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Repérez les dieux de l’Olympe dans la Galerie d'Enée, un chef d'oeuvre du 18e siècle

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Dans le cadre de l’exposition «Le Théâtre de Troie, d’Homère à Virgile » actuellement présentée au Musée des Beaux-Arts de Tours, Gallica vous invite à découvrir le somptueux décor d’une célèbre galerie du 18e siècle aujourd’hui disparue tout en révisant vos connaissances mythologie gréco-romaine.

"L'assemblée des dieux", talbeau d'Antoine Coypel gravé par Nicolas Tardieu, 1720-1721
L’année 2022 marque le tricentenaire de la disparition du peintre d’histoire Antoine Coypel (1661 - 1722), célèbre à son époque pour ses tableaux et décors monumentaux, exécutés pour le roi Louis XIV et le régent Philippe d’Orléans.

L’exposition «Le Théâtre de Troie, d’Homère à Virgile » au Musée des Beaux-Arts de Tours rend hommage à cet artiste qui, tout au long de sa carrière, a puisé son inspiration dans les célèbres épopées antiques d’Homère et de Virgile.
Point d’orgue de l’exposition, un ensemble de douze estampes de très grand format conservé au département des Estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France, reproduisant le décor de la Galerie d’Enée au Palais Royal aujourd’hui disparue, est montré pour la première fois.
La Galerie d’Enée, véritable chef-d’œuvre comparé en son temps à la Galerie des glaces de Versailles, met en scène certaines des aventures du héros troyen narrées dans L’Enéide de Virgile. Il s’agit d’un des décors les plus célèbres du 18e siècle, commandité par le régent Philippe d’Orléans, neveu de Louis XIV.
Détruit en 1784 pour permettre la construction de l’actuelle Comédie française, le décor est aujourd’hui connu grâce à quelques tableaux restants conservés au Musée Fabre de Montpellier et au Musée du Louvre, aux dessins préparatoires également au Musée du Louvre, à une esquisse conservée au musée des Beaux-Arts d'Angers, une autre esquisse d'un détail, conservée au musée Réattu à Arles - et aux estampes reproduisant la galerie.
Gallica vous propose, grâce au dispositif «  à la loupe », d’explorer en détail l’œuvre ornant le plafond,  intitulée « L’assemblée des dieux ». Il s’agit d’une scène précise de l’Enéide : Vénus, déesse et mère d’Enée, va plaider la cause de son fils auprès de Jupiter, qui règne sur l’Olympe. Auprès de lui sont rassemblées les douze dieux et déesses, mais aussi plusieurs autres figurent marquantes de la mythologie gréco-romaine.

Une navigation vous permet de voir, à l’endroit, le premier côté de la voûte.

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Dans cette deuxième navigation, la même estampe a été retournée pour vous permettre d’apprécier le second côté.

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Cette juxtaposition de l'esquisse conservée au Musée des Beaux Arts d'Angers et de l'estampe reproduisant le plafond permet de reconstituer l'aspect de l'oeuvre et d'apprécier les différences.  

 

Vous pouvez également voir dans Gallica les autres scènes de l’Enéide représentées cette fois sur les murs de la Galerie d’Enée.
L’Enéide, à l’instar de son célèbre modèle l’Odyssée, fonctionne sur le principe du récit enchâssé : Enée, accueilli par la reine Didon à Carthage où une partie de sa flotte a accosté, lui raconte ses aventures, avant de poursuivre son voyage.  L’ordre des tableaux de la galerie est chronologique, il suit les événements à partir de la chute de Troie et non tels qu’ils apparaissent dans l’Enéide.

Le premier tableau représente donc le célèbre épisode durant lequel Enée, prince troyen, fuit sa ville natale incendiée et mise à sac par les Grecs, portant sur son dos son père trop âgé pour marcher, Anchise, et accompagné de son fils Ascagne.

Enée portant son père Anchise, tableau dAntoine Coypel gravé par Louis Desplaces, 1772-1797 (détail)

 

Sur le deuxième tableau, Enée a réussi à embarquer, avec ses compagnons rescapés de Troie, sur des navires, mais Junon, ennemie des Troyens, le poursuit de son courroux. Elle déchaîne contre lui des vents destinés à faire couler sa flotte.

Junon déchaîne les vents, tableau d'Antoine Coypel gravé par Jean Tardieu

 

Troisième tableau : « Quos ego ! » Enée est sauvé par Neptune, mécontent que Junon se soit mêlée de déclencher une tempête en mer, domaine où il est le maître.

Neptune apaise la tempête, tableau d'Antoine Coypel gravé par Bernard Picart, 1717-1749

 

Quatrième tableau  L’accalmie permet à Enée et sa flotte d’accoster sur le rivage de la cité de Carthage. Enée et son écuyer Achate sont présentés à la reine, Didon. C’est le début d’une grande histoire d’amour…

Enée et Achate apparaissant à Didon, tableau d'Antoine Coypel gravé par Henri Simon, 1721

 

C’est ici qu’intervient la scène du plafond : Vénus, inquiète du séjour d’Enée à Carthage qui se prolonge, intervient auprès de Jupiter. Jupiter envoie alors Mercure qu’il charge de rappeler à Enée sa mission : fonder le premier royaume d’Italie.

 

Cinquième tableau : Enée doit donc reprendre son voyage et abandonne à contrecœur Didon. Celle-ci, folle de douleur, met fin à ses jours lorsqu’elle apprend son départ.

La Mort de Didon, tableau d'Antoine Coypel gravé par Gaspard Duchange

 

Sixième talbleau : reprenant la mer, Enée accoste en Italie. Le moment est venu pour lui, alors qu’il arrive sur la terre de sa future lignée, de descendre aux Enfers par l’une des portes située à Cumes, dans le golfe de Naples. Il y rencontre sa descendance : Romulus et Remus, mais aussi Jules César !

Descente d'Enée aux Enfers, tableau d'Antoine Copyel gravé par Louis Surugue, 1740
 

 

Septième tableau : Arrivés dans le Latium, les Troyens comprennent qu’ils sont près de leur but. Enée invoque plusieurs divinités protectrices et Jupiter se manifeste à eux.

Jupiter apparaissant à Enée, tableau d'Antoine Coypel gravé par Louis Desplaces 

 

Huitième tableau : Enée et ses compagnons doivent livrer une série de batailles contre les chefs locaux qui leurs sont hostiles et se rallier les autres. Afin que son fils soit le mieux préparé possible, Vénus demande à Vulcain de lui forger lui-même des armes.

Vénus fait forger des armes à Énée, tableau d'Antoine Coypel gravé par Nicolas Tardieu, 1757

 

Neuvième tableau : Le principal adversaire d’Enée est le roi des Rutules, Turnus. Alors qu’Enée est absent, Turnus attaque le camp de Troyens et met le feu aux vaisseaux, que Jupiter transforme in extremis en Néréides.

Métamorphose des vaisseaux d'Enée en Néréides, tableau d'Antoine Coypel gravé par Nicolas de Beauvais, 1717-1721 (détail)

 

Dixième tableau : Pallas est le fils du roi Evandre, roi de  Pallantium, qui est allié à Enée. Au cours d’un terrible combat, Pallas est tué par Turnus, ce qui provoque le désespoir d’Enée.

La Mort de Pallas, tableau d'Antoine Coypel gravé par Louis Desplaces, 1773-1797

 

Onzième tableau : Désormais animé par le désir de venger son ami, Enée tue Turnus désarmé lors d’un combat singulier, malgré sa demande de grâce…Les Troyens sont vainqueurs mais ce sont les Latins qui donneront leur nom et leur langue aux futurs habitants d’Italie.

Défaite et mort de Turnus, tableau d'Antoine Coypel gravé par Jean-Baptiste de Poilly, 1773-1797

 

Ainsi s’achève l’aventure d’Enée, migration initiatique d'un héros et son peuple d'une terre à l'autre et épopée sanglante dont ne sont illustrés ici que quelques épisodes fameux…
Pour une version plus complète, pourquoi ne pas lire ou relire l’Enéide, par exemple dans cette traduction de 1897 ? 
Et pour une reconstitution  en 3D de la galerie, rendez-vous cette fois-ci au Musée des Beaux-Arts de Tours jusqu’au 18 avril.
 

Voir aussi

La sélection consacrée à l’estampe au 18e siècle dans Gallica
La série de billets de blog consacrée à l'histoire du quartier Richelieu -Palais Royal
Pour apprendre à reconnaître les dieux de la mythologie greco-latine, la Mythologie figurée de la Grèce

Pour en savoir plus

L’exposition  " Le Théâtre de Troie. Antoine Coypel, d'Homère à Virgile" à Tours
Une vidéo sur la Galerie d'Enée réalisée par le Musée des Beaux-Arts de Tours
Les tableaux et les dessins préparatoires d'Antoine Coypel conservés au Musée du Louvre

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