Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1916-03-29
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Description : 29 mars 1916 29 mars 1916
Description : 1916/03/29 (Numéro 19989). 1916/03/29 (Numéro 19989).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
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MERCREDI 29 MARS 19«t»
CINQUANTE-SIXIEME ANNEE. N" 19989
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BiPAKT'-etALSàCE-LOREAIHE. XV fr.; 34 fr.; 68 fr.
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LES ABOHKHMENTS DATENT DES 1" ET «0 DE CUAQUE MOIS
Un numéro (départements), 20 centimes
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Un numéro (à Paris) 1 Si centimes
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5
;T^XBPB»KE CIH9 I1CMB8 •
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prie les auteurs d'en garder copie
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DERNIÈRES HQV VEJLL.ES
.1 Paris, 28 mars
BULLETIN DU JOUR
LA FISSURE DE L'UNION ALLEMANDE
H y a une fissure dans l' « union sacrée »
allemande. Vingt mois d'efforts au bout des-
quels le peuple germanique n'aperçoit que
(de nouveaux sacrifices en face de chances
de victoire de moins en moins grandes ont
'ébranlé la confiance teutonne. Paris, Londres,
Petrograd, la paix triomphante, les terres nou-
velles et les richesses convoitées, toutes ces pro-
messes qui avaient affolé la nation de proie
s'éloignent et se dissipent comme des mirages.
L'armée s'épuise. De furieuses et meurtrières
attaques accumulent les hécatombes et restent
sans résultat. Dans les villes allemandes, les
femmes stationnent durant de longues heures
devant les boutiques pour obtenir à des prix
•'élevés la viande, le beurre, le pain et tous ces
produits alimentaires que le rationnement at-
tribue parcimonieusement, à la population ci-
vile. Les ouvriers souffrent. Seuls les riches
peuvent se procurer les produits nécessaires.
Le nombre de ceux qui ont faim croit chaque
jour et le mécontentement s'étend. go fidèle
Le parti socialiste a donné une image fidèle
du désenchantement progressif des masses teu-
tonnes. Le 4 août vlW4 les.J.10 représentants de
'la Sozialdemokratie au Reichstag, par l'organe
de leur président, M. Haase, le chef de la scis-
sion actuelle, s'associaient publiquement à l'en-
treprise de conquête du gouvernement. Au
nom de son parti, M. Haase lut à la tribune la
déclaration que l'on connaît en faveur des cré-
dits pour la guerre, manifestement agressive,
que l'Allemagne avait résolue et préparée de
longue main. Les raisons données par le gou-
vérnement, quoique contraires à toute vérité et
même à toute vraisemblance, furent jugées sa-
tisfaisantes par les socialistes comme par. tous
les autres partis. Mi de Bethmann-Hollweg
affirmait que les Russes et les Français avaient
franchi la frontière avant toute déclaration de
"guerre. Le mensonge était flagrant, mais per-
sonne ne le releva, pas plus qu'aucune voix ne
s'éleva contre la cynique explication de la vio-
lation de la neutralité belge. On croyait alors
à de promptes et faciles victoires. Le courant
belliqueux emportait les masses, et M. Haase
disait, aux acclamations unanimes de tous les
'députés présents, sans .distinction de parti
;« Nous n'avons. plus à nous prononcer pour ou
«ontre la guerre, mais sur les moyens indispen,-
sables à la défense du pays, et nous devons
penser à ces millions d'hommes qui, sans leur
faute, sont impliqués dans le conflit. »
.Les batailles de la Marne et de l'Yser, les
teffets du blocus introduisirent les premiers,
idpu-tes dans l'esprit des masses allemandes, et
le manifeste des trois au mois de juin 1915 ré-
ïvé/îa publiquement l'inquiétude d'une partie des
Épciàiîsïèé' allemands. M. Liëbknée'ht, dé soif1
«été, srorina le réveil, et la" population ouvrière
,se montra de plus en plus divisée sur' la ques-
tion de la guerre, tandis; que ses élus, dans les
'Diètes des Etats confédérés, à la Chambre prus-
sienne, et enfin au Reichstag, exposaient ses
[réclamations et aussi ses vcbux. Le gouverne-
ment réussit à' maintenir sous son influence la
majorité des représentants du parti et son
jcomité directeur. Ces socialistes ont même
fait récemment le jeu de M. de Bethmann-
Hollweg pour le débarrasser d'un discussion
'publique sur l'épineuse question de la guerre
̃sous-marine. Le servilisme gouvernemental de
la majorité du groupe des sozialdemokrates,
l'impérialisme de Scheidemann et de ses amis
hâtèrent la scission. Le discours de M. Haase,
dans la séance de vendredi dernier, amena la
Réparation définitive et la. minorité se constitua
en une groupe. distinct. ̃
M. Haase a traduit le désenchantement d'une
partie des masses allemandes en osant, pour
^a, première fois, proclamer à la tribune que
i'Àllemagne « exécrait » la guerre parcs
qu' « en dépit, de tous ses succès, elle ne pou-
vait espérer 'qu'une paix où il n'y aurait ni
vaincus ni vainqueurs ». Les réunions socia-
Jistes qui ont protesté contre ;lés nouveaux im-
pôts pensaient vraisemblablement de même
lorsqu'elles votaient des résolutions disant que
{« l'Allemagne ne pouvait pas compter qu'à ]a
Mn de la guerre il lui serait accordé une indem-
nité ». Les sanglantes et infructueuses batailles
Verdun commencent à dessiller les yeux
des masses teutonnes, et aux menées annexion-
nistes des pangermanistes dix-huit députés so-
jciaîistes groupés autour de M: Haase répondent
jgn élevant des doutes sur la victoire elle-même
La minorité socialiste qui vient de se consti-
tuer dans un groupe à part ne trouve, du reste,
(pas en face d'elle une majorité résolue et com-
pacte. Lorsqu'il s'agit d'exclure de la députa-
'fion socialiste au Reichstag.M. Haase et ses
'.amis, que -le chef de 'la majorité qualifiait de
jtraîtres au parti, de même que M. Helfferich
îles avait: déclarés indignes d'être Allemands,
̃il ne se trouva que cinquante-huit voix pour
prononcer cette excommunication. Trente-trois
Sozialdemokrates refusèrent de condamner
tî&ttitude de leur ancien président et sept s'abs-
tinrent. Quatorze d'entre eux avaient, du reste,
voté contre les crédits, de même que M. Haase
jet son groupe. Dans la Sozialdemokratie, entre
la majorité gouvernementale et la fraction dis-
sidente, il y a donc un noyau de flottants qui,
^'après les circonstances, pourraient bien ap-
porter une douzaine ou deux de recrues nou-
velles au groupe de M. Haase. La ferme disci-
line socialiste a cédé à l'épreuve jde la désil-
lusion croissante des masses allemandes et des
̃icolères qui s'éveillent. Les prochains congrès
gsocialistes accentueront encore ces divisions
ique les polémiques entre socialistes et les dé-
bats de tous les Parlements allemands entre-
tiennent et développent. La répercussion de
ces querelles ne tardera pas à se faire sentir
même1 dans les autres partis politiques. C'est
la fin de T « union sacrée » dont l'Allemagne
était si fière. Ces déchirements se révèlent pu-
ifliquement au moment même où la résolution
Ide chacun des alliés s'affirme par la mise en
commun de leurs volontés unanimes. Le fais-
iceau de là Ligue du droit, dont la conférence
de Paris est la manifestation éclatante, se
Jdresse devant rAUemagîîe désunie et ses alliés
kféeon certes.
Le manque de cohésion ne se remarque plus
̃Seulement dans le parti qui- représente les mas-
'ses ouvrières allemandes. Les milieux gouver-
nementaux trahissent aussi quelque incohé-
'rence dans leur action. La démission de l'ami-
ral von Tirpitz, un des plus ardents défenseurs
la guerre à outrance, se produit au moment
même où la piraterie sous-marine redouble de
recrudescence..parut un moment l'emporter sur le plus im-
périaliste et aussi le plus intransigeant de ses
adversaires, serait menacé à son tour, si l'on'
en croit les informations qui présentent déjà sa
succession comme ouverte et annoncent le re-
tour du prince de Bûlow. Vraies ou fausses,
ces rumeurs n'en sont pas moins significatives.
.ÉSHes trahissent l'atmosphère de troubles et
jcL'mtokues .aui .â'ficaissit .en Allemagne- Lea.
fissures dans le parti socialiste et aussi dans les
partis gouvernementaux semblent ouvrir l'ère
.des conflits intérieurs en Allemagne.
'̃ ̃ ̃̃'♦ .̃ ̃̃̃-
DÉPÊCHES TÉLÉGRMHIQip
DES CORRESPONDANTS ? PARTIGUUEtVS ̃ DU GteinpS
Londres, 28 mars.
L'amiral lord Charles Beresford, président du co-
mité britannique des ambulances, accompagné du
marquis de Chasseloup-Laubat, est allé hier A midi
aux bureaux du Lloyd remercier cette compagnie
de son intention de doter l'armée française d'un
convoi de voitures d'ambulances automobiles, afin
de manifester sa sympathie, son respect et son af-
fection à l'égard de la nation française, qui a ré-
sisté victorieusement, malgré des difficultés ini-
maginables, au cours de son héroïque, glorieuse et
immortelle défense de Verdun. ~N g
Des discours remarquables par leur cordialité ont
été échangés.
Un triple ban et des applaudissements nourris
ont terminé cette entrevue.
Genève, 28 mars.
Selon la Gazette de Francfort, un dépôt de muni-
tions a sauté dans le port dcMayence; deux sol-
dats sont morts, plusieurs sont gravement blessés.
Les dégâts matériels sont considérables.
Madrid, 28 mars.
Dans une réunion du parti libéral, où a été pro-
clamée la candidature aux élections générales du
comte de Romanonès, le président du conseil a dé-
claré que l'Espagne gardera la neutralité jusqu'au
bout, car il est plus que jamais évident que le désir
de tout le pays est la paix.
de to 1ut le pays est la paix. Tanger, 2*mars.
Le nouveau, ministre de France à Tanger, M.
Boissonas, est arrivé hier à l'agence de France.. Il
a été salué au débarcadère par, son prédécesseur,
M. Gougot, qui doit rejoindre prochainement son
nouveau poste à Mexico.
M. Boissonas part aujourd'hui pour Rabat, afin
de prendre contact avec le général Lyautey. Il re-
tournera à Tanger vers le 3 avril.
Washington, 28 mars.
Le général Pershing, commandant du corps expé-
ditionnaire du Mexique, annonce que le général
Villa a échappé aux troupes du général Carranza
et s'est réfugié dans les montagnes, poursuivi par
la cavalerie américaine.
Villa, avec deux cents hommes, serait réfugié
dans la sierra Madré, à Numiquipa, sur les confins
de la Sonora et de Chihuahua.
L'ÉMISSION FIDUCIAIRE
Par décret en date du 15 mars 1016, publié
avant-hier au Journal of ficiel, le maximum de
l'émission des billets de la Banque de France a
été porté de 15 milliards à 18 milliards. Ce dé-
cret était attendu. Depuis plusieurs semaines,
en effet, l'émission se rapprochait assez ra-
pidement de la 'limite légale. Jeudi dernier, elle
était parvenue. à 14,847,154,015 francs.
La loi du 29 décembre 1911 avait donné pour
limite à l'émission des billets le chiffre de
6 milliards 800 millions. Au lendemain de la
guerre, ce maximum fut porté à 12 milliards
par la loi du 5 août 1914. Un décret du 11 mai
1915 l'éleva à 15 milliards. Le voilà à 18 mil-
liards. Suivant les exigences de la situation, il
est donc modifié; Il peut encore l'être. On com-
mettrait néanmoins "tfoe gravé 'méprise' si Ton
concluait de cette variabilité à l'inutilité de tout
maximum.
Certes, en temps normal, alors que les émis-
sions faites par là Banque de France dépen-
dent du montant'de ses opérations commercia-
les et de l'importance de ses réserves métalli-
ques (le billet étant souvent préféré à l'or
même), il est très douteux que la fixation d'un
maximum d'émission soit chose excellente. On
peut en tout cas le juger superflu. 'Le rembour-
sement à vue des billets en circulation forme
alors le régime régulier de la Banque. Le libre
fonctionnement de l'institution suffit à donner
toutes les garanties désirables. Longtemps cette
opinion prévalut. Par contre, en période de
guerre, avec le cours forcé, d'autres nécessités
apparaissent. Le concours finanoier de la Ban-
que risquant d'être réclamé en dehors des con-
ditions habituelles, et le remboursement à vue
des billets n'étant plus exigible, on conçoit que
des précautions spéciales interviennent afin de
rassurer le public contre toute émission arbi-
traire.
En continuant d'imposer à l'émission fidu-
ciaire un maximum, tout en se réservant
d'adapter celui-ci aux événements, l'Etat af-
firme hautement son dessein d'empêcher tout
abus du billet de banque, de quelque côté que
puissent venir les tentatives d'abus. S'il se voit
contraint de reculer peu à peu la limite assi-
gnée à l'émission, du moins il ne procède
qu'avec prudence aux autorisations d'accrois-
sement. Depuis le 5 août 1914, l'Etat n'a admis
que. deux augmentations, chacune bornée à
3 milliards. La modération dont les décrets
successifs du 11 mai 1915 et du 15 mars 1916
ont fait preuve est l'indice d'une sagesse gou-
vernementale d'autant plus appréciable qu'il
se rencontre, dans les milieux politiques, des
esprits rebelles à la leçon des assignats.
Mieux s'atteste, de la part du gouvernement,
la volonté de ne point laisser fausser le billet
de banque et de veiller, dès le temps de guerre,
à la préparation d'un retour au rembourse-
ment en espèces, plus on a le devoir d'aviser
aux' moyens d'économiser l'émission fiduciaire.
A maintes reprises, nous avons dit combien a
été heureuse, dans cet ordre d'idées, l'inspira-
tion d'où est sortie la création des bons et des
obligations de la Défense nationale. Au lieu de
chercher à détourner la Banque de France de
son rôle véritable, en la conviant à substituer
son crédit à celui de l'Etat, le ministre des
finances a fait principalement appel aux capi-
taux disponibles. M. Bib'ot, grâce aux bons et
aux obligations offerts au public, a réussi à
alimenter la Trésorerie; et non seulement par
ce moyen l'Etat parvenait à n'user qu'avec dis-
crétion du crédit de la Banque, mais; en outre,
il faisait rentrer graduellement dans ses cais-
ses une partie des billets en circulation, sauf
.à en opérer la restitution au fur et à mesure du
payement de ses dépenses. •
Le grand emprunt national en rentes perpé-
tuelles^ 5 0/0 n'a été: qu'une manifestation nou-
velle de cette politique clairvoyante. A présent,
l'effort doit reprendre pour que les souscrip-
tions aux titres de la Défense nationale entre-
tiennent la Trésorerie, tout en ne suscitant
aucune 'émission fiduciaire supplémentaire /et t
en allégeant même, momentanément, la circu-
lation. Plus le Trésor se procurera ainsi d'abon-
dantes ressources, moins il aura besoin d'un
appui direct de la Banque.
Mais on doit souhaiter davantage. Que la cir-
culation des billets soit réduite, la différence
entre les billets en cours et le maximum d'é-
mission augmentera la perspective de la né-
cessité d'un, maximum plus élevé s'éloignerait.
Or, cette ambition est permise. Il suffirait, pour
la réaliser; d'une utilisation plus large du sys-
tème des payements par mandats où par chè-
ques barrés, aboutissant à des compensations
et à de simples virements de comptes.
La Banque de France ne néglige rien pour
développer cet usage. Elle-même, pourrait-on
dire, est devenue, à ce point de vue, une vaste
chambre de compensations. L'année dernière,
par exemple, ayant eu un mouvement général
de caisse montant, à 214 milliards 225 millions,
elle n'a dû régler en espèces qu'une somme de
2 milliards 582 millions, et, en billets, que
,69 milliards 130. millions.: tandis ,aue. les virer
ménts 's'élevaient à 142 milliards 513 millions.
Le- rapport à rassemblée du 27 janvier 1016
contient ces renseignements, auxquels on, ne
sabrait trop se "reporter;
-Nous avons le souci, depuis longtemps, de don-
ner à notre clientèle toutes facilites pour effectuer
"Ses payements par écritures, sans déplacement de
numéraire-
Là loi du 29 décembre 1911 consacrait déjà l'en-
gagement que nous avions pris d'assurer gratuite-
ment le service des virements de compte à compte,
entre nos comptes courants qui résident sur des
places différentes.Nous avons voulu faire plus en-
core, et le conseil générala décidé d'étendre cette
gratuité aux virements qui sont effectués par les
titulaires de comptes de dépôts de fonds entre eux
où avec les comptes courants proprement dits,
ainsi qu'à l'émission et à l'encaissement, pour le
compte de nos clients, des chèques déplacés pàya-
bles à l'un quelconque de nos co-niptoirs.
Nous espérons; que ces mesures,» qui permettront
à toute personne ayant un compte. à la Banque de
faire opérer, gratuitement par nos soins, tout en-
voi de fonds d'une place sur une autre, tout règle-
ment par chèque payable sur n'importe lequel de
nos comptoirs, seront appréciées, et utilisées et que
nous pourrons enregistrer bientôt un accroisse-
ment sensible'des virements et compensations, qui
réduiront de plus en plus la part des billots de
banque dans les règlements.. •: f
Dans le même ordre d'idées, le Trésor vient de -e
décider, 'sur notre demande, que les créanoiers de
l'Etat pourraient être payés dans les départements
comme à Paris, au moyen de chèques 'sur, la
Banque. • •• r
Aux initiatives ainsi prises par la, Banque
de France, il faut, que d'autres se joignent,
en vue des exemples à donner et de la pro-
pagande à faire. On ne: saurait trop signaler
le mode de payement; auquel s'est arrêtée, de-
puis la fin de 1911, l.a,Qç)mpagnie des chemins
de fer. du- Midi, et les résultats qu'elle en a
obtenus.
Ayant centralise ses recettes à la Banque de
France, non seulement elle paye, par la remise
d'un mandat rouge, tous les titulaires de comp-
tes à la Banque, mais elle propose aussi ce
mode de payement à ceux de ses créanciers
qui possèdent un compte courant soit dans un
établissement de crédit, soit dans une banque
quelconque ayant elle-même compte à la'
Banque: ̃ •
« Le virement remis, explique la compagnie,
est libellé au nom de l'établissement de crédit
ou de la banque qui nous sont désignés, et
la partie prenante n'a plus qu'à le verser audit
établissement de crédit ou à ladite banque pour
faire créditer immédiatement son propre
compte courant; le reçu de ce versement n'est
pas soumis au droit de timbre,,qui serait exi-'
gible s'il s'agissait d'un versement en espèces. »
Au commencement de l'année en cours, l'ap-
plication de ce régime par la Compagnie du
Midi avait fait disparaître chez elle plus de
80 0/0 des payements en billets ou en numé-
raire. Qu'on suppose la même règle adoptée par
la plupart des établissements; que les caisses
publiques s'en fassent à, leur tour une loi, à
quelles économies de billets de banque n'assis-
terait-on, pas!
Enfin, partout où il est ouvert des comptes
de dépôts avec chèques, une œuvre d'éduca-
tion du public serait à entreprendre pour qu'il
prît l'habitude de substituer à rencaissement
direct des chèques leur versement au crédit
d'un. compte. Dès înâtrûefoiis 'IKtraiè'n'C être;
distribuées, des conseils seraient à multiplier,
dans 'le but de propager plus spécialement
̃.l'usage du chèque barré; il implique, 'en effet,
cette inscription à un crédit, écarte ainsi tout
maniement de fonds, met à l'abri des risques
de perte ou de vol, rend toutes simples les opé-
rations de virements entre banques. Le jour
où le moratorium des dépôts a été édicté, une
atteinte déplorable a été portée au développe-
ment de ce service, qui constitue tout ensem-
ble une œuvre d'assurance, de progrès finan-
cier et. d'enrichissement social. Mais l'erreur
commise ne saurait se renouveler on a pu
suffisamment en mesurer les conséquences.
Bien loin que la guerre doive détourner de
ces questions, elle est de nature à en faire
mieux sentir l'importance. A d'heure où l'on
n'est pas sans préoccupation au sujet de la
dépréciation de notre change, il convient que
les efforts convergent vers ïa restriction de la
circulation fiduciaire. Sans doute, la somme
des billets de banque émis ne présente pas,
pour l'instant, de proportions inquiétantes,
notre premier établissement de crédit possé-
dant une encaisse en or de plus de 5 milliards
(5,011,331,780- francs, au 23 mars), indépen-
damment de disponibilités et d'un; avoir de
plus de 700 millions à l'étranger. On se mé-
prendrait, d'ailleurs, certainement sur les cau-
ses de notre perte au Change si on méconnais-
sait qu'elle tient Surtout à la difficulté mater
̃rielle que rencontrent nos payements au de-
hors, en raison-dés perturbations commer-
ciales et financières actuelles. De créanciers,
̃nous sommes devenus débiteurs, et les moyens
ordinaires de règlement font défaut. Mais
combien de temps durera cette crise? Le plus
sage est d'agir comme si elle devait se prolon-
ger et s'aggraver.
En travaillant à réduire la circulation fidu-
ciaire, on n'aura pas seulement agi sagement
pour le temps de guerre; en outre, on.aura eu
en juste souci les œuvres réparatrices de l'ave-
nir. On aura aidé» notamment, à cette abolition
du cours forcé, à laquelle il importe de tou-
jours songer. La puissance économique d'une
nation est liée à la possession d'une monnaie
saine. La France y a droit. Ingénions-nous, dès
maintenant et plus. que jamais, à perfectionner
nos méthodes de payement. Nous aurons semé
de bon grain pour les lendemains de la vic-
toire.
̃; .»»
e ~o~~ c aa décret sur r lop poiccop d ar c e
lit) HUUVOdll UOulul util IBS udlùùCÙ Up
,Le Journal officiel a publié, ce matin, un dé-
cret en date du 27 mars, relatif au régime de nos
caisses d'épargne. Le décret vise à la fois la Caisse
nationale d'épargne et les caisses d'épargne ordi-
naires. Il contient deux dispositions bien dis-
tinctes.
Aux termes de ia première, « les dépôts effec-
tués postérieurement a la. publication du présent
décret ne, seront pas soumis à la limitation de
50 francs par déposant et par quinzaine », qu'avaît
établie le décret du 30 juillet 1914. Bien entendu,
et le nouveau décret, le stipule formellement, la
clause de sauvegarde serait appliquée encore cas de force majeure ». Mais, sauf ce cas, les
fonds qui viendraient dorénavant à être versés par
des déposants pourraient être, sans limitation
aucune, retirés par eux. `
II y a là un encouragement notable à de nou-
veaux versements aux caisses d'épargne. Peut-être
se demandera-t-on s'il était qpportun, à un mo-
ment où le placement des titres de.la Défense na-
tionale devrait plutôt attirer les épargnes
et se voir' recommandé.
La seconde disposition a pour objet d'autoriser
les .titulaires de livrets à retirer des caisses d'épar-
gne ceux de leurs fonds qui y auraient été versés
antérieurement au nouveau décret, à là condition
que les sommes ainsi retirées soient consacrées à
l'achat de rentes nominatives dont les titres seront
laissés en dépôt, pendant six mois, à la caisse
d'épargne ordinaire ou chez l'agent comptable de
la/Caisse nationale d'épargne. Un rapport au pré-
sident de la République explique en ces termes
cette mesure
Malgré les facilités qui leur ont été données. lors
Jt
certain nombre de déposants se sont plaints de
ne pouvoir utiliser en, achats de rentes, comme
l'avait prwu la loi de 1895, les disponibilités qu'ils
ont -ïnoofeMl -nous a paru: équitable de donner sa-
tisfaction à ces demandes, sous la seule réserver
&n vue d'éviter des retraits de fonds; destinés à tout
"autre objet, que les extraits d'inscription de rentes
resteraient déposés dansées caisses d'épargne Pen-
dant un délai de six mois.
Les plaintes » auxquelles il est fait ainsi allu-
sion se conçoivent, étant donné l'écart considé^-
rable qui existe entre le taux d'intérêt servi aux
déposants et le taux autrement avantageux du pla-
cement en rentes françaises. Mais on avait pu déjà
s'étonner, précisément, de la surcharge bénévole-
ment imposée au budget par l'acceptation d'une
transformation partielle des livrets des caisses d'é-
pargne en rentes 5 0/0.:
Les rentes de cet emprunt ne sont pas en. cause,
d'ailleurs. Le décret autorise, d'une façon générale,
l'achat de rentes nominatives, sans distinction
entre elles. Mais achat avec quoi? Les titulaires
de livrets ont bien une créance, mais elle est re-
présentée par des titres. En raison de là difficulté
de réalisation, de ces titres, le décret du 30 juillet
19-14 avait pris des précautions. Si les déposants
réclament, demain, le montant de leur créance,
afin de l'appliquer à des achats en rentes, ce qui
doublerait presque leur intérêt, comment la Caisse
-des dépôts et consignations fera-t-elle face aux
remboursements exigés?
Se servira-t-elle simplement des rentes qu'elle
possède, pour en opérer le virement à un compte
nouveau, celui des détenteurs de livrets? Les
achats autorisés devront-ils, au contraire, avoir
lieu sur le marché public? Si les déposants s'a-
dressent, par cette entremise, aux rentes qui se
trouvent 'd'ans 'les portefeuilles- privés,- les cours
des rentes auront pu, de ce chef, être quelque peu
soutenus, mais, par'contre, comment et à" quelles
conditions 'la Caisse des dépôts et consignations
aura-t-elle réalisé son propre portefeuille pour
subvenir aux retraits autorisés?
Le rapport est muet sur ces questions. En re-
vanche, il annonce le dépôt d'un projet de loi
« relevant le maximum des sommes qui peuvent
être inscrites à un même livret ». Or, la réduction
du maximum avait été tenue pour une améliora-
tion sensible; elle avait eu pour but de circons-
crire la dette latente que constituent les capitaux
accumulés par les caisses d'épargne. On n'aper-
çoit pas les raisons d'un retour à un régime qui
avait paru à bon droit éminemment' dangereux
pour les finances publiques.
––&
LA VIE SIMPLE
Elle est préconisée, en ce moment, en Angle-
terre par une société qui vient de s'y fonder et qui
se1 ^propose de mettre en honneur, pendant la
guerre, des habitudes de vie économique « Ne
vous servez pas de votre auto dans un but de plai-
sir personnel, dit le manifeste de cette société.
N'achetez pas inutilement des habits neufs. N'ayez
pas honte de porter de vieux vêtements. N'em-
ployez que les domestiques dont vous avez vrai-
ment besoin, vous économiserez ainsi de l'argent
pour là guerre et vous donnerez le bon exemple. »
Ce sont là de sages conseils dont chacun se trou-
vera fort bien, mais ne croit-on pas que nos amis
d'où'tre-'Manche qui sont, par ailleurs, de délicieux
NhMinïèftelÈ&i n'Oht'^pas'BtlS'Uh*e pointe de malice à
rédiger un tel programme en temps de guerre? 1?
Conseiller la vie simple en ce moment, c'est quel-
que 'peu jouer sur le velours. La recommandation
est superflue elle a été suivie, dès le début des
hostilités, par chacun avec une docilité qui serait
tout a fait admirable si l'on n'y sentait le fruit de
l'impérieuse nécessité. Réduire son train de vie, à
l'heure où, nous sommes, ne constitue plus une
vertu, encore que ce soit pour certains un gros
sacrifice. ̃
C'est au lendemain de la paix, lorsque d'exis-
tence normale s'efforcera de reprendre dans tous
les "Sômaines,que la question de la vie simple,oudu
moins de la vie à simplifier, pourra se poser pour
quelques-uns. Cette minorité tapageuse, qui avant
la guerre, avait l'insupportable prétention de nous
guider et n'aboutissait qu'à dissimuler au monde
notre vrai visage,devra,si elle veut continuer à vi-
vre parmi nous,se modifier quelque peu. Il ne s'agi-
ra pas, ainsi que pourrait le faire croire trdp naï-
vement le manifeste anglais,de porter de vieux vê-
tements ni de renoncer aux promenades en auto
ce puritanisme outrancier ne serait pas de mise
chez nous, et du reste, vie simple ne veut pas dire
vie chiche, vie ratatinée et sans luxe, mais vie dé-
barrassée de tout l'encoriibrant fardeau des faux
désirs et des faux besoins dont on prétendait nous
accabler hier.
Cette parade incessante où tant de gens se com-
plaisaient, cette atmosphère énervante de plaisir
perpétuel, "cette hantise d'être eh vedette dans
tous les domaines, cette frénésie de l'agitation
s'ans but, ces crises de snobisme outrancier auront
bien oitoinè de 'chances ̃maintenant que nous avons retrouvé d'autres plai-
sirs'e't' d'autres sentiments qui ne seront plus en
discordance 'avec la mesure française. La guerre,
qui est en soi une chose abominable, -aura eu, du
moins,- ce bénéfice de rendre à certains le sens
précis des valeurs. Soyez assuré que ceux-ci ne
confondront plus désormais la vie avec une repré-
sentation théâtrale, ni l'agitation avec l'action. De-
venus prudents, fis n'accepteront que sous béné-
fice 'd'inventaire les soi-disant jouissances qu'on
pourra leur offrir; devenus modestes, ils se rési-
gneront à certaines satisfactions moins tapageu-
seSj mais plus sûres.
Que d'horizons imprévus l'existence d'aujour-
d'hui aura ouverts devant eux! iLes uns, que
les nécessités auront contraints de quitter Paris,
se. seront aperçus tout simplement qu'il y a la
campagne avec des arbres, de la.verdure et de
l'éau et qu'au fond ils raffolent de la nature. Les
autres, qui avaient à peine le temps de feuille-
ter-un livre de temps en temps, sans prendre à
cette opération aucun plaisir du reste, se seront
avisés de faire le tour de leur bibliothèque et au-
ront découvert ce monde des consolations suprê-
mes qui s'appelle la lecture. Des pensées nouvel-
les1 auront surgi en bien des cœurs ceux-ci, qui
n'avaient jamais réfléchi plus de cinq minutes, au-
ront; aperçu l'univers infini de la vie intérieure
dont ils auront goûté, avec surprise, le charme
profond, ceux-là auront vu de près la douleur,
ees':autres la compassion avec laquelle, ô honte 1
ils'rie s'étaient jamais rencontrés face à face. Des
plaisirs, aussi, se seront retrouvés, que la mino-
rité, méprisante de jadis qualifiait de désuets, que
trop de gens avaient oubliés dans le tourbillon;
• mais qu'on a réappris tout de suite le plaisir des
sdîriés intimes passées sous la lampe avec xin. li-
vre .ou- en remuant des souvenirs, celui des déj-îu-
ners ou des dîners sans apparat, de la toilette
simple, des voyages sans fracas, des visites sans
cérémonie, de la vie sans décors fastueux, fans
snobisme prétentieux, sans tapage ridicule.
Que de gens,, privés momentanément de leur
automobile, auront découvert tout bêtement. la
marche à pied!
Ces sentiments, ces plaisirs, tout le monde, en
réalité, chez nous,' les connaissait, tout le, monde
y goûtait plus ou moins, mais ceux qui prétendent
régenter les moeurs en faisaient fi et auraient bien
voulu nous les désapprendre tout à fait. Mainte-
nant ils ne le pourront plus. Trop de gens auront
repris goût complètement, durant cette guerre, au
charme' de cette vie d'antan pour y renoncer ja-
mais. Sans réduire la leur à des proportions mes-
quines, sans répudier ni Je grand confort ni le
luxe, ils sauront la débarrasser des fautes de goût,
ils sauront l'ennoblir sans l'amoindrir et ils con-
naîtront que cette vie simplifiée, mais ^foiiiflée,
.est la seule;iéeile>fc.jQtui çonp3te. ==> B* -J
Six cent troisième jour
LA GUERRE
LA SITUATION MILITAIRE
La canonnade continue sans interruption au
nord de Verdun,' aussi bien à l'ouest et à l'est
de la Meuse qu'en "Woëvre; sur le reste du
front, la situation est assez' calme; on ne signale
que quelques épisodes de guerre de mines et
une petite attaque d'infanterie contre nos. tran-
chées entre la Somme et l'Avre, au sud-est
d'Amiens. Faut-il voir dans ce coup de main
une reconnaissance de l'état de notre ligne de
défense?
L'ennemi ne peut s'engager dans une aussi
grande opération sans. avoir, au préalable,
réuni une très nombreuse armée; les pertes
qu'il a subies au nord de Verdun et la désor-
ganisation de plusieurs de ses corps d'armée
ne doivent pas lui permettre de trouver aujour-
d'hui sur notre front- les cffectifs;,qui lui sont
indispensables il* lui faut les\ faire venir d'aile
̃leurs. •-̃.̃' ̃̃•••̃
Il ne peut, en ce moment, faire aucun prélè-
vement sur ses forces du front oriental, où elles
sont à peine suffisantes pour résister aux atta-
ques russes. Aux environs du lac de Narotch,
celles-ci rencontrent une résistance obstinée,
mais entre ce lac et Dvinsk, nos alliés, après
une lutte acharnée, ont gagné du terrain au
nord-ouest de Postavy. Les Allemands ne peu-
vent évidemment retirer aujourd'hui aucune
troupe de cette région; celles qui y seraient
maintenues subiraient une défaite irréparable;
mais le dégel et la fonte des neiges qui s'an-
nonce vont rendre les opérations militaires ex-
trêmement difficiles sur un-terrain transformé
en mer de boue. Il suffira alors à l'ennemi de
forces assez restreintes pour défendre les chaus-
sées sur lesquelles seulement la marche des
soldats sera possible, et il est à prévoir que
les Allemands transporteront en France tous
les corps d'armée qui ne leur seront pas indis-
pensables en Russie. On peut estimer à trois
ou quatre semaines la période pendant laquelle
notre ennemi n'aura devant nos lignes que des
forces relativement réduites. Au nord de Ver-
dun particulièrement, les corps d'armée qui se
s.ont battus avec tant d'acharnement sont proba-
blement très fatigués; il y a tout lieu de penser
que leur infanterie fournirait difficilement une
défense un peu prolongée et que c'est pour
prévenir toute offensive de notre part qu'ils
couvrent nos lignes d'un déluge de projectiles.
Cette continuité du bombardement nous laisse
en même temps dans l'incertitude sur le point
de notre front qui sera choisi pour le nouvel
"effort, "que là prolongation" indéfinie de là guerre
impose à l'Allemagne. Nous serions bien éton-
nés si la résistance qu'ils ont rencontrée au
nord de Verdun et qu'ils n'ont pu vaincre après
un mois de bataille ne les décidait pas à porter
ailleurs leur effort. Ils savent que, sur la Meuse,
nous'avons tous les soldats nécessaires et que
les munitions ne nous manqueront pas; ils
savent aussi que nous les attendons de pied
ferme, l'œil ouvert, et qu'après un autre mois
de bataille, ils ne seraient pas plus avancés
qu'aujourd'hui, mais avec beaucoup moins de
soldats encore; toutes ces raisons sont de nature
à faire supposer que c'est ailleurs qu'ils iront
tenter la fortune des armes.
LA SITVÂTICN DIPLOMATIQUE
Les pirates teutons s'acharnent dans leur
œuvre destructrice. Ils se vantent même d'ex-
ploits imaginaires et ils prétendent avoir coupé
des câbles anglais et français qui continuent à
fonctionner fort bien. L'opinion allemande a
besoin' d'être réconfortée. Et faute d'avoir pris
Verdun, l'état-major annonce que des obus in-
cendiaires ont été lancés sur lavillé. Les con-
ventions internationales l'interdisent, mais
qu'importe? La Germanie par-dessus tout n'a
pas à se soucier de ces accords internationaux
qu'elle n'a souscrits que pour pouvoir les
invoquer contre ceux qui veulent croire à
la force des engagements et respectent leur
parole.
Ces stipulations internationales servent à
entretenir le long échange de notes entre l'Al-
lemagne et les Etats-Unis et permettent aux
procéduriers teutons de faire traîner depuis
bientôt un an l'affaire, de la Lusitania. On.se
demande avec curiosité quelle nouvelle argutie
juridique l'Allemagne découvrira pour recom-
mencer à propos du Sussex le jeu des ater-
moiements qu'elle pratique avec un si remar-
quable succès avec Washington. L'affirmation
des agences allemandes, qui ont prétendu qu'il
n'y avait, pas de victimes, ne prévaudra pas
contre le fait, dès à présent constaté, que ce
criminel attentat a coûté la vie à au moins
97 voyageurs de toute nationalité, dont des
Américains. Il faudra trouver autre chose. Les
Teutons ne peuvent se figurer qu'il leur suf-
fira de nier l'évidence ou d'enjoindre à la puis-
sante République transatlantique comme à la
petite Hollande de ne pas discuter les affirma-
tions de Berlin! i
L'officieuse Gazette de Cologne a été, en effet,
chargée de rappeler à la Hollande qu'elle est
trop voisine de l'Allemagne pour oser mettre
en doute les explications de la chancellerie im-
périale. M. de Bethmann-Hollweg ou l'amiral
von Capelle on ne sait plus en effet qui di-
rige la politique teutonne déclarent que la
Tubanlia n'a pas été frappée par un sous-marin
allemand. Des fragments de torpille démon-
trent le contraire, et on a l'audace, à la Haye, de
le dire, on parle même de représailles! Que la
reine Wilhelmine sache donc que le kaiser
n'admet pas ce ton de la part d'un petit Etat
Guil;laume,II ne refusera, pas d'écouter Jes ré-
clamations de la Hollande à condition qu'elles
soient humbles et amicales, mais il n'admet
pas qu'elle lui parle de ses droits ni qu'elle ex-
prime des exigences.
Le gouvernement des Pays-Bas fait une fois
de plus l'épreuve de la théorie germanique que
les petits pays n'ont qu'à obéir ou à disparaître.
Mais s'il est sous l'impression de la déclaration
de guerre du Portugal, il sait d'autre part que
l'Allemagne, y regarderait à deux fois avant de
se laisser aller à son égard à une manifesta-
tion belliqueuse qui ne pourrait pas rester pla-
tonique. Guillaume II n'en est plus à pouvoir
envisager une extension des opérations sur
d'autres fronts. C'est pourquoi le ton menaçant
de la presse de la Wilhelmstrasse n'impres-
sionnera peut-être pas les Hollandais autant
qu'on l'espère à Berlin. Le procédé aurait en-
core moins de succès aux Etats-Unis. On ne se
risquera pas à l'employer. Il n'en est que plus
intéressant de voir comment le comte Bern-
storff va se tirer de cette nouvelle difficulté qui,
une fois de plus, surgit au moment même. où
l'oDinjoa américaine commençait à se calmer.
COM UNIQUE OFFICIEL DU '27 MARS
Onze heures soir
•Entre Somme et Âvre, aux environs de Maiï-
court, après un intense bombardement, les
Allemands ont tenté, sur une de* nos tranchées
de première ligne, un coup de main qui a com-
plètement échoué.
̃ En Argonne, activité continue de notre artil-
lerie sur divers points du front ennemi, notam-
ment dans le secteur du bois de Gheppy. Nos
pièces à longue portée ont canonné des troupes
en mouvement dans la direction Exermont-s
Ghatel et fait sauter un dépôt de munitions.
A l'ouest de la Meuse, le bombardement s'est
maintenu assez intense sur notre front Béthin-
court-le Mort-Homme-Cumières, ainsi qu*â
l'est de ,1a Meuse, dans la région Vaux-Douau-
mont.!
Quelques rafales d'artillerie en Woëvre. Au-t
cune action d'infanterie.
Au nord-est de Saint-Mihiel, nous avons
bombardé à longue distance la gare et les éta-
blissements ennemis d'Heudicourt, sud de Vi-
gneulles. Une rame de wagons a été démolie,
un bâtiment a pris feu. •
COffifiKUNipÉ OFFICIEL BRITANNIQUE DU 27 MARS
Hier soir et aujourd'hui, les opérations "de
mines ont été très actives.
Nous avons fait éclater avec succès des mines
à là Boisselle.' v • •••
Au sud de, Neuville-Saint-Vaast, et près de
la redoute Hohenzollern. il y a eu des combats
à la suite desquels nous avons occupé plusieurs
entonnoirs..
Hier soir, en face d'Hulluch, les Allemands
ont fait exploser des mines qui ont endom-
magé nos tranchées, nous causant quelques
pertes; nous avons occupé les entonnoirs eau-*
sés par l'explosion.
Ce matin, après avoir fait éclater des mines
sur le saillant allemand de, Saint-Eloi, nous
avons pris d'assaut les premières et deuxièmes
lignes de tranchées sur une longueur de
600 yards, infligeant de fortes pertes aux Alle-
mands, faisant 170 prisonniers, dont 2 officiers.
Canonnade, principalement dans les parages
d'Angres,' de Wulverghen, Saint-Eloi et
Wieltje.
♦
COWONIQUÉ OFFICIEL BELGE DU 27 MARS
Après une matinée relativement calme, l'ac-
tivité d'artillerie est ailée croissant en fin de
journée, surtout vers le centre du front belge,
-& --i–i
LA BATAILLE DE VERDUN
LES PERTES ALLEMANDES
Les journaux allemands publient une premier*
liste officielle des pertes subies par les Allemands
devant Verdun.
D'après ces données officielles, le 52° régiment
d'infanterie (3" corps) aurait perdu 'devant Verdun
170 tués, 941 blessés, 181 prisonniers ou disparus.
Ce qui paraît présenter 40 à 45 0/0 de l'effectif.
Il est possible que les listes suivantes augmen-
tent encore cette proportion, qui est déjà impres-
sionnante. •
On' mande d'Amsterdam à l'agence Havas:- r
Suivant les dires d'un officier allemand digne de
foi, les Allemands auraient eu 150/000, tués devant
Verdun.
On mande de Genève •
Suivant les Basler Nachrickten, environ 1,500 sol-
dats allemands venant du front de Verdun sont
arrivés ces jours derniers à Blotzheim, près de Hu-
ningue, afin d'y prendre quelque repos après les
grandes fatigues qu'ils ont endurées. Ils ont été lo-
gés dans les baraquements construits à leur in-
tention.
La semaine dernière, provenant aussi de Verdun
et transportant uniquement'de grands blessés, .un.
train est arrivé à Lœrrach.
On mande de Cologne au Tijd
La masse terrible de blessés qui arrivent dere-
chef dans les principales gares d'Allemagne et dont
le nombre rappelle les pires journées de cette guerre
fait ressentir a des milliers de familles la dureté
du conflit..
Personne ne dissimule que le double objet de
l'Allemagne à Verdun est 1° d'empêcher les puis-
sances de l'Entente de prendre l'initiative de l'of-
fensive au printemps; 2° de s'emparer de Verdun,
qui est le pivot du front français, afin de marcher
sur Paris.
L'officier allemand Schubart écrit dans la Mùncher
Allgemèine Rundschau
Nous prendrons certainement Verdun, mais cela
demandera beaucoup de temps, de peine et de sang;
de plus, la chute de Verdun ne sera que la fin d'un
chapitre, mais non la victoire finale.
Mais Verdun tombera, cela est certain, et la
route de Paris sera ouverte, mais il nous faut de
la patience et attendre .des années qui suivront ce
que l'année 1916 ne peut pas encore nous donner.
FRONT RUSSE
COMMUNIQUÉ OFFICIEL RUSSE
Petrdgrad, 27 mars:
Le combat à l'ouest et au.sud'.d'Augùstinen-
hof, sur le front de la région de Jacobstadt;
continue.
On signale des vols' plus fréquents d'avions
allemands sur tout le front de la Dvina.
A Dvinsk, l'ennemi a lancé vingt bombes.
Dans la région au nord-ouest de Postavy, nos
troupes se sont emparées, après- une lutte
acharnée, de deux lignes de tranchées enne-
mies.
[Postàvy, sur la ligne Svientzteny-Globoukoïé, est si-
tuée à 40 kilomètres à l'est de la gare de Svientziany,
point de jonction -de la voie ferrée Vilna-Dvinsk;]
L'offensive de' nos troupes dans la région
entre les lacs de Narotch et de Visçhnef a 'ren-
contré une résistance obstinée.
L'ennemi a lancé des bombes sur les gares
de Stolbtzi et de Kaidanovo, au sud-ouest de
Minsk..
Sur le.reste du front, les hostilités; se déve-i
loppent.
De son côté, notre correspondant particulier de PetrçH,
grad nous télégraphie à la mêrne, date
La température s'est radoucie à nouveau après
une courte période de froid que les Russes ont
mise à profit pour rectifier quelques-unes de leurs
positions sur le secteur nord de leur front. Le
dégel revenant, les opérations, bien que se pour-
suivant encore dans les rayons où le duel s'était
engagé, vont vraisemblablement, en raison de la
fonte des neiges, cesser complètement, ou du moins
perdre beaucoup de leur intensité actuelle.
On nous mande d'autre part de Genève
Les communiqués officiels allemands, depuis
deux jours, portent tout l'effort de leurs explica-
tions, souvent embarrassées, sur l'offensive vi-
goureuse menée par, les Russes. Le communiqué
de cette nuit est particulièrement intéressant, à
cet égard. Il commence Dar déclarer Que les
MERCREDI 29 MARS 19«t»
CINQUANTE-SIXIEME ANNEE. N" 19989
PRIX DE L'ABONNEMENT
VAS», SUBI •tSBniE-ET.OISE. Troismoi», 14 fr.; Sanuk, SS fr.; Un an, ES*.
BiPAKT'-etALSàCE-LOREAIHE. XV fr.; 34 fr.; 68 fr.
ITK0H POSTALE 18 fr,; SS fr. | TS *r.
LES ABOHKHMENTS DATENT DES 1" ET «0 DE CUAQUE MOIS
Un numéro (départements), 20 centimes
PRIX,DE L'ABONNEMENT
MBB, SEME et SEIHE-et-oiSE.. Trois mois, 14 fr.; SU mois, SS fr.; un an, 53 rr.
B&PABT" et AISACE-LOBBAINE.. 17ft.! 'Skc^tt.l 88 fr.
̃mai postais. îsm; ses fr.; TSft,
USS ABONNEMENTS PATENT DES 1" ET 10 DE CHA.QCE MOIS
Un numéro (à Paris) 1 Si centimes
Directeur politique Emile- Adrien Hébrard
Tootes les lettres destinées à la Rédaction doivent être adressées au Directeur
ANNONCES Société GÉNÉRALE des Annonces, 8, place de la Bonne.
Le Journal et ks Régisseurs déclinent toute responsabilité quant à leur teneur.
5
;T^XBPB»KE CIH9 I1CMB8 •
Gutenberg' 03.07 03.08 03.09 03.33 03.33
Le Journal ne pouvant répondre des manuscrits communiqués
prie les auteurs d'en garder copie
ADRESSE télégraphique temps pa&is
Voir à ta 6° page les
DERNIÈRES HQV VEJLL.ES
.1 Paris, 28 mars
BULLETIN DU JOUR
LA FISSURE DE L'UNION ALLEMANDE
H y a une fissure dans l' « union sacrée »
allemande. Vingt mois d'efforts au bout des-
quels le peuple germanique n'aperçoit que
(de nouveaux sacrifices en face de chances
de victoire de moins en moins grandes ont
'ébranlé la confiance teutonne. Paris, Londres,
Petrograd, la paix triomphante, les terres nou-
velles et les richesses convoitées, toutes ces pro-
messes qui avaient affolé la nation de proie
s'éloignent et se dissipent comme des mirages.
L'armée s'épuise. De furieuses et meurtrières
attaques accumulent les hécatombes et restent
sans résultat. Dans les villes allemandes, les
femmes stationnent durant de longues heures
devant les boutiques pour obtenir à des prix
•'élevés la viande, le beurre, le pain et tous ces
produits alimentaires que le rationnement at-
tribue parcimonieusement, à la population ci-
vile. Les ouvriers souffrent. Seuls les riches
peuvent se procurer les produits nécessaires.
Le nombre de ceux qui ont faim croit chaque
jour et le mécontentement s'étend. go fidèle
Le parti socialiste a donné une image fidèle
du désenchantement progressif des masses teu-
tonnes. Le 4 août vlW4 les.J.10 représentants de
'la Sozialdemokratie au Reichstag, par l'organe
de leur président, M. Haase, le chef de la scis-
sion actuelle, s'associaient publiquement à l'en-
treprise de conquête du gouvernement. Au
nom de son parti, M. Haase lut à la tribune la
déclaration que l'on connaît en faveur des cré-
dits pour la guerre, manifestement agressive,
que l'Allemagne avait résolue et préparée de
longue main. Les raisons données par le gou-
vérnement, quoique contraires à toute vérité et
même à toute vraisemblance, furent jugées sa-
tisfaisantes par les socialistes comme par. tous
les autres partis. Mi de Bethmann-Hollweg
affirmait que les Russes et les Français avaient
franchi la frontière avant toute déclaration de
"guerre. Le mensonge était flagrant, mais per-
sonne ne le releva, pas plus qu'aucune voix ne
s'éleva contre la cynique explication de la vio-
lation de la neutralité belge. On croyait alors
à de promptes et faciles victoires. Le courant
belliqueux emportait les masses, et M. Haase
disait, aux acclamations unanimes de tous les
'députés présents, sans .distinction de parti
;« Nous n'avons. plus à nous prononcer pour ou
«ontre la guerre, mais sur les moyens indispen,-
sables à la défense du pays, et nous devons
penser à ces millions d'hommes qui, sans leur
faute, sont impliqués dans le conflit. »
.Les batailles de la Marne et de l'Yser, les
teffets du blocus introduisirent les premiers,
idpu-tes dans l'esprit des masses allemandes, et
le manifeste des trois au mois de juin 1915 ré-
ïvé/îa publiquement l'inquiétude d'une partie des
Épciàiîsïèé' allemands. M. Liëbknée'ht, dé soif1
«été, srorina le réveil, et la" population ouvrière
,se montra de plus en plus divisée sur' la ques-
tion de la guerre, tandis; que ses élus, dans les
'Diètes des Etats confédérés, à la Chambre prus-
sienne, et enfin au Reichstag, exposaient ses
[réclamations et aussi ses vcbux. Le gouverne-
ment réussit à' maintenir sous son influence la
majorité des représentants du parti et son
jcomité directeur. Ces socialistes ont même
fait récemment le jeu de M. de Bethmann-
Hollweg pour le débarrasser d'un discussion
'publique sur l'épineuse question de la guerre
̃sous-marine. Le servilisme gouvernemental de
la majorité du groupe des sozialdemokrates,
l'impérialisme de Scheidemann et de ses amis
hâtèrent la scission. Le discours de M. Haase,
dans la séance de vendredi dernier, amena la
Réparation définitive et la. minorité se constitua
en une groupe. distinct. ̃
M. Haase a traduit le désenchantement d'une
partie des masses allemandes en osant, pour
^a, première fois, proclamer à la tribune que
i'Àllemagne « exécrait » la guerre parcs
qu' « en dépit, de tous ses succès, elle ne pou-
vait espérer 'qu'une paix où il n'y aurait ni
vaincus ni vainqueurs ». Les réunions socia-
Jistes qui ont protesté contre ;lés nouveaux im-
pôts pensaient vraisemblablement de même
lorsqu'elles votaient des résolutions disant que
{« l'Allemagne ne pouvait pas compter qu'à ]a
Mn de la guerre il lui serait accordé une indem-
nité ». Les sanglantes et infructueuses batailles
Verdun commencent à dessiller les yeux
des masses teutonnes, et aux menées annexion-
nistes des pangermanistes dix-huit députés so-
jciaîistes groupés autour de M: Haase répondent
jgn élevant des doutes sur la victoire elle-même
La minorité socialiste qui vient de se consti-
tuer dans un groupe à part ne trouve, du reste,
(pas en face d'elle une majorité résolue et com-
pacte. Lorsqu'il s'agit d'exclure de la députa-
'fion socialiste au Reichstag.M. Haase et ses
'.amis, que -le chef de 'la majorité qualifiait de
jtraîtres au parti, de même que M. Helfferich
îles avait: déclarés indignes d'être Allemands,
̃il ne se trouva que cinquante-huit voix pour
prononcer cette excommunication. Trente-trois
Sozialdemokrates refusèrent de condamner
tî&ttitude de leur ancien président et sept s'abs-
tinrent. Quatorze d'entre eux avaient, du reste,
voté contre les crédits, de même que M. Haase
jet son groupe. Dans la Sozialdemokratie, entre
la majorité gouvernementale et la fraction dis-
sidente, il y a donc un noyau de flottants qui,
^'après les circonstances, pourraient bien ap-
porter une douzaine ou deux de recrues nou-
velles au groupe de M. Haase. La ferme disci-
line socialiste a cédé à l'épreuve jde la désil-
lusion croissante des masses allemandes et des
̃icolères qui s'éveillent. Les prochains congrès
gsocialistes accentueront encore ces divisions
ique les polémiques entre socialistes et les dé-
bats de tous les Parlements allemands entre-
tiennent et développent. La répercussion de
ces querelles ne tardera pas à se faire sentir
même1 dans les autres partis politiques. C'est
la fin de T « union sacrée » dont l'Allemagne
était si fière. Ces déchirements se révèlent pu-
ifliquement au moment même où la résolution
Ide chacun des alliés s'affirme par la mise en
commun de leurs volontés unanimes. Le fais-
iceau de là Ligue du droit, dont la conférence
de Paris est la manifestation éclatante, se
Jdresse devant rAUemagîîe désunie et ses alliés
kféeon certes.
Le manque de cohésion ne se remarque plus
̃Seulement dans le parti qui- représente les mas-
'ses ouvrières allemandes. Les milieux gouver-
nementaux trahissent aussi quelque incohé-
'rence dans leur action. La démission de l'ami-
ral von Tirpitz, un des plus ardents défenseurs
la guerre à outrance, se produit au moment
même où la piraterie sous-marine redouble de
recrudescence.
périaliste et aussi le plus intransigeant de ses
adversaires, serait menacé à son tour, si l'on'
en croit les informations qui présentent déjà sa
succession comme ouverte et annoncent le re-
tour du prince de Bûlow. Vraies ou fausses,
ces rumeurs n'en sont pas moins significatives.
.ÉSHes trahissent l'atmosphère de troubles et
jcL'mtokues .aui .â'ficaissit .en Allemagne- Lea.
fissures dans le parti socialiste et aussi dans les
partis gouvernementaux semblent ouvrir l'ère
.des conflits intérieurs en Allemagne.
'̃ ̃ ̃̃'♦ .̃ ̃̃̃-
DÉPÊCHES TÉLÉGRMHIQip
DES CORRESPONDANTS ? PARTIGUUEtVS ̃ DU GteinpS
Londres, 28 mars.
L'amiral lord Charles Beresford, président du co-
mité britannique des ambulances, accompagné du
marquis de Chasseloup-Laubat, est allé hier A midi
aux bureaux du Lloyd remercier cette compagnie
de son intention de doter l'armée française d'un
convoi de voitures d'ambulances automobiles, afin
de manifester sa sympathie, son respect et son af-
fection à l'égard de la nation française, qui a ré-
sisté victorieusement, malgré des difficultés ini-
maginables, au cours de son héroïque, glorieuse et
immortelle défense de Verdun. ~N g
Des discours remarquables par leur cordialité ont
été échangés.
Un triple ban et des applaudissements nourris
ont terminé cette entrevue.
Genève, 28 mars.
Selon la Gazette de Francfort, un dépôt de muni-
tions a sauté dans le port dcMayence; deux sol-
dats sont morts, plusieurs sont gravement blessés.
Les dégâts matériels sont considérables.
Madrid, 28 mars.
Dans une réunion du parti libéral, où a été pro-
clamée la candidature aux élections générales du
comte de Romanonès, le président du conseil a dé-
claré que l'Espagne gardera la neutralité jusqu'au
bout, car il est plus que jamais évident que le désir
de tout le pays est la paix.
de to 1ut le pays est la paix. Tanger, 2*mars.
Le nouveau, ministre de France à Tanger, M.
Boissonas, est arrivé hier à l'agence de France.. Il
a été salué au débarcadère par, son prédécesseur,
M. Gougot, qui doit rejoindre prochainement son
nouveau poste à Mexico.
M. Boissonas part aujourd'hui pour Rabat, afin
de prendre contact avec le général Lyautey. Il re-
tournera à Tanger vers le 3 avril.
Washington, 28 mars.
Le général Pershing, commandant du corps expé-
ditionnaire du Mexique, annonce que le général
Villa a échappé aux troupes du général Carranza
et s'est réfugié dans les montagnes, poursuivi par
la cavalerie américaine.
Villa, avec deux cents hommes, serait réfugié
dans la sierra Madré, à Numiquipa, sur les confins
de la Sonora et de Chihuahua.
L'ÉMISSION FIDUCIAIRE
Par décret en date du 15 mars 1016, publié
avant-hier au Journal of ficiel, le maximum de
l'émission des billets de la Banque de France a
été porté de 15 milliards à 18 milliards. Ce dé-
cret était attendu. Depuis plusieurs semaines,
en effet, l'émission se rapprochait assez ra-
pidement de la 'limite légale. Jeudi dernier, elle
était parvenue. à 14,847,154,015 francs.
La loi du 29 décembre 1911 avait donné pour
limite à l'émission des billets le chiffre de
6 milliards 800 millions. Au lendemain de la
guerre, ce maximum fut porté à 12 milliards
par la loi du 5 août 1914. Un décret du 11 mai
1915 l'éleva à 15 milliards. Le voilà à 18 mil-
liards. Suivant les exigences de la situation, il
est donc modifié; Il peut encore l'être. On com-
mettrait néanmoins "tfoe gravé 'méprise' si Ton
concluait de cette variabilité à l'inutilité de tout
maximum.
Certes, en temps normal, alors que les émis-
sions faites par là Banque de France dépen-
dent du montant'de ses opérations commercia-
les et de l'importance de ses réserves métalli-
ques (le billet étant souvent préféré à l'or
même), il est très douteux que la fixation d'un
maximum d'émission soit chose excellente. On
peut en tout cas le juger superflu. 'Le rembour-
sement à vue des billets en circulation forme
alors le régime régulier de la Banque. Le libre
fonctionnement de l'institution suffit à donner
toutes les garanties désirables. Longtemps cette
opinion prévalut. Par contre, en période de
guerre, avec le cours forcé, d'autres nécessités
apparaissent. Le concours finanoier de la Ban-
que risquant d'être réclamé en dehors des con-
ditions habituelles, et le remboursement à vue
des billets n'étant plus exigible, on conçoit que
des précautions spéciales interviennent afin de
rassurer le public contre toute émission arbi-
traire.
En continuant d'imposer à l'émission fidu-
ciaire un maximum, tout en se réservant
d'adapter celui-ci aux événements, l'Etat af-
firme hautement son dessein d'empêcher tout
abus du billet de banque, de quelque côté que
puissent venir les tentatives d'abus. S'il se voit
contraint de reculer peu à peu la limite assi-
gnée à l'émission, du moins il ne procède
qu'avec prudence aux autorisations d'accrois-
sement. Depuis le 5 août 1914, l'Etat n'a admis
que. deux augmentations, chacune bornée à
3 milliards. La modération dont les décrets
successifs du 11 mai 1915 et du 15 mars 1916
ont fait preuve est l'indice d'une sagesse gou-
vernementale d'autant plus appréciable qu'il
se rencontre, dans les milieux politiques, des
esprits rebelles à la leçon des assignats.
Mieux s'atteste, de la part du gouvernement,
la volonté de ne point laisser fausser le billet
de banque et de veiller, dès le temps de guerre,
à la préparation d'un retour au rembourse-
ment en espèces, plus on a le devoir d'aviser
aux' moyens d'économiser l'émission fiduciaire.
A maintes reprises, nous avons dit combien a
été heureuse, dans cet ordre d'idées, l'inspira-
tion d'où est sortie la création des bons et des
obligations de la Défense nationale. Au lieu de
chercher à détourner la Banque de France de
son rôle véritable, en la conviant à substituer
son crédit à celui de l'Etat, le ministre des
finances a fait principalement appel aux capi-
taux disponibles. M. Bib'ot, grâce aux bons et
aux obligations offerts au public, a réussi à
alimenter la Trésorerie; et non seulement par
ce moyen l'Etat parvenait à n'user qu'avec dis-
crétion du crédit de la Banque, mais; en outre,
il faisait rentrer graduellement dans ses cais-
ses une partie des billets en circulation, sauf
.à en opérer la restitution au fur et à mesure du
payement de ses dépenses. •
Le grand emprunt national en rentes perpé-
tuelles^ 5 0/0 n'a été: qu'une manifestation nou-
velle de cette politique clairvoyante. A présent,
l'effort doit reprendre pour que les souscrip-
tions aux titres de la Défense nationale entre-
tiennent la Trésorerie, tout en ne suscitant
aucune 'émission fiduciaire supplémentaire /et t
en allégeant même, momentanément, la circu-
lation. Plus le Trésor se procurera ainsi d'abon-
dantes ressources, moins il aura besoin d'un
appui direct de la Banque.
Mais on doit souhaiter davantage. Que la cir-
culation des billets soit réduite, la différence
entre les billets en cours et le maximum d'é-
mission augmentera la perspective de la né-
cessité d'un, maximum plus élevé s'éloignerait.
Or, cette ambition est permise. Il suffirait, pour
la réaliser; d'une utilisation plus large du sys-
tème des payements par mandats où par chè-
ques barrés, aboutissant à des compensations
et à de simples virements de comptes.
La Banque de France ne néglige rien pour
développer cet usage. Elle-même, pourrait-on
dire, est devenue, à ce point de vue, une vaste
chambre de compensations. L'année dernière,
par exemple, ayant eu un mouvement général
de caisse montant, à 214 milliards 225 millions,
elle n'a dû régler en espèces qu'une somme de
2 milliards 582 millions, et, en billets, que
,69 milliards 130. millions.: tandis ,aue. les virer
ménts 's'élevaient à 142 milliards 513 millions.
Le- rapport à rassemblée du 27 janvier 1016
contient ces renseignements, auxquels on, ne
sabrait trop se "reporter;
-Nous avons le souci, depuis longtemps, de don-
ner à notre clientèle toutes facilites pour effectuer
"Ses payements par écritures, sans déplacement de
numéraire-
Là loi du 29 décembre 1911 consacrait déjà l'en-
gagement que nous avions pris d'assurer gratuite-
ment le service des virements de compte à compte,
entre nos comptes courants qui résident sur des
places différentes.Nous avons voulu faire plus en-
core, et le conseil générala décidé d'étendre cette
gratuité aux virements qui sont effectués par les
titulaires de comptes de dépôts de fonds entre eux
où avec les comptes courants proprement dits,
ainsi qu'à l'émission et à l'encaissement, pour le
compte de nos clients, des chèques déplacés pàya-
bles à l'un quelconque de nos co-niptoirs.
Nous espérons; que ces mesures,» qui permettront
à toute personne ayant un compte. à la Banque de
faire opérer, gratuitement par nos soins, tout en-
voi de fonds d'une place sur une autre, tout règle-
ment par chèque payable sur n'importe lequel de
nos comptoirs, seront appréciées, et utilisées et que
nous pourrons enregistrer bientôt un accroisse-
ment sensible'des virements et compensations, qui
réduiront de plus en plus la part des billots de
banque dans les règlements.. •: f
Dans le même ordre d'idées, le Trésor vient de -e
décider, 'sur notre demande, que les créanoiers de
l'Etat pourraient être payés dans les départements
comme à Paris, au moyen de chèques 'sur, la
Banque. • •• r
Aux initiatives ainsi prises par la, Banque
de France, il faut, que d'autres se joignent,
en vue des exemples à donner et de la pro-
pagande à faire. On ne: saurait trop signaler
le mode de payement; auquel s'est arrêtée, de-
puis la fin de 1911, l.a,Qç)mpagnie des chemins
de fer. du- Midi, et les résultats qu'elle en a
obtenus.
Ayant centralise ses recettes à la Banque de
France, non seulement elle paye, par la remise
d'un mandat rouge, tous les titulaires de comp-
tes à la Banque, mais elle propose aussi ce
mode de payement à ceux de ses créanciers
qui possèdent un compte courant soit dans un
établissement de crédit, soit dans une banque
quelconque ayant elle-même compte à la'
Banque: ̃ •
« Le virement remis, explique la compagnie,
est libellé au nom de l'établissement de crédit
ou de la banque qui nous sont désignés, et
la partie prenante n'a plus qu'à le verser audit
établissement de crédit ou à ladite banque pour
faire créditer immédiatement son propre
compte courant; le reçu de ce versement n'est
pas soumis au droit de timbre,,qui serait exi-'
gible s'il s'agissait d'un versement en espèces. »
Au commencement de l'année en cours, l'ap-
plication de ce régime par la Compagnie du
Midi avait fait disparaître chez elle plus de
80 0/0 des payements en billets ou en numé-
raire. Qu'on suppose la même règle adoptée par
la plupart des établissements; que les caisses
publiques s'en fassent à, leur tour une loi, à
quelles économies de billets de banque n'assis-
terait-on, pas!
Enfin, partout où il est ouvert des comptes
de dépôts avec chèques, une œuvre d'éduca-
tion du public serait à entreprendre pour qu'il
prît l'habitude de substituer à rencaissement
direct des chèques leur versement au crédit
d'un. compte. Dès înâtrûefoiis 'IKtraiè'n'C être;
distribuées, des conseils seraient à multiplier,
dans 'le but de propager plus spécialement
̃.l'usage du chèque barré; il implique, 'en effet,
cette inscription à un crédit, écarte ainsi tout
maniement de fonds, met à l'abri des risques
de perte ou de vol, rend toutes simples les opé-
rations de virements entre banques. Le jour
où le moratorium des dépôts a été édicté, une
atteinte déplorable a été portée au développe-
ment de ce service, qui constitue tout ensem-
ble une œuvre d'assurance, de progrès finan-
cier et. d'enrichissement social. Mais l'erreur
commise ne saurait se renouveler on a pu
suffisamment en mesurer les conséquences.
Bien loin que la guerre doive détourner de
ces questions, elle est de nature à en faire
mieux sentir l'importance. A d'heure où l'on
n'est pas sans préoccupation au sujet de la
dépréciation de notre change, il convient que
les efforts convergent vers ïa restriction de la
circulation fiduciaire. Sans doute, la somme
des billets de banque émis ne présente pas,
pour l'instant, de proportions inquiétantes,
notre premier établissement de crédit possé-
dant une encaisse en or de plus de 5 milliards
(5,011,331,780- francs, au 23 mars), indépen-
damment de disponibilités et d'un; avoir de
plus de 700 millions à l'étranger. On se mé-
prendrait, d'ailleurs, certainement sur les cau-
ses de notre perte au Change si on méconnais-
sait qu'elle tient Surtout à la difficulté mater
̃rielle que rencontrent nos payements au de-
hors, en raison-dés perturbations commer-
ciales et financières actuelles. De créanciers,
̃nous sommes devenus débiteurs, et les moyens
ordinaires de règlement font défaut. Mais
combien de temps durera cette crise? Le plus
sage est d'agir comme si elle devait se prolon-
ger et s'aggraver.
En travaillant à réduire la circulation fidu-
ciaire, on n'aura pas seulement agi sagement
pour le temps de guerre; en outre, on.aura eu
en juste souci les œuvres réparatrices de l'ave-
nir. On aura aidé» notamment, à cette abolition
du cours forcé, à laquelle il importe de tou-
jours songer. La puissance économique d'une
nation est liée à la possession d'une monnaie
saine. La France y a droit. Ingénions-nous, dès
maintenant et plus. que jamais, à perfectionner
nos méthodes de payement. Nous aurons semé
de bon grain pour les lendemains de la vic-
toire.
̃; .»»
e ~o~~ c aa décret sur r lop poiccop d ar c e
lit) HUUVOdll UOulul util IBS udlùùCÙ Up
,Le Journal officiel a publié, ce matin, un dé-
cret en date du 27 mars, relatif au régime de nos
caisses d'épargne. Le décret vise à la fois la Caisse
nationale d'épargne et les caisses d'épargne ordi-
naires. Il contient deux dispositions bien dis-
tinctes.
Aux termes de ia première, « les dépôts effec-
tués postérieurement a la. publication du présent
décret ne, seront pas soumis à la limitation de
50 francs par déposant et par quinzaine », qu'avaît
établie le décret du 30 juillet 1914. Bien entendu,
et le nouveau décret, le stipule formellement, la
clause de sauvegarde serait appliquée encore
fonds qui viendraient dorénavant à être versés par
des déposants pourraient être, sans limitation
aucune, retirés par eux. `
II y a là un encouragement notable à de nou-
veaux versements aux caisses d'épargne. Peut-être
se demandera-t-on s'il était qpportun, à un mo-
ment où le placement des titres de.la Défense na-
tionale devrait plutôt attirer les épargnes
et se voir' recommandé.
La seconde disposition a pour objet d'autoriser
les .titulaires de livrets à retirer des caisses d'épar-
gne ceux de leurs fonds qui y auraient été versés
antérieurement au nouveau décret, à là condition
que les sommes ainsi retirées soient consacrées à
l'achat de rentes nominatives dont les titres seront
laissés en dépôt, pendant six mois, à la caisse
d'épargne ordinaire ou chez l'agent comptable de
la/Caisse nationale d'épargne. Un rapport au pré-
sident de la République explique en ces termes
cette mesure
Malgré les facilités qui leur ont été données. lors
Jt
certain nombre de déposants se sont plaints de
ne pouvoir utiliser en, achats de rentes, comme
l'avait prwu la loi de 1895, les disponibilités qu'ils
ont -ïnoofeMl -nous a paru: équitable de donner sa-
tisfaction à ces demandes, sous la seule réserver
&n vue d'éviter des retraits de fonds; destinés à tout
"autre objet, que les extraits d'inscription de rentes
resteraient déposés dansées caisses d'épargne Pen-
dant un délai de six mois.
Les plaintes » auxquelles il est fait ainsi allu-
sion se conçoivent, étant donné l'écart considé^-
rable qui existe entre le taux d'intérêt servi aux
déposants et le taux autrement avantageux du pla-
cement en rentes françaises. Mais on avait pu déjà
s'étonner, précisément, de la surcharge bénévole-
ment imposée au budget par l'acceptation d'une
transformation partielle des livrets des caisses d'é-
pargne en rentes 5 0/0.:
Les rentes de cet emprunt ne sont pas en. cause,
d'ailleurs. Le décret autorise, d'une façon générale,
l'achat de rentes nominatives, sans distinction
entre elles. Mais achat avec quoi? Les titulaires
de livrets ont bien une créance, mais elle est re-
présentée par des titres. En raison de là difficulté
de réalisation, de ces titres, le décret du 30 juillet
19-14 avait pris des précautions. Si les déposants
réclament, demain, le montant de leur créance,
afin de l'appliquer à des achats en rentes, ce qui
doublerait presque leur intérêt, comment la Caisse
-des dépôts et consignations fera-t-elle face aux
remboursements exigés?
Se servira-t-elle simplement des rentes qu'elle
possède, pour en opérer le virement à un compte
nouveau, celui des détenteurs de livrets? Les
achats autorisés devront-ils, au contraire, avoir
lieu sur le marché public? Si les déposants s'a-
dressent, par cette entremise, aux rentes qui se
trouvent 'd'ans 'les portefeuilles- privés,- les cours
des rentes auront pu, de ce chef, être quelque peu
soutenus, mais, par'contre, comment et à" quelles
conditions 'la Caisse des dépôts et consignations
aura-t-elle réalisé son propre portefeuille pour
subvenir aux retraits autorisés?
Le rapport est muet sur ces questions. En re-
vanche, il annonce le dépôt d'un projet de loi
« relevant le maximum des sommes qui peuvent
être inscrites à un même livret ». Or, la réduction
du maximum avait été tenue pour une améliora-
tion sensible; elle avait eu pour but de circons-
crire la dette latente que constituent les capitaux
accumulés par les caisses d'épargne. On n'aper-
çoit pas les raisons d'un retour à un régime qui
avait paru à bon droit éminemment' dangereux
pour les finances publiques.
––&
LA VIE SIMPLE
Elle est préconisée, en ce moment, en Angle-
terre par une société qui vient de s'y fonder et qui
se1 ^propose de mettre en honneur, pendant la
guerre, des habitudes de vie économique « Ne
vous servez pas de votre auto dans un but de plai-
sir personnel, dit le manifeste de cette société.
N'achetez pas inutilement des habits neufs. N'ayez
pas honte de porter de vieux vêtements. N'em-
ployez que les domestiques dont vous avez vrai-
ment besoin, vous économiserez ainsi de l'argent
pour là guerre et vous donnerez le bon exemple. »
Ce sont là de sages conseils dont chacun se trou-
vera fort bien, mais ne croit-on pas que nos amis
d'où'tre-'Manche qui sont, par ailleurs, de délicieux
NhMinïèftelÈ&i n'Oht'^pas'BtlS'Uh*e pointe de malice à
rédiger un tel programme en temps de guerre? 1?
Conseiller la vie simple en ce moment, c'est quel-
que 'peu jouer sur le velours. La recommandation
est superflue elle a été suivie, dès le début des
hostilités, par chacun avec une docilité qui serait
tout a fait admirable si l'on n'y sentait le fruit de
l'impérieuse nécessité. Réduire son train de vie, à
l'heure où, nous sommes, ne constitue plus une
vertu, encore que ce soit pour certains un gros
sacrifice. ̃
C'est au lendemain de la paix, lorsque d'exis-
tence normale s'efforcera de reprendre dans tous
les "Sômaines,que la question de la vie simple,oudu
moins de la vie à simplifier, pourra se poser pour
quelques-uns. Cette minorité tapageuse, qui avant
la guerre, avait l'insupportable prétention de nous
guider et n'aboutissait qu'à dissimuler au monde
notre vrai visage,devra,si elle veut continuer à vi-
vre parmi nous,se modifier quelque peu. Il ne s'agi-
ra pas, ainsi que pourrait le faire croire trdp naï-
vement le manifeste anglais,de porter de vieux vê-
tements ni de renoncer aux promenades en auto
ce puritanisme outrancier ne serait pas de mise
chez nous, et du reste, vie simple ne veut pas dire
vie chiche, vie ratatinée et sans luxe, mais vie dé-
barrassée de tout l'encoriibrant fardeau des faux
désirs et des faux besoins dont on prétendait nous
accabler hier.
Cette parade incessante où tant de gens se com-
plaisaient, cette atmosphère énervante de plaisir
perpétuel, "cette hantise d'être eh vedette dans
tous les domaines, cette frénésie de l'agitation
s'ans but, ces crises de snobisme outrancier auront
bien oitoinè de 'chances
sirs'e't' d'autres sentiments qui ne seront plus en
discordance 'avec la mesure française. La guerre,
qui est en soi une chose abominable, -aura eu, du
moins,- ce bénéfice de rendre à certains le sens
précis des valeurs. Soyez assuré que ceux-ci ne
confondront plus désormais la vie avec une repré-
sentation théâtrale, ni l'agitation avec l'action. De-
venus prudents, fis n'accepteront que sous béné-
fice 'd'inventaire les soi-disant jouissances qu'on
pourra leur offrir; devenus modestes, ils se rési-
gneront à certaines satisfactions moins tapageu-
seSj mais plus sûres.
Que d'horizons imprévus l'existence d'aujour-
d'hui aura ouverts devant eux! iLes uns, que
les nécessités auront contraints de quitter Paris,
se. seront aperçus tout simplement qu'il y a la
campagne avec des arbres, de la.verdure et de
l'éau et qu'au fond ils raffolent de la nature. Les
autres, qui avaient à peine le temps de feuille-
ter-un livre de temps en temps, sans prendre à
cette opération aucun plaisir du reste, se seront
avisés de faire le tour de leur bibliothèque et au-
ront découvert ce monde des consolations suprê-
mes qui s'appelle la lecture. Des pensées nouvel-
les1 auront surgi en bien des cœurs ceux-ci, qui
n'avaient jamais réfléchi plus de cinq minutes, au-
ront; aperçu l'univers infini de la vie intérieure
dont ils auront goûté, avec surprise, le charme
profond, ceux-là auront vu de près la douleur,
ees':autres la compassion avec laquelle, ô honte 1
ils'rie s'étaient jamais rencontrés face à face. Des
plaisirs, aussi, se seront retrouvés, que la mino-
rité, méprisante de jadis qualifiait de désuets, que
trop de gens avaient oubliés dans le tourbillon;
• mais qu'on a réappris tout de suite le plaisir des
sdîriés intimes passées sous la lampe avec xin. li-
vre .ou- en remuant des souvenirs, celui des déj-îu-
ners ou des dîners sans apparat, de la toilette
simple, des voyages sans fracas, des visites sans
cérémonie, de la vie sans décors fastueux, fans
snobisme prétentieux, sans tapage ridicule.
Que de gens,, privés momentanément de leur
automobile, auront découvert tout bêtement. la
marche à pied!
Ces sentiments, ces plaisirs, tout le monde, en
réalité, chez nous,' les connaissait, tout le, monde
y goûtait plus ou moins, mais ceux qui prétendent
régenter les moeurs en faisaient fi et auraient bien
voulu nous les désapprendre tout à fait. Mainte-
nant ils ne le pourront plus. Trop de gens auront
repris goût complètement, durant cette guerre, au
charme' de cette vie d'antan pour y renoncer ja-
mais. Sans réduire la leur à des proportions mes-
quines, sans répudier ni Je grand confort ni le
luxe, ils sauront la débarrasser des fautes de goût,
ils sauront l'ennoblir sans l'amoindrir et ils con-
naîtront que cette vie simplifiée, mais ^foiiiflée,
.est la seule;iéeile>fc.jQtui çonp3te. ==> B* -J
Six cent troisième jour
LA GUERRE
LA SITUATION MILITAIRE
La canonnade continue sans interruption au
nord de Verdun,' aussi bien à l'ouest et à l'est
de la Meuse qu'en "Woëvre; sur le reste du
front, la situation est assez' calme; on ne signale
que quelques épisodes de guerre de mines et
une petite attaque d'infanterie contre nos. tran-
chées entre la Somme et l'Avre, au sud-est
d'Amiens. Faut-il voir dans ce coup de main
une reconnaissance de l'état de notre ligne de
défense?
L'ennemi ne peut s'engager dans une aussi
grande opération sans. avoir, au préalable,
réuni une très nombreuse armée; les pertes
qu'il a subies au nord de Verdun et la désor-
ganisation de plusieurs de ses corps d'armée
ne doivent pas lui permettre de trouver aujour-
d'hui sur notre front- les cffectifs;,qui lui sont
indispensables il* lui faut les\ faire venir d'aile
̃leurs. •-̃.̃' ̃̃•••̃
Il ne peut, en ce moment, faire aucun prélè-
vement sur ses forces du front oriental, où elles
sont à peine suffisantes pour résister aux atta-
ques russes. Aux environs du lac de Narotch,
celles-ci rencontrent une résistance obstinée,
mais entre ce lac et Dvinsk, nos alliés, après
une lutte acharnée, ont gagné du terrain au
nord-ouest de Postavy. Les Allemands ne peu-
vent évidemment retirer aujourd'hui aucune
troupe de cette région; celles qui y seraient
maintenues subiraient une défaite irréparable;
mais le dégel et la fonte des neiges qui s'an-
nonce vont rendre les opérations militaires ex-
trêmement difficiles sur un-terrain transformé
en mer de boue. Il suffira alors à l'ennemi de
forces assez restreintes pour défendre les chaus-
sées sur lesquelles seulement la marche des
soldats sera possible, et il est à prévoir que
les Allemands transporteront en France tous
les corps d'armée qui ne leur seront pas indis-
pensables en Russie. On peut estimer à trois
ou quatre semaines la période pendant laquelle
notre ennemi n'aura devant nos lignes que des
forces relativement réduites. Au nord de Ver-
dun particulièrement, les corps d'armée qui se
s.ont battus avec tant d'acharnement sont proba-
blement très fatigués; il y a tout lieu de penser
que leur infanterie fournirait difficilement une
défense un peu prolongée et que c'est pour
prévenir toute offensive de notre part qu'ils
couvrent nos lignes d'un déluge de projectiles.
Cette continuité du bombardement nous laisse
en même temps dans l'incertitude sur le point
de notre front qui sera choisi pour le nouvel
"effort, "que là prolongation" indéfinie de là guerre
impose à l'Allemagne. Nous serions bien éton-
nés si la résistance qu'ils ont rencontrée au
nord de Verdun et qu'ils n'ont pu vaincre après
un mois de bataille ne les décidait pas à porter
ailleurs leur effort. Ils savent que, sur la Meuse,
nous'avons tous les soldats nécessaires et que
les munitions ne nous manqueront pas; ils
savent aussi que nous les attendons de pied
ferme, l'œil ouvert, et qu'après un autre mois
de bataille, ils ne seraient pas plus avancés
qu'aujourd'hui, mais avec beaucoup moins de
soldats encore; toutes ces raisons sont de nature
à faire supposer que c'est ailleurs qu'ils iront
tenter la fortune des armes.
LA SITVÂTICN DIPLOMATIQUE
Les pirates teutons s'acharnent dans leur
œuvre destructrice. Ils se vantent même d'ex-
ploits imaginaires et ils prétendent avoir coupé
des câbles anglais et français qui continuent à
fonctionner fort bien. L'opinion allemande a
besoin' d'être réconfortée. Et faute d'avoir pris
Verdun, l'état-major annonce que des obus in-
cendiaires ont été lancés sur lavillé. Les con-
ventions internationales l'interdisent, mais
qu'importe? La Germanie par-dessus tout n'a
pas à se soucier de ces accords internationaux
qu'elle n'a souscrits que pour pouvoir les
invoquer contre ceux qui veulent croire à
la force des engagements et respectent leur
parole.
Ces stipulations internationales servent à
entretenir le long échange de notes entre l'Al-
lemagne et les Etats-Unis et permettent aux
procéduriers teutons de faire traîner depuis
bientôt un an l'affaire, de la Lusitania. On.se
demande avec curiosité quelle nouvelle argutie
juridique l'Allemagne découvrira pour recom-
mencer à propos du Sussex le jeu des ater-
moiements qu'elle pratique avec un si remar-
quable succès avec Washington. L'affirmation
des agences allemandes, qui ont prétendu qu'il
n'y avait, pas de victimes, ne prévaudra pas
contre le fait, dès à présent constaté, que ce
criminel attentat a coûté la vie à au moins
97 voyageurs de toute nationalité, dont des
Américains. Il faudra trouver autre chose. Les
Teutons ne peuvent se figurer qu'il leur suf-
fira de nier l'évidence ou d'enjoindre à la puis-
sante République transatlantique comme à la
petite Hollande de ne pas discuter les affirma-
tions de Berlin! i
L'officieuse Gazette de Cologne a été, en effet,
chargée de rappeler à la Hollande qu'elle est
trop voisine de l'Allemagne pour oser mettre
en doute les explications de la chancellerie im-
périale. M. de Bethmann-Hollweg ou l'amiral
von Capelle on ne sait plus en effet qui di-
rige la politique teutonne déclarent que la
Tubanlia n'a pas été frappée par un sous-marin
allemand. Des fragments de torpille démon-
trent le contraire, et on a l'audace, à la Haye, de
le dire, on parle même de représailles! Que la
reine Wilhelmine sache donc que le kaiser
n'admet pas ce ton de la part d'un petit Etat
Guil;laume,II ne refusera, pas d'écouter Jes ré-
clamations de la Hollande à condition qu'elles
soient humbles et amicales, mais il n'admet
pas qu'elle lui parle de ses droits ni qu'elle ex-
prime des exigences.
Le gouvernement des Pays-Bas fait une fois
de plus l'épreuve de la théorie germanique que
les petits pays n'ont qu'à obéir ou à disparaître.
Mais s'il est sous l'impression de la déclaration
de guerre du Portugal, il sait d'autre part que
l'Allemagne, y regarderait à deux fois avant de
se laisser aller à son égard à une manifesta-
tion belliqueuse qui ne pourrait pas rester pla-
tonique. Guillaume II n'en est plus à pouvoir
envisager une extension des opérations sur
d'autres fronts. C'est pourquoi le ton menaçant
de la presse de la Wilhelmstrasse n'impres-
sionnera peut-être pas les Hollandais autant
qu'on l'espère à Berlin. Le procédé aurait en-
core moins de succès aux Etats-Unis. On ne se
risquera pas à l'employer. Il n'en est que plus
intéressant de voir comment le comte Bern-
storff va se tirer de cette nouvelle difficulté qui,
une fois de plus, surgit au moment même. où
l'oDinjoa américaine commençait à se calmer.
COM UNIQUE OFFICIEL DU '27 MARS
Onze heures soir
•Entre Somme et Âvre, aux environs de Maiï-
court, après un intense bombardement, les
Allemands ont tenté, sur une de* nos tranchées
de première ligne, un coup de main qui a com-
plètement échoué.
̃ En Argonne, activité continue de notre artil-
lerie sur divers points du front ennemi, notam-
ment dans le secteur du bois de Gheppy. Nos
pièces à longue portée ont canonné des troupes
en mouvement dans la direction Exermont-s
Ghatel et fait sauter un dépôt de munitions.
A l'ouest de la Meuse, le bombardement s'est
maintenu assez intense sur notre front Béthin-
court-le Mort-Homme-Cumières, ainsi qu*â
l'est de ,1a Meuse, dans la région Vaux-Douau-
mont.!
Quelques rafales d'artillerie en Woëvre. Au-t
cune action d'infanterie.
Au nord-est de Saint-Mihiel, nous avons
bombardé à longue distance la gare et les éta-
blissements ennemis d'Heudicourt, sud de Vi-
gneulles. Une rame de wagons a été démolie,
un bâtiment a pris feu. •
COffifiKUNipÉ OFFICIEL BRITANNIQUE DU 27 MARS
Hier soir et aujourd'hui, les opérations "de
mines ont été très actives.
Nous avons fait éclater avec succès des mines
à là Boisselle.' v • •••
Au sud de, Neuville-Saint-Vaast, et près de
la redoute Hohenzollern. il y a eu des combats
à la suite desquels nous avons occupé plusieurs
entonnoirs..
Hier soir, en face d'Hulluch, les Allemands
ont fait exploser des mines qui ont endom-
magé nos tranchées, nous causant quelques
pertes; nous avons occupé les entonnoirs eau-*
sés par l'explosion.
Ce matin, après avoir fait éclater des mines
sur le saillant allemand de, Saint-Eloi, nous
avons pris d'assaut les premières et deuxièmes
lignes de tranchées sur une longueur de
600 yards, infligeant de fortes pertes aux Alle-
mands, faisant 170 prisonniers, dont 2 officiers.
Canonnade, principalement dans les parages
d'Angres,' de Wulverghen, Saint-Eloi et
Wieltje.
♦
COWONIQUÉ OFFICIEL BELGE DU 27 MARS
Après une matinée relativement calme, l'ac-
tivité d'artillerie est ailée croissant en fin de
journée, surtout vers le centre du front belge,
-& --i–i
LA BATAILLE DE VERDUN
LES PERTES ALLEMANDES
Les journaux allemands publient une premier*
liste officielle des pertes subies par les Allemands
devant Verdun.
D'après ces données officielles, le 52° régiment
d'infanterie (3" corps) aurait perdu 'devant Verdun
170 tués, 941 blessés, 181 prisonniers ou disparus.
Ce qui paraît présenter 40 à 45 0/0 de l'effectif.
Il est possible que les listes suivantes augmen-
tent encore cette proportion, qui est déjà impres-
sionnante. •
On' mande d'Amsterdam à l'agence Havas:- r
Suivant les dires d'un officier allemand digne de
foi, les Allemands auraient eu 150/000, tués devant
Verdun.
On mande de Genève •
Suivant les Basler Nachrickten, environ 1,500 sol-
dats allemands venant du front de Verdun sont
arrivés ces jours derniers à Blotzheim, près de Hu-
ningue, afin d'y prendre quelque repos après les
grandes fatigues qu'ils ont endurées. Ils ont été lo-
gés dans les baraquements construits à leur in-
tention.
La semaine dernière, provenant aussi de Verdun
et transportant uniquement'de grands blessés, .un.
train est arrivé à Lœrrach.
On mande de Cologne au Tijd
La masse terrible de blessés qui arrivent dere-
chef dans les principales gares d'Allemagne et dont
le nombre rappelle les pires journées de cette guerre
fait ressentir a des milliers de familles la dureté
du conflit..
Personne ne dissimule que le double objet de
l'Allemagne à Verdun est 1° d'empêcher les puis-
sances de l'Entente de prendre l'initiative de l'of-
fensive au printemps; 2° de s'emparer de Verdun,
qui est le pivot du front français, afin de marcher
sur Paris.
L'officier allemand Schubart écrit dans la Mùncher
Allgemèine Rundschau
Nous prendrons certainement Verdun, mais cela
demandera beaucoup de temps, de peine et de sang;
de plus, la chute de Verdun ne sera que la fin d'un
chapitre, mais non la victoire finale.
Mais Verdun tombera, cela est certain, et la
route de Paris sera ouverte, mais il nous faut de
la patience et attendre .des années qui suivront ce
que l'année 1916 ne peut pas encore nous donner.
FRONT RUSSE
COMMUNIQUÉ OFFICIEL RUSSE
Petrdgrad, 27 mars:
Le combat à l'ouest et au.sud'.d'Augùstinen-
hof, sur le front de la région de Jacobstadt;
continue.
On signale des vols' plus fréquents d'avions
allemands sur tout le front de la Dvina.
A Dvinsk, l'ennemi a lancé vingt bombes.
Dans la région au nord-ouest de Postavy, nos
troupes se sont emparées, après- une lutte
acharnée, de deux lignes de tranchées enne-
mies.
[Postàvy, sur la ligne Svientzteny-Globoukoïé, est si-
tuée à 40 kilomètres à l'est de la gare de Svientziany,
point de jonction -de la voie ferrée Vilna-Dvinsk;]
L'offensive de' nos troupes dans la région
entre les lacs de Narotch et de Visçhnef a 'ren-
contré une résistance obstinée.
L'ennemi a lancé des bombes sur les gares
de Stolbtzi et de Kaidanovo, au sud-ouest de
Minsk..
Sur le.reste du front, les hostilités; se déve-i
loppent.
De son côté, notre correspondant particulier de PetrçH,
grad nous télégraphie à la mêrne, date
La température s'est radoucie à nouveau après
une courte période de froid que les Russes ont
mise à profit pour rectifier quelques-unes de leurs
positions sur le secteur nord de leur front. Le
dégel revenant, les opérations, bien que se pour-
suivant encore dans les rayons où le duel s'était
engagé, vont vraisemblablement, en raison de la
fonte des neiges, cesser complètement, ou du moins
perdre beaucoup de leur intensité actuelle.
On nous mande d'autre part de Genève
Les communiqués officiels allemands, depuis
deux jours, portent tout l'effort de leurs explica-
tions, souvent embarrassées, sur l'offensive vi-
goureuse menée par, les Russes. Le communiqué
de cette nuit est particulièrement intéressant, à
cet égard. Il commence Dar déclarer Que les
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