Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1916-03-28
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 28 mars 1916 28 mars 1916
Description : 1916/03/28 (Numéro 19988). 1916/03/28 (Numéro 19988).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
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CINQUANTE-SIXIEME ANNEE. N8 19988
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TÉMJPHOME CIIK9 XÏBMES
Gutenberg 03.07 03.08 03.09 03.32 03.83
-ou Paris, 21 mars
BULLETIN DU JOUR
LA CONFÉRENCE DES ALLIÉS
Ces toasts prononcés dimanche soir au dî-
ner -donné au ministère des affaires étrangères
en l'honneur des ministres italiens font ressor-
tir dans les termes les plus heureux le carac-
tère solennel, que les alliés entendent donner à
cette grande manifestation de solidarité poli-
tique. M. Briand a déclaré que dans la pour-
suite intensive de la guerre, l'unité de vues, de
but et d'action est la condition même du suc-
cès, le fondement le plus solide de notre réso-
lution de vaincre. Il a souligné que la présence
des représentants de l'Italie à Paris, qu'il s'a-
gisse de la conduite de nos entreprises mili-
taires ou navales ou de la lutte économique
contre l'ennemi commun» témoigne haute-
ment que tous nos efforts, si diversifiés et si
complexes qu'ils doivent être, obéissent à une
impulsion concertée. D'autre part, M. Salan-
dra, président du conseil d'Italie, a fixé nette-
ment l'attitude de l'Italie quand il a dit que les
'traditions*, les principes, les aspirations des peu-
,ples italien et français les appellent à défen-
dre, ensemble la cause de la justice, du droit,
du respect des petits Etats et de la rédemption
des nationalités opprimées. L'Italie restera fi-
'dèle à cette cause jusqu'à ce que la signature
de la paix en consacre le triomphe.
Cette manifestation de la solidarité franco-
italienne s fpréludé de la manière la plus heu-
reuse à la conférence des alliés, réunie aujour-
d'hui, et qui constitue un des événements les
plus considérables qui se soient produits, depuis
le début de la guerre. L'Allemagne ayant
échoué dans son attaque brusquée -et la vic-
toire française r de la Marne lui ayant enlevé
toute chance de réaliser son rêve de domina-
tion universelle, il s'agissait pour les alliés de
ramener, par l'usure de ses armes et l'épuise-
ment denses ressources, au point où il leur de-
venait possible de mettre le militarisme prus-
sien hors d'état de provoquer une seconde ca-
tastrophe européenne. C'est à cette phase, qu'on
peut.tenir pour décisive, que nous touchons ac-
tuéllement, et c'est à la préparer utilement que
travaille la çonférence.
La volonté des peuples alliés de poursuivre
la guerre jusqu'à sa conclusion logique s'affir-
ma comme inébranlable dès le premier jour,
car tous avaient conscience qu'il s'agissait de
sauver, avec leur propre existence indépen-
dante, le principe même du droit et de la liberté
du monde. Si des erreurs furent commises
et- on en commit de lourdes, dont les consé-
quences se firent cruellement sentir dans tous,
les domaines, c'est qu'on se trompa sur les
moyens réels de l'Austro-AUemagne et que,
d'autre part, on ne sut pas donner tout de
suite à l'action des alliés ce caractère d'unité
dans la conception et dans l'exécution qui s'im-
pose pour des opérations s'étendant à l'Europe
entière. La diffusion des ressources et des
efforts; la multiplicité des initiatives sans en-
tente préalable le. défaut de coordination minuy
tièuse.'de tous les moyens, ce furent là les véri-
tables causes de nos fautes. Ces fautes, il eu*
sans doute été très difficile de les éviter, étant
• donné les circonstances où la guerre s'est pro-
duite et la manière dont s'est constitué le
groupe des alliés. Alors que chez nos ennemis,
l'Allemagne seule "commande et utilise à son
-profit les -forces et les ressources de ses vas-
saux, les alliés collaborent sur la .base d'une
absolue égalité, tous étant animés du même
sentiment de respect pour la dignité et l'indé-
pendance d'autrui. Pour que leur coopération
diplomatique et militaire ait toute l'efficacité
désirable, il a fallu établir des contacts d'une
souplesse remarquable, concilier des intérêts,
unifier des buts, créer enfin cette atmosphère
dé solidarité qui- fait comprendre que chaque
effort doit tendre loyalement au. bien de tous,
parce que la victoire ne peut être que la vic-
toire pour tous.
L'Histoire, dira un jour ce qu'il a fallu de
bonne volonté réciproque, de généreuse abné-
gation et d'esprit de sacrifice pour constituer
.cette oeuvre d'union étroite, telle qu'elle existe
aujourd'hui, et comme nul, avant cette guerre,
n'eût pu supposer qu'il fût possible de la réali-
ser. Les allies, tous également résolus à vain-
cre, comprennent que la liaison absolue des
'opérations sur tous les fronts est la condition
sine quâ non de la solution victorieuse de la
guerre, et il est permis de dire que les déci-
sions qu'ils vont prendre fixeront le sort de
l'Europe. La plus puissante préparation mili-
taire qu'ait connue l'humanité est Complète-
ment achevée; toutes les ressources et -tous
les moyens sont réellement mis en valeur.
Les alliés peuvent donc établir pratiquement
îi n programme de guerre dont l'énergique
exécution hâtera dans les meilleures condi-
tions la fin du cauchemar qui pèse depuis
près de vingt mois sur le monde civilisé.
L'Allemagne n'ignore pas tout ce que cela
"remporte de dangers pour elle. C'est dans le
but d'écarter ou de retarder l'offensive simul-
tanée sur tous les fronts qu'elle a sacrifié en
.Tain ses meilleurs régiments dans une su-
prême tentative -pour rompre nos lignes. Elle
a voulu porter à la France un coup qu'elle
croyait devoir être décisif, parce que la France
est l'âme de la coalition et que c'est chez elle
Que s'élabore le plan par l'exécution duquel
les empires centraux seront vaincus. Que les
représentants des alliés confèrent à Paris pen-
dant que les armées impériales s'épuisent con-
tre nos positions de Verdun, c'est là un fait de
nature à impressionner profondément ceux
.qui observent avec attention le cours des cho-
ses. Il n'est pas moins impressionnant que
l'union étroite et la collaboration intime des
puissances liguées pour la défense du droit
s'affirment ainsi pleinement à l'heure où l'es-
prit public se -trouble en Allemagne par Tagi-
iation des grands partis et où toutes tes aspi-
rations populaires à une paix hâtive révèlent
la cruelle déception des Germains en présence
des résultats acquis après vingt mois de cam-
pagne et le sacrifice de millions d'hommes.
L'Austro-Allemagne, impuissante à obtenir
tme décision, vit dans l'attente du juste châti-
ment de ses crimes, et tandis que la conférence
actuellement réunie à Paris confirme les peu-
ples alliés dans la certitude dé leurvictoire pro-
chaine, elle fait comprendre à nos ennemis
que les armes ne seront point déposées avant
que là barbarie soit définitivement vaincue.
Le France entière salue avec émotion les re-
présentants des nations amies et alliées, qu'elle
sait animées des mêmes sentiments'qui l'exal-
tent jusqu'à l'héroïsme sublime, et elle ne doute
pas que les accords dont ils fixeront les bases s
seront les sûrs instruments de réparation pour
le droit violé.
«~_ «–
DÉPÊCHES TtLÉGBÂPHIQUES
CES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU ©EIWPS
Londres, 27 mars.
Sir Reginald Beade, secrétaire du ministre de
sa guerre, est promu commandeur de la Légion
d'honneur.
4 Rome, 27 mars.
Le commandant de !a garde palatine se trou-
vant en. désaçcérd sur des Questions de dissMiOfi.
a donné sa démission. Le; cardinal Gasparri a sou-
mis la-question au pape.,
Birmingham, 27 mars.
Le Datty Post a ouvert en faveur des réfugiés
de Verdun une souscription qui atteint déjà 3,931
-livres sterling..
Petrograd, 27 mars.
Le prince Koudaschef:' vient d'être nommé mi-
nistre plénipotentiaire de Russie en Chine.
Petrograd, 27 mars.
Le gouvernement a décidé, pour assurer l'ense-
mencement régulier et opportun des champs, d'at-
tirer pour les travaux de la campagne un million
et demi de réfugiés des régions occupées.
En outre il a décidé de renvoyer dans leurs foyers
dans le mémo but, à partir du 26 mars jusqu'au
5 mai, un certain nombre de mobilisés du front du
sud-ouest.
Genève, 27 mars.
Dans sa séance de samedi, 25 mars, le comité
de l'Association de la presse suisse s'est occupé du
cas de M. Froidevaux, le rédacteur du Petit Juras-
sien, condamné à treize mois de réclusion pour
prétendue « trahison ». Le comité de l'association
estime cette condamnation hors de toute pro-
portion avec la faute commise par le journaliste.
Il a jugé convenable d'attendre le prononcé de la
cour de cassation avant d'entreprendre des démar-
ches en vue d'une réduction de-peine.
L'Association de la presse neuchâteloise a pro-
testé, de même contre cette rigoureuse condam-
nation.
Copenhague, 27 mars.
D'après le correspondant à Bergen du Poliliken,
le gouvernement russe est sur le point d'acheter
les mines de charbon de l'Advent-Bay, au Spitzberg,
appartenant à une compagnie américaine. Le prix
d achat serait de 75 millions de francs. L'Etat russe
exploitera ces mines dans le but de se procurer des
approvisionnements pour le chemin de fer du Mur-
man et la station navale que l'on projette d'établir
la côte du Munnau.
la cOte dn Mnrmnn. Rabat, 27 mars.
Le général Lyautey et sa suite sont arrivés à
Rabat.
Le résident général a été reçu à l'ancienne mé-
dersa, nouvellement restaurée, par M. de Saint-Au-
kire, délégué général de la résidence, par les
membres du makhzen et les notabilités, et :1 a
été chaleureusement accueilli par la population.
Le pacha de Rabat a souhaité la bienvenue au
résident général qui a répondu en remerciant la
population indigène et -en exaltant l'héroïsme des
troupes marocaines qui combattent sur le front
français.
M. Petit, secrétaire du syndicat industriel et
commercial, a exprimé au général la joie de la po-
pulation de le voir de retour après une longue
absence pendant laquelle le Maroc a continué à
travailler en paix.
Le général Lyautey, dans une vibrante allocu-
tion, a parlé de la France dont la force s'affirme
devant Verdun; il a dit la certitude du succès
qu'il a acquise à Paris, et sur le front au milieu
des troupes et ill a exprimé sa confiance absolue
dans la victoire.
On confirme que l'agitateur Abdel Malek, aban-
donné par son entourage, a été victime d'une t..n-
tative d'assassinat.
Dans la région des Tadla,et des Zaïan des frac-
tions soumises attaquées par les Chleuhs les ont
repoussés, leur tuant des hommes et des chevaux.
Question de principes
Le Sénat vient de- nommer la commission
chargée d'examiner la proposition de M. Jé-
nouvrier, relative à la confiscation des biens de
ceux qui se sont enfuis ou sont restés à l'étran-
ger pour se soustraire à leurs obligations mi-
litaires en temps de guerre.
Est-il besoin de dire à quel point nous par-
tageons les sentiments d'indignation auxquels
a obéi l'honorable sénateur d'Illo-et- Vilaine ?
Il n'y' a pas de crime plus odieux que celui
des réfractaires et des insoumis qui, à cette
heure tragique, ont mis la frontière entre eux
et l'armée, où leur place était marquée. Un
châtiment est nécessaire. Celui auquel a songé
M. Jénouvrier peut-il, toutefois, être admis? La
confiscation, inapplicable aux non-possédants
et à ceux qui auraient eu l'art de mettre leurs
biens à l'abri, constitue une peine des plus
discutables, puisqu'une partie des coupables y
échapperait. Mais, de plus, n'est-il point dan-
gereux de rétablir dans nos codes toutes les
possibilités d'arbitraire que suppose l'idée
même de la confiscation?
Sous l'ancien régime, la confiscation pure et
simple, sans autre forme de procès, était une
mesure entièrement laissée au bon plaisir du
pouvoir royad. C'était le « fait du prmce ». Le
roi, étant considéré comme le suprême posses-
seur des biens de ses sujets, pouvait en dis-
poser à son gré. Il n'y avait point de limite à
l'autorité royale, cette autorité ayant abaissé, au-
tour d'elle toute prérogative rivale,en détruisant
toutes les souverainetés qui auraient pu lui faire
contrepoids. Sous l'ancien régime, dès le sei-
zième siècle, il n'y a qu'un seul souverain, unis-
sant, en droit et en fait, dans sa personne ré-
putée inviolable, sacrée, presque infaillible, la
« pleine puissance » et le « bon plaisir ». L'ins-
titution royale se fonde, au dix-septième siècle,
sur la théorie du « droit divin », fixée par Bos-
suet, avec une éloquence bien connue, en des
termes qui placent le roi au-dessus des hom-
mes, et lui permettent de disposer à son gré des
biens, de la liberté, de la vie de tous ceux qui
habitent son domaine.
L'illustre auteur du Discours sur l'Histoire
universelle s'exprime ainsi « Le prince, en
tant que prince, n'est pas regardé comme un
homme particulier: c'est un personnage pu-
blic tout l'Etat est en lui; la volonté de tout
le peuple est renfermée dans la sienne. Comme
en Dieu est réunie toute perfection et toute
vertu, ainsi toute la puissance des particuliers
est réunie en la personne du prince. Que Dieu
retire sa main, le monde retombera 'dans le
néant: que l'autorité cesse dans le royaume,
tout sera en confusion. »
Le pouvoir d'enquête, de juridiction et de
coercition du prince est sans limites: « A-t-il
pénétré l'intrigue, ses longs bras vont prendre
ses ennemis aux extrémités du monde; ils vont
les déterrer au fond, des abîmes. Il n'y a point
d'asile assuré contre une telle puissance. »
C'est bien ainsi que Louis XIV entendait
l'exercice de son pouvoir sans contrôle et sans
frein, lorsque, rédigeant pour le dauphin, hé-
ritier du trône, un testament politique qu'il a
écrit sans réticence et non sans grandeur, il di-
sait « Tout ce qui se trouve dans l'étendue de
nos Etats nous appartient au même titre. Les
deniers qui sont dans notre cassette, ceux qui
demeurent entre les mains des trésoriers et
ceux que nous laissons dans le commerce de
nos peuples doivent être également ménagés.
Vous devez donc être persuadé que les rois sont
seigneurs absolus, et ont naturellement la dis-
position pleine et libre de tous les biens qui sont
possédés aussi bien par les gens d'Eglise que
par les séculiers, pour en user en tout temps
comme de sages économes. ».
Ces principes, au temps où ils furent appli-
qués, n'étonnaient personne. Si le duc de Saint-
Simon, dans ses terribles Mémoires, fulmine
contre les excès d'un pouvoir démesuré, il a
soin d'attribuer exclusivement à la fantaisie
des ministres, qui distribuent à tort et à travers
les honneurs et les titres, les punitions et les
récompenses, la responsabilité des abus qu'il
dénonce et qu'il déclare commis « à l'insu »;
du souverain dont le recours peut toujours être
invoqué par les victimes d'une administration
tyrannique. En vertu de la confiscation, une
tolérance, une faveur, une grâce, se trouvaient
simplement retirées par le, maître des Ber-
sonnes et des biens. i
Aujourd'hui que des principes tout autres
dominent la Constitution et nos lôîfe", comment
des sanctions pénales pourraient-elles consister
dans l'attribution à l'Etat d'un certain nombre
de biens meubles cl immeubles, pris aux in-
dividus, sans égard au droit des familles? Ce
serait risquer d'atteindre tout à la fois l'e prin-
cipe de la propriété et le principe d'hérédité.
Qu'on y prenne garde non seulement la pro-
position manquerait son but, mais elle serait
de nature à remettre en question quelques-unes
des conquêtes essentielles de la Révolution.
Celle-ci on l'oublie parfois au cours des
improvisations parlementaires de l'heure pré-
sente nous a donné des codes où sont appli-
qués les principes qu'il importe de défendre
au nom des libertés de la France moderne.
En y demeurant fidèile, on sera sûr de se pla-
cer au-dessus des intérêts et des passions qui
naissent, au jour le jour, de la complication'
des événements politiques. Ces codes, où les
articles de la loi civile et de la loi pénale ont
été formulés par des patriotes ardents, four-
nissent tous les moyens de poursuivre et de
punir ceux qui ne, font pas leur devoir envers
la patrie. Il suffit de s'y référer pour trouver
des armes efficaces et légales contre les crimes
que l'honorable sénateur d'Ille-et-Vilaine veut,
avec tant de raison, voir poursuivre et châtier.
L'APPRENTISSAGE D'UN HÉROS
C'était pendant l'automne de l'année 1870, au
moment où la Délégation de Tours, sous l'active
impulsion de Gambetta et de M. de Freycinet, or-
ganisait la défense hatibimie dans l'ouest, en for*,
mant l'armée de la Loire. Les Tourangeaux pou-
vaient voir, chaque matin, sous les arbres du bou-
levard Béranger, à Tours, plusieurs compagnies
de volontaires étrangers qui faisaient l'exercice.
Venus de Belgique, de Serbie, d'Italie, d'Irlande ou
de Pologne, ces jeunes et vaillants soldats du
5° bataillon de la légion étrangère avaient voulu
combattre sous nos drapeaux.
Parmi les instructeurs du bataillon des légion-
naires étrangers se trouvaient plusieurs officiers
français qui avaient enseigné à Saint-Cyr e*t qui
avaient connu notamment, en 1862,' tous les élèves
de la promotion de Puebla. L'un d'eux crut recon-
naître dans la personne d'un jeune volontaire aux
traits énergiques et fins une figure bien connue,
très aimée des saint-cyriens de cette promotion
déjà lointaine. Il dit à ses voisins de table, au
mess
Je parie que c'est Pierre Kara!
Kara. C'était le nom familier, le diminutif af-
fectueux par lequel on avait coutume de désigner
jadis au collège Sainte-Barbe, au lycée Louis-le-
Grand à l'Ecole militaire de Saint-Cyr, le bon ca-
marade Pierre Karageorgevitch, le petit-fils de
l'héroïque Karageorge; l'héritier du libérateur de
la Serbie.
Renseignements pris et vérification faite, c'était
bien Pierre Karageorgevitch qui s'était engagé au
service de la France. -Incognito, sans même récla-
mer le grade auquel lui donnait droit sa qualité
d'ancien élève de Saint-Cyr, il avait simplement
demandé un fusil pour défendre une terre qu'il
considérait comme sa seconde patrie. Il fallut in-
sister, vàinore la plus noble modestie, recourir à
l'enthousiaste sympathie de ses compagnons d'ar-
mes pour lui faire accepter, tout de' suite; un ga-
lon de sous-lieutenànt qu'il'voulait gagner sur le
champ de 'bataille. »
L'occasion de se battre pour la France et pour la
liberté s'offrit' bientôt à la juvénile ardeur du
sous-lieutenant Pierre Karageorgevitch. Les Ba-
varois attaquaient Orléans. Ce fut une longue et
dure bataille, sous une pluie glaciale. Le grand-
duc de Mecklembourg disposait de 36,312 baïon-
nettes, de 9,190 sabres, de 208 canons. Les Hessois,
poussant des hourras en l'honneur de Frédéric-
Charles, accouraient côte à côte avec les régiments
silésiens, hussards, cuirassiers, uhlans de Stol-
berg. Le 3 décembre, Frédéric-Charles expédia au
grand-duc, dès la première heure de l'après-midi,
un ordre ainsi conçu '« Le but à atteindre au-
jourd'hui par le 9° corps est de s'emparer du vil-
lage'de Chevilly et du saillant du bois à l'est de
Chevilly, après une préparation suffisante-de son
attaque par l'artillerie. Les 17° et 22° divisions
enlèveront le château de Chevilly, ainsi que le sail-
lant du bois au sud du village et s'y maintiendront
énergiquement. Si le jour ne suffit pas, on pro-
cédera à des attaques de nuit. »
Cette journée fut mauvaise pour les Allemands.
Le général Stosch vint dire à Frédéric-Charles
les inquiétudes que lui causait l'éventualité d'une
attaque d'infanterie. Ses deux divisions, très
éprouvées dans les combats de la veille, avaient
perdu chacune plus d'un millier d'hommes. Les
Bavarois avaient été vivèment bousculés à Beau-
villiers, à Goury par la division Jauréguiberry, qui
repoussa l'ennemi jusqu'à Loigny, où une petite
troupe héroïque, sous les ordres de Sonis et de
Charette, se battit dans la neige avec une téna-
cité dont l'Histoire a consacré le souvenir.
Frédéric-Charles, jugeant sa situation critique,
quitta le champ de bataille et dicta, dans son can-
tonnement d'Artenày, un contre-ordre dont le
porteur fut un officier de liaison nommé Haese-
ler, celui-là même qui est devenu feld-maréchal,
gouverneur de Metz, et qui, dit-on, est un des con-
seillers techniques du kronprinz.
La manœuvre ordonnée par Moitié, au lende-
main de Champigny, consistait à encercler, selon
les règles de la méthode chère à l'état-major alle-
mand, notre armée de la Loire, disposée sur un
front qui s'étendait de Coulmiers à Beaune-la-
Rolande. Cette tentative, menée avec de grandes
ressources d'hommes et de matériel, et par un
chef peu ménager du sang de ses soldats, devait
coûter cher au roi de Prusse. Elle échoua, grâce
à la clairvoyance décisive du général Chanzy, qui
commandait déjà trois corps d'armée et qui se
signala, dans ces circonstances difficiles, par des
talents militaires dont l'évidence le porta d'em-
blée au plus, haut degré du commandement.
C'est ainsi que le prince Karageorgevitch a fait
ses premières armes sous nos drapeaux menacés.
Il fut notre ami des mauvais jours. Dans cette
rude campagne d'hiver, le futur roi de la Serbie
héroïque et martyre aurait pu apprendre, s'il no
l'avait su déjà d'instinct et d'intuition, comment,
pour les nations et pour les hommes, l'invinci-
ble volonté de ne pas mourir défie toutes les
puissances de mort et résiste à toutes les ri-
gueurs du destin, en opposant la constance d'une
grande âme aux coups de la fortune adverse.
Son souvenir est demeuré vivant aux environs
des champs de bataille où il a fait ses débuts de
soldat et de chef. Nous en trouvons le touchant
témoignage dans une lettre, écrite naguère par
une bonne Française de l'Orléanais, Mme Baillon-
Barbier, de Saint-Jean-de-la-Ruelle, qui raconte
comment, au milieu d'un sanglant combat, il fail-
lit être fait prisonnier par les Prussiens, et se
jeta résolument à la nage, dans la Loire, où ses
ennemis, qui croyaient l'avoir cerné, n'osèrent
pas'le poursuivre. Il fut logé, pendant dix jours,
à Salbris, chez Mme Baillon-Barbier, qui donne
un détail familier et touchant « Le prince s'a-
musait souvent à jouer des airs de sa patrie sur
notre petit harmonium. »
Poète et soldat. Ces deux traits achèvent de
résumer la haute et attachante figure de ce héros
historique et déjà, légendaire. Et nous compre-
nons mieux, après avoi'r évoqué les images de
l'Année terrible, ces paroles que'le prince régent
de Serbie prononçait l'autre jour avec un émou-
vant accent de .piété filiale, et qui ont profondé-
ment touché le oœur de la France « S. M. le roi,
mon père, m'a fait aimer la France dès mon ber-
ceau. H a connnuaiaui ses sentiments aux c.lus
jeuii~F, leurs poitrines -vos -frontières et qui émerveillent
le monde par leur courage n'ont pas d'admirateur
plus affectueux que le combattant, de 1870 dans
l'armée de la LoiTe. » G. D.
Six cent-deuxième jour
LA GUERRE
LA SITVATWN MILITAIRE
Aucune action d'infanterie au nord de Ver-
dun, mais bombardement très violent de nos
lignes à l'ouest de la Meuse, intermittent à l'est
et en Woëvfe; l'ennemi réparc-t-il ses forces
avant de se livrer à de nouveaux assauts, ou
bien cette canonnade déguise-t-elle l'abandon
de cette offensive qui lui a déjà coûté si cher,
sans aboutir à un résultat réel? On ne saurait
rien affirmer, mais la seconde hypothèse peut
être envisagée parce que les agences alle-
mandes s'étendent longuement sur les effets de
cette canonnade. Le feu de l'artillerie allemande
est effrayant, disent-elles; les Français sont
fauchés par rangs entiers dans leurs tran-
chées elles osent même raconter que nos
comptes rendus font ressortir le chiffre extra-
ordinaire de nos pertes en officiers. Leurs cor-
respondants ne manquent, pas de parler des
forts qui sont détruits par les 420; ils ont même,
vru$8ffiitHt la les énormes jets de flammes
des dépôts de munitions qui font explosion.
Notre population a perdu toute confiance, elle
est consternée par les événements de Verdun;
son état d'esprit est tel que les églises sont
remplies, nuit et jour, d'uné foule en prières.
Les produits alimentaires les plus indispen-
sables nous font défaut; les agences en don-
nent comme preuves indiscutables des désor-
dres qui se seraient produits en Dordogne.
On ne peut guère s'expliquer de pareilles
fables que par la nécessité de soutenir coûte
que coûte le moral de l'Allemagne qui doit
commencer à s'inquiéter de ne pas voir aboutir
cette bataille où on lui avait fait entrevoir un
acheminement rapide vers la fin de la guerre,,
et où ses soldats sont tombés en grand nombre
pendant trente jours, sans que la situation se
soit le moins du monde modifiée.
Le terrain au nord de Verdun est si favo-
rable à une défense pied à pied, que nous pou-
vons attendre, sans inquiétudes. de nouveaux
assauts.
Nous n'avons pas à signaler de changement
important sur le front russe; dès combats con-
tinuent à être livres entre les lacs Narotch' et
VischnevsKa, région qui est le point,princi-
pal de la bataille livrée par nos alliés. Leur
offensive va mévitaMeœenï subir un ralentis-
sement pendant quelques semaines au moment
de la fonte des neiges, après laquelle les opéra-
tions de grande envergure auxquelles ils se
préparent pourront être • commencées sur tout
leur front.. Cette prise de contact énergique
avec l'ennemi facilitera le début de ces opé-
rations et permettra aux Russes d'empêcher
les Allemands de profiter du dégel pour trans-
porter une partie de leurs forces du front orien-
tal vers la France. Ce déplacement de forces
restera cependant une éventualité possible et
la canonnade de Verdun n'a peut-être pour but
que de nous immobiliser jusqu'au moment où
l'ennemi aura reçu des renforts lui donnant la
possibilité de reprendre une offensive sur un
point quelconque de notre front.
LA SITUATION DIPLCMATIÛVS
< ̃• ̃
La presse allemande s'efforce d'exploiter
bruyamment l'arrangement intervenu avec la
Roumanie pour la vente aux empires centraux
de 140,000 wagons de'céréales, à livrer à la fin
de l'été. Elle voudrait faire croire que cette opé-
ration, au sujet de laquelle on observe la plus
grande réserve à Bucarest, est de nature à in-
fluer sur l'attitude générale de la Roumanie,
ou du moins à la compromettre aux yeux des
puissances de l'Entente. C'est évidemment la
même préoccupation qui fait exploiter avec non
moins d'obstination par la presse ennemie le
soi-disant accord commercial en préparation
entre la Roumanie et la Bulgarie et pour lequel
le ministre de Roumanie à Sofia aurait reçu de
son gouvernement de pleins pouvoirs. Il con-
vient de ne pas attacher à ces -informations
l'importance que. l'Austro-Allemagne, dans un
but facile à comprendre, voudrait leur donner.
L'attitude de la Roumanie, en ce qui con-
cerne le conflit européen, ne peut dépendre
d'une opération purement commerciale, comme
celle de la vente de quelques milliers de wagons
de céréales. Ce sont des intérêts infiniment su-
périeurs, portant sur tout l'avenir du pays et
résumant les plus claires aspirations nationa-
les, qui détermineront l'action roumaine le jour
où elle s'affirmera franchement. Les Roumains
savent qu'une grande Bulgarie, dont la prépon-
dérance serait absolue dans les Balkans, consti-
tuerait une menace permanente à leur propre
existence indépendante et fausserait irrémé-
diablement leur xôle historique dans cette par-
tie de' l'Europe. Ce n'est pas avec des accords
commerciaux essentiellement temporaires Il
comme celui dont il s'agit qu'un rapproche-
ment bulgare-roumain peut s'établir sur des
bases durables. On ne l'ignore pas à Sofia, et
les mesures militaires prises du côté de'la fron-
tière roumaine prouvent suffisamment que
toutes les défiances subsistent de part et d'au-
tre.
La propagande austro-allemande cherche, de
môme, à exploiter la situation de fait qui existe
en Grèce et qui donne lieu à des incidents hau-
tement regrettables que les autorités helléni-
ques ne. mettent pas toujours toute la bonne
volonté désirable à prévenir ou à régler. Un
gouvernement et un Parlement qui ne repré-
sentent pas la volonté nationale avec toute l'au-
torité que seule peut leur assurer une consulta-
tion sincère du pays ne sauraient, de leur pro-
pre initiative, modifier le cours logique des cho-
ses quand les destinées du peuple sont en cau-
se. En procédant, par voie de congés, à une dé-
mobilisation partielle de l'armée et en retirant
les forces grecques de la région frontière où les
Bulgares et les Allemands se proposent d'o-
pérer, on a donné au peuple grec le vif senti-
ment du péril créé par' la politique- d'atermoie-
ments. La Nea llellas constate avec amertume
que les Bulgares, « par tous méprisés et hais »'
occupent des villages grecs et qu'ils modifient
à leur guise la frontière, obligeant des popula-
tions grecques à quitter leurs foyers. Malgré
toutes les assurances officielles, ce fait révèle
aux Hellènes la gravité de la situation, et réveil-
lant en eux l'esprit national, il leur fait com-
prendre le caractère monstrueux des complai-
sances qui tendraient à faciliter la tâche de
ceux que le roi Constantin lui-même a Qualifiés
d' « ennemis héréditaires ̃»«.'
C01KUHIQUÊ OFFICIEL DU 26 MARS
;`; w
Onze heures soir
L4 aArgonne, concentration de feux sur les
nœuds de communication en arrière du front
ennemi. Nous, avons bombardé des convois de
ravitaillement au nord d'Apremont.
A l'ouest de la Meuse, bombardement violent
entre le village et le bois de Malancourt et sur
nos positions de deuxième ligne. Aucune ac-
tion d'infanterie. A l'est de la Meuse et en Woë-
vre, canonnade intermittente. Notre artillerie
s'est montrée très active sur tout l'ensemble du
front, notamment dans la région de Grimau-
court, où un tir de nos batteries a provoqué
plusieurs explosions, et dans la région de Har-
ville où nous avons dispersé un important
convoi.
A l'ouest de Pont-à-Mousson, un tir de nos
canons de tranchées dirigé sur des abris alle-
mands a détermine l'explosion d'un dépôt de
grenades. Bombardement de la gare de Vi-
gneulles-les-Hattonchàtel par nos pièces à lon-
gue portée.
Dans les Vosges, activité de notre artillerie
sur les organisations allemandes de la vallée
de la Fecht.
»
COSIfflUHIQUÉ OFFiCIEL BRITAHSI&UE DU 26 MARS
Hier, près de Givenchy, l'ennemi a fait éclater
une mine qui n'a causé que des dégâts insigni-
fiants.
Hier, de grand matin, les Allemands ont fait
sauter, près de Neuville-Saint- Vaast, une mine
dont ils ont occupé l'entonnoir; notre contre-
attaque a enlevé l'entonnoir, mais elle a été
plus tard repoussée par les grenadiers ennemis.
Aujourd'hui, nos lance-bombes et nos grena-
des ont été actifs à la redoute et aux carrières
Hohenzollern.
L'ennemi a bombardé Kruisstraat, Hosk,
Saint-Jean, le voisinage de Loos, la crête de
Lorette et Vaux. Nous avons riposté en faisant
sauter un dépôt de munitions près de Oost-
Taverne.
Un de nos avions, qui s'est élevé hier, n'est
pas revenu.
»
CQRIBUHIQUÉ OFFICIEL BELGE DU 2S MARS
Actions d'artillerie réciproques sur le front
de l'Yser.
LA GUERRE AÉRIENNE
{Officiel). Dimanche matin, un de nos
pilotes a abattu un avion allemand qui est
tombé près de nos lignes dans la région de
Douaumont.
Un raid d'avions anglais
sur la côte allemande
L'amirauté .britannique a communiqué hier soir la
note suivante
Une attaque par hydroplanes anglais a été
effectuée hier matin contre les hangars à Zep-
pelins à l'est de l'île -de Sylt (Slesvi,g-Hol-
stèin). Les hydroplanes furent convoyés jus-
qu'au point de rendez-vous près de la côte al-
lemande par une escorte de croiseurs légers et
de destroyers, sous le commandement du com-
modore Tyrwhitt. Trois des hydroplanes qui
prirent part à l'attaque sont manquants.
Les contre-torpilleurs anglais Médusa et La-
verock sont entrés en collision et l'on craint
que par suite de la tempête qui sévissait la
nuit dernière, la Médusa ne soit perdue, mais
l'on n'a aucune crainte au sujet du sort de son
équipage.
Deux patrouilleurs armés allemands ont été
coulés par nos destroyers.
Aucun rapport détaillé n'a encore été reçu,
mais, d'après les informations de la presse da-
noise, il semble que cette opération effeotuée
dans les eaux ennemies ait atteint son objet.
Des dépêches de Copenhague disent que cinq
aéroplanes anglais ont, lance des bombes sur
Tondern et que deux chalutiers allemands ont
été coulés en dehors du port de Sylt; leurs noms
sont Braunschweig et Otto-Rudolf. Le premier
jaugeait 252 tonnes et le second 222 tonnes.
[L'Ile de Sylt, qui forme une étroite bande de terre
sur la plus grande partie de sa longueur, s'étend du
nord au sud sur une longueur de 20 milles presque pa-
rallèlement à la côte du Slesvig, dont elle est séparée
par un bras de mer d'une largeur variant de 7 à
15 milles. En face, sur la côte, est la ville de Hoyer, tête
d'une ligne de chemin de fer passant directement de la
côte ouest à la côte est du Slesvig et aboutissant à Gra-
venstein, sur le petit Belt. Cette ligne coupe la grande
ligne de chemin de fer partant d'Esbjerg (Danemark)
et suivant la côte occidentale, au point d'intersection de
la ville de Tondern, où vraisemblablement se trou-
vent des hangars à Zeppelins la ville par elle-même a
une certaine importance en raison du croisement des
ligjes de chemins de fer.]
FRONT RUSSE
COMMUNIQUÉ OFFICIEL. RUSSE
Petrograd, 26 mars.
Dans la région de Riga, l'artillerie allemande
a bombardé Schlock et la tête de pont d"Ux-
kull.
Dans le secteur de Jacobstadt, les Allemands
ont pris l'offensive dans la région du chemin
de fer de Mitau, mais ils ont été repousses par
notre feu.
Violent feu d'artillerie dans quelques autres
points de ce secteur.
A l'ouest de Dvinsk, nos troupes se sont em-
parées d'une tranchée ennemie et ont fait des
prisonniers.
Dans la région ais nord-ouest de Postavy et
entre les lacs Narolch et Vischnef, des combats
acharnés continuent.
[Le grand état-major russe communique simultané-
ment la note suivante
« La «apture par nous ds 18 officiers et de 1,255 sol-
dats allemands lors de l'attaque et de la prise des tran-
chées ennemies signalées dans le communiqué du grand
état-major du 24 mars, a été relatée comme suit dans le
communiaué allemand « Dans un petit €ec-
teur de la courbe de notre front, au sud du lac Na-
» rotch, nous avons reculé de quelques centaines de
mètres vers les hauteurs .près du village de Bliznikl,
» afin de nous soustraire au feu concentré de l'en-
» nemi. » ] ̃̃̃
Sur le reste du front, jusqu'aux marais de,
Rakitno, violente canonnade et fusillade réci-
proques par endroits.
Au sud de Karpilovka, à l'ouest de Derajno,
l'ennemi a tenté une attaque que nous avons
repoussée par des feux de mousqueterie et de
lance-bombes.
[Derajno, en Volhynie, sur la Horyne, est sltu,ée au,
nord de la ligne Loutzt-Rovno.]
E?t Galicie, l'ennemi a attaqué une de nos
positions dans la région où la Slrypa se jette
dans le Dniester, mais il a été également re-
poussé par notre feu.
L'activité russe sur 1s front nord
Notre correspondant particulier de Petrograd nous té-
légraphie, à la date d'hier >
Les opérations sur le front nord du théâtre
russe continuent sans qu'il y ait lieu de noter dô
grands changements depuis ma dépêche d'hier,
sauf toutefois dans le rayon de Jacobstadt où l'ac-
tion s'est montrée plus particulièrement énergir!
que et où nos alliés, tout en fortifiant le terrain
déjà conquis, se sont emparés d'un nouveau point,
le village d'Epoukine. •̃̃•-
Les opérations actuelles sur le front russe, pré-
cédant l'époque prochaine de la fonte des neiges
pendant laquelle aucune action de grande enver-.
gure n'est' possible, no sauraient être envisagées
comme la grande offensive à laquelle se prépa-
rent tous les alliés.
En l'occurrence ces opérations -n'ont pour but
do la part des Russes que l'occupation de points
plus facilement défendables au moment du dégel.
Les attaques sont menées contre les hauteurs pos-
sédées par l'ennemi pour l'en déloger et s'y ins-
taller à sa place. Le besoin de cette tactique, de
ce passage de la plaine à la moindre colline, sa
faisait surtout sentir, dans les parages avoisinant
les -marécages de la Poliésie, dans les défilés des
lacs dont les noms sont revenus souvent ces jours-
ci et sur les rives de la Dvina. Nous avons vu que
jusqu'ici l'initiative de ces combats, forcément de
courte durée étant donn<5 les causes qui les moti-
vent, est restée à nos alliés et que l'offensive en-
treprise par eux s'est tournée à leur avantage,
notamment vers Jacobstadt où ils se sont rendus
maîtres d'une bande de territoire longuement
aménagée et fortifiée par l'adversaire. Il en va
ainsi d'ailleurs do toutes les positions conquises
par les Russes. Les Allemands auront passé leur
hiver à les mettre en état de résister aux inonda-
tions provoquées par la fonte des neiges, pour
faire profiter nos alîiés.de leurs -minutieux am-éi
nagements; r– C. R.
Au Caucase
COK9CVKJN9QUÉ OFFICIEL RUSSE
Petrograd, 26 mars.
Dans la région du Tchorokh supérieur, néléments progressent énergiquement, délogeant
les Turcs des hauteurs organisées au moyen de
plusieurs étages de tranchées.
Dans la région au sud-est de Bitlis, QOfl
troupes ont avancé considérablement.'
~«3s>
Bffi'Q-BNa I ÇSs> %& Ea» 1 a Eb® (Sa 'SI
Sur la frontière buîgaro-serbe
On mande de Salonique, le 26 mars
Tous les détacheman&s allemands et bulgares
qui s'étaient avancés en territoire hellénique ont
été repoussés au delà de la frontière, après di-
vers engagements.
Depuis l'avance des Français et l'occupation
des villages de la frontière par ceux-ci la se-
maine dernière, d'es escarmouches et des tirs in-
termittents ont eu lieu presque journellement;
en outre, l'activité aérienne a été plus grande des
deux côtés. Les Français occupent des positions
suffisamment fortes sur un terrain vallonné des
deux côtés du Vardar, là où la plaine de Guev-
ghe'li finit. La ville elle-même se trouve à portéa
des avant-postes français, et la gare a été bom-
bardée hier.
Aucune action d'infanterie n'a encore eu lieu,
à l'exception de celle où les Allemands ont été re-
poussés à Matchikovo. Les Allemands et les Bul-
gares ont maintenant traversé la frontière et ils
occupent les villages à l'est et à l'ouest des avant-
postes français, traitant les habitants comme des
ennemis, leur dérobant tout et les brutalisant.
En plusieurs cas, les représentants des autorités
grecques ont été bernés et les gendarmes battus.
Un aéroplane français, volant à une basse alti-
tude jeudi dernier au-dessus du lac de Doiran,
a eu la queue de son appareil coupée par un obus.
L'appareil est tombé dans le lac et les deux avia-
teurs ont été noyés.
Une esplosion à Viiin
On mande de Salonique
Un grand dépôt de munitions bulgare, situé
dans la région de Vidin, (sur la frontière serbo-
bulgare), a fait explosion.
Il y a 180 victimes, parmi lesquelles 30 morts.
FRO-NT ITALIEN
COMMUNIQUÉ OFFUCIEL.
'41
Rome, 26 mars.
La persistance des intempéries a entravfi
hier aussi l'activité de l'artillerie dans les zones
les plus élevées du théâtre des opérations.
Des actions d'artillerie de quelque impor-
tance ont eu lieu par contre sur l'Isonzo moyen,
entre Tolmino et Gorizia, sur le Carso, et contre
les batteries ennemies postées à proximité de
Duino.
Notre infanterie a continué avec intensité
ses travaux de renforcement et, à la faveur du
brouillard, a fait irruption en plusieurs endroits
dans les lignes ennemies; elle y a lancé des
bombes qui les ont endommagées.
HORS 9
En Egypte
L'extension de la zone des années
De notre correspondant du Caire _h,-
Les instructions spéciales édictées le 18 jan-<
vier 1916 à propos de la zone. du canal de Suez
sont applicables maintenant à la région où se
trouve le camp de Tell-el-Kébir. La zone des ar-
mées* qui partait de la station d'Abi-Sir com-
mencera désormais à celle d'Afoi-Hamad.
Le camp britannique de Tell-el-Kébir s'éten4
sur une longueur de près de cinq kilomètres sur
l'emplacement célèbre par la fuite d'Arabi pacha
en 1882. Il affecte la forme d'un quadrilatère al-.
longé de l'est à l'ouest le long de la voie ferrée.
Ea Syrie
Le contingent militaire
Diaprés des personnes récemment arrivées Û9
Syrie, les recrues militaires y auraient atteint
70,000 hommes. Un grand nombre d'entre elles
sont parvenues à éluder la surveillance militaire
et à fuir.
En présence de cette situation, les autorités mi-
litaires onf oublié -un avis déclarant «uo toute fa-
CINQUANTE-SIXIEME ANNEE. N8 19988
MARDI 28 M"ARS 191»
PRIX DE L'ABONNEMENT
IWf trnfff et SEME-rwiisr.. Trois mets, 14 tr.; six mois, sa tr.; ob «a, 53 f*,
̃ttABT* et AlSAO-loasAlHE.. 3.7 rr.; S4fr.| SSfr.
wnawrrAiE.. ̃ îBfr.; se fr.; van,
ies AsoiraEHBtrrs datent DES 1" ET t8 de cbaqce vois
Uu numéro (à Paris) ISS centimes
Directeur politique s Emile- Adrien Hébrard
"w"
SWk< le» lettres destinées à la Rédaction doivent être adressées an Dfreotew
JU Journal ne pouvant répondre des manuscrits communiqu44
prie les auteurs d'en garder copie
JUHIBSSE TÉLÉGRAPHIQUE TEMPS PA BIS
PRIX DE L'ABONNEMENT
TAElS,SEraE4tSKIHE-ET-0ISB. Trois moi», 14 t.; Six moi», 8B b.; 0n an, SS ft.
DÉPASTi-ntAlSiCB-IOERilHI. 17 fc.; 34 fr.; 68 t.
tHIOir POSTAIS lSfc.; 36 fr. 7Ste
LES ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 1C DE CHAQUE HOIS
Un numéro (départements) SO centimes
ANNONCES Société Générale DES ANNONCES, 8, place ds la Boturse.
Le Journal et les Régisseurs déclinent toute responsabilité quant à leur teneur
TÉMJPHOME CIIK9 XÏBMES
Gutenberg 03.07 03.08 03.09 03.32 03.83
-ou Paris, 21 mars
BULLETIN DU JOUR
LA CONFÉRENCE DES ALLIÉS
Ces toasts prononcés dimanche soir au dî-
ner -donné au ministère des affaires étrangères
en l'honneur des ministres italiens font ressor-
tir dans les termes les plus heureux le carac-
tère solennel, que les alliés entendent donner à
cette grande manifestation de solidarité poli-
tique. M. Briand a déclaré que dans la pour-
suite intensive de la guerre, l'unité de vues, de
but et d'action est la condition même du suc-
cès, le fondement le plus solide de notre réso-
lution de vaincre. Il a souligné que la présence
des représentants de l'Italie à Paris, qu'il s'a-
gisse de la conduite de nos entreprises mili-
taires ou navales ou de la lutte économique
contre l'ennemi commun» témoigne haute-
ment que tous nos efforts, si diversifiés et si
complexes qu'ils doivent être, obéissent à une
impulsion concertée. D'autre part, M. Salan-
dra, président du conseil d'Italie, a fixé nette-
ment l'attitude de l'Italie quand il a dit que les
'traditions*, les principes, les aspirations des peu-
,ples italien et français les appellent à défen-
dre, ensemble la cause de la justice, du droit,
du respect des petits Etats et de la rédemption
des nationalités opprimées. L'Italie restera fi-
'dèle à cette cause jusqu'à ce que la signature
de la paix en consacre le triomphe.
Cette manifestation de la solidarité franco-
italienne s fpréludé de la manière la plus heu-
reuse à la conférence des alliés, réunie aujour-
d'hui, et qui constitue un des événements les
plus considérables qui se soient produits, depuis
le début de la guerre. L'Allemagne ayant
échoué dans son attaque brusquée -et la vic-
toire française r de la Marne lui ayant enlevé
toute chance de réaliser son rêve de domina-
tion universelle, il s'agissait pour les alliés de
ramener, par l'usure de ses armes et l'épuise-
ment denses ressources, au point où il leur de-
venait possible de mettre le militarisme prus-
sien hors d'état de provoquer une seconde ca-
tastrophe européenne. C'est à cette phase, qu'on
peut.tenir pour décisive, que nous touchons ac-
tuéllement, et c'est à la préparer utilement que
travaille la çonférence.
La volonté des peuples alliés de poursuivre
la guerre jusqu'à sa conclusion logique s'affir-
ma comme inébranlable dès le premier jour,
car tous avaient conscience qu'il s'agissait de
sauver, avec leur propre existence indépen-
dante, le principe même du droit et de la liberté
du monde. Si des erreurs furent commises
et- on en commit de lourdes, dont les consé-
quences se firent cruellement sentir dans tous,
les domaines, c'est qu'on se trompa sur les
moyens réels de l'Austro-AUemagne et que,
d'autre part, on ne sut pas donner tout de
suite à l'action des alliés ce caractère d'unité
dans la conception et dans l'exécution qui s'im-
pose pour des opérations s'étendant à l'Europe
entière. La diffusion des ressources et des
efforts; la multiplicité des initiatives sans en-
tente préalable le. défaut de coordination minuy
tièuse.'de tous les moyens, ce furent là les véri-
tables causes de nos fautes. Ces fautes, il eu*
sans doute été très difficile de les éviter, étant
• donné les circonstances où la guerre s'est pro-
duite et la manière dont s'est constitué le
groupe des alliés. Alors que chez nos ennemis,
l'Allemagne seule "commande et utilise à son
-profit les -forces et les ressources de ses vas-
saux, les alliés collaborent sur la .base d'une
absolue égalité, tous étant animés du même
sentiment de respect pour la dignité et l'indé-
pendance d'autrui. Pour que leur coopération
diplomatique et militaire ait toute l'efficacité
désirable, il a fallu établir des contacts d'une
souplesse remarquable, concilier des intérêts,
unifier des buts, créer enfin cette atmosphère
dé solidarité qui- fait comprendre que chaque
effort doit tendre loyalement au. bien de tous,
parce que la victoire ne peut être que la vic-
toire pour tous.
L'Histoire, dira un jour ce qu'il a fallu de
bonne volonté réciproque, de généreuse abné-
gation et d'esprit de sacrifice pour constituer
.cette oeuvre d'union étroite, telle qu'elle existe
aujourd'hui, et comme nul, avant cette guerre,
n'eût pu supposer qu'il fût possible de la réali-
ser. Les allies, tous également résolus à vain-
cre, comprennent que la liaison absolue des
'opérations sur tous les fronts est la condition
sine quâ non de la solution victorieuse de la
guerre, et il est permis de dire que les déci-
sions qu'ils vont prendre fixeront le sort de
l'Europe. La plus puissante préparation mili-
taire qu'ait connue l'humanité est Complète-
ment achevée; toutes les ressources et -tous
les moyens sont réellement mis en valeur.
Les alliés peuvent donc établir pratiquement
îi n programme de guerre dont l'énergique
exécution hâtera dans les meilleures condi-
tions la fin du cauchemar qui pèse depuis
près de vingt mois sur le monde civilisé.
L'Allemagne n'ignore pas tout ce que cela
"remporte de dangers pour elle. C'est dans le
but d'écarter ou de retarder l'offensive simul-
tanée sur tous les fronts qu'elle a sacrifié en
.Tain ses meilleurs régiments dans une su-
prême tentative -pour rompre nos lignes. Elle
a voulu porter à la France un coup qu'elle
croyait devoir être décisif, parce que la France
est l'âme de la coalition et que c'est chez elle
Que s'élabore le plan par l'exécution duquel
les empires centraux seront vaincus. Que les
représentants des alliés confèrent à Paris pen-
dant que les armées impériales s'épuisent con-
tre nos positions de Verdun, c'est là un fait de
nature à impressionner profondément ceux
.qui observent avec attention le cours des cho-
ses. Il n'est pas moins impressionnant que
l'union étroite et la collaboration intime des
puissances liguées pour la défense du droit
s'affirment ainsi pleinement à l'heure où l'es-
prit public se -trouble en Allemagne par Tagi-
iation des grands partis et où toutes tes aspi-
rations populaires à une paix hâtive révèlent
la cruelle déception des Germains en présence
des résultats acquis après vingt mois de cam-
pagne et le sacrifice de millions d'hommes.
L'Austro-Allemagne, impuissante à obtenir
tme décision, vit dans l'attente du juste châti-
ment de ses crimes, et tandis que la conférence
actuellement réunie à Paris confirme les peu-
ples alliés dans la certitude dé leurvictoire pro-
chaine, elle fait comprendre à nos ennemis
que les armes ne seront point déposées avant
que là barbarie soit définitivement vaincue.
Le France entière salue avec émotion les re-
présentants des nations amies et alliées, qu'elle
sait animées des mêmes sentiments'qui l'exal-
tent jusqu'à l'héroïsme sublime, et elle ne doute
pas que les accords dont ils fixeront les bases s
seront les sûrs instruments de réparation pour
le droit violé.
«~_ «–
DÉPÊCHES TtLÉGBÂPHIQUES
CES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU ©EIWPS
Londres, 27 mars.
Sir Reginald Beade, secrétaire du ministre de
sa guerre, est promu commandeur de la Légion
d'honneur.
4 Rome, 27 mars.
Le commandant de !a garde palatine se trou-
vant en. désaçcérd sur des Questions de dissMiOfi.
a donné sa démission. Le; cardinal Gasparri a sou-
mis la-question au pape.,
Birmingham, 27 mars.
Le Datty Post a ouvert en faveur des réfugiés
de Verdun une souscription qui atteint déjà 3,931
-livres sterling..
Petrograd, 27 mars.
Le prince Koudaschef:' vient d'être nommé mi-
nistre plénipotentiaire de Russie en Chine.
Petrograd, 27 mars.
Le gouvernement a décidé, pour assurer l'ense-
mencement régulier et opportun des champs, d'at-
tirer pour les travaux de la campagne un million
et demi de réfugiés des régions occupées.
En outre il a décidé de renvoyer dans leurs foyers
dans le mémo but, à partir du 26 mars jusqu'au
5 mai, un certain nombre de mobilisés du front du
sud-ouest.
Genève, 27 mars.
Dans sa séance de samedi, 25 mars, le comité
de l'Association de la presse suisse s'est occupé du
cas de M. Froidevaux, le rédacteur du Petit Juras-
sien, condamné à treize mois de réclusion pour
prétendue « trahison ». Le comité de l'association
estime cette condamnation hors de toute pro-
portion avec la faute commise par le journaliste.
Il a jugé convenable d'attendre le prononcé de la
cour de cassation avant d'entreprendre des démar-
ches en vue d'une réduction de-peine.
L'Association de la presse neuchâteloise a pro-
testé, de même contre cette rigoureuse condam-
nation.
Copenhague, 27 mars.
D'après le correspondant à Bergen du Poliliken,
le gouvernement russe est sur le point d'acheter
les mines de charbon de l'Advent-Bay, au Spitzberg,
appartenant à une compagnie américaine. Le prix
d achat serait de 75 millions de francs. L'Etat russe
exploitera ces mines dans le but de se procurer des
approvisionnements pour le chemin de fer du Mur-
man et la station navale que l'on projette d'établir
la côte du Munnau.
la cOte dn Mnrmnn. Rabat, 27 mars.
Le général Lyautey et sa suite sont arrivés à
Rabat.
Le résident général a été reçu à l'ancienne mé-
dersa, nouvellement restaurée, par M. de Saint-Au-
kire, délégué général de la résidence, par les
membres du makhzen et les notabilités, et :1 a
été chaleureusement accueilli par la population.
Le pacha de Rabat a souhaité la bienvenue au
résident général qui a répondu en remerciant la
population indigène et -en exaltant l'héroïsme des
troupes marocaines qui combattent sur le front
français.
M. Petit, secrétaire du syndicat industriel et
commercial, a exprimé au général la joie de la po-
pulation de le voir de retour après une longue
absence pendant laquelle le Maroc a continué à
travailler en paix.
Le général Lyautey, dans une vibrante allocu-
tion, a parlé de la France dont la force s'affirme
devant Verdun; il a dit la certitude du succès
qu'il a acquise à Paris, et sur le front au milieu
des troupes et ill a exprimé sa confiance absolue
dans la victoire.
On confirme que l'agitateur Abdel Malek, aban-
donné par son entourage, a été victime d'une t..n-
tative d'assassinat.
Dans la région des Tadla,et des Zaïan des frac-
tions soumises attaquées par les Chleuhs les ont
repoussés, leur tuant des hommes et des chevaux.
Question de principes
Le Sénat vient de- nommer la commission
chargée d'examiner la proposition de M. Jé-
nouvrier, relative à la confiscation des biens de
ceux qui se sont enfuis ou sont restés à l'étran-
ger pour se soustraire à leurs obligations mi-
litaires en temps de guerre.
Est-il besoin de dire à quel point nous par-
tageons les sentiments d'indignation auxquels
a obéi l'honorable sénateur d'Illo-et- Vilaine ?
Il n'y' a pas de crime plus odieux que celui
des réfractaires et des insoumis qui, à cette
heure tragique, ont mis la frontière entre eux
et l'armée, où leur place était marquée. Un
châtiment est nécessaire. Celui auquel a songé
M. Jénouvrier peut-il, toutefois, être admis? La
confiscation, inapplicable aux non-possédants
et à ceux qui auraient eu l'art de mettre leurs
biens à l'abri, constitue une peine des plus
discutables, puisqu'une partie des coupables y
échapperait. Mais, de plus, n'est-il point dan-
gereux de rétablir dans nos codes toutes les
possibilités d'arbitraire que suppose l'idée
même de la confiscation?
Sous l'ancien régime, la confiscation pure et
simple, sans autre forme de procès, était une
mesure entièrement laissée au bon plaisir du
pouvoir royad. C'était le « fait du prmce ». Le
roi, étant considéré comme le suprême posses-
seur des biens de ses sujets, pouvait en dis-
poser à son gré. Il n'y avait point de limite à
l'autorité royale, cette autorité ayant abaissé, au-
tour d'elle toute prérogative rivale,en détruisant
toutes les souverainetés qui auraient pu lui faire
contrepoids. Sous l'ancien régime, dès le sei-
zième siècle, il n'y a qu'un seul souverain, unis-
sant, en droit et en fait, dans sa personne ré-
putée inviolable, sacrée, presque infaillible, la
« pleine puissance » et le « bon plaisir ». L'ins-
titution royale se fonde, au dix-septième siècle,
sur la théorie du « droit divin », fixée par Bos-
suet, avec une éloquence bien connue, en des
termes qui placent le roi au-dessus des hom-
mes, et lui permettent de disposer à son gré des
biens, de la liberté, de la vie de tous ceux qui
habitent son domaine.
L'illustre auteur du Discours sur l'Histoire
universelle s'exprime ainsi « Le prince, en
tant que prince, n'est pas regardé comme un
homme particulier: c'est un personnage pu-
blic tout l'Etat est en lui; la volonté de tout
le peuple est renfermée dans la sienne. Comme
en Dieu est réunie toute perfection et toute
vertu, ainsi toute la puissance des particuliers
est réunie en la personne du prince. Que Dieu
retire sa main, le monde retombera 'dans le
néant: que l'autorité cesse dans le royaume,
tout sera en confusion. »
Le pouvoir d'enquête, de juridiction et de
coercition du prince est sans limites: « A-t-il
pénétré l'intrigue, ses longs bras vont prendre
ses ennemis aux extrémités du monde; ils vont
les déterrer au fond, des abîmes. Il n'y a point
d'asile assuré contre une telle puissance. »
C'est bien ainsi que Louis XIV entendait
l'exercice de son pouvoir sans contrôle et sans
frein, lorsque, rédigeant pour le dauphin, hé-
ritier du trône, un testament politique qu'il a
écrit sans réticence et non sans grandeur, il di-
sait « Tout ce qui se trouve dans l'étendue de
nos Etats nous appartient au même titre. Les
deniers qui sont dans notre cassette, ceux qui
demeurent entre les mains des trésoriers et
ceux que nous laissons dans le commerce de
nos peuples doivent être également ménagés.
Vous devez donc être persuadé que les rois sont
seigneurs absolus, et ont naturellement la dis-
position pleine et libre de tous les biens qui sont
possédés aussi bien par les gens d'Eglise que
par les séculiers, pour en user en tout temps
comme de sages économes. ».
Ces principes, au temps où ils furent appli-
qués, n'étonnaient personne. Si le duc de Saint-
Simon, dans ses terribles Mémoires, fulmine
contre les excès d'un pouvoir démesuré, il a
soin d'attribuer exclusivement à la fantaisie
des ministres, qui distribuent à tort et à travers
les honneurs et les titres, les punitions et les
récompenses, la responsabilité des abus qu'il
dénonce et qu'il déclare commis « à l'insu »;
du souverain dont le recours peut toujours être
invoqué par les victimes d'une administration
tyrannique. En vertu de la confiscation, une
tolérance, une faveur, une grâce, se trouvaient
simplement retirées par le, maître des Ber-
sonnes et des biens. i
Aujourd'hui que des principes tout autres
dominent la Constitution et nos lôîfe", comment
des sanctions pénales pourraient-elles consister
dans l'attribution à l'Etat d'un certain nombre
de biens meubles cl immeubles, pris aux in-
dividus, sans égard au droit des familles? Ce
serait risquer d'atteindre tout à la fois l'e prin-
cipe de la propriété et le principe d'hérédité.
Qu'on y prenne garde non seulement la pro-
position manquerait son but, mais elle serait
de nature à remettre en question quelques-unes
des conquêtes essentielles de la Révolution.
Celle-ci on l'oublie parfois au cours des
improvisations parlementaires de l'heure pré-
sente nous a donné des codes où sont appli-
qués les principes qu'il importe de défendre
au nom des libertés de la France moderne.
En y demeurant fidèile, on sera sûr de se pla-
cer au-dessus des intérêts et des passions qui
naissent, au jour le jour, de la complication'
des événements politiques. Ces codes, où les
articles de la loi civile et de la loi pénale ont
été formulés par des patriotes ardents, four-
nissent tous les moyens de poursuivre et de
punir ceux qui ne, font pas leur devoir envers
la patrie. Il suffit de s'y référer pour trouver
des armes efficaces et légales contre les crimes
que l'honorable sénateur d'Ille-et-Vilaine veut,
avec tant de raison, voir poursuivre et châtier.
L'APPRENTISSAGE D'UN HÉROS
C'était pendant l'automne de l'année 1870, au
moment où la Délégation de Tours, sous l'active
impulsion de Gambetta et de M. de Freycinet, or-
ganisait la défense hatibimie dans l'ouest, en for*,
mant l'armée de la Loire. Les Tourangeaux pou-
vaient voir, chaque matin, sous les arbres du bou-
levard Béranger, à Tours, plusieurs compagnies
de volontaires étrangers qui faisaient l'exercice.
Venus de Belgique, de Serbie, d'Italie, d'Irlande ou
de Pologne, ces jeunes et vaillants soldats du
5° bataillon de la légion étrangère avaient voulu
combattre sous nos drapeaux.
Parmi les instructeurs du bataillon des légion-
naires étrangers se trouvaient plusieurs officiers
français qui avaient enseigné à Saint-Cyr e*t qui
avaient connu notamment, en 1862,' tous les élèves
de la promotion de Puebla. L'un d'eux crut recon-
naître dans la personne d'un jeune volontaire aux
traits énergiques et fins une figure bien connue,
très aimée des saint-cyriens de cette promotion
déjà lointaine. Il dit à ses voisins de table, au
mess
Je parie que c'est Pierre Kara!
Kara. C'était le nom familier, le diminutif af-
fectueux par lequel on avait coutume de désigner
jadis au collège Sainte-Barbe, au lycée Louis-le-
Grand à l'Ecole militaire de Saint-Cyr, le bon ca-
marade Pierre Karageorgevitch, le petit-fils de
l'héroïque Karageorge; l'héritier du libérateur de
la Serbie.
Renseignements pris et vérification faite, c'était
bien Pierre Karageorgevitch qui s'était engagé au
service de la France. -Incognito, sans même récla-
mer le grade auquel lui donnait droit sa qualité
d'ancien élève de Saint-Cyr, il avait simplement
demandé un fusil pour défendre une terre qu'il
considérait comme sa seconde patrie. Il fallut in-
sister, vàinore la plus noble modestie, recourir à
l'enthousiaste sympathie de ses compagnons d'ar-
mes pour lui faire accepter, tout de' suite; un ga-
lon de sous-lieutenànt qu'il'voulait gagner sur le
champ de 'bataille. »
L'occasion de se battre pour la France et pour la
liberté s'offrit' bientôt à la juvénile ardeur du
sous-lieutenant Pierre Karageorgevitch. Les Ba-
varois attaquaient Orléans. Ce fut une longue et
dure bataille, sous une pluie glaciale. Le grand-
duc de Mecklembourg disposait de 36,312 baïon-
nettes, de 9,190 sabres, de 208 canons. Les Hessois,
poussant des hourras en l'honneur de Frédéric-
Charles, accouraient côte à côte avec les régiments
silésiens, hussards, cuirassiers, uhlans de Stol-
berg. Le 3 décembre, Frédéric-Charles expédia au
grand-duc, dès la première heure de l'après-midi,
un ordre ainsi conçu '« Le but à atteindre au-
jourd'hui par le 9° corps est de s'emparer du vil-
lage'de Chevilly et du saillant du bois à l'est de
Chevilly, après une préparation suffisante-de son
attaque par l'artillerie. Les 17° et 22° divisions
enlèveront le château de Chevilly, ainsi que le sail-
lant du bois au sud du village et s'y maintiendront
énergiquement. Si le jour ne suffit pas, on pro-
cédera à des attaques de nuit. »
Cette journée fut mauvaise pour les Allemands.
Le général Stosch vint dire à Frédéric-Charles
les inquiétudes que lui causait l'éventualité d'une
attaque d'infanterie. Ses deux divisions, très
éprouvées dans les combats de la veille, avaient
perdu chacune plus d'un millier d'hommes. Les
Bavarois avaient été vivèment bousculés à Beau-
villiers, à Goury par la division Jauréguiberry, qui
repoussa l'ennemi jusqu'à Loigny, où une petite
troupe héroïque, sous les ordres de Sonis et de
Charette, se battit dans la neige avec une téna-
cité dont l'Histoire a consacré le souvenir.
Frédéric-Charles, jugeant sa situation critique,
quitta le champ de bataille et dicta, dans son can-
tonnement d'Artenày, un contre-ordre dont le
porteur fut un officier de liaison nommé Haese-
ler, celui-là même qui est devenu feld-maréchal,
gouverneur de Metz, et qui, dit-on, est un des con-
seillers techniques du kronprinz.
La manœuvre ordonnée par Moitié, au lende-
main de Champigny, consistait à encercler, selon
les règles de la méthode chère à l'état-major alle-
mand, notre armée de la Loire, disposée sur un
front qui s'étendait de Coulmiers à Beaune-la-
Rolande. Cette tentative, menée avec de grandes
ressources d'hommes et de matériel, et par un
chef peu ménager du sang de ses soldats, devait
coûter cher au roi de Prusse. Elle échoua, grâce
à la clairvoyance décisive du général Chanzy, qui
commandait déjà trois corps d'armée et qui se
signala, dans ces circonstances difficiles, par des
talents militaires dont l'évidence le porta d'em-
blée au plus, haut degré du commandement.
C'est ainsi que le prince Karageorgevitch a fait
ses premières armes sous nos drapeaux menacés.
Il fut notre ami des mauvais jours. Dans cette
rude campagne d'hiver, le futur roi de la Serbie
héroïque et martyre aurait pu apprendre, s'il no
l'avait su déjà d'instinct et d'intuition, comment,
pour les nations et pour les hommes, l'invinci-
ble volonté de ne pas mourir défie toutes les
puissances de mort et résiste à toutes les ri-
gueurs du destin, en opposant la constance d'une
grande âme aux coups de la fortune adverse.
Son souvenir est demeuré vivant aux environs
des champs de bataille où il a fait ses débuts de
soldat et de chef. Nous en trouvons le touchant
témoignage dans une lettre, écrite naguère par
une bonne Française de l'Orléanais, Mme Baillon-
Barbier, de Saint-Jean-de-la-Ruelle, qui raconte
comment, au milieu d'un sanglant combat, il fail-
lit être fait prisonnier par les Prussiens, et se
jeta résolument à la nage, dans la Loire, où ses
ennemis, qui croyaient l'avoir cerné, n'osèrent
pas'le poursuivre. Il fut logé, pendant dix jours,
à Salbris, chez Mme Baillon-Barbier, qui donne
un détail familier et touchant « Le prince s'a-
musait souvent à jouer des airs de sa patrie sur
notre petit harmonium. »
Poète et soldat. Ces deux traits achèvent de
résumer la haute et attachante figure de ce héros
historique et déjà, légendaire. Et nous compre-
nons mieux, après avoi'r évoqué les images de
l'Année terrible, ces paroles que'le prince régent
de Serbie prononçait l'autre jour avec un émou-
vant accent de .piété filiale, et qui ont profondé-
ment touché le oœur de la France « S. M. le roi,
mon père, m'a fait aimer la France dès mon ber-
ceau. H a connnuaiaui ses sentiments aux c.lus
jeuii~F,
le monde par leur courage n'ont pas d'admirateur
plus affectueux que le combattant, de 1870 dans
l'armée de la LoiTe. » G. D.
Six cent-deuxième jour
LA GUERRE
LA SITVATWN MILITAIRE
Aucune action d'infanterie au nord de Ver-
dun, mais bombardement très violent de nos
lignes à l'ouest de la Meuse, intermittent à l'est
et en Woëvfe; l'ennemi réparc-t-il ses forces
avant de se livrer à de nouveaux assauts, ou
bien cette canonnade déguise-t-elle l'abandon
de cette offensive qui lui a déjà coûté si cher,
sans aboutir à un résultat réel? On ne saurait
rien affirmer, mais la seconde hypothèse peut
être envisagée parce que les agences alle-
mandes s'étendent longuement sur les effets de
cette canonnade. Le feu de l'artillerie allemande
est effrayant, disent-elles; les Français sont
fauchés par rangs entiers dans leurs tran-
chées elles osent même raconter que nos
comptes rendus font ressortir le chiffre extra-
ordinaire de nos pertes en officiers. Leurs cor-
respondants ne manquent, pas de parler des
forts qui sont détruits par les 420; ils ont même,
vru$8ffiitHt la les énormes jets de flammes
des dépôts de munitions qui font explosion.
Notre population a perdu toute confiance, elle
est consternée par les événements de Verdun;
son état d'esprit est tel que les églises sont
remplies, nuit et jour, d'uné foule en prières.
Les produits alimentaires les plus indispen-
sables nous font défaut; les agences en don-
nent comme preuves indiscutables des désor-
dres qui se seraient produits en Dordogne.
On ne peut guère s'expliquer de pareilles
fables que par la nécessité de soutenir coûte
que coûte le moral de l'Allemagne qui doit
commencer à s'inquiéter de ne pas voir aboutir
cette bataille où on lui avait fait entrevoir un
acheminement rapide vers la fin de la guerre,,
et où ses soldats sont tombés en grand nombre
pendant trente jours, sans que la situation se
soit le moins du monde modifiée.
Le terrain au nord de Verdun est si favo-
rable à une défense pied à pied, que nous pou-
vons attendre, sans inquiétudes. de nouveaux
assauts.
Nous n'avons pas à signaler de changement
important sur le front russe; dès combats con-
tinuent à être livres entre les lacs Narotch' et
VischnevsKa, région qui est le point,princi-
pal de la bataille livrée par nos alliés. Leur
offensive va mévitaMeœenï subir un ralentis-
sement pendant quelques semaines au moment
de la fonte des neiges, après laquelle les opéra-
tions de grande envergure auxquelles ils se
préparent pourront être • commencées sur tout
leur front.. Cette prise de contact énergique
avec l'ennemi facilitera le début de ces opé-
rations et permettra aux Russes d'empêcher
les Allemands de profiter du dégel pour trans-
porter une partie de leurs forces du front orien-
tal vers la France. Ce déplacement de forces
restera cependant une éventualité possible et
la canonnade de Verdun n'a peut-être pour but
que de nous immobiliser jusqu'au moment où
l'ennemi aura reçu des renforts lui donnant la
possibilité de reprendre une offensive sur un
point quelconque de notre front.
LA SITUATION DIPLCMATIÛVS
< ̃• ̃
La presse allemande s'efforce d'exploiter
bruyamment l'arrangement intervenu avec la
Roumanie pour la vente aux empires centraux
de 140,000 wagons de'céréales, à livrer à la fin
de l'été. Elle voudrait faire croire que cette opé-
ration, au sujet de laquelle on observe la plus
grande réserve à Bucarest, est de nature à in-
fluer sur l'attitude générale de la Roumanie,
ou du moins à la compromettre aux yeux des
puissances de l'Entente. C'est évidemment la
même préoccupation qui fait exploiter avec non
moins d'obstination par la presse ennemie le
soi-disant accord commercial en préparation
entre la Roumanie et la Bulgarie et pour lequel
le ministre de Roumanie à Sofia aurait reçu de
son gouvernement de pleins pouvoirs. Il con-
vient de ne pas attacher à ces -informations
l'importance que. l'Austro-Allemagne, dans un
but facile à comprendre, voudrait leur donner.
L'attitude de la Roumanie, en ce qui con-
cerne le conflit européen, ne peut dépendre
d'une opération purement commerciale, comme
celle de la vente de quelques milliers de wagons
de céréales. Ce sont des intérêts infiniment su-
périeurs, portant sur tout l'avenir du pays et
résumant les plus claires aspirations nationa-
les, qui détermineront l'action roumaine le jour
où elle s'affirmera franchement. Les Roumains
savent qu'une grande Bulgarie, dont la prépon-
dérance serait absolue dans les Balkans, consti-
tuerait une menace permanente à leur propre
existence indépendante et fausserait irrémé-
diablement leur xôle historique dans cette par-
tie de' l'Europe. Ce n'est pas avec des accords
commerciaux essentiellement temporaires Il
comme celui dont il s'agit qu'un rapproche-
ment bulgare-roumain peut s'établir sur des
bases durables. On ne l'ignore pas à Sofia, et
les mesures militaires prises du côté de'la fron-
tière roumaine prouvent suffisamment que
toutes les défiances subsistent de part et d'au-
tre.
La propagande austro-allemande cherche, de
môme, à exploiter la situation de fait qui existe
en Grèce et qui donne lieu à des incidents hau-
tement regrettables que les autorités helléni-
ques ne. mettent pas toujours toute la bonne
volonté désirable à prévenir ou à régler. Un
gouvernement et un Parlement qui ne repré-
sentent pas la volonté nationale avec toute l'au-
torité que seule peut leur assurer une consulta-
tion sincère du pays ne sauraient, de leur pro-
pre initiative, modifier le cours logique des cho-
ses quand les destinées du peuple sont en cau-
se. En procédant, par voie de congés, à une dé-
mobilisation partielle de l'armée et en retirant
les forces grecques de la région frontière où les
Bulgares et les Allemands se proposent d'o-
pérer, on a donné au peuple grec le vif senti-
ment du péril créé par' la politique- d'atermoie-
ments. La Nea llellas constate avec amertume
que les Bulgares, « par tous méprisés et hais »'
occupent des villages grecs et qu'ils modifient
à leur guise la frontière, obligeant des popula-
tions grecques à quitter leurs foyers. Malgré
toutes les assurances officielles, ce fait révèle
aux Hellènes la gravité de la situation, et réveil-
lant en eux l'esprit national, il leur fait com-
prendre le caractère monstrueux des complai-
sances qui tendraient à faciliter la tâche de
ceux que le roi Constantin lui-même a Qualifiés
d' « ennemis héréditaires ̃»«.'
C01KUHIQUÊ OFFICIEL DU 26 MARS
;`; w
Onze heures soir
L4 aArgonne, concentration de feux sur les
nœuds de communication en arrière du front
ennemi. Nous, avons bombardé des convois de
ravitaillement au nord d'Apremont.
A l'ouest de la Meuse, bombardement violent
entre le village et le bois de Malancourt et sur
nos positions de deuxième ligne. Aucune ac-
tion d'infanterie. A l'est de la Meuse et en Woë-
vre, canonnade intermittente. Notre artillerie
s'est montrée très active sur tout l'ensemble du
front, notamment dans la région de Grimau-
court, où un tir de nos batteries a provoqué
plusieurs explosions, et dans la région de Har-
ville où nous avons dispersé un important
convoi.
A l'ouest de Pont-à-Mousson, un tir de nos
canons de tranchées dirigé sur des abris alle-
mands a détermine l'explosion d'un dépôt de
grenades. Bombardement de la gare de Vi-
gneulles-les-Hattonchàtel par nos pièces à lon-
gue portée.
Dans les Vosges, activité de notre artillerie
sur les organisations allemandes de la vallée
de la Fecht.
»
COSIfflUHIQUÉ OFFiCIEL BRITAHSI&UE DU 26 MARS
Hier, près de Givenchy, l'ennemi a fait éclater
une mine qui n'a causé que des dégâts insigni-
fiants.
Hier, de grand matin, les Allemands ont fait
sauter, près de Neuville-Saint- Vaast, une mine
dont ils ont occupé l'entonnoir; notre contre-
attaque a enlevé l'entonnoir, mais elle a été
plus tard repoussée par les grenadiers ennemis.
Aujourd'hui, nos lance-bombes et nos grena-
des ont été actifs à la redoute et aux carrières
Hohenzollern.
L'ennemi a bombardé Kruisstraat, Hosk,
Saint-Jean, le voisinage de Loos, la crête de
Lorette et Vaux. Nous avons riposté en faisant
sauter un dépôt de munitions près de Oost-
Taverne.
Un de nos avions, qui s'est élevé hier, n'est
pas revenu.
»
CQRIBUHIQUÉ OFFICIEL BELGE DU 2S MARS
Actions d'artillerie réciproques sur le front
de l'Yser.
LA GUERRE AÉRIENNE
{Officiel). Dimanche matin, un de nos
pilotes a abattu un avion allemand qui est
tombé près de nos lignes dans la région de
Douaumont.
Un raid d'avions anglais
sur la côte allemande
L'amirauté .britannique a communiqué hier soir la
note suivante
Une attaque par hydroplanes anglais a été
effectuée hier matin contre les hangars à Zep-
pelins à l'est de l'île -de Sylt (Slesvi,g-Hol-
stèin). Les hydroplanes furent convoyés jus-
qu'au point de rendez-vous près de la côte al-
lemande par une escorte de croiseurs légers et
de destroyers, sous le commandement du com-
modore Tyrwhitt. Trois des hydroplanes qui
prirent part à l'attaque sont manquants.
Les contre-torpilleurs anglais Médusa et La-
verock sont entrés en collision et l'on craint
que par suite de la tempête qui sévissait la
nuit dernière, la Médusa ne soit perdue, mais
l'on n'a aucune crainte au sujet du sort de son
équipage.
Deux patrouilleurs armés allemands ont été
coulés par nos destroyers.
Aucun rapport détaillé n'a encore été reçu,
mais, d'après les informations de la presse da-
noise, il semble que cette opération effeotuée
dans les eaux ennemies ait atteint son objet.
Des dépêches de Copenhague disent que cinq
aéroplanes anglais ont, lance des bombes sur
Tondern et que deux chalutiers allemands ont
été coulés en dehors du port de Sylt; leurs noms
sont Braunschweig et Otto-Rudolf. Le premier
jaugeait 252 tonnes et le second 222 tonnes.
[L'Ile de Sylt, qui forme une étroite bande de terre
sur la plus grande partie de sa longueur, s'étend du
nord au sud sur une longueur de 20 milles presque pa-
rallèlement à la côte du Slesvig, dont elle est séparée
par un bras de mer d'une largeur variant de 7 à
15 milles. En face, sur la côte, est la ville de Hoyer, tête
d'une ligne de chemin de fer passant directement de la
côte ouest à la côte est du Slesvig et aboutissant à Gra-
venstein, sur le petit Belt. Cette ligne coupe la grande
ligne de chemin de fer partant d'Esbjerg (Danemark)
et suivant la côte occidentale, au point d'intersection de
la ville de Tondern, où vraisemblablement se trou-
vent des hangars à Zeppelins la ville par elle-même a
une certaine importance en raison du croisement des
ligjes de chemins de fer.]
FRONT RUSSE
COMMUNIQUÉ OFFICIEL. RUSSE
Petrograd, 26 mars.
Dans la région de Riga, l'artillerie allemande
a bombardé Schlock et la tête de pont d"Ux-
kull.
Dans le secteur de Jacobstadt, les Allemands
ont pris l'offensive dans la région du chemin
de fer de Mitau, mais ils ont été repousses par
notre feu.
Violent feu d'artillerie dans quelques autres
points de ce secteur.
A l'ouest de Dvinsk, nos troupes se sont em-
parées d'une tranchée ennemie et ont fait des
prisonniers.
Dans la région ais nord-ouest de Postavy et
entre les lacs Narolch et Vischnef, des combats
acharnés continuent.
[Le grand état-major russe communique simultané-
ment la note suivante
« La «apture par nous ds 18 officiers et de 1,255 sol-
dats allemands lors de l'attaque et de la prise des tran-
chées ennemies signalées dans le communiqué du grand
état-major du 24 mars, a été relatée comme suit dans le
communiaué allemand « Dans un petit €ec-
teur de la courbe de notre front, au sud du lac Na-
» rotch, nous avons reculé de quelques centaines de
mètres vers les hauteurs .près du village de Bliznikl,
» afin de nous soustraire au feu concentré de l'en-
» nemi. » ] ̃̃̃
Sur le reste du front, jusqu'aux marais de,
Rakitno, violente canonnade et fusillade réci-
proques par endroits.
Au sud de Karpilovka, à l'ouest de Derajno,
l'ennemi a tenté une attaque que nous avons
repoussée par des feux de mousqueterie et de
lance-bombes.
[Derajno, en Volhynie, sur la Horyne, est sltu,ée au,
nord de la ligne Loutzt-Rovno.]
E?t Galicie, l'ennemi a attaqué une de nos
positions dans la région où la Slrypa se jette
dans le Dniester, mais il a été également re-
poussé par notre feu.
L'activité russe sur 1s front nord
Notre correspondant particulier de Petrograd nous té-
légraphie, à la date d'hier >
Les opérations sur le front nord du théâtre
russe continuent sans qu'il y ait lieu de noter dô
grands changements depuis ma dépêche d'hier,
sauf toutefois dans le rayon de Jacobstadt où l'ac-
tion s'est montrée plus particulièrement énergir!
que et où nos alliés, tout en fortifiant le terrain
déjà conquis, se sont emparés d'un nouveau point,
le village d'Epoukine. •̃̃•-
Les opérations actuelles sur le front russe, pré-
cédant l'époque prochaine de la fonte des neiges
pendant laquelle aucune action de grande enver-.
gure n'est' possible, no sauraient être envisagées
comme la grande offensive à laquelle se prépa-
rent tous les alliés.
En l'occurrence ces opérations -n'ont pour but
do la part des Russes que l'occupation de points
plus facilement défendables au moment du dégel.
Les attaques sont menées contre les hauteurs pos-
sédées par l'ennemi pour l'en déloger et s'y ins-
taller à sa place. Le besoin de cette tactique, de
ce passage de la plaine à la moindre colline, sa
faisait surtout sentir, dans les parages avoisinant
les -marécages de la Poliésie, dans les défilés des
lacs dont les noms sont revenus souvent ces jours-
ci et sur les rives de la Dvina. Nous avons vu que
jusqu'ici l'initiative de ces combats, forcément de
courte durée étant donn<5 les causes qui les moti-
vent, est restée à nos alliés et que l'offensive en-
treprise par eux s'est tournée à leur avantage,
notamment vers Jacobstadt où ils se sont rendus
maîtres d'une bande de territoire longuement
aménagée et fortifiée par l'adversaire. Il en va
ainsi d'ailleurs do toutes les positions conquises
par les Russes. Les Allemands auront passé leur
hiver à les mettre en état de résister aux inonda-
tions provoquées par la fonte des neiges, pour
faire profiter nos alîiés.de leurs -minutieux am-éi
nagements; r– C. R.
Au Caucase
COK9CVKJN9QUÉ OFFICIEL RUSSE
Petrograd, 26 mars.
Dans la région du Tchorokh supérieur, n
les Turcs des hauteurs organisées au moyen de
plusieurs étages de tranchées.
Dans la région au sud-est de Bitlis, QOfl
troupes ont avancé considérablement.'
~«3s>
Bffi'Q-BNa I ÇSs> %& Ea» 1 a Eb® (Sa 'SI
Sur la frontière buîgaro-serbe
On mande de Salonique, le 26 mars
Tous les détacheman&s allemands et bulgares
qui s'étaient avancés en territoire hellénique ont
été repoussés au delà de la frontière, après di-
vers engagements.
Depuis l'avance des Français et l'occupation
des villages de la frontière par ceux-ci la se-
maine dernière, d'es escarmouches et des tirs in-
termittents ont eu lieu presque journellement;
en outre, l'activité aérienne a été plus grande des
deux côtés. Les Français occupent des positions
suffisamment fortes sur un terrain vallonné des
deux côtés du Vardar, là où la plaine de Guev-
ghe'li finit. La ville elle-même se trouve à portéa
des avant-postes français, et la gare a été bom-
bardée hier.
Aucune action d'infanterie n'a encore eu lieu,
à l'exception de celle où les Allemands ont été re-
poussés à Matchikovo. Les Allemands et les Bul-
gares ont maintenant traversé la frontière et ils
occupent les villages à l'est et à l'ouest des avant-
postes français, traitant les habitants comme des
ennemis, leur dérobant tout et les brutalisant.
En plusieurs cas, les représentants des autorités
grecques ont été bernés et les gendarmes battus.
Un aéroplane français, volant à une basse alti-
tude jeudi dernier au-dessus du lac de Doiran,
a eu la queue de son appareil coupée par un obus.
L'appareil est tombé dans le lac et les deux avia-
teurs ont été noyés.
Une esplosion à Viiin
On mande de Salonique
Un grand dépôt de munitions bulgare, situé
dans la région de Vidin, (sur la frontière serbo-
bulgare), a fait explosion.
Il y a 180 victimes, parmi lesquelles 30 morts.
FRO-NT ITALIEN
COMMUNIQUÉ OFFUCIEL.
'41
Rome, 26 mars.
La persistance des intempéries a entravfi
hier aussi l'activité de l'artillerie dans les zones
les plus élevées du théâtre des opérations.
Des actions d'artillerie de quelque impor-
tance ont eu lieu par contre sur l'Isonzo moyen,
entre Tolmino et Gorizia, sur le Carso, et contre
les batteries ennemies postées à proximité de
Duino.
Notre infanterie a continué avec intensité
ses travaux de renforcement et, à la faveur du
brouillard, a fait irruption en plusieurs endroits
dans les lignes ennemies; elle y a lancé des
bombes qui les ont endommagées.
HORS 9
En Egypte
L'extension de la zone des années
De notre correspondant du Caire _h,-
Les instructions spéciales édictées le 18 jan-<
vier 1916 à propos de la zone. du canal de Suez
sont applicables maintenant à la région où se
trouve le camp de Tell-el-Kébir. La zone des ar-
mées* qui partait de la station d'Abi-Sir com-
mencera désormais à celle d'Afoi-Hamad.
Le camp britannique de Tell-el-Kébir s'éten4
sur une longueur de près de cinq kilomètres sur
l'emplacement célèbre par la fuite d'Arabi pacha
en 1882. Il affecte la forme d'un quadrilatère al-.
longé de l'est à l'ouest le long de la voie ferrée.
Ea Syrie
Le contingent militaire
Diaprés des personnes récemment arrivées Û9
Syrie, les recrues militaires y auraient atteint
70,000 hommes. Un grand nombre d'entre elles
sont parvenues à éluder la surveillance militaire
et à fuir.
En présence de cette situation, les autorités mi-
litaires onf oublié -un avis déclarant «uo toute fa-
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