Titre : L'Ordre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1948-05-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32829724j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 mai 1948 21 mai 1948
Description : 1948/05/21 (A2,N226). 1948/05/21 (A2,N226).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5117355w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-1857
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/11/2021
DU RCVE
A NOS LECTEURS
• M • ■ • J 2
an la realite
par Emile BURÉ
Je prie Paul Rcijnaiid de me pardonner, mais je voyais
en lui le successeur possible et désirable de Georges Bidault
dont la suffisance et l’insuffisance sont maintenant reconnues
par tous ceux qui s’intéressent encore à notre politique exté
rieure. Et voici qu’il b.dille lui aussi aux chimères des Etats-
Unis d’Europe. Plus pressé même que M. Winston Churchill,
il a demandé au récent congrès de La Haye que fut élu dans
le délai de six mois, au suffrage universel, à raison d’un dé
puté par million d’habitants, un Parlement européen. Une telle
demande, faite par un politique qui se pique de réalisme, est
vraiment étourdissante et il ne faut pas s’étonner qu'elle n’ait
pas été retenue. Paul Ramadier, plus sage mais pas assez sage
encore, se serait contenté, lui, d’une Assemblée consultative
dont les membres seraient désignés par les Parlements déjà
existants. Il rencontra à son tour l’opposition de M. Winston
Churchill, le seul des membres de la conférence réunie dans
la capitale de la Hollande, qui savait ce qu'il voulait, qui ne
cédait à l’utopie que dans la mesure où elle pouvait être, favo
rable au réalisme britannique conçu par lui de la plus étroite,
de la plus égoïste façon et ainsi, selon nous, de la plus fausse
et de la plus périlleuse façon.
Quel est le but de M. Winston Churchill ? Nous l’avons dit
déjà, mais il n’est pas inutile de le redire. Tout comme M. Lloyd
George, en 1919, qu’il suivait à cette époque, il estime que le
relèvement de l’Allemagne est indispensable à la grandeur et
il la prospérité de l’Angleterre et comme ce relèvement mettrait
une fois de plus en danger la France, il s’efforce de persuader
cette dernière que les États-Unis d’Europe la débarrasseraient
de toute crainte; qu’elle n’aurait plus à veiller à la sécurité de
ses frontières puisque toutes les frontières seront supprimées.
La Russie soviétique le tourmente aussi, bien entendu, moins
qu’au temps où il prononça son furieux discours de Fullbright,
mais beaucoup encore cependant et les Etats-Unis d’Europe
qui ne peuvent être qu’Etats-Unis de l’Europe occidentale, aus
si largement étendus que possible vers le nord et l’est, sont en
opposition évidemment avec les Etats-Unis de l’Europe orien
tale déjà constitués sous l’égide de la Russie soviétique. Orga
nisation de la paix ? Non pas ! Organisation de la guerre, tout
au contraire.
André François-Poncet qui s’enflammait hier, dans le. Fi
garo, aux merveilles que promettent les Etats-Unis d’Europe
de M. Winston Churchill, sera, je l’espère, déçu comme pa
triote. français à Fannonce du premier succès qu’on peut ins
crire à leur compte. A Londres, les puissances occidentales se
seraient mises d’accord pour accorder à l’Allemagne occi
dentale une représentation directe dans un organisme inter
national chargé de contrôler la Ruhr. L’organisme projeté grou
perait lès représentants de sept pays. Sa création constituerait
une mesure importante dans la restauration de l’Allemagne
occidentale et elle serait en même temps le premier pas fait
vers la participation des Allemands à la reconstruction de
l’Europe occidentale.
Le projet — qui fait partie du vaste plan tendant à assurer
l’avenir politique et économique de la région industrielle clé
de l’Allemagne — est maintenant presque complètement éla
boré, assure-t-on. Il prévoit l’octroi de. deux voix à chacune
des grandes puissances dans F organisme de contrôle, les pays
du Benelux et F Allemagne disposant chacun d’une seule voix, et
c’est proprement scandaleux, nos amis belges, hollandais et
luxembourgeois en conviendront. En somme la Ruhr sera
prom pie nient remise à F Allemagne et, en attendant qu’elle en
reprenne possession, elle est en droit déjà d’espérer que les
contrôleurs américains et anglais joindront leurs voix d ceux
de leurs propres contrôleurs.
Le Quai d’Orsay a tenu à faire savoir, par le truchement
de son agence officieuse, que « la France avait fait de gran
des- concessions. Elle réclamait en effet, à l’origine, Finterna-
tionalisation de la Ruhr de préférence à un contrôle multi-
]nirti de sa production de charbon et de fer ». C’est le candide
et déplorable aveu de l’échec de la politique de Georges Bi
dault qui, depuis des mois, n’a cessé de répéter qu’il restait sur
sa position, alors qu’il l’avait déjà abandonnée. Sa responsa
bilité est lourde, mais celle du Parlement ne l’est pas moins.
C’est la fierté de l'Ordre de Paris d’avoir prévu ce qui arrive,
dans le silence presque complet de ses confrères.
2 e année. — N‘ 226.
PRIX : 5 FRANCS
Directeur politique : Émile BURÉ
VENDREDI
21 mai 1948.
La conférence de Londres
Truman :
A SCARBOROUGH
ERNEST BEV1N
déclare
"Je m’oppose « toute tentative
de guerre contre la Russie”
Scarborough.
Intervenant
LES ELECTIONS
cantonales
renvoyées en 19511
La commission de l’Intérieur décide que les conseils
généraux seront renouvelés tous les six ans
L’Ordre de Paris
paraîtra hebdomadairement
jusqu’au 15 juin
L’Allemagne
participera
au contrôle
« L’ère atomique ?
Paix ou destruction
Philadelphie.
»
Le président
de la Ruhr
Hier un
télégramme de l'Asso-
ciated Press annonçait que - la
conférence des Six était tombée
d’accord presque entièrement sur
un projet accordant à l'Allema
gne de l'Ouest la représentation
directe dans l’organisme inter
national chargé du contrôle des
attributions de charbon et d’acier
de la Ruhr. Des divergences de
vues continueraient toutefois à se
manifester entre les représen
tants de la France et ceux
des États-Unis. Les divergences
seraient relatives aux pouvoirs
dont disposerait l’organisme de
contrôle (pour une simple diver
gence celle-là est de taille) et sur
la date exacte de son fonction
nement.
Les milieux compétents pari
siens affirment qu’ils sont dans
l’incapacité de donner des préci
sions sur ce sujet. Quelle sera
exactement l'autorité de l’Allema
gne de l'Ouest, au sein de l’orga-
nisme, par rapport aux autres
membres ? Doit-on, par ailleurs,
comprendre que les pouvoirs de
l’organisme de contrôle seront do
minés par ceux du haut comman
dement d’occupation anglo-améri
cain ? Les dits milieux n’ont rien
à en savoir. Pas plus, d’ailleurs,
que du statut national et inter
national de la Ruhr, au sujet de
laquelle tous les échos concordent
pour dire qu’elle suivra, dans les
deux cas, exactement le sort du
reste de l’Allemagne, ce qui est
en opposition avec la thèse fran
çaise — pas plus encore que de
la nationalisation des mines et
industries ou de leur retour à leurs
propriétaires — sur ce dernier
point il semble bien, toujours
d’après les échos, que la thèse
américaine de retour aux proprié
taires, ait triomphé. Enfin, les
mêmes milieux ne peuvent pas
parler davantage du mode d’élec
tion à la Constituante prévue
pour la prochaine Allemagne oc
cidentale. c’est-à-dire suffrage
universel ou suffrage exercé par
les conseils des Laender. Là nous
croyons savoir au’il serait envi-
Truman a déclaré hier à Philadel
phie que l’âge atomique plaçait le
monde devant l’alternative sui
vante : « la destruction ou l’avè
nement de l’ère la plus brillante
de l’Histoire ».
Insistant sur sa certitude de
voir cette dernière solution inter
venir, il a ajouté : « Le gouver
nement américain s’applique afin
que cette ère se traduise par le
bien-être et la paix du monde et
non par la destruction. C’est tout
ce pourquoi nous travaillons. »
dans le débat de politique étran
gère au congrès annuel du parti
travailliste, M. Ernest Bevin, se
crétaire au Foreign Office, a in
sisté sur le fait qu’il n’avait ja
mais eu l’intention de mener en
Europe orientale une politique
« tendant à modifier par la for
ce plusiuurs choses qui, dans ces
pays de l’Europe orientale, ne cor
respondent pas à mes conceptions.
Je ne peux rien changer dans le
communisme de la Russie, et n’ai
nullement l’intention de m’y es
sayer.
Et il a continué :
« Toutes ces questions appar
tiennent au temps, mais cela ne
veut pas dire non plus que nous
allons demeurer inactifs et assis
ter sans broncher à l’opération
menée contre une Europe affai
blie, désorientée et désunie. »
Dans ce qui reste de l’Europe,
beaucoup de pays pensent comme
la Grande-Bretagne. Assurément
il ne peut y avoir aucune objec
tion à ce que l’on unisse ces
Etats en harmonisant leurs éco
nomies et leurs politiques do dé
fense.
Rappelant qu’il y a trente ans,
il créa un conseil d'action pour
s'opposer à l’envoi vers la Russie
de munitions qui auraient servi à
combattre la révolution, M. Bevin
ajoute : « J’ai réussi. Et aujour
d’hui je m'opposerais encore à
toute tentative de guerre contre la
Russie soviétique ou contre tout
autre pays.
« Je ne suis pas, poursuit M.
Devin, de ceux qui croient la guer
re inévitable, et je n’en ai jamais
été. »
Le ministre déclare ensuite que
la guerre des nerfs sévit depuis
quelque temps en Grèce et à Ber
lin. Il rappelle l’incident d’avia
tion de Berlin et « le malheureux
incident de Tchécoslovaquie » et
précise que si le gouvernement
britannique n’avait pas gardé tout
son sang-froid, l'affaire aurait pu
s’aggraver.
Et M. Bevin ajoute : « Malgré
toutes les provocations, notre in
tention est de rester à Berlin. »
Le secrétaire au Foreign Office
condamne ensuite les pays qui s’a
dressent aux autres peuples sans
passer par leurs gouvernements.
Ce n’est pas le moyen, dit-il, de
s'entendre.
M. Bevin traite alors de diffé
rents sujets. Sur le plan Marshall,
il déclare : « En déclinant l’offre
faite par M. Marshall, nous au
rions été coupables de l’un des
plus grands crimes contre notre
peuple. »
Mais, nous ne nous sommes pas
arrêtés aux menaces de Molotov,
continue-t-il, « Je ne me sou
mettrai à aucune menace, d’où
qu’elle vienne. »
Le ministre aborde ensuite la
question de l’Union occidentale.
Et il déclare :
« Nous nous sommes aperçus
que cinq pays, la France, la Bel-
(Lire la suite en troisième page.)
Le général Xuan
président du premier
gouvernement central
provisoire viet-namien
Capitale : Hanoï
Saigon, 20 mai. — Le général
Xuan a été élu, ce matin, prési
dent du premier gouvernement
central provisoire viet-namien, à
l'unanimité des voix, moins une
abstention, par le « Congrès » au
quel participent une quarantaine
de représentants des « familles
spirituelles et. politiques » des trois
Ky.
Une motion votée par l’Assem
blée précise :
« L’Assemblée se rallie respee-
tueusement et de façon unanime à
l’approbation qu’accorde Sa Ma
jesté Bao Daï à l’initiative du
général Xuan de former un. gou
vernement central dont le but
essentiel consiste à réaliser l’unité
et l'indépendance du Viêt-Nam. »
Il a été décidé que la capitale
serait Hanoï, Hué, la capitale de
l’Annam, servira de « siège mys
tique », tandis qu'une partie du
gouvernement s’installera égale
ment à Saigon.
Déclarations
du général Xuan
A Saigon, au cours d'une confé
rence de presse prononcée après
son élection au poste de chef du
gouvernement du Viêt-Nam, le
général Xuan a déclaré: « La for
mation de mon cabinet sera an
noncée au début de juin. Je par
tirai mardi prochain pour Hong-
(Lire la suite en troisième page.)
sagé de laisser la
désignation du
mode de scrutin aux présidents
des Laenders.
Si l'on s’étonne
de cette igno-
rance ou du black-out qui la pro
voque, on rénond que le travail
de la conférence des Six est un
travail od re/erendum, que c’est,
en somme, un ensemble de projets
à soumettre à chacun des gou
vernements représentés, lesquels
ne sont engagés en rien par les
décisions de ladite conférence.
Alors on a laissé tous ces hauts
fonctionnaires travailler et agir
sans aucune directive de leurs
gouvernements quitte à rejeter
leurs « propositions » — on pour
rait écrire : quitte à les désavouer
— finalement.
La diplomatie devient un art
-bien bizarre 1
René Coty en Bretagne
M. René Coty, ministre de la
Reconstruction et de l’Urbanisme,
a visité hier, près de Rennes, la
localité de Bruz, anéantie par les
bombardements de 1944. Le minis
tre visitera Saint-Malo cet après-
midi.
AU COMSEIL H U REPUBLIQUE
M. Georges Bidault
définit la politique
extérieure
française
La commission des Affaires
étrangères du Conseil de la Ré-
publique, réunie sous la présiden
ce de M. Salomon Grumbach, a
procédé à l’audition de M. Georges
Bidault sur la situation interna-
tionale.
M. Georges Bidault a déclaré
que les premiers contacts qu'a
pris le comité permanent de la
Conférence des Seize avec M. Har-
riman, ambassadeur des Etats-
Unis auprès des Seize, ont permis
d’envisager un fonctionnement as
sez rapide du mécanisme mis de
bout pour l’application du plan
Mashall. Le ministre ne pense'
pas que le gouvernement des
Etats-Unis fasse obstacle à une
collaboration économ ique entre les
pays de l'Ouest et de l’Est de l'Eu-
rope qui paraît indispensable. En
ce qui concerne la. France, le gou
vernement est résolu à appliquer
une telle politique dans lu mesu
re où les circonstances permet
tront cette collaboration ; il vient
de conclure un accord commercial
avec la Pologne qui sera soumis
très prochainement au Parlement
et est en train de préparer des ac-
Charles FATOZ.
(Lire la suite en troisième page.)
LES PRIX DES PENSIONS
DANS LES HOTELS
varieront
cet été
de 450 à 3.000 francs par jour
par François CHARBONNIER
par René SAIVE
On aura-beau dire et beau faire,
M. Bouret aura beau expliquer
qu’il « légifère souverainement »,
c’est-à-dire sans s’embarrasser
des contingences, le vote qu’a
émis hier la commission de l’In
térieur de l’Assemblée nationale
a une signification politique cer
taine. Après avoir décidé par 21
suffrages (M.R.P., socialistes,
communistes) contre 4 (MM. Go-
din, Rensurel, Hugues, du parti
radical, et Kuehn, de l’U.D.S.R.)
que les conseils généraux seraient
renouvelés en totalité tous les
six ans, elle ne pouvait-prétendre
sans hypocrisie qu’elle venait de
trancher platoniquement un pro
blème métaphysique.
En fait, il s’agissait de savoir
si les élections cantonales d’octo
bre prochain auraient lieu à la
date prévue ou si, au contraire,
elles seraient annulées.
Dans l’esprit des commissaires
inscrits au Rassemblement des
Gauches, c’est bien ainsi que la
question
pensons
se posait et nous ne
pas quelle ait pu se
poser autrement. Le scrutin dont
nous venons de donner l’analyse
fait d’ailleurs ressortir un par
tage des voix très symptomati
que : on retrouve en effet dans
la majorité tous ceux qui, pour
des raisons diverses, redoutent
(Lire la suite en troisième page.)
PAR CONTUMACE
l’éditeur
Bernard Grasset
est condamné
l'indignité
nationale
ANDRE DUNOYER
DE SEGONZAC
par Michel GEORGES-MICHEL
Un des peintres qui, les premiers,
se dirigèrent vers une sorte de renais
sance plastique, en se dégageant du
cubisme, sinon de ses dérivations, fut
André Dunoyer de Segonzac.
Terrien français, d’éducation choi
sie, aquafortiste incomparable, dessi
nateur incisif, mouvementé, il aban
donna même les belles couleurs in
crustées dans les grasses pâtes de ses
premières natures mortes pour pein
dre en plein air, dans des terres
d’ombre d’une résonance magnifi
que, des paysages du Quercy ou de
la Provence, jetant ainsi, au milieu
des spéculations de toute sorte, une
œuvre admirablement riche dans sa
simplicité et son élégance, en dépit
de nus qui semblent souvent acroba
tiques, en dépit parfois d’un trop
grand nombre de traits, ce qui fai
sait dire à Forain :
« Ainsi, il est certain
se tromper : il y en a au
qui tombera juste. »
Ce n’était là qu’un «
de ne pas
moins un
mot », et
Le retour des beaux jours, la
chaleur lourde qui depuis une se
maine pèse sur Paris font penser
aux vacances. Les feuilles vertes
du Bois évoquent la campagne et
le ciel bleu donne envie de dé
couvrir des horizons lointains.
Mais dans de nombreuses fa
milles, les vacances posent aujour
d’hui un problème : comment un
salarié qui gagne 15.000 francs par
mois peut-il économiser durant
l'année les sommes nécessaires
pour passer avec sa famille» une
quinzaine hors de chez lui ?
Et pourtant, fait paradoxal —
comme l’existence même que nous
menons depuis huit ans —, le
nombre des. touristes est aussi
grand qu’avant la- guerre.
€ Les gens restent peut-être
moins longtemps en vacances,
m’a avoué, un des fonctionnaires
du commissariat général au Tou
risme, mais ils se déplacent beau
coup plus. »
Aussi s’attend-on cette année,
dans les stations estivales, à une
affluence fort honnête.
Le choix est vaste, il est vrai.
Dans les super-palaces de la
Côte d’Azur le prix de pension
s’établira aux environs de 3.000
francs par jour. Près de Chenon-
ceaux, par contre, un de nos lec
teurs m’a signalé un hôtel fort
convenable, où il avait passé les
fêtes de la Pentecôte. Les condi
tions y étaient très abordables :
450 francs par jour. Ce sont des
est impossible d’entretenir nos
établissements. Je ne vous citerai
qu’un exemple : un préfet de pro
vince à fixé à 48 francs le prix
du blanchissage d'un kilo de linge.
Or un drap pèse 1 k. 200. Com
ment, dans ces conditions, pour
rions-nous couvrir nos frais ? »
Quant aux prix des repas, ils
varient suivant les villes et les
quartiers, l'appétit du client et...
la conscience professionnelle du
restaurateur.
Je connais un établissement
où l’œuf mayonnaise se payait 40
francs à l’automne dernier. Il est
progressivement passé à 45, puis
à 50 francs. C’était l'époque cù
les œufs se vendaient au détail 32
francs pièce. Depuis lors, la baisse
saisonnière est intervenue. Un œuf
se paye actuellement aux environs
de 20 francs. Pensez-vous que
notre restaurateur en ait tenu
compte ? Il a, au contraire, main
tenu courageusement le prix de
sa mayonnaise.
Bernard Grasset n’a pas déféré
à la citation à comparaître devant
la 5° chambre civique de la Seine.
L’editeur bien' côhhu a simplémént
produit, par l'intermédiaire de son
défenseur, le bâtonnier Jacques
Charpentier, un certificat médical
qui le présente comme sujet à des
crises d'anxiété et d'angoisse.
Tout récemment, on Ini a lirait fait
de Vélectro-choc et il serait encore
sous le coup de ce traitement vio
lent.
Devant l'absence de l’accusé, la
défense sollicita des jurés un ren
voi de Taffaire. Mais le commis
saire du gouvernement Lacazette
ne Ventendit pas ainsi. A u cours
d’u n e inter ven lion
ment enflammée,
soutenant qu’il
présence d’une
particulière-
M. Lacazette,
trouvait en
mesure ‘dilatoire.
(Lire la suite en troisième page.)
FARADAY
Au Palais de la Découverte
les P.T.T. présentent
des appareils
QUI FONCTIONNENT
L’exposition consacrée à l’œu
vre des savants anglais Davy est
Faraday, organisée par le British
Council et la Royal Institution
a été inaugurée hier par S. E. sir
Oliver Harvey et M. Depreux, mi-
niste de l’Education nationale,
accompagnés du savant anglais
E. Rideal directeur du laboratoire
Davy-Faraday de Londres.
Une foule de jolies femmes ac
compagnaient le ministre lors de sa
visite et voulaient se faire expli
quer toute les expériences. Ce
n’était que : « Maître puis-je
appuyer sur ce bouton sans ris
quer l’électrolution ou encore :
« Maître que signifient ces des
sins bizarres ?» Et les ingénieurs
de service de se lancer dans des
explications fumeuses sur la dé-
compositon cyclique du tetrachlo-
ruret de zinc, suivies avec un inté
rêt mêlé de distraction par ces
jeunes personnes qui mettaient
toutefois une note bien parisienne
parmi cette assemblée de doctes
scientistes.
(Lire la suite en deuxième page.)
un mot injuste. Forain, lui, effaçait
les siens, voilà tout.
Segonzac fit école, et des émules,
dont les principaux furent Boussin-
gault et Luc Albert Moreau, mort
récemment, et qui, avec lui, se libé
rèrent de l’abstraction, non sans y
avoir puisé des enseignements qu’ils
transposèrent selon leur esprit.
Une vente mémorable, au cours de
laquelle une nature morte de Segon
zac monta en flèche, en flèche d’or,
ne le fit pas dévier d’un pouce sur
la noble route qu'il s'était promise.
Segonzac, à l'étranger, notamment
aux Etats-Unis où j’ai vu beaucoup
de ses toiles, contrôle les divagations
d’autres peintres et rétablit la ba
lance dans les tendances hésitantes
des amateurs et des critiques.
Jamais aucune galerie n’avait ex
posé un ensemble des œuvres de Du
noyer tel que celui offert aujour
d’hui par la galerie Charpentier • de
1010 à 1948, cent vingt et une
toiles, près de cinq cents aquarelles,
dessins, estampes, eaux-fortes, illus
trations, le tout voisinant sans heurt,
même sans surprise si ce n est, tout
à coup, une couleur éclatée comme
un beau fruit.
De sa peinture grasse comme une
glaise, les visiteurs s’attarderont aux
illustrations aiguës, aérées, directes,
de tant de livres, dont les Georgiques
qu’il interprète sur des paysages
contemporains, et éternels !
Tout cet œuvre semble recouvrir
d'une pâte épaisse et inaltérable les
mille et une gloses dont s’emberli
ficotent trop de peintres et les y en
terrer « richement ».
L’ensemble nous donne, dans son
harmonie, le plus bel exemple de
cette qualité française entre toutes :
la mesure,
prix extrêmes. Le touriste moyen
..... . . . _ il
aurait donc le choix, si... Car
y
a naturellement un « si ».
La question des prix
Le prix des chambres d'hôtel
est actuellement au coefficient
4,5 par rapport à 1939.
« A ce taux, m’a dit M. Noga-
rède, président de la Chambre
syndicale des hôteliers, il nous
Washinton confirme :
Les Etats Scandinaves
demandent des armes
Washington. — Le Département
d’Etat américain confirme que la
Norvège et le Danemark ont de
mandé des armes aux Etats-Unis
II ajoute qu’un « certain nombre
de nations » ont formulé la même
demande, actuellement' à l’étude
par les autorités militaires.
Dans une courte déclaration
communiquée à la presse, le Dé
partement d’Etat précise : « La
Norvège et le Danmark sont par
mi certaines nations qui ont de
mandé des armes aux Etats-Unis
et leurs demandes sont à l’étude
par les autorités militaires. »
LA QUOTIDIENNE de Pierre LŒWEL
Des cigines jusqu'à nos
« Les métiers seront organisés et
leur organisation s’imposera à tous...
Avant 1940, le pays était asservi
aux puissances d’argent, aux coali
tions et aux trusts. Dorénavant
l’économie sera organisée et contrô
lée... Le commerce extérieur et les
échanges seront contrôlés par l'Etal,
la production et le commerce inté
rieur le seront également. »
Ce texte reproduit par M. Henry
Lepeytre dans un intéressant ouvra
ge intitulé < Le retour à la paix »
n'est autre que celui du message
de Pétain du 11 octobre 1940 à la
veille de l’entrevue de Montoire, II
est fort bon de le rééditer, de le re
mettre sous les yeux des Français
qui ont la mémoire courte parce qu’il
situe et date très exactement l'ori
gine de ce dirigisme qui a survécu
à Vichy mais qui lui doit naissance
et qui, pour reprendre les immor
telles paroles de l’ex-maréchal, ren
tre dans la catégorie des maux qui
auront fait tant de mal à la France
(...et tant de bien à quelques Fran
çais). Pareillement serait-il bon de
reprendre la lecture de cette histoire
de marché noir que M. Jacques De-
bu-Bridel a dressée et dans laquelle
il démontre que la pompe aspirante
allemande avait besoin pour fonc
tionner de, la « charte » si opportu
nément mise à son service par le
chef de l'Etat.
On n'emprisonne pas vainement
un pays dans des formules, des or
ganisations et des systèmes. Une fois
qu'il y a été soumis il s'y maintient
parce que, du haut en bas de l’échel
le, du fonctionnaire au prébendier,
de l'organisme officiel au profiteur,
tout se concentre et s’assemble pour
ce que la paresse et l'intérêt ont à
maintenir. Les économistes font en
suite de belles théories pour justi,-
fier la contrainte et décréter que le
libéralisme est un vain mot. Comme
les régimes totalitaires ont pour es
sence l’anéantissement des initiatives
privées leurs opinions reçoivent le
meilleur accueil et le citoyen robot
sort un jour tout armé de la forge
communautaire. Ce qui fut tactique
devient loi et ce qui est loi est répu
té vertu.'
Les formalités nécessitées par l’augmentation de capital à
laquelle TORDRE DE PARIS vient de procéder nous contrai
gnent pendant quelques jours à suspendre notre publication
quotidienne. Que les nombreux lecteurs, souscripteurs et amis,
qui nous ont donné ces derniers temps de si émouvants témoi-
gnages de confiance et même de dévouement, ne s’inquiètent
en rien ! Nous ne disparaissons pas. Le 15 juin, TORDRE DE
PARIS, quotidien, reprendra sa publication, ayant retrouvé une
nouvelle jeunesse et des forces accrues.
D’ici le 15 juin, pour faire en quelque sorte le pont, nous
paraîtrons hebdomadairement sur six pages. Même direction,
même rédaction, même programme.
Merci à tous. Nous n’oublierons pas l’affectueuse gentillesse
avec laquelle des milliers de lecteurs nous ont écrit, encouragés,
aidés. Nous croyons pouvoir dire que nous le méritions et nous
croyons pouvoir dire aussi qu’à partir du 15 juin nous le méri-
ferons plus encore.
Il va de soi que nos abonnés recevront TORDRE DE PARIS
hebdomadaire et verront leurs abonnements automatiquement
prolongés de trois semaines.
L'ORDRE DE PARIS.
LES ARABES
S’ACHARNENT
SUR JERUSALEM
M. Van Zeeland sera-t-il le médiateur
de PO.N.U
en Palestine
Les colonies juives de la vallée
du Jourdain, au nord-est de la
Palestine, semblaient, hier, porter
ie principal poids de l’attaque
arabe contre le nouvel Etat d’Is
raël.
Des dépêches par-venues à Tell-
Aviv déclarent que les forces ara
bes ont poursuivi durant toute la
journée le bombardement d’un
important groupe de colonies jui
ves situées à la pointe sud du lac
de Tibériade où les forces arabes
ont repris avant-hier le village de
pêcheurs de Samakh.
La plus vieille colonie juive de
Palestine, Daganya, située en ter
rain découvert sans aucune défen
se naturelle et possédant une po
pulation normale de 865 personnes
a été attaquée avant-hier par des
vagues de six avions à la fois,
cependant que se poursuivait le
bombardement par artillerie du
rant toute la journée.
Les réguliers irakiens sont mu
nis de nombreux chars et de vé
hicules blindés dans ce secteur. La
colonie juive de Kim Affikim, à
15 kilomètres au sud de Deganya,
a été puissamment bombardée et
Gescher, sur la rive occidentale du
Jourdain, a été continuellement
arrosée par l’artillerie irakienne
postée à Naharayim sur la rive
orientale du fleuve.
Cependant que les canons ara
bes gardaient ces colonies sous un
feu continuel, des avions syriens
ont effectué une série d'attaques
de représailles sur les Juifs de la
ville de Tibériade prise aux Ara
bes il y a trois semaines.
Dans le but de soulager la forte
pression exercée sur les colonies
juives du Jourdain, les forces jui
ves stationnées à Beisan, à 20 ki
lomètres au sud de Nahatayim, se
dirigeaient en éventail vers le
nord, mais jusqu’à présent ou ne
signale aucun engageaient d’im
portance.
Une action locale a eu lieu hier
à 20 kilomètres au sud de Haïfa,
sur la grande route côtière Haïfa-
Tell-Aviv. Des Arabes retranchés
dans un village situé à proximité
de la route ont dirigé leur feu sur
le trafic de celle-ci.
Plusieurs colonies juives du dé
sert de Negev ont subi un bombar-
dement puissant par les forces
égyptiennes. On pense qu’il s'agis
des préparatifs en vue d'une ten
tative de réduire les points forti
fiés sur les arrières de l’avance
égyptienne le long de la côte.
Progression arabe
à Jérusalem
Un communiqué officiel trans-
jordanien déclare que les « trou
pes de la légion arabe continuent
de progresser dans Jérusalem
après l’occupation du quartier de
Shiekh Jarrah, à la porte de Da
mas.
« L’ennemi a subi de lourdes
pertes et se replie devant la lé
gion arabe dont l’artillerie pilonne
les quartiers juifs ; un dépôt d’ar
mes et d’explosifs a été touché,
provoquant une violente explo
sion.
« Notre artillerie a bombardé
une concentration de forces juives
à Sinhadria (dans la partie nord
ouest de Jérusalem) où les Juifs
préparaient une contre-attaque
ils ont subi de lourdes pertes et se
sont dispersés.
Défense acharnée
de l’Irgoun
De gros efforts sont faits pour
obtenir une trêve dans la vieille
ville. Plusieurs réunions ont eu
lieu entre des représentants bri-
(Lire la suite en troisième page.)
TRIBUNE LIBRE DE L
ORDRE DE PARIS
Savants < lémagogiques
par Julien BENDA
Une récente chronique où je soutenais que
1 activité du savant en tant que savant n’a rien à
voir avec celle de l'humanitariste m’a valu, entre
autres horions, d’être traité de systématiquement
« paradoxal ».
Le mobile de ce verdict vaut qu’on s’y arrête ;
c’est la volonté de jeter le discrédit (paradoxal,
pour eux, égale faux) sur ce qui contrevient à
l'opinion courante, à la doxa des Grecs, celle-ci
constituant, par définition, l’opinion saine. C’est
l’identification du sens commun avec le bon sens.
Il est certain que lorsque Galilée déclara que la
terre tourne, il était paradoxal ; quand Lavoisier
affirma que l’air est pesant, il était paradoxal. Cette
fois, c’est la volonté que la croyance courante a
l’essentiel humanitarisme de la science soit tenue
pour l’idée juste.
On n’imagine pas à quelles déclarations stupé
fiantes cette inionction faite à la science d'être
humanitariste peut ‘conduire les meilleurs esprits.
Dans une séance du congrès de « la pensée fran
çaise au service de la paix » (comme si la pensée,
française ou autre, devait être au service de quoi
que ce soit), un de nos plus éminents psychologues,
le professeur Wallon, a proposé de « mettre la
psychologie au service de la paix », comme si le
devoir de la psychologie n’était pas uniquement de
chercher la vérité psychologique et non de pour
suivre des buts sociaux ou politiques. Le même
savant a condamné « l'intellectualisme pur dans
lequel s’était complu un certain temps la pensée '
humaine » parce que de lui « est née une contre-
offensive de l’irrationnel dont les prolongements
politiques conduisirent aux pires errements ».
Autant condamner la Révolution parce qu’elle a
suscité la Terreur blanche ou la libre-pensée parce
qu’elle a donné naissance aux fureurs du clérica
lisme. On ne saurait trop méditer le cas de ces
hommes.de science qui jugent une attitude intel
lectuelle, non pas d’après sa valeur en tant que
telle, mais d après ses conséquences sociales.
Il y a là un fait curieux, que maints de mes
lecteurs ont sûrement observé : c’est combien de
savants, une fois sortis de leur spécialité, se mon
trent identiques à l’homme du commun, ne de
mandant leurs attitudes qu’à leurs passions, igno
rants de tout esprit critique, capables d’accueillir
les assertions les moins sérieusement établies. Cela
s’est vu aux premières loges lors de l’affaire Drey
fus, où tel savant, prodigieusement chatouilleux
sur l’article de la preuve dans son laboratoire.
marchait pour les plus grossiers sophismes de
Action Fi ançaise ou de la Libte Farole. Cela se
voit aujourd’hui où tel professeur d’Analyse supé
rieure ou de physique mathématique coupe avec la
dernière candeur dans les théorèmes du marxisme
(voir Langevin) ou du démocratisme chrétien. Une
autre chose .curieuse est l’indifférence de la plupart
cl entre eux a toute vue un peu philosophique quant
à la nature de leur science. Dans ma jeunesse, je
fréquentais un monde de médecins et, comme je me
passionnais alors pour certaines thèses de biologie
générale, de Huxley, de Spencer, de Virchow, je
leur en parlais volontiers ; je m’aperçus très vite
que cela ne les intéressait nullement. De même ai-
je constaté que la plupart des avocats n’ont jamais
réfléchi sur la notion de droit, non plus que les
neuf dixièmes des polytechniciens sur le concept
de nombre ou de distance. Je n’insiste pas, je me
ferais encore traiter de paradoxal.
Revenons au dogme qui clame que la science
est par essence humanitaire. C’est là une position
purement démagogique : le peuple ayant la religion
de la science — pour des raisons exclusivement
pratiques, parce qu’elle lui vaut l’éclairage élec
trique et le chauffage central — ceux qui veulent
ses suffrages ne vont pas lui expliquer qu’elle a
pour but la recherche de la vérité, hors de toute
attention directe à ses convenances. Quant à ce
que la démagogie soit exercée aujourd’hui par
de nombreux savants, c’est là une originalité des
temps modernes. Le lecteur la jugera.
P.-S. — Dans mon article « Candeur
valse foi » relatif aux récents événements
coslovaquie, je demandais qu’on me cite
ou mau^
de Tché-
un parti
qui, se voyant contester le pouvoir par une puis»
santé opposition, ne Va pas pris par la force.
Un rédacteur du Populaire, M. F. Caussy, répond 9
Pareille désinvolture étonne chez un homme ayant
fait ses premières armes sous l’affaire Dreyfus. Car
enfin M. Benda, comme tous les Français de son
âge, a été élevé dans le souvenir proche de la guer
re de 1870 et du traité de Francfort. abominable
non point d’avoir amputé la France de deux pro
vinces, mais d’en avoir arraché les populations sans
leur demander leur assentiment. Bien sûr, depuis,
on en a vu d’autres. On a vu ces horribles dépor-
talions en masse des populations, inventées par
Staline et recommandées par lui à Hitler pour l’éva-
cuation des pays baltes. Mais il est peu de Fran
çais qui les approuvent et pas un dans la génération
de, M. Benda. Et sans doute M. Benda lui-même
n‘a-t-il pas oublié L ce point les droits de l’homme
pour lesquels il a lutté , dans sa jeunesse.
Je le demande au lecteur : en quoi le
collaborateur de JL BluW répond-il d-ma quesvive t
A NOS LECTEURS
• M • ■ • J 2
an la realite
par Emile BURÉ
Je prie Paul Rcijnaiid de me pardonner, mais je voyais
en lui le successeur possible et désirable de Georges Bidault
dont la suffisance et l’insuffisance sont maintenant reconnues
par tous ceux qui s’intéressent encore à notre politique exté
rieure. Et voici qu’il b.dille lui aussi aux chimères des Etats-
Unis d’Europe. Plus pressé même que M. Winston Churchill,
il a demandé au récent congrès de La Haye que fut élu dans
le délai de six mois, au suffrage universel, à raison d’un dé
puté par million d’habitants, un Parlement européen. Une telle
demande, faite par un politique qui se pique de réalisme, est
vraiment étourdissante et il ne faut pas s’étonner qu'elle n’ait
pas été retenue. Paul Ramadier, plus sage mais pas assez sage
encore, se serait contenté, lui, d’une Assemblée consultative
dont les membres seraient désignés par les Parlements déjà
existants. Il rencontra à son tour l’opposition de M. Winston
Churchill, le seul des membres de la conférence réunie dans
la capitale de la Hollande, qui savait ce qu'il voulait, qui ne
cédait à l’utopie que dans la mesure où elle pouvait être, favo
rable au réalisme britannique conçu par lui de la plus étroite,
de la plus égoïste façon et ainsi, selon nous, de la plus fausse
et de la plus périlleuse façon.
Quel est le but de M. Winston Churchill ? Nous l’avons dit
déjà, mais il n’est pas inutile de le redire. Tout comme M. Lloyd
George, en 1919, qu’il suivait à cette époque, il estime que le
relèvement de l’Allemagne est indispensable à la grandeur et
il la prospérité de l’Angleterre et comme ce relèvement mettrait
une fois de plus en danger la France, il s’efforce de persuader
cette dernière que les États-Unis d’Europe la débarrasseraient
de toute crainte; qu’elle n’aurait plus à veiller à la sécurité de
ses frontières puisque toutes les frontières seront supprimées.
La Russie soviétique le tourmente aussi, bien entendu, moins
qu’au temps où il prononça son furieux discours de Fullbright,
mais beaucoup encore cependant et les Etats-Unis d’Europe
qui ne peuvent être qu’Etats-Unis de l’Europe occidentale, aus
si largement étendus que possible vers le nord et l’est, sont en
opposition évidemment avec les Etats-Unis de l’Europe orien
tale déjà constitués sous l’égide de la Russie soviétique. Orga
nisation de la paix ? Non pas ! Organisation de la guerre, tout
au contraire.
André François-Poncet qui s’enflammait hier, dans le. Fi
garo, aux merveilles que promettent les Etats-Unis d’Europe
de M. Winston Churchill, sera, je l’espère, déçu comme pa
triote. français à Fannonce du premier succès qu’on peut ins
crire à leur compte. A Londres, les puissances occidentales se
seraient mises d’accord pour accorder à l’Allemagne occi
dentale une représentation directe dans un organisme inter
national chargé de contrôler la Ruhr. L’organisme projeté grou
perait lès représentants de sept pays. Sa création constituerait
une mesure importante dans la restauration de l’Allemagne
occidentale et elle serait en même temps le premier pas fait
vers la participation des Allemands à la reconstruction de
l’Europe occidentale.
Le projet — qui fait partie du vaste plan tendant à assurer
l’avenir politique et économique de la région industrielle clé
de l’Allemagne — est maintenant presque complètement éla
boré, assure-t-on. Il prévoit l’octroi de. deux voix à chacune
des grandes puissances dans F organisme de contrôle, les pays
du Benelux et F Allemagne disposant chacun d’une seule voix, et
c’est proprement scandaleux, nos amis belges, hollandais et
luxembourgeois en conviendront. En somme la Ruhr sera
prom pie nient remise à F Allemagne et, en attendant qu’elle en
reprenne possession, elle est en droit déjà d’espérer que les
contrôleurs américains et anglais joindront leurs voix d ceux
de leurs propres contrôleurs.
Le Quai d’Orsay a tenu à faire savoir, par le truchement
de son agence officieuse, que « la France avait fait de gran
des- concessions. Elle réclamait en effet, à l’origine, Finterna-
tionalisation de la Ruhr de préférence à un contrôle multi-
]nirti de sa production de charbon et de fer ». C’est le candide
et déplorable aveu de l’échec de la politique de Georges Bi
dault qui, depuis des mois, n’a cessé de répéter qu’il restait sur
sa position, alors qu’il l’avait déjà abandonnée. Sa responsa
bilité est lourde, mais celle du Parlement ne l’est pas moins.
C’est la fierté de l'Ordre de Paris d’avoir prévu ce qui arrive,
dans le silence presque complet de ses confrères.
2 e année. — N‘ 226.
PRIX : 5 FRANCS
Directeur politique : Émile BURÉ
VENDREDI
21 mai 1948.
La conférence de Londres
Truman :
A SCARBOROUGH
ERNEST BEV1N
déclare
"Je m’oppose « toute tentative
de guerre contre la Russie”
Scarborough.
Intervenant
LES ELECTIONS
cantonales
renvoyées en 19511
La commission de l’Intérieur décide que les conseils
généraux seront renouvelés tous les six ans
L’Ordre de Paris
paraîtra hebdomadairement
jusqu’au 15 juin
L’Allemagne
participera
au contrôle
« L’ère atomique ?
Paix ou destruction
Philadelphie.
»
Le président
de la Ruhr
Hier un
télégramme de l'Asso-
ciated Press annonçait que - la
conférence des Six était tombée
d’accord presque entièrement sur
un projet accordant à l'Allema
gne de l'Ouest la représentation
directe dans l’organisme inter
national chargé du contrôle des
attributions de charbon et d’acier
de la Ruhr. Des divergences de
vues continueraient toutefois à se
manifester entre les représen
tants de la France et ceux
des États-Unis. Les divergences
seraient relatives aux pouvoirs
dont disposerait l’organisme de
contrôle (pour une simple diver
gence celle-là est de taille) et sur
la date exacte de son fonction
nement.
Les milieux compétents pari
siens affirment qu’ils sont dans
l’incapacité de donner des préci
sions sur ce sujet. Quelle sera
exactement l'autorité de l’Allema
gne de l'Ouest, au sein de l’orga-
nisme, par rapport aux autres
membres ? Doit-on, par ailleurs,
comprendre que les pouvoirs de
l’organisme de contrôle seront do
minés par ceux du haut comman
dement d’occupation anglo-améri
cain ? Les dits milieux n’ont rien
à en savoir. Pas plus, d’ailleurs,
que du statut national et inter
national de la Ruhr, au sujet de
laquelle tous les échos concordent
pour dire qu’elle suivra, dans les
deux cas, exactement le sort du
reste de l’Allemagne, ce qui est
en opposition avec la thèse fran
çaise — pas plus encore que de
la nationalisation des mines et
industries ou de leur retour à leurs
propriétaires — sur ce dernier
point il semble bien, toujours
d’après les échos, que la thèse
américaine de retour aux proprié
taires, ait triomphé. Enfin, les
mêmes milieux ne peuvent pas
parler davantage du mode d’élec
tion à la Constituante prévue
pour la prochaine Allemagne oc
cidentale. c’est-à-dire suffrage
universel ou suffrage exercé par
les conseils des Laender. Là nous
croyons savoir au’il serait envi-
Truman a déclaré hier à Philadel
phie que l’âge atomique plaçait le
monde devant l’alternative sui
vante : « la destruction ou l’avè
nement de l’ère la plus brillante
de l’Histoire ».
Insistant sur sa certitude de
voir cette dernière solution inter
venir, il a ajouté : « Le gouver
nement américain s’applique afin
que cette ère se traduise par le
bien-être et la paix du monde et
non par la destruction. C’est tout
ce pourquoi nous travaillons. »
dans le débat de politique étran
gère au congrès annuel du parti
travailliste, M. Ernest Bevin, se
crétaire au Foreign Office, a in
sisté sur le fait qu’il n’avait ja
mais eu l’intention de mener en
Europe orientale une politique
« tendant à modifier par la for
ce plusiuurs choses qui, dans ces
pays de l’Europe orientale, ne cor
respondent pas à mes conceptions.
Je ne peux rien changer dans le
communisme de la Russie, et n’ai
nullement l’intention de m’y es
sayer.
Et il a continué :
« Toutes ces questions appar
tiennent au temps, mais cela ne
veut pas dire non plus que nous
allons demeurer inactifs et assis
ter sans broncher à l’opération
menée contre une Europe affai
blie, désorientée et désunie. »
Dans ce qui reste de l’Europe,
beaucoup de pays pensent comme
la Grande-Bretagne. Assurément
il ne peut y avoir aucune objec
tion à ce que l’on unisse ces
Etats en harmonisant leurs éco
nomies et leurs politiques do dé
fense.
Rappelant qu’il y a trente ans,
il créa un conseil d'action pour
s'opposer à l’envoi vers la Russie
de munitions qui auraient servi à
combattre la révolution, M. Bevin
ajoute : « J’ai réussi. Et aujour
d’hui je m'opposerais encore à
toute tentative de guerre contre la
Russie soviétique ou contre tout
autre pays.
« Je ne suis pas, poursuit M.
Devin, de ceux qui croient la guer
re inévitable, et je n’en ai jamais
été. »
Le ministre déclare ensuite que
la guerre des nerfs sévit depuis
quelque temps en Grèce et à Ber
lin. Il rappelle l’incident d’avia
tion de Berlin et « le malheureux
incident de Tchécoslovaquie » et
précise que si le gouvernement
britannique n’avait pas gardé tout
son sang-froid, l'affaire aurait pu
s’aggraver.
Et M. Bevin ajoute : « Malgré
toutes les provocations, notre in
tention est de rester à Berlin. »
Le secrétaire au Foreign Office
condamne ensuite les pays qui s’a
dressent aux autres peuples sans
passer par leurs gouvernements.
Ce n’est pas le moyen, dit-il, de
s'entendre.
M. Bevin traite alors de diffé
rents sujets. Sur le plan Marshall,
il déclare : « En déclinant l’offre
faite par M. Marshall, nous au
rions été coupables de l’un des
plus grands crimes contre notre
peuple. »
Mais, nous ne nous sommes pas
arrêtés aux menaces de Molotov,
continue-t-il, « Je ne me sou
mettrai à aucune menace, d’où
qu’elle vienne. »
Le ministre aborde ensuite la
question de l’Union occidentale.
Et il déclare :
« Nous nous sommes aperçus
que cinq pays, la France, la Bel-
(Lire la suite en troisième page.)
Le général Xuan
président du premier
gouvernement central
provisoire viet-namien
Capitale : Hanoï
Saigon, 20 mai. — Le général
Xuan a été élu, ce matin, prési
dent du premier gouvernement
central provisoire viet-namien, à
l'unanimité des voix, moins une
abstention, par le « Congrès » au
quel participent une quarantaine
de représentants des « familles
spirituelles et. politiques » des trois
Ky.
Une motion votée par l’Assem
blée précise :
« L’Assemblée se rallie respee-
tueusement et de façon unanime à
l’approbation qu’accorde Sa Ma
jesté Bao Daï à l’initiative du
général Xuan de former un. gou
vernement central dont le but
essentiel consiste à réaliser l’unité
et l'indépendance du Viêt-Nam. »
Il a été décidé que la capitale
serait Hanoï, Hué, la capitale de
l’Annam, servira de « siège mys
tique », tandis qu'une partie du
gouvernement s’installera égale
ment à Saigon.
Déclarations
du général Xuan
A Saigon, au cours d'une confé
rence de presse prononcée après
son élection au poste de chef du
gouvernement du Viêt-Nam, le
général Xuan a déclaré: « La for
mation de mon cabinet sera an
noncée au début de juin. Je par
tirai mardi prochain pour Hong-
(Lire la suite en troisième page.)
sagé de laisser la
désignation du
mode de scrutin aux présidents
des Laenders.
Si l'on s’étonne
de cette igno-
rance ou du black-out qui la pro
voque, on rénond que le travail
de la conférence des Six est un
travail od re/erendum, que c’est,
en somme, un ensemble de projets
à soumettre à chacun des gou
vernements représentés, lesquels
ne sont engagés en rien par les
décisions de ladite conférence.
Alors on a laissé tous ces hauts
fonctionnaires travailler et agir
sans aucune directive de leurs
gouvernements quitte à rejeter
leurs « propositions » — on pour
rait écrire : quitte à les désavouer
— finalement.
La diplomatie devient un art
-bien bizarre 1
René Coty en Bretagne
M. René Coty, ministre de la
Reconstruction et de l’Urbanisme,
a visité hier, près de Rennes, la
localité de Bruz, anéantie par les
bombardements de 1944. Le minis
tre visitera Saint-Malo cet après-
midi.
AU COMSEIL H U REPUBLIQUE
M. Georges Bidault
définit la politique
extérieure
française
La commission des Affaires
étrangères du Conseil de la Ré-
publique, réunie sous la présiden
ce de M. Salomon Grumbach, a
procédé à l’audition de M. Georges
Bidault sur la situation interna-
tionale.
M. Georges Bidault a déclaré
que les premiers contacts qu'a
pris le comité permanent de la
Conférence des Seize avec M. Har-
riman, ambassadeur des Etats-
Unis auprès des Seize, ont permis
d’envisager un fonctionnement as
sez rapide du mécanisme mis de
bout pour l’application du plan
Mashall. Le ministre ne pense'
pas que le gouvernement des
Etats-Unis fasse obstacle à une
collaboration économ ique entre les
pays de l'Ouest et de l’Est de l'Eu-
rope qui paraît indispensable. En
ce qui concerne la. France, le gou
vernement est résolu à appliquer
une telle politique dans lu mesu
re où les circonstances permet
tront cette collaboration ; il vient
de conclure un accord commercial
avec la Pologne qui sera soumis
très prochainement au Parlement
et est en train de préparer des ac-
Charles FATOZ.
(Lire la suite en troisième page.)
LES PRIX DES PENSIONS
DANS LES HOTELS
varieront
cet été
de 450 à 3.000 francs par jour
par François CHARBONNIER
par René SAIVE
On aura-beau dire et beau faire,
M. Bouret aura beau expliquer
qu’il « légifère souverainement »,
c’est-à-dire sans s’embarrasser
des contingences, le vote qu’a
émis hier la commission de l’In
térieur de l’Assemblée nationale
a une signification politique cer
taine. Après avoir décidé par 21
suffrages (M.R.P., socialistes,
communistes) contre 4 (MM. Go-
din, Rensurel, Hugues, du parti
radical, et Kuehn, de l’U.D.S.R.)
que les conseils généraux seraient
renouvelés en totalité tous les
six ans, elle ne pouvait-prétendre
sans hypocrisie qu’elle venait de
trancher platoniquement un pro
blème métaphysique.
En fait, il s’agissait de savoir
si les élections cantonales d’octo
bre prochain auraient lieu à la
date prévue ou si, au contraire,
elles seraient annulées.
Dans l’esprit des commissaires
inscrits au Rassemblement des
Gauches, c’est bien ainsi que la
question
pensons
se posait et nous ne
pas quelle ait pu se
poser autrement. Le scrutin dont
nous venons de donner l’analyse
fait d’ailleurs ressortir un par
tage des voix très symptomati
que : on retrouve en effet dans
la majorité tous ceux qui, pour
des raisons diverses, redoutent
(Lire la suite en troisième page.)
PAR CONTUMACE
l’éditeur
Bernard Grasset
est condamné
l'indignité
nationale
ANDRE DUNOYER
DE SEGONZAC
par Michel GEORGES-MICHEL
Un des peintres qui, les premiers,
se dirigèrent vers une sorte de renais
sance plastique, en se dégageant du
cubisme, sinon de ses dérivations, fut
André Dunoyer de Segonzac.
Terrien français, d’éducation choi
sie, aquafortiste incomparable, dessi
nateur incisif, mouvementé, il aban
donna même les belles couleurs in
crustées dans les grasses pâtes de ses
premières natures mortes pour pein
dre en plein air, dans des terres
d’ombre d’une résonance magnifi
que, des paysages du Quercy ou de
la Provence, jetant ainsi, au milieu
des spéculations de toute sorte, une
œuvre admirablement riche dans sa
simplicité et son élégance, en dépit
de nus qui semblent souvent acroba
tiques, en dépit parfois d’un trop
grand nombre de traits, ce qui fai
sait dire à Forain :
« Ainsi, il est certain
se tromper : il y en a au
qui tombera juste. »
Ce n’était là qu’un «
de ne pas
moins un
mot », et
Le retour des beaux jours, la
chaleur lourde qui depuis une se
maine pèse sur Paris font penser
aux vacances. Les feuilles vertes
du Bois évoquent la campagne et
le ciel bleu donne envie de dé
couvrir des horizons lointains.
Mais dans de nombreuses fa
milles, les vacances posent aujour
d’hui un problème : comment un
salarié qui gagne 15.000 francs par
mois peut-il économiser durant
l'année les sommes nécessaires
pour passer avec sa famille» une
quinzaine hors de chez lui ?
Et pourtant, fait paradoxal —
comme l’existence même que nous
menons depuis huit ans —, le
nombre des. touristes est aussi
grand qu’avant la- guerre.
€ Les gens restent peut-être
moins longtemps en vacances,
m’a avoué, un des fonctionnaires
du commissariat général au Tou
risme, mais ils se déplacent beau
coup plus. »
Aussi s’attend-on cette année,
dans les stations estivales, à une
affluence fort honnête.
Le choix est vaste, il est vrai.
Dans les super-palaces de la
Côte d’Azur le prix de pension
s’établira aux environs de 3.000
francs par jour. Près de Chenon-
ceaux, par contre, un de nos lec
teurs m’a signalé un hôtel fort
convenable, où il avait passé les
fêtes de la Pentecôte. Les condi
tions y étaient très abordables :
450 francs par jour. Ce sont des
est impossible d’entretenir nos
établissements. Je ne vous citerai
qu’un exemple : un préfet de pro
vince à fixé à 48 francs le prix
du blanchissage d'un kilo de linge.
Or un drap pèse 1 k. 200. Com
ment, dans ces conditions, pour
rions-nous couvrir nos frais ? »
Quant aux prix des repas, ils
varient suivant les villes et les
quartiers, l'appétit du client et...
la conscience professionnelle du
restaurateur.
Je connais un établissement
où l’œuf mayonnaise se payait 40
francs à l’automne dernier. Il est
progressivement passé à 45, puis
à 50 francs. C’était l'époque cù
les œufs se vendaient au détail 32
francs pièce. Depuis lors, la baisse
saisonnière est intervenue. Un œuf
se paye actuellement aux environs
de 20 francs. Pensez-vous que
notre restaurateur en ait tenu
compte ? Il a, au contraire, main
tenu courageusement le prix de
sa mayonnaise.
Bernard Grasset n’a pas déféré
à la citation à comparaître devant
la 5° chambre civique de la Seine.
L’editeur bien' côhhu a simplémént
produit, par l'intermédiaire de son
défenseur, le bâtonnier Jacques
Charpentier, un certificat médical
qui le présente comme sujet à des
crises d'anxiété et d'angoisse.
Tout récemment, on Ini a lirait fait
de Vélectro-choc et il serait encore
sous le coup de ce traitement vio
lent.
Devant l'absence de l’accusé, la
défense sollicita des jurés un ren
voi de Taffaire. Mais le commis
saire du gouvernement Lacazette
ne Ventendit pas ainsi. A u cours
d’u n e inter ven lion
ment enflammée,
soutenant qu’il
présence d’une
particulière-
M. Lacazette,
trouvait en
mesure ‘dilatoire.
(Lire la suite en troisième page.)
FARADAY
Au Palais de la Découverte
les P.T.T. présentent
des appareils
QUI FONCTIONNENT
L’exposition consacrée à l’œu
vre des savants anglais Davy est
Faraday, organisée par le British
Council et la Royal Institution
a été inaugurée hier par S. E. sir
Oliver Harvey et M. Depreux, mi-
niste de l’Education nationale,
accompagnés du savant anglais
E. Rideal directeur du laboratoire
Davy-Faraday de Londres.
Une foule de jolies femmes ac
compagnaient le ministre lors de sa
visite et voulaient se faire expli
quer toute les expériences. Ce
n’était que : « Maître puis-je
appuyer sur ce bouton sans ris
quer l’électrolution ou encore :
« Maître que signifient ces des
sins bizarres ?» Et les ingénieurs
de service de se lancer dans des
explications fumeuses sur la dé-
compositon cyclique du tetrachlo-
ruret de zinc, suivies avec un inté
rêt mêlé de distraction par ces
jeunes personnes qui mettaient
toutefois une note bien parisienne
parmi cette assemblée de doctes
scientistes.
(Lire la suite en deuxième page.)
un mot injuste. Forain, lui, effaçait
les siens, voilà tout.
Segonzac fit école, et des émules,
dont les principaux furent Boussin-
gault et Luc Albert Moreau, mort
récemment, et qui, avec lui, se libé
rèrent de l’abstraction, non sans y
avoir puisé des enseignements qu’ils
transposèrent selon leur esprit.
Une vente mémorable, au cours de
laquelle une nature morte de Segon
zac monta en flèche, en flèche d’or,
ne le fit pas dévier d’un pouce sur
la noble route qu'il s'était promise.
Segonzac, à l'étranger, notamment
aux Etats-Unis où j’ai vu beaucoup
de ses toiles, contrôle les divagations
d’autres peintres et rétablit la ba
lance dans les tendances hésitantes
des amateurs et des critiques.
Jamais aucune galerie n’avait ex
posé un ensemble des œuvres de Du
noyer tel que celui offert aujour
d’hui par la galerie Charpentier • de
1010 à 1948, cent vingt et une
toiles, près de cinq cents aquarelles,
dessins, estampes, eaux-fortes, illus
trations, le tout voisinant sans heurt,
même sans surprise si ce n est, tout
à coup, une couleur éclatée comme
un beau fruit.
De sa peinture grasse comme une
glaise, les visiteurs s’attarderont aux
illustrations aiguës, aérées, directes,
de tant de livres, dont les Georgiques
qu’il interprète sur des paysages
contemporains, et éternels !
Tout cet œuvre semble recouvrir
d'une pâte épaisse et inaltérable les
mille et une gloses dont s’emberli
ficotent trop de peintres et les y en
terrer « richement ».
L’ensemble nous donne, dans son
harmonie, le plus bel exemple de
cette qualité française entre toutes :
la mesure,
prix extrêmes. Le touriste moyen
..... . . . _ il
aurait donc le choix, si... Car
y
a naturellement un « si ».
La question des prix
Le prix des chambres d'hôtel
est actuellement au coefficient
4,5 par rapport à 1939.
« A ce taux, m’a dit M. Noga-
rède, président de la Chambre
syndicale des hôteliers, il nous
Washinton confirme :
Les Etats Scandinaves
demandent des armes
Washington. — Le Département
d’Etat américain confirme que la
Norvège et le Danemark ont de
mandé des armes aux Etats-Unis
II ajoute qu’un « certain nombre
de nations » ont formulé la même
demande, actuellement' à l’étude
par les autorités militaires.
Dans une courte déclaration
communiquée à la presse, le Dé
partement d’Etat précise : « La
Norvège et le Danmark sont par
mi certaines nations qui ont de
mandé des armes aux Etats-Unis
et leurs demandes sont à l’étude
par les autorités militaires. »
LA QUOTIDIENNE de Pierre LŒWEL
Des cigines jusqu'à nos
« Les métiers seront organisés et
leur organisation s’imposera à tous...
Avant 1940, le pays était asservi
aux puissances d’argent, aux coali
tions et aux trusts. Dorénavant
l’économie sera organisée et contrô
lée... Le commerce extérieur et les
échanges seront contrôlés par l'Etal,
la production et le commerce inté
rieur le seront également. »
Ce texte reproduit par M. Henry
Lepeytre dans un intéressant ouvra
ge intitulé < Le retour à la paix »
n'est autre que celui du message
de Pétain du 11 octobre 1940 à la
veille de l’entrevue de Montoire, II
est fort bon de le rééditer, de le re
mettre sous les yeux des Français
qui ont la mémoire courte parce qu’il
situe et date très exactement l'ori
gine de ce dirigisme qui a survécu
à Vichy mais qui lui doit naissance
et qui, pour reprendre les immor
telles paroles de l’ex-maréchal, ren
tre dans la catégorie des maux qui
auront fait tant de mal à la France
(...et tant de bien à quelques Fran
çais). Pareillement serait-il bon de
reprendre la lecture de cette histoire
de marché noir que M. Jacques De-
bu-Bridel a dressée et dans laquelle
il démontre que la pompe aspirante
allemande avait besoin pour fonc
tionner de, la « charte » si opportu
nément mise à son service par le
chef de l'Etat.
On n'emprisonne pas vainement
un pays dans des formules, des or
ganisations et des systèmes. Une fois
qu'il y a été soumis il s'y maintient
parce que, du haut en bas de l’échel
le, du fonctionnaire au prébendier,
de l'organisme officiel au profiteur,
tout se concentre et s’assemble pour
ce que la paresse et l'intérêt ont à
maintenir. Les économistes font en
suite de belles théories pour justi,-
fier la contrainte et décréter que le
libéralisme est un vain mot. Comme
les régimes totalitaires ont pour es
sence l’anéantissement des initiatives
privées leurs opinions reçoivent le
meilleur accueil et le citoyen robot
sort un jour tout armé de la forge
communautaire. Ce qui fut tactique
devient loi et ce qui est loi est répu
té vertu.'
Les formalités nécessitées par l’augmentation de capital à
laquelle TORDRE DE PARIS vient de procéder nous contrai
gnent pendant quelques jours à suspendre notre publication
quotidienne. Que les nombreux lecteurs, souscripteurs et amis,
qui nous ont donné ces derniers temps de si émouvants témoi-
gnages de confiance et même de dévouement, ne s’inquiètent
en rien ! Nous ne disparaissons pas. Le 15 juin, TORDRE DE
PARIS, quotidien, reprendra sa publication, ayant retrouvé une
nouvelle jeunesse et des forces accrues.
D’ici le 15 juin, pour faire en quelque sorte le pont, nous
paraîtrons hebdomadairement sur six pages. Même direction,
même rédaction, même programme.
Merci à tous. Nous n’oublierons pas l’affectueuse gentillesse
avec laquelle des milliers de lecteurs nous ont écrit, encouragés,
aidés. Nous croyons pouvoir dire que nous le méritions et nous
croyons pouvoir dire aussi qu’à partir du 15 juin nous le méri-
ferons plus encore.
Il va de soi que nos abonnés recevront TORDRE DE PARIS
hebdomadaire et verront leurs abonnements automatiquement
prolongés de trois semaines.
L'ORDRE DE PARIS.
LES ARABES
S’ACHARNENT
SUR JERUSALEM
M. Van Zeeland sera-t-il le médiateur
de PO.N.U
en Palestine
Les colonies juives de la vallée
du Jourdain, au nord-est de la
Palestine, semblaient, hier, porter
ie principal poids de l’attaque
arabe contre le nouvel Etat d’Is
raël.
Des dépêches par-venues à Tell-
Aviv déclarent que les forces ara
bes ont poursuivi durant toute la
journée le bombardement d’un
important groupe de colonies jui
ves situées à la pointe sud du lac
de Tibériade où les forces arabes
ont repris avant-hier le village de
pêcheurs de Samakh.
La plus vieille colonie juive de
Palestine, Daganya, située en ter
rain découvert sans aucune défen
se naturelle et possédant une po
pulation normale de 865 personnes
a été attaquée avant-hier par des
vagues de six avions à la fois,
cependant que se poursuivait le
bombardement par artillerie du
rant toute la journée.
Les réguliers irakiens sont mu
nis de nombreux chars et de vé
hicules blindés dans ce secteur. La
colonie juive de Kim Affikim, à
15 kilomètres au sud de Deganya,
a été puissamment bombardée et
Gescher, sur la rive occidentale du
Jourdain, a été continuellement
arrosée par l’artillerie irakienne
postée à Naharayim sur la rive
orientale du fleuve.
Cependant que les canons ara
bes gardaient ces colonies sous un
feu continuel, des avions syriens
ont effectué une série d'attaques
de représailles sur les Juifs de la
ville de Tibériade prise aux Ara
bes il y a trois semaines.
Dans le but de soulager la forte
pression exercée sur les colonies
juives du Jourdain, les forces jui
ves stationnées à Beisan, à 20 ki
lomètres au sud de Nahatayim, se
dirigeaient en éventail vers le
nord, mais jusqu’à présent ou ne
signale aucun engageaient d’im
portance.
Une action locale a eu lieu hier
à 20 kilomètres au sud de Haïfa,
sur la grande route côtière Haïfa-
Tell-Aviv. Des Arabes retranchés
dans un village situé à proximité
de la route ont dirigé leur feu sur
le trafic de celle-ci.
Plusieurs colonies juives du dé
sert de Negev ont subi un bombar-
dement puissant par les forces
égyptiennes. On pense qu’il s'agis
des préparatifs en vue d'une ten
tative de réduire les points forti
fiés sur les arrières de l’avance
égyptienne le long de la côte.
Progression arabe
à Jérusalem
Un communiqué officiel trans-
jordanien déclare que les « trou
pes de la légion arabe continuent
de progresser dans Jérusalem
après l’occupation du quartier de
Shiekh Jarrah, à la porte de Da
mas.
« L’ennemi a subi de lourdes
pertes et se replie devant la lé
gion arabe dont l’artillerie pilonne
les quartiers juifs ; un dépôt d’ar
mes et d’explosifs a été touché,
provoquant une violente explo
sion.
« Notre artillerie a bombardé
une concentration de forces juives
à Sinhadria (dans la partie nord
ouest de Jérusalem) où les Juifs
préparaient une contre-attaque
ils ont subi de lourdes pertes et se
sont dispersés.
Défense acharnée
de l’Irgoun
De gros efforts sont faits pour
obtenir une trêve dans la vieille
ville. Plusieurs réunions ont eu
lieu entre des représentants bri-
(Lire la suite en troisième page.)
TRIBUNE LIBRE DE L
ORDRE DE PARIS
Savants < lémagogiques
par Julien BENDA
Une récente chronique où je soutenais que
1 activité du savant en tant que savant n’a rien à
voir avec celle de l'humanitariste m’a valu, entre
autres horions, d’être traité de systématiquement
« paradoxal ».
Le mobile de ce verdict vaut qu’on s’y arrête ;
c’est la volonté de jeter le discrédit (paradoxal,
pour eux, égale faux) sur ce qui contrevient à
l'opinion courante, à la doxa des Grecs, celle-ci
constituant, par définition, l’opinion saine. C’est
l’identification du sens commun avec le bon sens.
Il est certain que lorsque Galilée déclara que la
terre tourne, il était paradoxal ; quand Lavoisier
affirma que l’air est pesant, il était paradoxal. Cette
fois, c’est la volonté que la croyance courante a
l’essentiel humanitarisme de la science soit tenue
pour l’idée juste.
On n’imagine pas à quelles déclarations stupé
fiantes cette inionction faite à la science d'être
humanitariste peut ‘conduire les meilleurs esprits.
Dans une séance du congrès de « la pensée fran
çaise au service de la paix » (comme si la pensée,
française ou autre, devait être au service de quoi
que ce soit), un de nos plus éminents psychologues,
le professeur Wallon, a proposé de « mettre la
psychologie au service de la paix », comme si le
devoir de la psychologie n’était pas uniquement de
chercher la vérité psychologique et non de pour
suivre des buts sociaux ou politiques. Le même
savant a condamné « l'intellectualisme pur dans
lequel s’était complu un certain temps la pensée '
humaine » parce que de lui « est née une contre-
offensive de l’irrationnel dont les prolongements
politiques conduisirent aux pires errements ».
Autant condamner la Révolution parce qu’elle a
suscité la Terreur blanche ou la libre-pensée parce
qu’elle a donné naissance aux fureurs du clérica
lisme. On ne saurait trop méditer le cas de ces
hommes.de science qui jugent une attitude intel
lectuelle, non pas d’après sa valeur en tant que
telle, mais d après ses conséquences sociales.
Il y a là un fait curieux, que maints de mes
lecteurs ont sûrement observé : c’est combien de
savants, une fois sortis de leur spécialité, se mon
trent identiques à l’homme du commun, ne de
mandant leurs attitudes qu’à leurs passions, igno
rants de tout esprit critique, capables d’accueillir
les assertions les moins sérieusement établies. Cela
s’est vu aux premières loges lors de l’affaire Drey
fus, où tel savant, prodigieusement chatouilleux
sur l’article de la preuve dans son laboratoire.
marchait pour les plus grossiers sophismes de
Action Fi ançaise ou de la Libte Farole. Cela se
voit aujourd’hui où tel professeur d’Analyse supé
rieure ou de physique mathématique coupe avec la
dernière candeur dans les théorèmes du marxisme
(voir Langevin) ou du démocratisme chrétien. Une
autre chose .curieuse est l’indifférence de la plupart
cl entre eux a toute vue un peu philosophique quant
à la nature de leur science. Dans ma jeunesse, je
fréquentais un monde de médecins et, comme je me
passionnais alors pour certaines thèses de biologie
générale, de Huxley, de Spencer, de Virchow, je
leur en parlais volontiers ; je m’aperçus très vite
que cela ne les intéressait nullement. De même ai-
je constaté que la plupart des avocats n’ont jamais
réfléchi sur la notion de droit, non plus que les
neuf dixièmes des polytechniciens sur le concept
de nombre ou de distance. Je n’insiste pas, je me
ferais encore traiter de paradoxal.
Revenons au dogme qui clame que la science
est par essence humanitaire. C’est là une position
purement démagogique : le peuple ayant la religion
de la science — pour des raisons exclusivement
pratiques, parce qu’elle lui vaut l’éclairage élec
trique et le chauffage central — ceux qui veulent
ses suffrages ne vont pas lui expliquer qu’elle a
pour but la recherche de la vérité, hors de toute
attention directe à ses convenances. Quant à ce
que la démagogie soit exercée aujourd’hui par
de nombreux savants, c’est là une originalité des
temps modernes. Le lecteur la jugera.
P.-S. — Dans mon article « Candeur
valse foi » relatif aux récents événements
coslovaquie, je demandais qu’on me cite
ou mau^
de Tché-
un parti
qui, se voyant contester le pouvoir par une puis»
santé opposition, ne Va pas pris par la force.
Un rédacteur du Populaire, M. F. Caussy, répond 9
Pareille désinvolture étonne chez un homme ayant
fait ses premières armes sous l’affaire Dreyfus. Car
enfin M. Benda, comme tous les Français de son
âge, a été élevé dans le souvenir proche de la guer
re de 1870 et du traité de Francfort. abominable
non point d’avoir amputé la France de deux pro
vinces, mais d’en avoir arraché les populations sans
leur demander leur assentiment. Bien sûr, depuis,
on en a vu d’autres. On a vu ces horribles dépor-
talions en masse des populations, inventées par
Staline et recommandées par lui à Hitler pour l’éva-
cuation des pays baltes. Mais il est peu de Fran
çais qui les approuvent et pas un dans la génération
de, M. Benda. Et sans doute M. Benda lui-même
n‘a-t-il pas oublié L ce point les droits de l’homme
pour lesquels il a lutté , dans sa jeunesse.
Je le demande au lecteur : en quoi le
collaborateur de JL BluW répond-il d-ma quesvive t
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