La nigelle
Cette plante délicate décrite par certains comme « l’herbe miraculeuse » recèle de nombreuses vertus. Connue depuis l’Antiquité - la reine Néfertiti aurait utilisé l’huile de nigelle pour sublimer son teint - son usage est à la fois culinaire, médicinal et cosmétique.
La nigelle (Nigella L.) est une plante annuelle qui appartient à la famille des Renonculacées. Son nom viendrait du latin tardif nigella, dérivé de nigellus, « noirâtre » en référence à la couleur noire de ses graines. Les Grecs la nommaient melanthion, de « melas » qui veut dire noir et « anthos » fleur. On dénombre une vingtaine d’espèces de nigelles dans le monde.
La nigelle a des feuilles divisées en fines lanières, les fleurs en étoiles régulières ont pour particularité que leurs parties voyantes et colorées sont constituées par des sépales tandis que les pétales qui contiennent le nectar ont la forme de petits cornets ventrus beaucoup plus courts. Les étamines sont nombreuses, insérées en spirale et entourent cinq longs pistils. La nigelle est de couleur blanche, bleu clair, bleu foncé voire violet selon les espèces. Le fruit à la forme d’une capsule, il contient les graines de forme triangulaire qui noircissent à l’air.
Ses vertus thérapeutiques et condimentaires sont connues depuis l’Antiquité. Au Ier siècle, Dioscoride, médecin grec, cite les usages de la nigelle : elle sert à soigner les maux de tête, la congestion nasale, les rages de dents et lutte contre les vers intestinaux. Elle était aussi utilisée comme diurétique et favorisait les menstruations et la montée de lait.
Livre des simples médecines, manuscrit français, 1401-1500
Leonhart Fuchs donne une description détaillée de la nigelle dans son ouvrage De Historia stirpium commentarii insignes [...]. La nigelle agit contre les ulcères et diverses douleurs, contre les maladies pulmonaires et améliore la digestion. Elle fait partie des plantes dont la culture est recommandée dans les domaines royaux par Charlemagne dans le capitulaire de Villis. Jusqu’au XVIe siècle, en Europe, ses graines très parfumées étaient fréquemment employées en cuisine pour leur goût piquant comme succédané du poivre. A partir du XVIIe, la nigelle entre dans la fabrication d’eaux de toilette et de poudres parfumées. En Orient, elle est souvent utilisée dans la préparation de pains ou de gâteaux. Aujourd’hui, les graines servent à fabriquer une huile recommandée en phytothérapie.
Leonhart Fuchs, De Historia stirpium commentarii insignes […], 1542
Dénommée cheveux de Vénus, (love-in-a-mist ), barbiche, barbe de capucin, barbue, patte d'araignée, araignée , épousée sans voile ; dame en haillons (ragged lady) ; dame au bois ; nigelle des Dames, le diable dans un buisson (devil-in-a-bush) ; l’herbe de l’évêque (bishop’s wort) ; la fleur de Sainte-Catherine mais aussi poivrette, toute-épice, herbe aux épices, cumin noir et faux cumin… Elle est également connue sous le nom de gith dans l’Antiquité et au Moyen Âge et a souvent été confondue avec la nielle.
Manfredus de Monte Imperiali, Livre des herbes et des plantes, manuscrit, 1301-1350
La nigelle de Damas (Nigella damascena L.) est l’espèce la plus commune ; elle pousse dans les jardins et les champs et fleurit en juin-juillet. Elle se distingue des autres espèces par une collerette de feuilles, sous forme de lanières enchevêtrées, positionnées sous la fleur, appelée bractées ou involucre. Son fruit ressemble à une grosse capsule bombée. En raison de ses qualités esthétiques, elle est souvent cultivée pour l’ornement.
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