Titre : Alger-étudiant : organe officiel de l'Association générale des étudiants d'Alger
Auteur : Association générale des étudiants d'Algérie. Auteur du texte
Éditeur : Association générale des étudiants d'Alger (Alger)
Date d'édition : 1933-03-24
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32685365z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 3712 Nombre total de vues : 3712
Description : 24 mars 1933 24 mars 1933
Description : 1933/03/24 (A12,N158). 1933/03/24 (A12,N158).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k57284678
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-60882
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/01/2011
ALGER-ETUDIANT
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Rue des Trois-Couleurs
par Lucienne FAVRE
Dans la rue des Trois-Couleurs
du quartier de la Marine d'Alger,
on trouve ce qu'il faut pour con-
tenter la 2'Iupart des aspirations
humaines : quelques gargotes, plu-
sieurs coiffeurs, des filles publi-
ques, de nombreux débitants d'al-
cool, des hôtels notoirement peu-
plés de parasites... mais par tant
de belles nuits, certaines gens
couchent de préférence au dehors-
Dans la rue des Trois-Couleurs
qui s'accote à l'ancien quartier gé-
néral des corsaires barbaresques
(la place des Quatre-Tavernes où
se tenaient les marchés d'esclaves
en reste un indiscutable témoin)
une population franco-itaïo-hispa-
no-arabo-berbère vit misérable-
ment pêle-mêle en atteignant par- i
fois au sentiment d'une fraternité ■
consolante qu'on ne rencontre dans <
ce pays comme dans beaucoup ;
d'autres qu'à des échelons aussi s
bas. (
' L'actuelle bâtardise du décor, t
ce mélange surprenant de marbre {
et de crasse, d'européanisme pouil- f
leux et d'art mauresque déliques- r
cent ; cette promiscuité des jets i
d'eaux et des urinoirs, de la Mos- 1
quée et de la Bourse du Travail d
où les ouvriers pieux d'aujourd'hui
tiennent leurs conciles ; cette con- p
fusion des chéchias et des bérets p
basques, des turbans et des casquet- d
tes, voilà qui fait le prix de la d
rue des Trois-Couleurs et des en- p
virons, ri
Dans la rue des Trois-Couleurs e]
qui n'a pas de trottoirs car elle H
est étroite, circulent parfois, outre cl
le flot de la population normale te
des rebuts humains de divers âge: ei
et dès deux sexes. Tout ce que la la
syphillis et l'alcoolisme ont pu à
mettre de fantaisie à sculpter des ce
visages et des corps sans nationa di
lité distincte, s'y confronte dans ri'
une 2îrocessi°n généralement vc
muette de personnages sans bras, Pi
sans nez, sans jambes, qui rampent m
dans une boue grasse en élevant ni
leurs moignons vers le passant, en ty
découvrant, au moment propice, P£
leurs plaies où les mouches se Col- ce
lent à demeure pendant l'été. ne
Rue des Trois-Couleurs, l'air est ,el
souvent chargé d'un composé de r'
graisse de mouton, d'oranger, d'en- '
cens, de beurre rance et d'aniset- S 32
te. De sorte que tant de créatures la
sous-alimentées n'ont besoin que cul
de faire l'effort de se traîner jus- a (
qu'au seuil de leur porte pour y (
gober les vapeurs ambiantes. On un
pratique aussi dans tout le quar- Il
tier, un savoureux internationalis- d'o
me culinaire. . Couscouss... maca- « I
ronis.. brochettes de viande gril- ces
lées en plein air... frites et rahat pre
loukoum... céL
Sur la place Mahon où la rue ^e
des Trois-Couleurs prend sa sour- vre_
ce, se trouvent les grands restau- "se
rants. Comme les portions y sont vau
uniformément à vingt sous, l'on t0ïl
fait l'addition d'après le nombre *an
des assiettes empilées à la fin du d el
repas sous le menton du client. cIue
Pour certains Gargantuas ou Cré- '-' 0!
sus, cela peut atteindre jusqu'à des
huit ou dix, à hauteur de nez. Le "ini
cas est plutôt rare. La plupart L
des consommateurs ne dépassent vue
pas le chiffre cinq — ce qui leur (pre
réserve suffisamment de champ d'ui
pour voir et respirer gens
La place Mahon, qui est encom- com
brée pendant le jour car elle est lors
une gare d'autobus (certains y res- sché
tent encore pendant la nuit) de- tout
meure quand même, malgré cet d'ap
envahissement de carcasses à mo- flets
teurs, une sorte de Pré-aux-Clercs Q
où toute la pègre algéroise vient posé
régler ses différends. Ainsi, dans la B
l'étroit intervalle qui sépare deux kabj
cars : rouge sang de boeuf et bleu de n
de prusse, des hommes s'étripent des
chevaleresquement encore pour niers
leurs des nuances de langage, de subti-
Iger, les variations de sentiment,
con- Au temps où la mécanique
tions n'avait pas victorieusement sub-
plu- mergé le monde, la place Mahon
abli- se contentait d'héberger les min-
d'al- ces coricolos qui portaient (de pré-
peu- férence aux indications d'ordre
tant pratique de leur destination) des
gens sobriquets poétiquement vagues...
>rs... « A la Brise de Mai »...« Léger Zé-
eurs phyr »... « Le Plaisir des Da-
• gé- mes ». L'odeur standardisée de la
pies carburation couvre absolument à
où certaines heures tout souvenir de
ives ce passé lointain.
in) Tout auprès de la place Mahon
;pa- qui est de dimensions modestes,
ble- l'immense place du Gouverne-
ur- ment (place du Cheval, disent les
lité indigènes à cause de la statue
ans équestre du due d'Orléans) joue
>up aux quatre coins à l'aide de vespa-
tssi siennes, de kiosques de vendeurs ,
de journaux, de certains éventai-
:or, res de fleuristes musulmans qui ex-
bre posent parfois ces chefs-d'oeuvre r
iil- floraux, ronds, serrés, corsetés com- j
tes- me des pièces montées de pâtisse- .
ets rie auxquelles ne manque pas
os- l'odeur de vanille grâce au brin
ail d'héliotrope dissimulé. c
lui ' On a vraiment besoin, dans ces ï
Jn- parages, d'un peu de parfum. Les .
ets plus ingénieux se placent même v. °
et- demeure, dans la narine, un brin s
la de basilic ou de romarin. Ce n'est
în- pas un luxe. Car, par ici, la pour-
riture est à l'état chronique et le '
irs cloaque est impossible à nettoyer,
lie II y a, sur les murs de certaines c:
;re chambres, sur les cloisons tournan- «
le tes des escaliers, des crasses et des b
:e; empreintes digitales qui datent de "
la la conquête. On y pourrait cultiver d
ju à plaisir les plus nonchalante? *
es comme les plus foudroyantes mala- P'
a dies. Il n'y faudrait, outre l'incu- te
us rie humaine, qu'un peu de bonne ë*
aï volonté de ce qu'on appelle La 'a
ts, Providence. Et dans certaines de- d<
it meures, les germes momentané- C
xt ment assoupis de la variole et du P<
sn typhus escomptent probablement fa
e pour déployer enfin leur virulen- ce
1- ce, cette bonne volonté surhumai- P*
ne où se combineront un excès de ba
^ température et un degré de moin-
dre résistance des patients. fo:
j_. On peut tout attendre d'extrava- co.
t. gant rue des Trois-Couleurs, même do
;s la peste ! Et quand la sonnerie du ph
e i cinéma retentit, on pense toujours eP
.. à quelque alerte singulière.
y Car il y a aussi, il y a surtout,
a un cinéma, rue des Trois-Couleurs. toi
•- Il porte un nom charmant, digne seii
i- d'orner le fronton d'un Manet : doi
,- « La Perle ». On y trouve des pîa- du
- ces à partir de deux francs : on y siq
t projette de vieux films qui furent cer
célèbres au temps du cinéma muet, tan
, Le Far-West... la girl qui manoeu- sou
. vre un fusil comme ses soeurs civi- poi
. lisées le browning... les belles che- vas
t vauchées y alternent avec des bis- ne
t toires policières non moins stimu- rati
; larites. On y peut voir encore rib]
d'étonnantes découvertes scientifi-1 d'aï
ques : « L'encrier périscope ». sort
L'on y apprend comment la bande la j
des « Buses Clignotantes » y com- Pin:
, bine ses coups. que
Un parterre de yaouleds, à la cno
vue des Chariot et Buster Iveaton i~nli
(première manière) se convulsé mel
d'un rire qui n'appartient qu'aux COUl
gens assez pauvres pour demeurer g 011
complètement enthousiastes. Et Pou
lorsque, dans le film héroïque, le qui
schériff capture le traître au lasso, ac°l
toute la salle éclate d'une pétarade sty lt
d'applaudissements, de cris, de sif- ses '
flets, de hurlements victorieux. *es c
Quand on voit ce public com- est c
posé : de soldats français nés dans Poss
la Beauce, de tirailleurs d'origine med
kabyle, de maçons piémontais (sans parler de 1
des soutiers nègres et des cuisi- nais;
niers de bateaux indochinois) j
ubti- former ainsi un seul bloc fraternel
pour frémir ou rire, on a l'im-
ique pression réconfortante de ce que
sub- peut l'âme n ystique des hommes
dion actuellement encore, envers et
min- contre toutes les mécaniques, les
pré- tarifs douaniers et les consortiums
rdre de l'acier,
des Le patron possède mie badine
tes... d'olivier qui lui sert pendant
' Ze- l'entr'actè à chasser les audacieux
Da- qui prendraient volontiers les
e la bancs de l'orchestre pour trem-
1 a plins. « Le cul dessus, mais pas
de les pieds », telle est sa devise pé-
remptoire.
lon Plusieurs agents, gras et bien
' es' vêtus, se tiennent en permanence
r?e" sur le seuil ou dans l'antichambre
es du cinéma « La Perle ». Il est à ,
ue peu près sans exemple qu'ils aient '
oue eu à intervenir. C'est précisément !
P " ce qui explique leur présence con- :
ni.s îinue. Le cinéma « La Perle » est
un de ces lieux de fausse mauvaise
ex- ' • • t
réputation qui permettent aux
vre fonctionnaires de la police de sem-
bler servir à quelque chose en at- .
'se~ tendant l'heure de la retraite. •*
pas _ r
rin Cependant, il arrive que, peu- r
dant les périodes électorales, leur „
présence se justifie mieux. "* i
■ Cette salle innocente, vouée •■
4 .-, d'ordinaire au seul plaisir visuel, i
'• se charge alors d'un public d'audi- ,
rin * • -c - i d
t teurs non moins naïf, mais plus
' tumultueux que celui des représen-
j tations artistiques. ?
er. Les candidats communistes, so-
ies cialistes ou radicaux... (n'importe | j
in. lesquels, enfin, de ces innombra- -,
[es blés, fiers et forts en gueule capa- ,j
de blés de trahir l'esprit de leur man- x~-
er dat au premier tournant de -.
e? l'histoire de leur ambition) y ex- ! _,
a. posent des thèses qui valent tou-
u. tes mieux que ceux qui les propa- ?
ie gent. L'âme du peuple est si vail- ,
ja lante qu'elle ne peut se fatiguer ' .
e- de reforger continuellement sa foi. ™
é- C'est xuie parcelle assez divine
[u pour que l'on se sente envahi d'un P(
it fameux dégoût envers l'indifféren- l°
y. ce et l'incurie de ses Dieux ou ~;c
i- présumés tels qui n'ont cessé de la ,
[e bafouer au cours des siècles. ia
i- Rue des Trois-Couleurs, par- X
fois, on sent frémir encore l'âme
i. collective de l'espèce humaine. La
e douleur comme l'espérance et le.
u plaisir en soudent les éléments lée
s épars... cu<
** vei
;, Tout ce quartier, bientôt, va ^
;. tomber sous la pioche du démolis- P 01
s seur. C'est nécessaire sans aucun un
: doute si l'on se place seulement
- du point de vue de la santé phy-
? sique et de l'hygiène. Il n'est pas S"
t certain, cependant, que les habi-
. tants de ce territoire lépreux,
- soudain miraculeusement traus-
- portés sur une fraction de sol plus f"
■ vaste, mieux aérée et ensoleillée ; k i
■ ne soient (au moins pour la gêné- i ■
■ ration actuelle) envahis d'un ter- m
: rible désespoir dans le sentiment f
| d'avoir perdu leurs racines. Cette I
sorte de fleur bizarre qui s'appelle L
ia joie, pousse parfois mieux dans I
l'humus gras et la saleté du soi I
que dans un terreau de premier f
choix. C'est une plante rampante, . f
grimpante qui s'accroche facile- j l
ment aux balcons déteints où s'ac-: k
coudent les femmes débraillées, en- I
guirlande on ne sait comment ni W
pourquoi un bruit de mandoline J
qui ne retrouvera jamais pareille
acoustique dans un quartier de l
style américain. La joie possède B
ses lois aussi mystérieuses que cel- ■
les de la résonnance musicale. Elle V
est comme une tradition orale im- F
possible à fixer et dont les peuples •
méditerranéens particulièrement à
et les miséreux les plus démunis A
de la rue des Trois-Couleurs con- I
naissent les nuances. Wl
Lucienne FAVRE. [J;
Poésie et Prose d'Alger
par Jean GRENIER
iel
m. Nous sommes heureux d'offrir
ue à nos lecteurs un article inédit de
ies Jean Grenier qui vient de faire
et paraître aux éditions de la N.R.F.
[es un volume d'Essais « Les Iles »,
ns dont nous publierons très pro-
chainement un compte rendu.
tie
nt " ••
IX
e° Peu de villes sont plus acciseil-
n" lantes et plus vivifiantes à la fois
as qu'Alger. Le visiteur, admis d'em-.
blée dans son intimité, y trouve
une fraîcheur tonique. La mer,
!n toute somptueuse qu'elle est, se
;e laisse dessiner par ce bel arc de
"f cercle qui va de Pescade à Mati-
a fou, alors que tant d'autres riva-
ges sont informes. Et quand on
débarque de pays où les hommes,
à force de se soumettre à des tra-
' diiions en ont pris l'air d'oiseaux
apprivoises, on a plaisir, a voir
autour de soi des énergies que
rien n'a encore entamées. Cette
joie de vivre que respire l'éter- ;
nelle jeunesse de la mer, et la '
nouvelle jeunesse d'un peuple,
r c'est sans doute ce qui fait à Alger
la source du plaisir du matin. Car
" il y a des villes du soir et des villes
' de l'aurore. Les capitales des pays
* du Nord, bien entendu, sont des c
villes du soir — les villes de FEg- c
pagne, pour d'autres raisons. Mais r
ia plupart des ports méditerra- r
néens, Alger surtout, sont des vil- \
,'les du matin. Promenez-vous au f
lever du soleil dans Ba'b-el-Oued ^
(le seul quartier intéressant de la c,
i ville européenne), vous y sentirez c,
J le vent frais ds la mer,'la'rosée t<
i des collines proches et cette sin- a;
gulière allégresse de toutes choses J
à quoi se reconnaît une « terra p
felice ». Ce sont de belles mati- e;
nées que celles où l'on descend de n,
Bouzaréah par les ravins sauvage ,•,=
pour se mêler à la foule multico- }a
lore de Bab-el-Oued et arriver en a1
flânant au forum de la place du je
Gouvernement, corbeille où, toute vj
la journée, repose avec complai- \'i
sance le soleil. Telle est pour moi ;a
la poésie d'Alger. tf
ra
Mais quand, l'après-midi écou- P1
lée, l'homme a besoin de se re- Pc
cueillir — je ne dis ï>as de se di- gu
ver tir. car à ce sujet toute grande tn"
ville, hélas, est abondamment Rî(
pourvue — quand il veut trouver
un repos, une solitude, un lieu où I
rir renouer d'un fil invisible ses ac-
de tions dérisoires du jour avec son
ire destin éternel, où pourrait-il se
.F. diriger ? La ville ne lui montre
», plus que le visage banal et fermé
"O- d'un grand bourg de province.
Tant de cités enferment au con-
traire de si précieux asiles—, pour
• • ne citer que Paris, combien d'étu-
diants parisiens au crépuîcuîe ont
.. la chance de pouvoir s'aller laver
." l'esprit au Luxembourg! Aîger,dé-
' vorée par le soleil et le désir du
I 1" gain, aurait d'autant plus besoin
d'une retraite. Elle n'existe pas,
:r' me seinble-t-il. Est-ce la faute du
^ plan d'enlaidissement d'Alger fi-
. dèlement poursuivi (et l'on parle
l" encore de l'inconstance de la poli-
a" tique) pendant un siècle ? Je ne
,n crois pas. Sans doute les collines
' souriantes d'Alger ont été à ja-
a" mais déshonorées, mais tant d'au-
,x très paysages aussi beaux ont été
r ailleurs saccagés par les hommes !
e Non, je ne sais quoi nous avertit
e • -i
que ce qui manque si cruellement
r" ici ce sont quelques vestiges du
a passé.
r Mais il y a la Casbah, dira-t-on,
r et le reste ?
s
s — Oui, mais qu'importe à celui
s qui ne se sent relié par rien à
" cette sorte de passé, à qui ce passé
s n'ajoute rien ? En ce moment je
" pense à ces ruines du Forum et
" du Capitule qu'un déluge de
1 fleurs sauvages revêt chaque prin-
' temps d'une éternelle jeunesse, à
1 ces vieux couvents abandonnés
: comme on en trouve un psu par-
; tout en Italie et où l'herbe croît
' autour de la fontaine, à Sainî-Jean
1 des Ermites à Palerme par exem-
ple... Et je sais bien que ce voeu
est platonique et irréalisable (on
ne peut pas refaire du passé), et
je sais bien qu'il y a à côté de cela
la douceur virgilienne du Sahel
avec ses marabouts perdus dans
les pinèdes ; je sais bien qu'il faut
vivre pour agir, tout cela je
l'accorde — mais laissez un
jardin désert, quelque chose
d'inutile et d'imprévu, une ter-
rasse surplombant la mer où l'on
puisse s'isoler, laissez (mais im-
possible), un espace où à la ri-
gueur on ne fasse qu'entrer et sor-
tir... Cinq minutes de rêve, un mo-
ment d'absence.
! JEAN GRENIER.
!IHIIIHilIIiEHHIiH!i!!il5IB§S!IISBSBIBBgBBBBBBBBBflBBBBBBEîl3eBmi^^
Rue des Trois-Couleurs
par Lucienne FAVRE
Dans la rue des Trois-Couleurs
du quartier de la Marine d'Alger,
on trouve ce qu'il faut pour con-
tenter la 2'Iupart des aspirations
humaines : quelques gargotes, plu-
sieurs coiffeurs, des filles publi-
ques, de nombreux débitants d'al-
cool, des hôtels notoirement peu-
plés de parasites... mais par tant
de belles nuits, certaines gens
couchent de préférence au dehors-
Dans la rue des Trois-Couleurs
qui s'accote à l'ancien quartier gé-
néral des corsaires barbaresques
(la place des Quatre-Tavernes où
se tenaient les marchés d'esclaves
en reste un indiscutable témoin)
une population franco-itaïo-hispa-
no-arabo-berbère vit misérable-
ment pêle-mêle en atteignant par- i
fois au sentiment d'une fraternité ■
consolante qu'on ne rencontre dans <
ce pays comme dans beaucoup ;
d'autres qu'à des échelons aussi s
bas. (
' L'actuelle bâtardise du décor, t
ce mélange surprenant de marbre {
et de crasse, d'européanisme pouil- f
leux et d'art mauresque déliques- r
cent ; cette promiscuité des jets i
d'eaux et des urinoirs, de la Mos- 1
quée et de la Bourse du Travail d
où les ouvriers pieux d'aujourd'hui
tiennent leurs conciles ; cette con- p
fusion des chéchias et des bérets p
basques, des turbans et des casquet- d
tes, voilà qui fait le prix de la d
rue des Trois-Couleurs et des en- p
virons, ri
Dans la rue des Trois-Couleurs e]
qui n'a pas de trottoirs car elle H
est étroite, circulent parfois, outre cl
le flot de la population normale te
des rebuts humains de divers âge: ei
et dès deux sexes. Tout ce que la la
syphillis et l'alcoolisme ont pu à
mettre de fantaisie à sculpter des ce
visages et des corps sans nationa di
lité distincte, s'y confronte dans ri'
une 2îrocessi°n généralement vc
muette de personnages sans bras, Pi
sans nez, sans jambes, qui rampent m
dans une boue grasse en élevant ni
leurs moignons vers le passant, en ty
découvrant, au moment propice, P£
leurs plaies où les mouches se Col- ce
lent à demeure pendant l'été. ne
Rue des Trois-Couleurs, l'air est ,el
souvent chargé d'un composé de r'
graisse de mouton, d'oranger, d'en- '
cens, de beurre rance et d'aniset- S 32
te. De sorte que tant de créatures la
sous-alimentées n'ont besoin que cul
de faire l'effort de se traîner jus- a (
qu'au seuil de leur porte pour y (
gober les vapeurs ambiantes. On un
pratique aussi dans tout le quar- Il
tier, un savoureux internationalis- d'o
me culinaire. . Couscouss... maca- « I
ronis.. brochettes de viande gril- ces
lées en plein air... frites et rahat pre
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Sur la place Mahon où la rue ^e
des Trois-Couleurs prend sa sour- vre_
ce, se trouvent les grands restau- "se
rants. Comme les portions y sont vau
uniformément à vingt sous, l'on t0ïl
fait l'addition d'après le nombre *an
des assiettes empilées à la fin du d el
repas sous le menton du client. cIue
Pour certains Gargantuas ou Cré- '-' 0!
sus, cela peut atteindre jusqu'à des
huit ou dix, à hauteur de nez. Le "ini
cas est plutôt rare. La plupart L
des consommateurs ne dépassent vue
pas le chiffre cinq — ce qui leur (pre
réserve suffisamment de champ d'ui
pour voir et respirer gens
La place Mahon, qui est encom- com
brée pendant le jour car elle est lors
une gare d'autobus (certains y res- sché
tent encore pendant la nuit) de- tout
meure quand même, malgré cet d'ap
envahissement de carcasses à mo- flets
teurs, une sorte de Pré-aux-Clercs Q
où toute la pègre algéroise vient posé
régler ses différends. Ainsi, dans la B
l'étroit intervalle qui sépare deux kabj
cars : rouge sang de boeuf et bleu de n
de prusse, des hommes s'étripent des
chevaleresquement encore pour niers
leurs des nuances de langage, de subti-
Iger, les variations de sentiment,
con- Au temps où la mécanique
tions n'avait pas victorieusement sub-
plu- mergé le monde, la place Mahon
abli- se contentait d'héberger les min-
d'al- ces coricolos qui portaient (de pré-
peu- férence aux indications d'ordre
tant pratique de leur destination) des
gens sobriquets poétiquement vagues...
>rs... « A la Brise de Mai »...« Léger Zé-
eurs phyr »... « Le Plaisir des Da-
• gé- mes ». L'odeur standardisée de la
pies carburation couvre absolument à
où certaines heures tout souvenir de
ives ce passé lointain.
in) Tout auprès de la place Mahon
;pa- qui est de dimensions modestes,
ble- l'immense place du Gouverne-
ur- ment (place du Cheval, disent les
lité indigènes à cause de la statue
ans équestre du due d'Orléans) joue
>up aux quatre coins à l'aide de vespa-
tssi siennes, de kiosques de vendeurs ,
de journaux, de certains éventai-
:or, res de fleuristes musulmans qui ex-
bre posent parfois ces chefs-d'oeuvre r
iil- floraux, ronds, serrés, corsetés com- j
tes- me des pièces montées de pâtisse- .
ets rie auxquelles ne manque pas
os- l'odeur de vanille grâce au brin
ail d'héliotrope dissimulé. c
lui ' On a vraiment besoin, dans ces ï
Jn- parages, d'un peu de parfum. Les .
ets plus ingénieux se placent même v. °
et- demeure, dans la narine, un brin s
la de basilic ou de romarin. Ce n'est
în- pas un luxe. Car, par ici, la pour-
riture est à l'état chronique et le '
irs cloaque est impossible à nettoyer,
lie II y a, sur les murs de certaines c:
;re chambres, sur les cloisons tournan- «
le tes des escaliers, des crasses et des b
:e; empreintes digitales qui datent de "
la la conquête. On y pourrait cultiver d
ju à plaisir les plus nonchalante? *
es comme les plus foudroyantes mala- P'
a dies. Il n'y faudrait, outre l'incu- te
us rie humaine, qu'un peu de bonne ë*
aï volonté de ce qu'on appelle La 'a
ts, Providence. Et dans certaines de- d<
it meures, les germes momentané- C
xt ment assoupis de la variole et du P<
sn typhus escomptent probablement fa
e pour déployer enfin leur virulen- ce
1- ce, cette bonne volonté surhumai- P*
ne où se combineront un excès de ba
^ température et un degré de moin-
dre résistance des patients. fo:
j_. On peut tout attendre d'extrava- co.
t. gant rue des Trois-Couleurs, même do
;s la peste ! Et quand la sonnerie du ph
e i cinéma retentit, on pense toujours eP
.. à quelque alerte singulière.
y Car il y a aussi, il y a surtout,
a un cinéma, rue des Trois-Couleurs. toi
•- Il porte un nom charmant, digne seii
i- d'orner le fronton d'un Manet : doi
,- « La Perle ». On y trouve des pîa- du
- ces à partir de deux francs : on y siq
t projette de vieux films qui furent cer
célèbres au temps du cinéma muet, tan
, Le Far-West... la girl qui manoeu- sou
. vre un fusil comme ses soeurs civi- poi
. lisées le browning... les belles che- vas
t vauchées y alternent avec des bis- ne
t toires policières non moins stimu- rati
; larites. On y peut voir encore rib]
d'étonnantes découvertes scientifi-1 d'aï
ques : « L'encrier périscope ». sort
L'on y apprend comment la bande la j
des « Buses Clignotantes » y com- Pin:
, bine ses coups. que
Un parterre de yaouleds, à la cno
vue des Chariot et Buster Iveaton i~nli
(première manière) se convulsé mel
d'un rire qui n'appartient qu'aux COUl
gens assez pauvres pour demeurer g 011
complètement enthousiastes. Et Pou
lorsque, dans le film héroïque, le qui
schériff capture le traître au lasso, ac°l
toute la salle éclate d'une pétarade sty lt
d'applaudissements, de cris, de sif- ses '
flets, de hurlements victorieux. *es c
Quand on voit ce public com- est c
posé : de soldats français nés dans Poss
la Beauce, de tirailleurs d'origine med
kabyle,
des soutiers nègres et des cuisi- nais;
niers de bateaux indochinois) j
ubti- former ainsi un seul bloc fraternel
pour frémir ou rire, on a l'im-
ique pression réconfortante de ce que
sub- peut l'âme n ystique des hommes
dion actuellement encore, envers et
min- contre toutes les mécaniques, les
pré- tarifs douaniers et les consortiums
rdre de l'acier,
des Le patron possède mie badine
tes... d'olivier qui lui sert pendant
' Ze- l'entr'actè à chasser les audacieux
Da- qui prendraient volontiers les
e la bancs de l'orchestre pour trem-
1 a plins. « Le cul dessus, mais pas
de les pieds », telle est sa devise pé-
remptoire.
lon Plusieurs agents, gras et bien
' es' vêtus, se tiennent en permanence
r?e" sur le seuil ou dans l'antichambre
es du cinéma « La Perle ». Il est à ,
ue peu près sans exemple qu'ils aient '
oue eu à intervenir. C'est précisément !
P " ce qui explique leur présence con- :
ni.s îinue. Le cinéma « La Perle » est
un de ces lieux de fausse mauvaise
ex- ' • • t
réputation qui permettent aux
vre fonctionnaires de la police de sem-
bler servir à quelque chose en at- .
'se~ tendant l'heure de la retraite. •*
pas _ r
rin Cependant, il arrive que, peu- r
dant les périodes électorales, leur „
présence se justifie mieux. "* i
■ Cette salle innocente, vouée •■
4 .-, d'ordinaire au seul plaisir visuel, i
'• se charge alors d'un public d'audi- ,
rin * • -c - i d
t teurs non moins naïf, mais plus
' tumultueux que celui des représen-
j tations artistiques. ?
er. Les candidats communistes, so-
ies cialistes ou radicaux... (n'importe | j
in. lesquels, enfin, de ces innombra- -,
[es blés, fiers et forts en gueule capa- ,j
de blés de trahir l'esprit de leur man- x~-
er dat au premier tournant de -.
e? l'histoire de leur ambition) y ex- ! _,
a. posent des thèses qui valent tou-
u. tes mieux que ceux qui les propa- ?
ie gent. L'âme du peuple est si vail- ,
ja lante qu'elle ne peut se fatiguer ' .
e- de reforger continuellement sa foi. ™
é- C'est xuie parcelle assez divine
[u pour que l'on se sente envahi d'un P(
it fameux dégoût envers l'indifféren- l°
y. ce et l'incurie de ses Dieux ou ~;c
i- présumés tels qui n'ont cessé de la ,
[e bafouer au cours des siècles. ia
i- Rue des Trois-Couleurs, par- X
fois, on sent frémir encore l'âme
i. collective de l'espèce humaine. La
e douleur comme l'espérance et le.
u plaisir en soudent les éléments lée
s épars... cu<
** vei
;, Tout ce quartier, bientôt, va ^
;. tomber sous la pioche du démolis- P 01
s seur. C'est nécessaire sans aucun un
: doute si l'on se place seulement
- du point de vue de la santé phy-
? sique et de l'hygiène. Il n'est pas S"
t certain, cependant, que les habi-
. tants de ce territoire lépreux,
- soudain miraculeusement traus-
- portés sur une fraction de sol plus f"
■ vaste, mieux aérée et ensoleillée ; k i
■ ne soient (au moins pour la gêné- i ■
■ ration actuelle) envahis d'un ter- m
: rible désespoir dans le sentiment f
| d'avoir perdu leurs racines. Cette I
sorte de fleur bizarre qui s'appelle L
ia joie, pousse parfois mieux dans I
l'humus gras et la saleté du soi I
que dans un terreau de premier f
choix. C'est une plante rampante, . f
grimpante qui s'accroche facile- j l
ment aux balcons déteints où s'ac-: k
coudent les femmes débraillées, en- I
guirlande on ne sait comment ni W
pourquoi un bruit de mandoline J
qui ne retrouvera jamais pareille
acoustique dans un quartier de l
style américain. La joie possède B
ses lois aussi mystérieuses que cel- ■
les de la résonnance musicale. Elle V
est comme une tradition orale im- F
possible à fixer et dont les peuples •
méditerranéens particulièrement à
et les miséreux les plus démunis A
de la rue des Trois-Couleurs con- I
naissent les nuances. Wl
Lucienne FAVRE. [J;
Poésie et Prose d'Alger
par Jean GRENIER
iel
m. Nous sommes heureux d'offrir
ue à nos lecteurs un article inédit de
ies Jean Grenier qui vient de faire
et paraître aux éditions de la N.R.F.
[es un volume d'Essais « Les Iles »,
ns dont nous publierons très pro-
chainement un compte rendu.
tie
nt " ••
IX
e° Peu de villes sont plus acciseil-
n" lantes et plus vivifiantes à la fois
as qu'Alger. Le visiteur, admis d'em-.
blée dans son intimité, y trouve
une fraîcheur tonique. La mer,
!n toute somptueuse qu'elle est, se
;e laisse dessiner par ce bel arc de
"f cercle qui va de Pescade à Mati-
a fou, alors que tant d'autres riva-
ges sont informes. Et quand on
débarque de pays où les hommes,
à force de se soumettre à des tra-
' diiions en ont pris l'air d'oiseaux
apprivoises, on a plaisir, a voir
autour de soi des énergies que
rien n'a encore entamées. Cette
joie de vivre que respire l'éter- ;
nelle jeunesse de la mer, et la '
nouvelle jeunesse d'un peuple,
r c'est sans doute ce qui fait à Alger
la source du plaisir du matin. Car
" il y a des villes du soir et des villes
' de l'aurore. Les capitales des pays
* du Nord, bien entendu, sont des c
villes du soir — les villes de FEg- c
pagne, pour d'autres raisons. Mais r
ia plupart des ports méditerra- r
néens, Alger surtout, sont des vil- \
,'les du matin. Promenez-vous au f
lever du soleil dans Ba'b-el-Oued ^
(le seul quartier intéressant de la c,
i ville européenne), vous y sentirez c,
J le vent frais ds la mer,'la'rosée t<
i des collines proches et cette sin- a;
gulière allégresse de toutes choses J
à quoi se reconnaît une « terra p
felice ». Ce sont de belles mati- e;
nées que celles où l'on descend de n,
Bouzaréah par les ravins sauvage ,•,=
pour se mêler à la foule multico- }a
lore de Bab-el-Oued et arriver en a1
flânant au forum de la place du je
Gouvernement, corbeille où, toute vj
la journée, repose avec complai- \'i
sance le soleil. Telle est pour moi ;a
la poésie d'Alger. tf
ra
Mais quand, l'après-midi écou- P1
lée, l'homme a besoin de se re- Pc
cueillir — je ne dis ï>as de se di- gu
ver tir. car à ce sujet toute grande tn"
ville, hélas, est abondamment Rî(
pourvue — quand il veut trouver
un repos, une solitude, un lieu où I
rir renouer d'un fil invisible ses ac-
de tions dérisoires du jour avec son
ire destin éternel, où pourrait-il se
.F. diriger ? La ville ne lui montre
», plus que le visage banal et fermé
"O- d'un grand bourg de province.
Tant de cités enferment au con-
traire de si précieux asiles—, pour
• • ne citer que Paris, combien d'étu-
diants parisiens au crépuîcuîe ont
.. la chance de pouvoir s'aller laver
." l'esprit au Luxembourg! Aîger,dé-
' vorée par le soleil et le désir du
I 1" gain, aurait d'autant plus besoin
d'une retraite. Elle n'existe pas,
:r' me seinble-t-il. Est-ce la faute du
^ plan d'enlaidissement d'Alger fi-
. dèlement poursuivi (et l'on parle
l" encore de l'inconstance de la poli-
a" tique) pendant un siècle ? Je ne
,n crois pas. Sans doute les collines
' souriantes d'Alger ont été à ja-
a" mais déshonorées, mais tant d'au-
,x très paysages aussi beaux ont été
r ailleurs saccagés par les hommes !
e Non, je ne sais quoi nous avertit
e • -i
que ce qui manque si cruellement
r" ici ce sont quelques vestiges du
a passé.
r Mais il y a la Casbah, dira-t-on,
r et le reste ?
s
s — Oui, mais qu'importe à celui
s qui ne se sent relié par rien à
" cette sorte de passé, à qui ce passé
s n'ajoute rien ? En ce moment je
" pense à ces ruines du Forum et
" du Capitule qu'un déluge de
1 fleurs sauvages revêt chaque prin-
' temps d'une éternelle jeunesse, à
1 ces vieux couvents abandonnés
: comme on en trouve un psu par-
; tout en Italie et où l'herbe croît
' autour de la fontaine, à Sainî-Jean
1 des Ermites à Palerme par exem-
ple... Et je sais bien que ce voeu
est platonique et irréalisable (on
ne peut pas refaire du passé), et
je sais bien qu'il y a à côté de cela
la douceur virgilienne du Sahel
avec ses marabouts perdus dans
les pinèdes ; je sais bien qu'il faut
vivre pour agir, tout cela je
l'accorde — mais laissez un
jardin désert, quelque chose
d'inutile et d'imprévu, une ter-
rasse surplombant la mer où l'on
puisse s'isoler, laissez (mais im-
possible), un espace où à la ri-
gueur on ne fasse qu'entrer et sor-
tir... Cinq minutes de rêve, un mo-
ment d'absence.
! JEAN GRENIER.
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