Plus de mille dessins de Georges Wolinski (1934-2015) dans Gallica
Les dessins de Georges Wolinski, entrés par don à la BnF en 2012, sont consultables par tous dans Gallica. C’est le premier grand ensemble de dessins de presse contemporains mis en ligne, avec l’accord de l’artiste et de ses ayants-droit. Une occasion de mieux connaître un dessinateur talentueux, féru de liberté.
Wolinski est une figure incontournable du dessin de presse en France. Réputé pour sa jovialité teintée d’une certaine mélancolie, il a su saisir l’esprit de son temps : après une enfance marquée par les années de guerre et une adolescence ouverte aux arts populaires américains (cinéma et bande dessinée), il aborde les années 1960, plein d’enthousiasme, emporté par l’élan de toute une jeunesse impatiente, déterminée à secouer les vieux repères, à inventer une nouvelle façon de vivre, faite d’une insolente liberté.
C’est en 1960, lors de son service militaire en Algérie, qu’il découvre le tout nouveau journal satirique Hara Kiri, admirant tout particulièrement les dessins soignés et délirants de Roland Topor. Au cours d’une permission en France, il se rend à Paris, au siège du journal et propose ses dessins qui sont retenus et publiés en 1961.
Son style vif et enjoué plaît à un public de plus en plus large et l’incite à diversifier ses activités. Il dessine pour une quarantaine d’autres titres de journaux dont Libération, Le Nouvel Observateur, L’Humanité, Paris Match et Le Journal du dimanche.
Dès la fin des années 1960, il met son art au service du spectacle et de la publicité. En octobre 1969, pour la pièce de théâtre Je ne veux pas mourir idiot, il dessine les personnages, les affiches et les publicités dans Hara-Kiri. En 1975, il crée la pièce Le Roi des cons avec une mise en scène de Claude Confortès et dessine les affiches et les publicités dans Charlie Hebdo.
En 1959, lors de son service militaire, il assiste à un essai nucléaire. Frappé par ce spectacle, il transcrit son impression en un dessin saisissant (une tête de mort surgissant d’une boîte de TNT) qu’il propose en 1959 à un concours à Angers.
Wolinski a publié plus d’une centaine d’albums, à partir des dessins de l’année, parus dans les journaux ou d’autres supports (Canal +, avec les aventures de Scoopette, la nympho de l’info, 1994). Le dessin d’une jeune fille suspendue à une branche d’arbre est tout à fait représentatif de l’art qui a fait son succès et sa réputation : un danger menace, une inquiétude surgit alors que tout ne semble que beauté, innocence et plaisir.
Ce large panorama permet d’apprécier la grande diversité de style et d’inspiration de l’artiste. L’ensemble constitue un creuset d’une grande richesse pour saisir l’esprit d’une France de la deuxième moitié du 20e siècle, libérée de ses chaînes morales et prise dans de nouvelles contradictions. Importante matière à réflexions pour les futurs chercheurs.
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