Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-09-19
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 septembre 1882 19 septembre 1882
Description : 1882/09/19 (Numéro 65). 1882/09/19 (Numéro 65).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k524366v
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
Seizième Année Troisième Série Numéro 65
)PAR!S IL S centimes. DEPARTEMENTS ET GARES ~0 CENTIMES)
Mardi 19 Septembre 188<
PARLS JO~RmL
Ate-TT~tIK. IMMEYER
Dtrec
ABONNEMENTS
:EE. IDE FI~HTE
~~ac~M~e~CAe/
ANNONCES
MM. CH. LAGrRAN&E, CEBJF AC~
6, PLACE DR LA BOU&SE, 6
J?~ ai ~MMM~f'aMoyt t
ADMINISTRATION
OB NX HECBKS A CIN9 HEURES
W, boutevard dea )[tal:em«, W
ABONNEMENTS, PETtTES ANNONCES
RENSEIGNEMENTS
9, boulevard des Italiens, aL
Faria Départements
Un mois. 5fr. Un mois. 6fr.
Trois mois. 13 50 Trois mois. 16 fr.
Sixmois. 27 fr. Six mois. 82fr.
Unan. 54 fr.Unan. 6
Etranger
Trois mois (Union postale). 18 fr.
RÉDACTION
9, boulevard dos Italiens, 9
M DEUX HEURES AMINUtT
Demain, nous commencerons dans
notre feuilleton le roman de A. GENNE-
VJRAYE
DE LOGERAIS
T~nn~? npp nnfn~n~c
L HUttiL MS iNVÂHMS
La République est le gouvernement
qui déboulonne le plus. La Commune
n'a déboulonnéque la colonne de la place
Vendôme. La majorité de la commission
du budget est d'avis de déboulonner
l'hôtel des Invalides. A la colonne n'est
attaché que le souvenir de Napoléon et
de ses compagnons de victoire. Mais les
-Invalides, c'est Louis XIV autant que
Napoléon. C'est la gloire de la Monar-
chie aussi bien que de l'Empire. < C'est le
lieu le plus respectable de la terre, di-
sait Montesquieu. Raison de plus pour
que nos gens, ne respectent pas ce re-
paire de souvenirs dont la gloire ofEus-
que les modernes législateurs, comme
le soleil gêne les hiboux. Supposez les
oiseaux de nuit maîtres du monde, il
est évident qu'ils supprimeraient la
clarté du jour.
J'ai entendu parfois, même sous le
second empire, soutenir cette thèse
chère au grotesque GrIais-Bixoin, no-
tamment, que l'on ferait aux vieux
militaires un sort plus doux, en leur
servant une petite rente qu'ils mange-
raient librement où et comme il leur
plairait, au lieu de les caserner dans le
palais historique où ces débris de la
guerre semblent monter la faction au-
tour du fantôme de l'Empereur.
Leur vieillesse s'accommode mal, dit-
on, de l'ombre de service auquel ils
sont astreints dans l'hôtel, et vous faites
peser sur leurs épaules, qui ont assez
porté le harnais de bataille, pour être
anranchis désormais de toute discipline,
le joug d'une consigne qui ne finira
qu'avec leur vie. Justemenl, c'est ce
spectre de la vie militaire qui leur est
cher et qui est le meilleur compagnon
de leurs derniers jours. Ceux qui par-
lent de les en délivrer dans leur propre
intérêt sont des phraseurs hypocrites.
ou ne savent pas ce qu'ils disent. Otez
l'invalide de son hôtel, ce n'est plus
qu'un petit rentier comme un autre,
une ganache vulgaire. Dans son hô-
tel, sous l'uniforme, il est encore sol-
dat. Il fait toujours partie de ce grand
tout qu'on appelle 1 armée française et
qui est la patrie en armes. La suppres-
sion de l'hôtel des Invalides serait pour
ces vieux soldats, l'équivalent d'un
exil.
Les avez-vous vus, quelque dimanche,
dans leur belle et sévère église dédiée
au saint roi Louis IX. la pique au poing,
rangés sur les marches de l'autel, ceux
qui sont commandés pour le piquet de
messe ? Le visage de ces grognards, leur
attitude martiale sous les.armes, tout en
eux dénote la satisfaction intime qu'ils
éprouvent à être encore de service. Cer-
tes, ils ne céderaient pas leur tour ces
< ûls aînés de Mars comme auraient
dit nos pères, pour un plat de n'importe
quoi, comme ût Esaù de son droit d'aî-
nesse. Depuis quand les vieux chevaux
d'escadron n'aimeràient-ils plus la trom-
pette guerrière?
Avant nos désastres, quand nous en-
tendions quelque réformateur à la dou-
zaine, quelque éplucheur de budget par-
ler de la suppression des Invalides, en
tant qu'institution nationale et musée de
souvenirs vivants, avouons, en nous
frappant la poitrine, que cela nous
laissait assez froids. Il nous semblait
qu'il y a du pour et du contre, et qua
la question pouvait être examinée. Au
jourd'hui que lapatrie aussi est mutilée,
qu'elle a laissé une partie de son corps
sur les champs de bataille, qu'elle est
éclopée comme les jambes de bois.man-
'chote comme les manchots, et qu'elle
est gouvernée par des incapacités à tête
de bois comme le légendaire pension-
sio 'naire de l'hôtel, joie des loustics et
stupéfaction des badauds, nous nous
sentons pour les invalides des entrailles
de frère. Toucher à eux nous paraît un
crime, un blasphème, un soufflet donné
au vieil honneur français.
D'ailleurs, vous n'en avez pas le droit.
Les invalides sont chez eux, dans cet
hôtel que leur a bâti Louis XIV, par la
main de Mansart.
C'est & vous d'en sortir, vous qui parlez en mai-
[tre,
et où sont venus les visiter tant de Rois
et d'Empereurs,
Non seulement l'hôtel est leur pro-
priété, mais ils ont été dotés par Louis
XIV, Louis XV et Napoléon 1" sans
parler de quantité de legs particuliers,
d'une fortune plus que suffisante pour
parer largementà leurs besoins. Ils n'ont
donc que faire du créditde'700.000 francs
pour lequel ils sont inscrits au budget
et que la commission leur marchande.
Rendez-leur ce qui leur appartient; ils
n'auront rien à réclamer de personne.
Napoléon I", ayant besoin d'argent au
moment de la guerre d'Espagne, em-
prunta deux millions à la caisse des In-
valides mais, avant de partir pour l'île
d'Elbe, il acquitta sa dette.
Qu'est devenu le majorat incessible et
insaisissable qui constituait la fortune
des Invalides ?
Si l'Etat, après s'en être emparé, fai-
sait tout simplement una autre bouchée
de~ l'hôtel même et de l'institution, il
procéderait à la façon des détrousseurs
de grands chemins qui jettent un cada-
vre à l'eau après avoir fait passer dans
leurs poches le contenu des siennes.
Aujourd'hui, il n'y a guère plus de
quatre cents pensionnaires aux Inva-
lides. On en a pronté pour envahir leur
maison sans les consulter des jardins,
on a fai~ des docks une caserne a été
créée derrière l'hôtel; l'intendance a
des magasins dans une grande partie du
premier étage; la gendarmerie à pied
et à cheval a pris une aile pour des dé-
pôts d'équipement, d'habillement et
d'armement les caves ont été trans-
formées à l'usage de la télégraphie mili-
taire l'administration des beaux-arts a
pris tout un corps de bâtiment pour en
faire un musée d'artillerie. L'invasion a
précédé l'expulsion qu'on médite.
Dernièrement, un de nos amis alla
faire ce pèlerinage des Invalides qui
n'est pas assez à la mode parmi les Pa-
risiens, et il eut la bonne fortune de
s'entretenir avec un vétéran du nom de
Godillon, lequel, né en 1789 à Orléans, fait
naturellement partie des Burgraves de la
maison, ceux qui forment la quatrième
division. Il a une jambe de moins,
ce vieux héros, et ses deux bras
ont été fracassés. Mais, la langue est
encore bien pendue il a combattu à
Talaveyra et à Salamanque, sous Mar-
mont, qu'il appelle ~Ln~M~e Marmont,
sous prétexte qu'il fût duc de Raguse.
Peu importe; on n'est pas tenu de res-
pecter 1 orthographe plus que l'on n'a été
respecté soi-même par les balles et les
boulets.
Lui et ses camarades sauvèrent, dit-
il, ~venait d'être tué sous lui et qu'un coup
de sabre sur la tête avait étendu sans
connaissance. Il était aussi à Dresde, au
7° voltigeurs de la jeune garde, quand
Moreau reçut à côté de l'Empereur
Alexandre le boulet qui le paya de sa
trahison. Pendant ce temps-là notre obs-
cur héros, Godillon, faisait le coup de
fusil avec~les Autrichiens si bravement
qu'il fut cité à l'ordre du jour de l'armée
et porté pour la croix de la Légion
d'honneur il l'a attendue jusqu'en 1876.
Godillon était aussi à Leipzig; il a vu
Poniatowski couvert de blessures, les
deux bras fracassés, se tenant en selle
par un prodige de volonté, se préci-
piter sur son cheval dans l'Etster, où
il trouva la mort. Là aussi Godillon
fut caressé par un boulet qui lui abima
à jamais les deux bras; -.puis, il fut
transporté à Smolensk, où l'on avait
établi un bivouac pour les blessés. De-
puis lors, il est invalide.
Voitâ un spécimen des gens que la
commission du budget s'apprête à chas-
ser de chez eux, après qu'on leur a déjà
pris* tout ce qu'on pouvait leur prendre.
Ces pauvres vieux ) II est certain que
s'ils étaient morts tout entiers, au lieu
de survivre par miracle à tant de pluies
de mitrailles qu'ils ont affrontées, l'Etat
n'aurait pas à s'occuper d'eux.
t La république n'a pas besoin de sa-
vants, disait Fouquier-Tinville à La-
voisier .qui demandait un sursis pour
avoir le temps de résoudre un problème
utile à la science, avant de monter sur
l'échafaud. La troisième république à-t-
elle ou n'a-t-elle pas besoin de soldats?
On doit supposer que oui, puisqu'elle
veut enrôler tout le monde, y compris
les séminaristes, surtout les séminaris.
tes; mais, si elle a besoin de soldats,
pourquoi ne néglige-t-elle rien pour
déraciner de notre vieux sol l'esprit mi-
litaire ? R
H. DE PÊNE
No a Echos
AUJOURO'HMC
A 6 heures et demie, dîner au Grand-Hôtel
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dîner, l'orchestre de
M. Desgranges jouera dMia la nouvelle s&Me de
musique.
MEKC
Potage Saint-Germain °
Hors-d'œuvre
'Bar sauce câpres
Pommes de terre à l'anglaise
Pièce de bœuf à la Dauphine
Selle d'agneau à la jardinière
Perdreaux bardés
Salade
Artichauts barigoule
Gâteau Régent
Glace
Parfait au café
Desserts
fromsXMt truita et petita-foum
Le talon des damoa est ouvert aux voyageur*.
Piano, orgues, tables do jeux.– Dîner à la carte
t.u restaurant. Billards au Café Divan.
Le programme du dîner-concert. (Voir a la
4' pase.)
<~
Musée Grêvin, 10, boulevard Montmartft.
De onze heures du matin à onze heureo du soir.
Français, 8 h. 1/4. ~.M Co/'Ae
'Opéra-Comique, 8 h. Ront~o e< JtfHeM~.
t.A POUTtOUE
L'Empereur d'Autriche se trouve en
ce moment à Trieste, où sa présence a
une importance politique qu'on ne sau-
rait passer sous silence.
On se rappelle qu'il y a quelques
jours un archiduc d'Autriche a été té-
moin d'un attentat commis par un Ita-
lien contre la Ligue des Vétérans, dans
cette même ville, qui est activement
travaillée par les intrigues italiennes.
Le voyage de l'empereur d'Autriche
est une réponse aux menaces des irré-
dentistes, aux visées de l'Italie. La chose
résulte clairement desparoles qu'il a pro-
noncées hier.
Harangué eir langue italienne par le
président de la Chambre de Commercé
de Trieste, François-Joseph a répondu
dans la même langue u parle toutes
les langues de son Empire, et il y en a
bien une douzaine, sans compter les au-
tres:
Votre témoignage, appuyé sur une expérience
cinq fois séculaire, confirme le fait de l'impossi-
bilité économique qu'il y a, de séparer Trieste de
l'Empire.
L'orateur avait dit que personne
mieux que sa corporation élue par les
armateurs et les industriels de Trieste,
ne pouvait apprécier les bienfaisants ef-
fets de la réunion de cette ville à l'Au-
triche, réunion qui en .a. fait le grand
entrepôt commercial de l'Empire austro-
hongrois.
Mais /po&'s!Mt~ ëcoMOMM~Me n'est
pas la seule impossibilité de leur sépa-
paration. La formule n'a été choisie que
pour dire sans éclat ce qu'on voulait
dire. C'est un avis de l'Autriche à l'Ita-
lie de ne pas pousser plus loin ses pré-
tentions sur Trieste. L. T.
Les manifestations royalistes, à l'oc-
casion de la Saint-Michel, jour de la. nais-
sance do Monsieur le comte de Cham-
bord, sont organisées plus activement
que jamais.
A Angers, la messe sera célébrée le
29 septembre, en l'église Saint-Joseph.
Le banquet aura lieu le l"' octobre, au
château de La Loge, près de Segré.
Au Havre, M. Hervé-Bazin présidera
un banquet en l'hôtel Frascati.
L'infatigable M. de Baudry d'Asson,
prononcera le f' octobre un discours au
banquet de Carpentras, qui comptera
plusieurs milliers de convives.
En attendant, il conduit à Frohsdorf
une députation de paysans et d~ou-
vriers vendéens, pour déposer aux pieds
de Monsieur le comte de Chambord
les adresses signées au banquet de Chal-
lans.
Enfin, le 8 octobre, il présidera à Lyon
un banquet de plusieurs milliers de
convives. La préfecture est fort émue
de cette importante manifestation, et
cherche un prétexte pour l'empêcher.
Mais les royalistes de Lyon sont déter-
minés à passer outre.
LE MONOE ET LA V!LLE
Le Prince Victor qui est, en ce
moment, près de sa mère au châ-
teau de Moacolieri, sera à Paris dans
une quinzaine de jours. C'est dans un
régiment d'artillerie qu'il fera, comme
nous l'avons dit déjà, son volontariat.
Son jeune frère, le Prince Louis, pré-
pare son baccalauréat et sera revenu
pour la rentrée des classes.
Nouvelles mondaines.
Hier, à midi, en la chapelle des RR.
PP. Passionistes de la rue Hoche., a été
célébré le mariage de M. E. Benedetti,
secrétaire d'ambassade, fils du comte
Benedetti, ancien ambassadeur, avec
Mlle Salles, fille de M. Isidore Salles,
ancien préfet de l'Empire.
A cause d'un deuil, on n'avait pas
adressé d'invitations. Cependant, les
amis des deux familles étaient relative-
ment nombreux.
S. A. I. la princesse Mathilde, le prince
Roccagiovine, M. et Mme Rouher, le
général Fleury, le comte et la comtesse
Gouvion-Saint-Cyr, Mme la baronne
Liodvères, le comte de Lariboissière, dé-
puté de l'Aisne; Mme la comtesse
Atessandro et le comte Ch. Walewski,
Mlle Abbatucci, etc. etc.
Les témoins du marié étaient le vi-
comte 0. Aguado et M. Benedetti, an-
cien consul général ceux de la mariée,
le général comte de Saint-Sauveur et
M. Martelet, ingénieur en chef du corps
des mines.
La messe a été célébrée par M. l'abbé
Castelli, vicaire de la Madeleine.
Pendant la messe, on a entendu MM.
Sauzay, les éminents violonistes, et Ta-
lazac.
On a remarqué l'excellente tenue du
coupé attelé de deux chevaux noirs dans
lequel les jeunes mariés sont montés à
l'issue de la cérémonie. Un lunch intime
avait été préparé au numéro 1S2 du bou-
levard Haussmann, chez M. Salles.
Mme lamarquise de Galliget est grand-
mère depuis avant-hier. Cela paraît in-
vraisemblable, à la voir; cependant sa
nlle, Mme la baronne Franck Seilliere,
vient de donner le jour à un gros gar-
çon. Le fait est donc vrai.
Une des plus jolies personnes du fau-
bourg Saint-Germain, Mlle de S. S.
vient de prendre le voile.
Rencontré hier au Bois
Mme la comtessse d'Alessandro et son
Sis le comte Walewski Mme et Mlles
Baron, en un très joli vis-à-vis, attelé
d'un cheval gris et d'un alezan Mme
Porgès, en Victoria M. de Heredia le
commandant Izzet-Bey le prince de
Roh&n, la duchesse deBojano, en lan-
dau, avec ses enfants; M.Achille Mo-
risseau dans son cab enlevé par un mer-
veilleux s~F~rbai brun; M. et Mme de
Cuadra, en coupé; la comtesse de Roth-
viller, en phaéton, avee la grande
écuyëre Elisa.
Parmi les cavaliers: lebaron Alphonse
de Rothschild et la baronne, montée sur
un magninque cheval alezan M. Mac-
kensie-Grieyes le vicomte Fleury; M.
de Magellan, montant le cheval rouan
qu'il vient de ramener d'Angleterre le
comte ~.Potocki.
A l'heure du retour, le général mar-
quis de GaIliSet montait les Champs-
Elysées vers l'Arc de Triomphe.
S. M. Achille I" (Achille Laviarde),
roi d'Araucanie et Patagonie nous adres-
se le billet suivant:
Vous êtes prié d'assisté): au Service anniver-
saire qui sera célébré le 17 septembre 1882, à 11
heures du matin, dans l'église du Tourtoirao
(Dordogne), pour le repos de l'âme de S. M. le
roi OréUe-Antoinol"
Le même jour, des messes basses seront dites a.
l'église de Barfleur (Manche).
La fable est un genre un peu démodé
depuis M. Viennet en voici pourtant
un modeste échantillon dont la forme
naïve rappelle la simplicité fruste des
maîtres primitifs
UN JEUNE HOMME DU GRATIN
OU
LES DÉLICATESSES D'UN PARR!CIDtS
Un jeune débauché, cherchant lajbrte somme
Fit un appel de fonds A l'auteur de ses jours
Qui lui dit: Zut!–A lors cet infâme jeune homme,
Pour extorquer l'argent paternel, eut recours
A ce truc bien usé que la justice appelle
L'assassinat
Il attira dans un bateau
Son papa, sa maman, avec leur demoiselle,
Sous prétexte de faire un petit tour sur l'eau,
Sans que rien fit prévoir ses projets d'héri-
Au large, t froidement il chavira l'esquif, [tage.
Et puis, tirant sa coupe il gagna le rivage
Aussi calme que s'il n'eut point été fautif!
Mais Dieu veillait Au bout do quelques jours
Ce mauvais fils était jeté dans un cachot [ à peine
Quand on eut repêché, sur les bords de la Seine,
Les corps décomposés, rejetës par le flot,
Le juge dit, d'un ton dramatique, au coupable
Les reconnaissez-vous ?"
Alors, le misérable,
Se de7"u'nani.; choqué dans ses goûts délicats
Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des
[goujats x
NOUVELLES A LA MAIN
Au tripot, entre décavés
Dire qu'on appelle ça un cercle
un cercle de l'enfer, oublie par le Dante.
T~t décrit par Milton dans son im-
mortel poème t
–Vous dites?
.LeJParoK~e~M/ 1
La popularité
Un de nos confrères se glisse précipi-
tamment dans un de ces élégants cha-
lets qui sont les oasis des boulevards ex-
térieurs.
Quelques minutes plus tard, au mo-
ment de comparaître devant la dame du
comptoir, il constate la disparition de
son porte-monnaie et s'aperçoit qu'il ne
possède même pas la petite somme des-
tinée à payer ses frais de séjour.
Pour éviter un aËront, il tend à la di-
rectrice une carte de visite mentionnant
sa qualité de rédacteur en chef d'une
petite feuille.
La brave dame jette un coup d'oeil sur
la carte et la rend à notre confrère en
lui disant, avec son plus gracieux sou-
rire
-Monsieur n'est pas un inconnu pour
nous votre journal est ici très bien vu 1
UN OOMtNCL
A Mont-sous-Vaudrey
Il y a une légende de Mont-sous-Vau-
drey, comme il y aune légende de Saint-
Sébastien. Dussions-nous contrarier ceux
de nos confrères, à qui les lapins de
Mont-sous-Vaudrey ont fourni d'excel-
lentes plaisanteries, la vérité nous force
à déclarer que ces animaux célèbres,
historiques, n'existent pas plus que les
fameux orangers dont l'ombre imagi-
naire a été tant de fois reprochée à M.
Gambetta. Le gibier est presque aussi
rare dans les domaines de M. Grévy que
dans la plaine Saint-Denis. Si M. Grévy
voulait ou pouvait encore tuer des la-
pins, il devrait les chercher au loin. Un
maigre bouquet de bois, voilà la seule
remise que-rencontrent les fauves de
passage aux environs du président de
la République.
Mais cette année, le riche président
ne songe guère aux lapins, ni aux liè-
vres, ni aux perdreaux. S'il lit ses jour-
naux officieux, ce dont nous doutons
fort, il doit être bien surpris des chasses
sans nombre auxquelles on le fait as-
sister. Il n'a pas encore franchi la grille
de son château, depuis un mois qu'il y
est entré. C'est le président invisible.
On le devine, on ne le voit pas. Quel-
quefois, le soir, à la nuit tombante, la
grille s'ouvre une voiture entre, ame-
nant quelques intimes, ceux à qui M.
Grévy peut encore se laisser voir. Il est
caché au reste de l'univers. Il pourrait
mourir, ni Mont-sous-Vaudrey, ni la
France n'en sauraient rien, s'il plaisait
à l'entourage du président de cacher sa
mort, comme fit jadis ,Agrippine pour
l'empereur Claude. Les derniers hôtes
qui aient franchi le seuil de l'habitation
mystérieuse, sont Mme Pelouze et le
général Pittié.
M. Grévy, depuis un mois, ne s'est
laissé entrevoir qu'une seule fois. La
fanfare du pays était venue donner une
aubade à celui qui fut l'idole du Jura. On
ne lui permit pas de pénétrer dans le
parc. Elle donna son aubade à distance,
sur la place. Mais, tandis qu'elle jouait
ses plus beaux airs, on vit paraître à la
grille un vieillard à barbe blanche, en
veston de toile écrue, qui souleva péni-'
blement son .médiocre chapeau de
paille. C'est à pèine si les~compatriotes
de M. Grévy reconnurent en cette ap-
parition d'une seconde le président de la
République.
Le mercredi esjt le jour d'audience.
Les solliciteurs afuuent, mais ils ne par-
viennentjamais jusqu'au chef de l'Etat.
C'est M. Fourneret, chef du cabinet et
neveu du président, qui reçoit et écon-
duit les visiteurs. Encore, lui est-il ar-
rivé deux fois de donner audience, non
pas au château, mais à l'hôtel qui est en
face, de l'autre côté de la place. On sait
que cet hôtel a été longtemps tenu par
une proche parente de M. Grévy. C'est
une maison de famille, et M. Fourneret
a pu s'y croire chez lui, quand il y a
reçu les solliciteurs.
Il est remarquable que jamais per-
sonne n'est sorti content de ces audien-
ces. L'an dernier, un pauvre facteur quL
avait été au service de M. Grévy, avait
une requête à adresser à son illustre
maître. Il emprunta une petite somme à
un fervent royaliste du pays pour faire
le voyage de Mont-sous-Vaudrey.
M.même, comme le général Bergeret,
répondit à son ancien serviteur que son
crédit était mince et qu'il fâltait adres-
ser la requête au ministre compétent.
Le protecteur royaliste prit en main
l'affaire qui avait fait reculer le prési-
dent, et montra au facteur que la bonne
volonté d'un royaliste était eneore plus
puissante que celle de M. Grévy t
Mme Grévy ne se montre pas plus
que son mari aux populations du Jura.
Elle est sortie une seule fois. pouraller
à la messe. Aux quelques amis qui
l'ont abordée, elle a parlé unique-
quement du prochain événement qui
l'allait faire grand'mëre. La santé de
Mme Wilson semble le seul souci de
de cette famille tranquille, modeste et
ennemie du bruit. Entre Mme Grévy et
Mme Pelouze, le bon président vaque
aux soins d'une santé fort délabrée. Ylne
veut plus rien connaître du monde, ni
de la politique.
La villégiature de Mont-sous-Vaudrey
touche d'ailleurs à son terme. M. Grévy
et sa famille seront à Paris le 26 septem-
bre. On dit que le motif d'un si prompt
retour serait, non pas dans le mauvais
temps, ni dans les chasses manquées,
M. Grévy n'est plus chasseur mais
dans les embarras que susciteraient à
l'Elysée l'activité plus que dévorante de
M. Wilson, le régent. M. Grévy repren-
dra les rênes de l'Etat, et alors, si quel-
que heurt survient, on ne pourra du
moins en attribuer la faute à la témérité
du cocher, puisque le cocher sera en-
dormi sur son siège ) I
En somme, Mont-sous-Vaudrey n'est
pas ce qu'un vain peuple pense t C'est
un château, qui ignore les bruits de
meute, l'encombrement des carrosses,
ou le tumulte du monde.
Il ressemble plutôt à ces mystérieux
palais des contes de fées, où, au bout de
longues avenues sombres, on rencon-
trait une Cour endormie d'un sommeil
magique. x.
<<. x.
mpEm irAmm
AFROHSDORF
Vienne (Autriche).
Avant de partir pour Trieste, où il se
trouve en ce moment, l'empereur d'Au-
triche est allé à Frohsdorf, avec une
nombreuse escorte, en grand uniforme
de cérémonie, rendre visite à Monsieur
le comte de Chambord.
C'est la première fois que François-
Joseph II qui professe, personnelle-
ment, beaucoup d'estime, beaucoup d'a-
mitié pour Monsieur le comte de Cham-
bord, lui rend visite en Empereur,
comme Empereur.
Jusqu'à présent, les deux Princes ne
se sont vus qu'en forme privée, sans ap-
parat, sans suite, seuls, ou avec les
princes de leur Maison.
Cette manifestation a produit dans
les cercles politiques viennois une im-
pression très vive que, les uns par pru-
dence, les autres par mécontentement,
les journaux autrichiens laissent à
peine transpirer.
Monsieur le comte de Chambord quit-
tera Frohsdorf le 2S septembre, pour
gagner, vers le 25 octobre, ses quartiers
d'hiver de Goritz, en chassant successi-
vement chez les archiducs, dont les ré-
sidences d'automne se trouvent le long
de la route.
VtENNUS.
LA DERNIÈRE
mREVBE M M. M SMWtï!
M. de Blowitz télégraphie au T'MtM les dé-
tails d'une conversation qu'il vient d'avoir avec
Mlie Rosita Mauri, à l'occasion du mal au pied
qui éloigne malencontreusement de la scène la
grande danseuse.
?e vous dérange, mademoiselle,
mille excuses Blowitz, ~er~eM~le
grand !Mcialité de tirer les vers du nez aux per-
sonnalités en vue. Vous n'êtes pas sans
avoir lu dans les journaux l'!M!'e~eM?
de M. Duclerc.r6s intéressant, n'est-
ce pas ?. On est fixé maintenant: on
sait comment il a accepté le pouvoir.
et comment il le quittera. Il a eu un mot
mal sonnant il a parlé de dissolution.
C'est un homme à la mer 'On disait
Ministère de vacances pas du tout. A
preuve qu'il y aura encore des vacan-
ces. et qu'il n'y aura bientôt plus de
ministère Duclerc t Avez-vous un senti-
ment là-dessus?
Pas encore, à vrai dire t. Mais je
me demande.
Le but de ma visite? Voici Je
suis allé, hier, à l'opéra, voir la répéti-
tion de -P'rla petite Subra. Charmante, la petite
Subra! C'est cpmme ça que j'ai su que
vous étiez indisposée. Un événement,
n'est-ce pas ?. Vous avez mal au pied ? 9
En effet.
Au pied seulement ?
Seulement. `
–Excusez mon insistance; dans la
langue de la chorégraphie, le mal au
pied est cousin germain du mal au genou,
qui lui-même.
J'ai seulement mal au pied.
Bon! Pourquoi ?
–Dame) 1
Soyez sincère, mademoiselle, et ne
redoutez de ma part aucune indiscré-
tion Je n'enverrai qu'au TMKM la rela-
tion ndèle de notre entretien, qui ne sera
reproduite que par .tous les journaux de
l'univers entier. De sorte que si vous
avez des conndencesâ me faire.
Je n'hésiterais pas! J'aimai au pied,
voilà tout.
Bon! à quoi l'attribuez-vous?. Se-
rait-ce que vos chaussons vous auraient
blessée? '1
–Jamais! je les racommode moi-~
même.
Sage précaution < Auriez-vous
marché sur un clou? Les théâtres sont
pleins de clous. les planches tout d'a-
bord. et puis certaines pièces 1 Il y en
aura un dans le nouveau drame dé l'Am-
bigu. Simon compte beaucoup des-
sus). C'est un clou?
Non.
Tant mieux 1 (!a. aurait fait mentir
le proverbe: < Les c/o!La politique est étrangère à l'acci-
dent ?
–Evidemment).
Puisque vous me l'assurez On a
vu cependant des artistes très attachés
à certains ministères. au Grand Minis-
tère surtout 1. Vous n'aviez pas un pied
dans le Grand Ministère. peu ou
prou.?
Non; des cancans 1
Le cancan, ça n'est pas de votre
école, passons Vous n'avez pas à vous
plaindre de l'administration de l'Opéra ?
En aucune façon.
Peut-être avez-vous regretté M.
Halanzier?
Oui, par un sentiment bien natu-
rel j'ai débuté sous lui. à Paris.
Cela vous fait honneur à tous les
deux 1. En politique, êtes-vous pour le
scrutin de liste ?
–Je serais plutôt pour l'arrondisse-
ment.
Vous ne pourriez qu'y gagner en
effet 1. Et pour la dissolution ?
Monsieur 1
Pas des mœurs, mademoiselle, pas
des mœurs! Je parle de la Chambre.
Je n'ai pas d'opinion sur ce point. A
Verriez-vous avec ou sans plaisir la
démission de M. Grévy?.
Plutôt sans plaisir. Il m'intéresse.
Par quel bout, mon Dieu t
C'est un homme de foyer.et qui fait
des confitures. <'
Vous les aimez )
Je préfère le chocolat.
Chocolate espanol t C'est du patrio-
tisme). Autre question! j'abuse.
Que pensez-vous des affaires d'Egypte ? 2
Ça m'est égal, je n'ai pas de Suez.
C'est l'impression générale 1. Et
de la loterie des Arts décoratifs ?
J'ai cinq cents billets.
Cinq cents billets placés Qui est-ce
qui disait que ça ne marchait pas?.
Vous aurez de grandes chances de gain,
le jour où on tirera cette loterie.
Quand pensez-vous qu'on la tire ?
D'après mes calculs. le 14 juillet.
19921. Un dernier mot Etes-vous ofn-
cier d'académie ?
Non.
t~- Je vous en félicite.
Pour copie conforme,
PAUL FERRIER
BOURSE DE LONDRES. 18 SEPTEMBRE
Derniers cours Consolidés, 99 92. Egyp-
tienne, 69 07 parité, 349 10. Espagnol
nouveau 6415; parité, 64 34. Turc, 13 03
parité, 12 17. Banque ottomane, 20 57- pa-
rité, 769 65. Rio-Tinto, 26 35; parité, 663 50.
L )NC!DENT COOUEDN
Nous avons publié hier une lettre de
M. Mayer, directeur du Gaiety-Theatre
de Londres, adressée à M. Coquelin aîné.
Cette lettre du directeur londonien à
l'aimable sociétaire de la Comédie-Fran-
çaise, mettait en demeure M. Coquelin
d'avoir à s'embarquer, au Havre, le 16
de ce mois, pour aller donner, en Amé-
rique, des représentations sous sa di-
rection.
Nous ajoutions que M. Coquelin n'a-
vait pas répondu à M. Mayer.
Mais comment M. Mayer pouvait-il
posséder contre M. Coquelin, un traité
dont ce dernier pût nier l'existence ?
Voilà ce qui étonnait fort ceux qui
connaissent la parfaite droiture de M.
Coquelin que nous critiquons volo-
ntiers sur le terrain politique, mais dont
nous sommes les premiers à estimer le
caractère privé et le talent.
Pourtant, il n'y a point de fumée sans
feu,/dit le vieux proverbe.
En effet, nous sommes allés aux ren-
seignements, et voici ce que nous avons
appris sur les causes de ce malentendu
car nous aimons à penser que ce
n'est qu'un malentendu et que le diffé-
rend nnira par s'arranger a l'amiable.
Tout d'abord, il n'existe pas précisé-
ment de traité entre MM. Coquelin et
Mayer.
M. Coquelin, il est vrai, s'est engagé
par lettre avec M. Mayer mais il s'<~
engagé à M'a~ 6~ ~Me~Mg ~M'OK~C
M. Mo~ et non point c~er ~c-
W<~
Ce qui est tout digèrent.
Dans le premier cas, M. Coquelin eut
contracté l'engagement de reconnaître
M. Mayer pour directeur s'~ a~«
~M~s en ~M0; dans le second, il
eût formellement promis d'aller en Amé-
riuue, ce qui n'entrait pas dans ses in-
tentions.
En tout cas, plusieurs raisons mili-
tent militer en faveur de M. Coque-
lin.
Comment M. Coquelin aurait-il pu
consentir à s'embarquer sans savoir, au
préalable, où il devait aller jouer? Sans
être informé de la troupe qui devait lui
donner la réplique et sans avoir arrêté
les pièces qu'il aurait a interprêter?
De plus, une somme de cent mille
francs devait être verséeentre les m&ins
)PAR!S IL S centimes. DEPARTEMENTS ET GARES ~0 CENTIMES)
Mardi 19 Septembre 188<
PARLS JO~RmL
Ate-TT~tIK. IMMEYER
Dtrec
ABONNEMENTS
:EE. IDE FI~HTE
~~ac~M~e~CAe/
ANNONCES
MM. CH. LAGrRAN&E, CEBJF AC~
6, PLACE DR LA BOU&SE, 6
J?~ ai ~MMM~f'aMoyt t
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OB NX HECBKS A CIN9 HEURES
W, boutevard dea )[tal:em«, W
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9, boulevard des Italiens, aL
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Un mois. 5fr. Un mois. 6fr.
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Trois mois (Union postale). 18 fr.
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9, boulevard dos Italiens, 9
M DEUX HEURES AMINUtT
Demain, nous commencerons dans
notre feuilleton le roman de A. GENNE-
VJRAYE
DE LOGERAIS
T~nn~? npp nnfn~n~c
L HUttiL MS iNVÂHMS
La République est le gouvernement
qui déboulonne le plus. La Commune
n'a déboulonnéque la colonne de la place
Vendôme. La majorité de la commission
du budget est d'avis de déboulonner
l'hôtel des Invalides. A la colonne n'est
attaché que le souvenir de Napoléon et
de ses compagnons de victoire. Mais les
-Invalides, c'est Louis XIV autant que
Napoléon. C'est la gloire de la Monar-
chie aussi bien que de l'Empire. < C'est le
lieu le plus respectable de la terre, di-
sait Montesquieu. Raison de plus pour
que nos gens, ne respectent pas ce re-
paire de souvenirs dont la gloire ofEus-
que les modernes législateurs, comme
le soleil gêne les hiboux. Supposez les
oiseaux de nuit maîtres du monde, il
est évident qu'ils supprimeraient la
clarté du jour.
J'ai entendu parfois, même sous le
second empire, soutenir cette thèse
chère au grotesque GrIais-Bixoin, no-
tamment, que l'on ferait aux vieux
militaires un sort plus doux, en leur
servant une petite rente qu'ils mange-
raient librement où et comme il leur
plairait, au lieu de les caserner dans le
palais historique où ces débris de la
guerre semblent monter la faction au-
tour du fantôme de l'Empereur.
Leur vieillesse s'accommode mal, dit-
on, de l'ombre de service auquel ils
sont astreints dans l'hôtel, et vous faites
peser sur leurs épaules, qui ont assez
porté le harnais de bataille, pour être
anranchis désormais de toute discipline,
le joug d'une consigne qui ne finira
qu'avec leur vie. Justemenl, c'est ce
spectre de la vie militaire qui leur est
cher et qui est le meilleur compagnon
de leurs derniers jours. Ceux qui par-
lent de les en délivrer dans leur propre
intérêt sont des phraseurs hypocrites.
ou ne savent pas ce qu'ils disent. Otez
l'invalide de son hôtel, ce n'est plus
qu'un petit rentier comme un autre,
une ganache vulgaire. Dans son hô-
tel, sous l'uniforme, il est encore sol-
dat. Il fait toujours partie de ce grand
tout qu'on appelle 1 armée française et
qui est la patrie en armes. La suppres-
sion de l'hôtel des Invalides serait pour
ces vieux soldats, l'équivalent d'un
exil.
Les avez-vous vus, quelque dimanche,
dans leur belle et sévère église dédiée
au saint roi Louis IX. la pique au poing,
rangés sur les marches de l'autel, ceux
qui sont commandés pour le piquet de
messe ? Le visage de ces grognards, leur
attitude martiale sous les.armes, tout en
eux dénote la satisfaction intime qu'ils
éprouvent à être encore de service. Cer-
tes, ils ne céderaient pas leur tour ces
< ûls aînés de Mars comme auraient
dit nos pères, pour un plat de n'importe
quoi, comme ût Esaù de son droit d'aî-
nesse. Depuis quand les vieux chevaux
d'escadron n'aimeràient-ils plus la trom-
pette guerrière?
Avant nos désastres, quand nous en-
tendions quelque réformateur à la dou-
zaine, quelque éplucheur de budget par-
ler de la suppression des Invalides, en
tant qu'institution nationale et musée de
souvenirs vivants, avouons, en nous
frappant la poitrine, que cela nous
laissait assez froids. Il nous semblait
qu'il y a du pour et du contre, et qua
la question pouvait être examinée. Au
jourd'hui que lapatrie aussi est mutilée,
qu'elle a laissé une partie de son corps
sur les champs de bataille, qu'elle est
éclopée comme les jambes de bois.man-
'chote comme les manchots, et qu'elle
est gouvernée par des incapacités à tête
de bois comme le légendaire pension-
sio 'naire de l'hôtel, joie des loustics et
stupéfaction des badauds, nous nous
sentons pour les invalides des entrailles
de frère. Toucher à eux nous paraît un
crime, un blasphème, un soufflet donné
au vieil honneur français.
D'ailleurs, vous n'en avez pas le droit.
Les invalides sont chez eux, dans cet
hôtel que leur a bâti Louis XIV, par la
main de Mansart.
C'est & vous d'en sortir, vous qui parlez en mai-
[tre,
et où sont venus les visiter tant de Rois
et d'Empereurs,
Non seulement l'hôtel est leur pro-
priété, mais ils ont été dotés par Louis
XIV, Louis XV et Napoléon 1" sans
parler de quantité de legs particuliers,
d'une fortune plus que suffisante pour
parer largementà leurs besoins. Ils n'ont
donc que faire du créditde'700.000 francs
pour lequel ils sont inscrits au budget
et que la commission leur marchande.
Rendez-leur ce qui leur appartient; ils
n'auront rien à réclamer de personne.
Napoléon I", ayant besoin d'argent au
moment de la guerre d'Espagne, em-
prunta deux millions à la caisse des In-
valides mais, avant de partir pour l'île
d'Elbe, il acquitta sa dette.
Qu'est devenu le majorat incessible et
insaisissable qui constituait la fortune
des Invalides ?
Si l'Etat, après s'en être emparé, fai-
sait tout simplement una autre bouchée
de~ l'hôtel même et de l'institution, il
procéderait à la façon des détrousseurs
de grands chemins qui jettent un cada-
vre à l'eau après avoir fait passer dans
leurs poches le contenu des siennes.
Aujourd'hui, il n'y a guère plus de
quatre cents pensionnaires aux Inva-
lides. On en a pronté pour envahir leur
maison sans les consulter des jardins,
on a fai~ des docks une caserne a été
créée derrière l'hôtel; l'intendance a
des magasins dans une grande partie du
premier étage; la gendarmerie à pied
et à cheval a pris une aile pour des dé-
pôts d'équipement, d'habillement et
d'armement les caves ont été trans-
formées à l'usage de la télégraphie mili-
taire l'administration des beaux-arts a
pris tout un corps de bâtiment pour en
faire un musée d'artillerie. L'invasion a
précédé l'expulsion qu'on médite.
Dernièrement, un de nos amis alla
faire ce pèlerinage des Invalides qui
n'est pas assez à la mode parmi les Pa-
risiens, et il eut la bonne fortune de
s'entretenir avec un vétéran du nom de
Godillon, lequel, né en 1789 à Orléans, fait
naturellement partie des Burgraves de la
maison, ceux qui forment la quatrième
division. Il a une jambe de moins,
ce vieux héros, et ses deux bras
ont été fracassés. Mais, la langue est
encore bien pendue il a combattu à
Talaveyra et à Salamanque, sous Mar-
mont, qu'il appelle ~Ln~M~e Marmont,
sous prétexte qu'il fût duc de Raguse.
Peu importe; on n'est pas tenu de res-
pecter 1 orthographe plus que l'on n'a été
respecté soi-même par les balles et les
boulets.
Lui et ses camarades sauvèrent, dit-
il, ~
de sabre sur la tête avait étendu sans
connaissance. Il était aussi à Dresde, au
7° voltigeurs de la jeune garde, quand
Moreau reçut à côté de l'Empereur
Alexandre le boulet qui le paya de sa
trahison. Pendant ce temps-là notre obs-
cur héros, Godillon, faisait le coup de
fusil avec~les Autrichiens si bravement
qu'il fut cité à l'ordre du jour de l'armée
et porté pour la croix de la Légion
d'honneur il l'a attendue jusqu'en 1876.
Godillon était aussi à Leipzig; il a vu
Poniatowski couvert de blessures, les
deux bras fracassés, se tenant en selle
par un prodige de volonté, se préci-
piter sur son cheval dans l'Etster, où
il trouva la mort. Là aussi Godillon
fut caressé par un boulet qui lui abima
à jamais les deux bras; -.puis, il fut
transporté à Smolensk, où l'on avait
établi un bivouac pour les blessés. De-
puis lors, il est invalide.
Voitâ un spécimen des gens que la
commission du budget s'apprête à chas-
ser de chez eux, après qu'on leur a déjà
pris* tout ce qu'on pouvait leur prendre.
Ces pauvres vieux ) II est certain que
s'ils étaient morts tout entiers, au lieu
de survivre par miracle à tant de pluies
de mitrailles qu'ils ont affrontées, l'Etat
n'aurait pas à s'occuper d'eux.
t La république n'a pas besoin de sa-
vants, disait Fouquier-Tinville à La-
voisier .qui demandait un sursis pour
avoir le temps de résoudre un problème
utile à la science, avant de monter sur
l'échafaud. La troisième république à-t-
elle ou n'a-t-elle pas besoin de soldats?
On doit supposer que oui, puisqu'elle
veut enrôler tout le monde, y compris
les séminaristes, surtout les séminaris.
tes; mais, si elle a besoin de soldats,
pourquoi ne néglige-t-elle rien pour
déraciner de notre vieux sol l'esprit mi-
litaire ? R
H. DE PÊNE
No a Echos
AUJOURO'HMC
A 6 heures et demie, dîner au Grand-Hôtel
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dîner, l'orchestre de
M. Desgranges jouera dMia la nouvelle s&Me de
musique.
MEKC
Potage Saint-Germain °
Hors-d'œuvre
'Bar sauce câpres
Pommes de terre à l'anglaise
Pièce de bœuf à la Dauphine
Selle d'agneau à la jardinière
Perdreaux bardés
Salade
Artichauts barigoule
Gâteau Régent
Glace
Parfait au café
Desserts
fromsXMt truita et petita-foum
Le talon des damoa est ouvert aux voyageur*.
Piano, orgues, tables do jeux.– Dîner à la carte
t.u restaurant. Billards au Café Divan.
Le programme du dîner-concert. (Voir a la
4' pase.)
<~
Musée Grêvin, 10, boulevard Montmartft.
De onze heures du matin à onze heureo du soir.
Français, 8 h. 1/4. ~.M Co/'Ae
'Opéra-Comique, 8 h. Ront~o e< JtfHeM~.
t.A POUTtOUE
L'Empereur d'Autriche se trouve en
ce moment à Trieste, où sa présence a
une importance politique qu'on ne sau-
rait passer sous silence.
On se rappelle qu'il y a quelques
jours un archiduc d'Autriche a été té-
moin d'un attentat commis par un Ita-
lien contre la Ligue des Vétérans, dans
cette même ville, qui est activement
travaillée par les intrigues italiennes.
Le voyage de l'empereur d'Autriche
est une réponse aux menaces des irré-
dentistes, aux visées de l'Italie. La chose
résulte clairement desparoles qu'il a pro-
noncées hier.
Harangué eir langue italienne par le
président de la Chambre de Commercé
de Trieste, François-Joseph a répondu
dans la même langue u parle toutes
les langues de son Empire, et il y en a
bien une douzaine, sans compter les au-
tres:
Votre témoignage, appuyé sur une expérience
cinq fois séculaire, confirme le fait de l'impossi-
bilité économique qu'il y a, de séparer Trieste de
l'Empire.
L'orateur avait dit que personne
mieux que sa corporation élue par les
armateurs et les industriels de Trieste,
ne pouvait apprécier les bienfaisants ef-
fets de la réunion de cette ville à l'Au-
triche, réunion qui en .a. fait le grand
entrepôt commercial de l'Empire austro-
hongrois.
Mais /po&'s!Mt~ ëcoMOMM~Me n'est
pas la seule impossibilité de leur sépa-
paration. La formule n'a été choisie que
pour dire sans éclat ce qu'on voulait
dire. C'est un avis de l'Autriche à l'Ita-
lie de ne pas pousser plus loin ses pré-
tentions sur Trieste. L. T.
Les manifestations royalistes, à l'oc-
casion de la Saint-Michel, jour de la. nais-
sance do Monsieur le comte de Cham-
bord, sont organisées plus activement
que jamais.
A Angers, la messe sera célébrée le
29 septembre, en l'église Saint-Joseph.
Le banquet aura lieu le l"' octobre, au
château de La Loge, près de Segré.
Au Havre, M. Hervé-Bazin présidera
un banquet en l'hôtel Frascati.
L'infatigable M. de Baudry d'Asson,
prononcera le f' octobre un discours au
banquet de Carpentras, qui comptera
plusieurs milliers de convives.
En attendant, il conduit à Frohsdorf
une députation de paysans et d~ou-
vriers vendéens, pour déposer aux pieds
de Monsieur le comte de Chambord
les adresses signées au banquet de Chal-
lans.
Enfin, le 8 octobre, il présidera à Lyon
un banquet de plusieurs milliers de
convives. La préfecture est fort émue
de cette importante manifestation, et
cherche un prétexte pour l'empêcher.
Mais les royalistes de Lyon sont déter-
minés à passer outre.
LE MONOE ET LA V!LLE
Le Prince Victor qui est, en ce
moment, près de sa mère au châ-
teau de Moacolieri, sera à Paris dans
une quinzaine de jours. C'est dans un
régiment d'artillerie qu'il fera, comme
nous l'avons dit déjà, son volontariat.
Son jeune frère, le Prince Louis, pré-
pare son baccalauréat et sera revenu
pour la rentrée des classes.
Nouvelles mondaines.
Hier, à midi, en la chapelle des RR.
PP. Passionistes de la rue Hoche., a été
célébré le mariage de M. E. Benedetti,
secrétaire d'ambassade, fils du comte
Benedetti, ancien ambassadeur, avec
Mlle Salles, fille de M. Isidore Salles,
ancien préfet de l'Empire.
A cause d'un deuil, on n'avait pas
adressé d'invitations. Cependant, les
amis des deux familles étaient relative-
ment nombreux.
S. A. I. la princesse Mathilde, le prince
Roccagiovine, M. et Mme Rouher, le
général Fleury, le comte et la comtesse
Gouvion-Saint-Cyr, Mme la baronne
Liodvères, le comte de Lariboissière, dé-
puté de l'Aisne; Mme la comtesse
Atessandro et le comte Ch. Walewski,
Mlle Abbatucci, etc. etc.
Les témoins du marié étaient le vi-
comte 0. Aguado et M. Benedetti, an-
cien consul général ceux de la mariée,
le général comte de Saint-Sauveur et
M. Martelet, ingénieur en chef du corps
des mines.
La messe a été célébrée par M. l'abbé
Castelli, vicaire de la Madeleine.
Pendant la messe, on a entendu MM.
Sauzay, les éminents violonistes, et Ta-
lazac.
On a remarqué l'excellente tenue du
coupé attelé de deux chevaux noirs dans
lequel les jeunes mariés sont montés à
l'issue de la cérémonie. Un lunch intime
avait été préparé au numéro 1S2 du bou-
levard Haussmann, chez M. Salles.
Mme lamarquise de Galliget est grand-
mère depuis avant-hier. Cela paraît in-
vraisemblable, à la voir; cependant sa
nlle, Mme la baronne Franck Seilliere,
vient de donner le jour à un gros gar-
çon. Le fait est donc vrai.
Une des plus jolies personnes du fau-
bourg Saint-Germain, Mlle de S. S.
vient de prendre le voile.
Rencontré hier au Bois
Mme la comtessse d'Alessandro et son
Sis le comte Walewski Mme et Mlles
Baron, en un très joli vis-à-vis, attelé
d'un cheval gris et d'un alezan Mme
Porgès, en Victoria M. de Heredia le
commandant Izzet-Bey le prince de
Roh&n, la duchesse deBojano, en lan-
dau, avec ses enfants; M.Achille Mo-
risseau dans son cab enlevé par un mer-
veilleux s~F~rbai brun; M. et Mme de
Cuadra, en coupé; la comtesse de Roth-
viller, en phaéton, avee la grande
écuyëre Elisa.
Parmi les cavaliers: lebaron Alphonse
de Rothschild et la baronne, montée sur
un magninque cheval alezan M. Mac-
kensie-Grieyes le vicomte Fleury; M.
de Magellan, montant le cheval rouan
qu'il vient de ramener d'Angleterre le
comte ~.Potocki.
A l'heure du retour, le général mar-
quis de GaIliSet montait les Champs-
Elysées vers l'Arc de Triomphe.
S. M. Achille I" (Achille Laviarde),
roi d'Araucanie et Patagonie nous adres-
se le billet suivant:
Vous êtes prié d'assisté): au Service anniver-
saire qui sera célébré le 17 septembre 1882, à 11
heures du matin, dans l'église du Tourtoirao
(Dordogne), pour le repos de l'âme de S. M. le
roi OréUe-Antoinol"
Le même jour, des messes basses seront dites a.
l'église de Barfleur (Manche).
La fable est un genre un peu démodé
depuis M. Viennet en voici pourtant
un modeste échantillon dont la forme
naïve rappelle la simplicité fruste des
maîtres primitifs
UN JEUNE HOMME DU GRATIN
OU
LES DÉLICATESSES D'UN PARR!CIDtS
Un jeune débauché, cherchant lajbrte somme
Fit un appel de fonds A l'auteur de ses jours
Qui lui dit: Zut!–A lors cet infâme jeune homme,
Pour extorquer l'argent paternel, eut recours
A ce truc bien usé que la justice appelle
L'assassinat
Il attira dans un bateau
Son papa, sa maman, avec leur demoiselle,
Sous prétexte de faire un petit tour sur l'eau,
Sans que rien fit prévoir ses projets d'héri-
Au large, t froidement il chavira l'esquif, [tage.
Et puis, tirant sa coupe il gagna le rivage
Aussi calme que s'il n'eut point été fautif!
Mais Dieu veillait Au bout do quelques jours
Ce mauvais fils était jeté dans un cachot [ à peine
Quand on eut repêché, sur les bords de la Seine,
Les corps décomposés, rejetës par le flot,
Le juge dit, d'un ton dramatique, au coupable
Les reconnaissez-vous ?"
Alors, le misérable,
Se de7"u'nani.; choqué dans ses goûts délicats
Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des
[goujats x
NOUVELLES A LA MAIN
Au tripot, entre décavés
Dire qu'on appelle ça un cercle
un cercle de l'enfer, oublie par le Dante.
T~t décrit par Milton dans son im-
mortel poème t
–Vous dites?
.LeJParoK~e~M/ 1
La popularité
Un de nos confrères se glisse précipi-
tamment dans un de ces élégants cha-
lets qui sont les oasis des boulevards ex-
térieurs.
Quelques minutes plus tard, au mo-
ment de comparaître devant la dame du
comptoir, il constate la disparition de
son porte-monnaie et s'aperçoit qu'il ne
possède même pas la petite somme des-
tinée à payer ses frais de séjour.
Pour éviter un aËront, il tend à la di-
rectrice une carte de visite mentionnant
sa qualité de rédacteur en chef d'une
petite feuille.
La brave dame jette un coup d'oeil sur
la carte et la rend à notre confrère en
lui disant, avec son plus gracieux sou-
rire
-Monsieur n'est pas un inconnu pour
nous votre journal est ici très bien vu 1
UN OOMtNCL
A Mont-sous-Vaudrey
Il y a une légende de Mont-sous-Vau-
drey, comme il y aune légende de Saint-
Sébastien. Dussions-nous contrarier ceux
de nos confrères, à qui les lapins de
Mont-sous-Vaudrey ont fourni d'excel-
lentes plaisanteries, la vérité nous force
à déclarer que ces animaux célèbres,
historiques, n'existent pas plus que les
fameux orangers dont l'ombre imagi-
naire a été tant de fois reprochée à M.
Gambetta. Le gibier est presque aussi
rare dans les domaines de M. Grévy que
dans la plaine Saint-Denis. Si M. Grévy
voulait ou pouvait encore tuer des la-
pins, il devrait les chercher au loin. Un
maigre bouquet de bois, voilà la seule
remise que-rencontrent les fauves de
passage aux environs du président de
la République.
Mais cette année, le riche président
ne songe guère aux lapins, ni aux liè-
vres, ni aux perdreaux. S'il lit ses jour-
naux officieux, ce dont nous doutons
fort, il doit être bien surpris des chasses
sans nombre auxquelles on le fait as-
sister. Il n'a pas encore franchi la grille
de son château, depuis un mois qu'il y
est entré. C'est le président invisible.
On le devine, on ne le voit pas. Quel-
quefois, le soir, à la nuit tombante, la
grille s'ouvre une voiture entre, ame-
nant quelques intimes, ceux à qui M.
Grévy peut encore se laisser voir. Il est
caché au reste de l'univers. Il pourrait
mourir, ni Mont-sous-Vaudrey, ni la
France n'en sauraient rien, s'il plaisait
à l'entourage du président de cacher sa
mort, comme fit jadis ,Agrippine pour
l'empereur Claude. Les derniers hôtes
qui aient franchi le seuil de l'habitation
mystérieuse, sont Mme Pelouze et le
général Pittié.
M. Grévy, depuis un mois, ne s'est
laissé entrevoir qu'une seule fois. La
fanfare du pays était venue donner une
aubade à celui qui fut l'idole du Jura. On
ne lui permit pas de pénétrer dans le
parc. Elle donna son aubade à distance,
sur la place. Mais, tandis qu'elle jouait
ses plus beaux airs, on vit paraître à la
grille un vieillard à barbe blanche, en
veston de toile écrue, qui souleva péni-'
blement son .médiocre chapeau de
paille. C'est à pèine si les~compatriotes
de M. Grévy reconnurent en cette ap-
parition d'une seconde le président de la
République.
Le mercredi esjt le jour d'audience.
Les solliciteurs afuuent, mais ils ne par-
viennentjamais jusqu'au chef de l'Etat.
C'est M. Fourneret, chef du cabinet et
neveu du président, qui reçoit et écon-
duit les visiteurs. Encore, lui est-il ar-
rivé deux fois de donner audience, non
pas au château, mais à l'hôtel qui est en
face, de l'autre côté de la place. On sait
que cet hôtel a été longtemps tenu par
une proche parente de M. Grévy. C'est
une maison de famille, et M. Fourneret
a pu s'y croire chez lui, quand il y a
reçu les solliciteurs.
Il est remarquable que jamais per-
sonne n'est sorti content de ces audien-
ces. L'an dernier, un pauvre facteur quL
avait été au service de M. Grévy, avait
une requête à adresser à son illustre
maître. Il emprunta une petite somme à
un fervent royaliste du pays pour faire
le voyage de Mont-sous-Vaudrey.
M.
répondit à son ancien serviteur que son
crédit était mince et qu'il fâltait adres-
ser la requête au ministre compétent.
Le protecteur royaliste prit en main
l'affaire qui avait fait reculer le prési-
dent, et montra au facteur que la bonne
volonté d'un royaliste était eneore plus
puissante que celle de M. Grévy t
Mme Grévy ne se montre pas plus
que son mari aux populations du Jura.
Elle est sortie une seule fois. pouraller
à la messe. Aux quelques amis qui
l'ont abordée, elle a parlé unique-
quement du prochain événement qui
l'allait faire grand'mëre. La santé de
Mme Wilson semble le seul souci de
de cette famille tranquille, modeste et
ennemie du bruit. Entre Mme Grévy et
Mme Pelouze, le bon président vaque
aux soins d'une santé fort délabrée. Ylne
veut plus rien connaître du monde, ni
de la politique.
La villégiature de Mont-sous-Vaudrey
touche d'ailleurs à son terme. M. Grévy
et sa famille seront à Paris le 26 septem-
bre. On dit que le motif d'un si prompt
retour serait, non pas dans le mauvais
temps, ni dans les chasses manquées,
M. Grévy n'est plus chasseur mais
dans les embarras que susciteraient à
l'Elysée l'activité plus que dévorante de
M. Wilson, le régent. M. Grévy repren-
dra les rênes de l'Etat, et alors, si quel-
que heurt survient, on ne pourra du
moins en attribuer la faute à la témérité
du cocher, puisque le cocher sera en-
dormi sur son siège ) I
En somme, Mont-sous-Vaudrey n'est
pas ce qu'un vain peuple pense t C'est
un château, qui ignore les bruits de
meute, l'encombrement des carrosses,
ou le tumulte du monde.
Il ressemble plutôt à ces mystérieux
palais des contes de fées, où, au bout de
longues avenues sombres, on rencon-
trait une Cour endormie d'un sommeil
magique. x.
<<. x.
mpEm irAmm
AFROHSDORF
Vienne (Autriche).
Avant de partir pour Trieste, où il se
trouve en ce moment, l'empereur d'Au-
triche est allé à Frohsdorf, avec une
nombreuse escorte, en grand uniforme
de cérémonie, rendre visite à Monsieur
le comte de Chambord.
C'est la première fois que François-
Joseph II qui professe, personnelle-
ment, beaucoup d'estime, beaucoup d'a-
mitié pour Monsieur le comte de Cham-
bord, lui rend visite en Empereur,
comme Empereur.
Jusqu'à présent, les deux Princes ne
se sont vus qu'en forme privée, sans ap-
parat, sans suite, seuls, ou avec les
princes de leur Maison.
Cette manifestation a produit dans
les cercles politiques viennois une im-
pression très vive que, les uns par pru-
dence, les autres par mécontentement,
les journaux autrichiens laissent à
peine transpirer.
Monsieur le comte de Chambord quit-
tera Frohsdorf le 2S septembre, pour
gagner, vers le 25 octobre, ses quartiers
d'hiver de Goritz, en chassant successi-
vement chez les archiducs, dont les ré-
sidences d'automne se trouvent le long
de la route.
VtENNUS.
LA DERNIÈRE
mREVBE M M. M SMWtï!
M. de Blowitz télégraphie au T'MtM les dé-
tails d'une conversation qu'il vient d'avoir avec
Mlie Rosita Mauri, à l'occasion du mal au pied
qui éloigne malencontreusement de la scène la
grande danseuse.
?e vous dérange, mademoiselle,
mille excuses Blowitz, ~er~eM~le
grand !M
sonnalités en vue. Vous n'êtes pas sans
avoir lu dans les journaux l'!M!'e~eM?
de M. Duclerc.r6s intéressant, n'est-
ce pas ?. On est fixé maintenant: on
sait comment il a accepté le pouvoir.
et comment il le quittera. Il a eu un mot
mal sonnant il a parlé de dissolution.
C'est un homme à la mer 'On disait
Ministère de vacances pas du tout. A
preuve qu'il y aura encore des vacan-
ces. et qu'il n'y aura bientôt plus de
ministère Duclerc t Avez-vous un senti-
ment là-dessus?
Pas encore, à vrai dire t. Mais je
me demande.
Le but de ma visite? Voici Je
suis allé, hier, à l'opéra, voir la répéti-
tion de -P'r
Subra! C'est cpmme ça que j'ai su que
vous étiez indisposée. Un événement,
n'est-ce pas ?. Vous avez mal au pied ? 9
En effet.
Au pied seulement ?
Seulement. `
–Excusez mon insistance; dans la
langue de la chorégraphie, le mal au
pied est cousin germain du mal au genou,
qui lui-même.
J'ai seulement mal au pied.
Bon! Pourquoi ?
–Dame) 1
Soyez sincère, mademoiselle, et ne
redoutez de ma part aucune indiscré-
tion Je n'enverrai qu'au TMKM la rela-
tion ndèle de notre entretien, qui ne sera
reproduite que par .tous les journaux de
l'univers entier. De sorte que si vous
avez des conndencesâ me faire.
Je n'hésiterais pas! J'aimai au pied,
voilà tout.
Bon! à quoi l'attribuez-vous?. Se-
rait-ce que vos chaussons vous auraient
blessée? '1
–Jamais! je les racommode moi-~
même.
Sage précaution < Auriez-vous
marché sur un clou? Les théâtres sont
pleins de clous. les planches tout d'a-
bord. et puis certaines pièces 1 Il y en
aura un dans le nouveau drame dé l'Am-
bigu. Simon compte beaucoup des-
sus). C'est un clou?
Non.
Tant mieux 1 (!a. aurait fait mentir
le proverbe: < Les c/o!
dent ?
–Evidemment).
Puisque vous me l'assurez On a
vu cependant des artistes très attachés
à certains ministères. au Grand Minis-
tère surtout 1. Vous n'aviez pas un pied
dans le Grand Ministère. peu ou
prou.?
Non; des cancans 1
Le cancan, ça n'est pas de votre
école, passons Vous n'avez pas à vous
plaindre de l'administration de l'Opéra ?
En aucune façon.
Peut-être avez-vous regretté M.
Halanzier?
Oui, par un sentiment bien natu-
rel j'ai débuté sous lui. à Paris.
Cela vous fait honneur à tous les
deux 1. En politique, êtes-vous pour le
scrutin de liste ?
–Je serais plutôt pour l'arrondisse-
ment.
Vous ne pourriez qu'y gagner en
effet 1. Et pour la dissolution ?
Monsieur 1
Pas des mœurs, mademoiselle, pas
des mœurs! Je parle de la Chambre.
Je n'ai pas d'opinion sur ce point. A
Verriez-vous avec ou sans plaisir la
démission de M. Grévy?.
Plutôt sans plaisir. Il m'intéresse.
Par quel bout, mon Dieu t
C'est un homme de foyer.et qui fait
des confitures. <'
Vous les aimez )
Je préfère le chocolat.
Chocolate espanol t C'est du patrio-
tisme). Autre question! j'abuse.
Que pensez-vous des affaires d'Egypte ? 2
Ça m'est égal, je n'ai pas de Suez.
C'est l'impression générale 1. Et
de la loterie des Arts décoratifs ?
J'ai cinq cents billets.
Cinq cents billets placés Qui est-ce
qui disait que ça ne marchait pas?.
Vous aurez de grandes chances de gain,
le jour où on tirera cette loterie.
Quand pensez-vous qu'on la tire ?
D'après mes calculs. le 14 juillet.
19921. Un dernier mot Etes-vous ofn-
cier d'académie ?
Non.
t~- Je vous en félicite.
Pour copie conforme,
PAUL FERRIER
BOURSE DE LONDRES. 18 SEPTEMBRE
Derniers cours Consolidés, 99 92. Egyp-
tienne, 69 07 parité, 349 10. Espagnol
nouveau 6415; parité, 64 34. Turc, 13 03
parité, 12 17. Banque ottomane, 20 57- pa-
rité, 769 65. Rio-Tinto, 26 35; parité, 663 50.
L )NC!DENT COOUEDN
Nous avons publié hier une lettre de
M. Mayer, directeur du Gaiety-Theatre
de Londres, adressée à M. Coquelin aîné.
Cette lettre du directeur londonien à
l'aimable sociétaire de la Comédie-Fran-
çaise, mettait en demeure M. Coquelin
d'avoir à s'embarquer, au Havre, le 16
de ce mois, pour aller donner, en Amé-
rique, des représentations sous sa di-
rection.
Nous ajoutions que M. Coquelin n'a-
vait pas répondu à M. Mayer.
Mais comment M. Mayer pouvait-il
posséder contre M. Coquelin, un traité
dont ce dernier pût nier l'existence ?
Voilà ce qui étonnait fort ceux qui
connaissent la parfaite droiture de M.
Coquelin que nous critiquons volo-
ntiers sur le terrain politique, mais dont
nous sommes les premiers à estimer le
caractère privé et le talent.
Pourtant, il n'y a point de fumée sans
feu,/dit le vieux proverbe.
En effet, nous sommes allés aux ren-
seignements, et voici ce que nous avons
appris sur les causes de ce malentendu
car nous aimons à penser que ce
n'est qu'un malentendu et que le diffé-
rend nnira par s'arranger a l'amiable.
Tout d'abord, il n'existe pas précisé-
ment de traité entre MM. Coquelin et
Mayer.
M. Coquelin, il est vrai, s'est engagé
par lettre avec M. Mayer mais il s'<~
engagé à M'a~ 6~ ~Me~Mg ~M'OK~C
M. Mo~ et non point c~er ~c-
W<~
Ce qui est tout digèrent.
Dans le premier cas, M. Coquelin eut
contracté l'engagement de reconnaître
M. Mayer pour directeur s'~ a~«
~M~s en ~M0; dans le second, il
eût formellement promis d'aller en Amé-
riuue, ce qui n'entrait pas dans ses in-
tentions.
En tout cas, plusieurs raisons mili-
tent militer en faveur de M. Coque-
lin.
Comment M. Coquelin aurait-il pu
consentir à s'embarquer sans savoir, au
préalable, où il devait aller jouer? Sans
être informé de la troupe qui devait lui
donner la réplique et sans avoir arrêté
les pièces qu'il aurait a interprêter?
De plus, une somme de cent mille
francs devait être verséeentre les m&ins
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