Ces œuvres qui entrent dans le domaine public en 2025

Tradition oblige, nous commençons l’année avec notre habituel article dédié aux entrées dans le domaine public et aux œuvres nouvellement libérées. Colette, Henri Matisse, Claude Cahun, Robert Capa, des lettres aux arts, il y en aura pour tous les goûts cette année !

Colette, Sidonie, Willy et les autres

La star incontestée cette année est Colette. De son vrai nom Sidonie-Gabrielle Colette, l’autrice de la série Claudine, jeune fille anticonformiste, est considérée comme l’une des précurseuse de l’autofiction. Ses œuvres explorent le sentiment amoureux, les relations humaines, la féminité et aussi la sexualité. Sur Gallica, vous pourrez lire ses ouvrages imprimés, comme son célèbre Chéri, roman paru en 1920, qui décrit la relation d’un jeune homme avec une femme plus âgée dans le milieu mondain du début du XXe siècle.
Colette a aussi été chroniqueuse pour la presse écrite, nous avions consacré plusieurs articles à son activité de journaliste. Et si vous en voulez encore, vous pouvez l’écouter vous parler et lire un extrait de Sido.

Portrait de Colette dans Marie-Claire, dir. Jean Prouvost, 27 janvier 1939

Colette n’est pas la seule à avoir user d’un pseudonyme et à voir ses œuvres entrer dans le domaine public en 2025. Noré Brunel, écrivain de style classique, emprunte le nom Jean d’Yvelise, pour signer des romans d’amour aux premières de couverture aujourd’hui bien vintage. 

De René Laporte, poète mais aussi éditeur des Éditions des Cahiers libres, vous pouvez parcourir ses poèmes rassemblés sous le nom Corde au cou dans lesquels il aborde, vous vous en doutez, des sentiments peu joyeux comme l’angoisse, l’anxiété ou la peur.

Citons l’entrée dans le domaine public de Thea von Harbou, écrivaine et scénariste de films muets allemande, dont Metropolis réalisé par Fritz Lang, en 1927. Sur Gallica, vous retrouverez un de ses romans de science-fiction Une femme sur la lune, paru en 1928 et adapté au cinéma en 1929. Sachez toutefois qu’elle prendra ensuite position en faveur du parti nazi.

Notons aussi que l’entrée d’Élisabeth de Gramont dans le domaine public libère les œuvres du poète romantique John Keats dont elle fut une des traductrices en français.

Entre la littérature et les arts, on trouve Louise Hervieu. Son nom ne vous dit pas grand-chose ? Elle est pourtant à l’origine d’un document que vous avez sûrement utilisé. Née avec une syphilis congénitale, elle milite très tôt pour la santé infantile et est l’instigatrice du carnet de santé mis en place pour tous les enfants né·e·s après le 1er juin 1939. Mais Louise Hervieu est aussi écrivaine, lauréate du Prix Femina en 1936  pour son roman Sang, et artiste peintre. Ce qui nous amène aux arts plastiques et à des noms très attendus…

Papiers découpés, clichés et autoportraits

Commençons avec une figure majeure de l’art du XXe siècle : Henri Matisse. Ce maître des couleurs s’est d’abord fait connaître comme le chef de file du mouvement Fauve, puis par ses formes singulières et sa technique des papiers découpés. Sur Gallica, ce sont plus de 200 estampes que vous pourrez admirer, notamment ses études pour La Danse, peinture murale de près de 4 mètres de long, aujourd’hui exposée au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. 

Henri Matisse, Nadia. Masque, 1948

Lucy Schwob, plus connue sous le nom de Claude Cahun, est un·e artiste pluridisciplinaire de l’entre-deux-guerres. Claude Cahun participe au groupe surréaliste avant de s’éloigner de la sphère parisienne et de s’installer sur l’île de Jersey avec sa compagne, Suzanne Malherbe, alias Marcel Moore. Le couple est à l’origine d’une riche œuvre photographie, tantôt seul·es en autoportrait, tantôt à deux. Claude Cahun a aussi écrit plusieurs ouvrages mêlant textes, images et collages en tout genre, dont le célèbre Aveux non avenus.
Grâce à un partenariat avec la ville de Nantes, la collection numérique de Gallica s’enrichira durant l’année de plusieurs documents de l’artiste.

Autre pseudonyme, celui de Robert Capa qui résonne inévitablement avec celui de la célèbre agence de photographie Magnum dont il est l’un des fondateurs. Saviez-vous que son véritable nom était Endre Ernő Friedmann et que c’est sa femme Gerda Taro, elle aussi photographe, qui, avant de mourir accidentellement pendant la guerre d’Espagne, lui en a soufflé l’idée. Ce changement a propulsé sa carrière. Aujourd’hui, sur Gallica, ce sont des centaines de photographies de Robert Capa réalisées durant la Seconde Guerre mondiale, du Débarquement en Normandie, à la Capitulation allemande en passant par la Libération de Paris, qui sont accessibles. 

Robert Capa, Libération de Paris, 1944

Notons aussi deux illustrateurs : Roland Coudon, principalement connu pour ses affiches de films, dont la spectaculaire Escadre volante et Auguste Leroux, peintre couronné du prix de Rome en 1894, qui mis son art au service des Emprunts français durant la Première Guerre mondiale, comme pour l’affiche du 3e Emprunt où il se représente en compagnie de son fils.

Avant de quitter les artistes, jetez un coup d’œil à cet ouvrage de liturgie illustré au tout début du XXe siècle par de délicates enluminures végétales signées Elisabeth Teinturier, comtesse de Carfort.

How I long to be with you, my happiness…

Borney Bergantine est le compositeur du fameux morceau My Happiness, écrit en 1933 et interprété depuis par Ella Fitzgerald et Elvis Presley, mais c’est Connie Francis qui le popularise en 1958. Sa version est à écouter sur Gallica !

Du côté du kiosque à journaux

Bien que nous trouvions déjà beaucoup de documents à leur sujet grâce à l’exception de droits attribuée à la presse, il nous faut citer deux entrées importantes pour le monde de la presse. 
Tout d’abord, Lucien Vogel, journaliste, esthète et successivement, graphiste pour La Vie Heureuse, revue féminine universelle illustrée, rédacteur en chef d’Art et décoration, et surtout fondateur de La Gazette du bon ton : art, mode et frivolités, du très éphémère Style parisien, des Élégances parisiennes et de L'Illustration des modes. Après un passage chez Vogue afin de créer la version française du magazine, il lance, en 1928, le magazine d’actualité Vu.   

La Gazette du bon ton : art, mode et frivolités, directeur Lucien Vogel, 1er janvier 1924

L’autre c’est Léon Bailby, au départ rédacteur en chef du journal La Presse, il dirige ensuite L'Intransigeant, quotidien du soir aux penchants nationalistes qui devient un des titres les plus tirés dans les années 1920. Il est aussi lié à l’histoire de L’Écho de Paris (à partir de 1938). 
Tous ces titres sont antidreyfusards et, à ce propos, nous devons ajouter que l’écrivain et journaliste Georges Bonnamour, connu pour avoir retranscrit le procès d’Émile Zola pour son J’accuse, paru dans L’Aurore, le 13 janvier 1898, entre lui aussi dans le domaine public. Outre ses ouvrages classiques, comme Fanny Bora ou Trois femmes, vous pouvez lire ses Impressions d’audience et son Étude sur le bordereau.

Paix et syndicalisme

Léon Jouhaux, au look de cowboy, est une personnalité importante de l’histoire de Confédération générale du travail. Il en a été le secrétaire général de 1909 à 1947 et a laissé plusieurs écrits sur sa vision du syndicalisme tel que La C.G.T. et le Front populaire, et discours, notamment ceux du 1er mai dont nous possédons des enregistrements. En 1951, il reçoit le prix Nobel de la Paix pour ses engagements pacifistes. 

Bernard Sleigh, An anciente mappe of Fairyland newly discovered and set forth, Bernard Sleigh, 1925

Finissons avec le document le plus insolite de cette année, The Mappe of Fairyland du muraliste anglais Bernard Sleigh. Cette œuvre fantastique d’une grande finesse et remplie de détails recense les principaux personnages des mythes, légendes et contes de fées. Sortez vos lunettes et activez le zoom pour l’arpenter !