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Le pavot

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Durant les mois d’été, ils ornent jardins et prairies de leurs corolles aux couleurs vives. Champêtres ou cultivées, aux teintes exubérantes ou plus discrètes : le genre des pavots (Papaver) est riche d’un grand nombre d’espèces.

Johann Wilhelm Weinmann, Phytanthoza-iconographia, sive Conspectus aliquot millium tam indigenarum quam exoticarum. Tome 3, Ratisbonne, 1737-1745.

Parmi ces différentes espèces, la plus connue est sans doute le coquelicot (Papaver rhoeas L.) reconnaissable au fameux rouge vif de ses fleurs. Les pavots s’épanouissent également dans des zones plus montagneuses : c’est le cas du pavot des Alpes (Papaver alpinum L.). Néanmoins, l’utilisation du terme « pavot » convoque le plus souvent l’image du pavot somnifère (Papaver somniferum L., également connu sous les noms de pavot à opium ou pavot des jardins.)

Anonyme, Papaver, Collection des vélins, portefeuille 41, folio 52.

Les usages du pavot somnifère sont nombreux et connus de longue date. La médecine antique et les textes médiévaux de pharmacopée s’en font déjà l’écho. L’Ortus sanitatis, dont les premières versions imprimées datent de la fin du XVe siècle, donne ainsi à voir les propriétés des différentes espèces de pavots et s’attarde sur celles du « pavot des jardins », dont la graine a le pouvoir de « faire venir le sommeil ». Le pavot demeure donc lié de manière étroite au sommeil, à tel point qu’il peut symboliser la paresse. Son odeur elle-même est parfois qualifiée de soporifique !

Jean de Cuba, Ortus sanitatis translaté de latin en françois, Paris, 1499-1502.

Ces propriétés du pavot somnifère sont dues aux alcaloïdes qu’il contient. Ceux-ci jouent un rôle dans la composition de substances médicamenteuses, comme la morphine ou la codéine, mais également de psychotropes, comme l’opium, auquel cette plante est bien sûr très étroitement liée. Le pavot entre en effet en littérature en même temps que l’opium des poètes et il n’est donc pas rare de le rencontrer dans des textes du XIXe siècle. C’est le suc issu des capsules contenant les graines du pavot, sur lesquelles on pratique des incisions afin de le récolter, qui permet de produire l’opium.

La Guirlande de Julie, XVIIe siècle.

Au-delà de ses propriétés psychotropes et de sa culture pour le commerce de l’opium, le pavot est cultivé de longue date pour ses nombreux autres usages. Les graines ont ainsi une utilité culinaire. On en tire également une huile, aussi appelée huile d’œillette, employée entre autres pour la confection de peinture ou de savon.

Chauves-souris et pavots. Maurice Pillard Verneuil, L'Animal dans la décoration, Paris, 1897.

Les pavots sont aussi très appréciés pour leurs vertus ornementales. A l’extrémité de leur haute tige s’épanouit une fleur qui peut se parer de teintes variées. Les pétales, le plus souvent au nombre de quatre et à l’aspect légèrement froissé, forment une délicate corolle. Les formes très graphiques de cette fleur du sommeil font aussi rêver les artistes.

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