droit aux réparations.
par la pratique au grand jour die la politique
des responsabilités, nous pourrons exercer une
aobion efficace sur les éléments démocratiques de
['Allemagne.
Ce développement, apiplauda par l'extrême gau-
che, est accueilli avec réserve sur les bancs m la
majorité.
L'orateur estime que le développement démo-
cratique dans l'Occident et dans le monde est su-
bordonné à l'accord intime et profond entre le
peuple anglais et le peuple français. Et précisé-
ment parce qu'il est un ami déclaré de l'Angle-
terre, il regrette qu'elle r.'ait pas résolu au
lendemain de la guerre, dans un esprit qui atteste
sa pensée libératrice et émancipatrice, les ques-
tions d'Egypte et d'Irlande qui pèsent encore sur
elle.
Pareillement, il manifeste l'impression doulou-
reuse que lui causent certains aotes annoncés à
l'égard de la Perse.
H affirme sa foi profonde dans le pacte de la
Société des nations.
On avait parlé d'un préambule au pacte. On avait dit
qu'il y aurait uno sorte de déclaration des droits des na-
tions avant les articles d'organisation. Cette forme so-
lennelle Importait peu. Mais ce qui importait, c'était de
̃défmir nettement les règles, ,4e;}a politique universelle,
c'était de préciser ce droit des peuples à disposer d'eux-
mêmes, dont on parle constamment, mais qui, Juridi-
quement a besoin encore d'être défini.
Surtout s'il y a des règles, elles devront valoir uni-
formément pour tout le monde. (Très bien Très bien 1)
Et ceux qui imposent les règles devront également les
respecter. (Très bien Très bien t)
L'orateur, en concluant, demande au gouverne-
ment de préciser la politique qu'il entend suivre
la politique du passe, la politique des alliances, la
politique dangereuse de l'équilibre ou la politique
loyale et féconde de la Société des nations, où se
trouve aujourd'hui le s.alut de la France.
Aussitôt après que M. Albert Thomas a regagné
son banc, un sentiment d'hésitation se manifeste
dans l'Assemblée.
Le président fait l'appol des orateurs inscrits,
qui ne répondent pas à l'appel de leur nom ou qui
déclarent renoncer à la parole.
On propose une suspension de séance qui est
repoussée. Au banc du gouvernement, les minis-
tres se consultent.
M. André Tardieu, commissaire du gouverne-
ment, se lève et fait la déclaration suivante
Je suis à la disposition de la Chambre, immédiatement
si elle le désire. Je dois toutefois l'informer qu'ayant à
lui exposer l'historique des négociations d'où sont sor-
tles les garanties militaires, politiques et générales que
le traité assure a la France, j'aurai et elle le com-
prend à coup sûr besoin d'un certain temps.
M, Jean Bon insiste pour la continuation du
débat.
Plusieurs membres demandent le renvoi de la
suite du débat à une prochaine séanoe,
Le renvoi est prononcé.
Séance mardi.
L'Alsace et la Lorraine libérées
Mgr Benzler quitte Metz
Mgr Benzler, à qui le gouvernement français,
d'accord avec le Vatican, a donné un successeur à
l'évêché de Metz, a quitté Metz hier, à midi.
Le chapitre entier de la cathédrale a accompa-
gné l'évêque à la gare où un représentant du
commissaire de la République et un officier repré-
sentant le général de Maud'huy, commandant su-
périeur du territoire de Lorraine, ont pris congé
de lui. Mgr Pelt; le nouvel évoqué, a accompagné
Mgr Benzler jusqu'à la frontière.
Les séquestres allemands
Une note remise hier par le baron von Lersner
à Versailles demande que la Conférence de Ja paix
fixe le règlement des séquestres et liquidateurs
allemands en Alsace-Lorraine.
Le président de la délégation allemande de-
mande en outre, au nom de son gouvernement, que
l'on permette aux liquidateurs et séquestres alle-
mands de quitter l'Aisaoe-Lorraine avec leur fa-
mille, leurs meubles et leur argent, ainsi que l'ont
promis le maréchal Foch au moment de l'armis-
tioe et plus tard le commissaire général, M. Mille-
rand.
p
COLONIES ET PROTECTORATS
Magistrature
Par décret sont nommés
Juge président du tribunal de Pnom-Pehh (Indochine),
M-- Moulin, juge, président du tribunal do Diégo-Suarez
(Madagascar)..
Juge président du tribunal de Diégo-Suarez, M. Jodin,
président du tribunal de Saint-Pierre (Réunion).
Président du tribunal de Saint-Pierre, M. Pezet, subs-
titut du procureur de la République de Nouméa (Nou-
velle-Calédonie).
Substitut' du procureur de la République de Nouméa,
M. Arnaud, juge président du tribunal de Saint-Pierre-
et-Miquelon.
Substitut du procureur général à Saigon, M. de Ker-
saint-Gilly, conseiller a la cour d'appel de Madagascar.
Conseiller à la cour d'appel de Madagascar, M. Camo,
juge président du tribunal de Tamatave.
Président du tribunal de Tamatave, M. Roui de la
Hellière, procureur de la République à Diégo-Suarez.
Procureur de la République a Diégo-Suarez, M. Pust,
lieutenant de juge à Nouméa (Nouvelle-Calédonie).
Lieutenant da juge à Nouméa, M. Rondeau, juge
président du tribunal à Djibouti (côte française des Sd-
malis).
Substitut du procureur général de la Nouvelle-Calé-
donie, M. Périssé, procureur de la République à Cayenne
(Guyane).
Procureur de la République à Cayenne, M. Loyon, lieu-
tenant de juge h Cotonou (Afrique occidentale fran-
çaise).
Juge président du tribunal de Cayenno (Guyane), M.
.Fo«oflue*jieulênani; dsJuKfi « T_anaaarive aiadacascari.
CHRONIQUE ÉLECTORALE
La date des élections
Devançant le gouvernement, M. Connevot, député
de la Creuse, vient, en vertu du droit d'initiative
parlementaire, de déposer sur le bureau de la
Chambre la proposition suivante
Article lor. Les pouvoirs de la Chambre élue en
1814 expirent le 1er décembre 1919.
Art. 2. Les élections législatives pour la nouvelle
Chambre sont fixées au dimanche 26 octobre 1919.
La période électorale s'ouvrira vingt jours avant.
M. Connevot adopte la date qu'on présume devoir
être choisie par le gouvernement dans le projet de
loi qu'il compte déposer après la ratification du
traité de paix.
L'inscription sur les listes électorales
Le ministre de l'intérieur vient de déposer un
projet de loi tendant à accorder un délai supplé-
mentaire pour l'inscription sur les listes électo-
rales, au profit d'un certain nombre d'électeurs
qui se sont -trouvés empêphés de réclamer leur.ins-
cription et dont le cas n'avait pas été prévu. Voici
ce projet de loi
Article premier. Les électeurs rentrant dans une des
catégories suivantes pourront demander leur inscrip-
tion sur les listes électorales de l'année 1019 jusqu'au
onzième jour qui précédera la date do la première élec-
tion
•1° Les mobilisés présents sous les drapeaux le M no-
vembre MM6, sans préjudice du délai plus favorable qut
pourrait résulter pour certains d'entre eux de l'applica-
tion de l'article 2 de la loi du 15 janvier 1919;
S" Les réfugiés, en ce qui concerne toute liste élec-
torale autre que celle de la commune lieu de refuge;
3° Les électeurs domiciliés aux colonies et retenus
dans la métropole faute de moyens de transports;
4° Les ouvriers mobilisés dans les usines de guerre, en
ce qui concerne la commune où étaient situés ces éta-
blissements
5° Les Alsaciens et les Lorrains qui demanderont leur
inscription dans une commune du territoire français tel
qu'il existait au 3 août 1914
6° Les Français résidant à l'étranger au 3 août ±914
et revenus depuis cette époque se fixer en France.
Art. 2. Lorsque les électeurs visés à l'article précé-
dent ne pourront justifier de six mois de résidence, il
y aura présomption que l'intéressé entend fixer son do-
micile réel dans la commune sur la liste électorale de
laquelle Il a demandé son inscription.
Art. 3. Ces demandes d'inscription seront soumises à
la procédure tracée par les articles 2 et 3 de la loi du
15 janvier 1919.
Art. 4. Si la demande d'inscription concerne une
commune autre que celle où l'intéressé était inscrit
en 1814, ou, pour les citoyens arrivés à l'âge électoral
depuis cette date, autre que celle de leur domicile de
recrutement, la requête présentée au juge de paix devra
être accompagnée d'une demande en radiation adressée
au maire de la commune du domicile électoral antérieur.
Cette demande, transmise au maire de la commune où
t'inscription est demandée en mêrne^. temps que lui est
notifiée la décision du juge de paix, sera envoyée au
maire de la commune où l'intéressé était précédemment
inscrit, conformément aux dispositions de l'article pre-
mier de la loi du 29 juillet 1913.
Art. 5. Le délai du pourvoi en cassation contre les
décisions précédemment rendues par les juges de paix
en exécution des articles 2 et 3 de la loi du 15 jan-
vier 19'W courra du jour de la promulgation de la pré-
sente loi.
DANS LES DÉPARTEMENTS
Aveybon. Les socialistes ont arrêté une liste
ne comprenant que des adhérents du parti. Elle
comprend les noms suivants
MM. Cabrol, député sortant, Fontanier, 'Mazars
et Ramadier.
Rhône. Le cardinal Maurin, archevêque de
Lyon, vient d'adre^er un appel aux électeurs ca-
tholiques du Rhône et do la Loire à l'occasion des
prochaines élections. Il leur indique la façon dont
ils devront comprendre leur devoir de citoyens
français
Les actes, dit-il, doivent maroher d'accord avec les
convictions. Un catholique ne peut habituellement voter
que pour des candidats prêts a respecter et à défendre
les droits de Dieu, de la religion entière, de la cons-
clence, des intérêts de la patrie, l'honneur de la famille,
et à ne pas ignorer systématiquement l'Eglise et son
chef.
« Je suis républicain, dites-vous, et j'entends ne
donner ma voix qu% des hommes que je saurai ne de-
voir faire aucune opposition au régime qui a mes préfé-
rences. » C'est votre droit, mais la condition expresse
que ces hommes se garderont de confondre la Républi-
que aveo les lois prétendues intangibles, qui, loin d'être
de son essence, vont parfois à. l'onoôntre des principes
sttf 'lesquels' elle déclare vouloir1 's'iipp'uyer comme sûr
son plus légitime fondement liberté, égalité, fraternité.
La ton du cardinal Maurin s'élève pour défen-
dre les principes sacrés de liberté et d'égalité
La vraie liberté et l'égalité, déc!are-t-il, condamnent
toutes les lois d'exception. Serait-ce respecter la liberté
que d'obliger à s'expatrier de nouveau, pour mener
une vie conforme à leur idéal, les religieux qui, à l'ap-
pel de la France, sont revenus de l'exil et dont l'attitude
.a été si belle sur les champs de bataille?
Serait-ce respecter la liberté que de continuer à in-
terdire l'enseignement parce qu'ils sont liés par des
vœux dont la législation civile n'a pas, en soi, à connaî-
tre, à des hommes munis des diplômes exigés par la
loi, qui ont versé leur sang et reçu les plus glorieuses
blessures pour la patrie?
Serait-ce respecter l'égalité que d'exiger des pères de
famille qu'ils payent deux fois l'impôt scolaire un pour
l'école qui ne saurait donner satisfaction à leur cons-
cienoe, et un pour celle, qui, goule, répond à leurs con-
victions?
Puis il ajoute
Pendant l'horrible guerre, ceux qui tenaient en main
les destinées de la France ont fait appel à l'union sa-
crée. Cet appel, les catholiques, l'ont entendu, et à l'ins-
tigation des évêques et des prêtres, oublieux de tout
passé de haine et de persécutions, ils ont donné leur
or et leur dévouement à la défense nationale. Au lende-
main de la victoire, seront-ils de nouveau l'objet de
vexations, et faudra-t-il que, muets, ils reçoivent les
coups d'adversaires auxquels la guerre n'aurait rien ap-
pris ? R
Dans un pays divisé comme le nôtre au point de vue
des idées, l'union eacréo exige que la législation assure
la reconnaissance de tous les droits, et en outre le res-
pect de toutes les libertés qui n'ont rien de contraire au
droit naturel et à l'ordre public
En ce qui concerne le vote lui-même, le car-
dinal Maurin donne aux électeurs les indications
suivantes
Si vous vous trouvez en présence d'une liste sérieuse
de candidats prêts à défendre intégralement l'idéal de
justice et de progrès social proposé par la doctrine ca-
tholique, aucune hésitation n'est possible.
Si, au contraire, aucune liste n'y répond d'une façon
absolue, vous gardant bien de vous abstenir ou de pra-
tiquer ce qu'on est convenu d'appeler la politique du
pire, vous choisirez de préférence, tout en vous entou-
rant des garanties nécessaires, celle dont la programme
se rapproche le plus du vôtre.
Et il conclut en ces termes
II m'appartenait de rappeler aux catholiques de mon
diocèse leur devoir électoral. Cette mission remplie,
voulant éviter avec le plus grand soin de descendre dans
l'arène politique, je me bornerai à' demander à tous les
fidèles d'unir leurs piières aux miennes pour que Dieu
susoite les candidatures qui répondront le mieux aux
intérêts de l'Eglise et de la France, et qu'il inspire aux
électeurs de les faire aboutir.
Yonne. La fédération socialiste de l'Yonne,
réunie en congrès, a approuvé l'établissement
d'une liste socialiste comprenant MM. Aristide
Jobert, député sortant, Boullé, maire de Vince-
lettes, Boijard, maire de Saint-Brancher, Dufour,
professeur au collège de Joigny, et Maxence Roldes,
qui fut candidat à Tonnerre au scrutin d'arron-
dissement.
Dans les motions votées à cette occasion, le
congrès déclare, notamment, que « la culpabilité
du gouvernement impérial allemand dans le dé-
chaînement de la catastrophe qui a ensanglanté le
monde est indéniable ».
.L3, R 7~It F.a
La Pffidiîiîioiï de ISanbeuge
La commission d'enquête, sous la présidence du
général Guillaumat, a entendu hier M. Messimy,
ministre do la guerre au moment de la mobilisa-
tion le général Desaleux. le lieutenant-colonel
Beauchôàe, le commandant Hoche, le colonel de
Lamothe, commandant un secteur pendant le siège.
La commission d'enquête n'entendra pas de té-
moins aujourd'hui ni demain dimanche.
Elle reprendra lundi ses travaux; il reste encore
seize témoins à entendre, dont le général Belin et
le maréchal Joffre.
On prévoit que l'audition des témoins sera 'ter-
minée jeudi prochain 4 septembre.
Légion d'honneur. Est nommé ohevalier
Pierre-Achille-Jean-Henri Vernade, sous-lieutenant à
la 4' compagnie du 21* bataillon de chasseurs à pied,
engagé volontaire de la classe l-MS « Le 10 août dS'18,
attaquant, avec sa bravoure habituelle, une position for-
tement organisée, a atteint ses objectifs, malgré une
très vive résistance; contre-attaqué par de gros effec-
tifs, a résisté vaillamment à la tête de ses hommes. Est
tombé glorieusement au champ d'honneur, en disant
« Je meurs content. Vive la. France! » A été quatre
fois cité, dont trois eltatioRg .M'fli^re de .t'armle. Péj.à
médaillé militaire. ».
NOUVELLES DU TOUR
Le général Pershing à l'Elysée
Le président de la République & reçu hier aprèsi
midi le général Pershing.
Le cardinal Mercier à Paris
Le cardinal Mercier, se renéant aux Etats-Unis,
arrivera à Paris demain dimanche, à 4 h. 55 de
l'après-midi, par la gare du Nord. Il logera à
l'hôtel Ritz et repartira, 'lundi matin pour Brest,
où il s'embarquera le 2 septembre, à bord du
transport américain Agamemnon, à destination 4e.
New-York.. •̃
Légion d'honneur
M. ILueien Lemaitre, industriel, vice-président
de la chambre de commepcei de Bastia, est nommé
chevalier de la Légion d'honneur.
La consécration de l'église du Sacré-Cœur
Le cardinal Amette, archevêque de Paris,
adresse aux fidèles de son diocèse une lettre
dans laquelle il annonce que la consécration so-
lennelle de l'église du Sacré-Cœur aura lieu le
jeudi 16 octobre prochain.
Le prélat rappelle, à cette occasion, le rôle que
joua la basilique de Montmartre pendant les heu-
res critiques vécues par Paris
Le Sacré-Cœur, dit-il, justifia la conflanoe que nous
mettions en lui.
Lorsque, pendant de longs mois, Paris fut bombardé
le jour et la nuit, Dieu ne permit pas qu'un seul projec-
tile atteignît le temple dont les dômes, brillant aux
rayons du soleil ou sous la clarté de la lune, offraient
pourtant un point de mire facile aux coups de l'ennemi.
Dans les nuits d'alerte, le peuple d'alentour accourait
en foule chercher un abri protecteur sous les voûtes da
la crypte.
Et, après avoir déclaré « qu'il ne dépend pas de
nous de procurer au Sacré-Cœur l'hommage of-s
ficiel que des nations voisines lui rendaient na-
guère en se consacrant à lui avec le concours des
pouvoirs publics », le cardinal Amette conclut
ainsi
Que du moins tous les Français qui croient en lui, et,
grâce à Dieu, ils sont encore le grand nombre, s'engagent
à l'aimer et à le servir fidèlement, à faire régner sa.
doctrine et sa loi en eux et autour d'eux, dans leur vie
privée, dans leur famille et, autant qu'ils le pourront,
dans la vie sociale! Nous avons la conflanoe que notre
miséricordieux Sauveur agréera leurs voeux, présentés
à son cœur par leurs premiers pasteurs, et qu'en consi-
dération de leur foi il voudra bien bénir la France tout
entière et la préserver des dangers du dedans comme il
l'a sauvée des périls du dehors. Qu'après nous avoir
accordé la paix extérieure, il daigne établir et affermir
parmi nous la paix sociale Cette paix ne peut régner
que par la pratique de la justice et de la. charité, donji
le cœur de, Jésus est la source.
L'affaire Judet
Le sous-lieutenant Duconseil étant démobilisé,
le commandant Abert, qui le remplace comme rap-
porteur près le 3° conseil de guerre, est arrivé hier
à Paris. Aussitôt il s'est rendu près des comman-.
dants Julien et Thibaut au Palais; il y a pris con*
naissance du dossier de l'affaire Judet.
LA DÉCOUVERTE DU DOCUMENT JAGOW
Le dossier contiendrait un rapport sur les cir-
constances dans lesquelles la justice militaire fut
appelée à s'occuper de l'ancien directeur de VEclair,
Le Matin publie a ce sujet l'information suivante
II y a quelques mois, dos agents de ta Sûreté nationale
découvraient à. Bruxelles un certain nombre de docu-
ments abandonnés par les Allemands au moment de leuu
fuite précipitée de la Belgique. Parmi ces documents se
trouvaient entre autres certains télégrammes adressés
par von Jagow, secrétaire d'Eta^àux affaires étrangè-
res, au représentant du gouvernement allemand à
Bruxelles, von der Lancken.
C'étaient, presque uniformément, des demandes de
renseignements sur diverses personnalités françaises, ou
appartenant à des pays alliés de la France,.
Ces télégrammes furent transmis rue Cambacérès, àj
la direction de la Sûreté nationale, qui les communiqua
au gouvernement. Deux d'entre eux seulement retinrent
momentanément l'attention.
Dans le premier, von Jagow exposait à von de*
Laneken que des propositions venaient d'être faites A
l'Allemagne par M. Alphonse Lenoir, agent de publicité
'à Paris, pour l'achat d'un journal parisien, le Journal.
En recevant ces propositions, expliquait en substance le
secrétaire d'Etat aux affaires étrangères de Berlin, nous.
avpns appris que,, M. Alphonse Lenoir était un ami, de
M. Caillaux, et qu'en.outre 11 avait été mêl-é d'une façon
active et directe aux' affaires1 d'Agadir, dont vous voita
êtes vous-rniôme occupé.
Et von Jagow terminait en invitant von der Lancken
à lui fournir sur Alphonse Lenoir tous les renseigne-'
ments qu'il pouvait .posséder.
Ce télégramme fut aussitôt transmis au 3° conseil de
guerre, qui était alors chargé de connaître des faits
reprochés à Pierre Lenoir.
Avant la fin des débats du procès, le huis-clos fut
prononcé, et c'est oe document qui fut communiqué
aux juges militaires appelés à se prononcer sur la cul-<
pabllité du fils de l'ancien agent de publicité mis en
cause par la dépêche von Jagow.
Le second des télégrammes était précisément celui
qui constitue aujourd'hui la pièce principale du dossier
Judet, et dont nous avons publié la traduction.
Déjà le dossier de la Haute-Cour contenait di-
verses pièces relatives à une visite de, M. Judet.
au Vatican, à son départ en Suisse, et à un dîner
avec M. Caillaux, auquel l'ancien directeur de
VEclair et un parlementaire qui a déposé devant la
Haute-Cour, assistaient.
NOUVELLES DÉCLARATIONS, PE M. JUDET
Un rédacteur du Matin en Suisse a questionné;
M. Judet sur les accusations dont il est l'objet.
La preuve de ma trahison, disons le mot, a déclaré
M. Judet, serait le document Jagow. La teneur de ça
télégramme secret, que le gouvernement français a sans
doute obtenu par son service de contre-espionnage ou
par des saisies effectuées en Belgique depuis le 11 no-
vembre, m'a stupéfié. Loin de moi la pensée de suppo-.
ser que ce document peut être un faux. Ce serait mons-
trueux. Il contient d'ailleurs une chose exacte qui m'a
frappé et que tout le monde sait depuis longtemps.
Dans le monde de la finance et de la presse, à Paris, on
sait que le journal VEclair, dont j'étais le directeur, re-
présentait une valeur d'un million à un million cinq
cent mille francs. Il n'y a donc rien d'étonnant qu'un,
émissaire de l'Allemagne, chargé de la renseigner sur les
journaux à acheter ou à subventionner, ait donné ces,
chiffres relatifs à VEclair.
Avant la guerre, je fus pressenti par des capitalistes
allemands ou italiens, et pendant la guerre j'ai reçu des
propositions. On mettait de l'argent à ma disposition. Je
dois vous dire que j'ai toujours refusé avec énergie.
Quelles gens vous firent oes propositions intéres-
sées ?
Pendant la guerre, ce furent toujours des neutres,
et leurs démarches me parurent d'autant plus suspec-
tes. On s'adressait à moi à cause de la politique exté-
rieure que j'ai toujours soutenue et l'on me reproche
aujourd'hui cette politique, que l'on qualifie d'anglo-
phobe et d'austrophile.
SI. Judet dit que lorsque 'la guerre éclata, ienj
août 1914, il fut « tout union sacrée ».
Je n'hésitai pas. J'écrivis à M. Messimy, mi-
nistre de Ja guerre, «t étant officier de (réserve,
jo demandai à prendre du service dans un était-
major. M. Messimy, que je vis deux ou trois jours
̃plus tard, me félicita de mon geste et me déolara
que je tiendrais la bonne place do combat à da
tête de VEclair.
Sur ses relations avec le Vatican pendant iN
guerre, M. Judet déclare
• Je suis allé à Rome trois fois pendant la guerre,
deux fois en 1916 et une fois en 1917, où j'allais aver-
tir le Vatican que je vendais VEclair. On a pu croire
que je m'étais livré à cette occasion à des traotations
relatives à la reprise des relations diplomatiques et à la
dénonciation du Concordat. Il n'en est rien.
Ces visites au' pape ont failli me faire passer pour
l'intermédiaire de M. Caillaux aveo le Vatican; Déjà on
voulait me compromettre à ce propos. Le 7 août 1918,
M. Darru, commissaire aux délégations judiciaires, vint
me voir à Gunten. Il me demanda textuellement
« N'êtes-vous pas l'intermédiaire de M, Gaillaur
avec le Vatican? » ••
Je lui fournis toutes explications utiles. Je vis, quel-
ques jours après, M. Dutasta, qui était encore notre
ambassadeur à Berne.
Il me déclara au cours de cet entretien « la. piste
ne sera pas suivie. »
L'ancien directeur de VEclair dit en outre n'a-<
voir vu M. Caillaux que deux fois en sa vie.
Quant à Lenoir père, il le rencontra alors qu'ils
faisaient ensemble une période comme officiers de
réserve.
Cet architecte, homme fort intelligent, qui devait
devenir plus tard agent financier du gouvernement, avait
des conceptions en matière de finance internationale se
rapprochant des idées de politique extérieure que je dé-
fendais, II ne m'a jamais offert de subventionner VEclair,
sachant que je n'étais pas un homme à acheter.
M. Judet n'a pas encore arrêté définitivement
la conduite qu'il va tenir. Il confierait toutefois
ses intérêts à M° de Moro-Giafferi, s'il peut se faire
représente" à l'instruction et aux débats, tout en
restant en Suisse. Car, il n'a pas l'intention de se
rendre en France, où, dit-il, ecroué aussitôt, « jet
serais étouffé, et moisirais en prison ». « Je tiens
à défendre à la fois mon honneur et ma vie. »
« Allez, dit-iL en terminant, je serais oondaimié,
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