Le pavot des Alpes
Dans la famille des pavots, je cherche le pavot des Alpes !
Moins connue que le coquelicot ou le pavot somnifère qui ont fait l’objet d’un autre billet, cette espèce vivace, dont la couleur varie du blanc au jaune d’or et à l’orangé, pousse dans tout l’arc alpin.
Le pavot des Alpes ou Papaver alpinum L. (1753) dresse sa fleur unique au sommet de chaque tige. Elle comporte 4 pétales et ses étamines sont jaunes. Les tiges sont nues et parsemées de poils. Les feuilles lancéolées d’un vert gris sont regroupées en touffes et également recouvertes de poils ; les capsules sont allongées.
Papaver alpinum L. comporte deux sous-espèces, Papaver alpinum alpinum et Papaver alpinum suaveolens, mais il est souvent identifié sous d’autres noms par les botanistes. C’est ainsi qu’on le rencontre sous les noms vernaculaires de pavot des Alpes rhétiques (faisant référence à la Rhétie, province de l’Empire romain, correspondant aux Alpes orientales), pavot de Burser, pavot des Pyrénées, pavot de Kerner, pavot occidental, pavot velu du Ventoux, coquelicot d’or et pour la seconde sous-espèce pavot de Lapeyrouse, ou pavot d’Endress.
Nouvelle flore coloriée de poche des Alpes et des Pyrénées. Série 1 / par Ch. Flahault,..., planche 11
Le pavot des Alpes est une plante très spécialisée. Il pousse à l’étage alpin dans les éboulis et les moraines de 1500 à 3000 m, un milieu de vie particulièrement difficile avec des conditions extrêmes : froid et chaleur ; écarts importants de température entre la nuit et le jour, vent violent, neige persistante, sol pauvre et instable. Sa petite taille et la surface de ses feuilles limitent l’exposition au vent. La présence de poils lui permet de réduire les pertes d’eau tandis que sa couleur très vive favorise la pollinisation et l’aide à lutter contre les rayonnements ultraviolets, plus intenses en altitude. Grâce à un système racinaire étendu, il supporte le mouvement des pierres. En effet, la gélifraction des roches poreuses alimente en permanence les pierriers, avec des blocs de toute taille et empêche l’installation d’une végétation moins spécialisée dans cet habitat.
C’est une plante emblématique du Mont Ventoux (Préalpes). Jean-Henri Fabre, le célèbre entomologiste, l’avait surnommé « pavot velu du Groenland » car une espèce proche se retrouve dans les régions arctiques.
«[… ] là-haut, vous récolterez un petit Pavot velu, qui abrite ses tiges sous une couverture de menus débris pierreux, et déploie sa large corolle jaune dans les solitudes glacées du Groenland et du cap Nord, comme sur les pentes terminales du Ventoux. »
« Une ascension au Mont-Ventoux ». Jean Henri Fabre, Souvenirs entomologiques, études sur l'instinct et les mœurs des insectes. 2e édition. Série 1. 1890-1900
Le pavot des Alpes illumine les pentes rocheuses de ses couleurs dorées et ravit l’alpiniste ou le randonneur. Vous pourrez aussi le découvrir au jardin botanique du Lautaret, dans les Hautes-Alpes. Celui-ci, créé en 1899 par le botaniste Jean-Paul Lachmann, appartient à la station alpine Joseph-Fourier, gérée par l’Université de Grenoble et le CNRS.
La Plante et ses Applications Ornementales : [estampe] / sous la direction de M. Eugène Grasset, planche 5
Pour aller plus loin :
La sélection Botanique du parcours Gallica La Nature en images
Lien vers le site du jardin du Lautaret
Lien vers l’Herbier du MNHN, Pavot velu du Mont Ventoux, France
Lien vers l’Herbier du MNHN, pavot rhétique, France (Gap)
Lien vers l’Herbier du MNHN, pavot rhétique, Suisse
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