La bistorte
« Deux fois tordue » : tel est l’origine étymologique de la bistorte. Pour le vérifier, il faudra vous munir d’une pelle pour contempler sa racine contournée. Vous pouvez également admirer ses fleurs roses en épi.
La bistorte (Bistorta officinalis) appartient à la famille des Polygonacées comme le sarrasin, l’oseille ou la persicaire. De nombreuses plantes de cette famille portent le nom de renouée comme la renouée du Japon (Reynoutria japonica), la renouée des oiseaux (Polygonum aviculare) ou la renouée persicaire (Persicaria maculosa). La bistorte porte elle-même le nom de renouée bistorte, mais aussi de serpentaire rouge ou de couleuvrée, termes qui évoquent son rhizome coudé dans lequel les Anciens reconnaissaient un serpent.
Joseph Pitton de Tournefort, Elémens de botanique, Paris, 1694
Son gros rhizome doit à la bistorte d’être vivace. La croissance de la plante est rapide. Sa tige, droite et noueuse, porte, à son sommet, un épi de fleurs roses ; celles-ci sont mellifères et s’épanouissent en juin et juillet. Rare en plaine, la bistorte est commune en montagne, dans les régions tempérées et subarctiques de l’hémisphère Nord. Elle aime les prairies humides, les fossés ou les bois. Abritant deux papillons menacés, elle bénéficie d’un arrêté de protection dans certaines régions françaises.
La bistorte est citée dans le capitulaire carolingien De Villis, qui en recommande la culture. Au Moyen Âge, elle est réputée favoriser la conception. Ses feuilles ont été utilisées pour guérir les plaies et réduire les écoulements de sang. Son rhizome est consommé en Russie, en Sibérie ou en Alaska, une fois cuit dans plusieurs eaux pour éliminer son amertume. Les feuilles et les jeunes poussent se mangent cuites comme des épinards ; les feuilles plus âgées, amères, nécessitent elles aussi d’être cuites dans plusieurs eaux. L’écorce donne un brun marron utilisé en teinture. La bistorte présente enfin un intérêt comme plante ornementale, pour sa partie aérienne et non pour son rhizome qui lui a donné son nom.
Zénobe Pacini, [Plantes vivantes exprimées par le cylindre], Florence, c.1520
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