Les chardons
Qui s’y frotte s’y pique. Le chardon ne manque pas de piquant(s). Sous ce nom générique se cachent de nombreuses espèces. L’Herbier de Gallica débroussaille la question… sans vous piquer les mains.
Des tiges et des feuilles épineuses, des fleurs rassemblées en boule ou en plumet, souvent entourées d’épines : c’est un chardon. Le nom recouvre pourtant plusieurs genres différents au sein de la famille des Astéracées (une large famille tirant son nom des asters, mais englobant aussi les pissenlits, les tournesols et les inoffensives pâquerettes), et a même été donné à quelques Apiacées. Pourquoi donc ces différents chardons, aux noms savants Carduus, Cirsium, Echinops, Cynara, Onopordum, Eryngium etc…se ressemblent-ils tant ?
De nombreuses plantes ont des épines, des dards, des aiguillons : des moyens de défense contre les herbivores, particulièrement utiles dans des milieux arides où les plantes sont plus rares et la survie des jeunes pousses plus difficile. Cette apparition de caractères similaires dans des plantes de familles ou de genres différents, sous les contraintes de leur environnement, est appelée par les biologistes une convergence évolutive.
Les « vrais » chardons, du genre Carduus, tirent ce nom latin du mot caridus = « cardé, peigné » qui évoque le démêlage de la laine avant le filage, traditionnellement fait en utilisant les inflorescences sèches… d’une autre plante (!) appelée aujourd’hui la cardère (plusieurs espèces de Dipsacus, famille des Caprifoliacées). Cette étymologie est partagée par le cardon. De son nom latin Cynara cardunculus, c’est au départ un chardon sauvage, amélioré par les jardiniers au fil de siècles de sélection, et cultivé maintenant sous deux formes : le cardon à côtes charnues, cher aux gastronomes, et l’artichaut dont on mange la base du bouton floral.
D’autres animaux réussissent à tirer profit du chardon, malgré ses épines : les ânes, réputés aimer les chardons, prennent soin de sélectionner du bout des lèvres les jeunes feuilles et les fleurs moins épineuses, et les délaissent quand un choix moins piquant leur est offert. Le chardonneret quant à lui tire son nom de son habileté à décortiquer les têtes de chardon pour en extirper les graines.
Avez-vous réussi à démêler la diversité des chardons ? Malgré leurs défenses naturelles, ils ont leur charme, et s’ils peuvent être envahissants, certaines espèces ont leur place au jardin d’ornement autant qu’au potager.
Commentaires
Intéressant
La plupart des chardons sont comestibles, et même bons : les capitules avant qu’ils ne s’ouvrent se dégustent comme des artichauts, les tiges, certaines feuilles et les racines. Parmi les cirses, le cirse potager (Cirsium oleraceum) porte bien son nom, bien qu’il soit un très bon légume aujourd'hui oublié de nos jardins. Le cirse commun (Cirsium vulgare) est aussi mangeable mais plus piquant au niveau des feuilles… En fait tous les chardons et cirses seraient comestibles, sauf les graines (les fruits auraient une légère toxicité) et une espèce corse, le chardon à glu (Atractylis gummifera) qui est toxique ; la racine serait même potentiellement mortelle.
Rencontre .
Très belles planches . Pouvoir artistique des enquêtes botaniques du passé .
Immeuble Les Chardons
A Paris (et ailleurs aussi, sûrement), il existe une variété minérale : 9, rue Claude-Chahu, Paris 16e. Il semble d'ailleurs que les planches d'Eugène Grasset aient inspiré le céramiste.
dicton
" Terre à chardons , terre à millions " disaient les anciens paysans .
J'ai des chardons plein le jardin , j'attends les millions ...:-)))
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