Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-09-20
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 septembre 1882 20 septembre 1882
Description : 1882/09/20 (Numéro 66). 1882/09/20 (Numéro 66).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5243677
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
Seizième Année Troisième Série Numéro 66
~ARÏS i. centimes, DÉPARTEMENTS ET GARES ~C~ CENTIME~
Mercredi 20 Septembre 188~
ot
k PARM-JOMML
Ai~TTB~J~ I~B~TER
r Directeur
ABONNEMENTS!
Paris Départements
Unmoia. 5fr. Un mois. 6fr.
Trois mois. 1350 Trois mois. 16 fr.
Stxmois. 27 fr. Six mois. 83 fr.
UnM. 54 fr. Unan. 64 fr.
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Trois mois (Union postale). 18 fr.
RÉDACTION
9, boulevard des Italiens, 9
CE DEUX HEURES A MINUtT
EE. IDE F~I~TB
B~dc!c
ANNONCES
MM. CH. LAGrtLATSTGrB, CBRB' & Cf'
6,PI,ACEDELABOUBSE,'6-
~~< &ADMINISTRATION
DB DIX HEURES A CMQ HEURES
W, bOMtevard dea ttaHent,
ABONNEMENTS, PETiTES ANNONCES
RENSEIGNEMENTS
9, boulevard ~es Italiens, 9
UNE FEMME M CËME
Tous les journaux, le û~M~s en tête,
annoncent à mots couverts une nouvelle
théâtrale de quatre lignes
t Le théâtre des Nations doit ouvrir
par un drame en quatre actes en vers,
intitulé Jane G're?/. A
Jusqu'à présent la nouvelle n'a l'air de
rien. Ce ne sont pas les drames en vers
qui manquent. MM. Emile Perrin et Ch.
de La Rounat en savent quetque chose.
J'écris cela, en me rappelant tout bas
le mot férocement doux de Théodore de
Banville; à la première de ne sais plus
quel opuscule de ce genre, il me dit
Il y a sur l'afncbe drame en cinq
actes et en vers. Mais ce n'est pas un
drame, et ce ne sont pas des vers t
Dans le cas présent, la nouvelle a une
saveur particulière, car les mêmes jour-
naux ajoutent
< L'auteur est une femme, x
J'ai vu sourire des connaisseurs, en
toute sincérité. C'est qu'ils ne connaisent
pas l'histoire. Je vais la leur faconter.
Au mois de janvier 1831, je me trou-
vais avec Emile de Girardin, chez Mme
X. dans le Midi. Mme X. passe pour
protéger la littérature à ses moments
perdus. Aussi reçoit elle pas mal de ma-
nuscrits. Ceci n'étonnera aucun de mes
confrères. Qui de nous n'est pas l'objet de
ces tentatives coupables? Une après-
midi, comme il pleuvait ferme.MmeX.
"médit: `
On m'a envoyé ce matin un drame
en vers; vous devriez bien nous le lire à
Girardin et à moi.
Je ns un bond, pendant que Girardni en
faisait un autre. Le grand publiciste ve-
nait dans le Midi pour se reposer. Drôle
de régal que de lui oNrir une tragédie
en guise de passe temps!
Mme X. ajouta tranquillement (com-
me plus haut:)
L'auteur est une femme.
Girardin eut unsoupirrésigné. Il était
pris. La maîtresse de la maison, très
brave femme d'ailleurs, se piquait de
littérature..11 fallait subir cette autre lit-
térature féminime. Je dénouai le manus-
crit, d'une main résignée. Je lus crainti-
vement
JaMe Spey
Dr<:Mte eM ~M~e actes e< e~ ~ers.
Et la voix de Banville susurrait à mon
oreille les menaçantes syllabes. Comme
on fait aisément des jugements témé-
raires ) A la fin de la première scène,
Girardin disait, très étonné
–Ehtehimais ce n'est pas mal du
tout.
Puis l'intérêt croissait. Une exposi-
tion claire, nette, rapide; des caractères
fermement tracés, avec quelques hési-
tations pourtant dans les personnages
épisodiques. Une action solide et origi-
nale qui s'engageait nettement, une
forme évidemment inspirée par les dra-
mes de Victor Hugo mais sans que le
disciple eût copié le maître. A la Un du
premier acte, Emile de Girardin dit net-
tement
C'est très beau.
Je partageais cet avis-là et ne le ca-
chai point. Evidemment si la suite res-
semblait au commencement, il y avait
là une œuvre.
Le second acte nous laissa plus froids.
L'inexpérience s'y faisait sentir. Puis
-les vers avaient moins de fermeté,
moins d'éclat. On eût dit un orfèvre ha-
bile dont les doigts ont laissé s'échapper
le joyau à demi serti. Je commençai le j
troisième acte nous eûmes aussitôt
l'impression étrange qu'on ressent en °
s'approchant d'un chef-d'œuvre.
Etes-vous entrés, d'aventure, dans
une cathédrale peuplée de tableaux fa-
meux ? On ne voit rien tout d'abord. Les
yeux, aveuglés par le soleil, ne sont pas
encore faits à la froide obscurité. On
avance à tâtons, ému par l'isolement
grandiose des piliers, par l'invisible ma-
jesté des choses. Avant même d'avoir
vu, on admire. On devine près de soi des
beautés qui attendent et qu'on va décou-
vrir.
Une impresssion pareille nous tenait.
C'est qu'en eSet le troisième acte de ce
drame est une des plus admirables cho-
ses que j'aie lues. Admirable comme
langue et comme théâtre. Mon Dieu,
je ne voudrais pas faire sourire les Pari-
siens. Ils croient aisément qu'un artiste
s'emballe. Trop heureux est-on quand
ils ne supposent pas une arrière-pensée
quelconque. Ceux-dont j'ai l'honneur
d'être connu me savent absolument sin-
cère. Mais ils pourraient supposer que
je subis un enthousiasme exagéré. Je
les prie de se détromper. La lecture dont
je parle avait lieu en janvier 1881 il y
aura bientôt deux ans. En vingt-quatre
mois, l'enthousiasme le plus chaud a le
temps de se refroidir. Je viens de relire
y~Kg G~eretrouvé mon impression aussi vivante
quenaguères.
Ce troisième acte est une merveille.
C'est absolument beau. Un soufne sha-
kespearien le traverse. Depuis les dra-
mes en vers de Victor Hugo, on n'a rien
écrit de comparable. Ce n'est pas l'ami-
tié qui me fait parler. Je n'ai pas vu dix
fois l'auteur qui s'appelle Mlle Simonne
Arnaud. Je connais fort peu Mme Sarah
Bernbardt qui jouera la pièce. Et d'ail-
leurs je crois les éloges exagérés funes-
tés quand l'oeuvre ou l'artiste qui en sont
l'objet ne les méritent pas. On ne trompe
pas longtemps le public. Il a toujours sa
revanche contre les enthousiasmes a
façon et les louanges immodérées. Il se
câbre même d'autant plus volontiers
qu'on a voulu forcer son opinion par
une admiration de commande. Je dis
donc ici ce que je pense rien de plus,
Le quatrième acte de y<:Me G'~y for-
maitun digne dénouement à l'œuvre.
Il montrait la pauvre petite reine dans
sa prison, prête à échanger son fragile
diadème contre l'éternelle couronne des
élu~. Et Mlle Simonne Arnaud avait eu
là des. accents-comme une femme de
génie seule sait en trouver. Je voulais
citer îles vers j'ai là le manuscrit sous
la main. A quoi bon déMorer cette œu-
j vre? Mieux vaut lui laisser toute sa vir-
ginité.
Quand la lecture fut achevée, Emile
de Girardin prit la parole
C'est de premier ordre, dit-il. Mais
il ne suffit pas d'admirer cette pièce, il
faut encore la faire représenter. Or, il
i n'y a que deux théâtres possibles pour
j Ya~e 6' La Comédie-Française ou
l'Odéon.
Autres difficultés qui jouerait les
j principaux rôles? Il y en a trois Jane,
lord Guilford, son mari, et un vieil out-
i law, nommé Greg. Ce Greg est une con-
ception géniale, digne de Frederick
i Lemaître du Frederick que nous con-
naissons seulement par la légende celui
qui jouait Ruy-BIas, Richard Darling-
ton. Où trouver un ensemble assez mer-
veilleux pour faire briller l'œuvre nou-
velle dans tout son éclat?
Pour Jane. Mme Sarah Bernhardt
était toute indiquée. Mais accepterait-
elle le rôle? Et puis elle était à la Comé-
} die-Française. On ne force pas ainsi les
portes du premier théâtre du monde.
De retour à Paris, les uns et les au-
très, nous conseillâmes à Mlle Simonne
j Arnaud de se faire connaître d'abord
par une lecture publique. Non de Y t Cy'ey. Il fallait garder cette œuvre-là
pour la représentation..Justement, elle
avait en portefeuille un drame en qua-
tre actes en vers qu'elle venait d'ache-~
ver C'arMM~olecteur. On convoqua sept ou huit per-
sonnes compétentes: Paul Déroulede, I
Henri Lavoix, le fin critique, dont le ju-
gement est si sûr, Edmond Coitinet, etc.
.Après tout, nous pouvions nous être
trompés en exagérant la valeur litté-
raire de Mlle Arnaud. Mais non. Tous .i
trouvèrent Ca~~a~Mo~ une fort belle
i œuvre. Moins scénique, moins théâ-
trale que Ya~e Grey, mais semée d'ad-
mirables morceaux. Je ns une seconde
lecture de Car~a~Ho~ mais cette fois
j devant deux cents personnes, dans un
salon littéraire bien connu.
C'est toujours une périlleuse entre-
prise que de lire une pièce en vers:
Tranchons le mot, ce n'est guère amu-
sant. Quelque peine que se donne le lec-
teur, il court grand risque de fatiguer.
Passe encore, lorsqu'il s'agit d'un audi-
toire de poètes ou d'hommes de lettres.
Ils ont l'habitude d'écouter des vers; ils
sont faits à cette cadence chantante qui
lasse bien vite les autres. Puis, quand
on est du métier, on voit jouer imagi-
nai rement devant soi le drame qu'on en-
tend lire. On évoque les scènes décrites
par le poète, on habille de soie et de ve-
lours les personnages mis en scène.
Le soir de la lecture dont je parle, la
majorité se composait d'hommes et de
femmes du monde. Trente ou quarante
critiques, poètes, romanciers et auteurs
dramatiques. Le reste, des gens lettrés,
intelligents, habitués à juger les~choses
de théâtre; mais à les juger sur la scène
et non dans un salon. Je redoutais donc
leur jugement. J'avais toet. A mesure
que je lisais, je les sentais conquis par l,
les beautés de l'ouvrage. Quand j'ache-
vai le- dernier acte, cet auditoire d'é-
lite se tourna vers Mile Arnaud, modes-
tement assise dans un coin, et la salua
par des applaudissements répétés.
<'
Mme Sarah Bernhardt y était. Elle
n'avait pas attendu cette consécration
pour croire à Mlle Simonne Arnaud et à
son talent.
Je vais partir pour l'Amérique, lui
avait-elle dit un mois auparavant. A
mon retour, je jouerai 7Je n'en sais rien encore, mais je la
jouerai.
Vous voyez qu'elle tient parole.
Mais l'auteur? Comment est l'auteur?
On est assez friand de ces indiscrétions.
Simonne Arnaud est un pseudonyme
qui cache un vieux rom, un nom d'épée.
C'est une jeune femme d'un peu plus
de trente ans. Elle est petite, mince,
élégante et frêle. Le visage, ambré
comme celui d'une Espagnole, est
éclairé par de magnifiques yeux noirs,
éclatants et doux. lisent une expression
éternellement triste. On sent que cette
jeune femme a quelque chose de cassé
en elle. Elle est craintive et maladroite.
Ily a là évidemment un dédoublement
de nature, très curieux à observer pour
un psychologiste. Rien du bas-bleu, au
contraire. Le feu qui la consume ne se
trahit que dans ses œuvres. Un mot
d'elle la peindra tout à fait.
Le soir de cette lecture d~Ca~MM~Mo~!
qui allait décider de son avenir, je lui
parlais du succès qui lui était réservé.
Je lui disais qu'elle serait forcée peut-
être de vaincre sa timidité naturelle, de
voir sa personne livrée au public. Elle
me répondit doucement
Mon rêve, ce serait la célébrité
anonyme. J'envie la gloire. et je hais
le bruit.
ALBERT DELPtT
BOURSE M MBRES. 19 SEPTEMBRE
Derniers cours Consolidés, 99 82. Egyp-
tienne, 68 17 parité, 344 75. Espagnol
nouveau 64 07, parité, 64 25. Turc, il 90
parité, 12 05. Banque ottomane, 20 67; pa-
rité, 772 7o. Rio Tinto, 26 25; parité, 663 65.
No's Echos
AUJOURO'HëC
A 6 hôtiro~ et demis, dinar au Gr&nd-Hota!
i admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dîner, t'orohasLre de
M. Doagrangeo jouere. da.M la nouvelle <&)It da
musique.
tMC
Potage Dartois
Hora-d'œuvM
Relevée
Filets de soles à la Bercy 'y
Pommes de terre à FangiMse
Entrées
Cate de bœuf à la portugaise
Salmis de gibier aux champignons
Rut
Poularde au cresson
Salade
Entremets
Haricots panaches ma!tre-d'hôtel
Gâteau ~l'orientale
Glace sicilienne
Dessert*
fromages, fruits et patita~fourt
Le salon des damea est ouvert aux voyageur*.
Piano, orgues, tables de jeux.– Dîner & la Mrte
tu restaurant. Billards au Caf6 Mvan.
La programme du d!ner-concart. (Voir t la
<' page.)
!
Musâa Grévin, M, boulevard Montmartre.
De onze hauras du matin a onze hauree du soir.
Opéra, 7 h. 3/4. Le Fret3c/tM<~ et Na-
MOMMOi.
t''rançais, S h. B/ Vo~e-Faee. Les
.RcM~cftt.
A KOpéra-Comique. Le Pré MMa~ C!eret et
RtcActrd CœK/e-I.to/t.
LE MONDE ET LAVtLLE
Le .PV~M'o publie la. note suivante
< Notre collaborateur Chincholle nous
prie d'insérer la lettre suivante I
Mon cher Masque de fer,
Je suis trop vieux journaliste pour prendre
plaisir à rectifier les Échos de mes confreres. Je
n'ai donc rien dit hier quand le ~oiH~ots a, an-
noncé que j'étais le témoin du collectiviste Crié.
Mais voilà que le Sot;' et l'Bce'/te~e~t, etc., ré-
pètent la nouvelle. Voulez-vous être assez bon
pourla démentir?
C. CniNCUOLLE.
Le .F~xfo a, du reste, donné les noms
exacts des témoins qui étaient pour M.
Crié, MM. Lambic et Lapierre, rédacteurs à
la .CaAreaux et Rousseau. »
LeM. Cbincholle du F~aro ait été le té-
moin du collectiviste Crié.
Nous avons seulement cité parmi les
témoins un M. Chincholle, qui nous pa-
rait avoir le droit de porter le même
nom que le rédacteur du ~<~ro et qui
le dissimule sous le pseudonyme do A.
Lambic, dans îa -Ss<~e.
Carnet de deuil
Télégramme de Sedan:
Les obsèques de M. de Montagnac, an-
cien député, ont eu lieu ce matin au mi-
lieu d'une foule immense venue de tous
les points du département. Les cordons
du poêle étaient tenus par le général Bi-
gnqn, le comte de Wignacourt, conseil-
ler général M. de la Brosse, M. Louis
David, vice-président du conseil des
écoles libres et deux ouvriers, qui appar-
tiennent depuis plus de quarante ans à
l'usine de Montagnac.
Le service d'honneur était fait par une
compagnie de chasseurs à pied.
Plusieurs discours ont été prononcés
au milieu de l'émotion générale.
M. le marquis de Billiotti, ancien dé-
puté d'Orange, âgé de cinquante-trois
ans à peine, vient de mourir à la Grande-
Chartreuse, où il était allé faire une vi-
site à l'un de ses neveux, le R P. de
Falconnet, religieux de ce monastère.
Il avait été élu député après le Seize-
Mai, dans le département de Vaucluse,
avec une énorme majorité, contre M.
Gent; mais son élection fat annulée
comme celle de tant d'autres députés
catholiques et monarchistes par les soi-
disant M&~œMa? du Parlement.
M. de Billiotti était un homme de bien
dans toute l'acception du mot, et qui
faisait le plus noble usage de sa grande
fortune.
Il était, par sa mère, le petit-neveu du
cardinal Maury.
Nous avons le regret d'apprendre la
mort de M. Georges Kugelmann, impri-
meur bien connu, fort aimé de tous les
journalistes de Paris. M. Kugelmann a
longtemps imprimé le
Quelle publication périodique, petite
ou grande, n'a pas été imprimée pou ou
prou. par cet infatigable metteur en œu-
vre de nos écrits! 1
Les obsèques de M. Kugelmann père,
qui laissera des regrets à tous ceux qui
l'ont connu, auront lieu demain jeudi, à
neuf heures et demie. On se réunira à
la maison mortuaire, rue de Trévise, 35.
M. Kugelmann avait soixante-treize
ans.
Encore une paire de comètes.
Nous avons parlé, ces jours derniers
de celle de 1812, qui a été signalée
à Rio-de-Janeiro.
Hier le vice-amiral Mouchez, direc-
teur de l'Observatoire, a reçu avis
qu'une nouvelle comète était visible à
Berlin.
H s'agit maintenant de savoir si la
comète de Berlin est la même que celle
du Brésil. Les astronomes sont per-
plexes. L'astre errant ne se laisse voir
que vers trois heures du matin, et de-
puis trois jours le ciel est, à cette heure
indue, tellement couvert, que les lunet-
tes les plus fortes ne peuvent arriver à
percer l'épaisseur des nues.
Attendons quelques nuits pour être
nxés.
Un exemple frappant de l'attachement
des populations à la Mo~e~a~e et au
gouvernement dont elle est l'hymne of-
nciel.
Aux courses de Vannes, quatre ~en-
~K~ y~ers étaient en selle, attendant
le signal du s~~ pour une course de
haies. La musique entonne la Ma~e~-
~Mg. Les ~e~~e~e~ arrêtent leurs che-
vaux prêts à partir, descendent de che-
val, et remontent après que l'hymne de
guerre civile est achevé..
Ces messieurs ont été applaudis avec
enthousiasme.
Au shah au shah t
Le shah de Perse, mis en goût par
son voyage de 1878, va venir faire une
nouvelle tournée en Europe.
C'est au mois de janvier que Sa Ma-
jesté quittera Téhéran pour se rendre
en Russie, auprès du Czar.
On afnrme que ce déplacement aurait
un but politique.
H ne faut pas se méprendre sur l'objet
de la visite faite à Mont-sous-Vaudrey
par Mme Pelouze. La sœar de M. Wit-
son était venue tout simplement présen-
ter à ses vieux amis, à titre d'échan-
tillon, quarante bouteilles d'une nou-
veUe marque de champagne tourangeau
dont, elle a la propriété.
Une partie du château historique de
Chenonceaux est déjà convertie en cel-
liers, en ateliers de bouchage, en chaix.
Les lauriers de la veuve Clicquot empê-
chent la veuve Pelouze de dormir. Elle
veut que la Touraine éclipse la Cham-
pagne, et que < C/~HOHe~M~ c'est
ainsi que Mme Pelouze appelle son petit
vin blanc, enfonce le Sillery, ou du moins
le Vouvray, le Saumur, etc.
M. Grévy a savouré le vin de la
sœur de son gendre et lui a fait immé-
diatement une commande de six cents
bouteilles pour les bals de l'Etysée.
Avis aux invités de la Présidence. Ils
boiront du vin. officiel, baptisé par les
belles mains de Mme Pelouze.
NOUVELLES A LA MA)!~
Un comble en passant.
Celui de la charité
Consoler un miroir convexe.
Le petit Jacques prend sa leçon.
Combien y a-t-il d'éléments? lui de-
mande sa maman.
Trois, répond le gamin; la terre,
l'air et l'eau.
Tu en oublies un, cherche bien.
Voyons, tu sais bien. l'élément
qui occasionne si souvent des acci-
dents ?
Ah, oui, je sais, petite mère. les
chemins de fer ) 1
MM BOM'NB
LES PARISIENNES
1-t.e Jeu
Continuons à être franc, pas vrai ? Notre
époque cartonne. Certes, l'éventail sied
bien aux mains d'une jolie femme mais il
faut convenir que les cartes les font valoir
aussi. De tous temps, le sexe féminin a
aimé le jeu, soit que ce fût par dévoue-
menfpour un malade, comme Odette, et
les nièces du cardinal Mazarin, si nous en
"croyons les tableaux célèbres; soit pourles
cartes elles-mêmes~ soit pour le gain qu'on
en peut tirer, soit encore parce qu'il fixe
auprès des joueuses des partenaires ou des
adversaires aveclesquels peut-être elles en-
gagent quelque chose de plus précieux que
l'argent soit enfin pour les émotions qu'il
procure on joue, on joue à forae, on joue
partout. Et nos Parisiennes en villégia-
ture, pour peu que le temps soit incertain,
ou sous prétexte du moindre bobo, de la
plus petite fatigue, s'abstiennent de sortir
et passent leur journée à cartonner. Forcé-
ment elles recommencent le soir, car une
partie en appelle une autre les unes veu-
lent se rattraper, les autres ne veulent pas
faire charlemagne. Donc, Parisiennes, mes
sœurs, si vous voulez rester causeuses, li-
seuses, peintres, fleuristes, brodeuses, den-
telières, gardez-vous de toucher jamais ces
blancs cartons satinés qui d'abord vous
sembleront des enluminures -grossières, et
puis, peu à peu, deviendront pour vous fi-
gures de connaissance, visages amis, ima-
ges adorées. Cela est fatal, croyez-nous
demandez-le plutôt à nos-belles et jolies
joueuses la vicomtesse Pernetty, qui pré-
fère peut'être un besigue chinois à pres-
que tout en ce monde à Mme Randouin,
ponte si impassible qu'on dirait un sphinx.
Mme la duchesse de Castries, qui peut
jouer avec entrain et talent tout le tour du
cadran. Labaronae de Lissingen est à la
tête des joueuses de piquet; la comtesse
de Galve, en ce moment en ~c~MK<
avec lord d'Anglesey, passe plus de temps
au jeu qu'à toute autre occupation Mme
Baignères, veuve, de-l'ancien agent de
change, n'a plus de vie, assure-t-on, que
pour le jeu, et la marquise d'Osmond ne
craint rien sur la terre autant que d'être ~M-
~K'OMK~au piquet.
Le misti a aussi de ferventes prêtresses;
il n'est point un jeu de hasard comme le
lansquenet, qui revient à la mode et le bac-
cara, dont la science se résume presque
dans le tirage ou le non-tirage à cinq. A
mesure que la partie avance et que le nom-
bre des joueurs devient plus restreint, le
misti est un jeu de haute combinaison. Il
s'est formé une coterie où il est joué en
perfection, et quelques femmes y sont pas-
sées maîtres. Nommons les principales des-
servantes de MM~~M valet de ~n?/~ Mmes
Gavini~ de Marcilly, comtesse Walewska,
maintenant Mme d Alessandro ;la duchesse
de Persigny, présentement Mme Lemoine.
Vous le voyez bien de jolies mains car-
tonnent au reste, il faut être juste et dire
que de tous temps l'exemple en est venu
de haut. Le jeu a beaucoup troublé autre-
fois les existences des femmes de la cour
être du jeu de la Reine coûtait cher à ces
dames, et les reines elles-mêmes étaient
quelquefois mises à sec par le cartonnage.
La douce Marie Leczinska jouait ~'ès gros
jeu, et Marie-Antoinette perdait plus qu'elle
ne voulait. Certaines querelles de jeu, vous
en souvient-il, mettaient les sœurs Morte-
j mart à couteau tiré; la marquise de Mon-
tespan avait quelquefois, au jeu, des dis-
tractions sa sœur Thianges n'en avait
pas et la gagnait les pages du temps ra-
content des parties à mourir de rire.
Une cour récente a cultivé un peu le
jeu, mais seulement un jeu grave le whist
et l'antique whist, en dix points encore.
C'est la cour de Louis-Philippe I" Mme
Adélaïde, sœur du Roi, exigeait son whist
tous les soirs Mme la princesse Clémen-
tine d'Orléans joua d'abord pour faire la par-
tie de sa tante puis, peu à peu, elle y prit
goût, et au whist de Mme Adélaïde suc-
céda le whist de la princesse Clémentine,
maintenant duchesse de Cobourg et tou-
jours whiste~use.
Et, pour finir, une petite anecdote qui
prouve à quel point un coup peut préoccu-
per et enlever toute présence d'esprit.
Il y a quelque temps se faisait, dans un
château, un besigue à quatre; on avait pris,
pour le compléter, une jeune arrivée très
peu ferrée sur le cartonnage les autres
joueurs, parmi lesquels était son mari,
reconnaissant que la partie n'était pas
égale, décidèrent que le premier joueur
qui entrerait dans le salon serait chargé de
la conseiller il arrive c'est justement un
joueur expérimenté qui est reçu dans le
ménage. Il s'installe à côté de la joueuse
improvisée et la conseille avec ardeur; le
mari est enchanté la partie marche régu-
lièrement et sans lenteur; mais vient un
coup important :la joueuse, quiëstdistraite,
hésite, entend ma) ce que lui dit son con-
seilleur, qui, emporté par la force de !a
situation, dit « Sapristi je te dis le Roi 1
Tu te trompes de carte, tu perds c'est bien
fait 1 »
Ce besigue à quatre a été, comme l'on
pense, suivi d'un duel..
HOTES ROYAUX
Le roi et la reine de Grèce devaient
arriver aujourd'hui à Paris. Ils ne sont
plus attendus que samedi ou dimanche.
Leurs Majestés helléniques ont reçu un
tel accueil en Ecosse, qu'il leur a fallu
prolonger un peu leur séjour.
Saluons avec une respectueuse sympa-
thie ces hôtes royaux qui passent à bon
droit pour des amis de la nation fran-
çaise.
George I" a aujourd'hui trente-sept
ans. Il a une tournure naturellement
élégante, à laquelle il n'ajoute rien par
les artifices de la toilette. Sa négli-
gence à cet égard fait le désespoir de
son tailleur, le célèbre Pool de Londres,
de même que son dédain pour les raffi-
nements de la gastronomie navrait l'ar-
tiste français MoMïeM~ Bégat qui
fut plusieurs années préposé aux cuisi-
nes royales. Il plane une légende
sur la garde-robe de Sa Majesté certain
veston lui aurait duré sept ans t Dans
son~palais, d'ailleurs, il se'met en uni-
forme pour toutes ses réceptions l'uni-
forme de l'artillerie a sa prédilection,
ce qui rend un peu jalouses les autres
armes.
Sa Majesté a une manière à elle de
porter la tête haute et inclinée de côté,
qui constitue presque un tic et ne laissa
pas d'embarrasser parfois l'interlocuteur
qui ne le connaît pas, en donnant à sa
physionomie une expression de dédain
démentie par la simplicité de ses façons
et la bonne grâce de son accueil.
La reine Olga, fille du grand duc
Constantin de Russie, comme l'on sait,
a hérité de la célèbre beauté maternelle.
Elle est" blonde, avec le type russ<3, si
séduisant, très marqué; sa bonté est
égale à l'aSection qu'elle a su inspirer à
tous ses sujets, grands et petits. EUe fi-
gure en tète de toutes les œuvres de
bienfaisance, comme dame patronesse;
visite les hôpitaux, accompagnée de la
grande maîtresse de sa maison ou d'une
demoiselle d'honneur; s'occupe avec
une sollicitude infatigable des blessés,
des malades, des malheureux. A elle
le ministère permanent de la charité.
L'hiver on habite le palais royal; l'été
la résidence de Tatoï, que George a ache-
tée sur sa cassette privée, et qui est
située en un pays boisé et giboyeux.
Voici, en temps ordinaire, le pro-
gramme presque invariable de l'exis
tence royale lever à neuf heures, une
légère collation à dix audiences de onze
heures à une heure, après lesquelles a
lieu le déjeuner de famille que suivent
des promenades dans la ville ou aux en-
virons, le plus souvent dans le boisd'oli-,
viers qui s'étend entï~-Athènes et le Pi-
rée. Tous ceux qui rencontrent Leurs
Majestés, que leurs enfants accompa-
gnent le plus souvent, saluent avec un
respect marqué.
Le dîner est à six heures. L'officier de
garde le maréchal du palais et le ser-
vice de la reine y assistent régulière-
ment. Le soir, on va assez souvent au
théâtre. Le roi George a un goût marqué
pour l'opérette française.
Quand il travaille dans son cabinet,
composé de trois pièces en enfilade, c'est
toujours dans la pièce du fond qu'il se
tient. Lit-il, c'est presque toujours des
ouvrages militaires écrit-il, c'est de- (
bout devant un pupitre~ Aoc qui rap-
pelle celui de Victor Hugo.
La reine est très lettrée; elle se com-
plaît à parler, dans les plus pures tradi-
tions du vieux style, la langue albanaise,
au milieu des difficultés de laquelle elle
se joue. Chez elle ou dehors, elle est
toujours en blanc. C'est la dame blanche
du palais et du magnifique parc qui y
6HAT)N
) est attenant. Avoir une clef du parc rnyaï
comme les Italiens ont la clef de leur
loge à la Scala ou à San Carlo est un
des privilèges enviés de l'aristocratie.
Quant le roi était garçon, on disait que
si certaines clefs avaient été indiscrètes,
elles auraient pu conter des choses fort
gâtantes. Aujourd'hui, ces clefs-là ne
sont plus de mise.
Les mœurs de la cour sont plutôt se'
vërés.
~M:
Cela ne veut pas dire q~ie les distrac-
tions en soient bannies; outre les grands
bals ofnciels, il y a les soirées intimes
quelque chose comme les lundis de l'im-
pératrice Eugénie aux Tuileries–ou.
tantôt on danse et tantôt on joue tou-
jours en Français la comédie de sa-
lon. On a donné notamment avec succès
1 F~ce~e de Pailleron. Les dames Pha-
nariotes, qui constituent le faubourg
Saint-Germain d'Athènes sont là dans
leur élément. Les Soutzo, les Mavromi-
chali, les Tipaido sont les noms les plus
connus de cette société d'élite. A la cour
d'Athènes, comme partout, il y a !a
vieille et la nouvelle aristocratie.
Bien entendu, le grec est la langue of-
ficielle, coimne le Ret~inato est le vin
national qu'on sert à table, et la reine
parle fort bien le grec, mais le français
est la langue de la Société. Entre eux,
le fils de Christian IX et la INle du
grand-duc Constantin parlent assez sou-
vent allemand.
Le roi est protestant et la reine catho-
hque grecque. Leurs cinq enfants ont
été élevés dans la religion de la mère.
La chapelle luthérienne où le roi va
faire ses dévotions est dans le palais; I&
reine et ses enfants suivent les offices de
la chapelle russe, en ville. Le précepteur
des fils est un officier prussien, M. Lu-
de
i~ans cette cour si simple et cependant
de fort correcte tenue, le baisemain du
1~ janvier est la grande cérémonie de
1 année on fait cercle autour de Leurs
Majestés et la reine, ayant à ses côtés
Mme Théachori, grande maîtresse de sa
Cour, présente sa main à l'hommage
des personnes admises. Les vieilles il-
lustrations du pays, presque toutes dis-
parues aujourd'hui, sont ou étaient tou-
jours l'objet des plus grands égards. On~
a souvent raconté à ce sujet un trait
caractéristique un jour de bal. le vieux
Canaris se présenta sous l'antique cos-
tume national, bordé de fourrure du
haut en bas. Le roi se leva, pour aller
au devant de lui, comme s'il eût été la.
personniËcation auguste de la patrie.
Les danses s'arrêtèrent.
4~
Le Roi, comme nous l'avons dit plus
haut, aime les auteurs militaires il
aime aussi les grandes manœuvres,
comme celles qui ont eu lieu à Thébes
en 1878; un jour, pour s'assurer si les <
factionnaires faisaient bien leur devoir,,
il sortit et voulut rentrer sans donner
le mot de passe. Un peu plus, cette ex- i
périence lui coûtait la vie, car le fac-
tionnaire tira sur l'imprudent qui vou-
lait forcer sa consigne. Le lendemain il
était nommé caporal.
Apîës les revues, ce que Georges f
aime le mieux, c'est l'équitation, où il
excelle puis, l'escrime, où il%st d'une
force respectable, grâce aux leçons d'un
officier italien, le chevalier Blangini, au-
jourd'hui en Russie. Comme fumeur, il
n'a guère de rivaux dans le monde.
Dans leur voyage à Paris, Leurs Ma.
j estes seront accompagnées du colonel
d'artillerie E. Hadji-Petro, fils du fa-
meux Hadji-Petro, un des héros de la
guerre de l'indépendance de M. T. Vas-
sos, colonel d'infanterie, et de M. de Ka-
linski, Polonais qui est comte Ka~
linski mais ne porte pas son titre. Les 1
titres ne se portent pas à la cour de
Grèce, et le fils du roi lui-même s'ap-
pelle tout simplement fils du roi Fas-
silopes. Le comte Kalinski a été au ser-
vice du roi Othon. Il 'est secrétaire et
trésorier.
La première demoiselle d'honneur~
petite-fille du grand Kolokotroni, et Mlle
Anargyro, d'une famille patricienne d&
l'île d'Hydra, accompagnent la reine.
Malgré la faveur dont il jouissait au-
près du roi George, M. Pano Koloko-
troni, son ex-aide de camp, est éloigne:
en ce moment. Il a eu le tort de man-
quer de respect à un député, le fameux
Koliga,etilpaye cette faute d'une dis-
grâce momentanée. Le roi lui a donné
le poste de gouverneur de l'Hôtel mili-"
taire.
Le roi George fera-t-il, à ce voyage-ci
l'honneur à M. Gambetta de déieuner
avec lui?
C'est, au moins, douteux.
L. DESMOULINS >'
BOUQU!NS & BOUOU~EUM
On commence, rue Vi vienne, le$ tra-
vaux d'agrandissement et d'isolement
de la Bibliothèque nationale.
Hormis quelques bouquineurs, per-
sonne ne sait que la Bibliothèque occupe
aujourd'hui les bâtiments de l'ancien hô-
tel de Nevers. C'est en 1724 que les livres
du roi furenttransportés dans cet hôtel.
Avant d'entrer dans cette demeure dén-
nitive ils avaient voyagé un peu par-
tout, suivant les rois de France,, où leur
caprice les menait. Philippe-Auguste
traînait sa bibliothèque avec lui lusque
sur les .champs de bataille. Il lui arnva.
un jour d'être battu par les Anglais qui
s emparèrent du < Chartrierde la cou-
ronne contenant outre les archives
dix volumes de poésie e<~ d'histoire du
moyen âge toute la bibliothèque! i
Il fallut longtemps pour reconstituer
les richesses perdues en cette bagarre.
~ARÏS i. centimes, DÉPARTEMENTS ET GARES ~C~ CENTIME~
Mercredi 20 Septembre 188~
ot
k PARM-JOMML
Ai~TTB~J~ I~B~TER
r Directeur
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Paris Départements
Unmoia. 5fr. Un mois. 6fr.
Trois mois. 1350 Trois mois. 16 fr.
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ABONNEMENTS, PETiTES ANNONCES
RENSEIGNEMENTS
9, boulevard ~es Italiens, 9
UNE FEMME M CËME
Tous les journaux, le û~M~s en tête,
annoncent à mots couverts une nouvelle
théâtrale de quatre lignes
t Le théâtre des Nations doit ouvrir
par un drame en quatre actes en vers,
intitulé Jane G're?/. A
Jusqu'à présent la nouvelle n'a l'air de
rien. Ce ne sont pas les drames en vers
qui manquent. MM. Emile Perrin et Ch.
de La Rounat en savent quetque chose.
J'écris cela, en me rappelant tout bas
le mot férocement doux de Théodore de
Banville; à la première de ne sais plus
quel opuscule de ce genre, il me dit
Il y a sur l'afncbe drame en cinq
actes et en vers. Mais ce n'est pas un
drame, et ce ne sont pas des vers t
Dans le cas présent, la nouvelle a une
saveur particulière, car les mêmes jour-
naux ajoutent
< L'auteur est une femme, x
J'ai vu sourire des connaisseurs, en
toute sincérité. C'est qu'ils ne connaisent
pas l'histoire. Je vais la leur faconter.
Au mois de janvier 1831, je me trou-
vais avec Emile de Girardin, chez Mme
X. dans le Midi. Mme X. passe pour
protéger la littérature à ses moments
perdus. Aussi reçoit elle pas mal de ma-
nuscrits. Ceci n'étonnera aucun de mes
confrères. Qui de nous n'est pas l'objet de
ces tentatives coupables? Une après-
midi, comme il pleuvait ferme.MmeX.
"médit: `
On m'a envoyé ce matin un drame
en vers; vous devriez bien nous le lire à
Girardin et à moi.
Je ns un bond, pendant que Girardni en
faisait un autre. Le grand publiciste ve-
nait dans le Midi pour se reposer. Drôle
de régal que de lui oNrir une tragédie
en guise de passe temps!
Mme X. ajouta tranquillement (com-
me plus haut:)
L'auteur est une femme.
Girardin eut unsoupirrésigné. Il était
pris. La maîtresse de la maison, très
brave femme d'ailleurs, se piquait de
littérature..11 fallait subir cette autre lit-
térature féminime. Je dénouai le manus-
crit, d'une main résignée. Je lus crainti-
vement
JaMe Spey
Dr<:Mte eM ~M~e actes e< e~ ~ers.
Et la voix de Banville susurrait à mon
oreille les menaçantes syllabes. Comme
on fait aisément des jugements témé-
raires ) A la fin de la première scène,
Girardin disait, très étonné
–Ehtehimais ce n'est pas mal du
tout.
Puis l'intérêt croissait. Une exposi-
tion claire, nette, rapide; des caractères
fermement tracés, avec quelques hési-
tations pourtant dans les personnages
épisodiques. Une action solide et origi-
nale qui s'engageait nettement, une
forme évidemment inspirée par les dra-
mes de Victor Hugo mais sans que le
disciple eût copié le maître. A la Un du
premier acte, Emile de Girardin dit net-
tement
C'est très beau.
Je partageais cet avis-là et ne le ca-
chai point. Evidemment si la suite res-
semblait au commencement, il y avait
là une œuvre.
Le second acte nous laissa plus froids.
L'inexpérience s'y faisait sentir. Puis
-les vers avaient moins de fermeté,
moins d'éclat. On eût dit un orfèvre ha-
bile dont les doigts ont laissé s'échapper
le joyau à demi serti. Je commençai le j
troisième acte nous eûmes aussitôt
l'impression étrange qu'on ressent en °
s'approchant d'un chef-d'œuvre.
Etes-vous entrés, d'aventure, dans
une cathédrale peuplée de tableaux fa-
meux ? On ne voit rien tout d'abord. Les
yeux, aveuglés par le soleil, ne sont pas
encore faits à la froide obscurité. On
avance à tâtons, ému par l'isolement
grandiose des piliers, par l'invisible ma-
jesté des choses. Avant même d'avoir
vu, on admire. On devine près de soi des
beautés qui attendent et qu'on va décou-
vrir.
Une impresssion pareille nous tenait.
C'est qu'en eSet le troisième acte de ce
drame est une des plus admirables cho-
ses que j'aie lues. Admirable comme
langue et comme théâtre. Mon Dieu,
je ne voudrais pas faire sourire les Pari-
siens. Ils croient aisément qu'un artiste
s'emballe. Trop heureux est-on quand
ils ne supposent pas une arrière-pensée
quelconque. Ceux-dont j'ai l'honneur
d'être connu me savent absolument sin-
cère. Mais ils pourraient supposer que
je subis un enthousiasme exagéré. Je
les prie de se détromper. La lecture dont
je parle avait lieu en janvier 1881 il y
aura bientôt deux ans. En vingt-quatre
mois, l'enthousiasme le plus chaud a le
temps de se refroidir. Je viens de relire
y~Kg G~eretrouvé mon impression aussi vivante
quenaguères.
Ce troisième acte est une merveille.
C'est absolument beau. Un soufne sha-
kespearien le traverse. Depuis les dra-
mes en vers de Victor Hugo, on n'a rien
écrit de comparable. Ce n'est pas l'ami-
tié qui me fait parler. Je n'ai pas vu dix
fois l'auteur qui s'appelle Mlle Simonne
Arnaud. Je connais fort peu Mme Sarah
Bernbardt qui jouera la pièce. Et d'ail-
leurs je crois les éloges exagérés funes-
tés quand l'oeuvre ou l'artiste qui en sont
l'objet ne les méritent pas. On ne trompe
pas longtemps le public. Il a toujours sa
revanche contre les enthousiasmes a
façon et les louanges immodérées. Il se
câbre même d'autant plus volontiers
qu'on a voulu forcer son opinion par
une admiration de commande. Je dis
donc ici ce que je pense rien de plus,
Le quatrième acte de y<:Me G'~y for-
maitun digne dénouement à l'œuvre.
Il montrait la pauvre petite reine dans
sa prison, prête à échanger son fragile
diadème contre l'éternelle couronne des
élu~. Et Mlle Simonne Arnaud avait eu
là des. accents-comme une femme de
génie seule sait en trouver. Je voulais
citer îles vers j'ai là le manuscrit sous
la main. A quoi bon déMorer cette œu-
j vre? Mieux vaut lui laisser toute sa vir-
ginité.
Quand la lecture fut achevée, Emile
de Girardin prit la parole
C'est de premier ordre, dit-il. Mais
il ne suffit pas d'admirer cette pièce, il
faut encore la faire représenter. Or, il
i n'y a que deux théâtres possibles pour
j Ya~e 6' La Comédie-Française ou
l'Odéon.
Autres difficultés qui jouerait les
j principaux rôles? Il y en a trois Jane,
lord Guilford, son mari, et un vieil out-
i law, nommé Greg. Ce Greg est une con-
ception géniale, digne de Frederick
i Lemaître du Frederick que nous con-
naissons seulement par la légende celui
qui jouait Ruy-BIas, Richard Darling-
ton. Où trouver un ensemble assez mer-
veilleux pour faire briller l'œuvre nou-
velle dans tout son éclat?
Pour Jane. Mme Sarah Bernhardt
était toute indiquée. Mais accepterait-
elle le rôle? Et puis elle était à la Comé-
} die-Française. On ne force pas ainsi les
portes du premier théâtre du monde.
De retour à Paris, les uns et les au-
très, nous conseillâmes à Mlle Simonne
j Arnaud de se faire connaître d'abord
par une lecture publique. Non de Y
pour la représentation..Justement, elle
avait en portefeuille un drame en qua-
tre actes en vers qu'elle venait d'ache-~
ver C'arMM~o
sonnes compétentes: Paul Déroulede, I
Henri Lavoix, le fin critique, dont le ju-
gement est si sûr, Edmond Coitinet, etc.
.Après tout, nous pouvions nous être
trompés en exagérant la valeur litté-
raire de Mlle Arnaud. Mais non. Tous .i
trouvèrent Ca~~a~Mo~ une fort belle
i œuvre. Moins scénique, moins théâ-
trale que Ya~e Grey, mais semée d'ad-
mirables morceaux. Je ns une seconde
lecture de Car~a~Ho~ mais cette fois
j devant deux cents personnes, dans un
salon littéraire bien connu.
C'est toujours une périlleuse entre-
prise que de lire une pièce en vers:
Tranchons le mot, ce n'est guère amu-
sant. Quelque peine que se donne le lec-
teur, il court grand risque de fatiguer.
Passe encore, lorsqu'il s'agit d'un audi-
toire de poètes ou d'hommes de lettres.
Ils ont l'habitude d'écouter des vers; ils
sont faits à cette cadence chantante qui
lasse bien vite les autres. Puis, quand
on est du métier, on voit jouer imagi-
nai rement devant soi le drame qu'on en-
tend lire. On évoque les scènes décrites
par le poète, on habille de soie et de ve-
lours les personnages mis en scène.
Le soir de la lecture dont je parle, la
majorité se composait d'hommes et de
femmes du monde. Trente ou quarante
critiques, poètes, romanciers et auteurs
dramatiques. Le reste, des gens lettrés,
intelligents, habitués à juger les~choses
de théâtre; mais à les juger sur la scène
et non dans un salon. Je redoutais donc
leur jugement. J'avais toet. A mesure
que je lisais, je les sentais conquis par l,
les beautés de l'ouvrage. Quand j'ache-
vai le- dernier acte, cet auditoire d'é-
lite se tourna vers Mile Arnaud, modes-
tement assise dans un coin, et la salua
par des applaudissements répétés.
<'
Mme Sarah Bernhardt y était. Elle
n'avait pas attendu cette consécration
pour croire à Mlle Simonne Arnaud et à
son talent.
Je vais partir pour l'Amérique, lui
avait-elle dit un mois auparavant. A
mon retour, je jouerai 7
jouerai.
Vous voyez qu'elle tient parole.
Mais l'auteur? Comment est l'auteur?
On est assez friand de ces indiscrétions.
Simonne Arnaud est un pseudonyme
qui cache un vieux rom, un nom d'épée.
C'est une jeune femme d'un peu plus
de trente ans. Elle est petite, mince,
élégante et frêle. Le visage, ambré
comme celui d'une Espagnole, est
éclairé par de magnifiques yeux noirs,
éclatants et doux. lisent une expression
éternellement triste. On sent que cette
jeune femme a quelque chose de cassé
en elle. Elle est craintive et maladroite.
Ily a là évidemment un dédoublement
de nature, très curieux à observer pour
un psychologiste. Rien du bas-bleu, au
contraire. Le feu qui la consume ne se
trahit que dans ses œuvres. Un mot
d'elle la peindra tout à fait.
Le soir de cette lecture d~Ca~MM~Mo~!
qui allait décider de son avenir, je lui
parlais du succès qui lui était réservé.
Je lui disais qu'elle serait forcée peut-
être de vaincre sa timidité naturelle, de
voir sa personne livrée au public. Elle
me répondit doucement
Mon rêve, ce serait la célébrité
anonyme. J'envie la gloire. et je hais
le bruit.
ALBERT DELPtT
BOURSE M MBRES. 19 SEPTEMBRE
Derniers cours Consolidés, 99 82. Egyp-
tienne, 68 17 parité, 344 75. Espagnol
nouveau 64 07, parité, 64 25. Turc, il 90
parité, 12 05. Banque ottomane, 20 67; pa-
rité, 772 7o. Rio Tinto, 26 25; parité, 663 65.
No's Echos
AUJOURO'HëC
A 6 hôtiro~ et demis, dinar au Gr&nd-Hota!
i admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dîner, t'orohasLre de
M. Doagrangeo jouere. da.M la nouvelle <&)It da
musique.
tMC
Potage Dartois
Hora-d'œuvM
Relevée
Filets de soles à la Bercy 'y
Pommes de terre à FangiMse
Entrées
Cate de bœuf à la portugaise
Salmis de gibier aux champignons
Rut
Poularde au cresson
Salade
Entremets
Haricots panaches ma!tre-d'hôtel
Gâteau ~l'orientale
Glace sicilienne
Dessert*
fromages, fruits et patita~fourt
Le salon des damea est ouvert aux voyageur*.
Piano, orgues, tables de jeux.– Dîner & la Mrte
tu restaurant. Billards au Caf6 Mvan.
La programme du d!ner-concart. (Voir t la
<' page.)
!
Musâa Grévin, M, boulevard Montmartre.
De onze hauras du matin a onze hauree du soir.
Opéra, 7 h. 3/4. Le Fret3c/tM<~ et Na-
MOMMOi.
t''rançais, S h. B/ Vo~e-Faee. Les
.RcM~cftt.
A KOpéra-Comique. Le Pré MMa~ C!eret et
RtcActrd CœK/e-I.to/t.
LE MONDE ET LAVtLLE
Le .PV~M'o publie la. note suivante
< Notre collaborateur Chincholle nous
prie d'insérer la lettre suivante I
Mon cher Masque de fer,
Je suis trop vieux journaliste pour prendre
plaisir à rectifier les Échos de mes confreres. Je
n'ai donc rien dit hier quand le ~oiH~ots a, an-
noncé que j'étais le témoin du collectiviste Crié.
Mais voilà que le Sot;' et l'Bce'/te~e~t, etc., ré-
pètent la nouvelle. Voulez-vous être assez bon
pourla démentir?
C. CniNCUOLLE.
Le .F~xfo a, du reste, donné les noms
exacts des témoins qui étaient pour M.
Crié, MM. Lambic et Lapierre, rédacteurs à
la .CaAreaux et Rousseau. »
LeM. Cbincholle du F~aro ait été le té-
moin du collectiviste Crié.
Nous avons seulement cité parmi les
témoins un M. Chincholle, qui nous pa-
rait avoir le droit de porter le même
nom que le rédacteur du ~<~ro et qui
le dissimule sous le pseudonyme do A.
Lambic, dans îa -Ss<~e.
Carnet de deuil
Télégramme de Sedan:
Les obsèques de M. de Montagnac, an-
cien député, ont eu lieu ce matin au mi-
lieu d'une foule immense venue de tous
les points du département. Les cordons
du poêle étaient tenus par le général Bi-
gnqn, le comte de Wignacourt, conseil-
ler général M. de la Brosse, M. Louis
David, vice-président du conseil des
écoles libres et deux ouvriers, qui appar-
tiennent depuis plus de quarante ans à
l'usine de Montagnac.
Le service d'honneur était fait par une
compagnie de chasseurs à pied.
Plusieurs discours ont été prononcés
au milieu de l'émotion générale.
M. le marquis de Billiotti, ancien dé-
puté d'Orange, âgé de cinquante-trois
ans à peine, vient de mourir à la Grande-
Chartreuse, où il était allé faire une vi-
site à l'un de ses neveux, le R P. de
Falconnet, religieux de ce monastère.
Il avait été élu député après le Seize-
Mai, dans le département de Vaucluse,
avec une énorme majorité, contre M.
Gent; mais son élection fat annulée
comme celle de tant d'autres députés
catholiques et monarchistes par les soi-
disant M&~œMa? du Parlement.
M. de Billiotti était un homme de bien
dans toute l'acception du mot, et qui
faisait le plus noble usage de sa grande
fortune.
Il était, par sa mère, le petit-neveu du
cardinal Maury.
Nous avons le regret d'apprendre la
mort de M. Georges Kugelmann, impri-
meur bien connu, fort aimé de tous les
journalistes de Paris. M. Kugelmann a
longtemps imprimé le
Quelle publication périodique, petite
ou grande, n'a pas été imprimée pou ou
prou. par cet infatigable metteur en œu-
vre de nos écrits! 1
Les obsèques de M. Kugelmann père,
qui laissera des regrets à tous ceux qui
l'ont connu, auront lieu demain jeudi, à
neuf heures et demie. On se réunira à
la maison mortuaire, rue de Trévise, 35.
M. Kugelmann avait soixante-treize
ans.
Encore une paire de comètes.
Nous avons parlé, ces jours derniers
de celle de 1812, qui a été signalée
à Rio-de-Janeiro.
Hier le vice-amiral Mouchez, direc-
teur de l'Observatoire, a reçu avis
qu'une nouvelle comète était visible à
Berlin.
H s'agit maintenant de savoir si la
comète de Berlin est la même que celle
du Brésil. Les astronomes sont per-
plexes. L'astre errant ne se laisse voir
que vers trois heures du matin, et de-
puis trois jours le ciel est, à cette heure
indue, tellement couvert, que les lunet-
tes les plus fortes ne peuvent arriver à
percer l'épaisseur des nues.
Attendons quelques nuits pour être
nxés.
Un exemple frappant de l'attachement
des populations à la Mo~e~a~e et au
gouvernement dont elle est l'hymne of-
nciel.
Aux courses de Vannes, quatre ~en-
~K~ y~ers étaient en selle, attendant
le signal du s~~ pour une course de
haies. La musique entonne la Ma~e~-
~Mg. Les ~e~~e~e~ arrêtent leurs che-
vaux prêts à partir, descendent de che-
val, et remontent après que l'hymne de
guerre civile est achevé..
Ces messieurs ont été applaudis avec
enthousiasme.
Au shah au shah t
Le shah de Perse, mis en goût par
son voyage de 1878, va venir faire une
nouvelle tournée en Europe.
C'est au mois de janvier que Sa Ma-
jesté quittera Téhéran pour se rendre
en Russie, auprès du Czar.
On afnrme que ce déplacement aurait
un but politique.
H ne faut pas se méprendre sur l'objet
de la visite faite à Mont-sous-Vaudrey
par Mme Pelouze. La sœar de M. Wit-
son était venue tout simplement présen-
ter à ses vieux amis, à titre d'échan-
tillon, quarante bouteilles d'une nou-
veUe marque de champagne tourangeau
dont, elle a la propriété.
Une partie du château historique de
Chenonceaux est déjà convertie en cel-
liers, en ateliers de bouchage, en chaix.
Les lauriers de la veuve Clicquot empê-
chent la veuve Pelouze de dormir. Elle
veut que la Touraine éclipse la Cham-
pagne, et que < C/~HOHe~M~ c'est
ainsi que Mme Pelouze appelle son petit
vin blanc, enfonce le Sillery, ou du moins
le Vouvray, le Saumur, etc.
M. Grévy a savouré le vin de la
sœur de son gendre et lui a fait immé-
diatement une commande de six cents
bouteilles pour les bals de l'Etysée.
Avis aux invités de la Présidence. Ils
boiront du vin. officiel, baptisé par les
belles mains de Mme Pelouze.
NOUVELLES A LA MA)!~
Un comble en passant.
Celui de la charité
Consoler un miroir convexe.
Le petit Jacques prend sa leçon.
Combien y a-t-il d'éléments? lui de-
mande sa maman.
Trois, répond le gamin; la terre,
l'air et l'eau.
Tu en oublies un, cherche bien.
Voyons, tu sais bien. l'élément
qui occasionne si souvent des acci-
dents ?
Ah, oui, je sais, petite mère. les
chemins de fer ) 1
MM BOM'NB
LES PARISIENNES
1-t.e Jeu
Continuons à être franc, pas vrai ? Notre
époque cartonne. Certes, l'éventail sied
bien aux mains d'une jolie femme mais il
faut convenir que les cartes les font valoir
aussi. De tous temps, le sexe féminin a
aimé le jeu, soit que ce fût par dévoue-
menfpour un malade, comme Odette, et
les nièces du cardinal Mazarin, si nous en
"croyons les tableaux célèbres; soit pourles
cartes elles-mêmes~ soit pour le gain qu'on
en peut tirer, soit encore parce qu'il fixe
auprès des joueuses des partenaires ou des
adversaires aveclesquels peut-être elles en-
gagent quelque chose de plus précieux que
l'argent soit enfin pour les émotions qu'il
procure on joue, on joue à forae, on joue
partout. Et nos Parisiennes en villégia-
ture, pour peu que le temps soit incertain,
ou sous prétexte du moindre bobo, de la
plus petite fatigue, s'abstiennent de sortir
et passent leur journée à cartonner. Forcé-
ment elles recommencent le soir, car une
partie en appelle une autre les unes veu-
lent se rattraper, les autres ne veulent pas
faire charlemagne. Donc, Parisiennes, mes
sœurs, si vous voulez rester causeuses, li-
seuses, peintres, fleuristes, brodeuses, den-
telières, gardez-vous de toucher jamais ces
blancs cartons satinés qui d'abord vous
sembleront des enluminures -grossières, et
puis, peu à peu, deviendront pour vous fi-
gures de connaissance, visages amis, ima-
ges adorées. Cela est fatal, croyez-nous
demandez-le plutôt à nos-belles et jolies
joueuses la vicomtesse Pernetty, qui pré-
fère peut'être un besigue chinois à pres-
que tout en ce monde à Mme Randouin,
ponte si impassible qu'on dirait un sphinx.
Mme la duchesse de Castries, qui peut
jouer avec entrain et talent tout le tour du
cadran. Labaronae de Lissingen est à la
tête des joueuses de piquet; la comtesse
de Galve, en ce moment en ~c~MK<
avec lord d'Anglesey, passe plus de temps
au jeu qu'à toute autre occupation Mme
Baignères, veuve, de-l'ancien agent de
change, n'a plus de vie, assure-t-on, que
pour le jeu, et la marquise d'Osmond ne
craint rien sur la terre autant que d'être ~M-
~K'OMK~au piquet.
Le misti a aussi de ferventes prêtresses;
il n'est point un jeu de hasard comme le
lansquenet, qui revient à la mode et le bac-
cara, dont la science se résume presque
dans le tirage ou le non-tirage à cinq. A
mesure que la partie avance et que le nom-
bre des joueurs devient plus restreint, le
misti est un jeu de haute combinaison. Il
s'est formé une coterie où il est joué en
perfection, et quelques femmes y sont pas-
sées maîtres. Nommons les principales des-
servantes de MM~~M valet de ~n?/~ Mmes
Gavini~ de Marcilly, comtesse Walewska,
maintenant Mme d Alessandro ;la duchesse
de Persigny, présentement Mme Lemoine.
Vous le voyez bien de jolies mains car-
tonnent au reste, il faut être juste et dire
que de tous temps l'exemple en est venu
de haut. Le jeu a beaucoup troublé autre-
fois les existences des femmes de la cour
être du jeu de la Reine coûtait cher à ces
dames, et les reines elles-mêmes étaient
quelquefois mises à sec par le cartonnage.
La douce Marie Leczinska jouait ~'ès gros
jeu, et Marie-Antoinette perdait plus qu'elle
ne voulait. Certaines querelles de jeu, vous
en souvient-il, mettaient les sœurs Morte-
j mart à couteau tiré; la marquise de Mon-
tespan avait quelquefois, au jeu, des dis-
tractions sa sœur Thianges n'en avait
pas et la gagnait les pages du temps ra-
content des parties à mourir de rire.
Une cour récente a cultivé un peu le
jeu, mais seulement un jeu grave le whist
et l'antique whist, en dix points encore.
C'est la cour de Louis-Philippe I" Mme
Adélaïde, sœur du Roi, exigeait son whist
tous les soirs Mme la princesse Clémen-
tine d'Orléans joua d'abord pour faire la par-
tie de sa tante puis, peu à peu, elle y prit
goût, et au whist de Mme Adélaïde suc-
céda le whist de la princesse Clémentine,
maintenant duchesse de Cobourg et tou-
jours whiste~use.
Et, pour finir, une petite anecdote qui
prouve à quel point un coup peut préoccu-
per et enlever toute présence d'esprit.
Il y a quelque temps se faisait, dans un
château, un besigue à quatre; on avait pris,
pour le compléter, une jeune arrivée très
peu ferrée sur le cartonnage les autres
joueurs, parmi lesquels était son mari,
reconnaissant que la partie n'était pas
égale, décidèrent que le premier joueur
qui entrerait dans le salon serait chargé de
la conseiller il arrive c'est justement un
joueur expérimenté qui est reçu dans le
ménage. Il s'installe à côté de la joueuse
improvisée et la conseille avec ardeur; le
mari est enchanté la partie marche régu-
lièrement et sans lenteur; mais vient un
coup important :la joueuse, quiëstdistraite,
hésite, entend ma) ce que lui dit son con-
seilleur, qui, emporté par la force de !a
situation, dit « Sapristi je te dis le Roi 1
Tu te trompes de carte, tu perds c'est bien
fait 1 »
Ce besigue à quatre a été, comme l'on
pense, suivi d'un duel..
HOTES ROYAUX
Le roi et la reine de Grèce devaient
arriver aujourd'hui à Paris. Ils ne sont
plus attendus que samedi ou dimanche.
Leurs Majestés helléniques ont reçu un
tel accueil en Ecosse, qu'il leur a fallu
prolonger un peu leur séjour.
Saluons avec une respectueuse sympa-
thie ces hôtes royaux qui passent à bon
droit pour des amis de la nation fran-
çaise.
George I" a aujourd'hui trente-sept
ans. Il a une tournure naturellement
élégante, à laquelle il n'ajoute rien par
les artifices de la toilette. Sa négli-
gence à cet égard fait le désespoir de
son tailleur, le célèbre Pool de Londres,
de même que son dédain pour les raffi-
nements de la gastronomie navrait l'ar-
tiste français MoMïeM~ Bégat qui
fut plusieurs années préposé aux cuisi-
nes royales. Il plane une légende
sur la garde-robe de Sa Majesté certain
veston lui aurait duré sept ans t Dans
son~palais, d'ailleurs, il se'met en uni-
forme pour toutes ses réceptions l'uni-
forme de l'artillerie a sa prédilection,
ce qui rend un peu jalouses les autres
armes.
Sa Majesté a une manière à elle de
porter la tête haute et inclinée de côté,
qui constitue presque un tic et ne laissa
pas d'embarrasser parfois l'interlocuteur
qui ne le connaît pas, en donnant à sa
physionomie une expression de dédain
démentie par la simplicité de ses façons
et la bonne grâce de son accueil.
La reine Olga, fille du grand duc
Constantin de Russie, comme l'on sait,
a hérité de la célèbre beauté maternelle.
Elle est" blonde, avec le type russ<3, si
séduisant, très marqué; sa bonté est
égale à l'aSection qu'elle a su inspirer à
tous ses sujets, grands et petits. EUe fi-
gure en tète de toutes les œuvres de
bienfaisance, comme dame patronesse;
visite les hôpitaux, accompagnée de la
grande maîtresse de sa maison ou d'une
demoiselle d'honneur; s'occupe avec
une sollicitude infatigable des blessés,
des malades, des malheureux. A elle
le ministère permanent de la charité.
L'hiver on habite le palais royal; l'été
la résidence de Tatoï, que George a ache-
tée sur sa cassette privée, et qui est
située en un pays boisé et giboyeux.
Voici, en temps ordinaire, le pro-
gramme presque invariable de l'exis
tence royale lever à neuf heures, une
légère collation à dix audiences de onze
heures à une heure, après lesquelles a
lieu le déjeuner de famille que suivent
des promenades dans la ville ou aux en-
virons, le plus souvent dans le boisd'oli-,
viers qui s'étend entï~-Athènes et le Pi-
rée. Tous ceux qui rencontrent Leurs
Majestés, que leurs enfants accompa-
gnent le plus souvent, saluent avec un
respect marqué.
Le dîner est à six heures. L'officier de
garde le maréchal du palais et le ser-
vice de la reine y assistent régulière-
ment. Le soir, on va assez souvent au
théâtre. Le roi George a un goût marqué
pour l'opérette française.
Quand il travaille dans son cabinet,
composé de trois pièces en enfilade, c'est
toujours dans la pièce du fond qu'il se
tient. Lit-il, c'est presque toujours des
ouvrages militaires écrit-il, c'est de- (
bout devant un pupitre~ Aoc qui rap-
pelle celui de Victor Hugo.
La reine est très lettrée; elle se com-
plaît à parler, dans les plus pures tradi-
tions du vieux style, la langue albanaise,
au milieu des difficultés de laquelle elle
se joue. Chez elle ou dehors, elle est
toujours en blanc. C'est la dame blanche
du palais et du magnifique parc qui y
6HAT)N
) est attenant. Avoir une clef du parc rnyaï
comme les Italiens ont la clef de leur
loge à la Scala ou à San Carlo est un
des privilèges enviés de l'aristocratie.
Quant le roi était garçon, on disait que
si certaines clefs avaient été indiscrètes,
elles auraient pu conter des choses fort
gâtantes. Aujourd'hui, ces clefs-là ne
sont plus de mise.
Les mœurs de la cour sont plutôt se'
vërés.
~M:
Cela ne veut pas dire q~ie les distrac-
tions en soient bannies; outre les grands
bals ofnciels, il y a les soirées intimes
quelque chose comme les lundis de l'im-
pératrice Eugénie aux Tuileries–ou.
tantôt on danse et tantôt on joue tou-
jours en Français la comédie de sa-
lon. On a donné notamment avec succès
1 F~ce~e de Pailleron. Les dames Pha-
nariotes, qui constituent le faubourg
Saint-Germain d'Athènes sont là dans
leur élément. Les Soutzo, les Mavromi-
chali, les Tipaido sont les noms les plus
connus de cette société d'élite. A la cour
d'Athènes, comme partout, il y a !a
vieille et la nouvelle aristocratie.
Bien entendu, le grec est la langue of-
ficielle, coimne le Ret~inato est le vin
national qu'on sert à table, et la reine
parle fort bien le grec, mais le français
est la langue de la Société. Entre eux,
le fils de Christian IX et la INle du
grand-duc Constantin parlent assez sou-
vent allemand.
Le roi est protestant et la reine catho-
hque grecque. Leurs cinq enfants ont
été élevés dans la religion de la mère.
La chapelle luthérienne où le roi va
faire ses dévotions est dans le palais; I&
reine et ses enfants suivent les offices de
la chapelle russe, en ville. Le précepteur
des fils est un officier prussien, M. Lu-
de
i~ans cette cour si simple et cependant
de fort correcte tenue, le baisemain du
1~ janvier est la grande cérémonie de
1 année on fait cercle autour de Leurs
Majestés et la reine, ayant à ses côtés
Mme Théachori, grande maîtresse de sa
Cour, présente sa main à l'hommage
des personnes admises. Les vieilles il-
lustrations du pays, presque toutes dis-
parues aujourd'hui, sont ou étaient tou-
jours l'objet des plus grands égards. On~
a souvent raconté à ce sujet un trait
caractéristique un jour de bal. le vieux
Canaris se présenta sous l'antique cos-
tume national, bordé de fourrure du
haut en bas. Le roi se leva, pour aller
au devant de lui, comme s'il eût été la.
personniËcation auguste de la patrie.
Les danses s'arrêtèrent.
4~
Le Roi, comme nous l'avons dit plus
haut, aime les auteurs militaires il
aime aussi les grandes manœuvres,
comme celles qui ont eu lieu à Thébes
en 1878; un jour, pour s'assurer si les <
factionnaires faisaient bien leur devoir,,
il sortit et voulut rentrer sans donner
le mot de passe. Un peu plus, cette ex- i
périence lui coûtait la vie, car le fac-
tionnaire tira sur l'imprudent qui vou-
lait forcer sa consigne. Le lendemain il
était nommé caporal.
Apîës les revues, ce que Georges f
aime le mieux, c'est l'équitation, où il
excelle puis, l'escrime, où il%st d'une
force respectable, grâce aux leçons d'un
officier italien, le chevalier Blangini, au-
jourd'hui en Russie. Comme fumeur, il
n'a guère de rivaux dans le monde.
Dans leur voyage à Paris, Leurs Ma.
j estes seront accompagnées du colonel
d'artillerie E. Hadji-Petro, fils du fa-
meux Hadji-Petro, un des héros de la
guerre de l'indépendance de M. T. Vas-
sos, colonel d'infanterie, et de M. de Ka-
linski, Polonais qui est comte Ka~
linski mais ne porte pas son titre. Les 1
titres ne se portent pas à la cour de
Grèce, et le fils du roi lui-même s'ap-
pelle tout simplement fils du roi Fas-
silopes. Le comte Kalinski a été au ser-
vice du roi Othon. Il 'est secrétaire et
trésorier.
La première demoiselle d'honneur~
petite-fille du grand Kolokotroni, et Mlle
Anargyro, d'une famille patricienne d&
l'île d'Hydra, accompagnent la reine.
Malgré la faveur dont il jouissait au-
près du roi George, M. Pano Koloko-
troni, son ex-aide de camp, est éloigne:
en ce moment. Il a eu le tort de man-
quer de respect à un député, le fameux
Koliga,etilpaye cette faute d'une dis-
grâce momentanée. Le roi lui a donné
le poste de gouverneur de l'Hôtel mili-"
taire.
Le roi George fera-t-il, à ce voyage-ci
l'honneur à M. Gambetta de déieuner
avec lui?
C'est, au moins, douteux.
L. DESMOULINS >'
BOUQU!NS & BOUOU~EUM
On commence, rue Vi vienne, le$ tra-
vaux d'agrandissement et d'isolement
de la Bibliothèque nationale.
Hormis quelques bouquineurs, per-
sonne ne sait que la Bibliothèque occupe
aujourd'hui les bâtiments de l'ancien hô-
tel de Nevers. C'est en 1724 que les livres
du roi furenttransportés dans cet hôtel.
Avant d'entrer dans cette demeure dén-
nitive ils avaient voyagé un peu par-
tout, suivant les rois de France,, où leur
caprice les menait. Philippe-Auguste
traînait sa bibliothèque avec lui lusque
sur les .champs de bataille. Il lui arnva.
un jour d'être battu par les Anglais qui
s emparèrent du < Chartrierde la cou-
ronne contenant outre les archives
dix volumes de poésie e<~ d'histoire du
moyen âge toute la bibliothèque! i
Il fallut longtemps pour reconstituer
les richesses perdues en cette bagarre.
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