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Le nénuphar blanc

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Plante ornementale et romantique par excellence, le nénuphar blanc, Nymphaea alba L., fait partie de ces espèces végétales emblématiques et pourtant méconnues. Comme lui, laissez-vous porter au fil du texte…

Nymphaea alba L., Atlas des plantes de France utiles, nuisibles et ornementales. 400 planches coloriées... et un texte explicatif des propriétés des plantes, de leurs usages et applications... par A. Masclef.

« L'eau est un royaume dont cette superbe fleur est la reine, que dis-je, la divinité ! elle se nomme nénuphar, c'est-à-dire nymphe, et comme telle elle exige des égards. », telle est l’introduction que fait Gustave Fraipont du nénuphar blanc dans son ouvrage « La plante : fleurs, feuillage, fruits, légumes, dans la nature et la décoration » en 1896. Comme nous l’indique ce peintre français au lyrisme à toute épreuve, le nom « Nymphaea » provient directement du latin « nympha » qui désigne à la fois les nymphes, des divinités féminines de la nature, et l’eau. Le mot « nénuphar » est quant à lui originaire du persan nīlūfar, lui-même emprunté au sanskrit nīlōtpala- « lotus bleu », il s'agit d'une référence au Lotus bleu du Nil, Nymphaea caerulea Savigny. Cette dernière étymologie permet de souligner la grande ambiguïté de ce nom vernaculaire (également orthographié nénufar), utilisé pour désigner des espèces des genres Nymphaea, Nuphar et Victoria qui se différencient pourtant par leur taille, forme, couleur et origines géographiques.

Nymphaea alba L., La Plante et ses Applications Ornementales / sous la direction de M. Eugène Grasset Grasset, Eugène-Samuel (1845-1917).

« Elle navigue en pleine eau, s'écartant des rives pour étaler à l'aise sa corolle blanche ou jaune ; sous l'eau ses tiges submergées vont, en rampant en tous sens s'allonger, en méandres infinis pour rejoindre la souche volumineuse où elles ont pris naissance. Soutenues sur les larges feuilles, les fleurs se reposent nonchalamment, recevant les baisers de quelque galante libellule. » poursuit M. Fraipont. Nous avons là une description poétique d’un artiste passionné de nature qui pourtant trace bien l’ébauche d’un portrait fidèle. Pour la préciser, nous ajouterons que les nénuphars aux fleurs jaunes appartiennent en fait à l’espèce Nuphar lutea L. mais que les fleurs de Nymphaea alba L. peuvent se teinter de rose à l’occasion.

Nuphar lutea L. et  Nymphaea alba L., tirés de l'ouvrage “Le règne végétal : divisé en traité de botanique générale, flore médicale et usuelle, horticulture botanique et pratique, plantes potagères, arbres fruitiers, végétaux d'ornement, plantes agricoles et forestières, histoire biographique et bibliographique de la botanique.” Flore médicale, Atlas, Tome 2 / par MM. A. Dupuis,Fr. Gérard, O. Réveil... [et al.]

On peut également trouver en France une autre espèce indigène à fleurs jaunes (Nuphar pumila (Timm) DC.) et une autre espèce à fleurs blanches (Nymphaea candida J.Presl & C.Presl) ; il existe par ailleurs beaucoup de variétés ornementales et d’espèces cultivées qui peuvent à l’occasion pousser spontanément dans la nature. Les fleurs sont composées de 4 sépales lancéolés blancs sur leur face interne. Les pétales, environ au nombre de 20, sont disposés sur plusieurs rangs et dépassent le calice formé par les sépales. Le fruit - une baie spongieuse globuleuse - est couvert de cicatrices provenant de la chute automnale des pétales et des étamines.  Le nénuphar se reproduit de façon asexuée par croissance ou fragmentation de son rhizome ou de façon sexuée grâce à ses fleurs qui, une fois fécondées, se replieront et couleront avec de nouvelles graines.

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Nymphaea alba L., Herbarium Blackwellianum emendatum et auctum / Elisabethae Blackwell / Vol. II, Nuremberg : Christian de Launoy, 1760.

Le nénuphar blanc a une large aire de répartition qui va de l’Europe de l’ouest à l’Asie occidentale. Si son usage largement majoritaire est la décoration de bassins et d’étangs, ses rhizomes sont parfois consommés, plutôt en temps de disette, car ils sont d'un goût très désagréable et contiennent des alcaloïdes qui sont toxiques en grande quantité. Les graines, très nutritives, sont au contraire d'un goût agréable et à peu près complètement dépourvues d'alcaloïdes, ce qui permet de les consommer sans crainte.

Pour aller plus loin :

Pour en savoir plus sur le nénuphar blanc, rendez-vous sur la fiche eFlore de l’espèce du site de Tela Botanica. Et pour d'autres découvertes végétales, explorez la partie botanique du parcours Gallica La Nature en images.

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