Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-06-18
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 juin 1882 18 juin 1882
Description : 1882/06/18 (Numéro 1009). 1882/06/18 (Numéro 1009).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k524273r
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
PARIS i, centime~– DÉPARTEMENTS ET GARES ~<~ CENTIMES~
Qainziôme Aimée Deuxième Séné NuMéro 1009
Dimanche 18 Juin 1882
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ADMINISTRATtON
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OZ DEUX HBUMS A MtNU:T ~L-.
f tM «Att~SCRtTS N< SERONT ~AS )mtDOt
WAPPEL
Victor Hugo; dont la voix généreuse
~est si souvent élevée, au nom de l'huma-
Oite.e!, de ta. justice, pour revendiquer les
aroits des opprimés, vient d'adresser un
suprême appel au monde civiiise en faveur
Nous.sommes heureux d'offrir à nos lec-
teurs primeur, de cette page, arrachée à
Hn~nce6mu.e du poète.
~'11A11TP'(?fif (~briRioa T.PC PPIiarinne n" i
ft~iHivo T.ocf~Iio'innc /vt): i
Ij'heure est décisive. Les religions qu i
se meurent ont recours aux derniers
moyens. Ce qui se dresse en ce moment,
ce n'est plus du crime, c'est de la mons-
truosité. 'Un peuple devient monstre.
Phénomène horrible.
Il semble qu'un rideau se déchire et
qu'on entend une voix dire
Humanité regarde et vois.
Deux solutions sont devant tes yeux.
D'un côté, l'homme avance, d'un pas
lent et sûr, vers l'horizon de plus en
plus lumineux l'homme tient l'enfant
par la main; l'homme marche, la tête
pleine de clarté; l'enfant marche, la tête
pleine d'espérance; le travail fait sa
~ran.de œuvre la science~herche Dieu,
la pensée le voit Dieu vérité. Dieu jus-
tice~ Dieu conscience, Dieu amour;
l'homme le mêle aux choses de la terre,
liberté; égalité, fraternité; Dieu cher-
ché, c'est la philosophie; Dieu vu, c'est
lareligion; rien de plus, pas de contes,
pas de rêves, pas de dogmes; tous les
peuples sont frères les frontières s'ef-
facent l'homme s'aperçoit que la terre
n'a pas encore été possédée; les guerres,
de/plus en plus diminuées, n'ont plus
qu'un motif et qu'un but, la civilisation
chaque battement du cœur humain si-
g~tine progrès.
De l'autre côté, l'homme recule l'ho-
rizon est de plus en plus noir les mul-
titudes vont et tâtent dans l'ombre; les
vieilles religions, accablées de leur deux
mille ans, n'ont plus que leurs contes,
jadis tromperie de l'homme enfant, au-
jourd'hui dédain de l'homme fait, jadis
acceptés par l'ignorance, aujourd'hui
démentis par la science; ne laissant
au croyant tenace, qui a les yeux fermés
et les oreilles bouchées, d'autre refuge
que l'aNreux Credo <~Mt ~sM~MMz les
erreurs s'entre-dévorent, le christia-
nisme martyrise le judaïsme; trente
villes (vingt-sept, selon d'autres) sont
en ce moment en proie au pillage et à
l'extermination ce qui se passe en Rus-
sie fait horreur; là un crime immense
se commet, ou pour mieux dire, une ac-
tion se fait, car ces populations extermi-
nantes n'ont même plus la conscience du
crime; elles ne sont plus à cette hau-
teur leurs cultes les ont abaissées dans
la bestialité; elles ont l'épouvantable
innocence des tigres; les vieux siècles,
l'un avec les Albigeois, l'autre avec l'In-
quisition. l'autre avec le Saint-Ofnce,
l'autre avec la Saint-Barthélemy, l'autre
avec les dragonnades, l'autre avec l'Au-
triche de Marie-Thérèse, se ruent sur le
dix-neuvième et tâchent de l'étouScr;
la castration de l'homme, le viol de la
iemme, la mise en cendres de l'enfant,
c'est l'avenir supprimé; le passé ne
veut pas cesser d'être il tient l'huma-
nité le ni de la vie est entre ces doigts
de spectre.
D'un côté le peuple, de l'autre la
foule.
D'un coté la lumière, de l'autre les
ténèbres.
Choisis.
VICTOR HUGrO.
CAND!DAT
POUR 'LA MAGISTRATURE
Jean a pour père un médecin de Prez-
sous'Ia-Fauche, le docteur Jean, qui est
le meilleur des hommes. Ce n'est pas le
meilleur des pères, car il a laissé la bride
sur le con à monsieur son fils. Il voulait
d'abord en faire un médecin, et un mé-
decin de Prez-sous-Ia-Fauche. < Tu vi-
vras ici des maladies de tes concitoyens,
comme mon père et mon grand-père
l'opt fait avant moi. Jean voulait bien,
car il est bonhomme comme Son père.. Il
partit pour Paris à bonne intention. C'est
le travail qui le dégoûta. Il mit le pied
une ou deux fois dans un amphithéâtre,
et écrivit à ses parents qu'il se sentait
invinciblement attiré vers le barreau.
Il fit donc son droit il le fit mal il
fut reçu licencié après un premier
échec. Son père lui trouva un pupitre
dans une étude d'avoué, où il ne fut pas
assidu. Il est arrivé à plus de trente ans
sans s'être rendu capable de rien. Ce-
pendant, ce n'est pas une bête. Ce n'est
pas non .plus un mauvais sujet. Ce n'est
pas un dépensier. Ce n'est pas un pares-
seux. C'est un candidat.
Après s'être bien examiné, bien tâté,
U a reconnu qu'il avait du goût et de
l'aptitude pour le métier de candidat, et
qu'il n'en avait pour aucun autre.
Candidat, pour quoi ? Pour la députa-
tion, morbleu Croyez-vous qu'il ait
envie d'être conseiller munici~&l à
Prez-sous-Ia-Fauche? Son père lui dit :a
< Commence par là Mais il lui répond
avec raison qu'il n'est pas plus difScUe
d'être député, et que c'est plus avan-
tageux.
II a une opinion; qui n'est pas trop
sotte; c'est qu'on n'arrive que par les
réunions électorales, et que, dans une
réunion électorale, ce n~est pas le plus
habile politique qui l'emporte, mais le
plus habile orateur. Et l'orateur qui
réussit dans les réunions publiques,
c'est l'orateur de réunion publique, qui
n'a pas grand'chose de commun avec
celui de la Chambre, ni avec celui du
barreau. Il n'a pa& besoin d'être savant,
cela le gênerait; ni d'être bon logicien,
cela ennuierait l'auditoire ni d'entendre
la politique, puisque personne ne l'en-
tend. II lui sufût d'avoir une assez belle
carrure, une voix vibrante, un aplomb
imperturbable de Savoir ennier des
phrases pendant vingt-cinq minutes,
sans respirer; de frapper sur la ta-
ble au commencement pour attirer
l'attention, au milieu pour la maintenir,
et à la un pour provoquer les applaudis-
sements. Avec cela, et un peu de flair
pour discerner, parmi les lieux com-
muns qui ont cours sur la place, celui
qui est favori, on a les plus grandes
chances, Jean prenait d'ailleurs son mé-
tier au sérieux. Il avait eu àchoisir entre
plusieurs modèles.
Naturellement, M. Léon Gambetta
l'avait d'abord attiré. Pendant plus de
six mois, il s'efforça de se donner une
prononciation méridionale, de faire de
grandes périodes d'une demi-lieue avec
des < attendu que des « de même que
des quand bien même de passer du
ton familier ou ironique aux éclats de la
grande éloquence, de rejeter la tête en
arrière, et d'étendre la main en avant
avec un geste superbe. Il y avait sur-
tout un roulement sur la table qu'il
avait bien attrapé, et qui faisait un grand
effet sur sa famille, quand il leur don-
nait des répétitions pendant les vacan-
ces. Mais il reconnut bien vite que tout
le monde étudiait le même modèle, re~s
<~eMM~ay et que tous ces prétendus
imitateurs de Gambetta n'arrivaient
qu'à tousser et cracher comme lui. Il
essaya les Clemenceau.
Il se fit d'abord raser la tête. Il aSecta
de se tenir droit comme un I, avec un
geste cassant. Il quitta le pathos pour
la dialectique serrée. C'est un genre qui
ne pouvait pas lui aller, parce que, pour
le tenir avec succès, il faut avoir quel-
que cho~ej~dire. Jean aime à divaguer,
comme tout candidat de profession.
En&n, à force d'entendre Tony Révillon
et les autres, il s'est fait une manière
appropriée à saphysionomiëet à la tour-
nure de son esprit. C'est maintenant un
bon acteur de second ordre.Ilsejuge
bien. Il sait qu'il aura des succès dans une
troupe de province, mais qu'il ne peut
se hasarder sur un théâtre de Paris.
II a donc cherché partout un collège. Ils
sont pris malheureusement. Il se trouve
toujours un grand homme de clocher, ou
un premier rôle de Paris qui se rejette
sur la province après avoir éprouvé des
malheurs. Il n'y a pas de collège plus
courtisé que Puget-Théniers. On s'arra-
che la Guadeloupe. Prez-sous-la-Fauche
voterait pour lui, mais ce n'est qu'une
commune de six cents habitants dans 1
l'arrondissement de Chaumont. La place
est prise par M. Dutaitly. On ne lutte
pas contre un tel homme.
Le pauvre Jean commençait donc à ]
se désespérer, et à se dire que son mé-
tier ne le mènerait à rien~quandM.Ie
comte de Douville-MailIefcu' est venu à
son secours. Jean s'est dit que le moindre
juge aurait désormais un traitement de
huit mille francs, que cette place don- ]
nerait beaucoup de considérât! on et d'au- ]
torité, et qu'en se montrant raisonnable, ]
dans les derniers temps de son exercice, <
on pourrait compter sur une réélëc- ]
tion. Il va donc porter ses talents de ce
côté-là.
Son père l'approuve. Il dit à sa fem- i
me < C'est un très bon candidat. Il ne 1
lui a manqué jusqu'ici qu'un collège.
Mme Jean est inquiète. Elle ne peut t
cacher ses alarmes que la candidature de député, dit-elle.
Mais le père et le fils répondent tout Il
d'une voix: "C'est la même!" »
« Te rappelles-tu, dit le père, parlant 1
à Mme Jean avec enthousiasme, le dis- s
cours sur l'exploitation du peuple par 2
les compagnies de chemins de fer ? Et le
discours sur le malheur des petits em-
ployés? Et encore le discours sur le
nombre excessif des employés qui dé-
vorent le budget et corrompent le ca-
ractère national? Un juge, dit Mme
Jean, qui est têtue comme toutes les J
femmes, est chargé de dire où fnit mon c
champ et où commence celui du voisin, o
Il n'a pas besoin de savoir s'il faut vingt
ministères au lieu de neuf. Eh bien,
dit le docteur Jean, cela prouve que tu c
ne connais pas les hommes. Nous voilà
cinq cents, qui nous réunissons pour
entendre les candidats à la place de con-
seiller à lacourd'appel. Est-ce que tu crois L
quelescàndidats vontnous faire uneleçon
de droit? Est-ce que j'y entendrais quel-
que chose, moi qui suis docteur en méde- e
ciné? Est-ce que le maire de Prez-sous- d
la-Fauche, qui est maréchal-ferrant, se-
rait capable d'y rien comprendre? Et b
quand nous serions du métier, crois-tu
que nous le nommerions parce qu'il pré- F
férerait l'avis de M. Des Rënaudières à a
celui de M. Thoneux des Ribauds? On
n'enlève pas une assemblée avec des w
discussions pareilles. Tandis que Jean,
hier a~ soir, nous a tons transportés n
avec sa question d'Egypte La ville
était dans l'attente. Les -cuirassés
avaient allumé leur feu. On voyait à
l'horizon un aviso cingler rapidement
D vers le port. Qu'apporte-t-il ?. Jean,
tu seras conseiller. »
C'est ce que nous disions ici, l'autre
jour, dans le Cc~~OM. Nous aurons des
conseillers qui vaudront nos députés.
Nos Echos
Z~ rCMÎp~– 47jMtM ~M
En France, la pression barométrique est unifor-
mément élevée, mais la baisse d'Irlande se fait déjit
sentir sur les côtes ouest. Le vent tend i tourner de
!'E. vers )e S.; le temps est au beau, la tempéra-
ture v-t s'étever.
AUJOURD'HUt v
A 6 heures et demie, d!ner émission jusqu'à 7 heures.
Pendant la dnree du dîner, l'orchestre de
M. Desgranges jouera dans la nouvelle salle de
musique.
MENU
Potage consommé aux laitues royale
Hors-d'œuvre
Truite saumonée sauce Régence
Croquettes Dauphine
Filet de bœuf & la Chateaubriand
Canetons de Rouen aux petits pois
Poularde de la Bresse au cresson
Satade
Artichauts à la barigoule
Gâteau mousseline à 1 orange
Glace
Vanille et fraises
Desserts
fromages, fruits et petits-four*
Le salon des dames est ouvert aux v~ageurs.
Piano, orgue, tables de jeux. Diner qla carte
au restaurant. Billards au Café Divan.
Le programme du dîner-concert. (Voir à lt
4~ page.)
<' page.) r
Au Théâtre-Français. Z.e MoK~e ott l'on
t'en/utte.
A rOpéra-Comiquo. Hct~p.
OEMAtM
A l'Opéra. Aïda.
Au Thé&tre-Franç.ais. f/Aectre et le Gendre
de M. Porter.
A l'Opéra-Comique. Les DMmCoMro/Me.
LA POL!T)OUE ,,rv
Le nouveau ministre de Grèce à
Paris, M. le prince Mavrocordato, a
rendu visite hier au ministre delà ma-
rine.
M. l'amiral Jauréguiberry a félicité
vivement le ministre de Grèce de ce
que cette nation avaitenvoyé à Alexan-
drie'deux navires de guerre. i,
-M~tXt~
LE MONDE ET LA VtLLE
A deux heures, courses à Auteuil.
Favoris de Sir Bevys: r;
Prix du Vieux-Rouen. Borest.
Prix Magenta.–Cynthia..t~
Prix Reugny.– Canot. <~
Prix des Tilleuls. Negro.
v
Le mariage de S. A. R. le prince Ar-
nolphe de Bavière avec S. A. la princesse
Thérèse Marie Joséphine Marthe de
Lichtenstein vient d'être ofnciellement
notiné aux chefs de gouvernement par
S.M.leroideBaviëre.
Dans sa séance d'hier, l'Académie des
sciences morales a décerné à M. Wua-
rin, pour un mémoire sur les droits et
les devoirs de l'Etat et des familles dans
l'éducation, un prix de 2,000 fr.
A M. Achille Luchaire, professeur à
la Faculté des lettres de Bordeaux, un
prix de 3,000 fr., pour une histoire des
premiers Capétiens.
Elle a remis au concours jusqu'au
31 décembre 1883. l'histoire de la che-
valerie. Le prix est de i,SOO fr.
EnRn, elle a donné pour nouveau sujet
de concours la politique du roi Char-
les V. Le prix est également de 1,500 fr.
II arrive souvent que l'Académie double
la valeur du prix, quand le mémoire
lui paraît digne d'une récompense ex-
ceptionnelle. C'est ce qu'elle a fait hier
pour M. Achille Luchaire.' `
Le conseil supérieur, de l'instruction
publique sera convoqué pour le 18 juil-
let prochain.! 1 Il
IF aura à statuer sur le règlement d'é-
tudes et sur le programme de l'ensei-
gnement que la section permanente pré-
pare pour assurer l'application de la
nouvelle loi sur l'enseignement obliga-
toire et laïque dans lesécolesprimaires.
En ce qui concerne le programme de
l'enseignement, la section permanente
a à'régler la substitution' de l'eMs~ïe-
MM~< MMy'a! ct'p~Me à l's~! K~tëMse. La partie concernant l'ensei-
gnement civique est déjà arrêtée; elle
comprend des notions sur l'organisa-
tion générale du pays, au point de vue
des institutions et de l'administration.
La partie concernant l'enseignement
morafn'est pas encore élaborée. M. Paul
Janet a été chargé de préparer un pian.
qui servira de base au projet qu'il s agit
d'élaborer.
Le conseil d'administration de la so-
ciété des artistes ïrançais vient de dé-
cider qu'une quête en faveur des israé-~
lites de Russie serait faite le mardi 20,
juin, jour de la fermeture du Salon, au*
palais de l'Industrie, porte d'entrée de <
îa sculpture.
Hier, à deux heures de Faprès-midi/a.
eu lieu la dernière séance du congrès
des architectes, sous la présidence de
M. Bailly, membre de l'académie des
beaux-arts.
Cette réunion a été uniquement em-
ployée à la distribution des récompenses
accordées par la Société centrale des ar-
chitectes.
Nous donnons seulement les noms des
principaux lauréats.
Médailles d'argent MM. Louis Bor-
mer; Alphonse-Alexandre JBefrosse,
élève de M. André; Georges Gra.rdët;
Emmanuel CavaiIIé-Coll, élève de Ru-
prich-Robert.; Antoine Lecomte, é)6ve
de MM.Vaudremer et Paulin Jean So-
beck.
Médailles de .bronze:MM. B. Houis-
soullier, élève .de l'école de France à
Athènes; Charles Metay, élève de M.
Richer.
Mentions honorables MM. Eugène
Monnier, Léon Rivière, Edmond Pou-
lin, etc., etc.
C'est aujourd'hui, à deux heures et
Nemie, qu'aura lieu la distribution des
prix aux jeunes nlles de l'orphelinat
aisacien-Iorrâin du Vésinet.
La cérémonie, à laquelle on doit don-
ner un caractère solennel, sera présidée
par M. Xavier Marmier, membre de
l'Académie française, qui prononcera
un discours.
i~Le double suicide de Mîtes Aline Ren-
aëville et Marie Damain, qui a si vive-
ment impressionne la socitété viennoise
et le monde parisien, continue à être
ehtouré de mystère.
'Voici quelques détails qui nous par-
vtennent et qui, loin d'éclaircir l'affaire,
semblent plutôt l'embrouiller.
Mlles Renneville et Damain sont arri-
vées à Linz. petite ville située sur les
bords du Danube, à trente lieues de
Vienne environ, le 12 juin. C'est dans la
nuit du ~3 au d4 qu'elles mirent à exécu-
tion leur fatal projet. Elles pénétrèrent
dans le parc du château d'Ottenheim,
appartenant au comte de Condenhove,
et ce ne dut pas être sans difncultés,
car ce parc est entièrement clos et gardé
par plusieurs chiens. Arrivées devant le
château, elles armèrent les revolvers
qu'elles portaient sur elles, et en tirèrent
plusieurs coups à travers les fenêtres du
rez-de-chaussée, dont on a trouvé les vo-
lets percés par les balles.
Cet acte est ce qu'il y a de plus cu-
rieux dans l'affaire, car on s'explique
difficilement le but de ces jeunes per-
sonnes en tirant ainsi dans la demeure
du comte de Condenhove. On suppose,
et la chose est assez vraisemblable,
qu'elles ont espéré atteindre un habi-
tant du château qui ne serait autre que
le nls du comte, dont elles voulaient se
venger. Mlles Renneville et Damain
n'ayant pas réussi dans leur projet, ont
tourné contre elles-mêmes leurs armes,
qui ont été retrouvées à leurs côtés le
lendemain du suicide.
Mme Hortense Damain, tante de l'une
des victimes, est au désespoir et ignore
encore le véritable motif qui a poussé
sa'niëce a cette triste extrémité.
Une bonne histoire qui défraye les
couloirs du Palais, à Besançon.
M. le premier président Chauffour
voulait convoquer différents magistrats
pour faire une visite au nouvel arche-
vêque, Mgr Feulon il leur écrivit
< M. le vicaire général de Farcbevê-
ché me fait savoir que le ~M~ï/*g de ce
poste, etc., etc.
Par ce procédé de style assez habile~
M. Chauffour a aussi bien évité la qua-
lification de monseigneur que le mot
< monsieur
C'est le comble de l'opportunisme.
M. James Gordon Bennett, le richis-
sime directeur du ~Vew-Ko)~ .HcrsM,
vient de faire don de cinquante mille
dollars, en obligations des Etats-Unis, à
la veuve du capitaine de Long, qui com-
mandait l'expédition de la .7edans les mers arctiques.
Les rosières ont encore du pain sur
la planche, grâce à quelques âmes gé-
néreuses qui n'oublient pas que la vertu
a besoin d'être récompensée.
M. Préaux, qui a fait en mourant des
legs nombreux à la commune de Mon-
treuil-sous-Bois et au onzième arrondis-
sement, peut compter parmi ces per-
sonnes pieuses qui donnent leurs capi-
taux pour conserver un capital. Il a
donné au onzième arrondissement une
rente de 2,800 francs, destinée à doter
deux rosières.
M. Emile Krantz, maître de conféren-
ces à la Faculté des lettres de Nancy,
soutiendra les deux thèses suivantes
pour le doctorat devant la Faculté des
lettres de Paris, en Sorbonne, le ven-
dredi 23 juin, à dix heures et demie du
matin.
Thèse latine De c~~e~.
Thèse française ;SM~~Mg ~g Descartes.
'Un grand banquet réunira. le 23 juillet
1& plupart des artistes français qui tien-
nent à célébrer la constitution défini-
tive de leur Société libre.
On nous annonce le mariage de Mlle
Marguerite Le Serurier, nlle du direc-
teur des douanes de Marseille, avec
M. Jules Gravier, beau-frère de M.Emile
Oïlivier.
!Les obsèques du général de Cissey au-
ront lieu demain lundi, à midi précis, à
régHse Saint-Pierre du Gros-Caillou.
NOUVELLES A LA MA
Un bien joli mot de la vicomtesse
deR.
L'autre soir, il y avait une petite fête
intime chez la princesse de X.
La gracieuse vicomtesse improvise
une quête pour les isFa~ites de Russie,
et, de sa blanche maia, tendant une cor-
beille aux invités:
Messieurs, dit-elle, ~o~ des ri-
C/:M/
Peut-on dénnir d'une façon plus spiri-
tuelle lâchante?
Notes d'aJbum
Les femmes &im
jets. parce que les mauvais sujets sont
des individus qui aiment ies femmes.
H y a une femme plus j.olie qu'une
jolie femme. c'est une femme laide qui
ptaît.
x Se repentir sans se corriger, c'est
pomper dans un navire sans boucher
îes voies. D
MH DOMtM*)
PETtTE BOURSE DU 80!R
DtX HEURES
3 0/0. 8135,15.
50/0. 114 95, 61, 62.
Turc. 1815,20,10.
Italien. 90 89, 85.
Egypte. 30750,300,30187.
Banque ottomane. 768 75, 65, 12, 67.
Extérieure. 2811/16,5/8.
Actions Rio. 606.
Lots turcs. 5575.
0
RETOUR AU LOC!S
A la station de X.-sur-Orne, trois voya-
geurs descendent: père, mère et fille.
Le père décoré, trapu, bourru parle
haut et bref capitaine de dragons démis-
sionnaire a conservé les allures de son
ancienne profession; avec cela, un reste de
race, mais gâté par les petitesses de la pro-
vince et les mesquineries d'une fortune
restreinte.
La mère, pointue, aigüe, nerveuse a été
jolie ni genre, ni tournure dents lon-
gues et bandeaux plats.
La fille, agitée et colorée mouvements
saccadés d'une personne qui n'a pas tout
ce qu'elle désire.
Ils reviennent « bredouille D de Paris,
où ils étaient allés à la recherche d'un
<: mari t.
Les gen~ d'équipe les saluent; le chef de
gare s empresse autour d'eux ils sont
<: quelque chose dans le pays.
Un petit breack défraîchi, attelé d'une
grosse jument pommelée, les attend à la
sortie. Le domestique, à doubles fonctions
d'écurie et d'intérieur, porte un chapeau
ciré orné d'un galon d'argent sa capote, à
double fin, comme lui, tient le milieu en-
tre la redingote anglaise et le pardessus,
de sorte qu'il a trop chaud en été, et très
froid en hiver.
Un âne, attelé à une petite charrette et
mené par un homme en blouse, emportera
les bagages.
Les deux serviteurs paraissent heureux
de revoir leurs maîtres, qui doivent être de
bonnes gens, mais qui ont, en ce moment,
la mine déconfite de chasseurs rentrant au
logis sans gibier.
Dans le voisinage, il n'y a « rien pour
Léontine, dont les vingt ans sont sonnés.
Elle a certes encore du temps devant elle
mais, néanmoins, il ne faut pas s'endor-
mir les années viennent si vite Et c'est
diablement ennuyeux de s'être saigné aux
quatre veines pour faire le voyage de Pa-
ris, très coûteux, car on ne passe pas deux
mois à l'hôtel sans y laisser des plumes, ~et
les voitures sont ruineuses
La tante de Léontine, qui habite rue de
Vaugirard, avait promis de lui trouver un
mari, et le fait est qu'il y a eu quatre en-
trevues on allait s asseoir au Luxembourg
au pied d'un groupe, ou d'une statue le
candidat passait, puis, jouant l'étonne-
ment, s'arrêtait; mais le chinre de la dot
l'empêchait de revenir à la rescousse, et le
fait est que six mille livres de rente, en ma-
riage, c'est une vraie plaisanterie Aussi
avait-on soin de dire seulement, au début
ayant des propriétés en Normandie.
On eut donc beau acheter des costumes
au ~oK Af~'cA~etdes chapeaux au ZoMf~,
aucun des < quatre ne .mordit à l'hame-
çon. Léontinesent trop son cru pour enle-
ver un mari on voit au'elle a. grandi à
l'ombre des pommiers beaucoup de cor-
rection dans la tenue et pas le moindre
< chien Vivant dans la crainte de sa
mère, n'osant ni se mouvq~r m parler, elle
a été muselée et garrottées « dès l'âge le plus
tendre Les /MM/!fr~ font bien
mieux leur chemin.
Le breack arrive à la grille, tourne au-
tour du gazon et s'arrête devant le perron
la demeure n'est ni château, ni maison ni
chalet, ni villa; c'est une bâtisse faite de
pièces et de morceaux, à époques diffé-
rentes tout cela, du reste,!assez gentiment
tapissé de plantes grimpantes, et d'espa-
liers. L'intérieur est d'une propreté imma-
culée, mais des meubles~raides et disgra-
cieux, des tableaux horribles et des porce-
laines sans valeur exposées en guise d'or-
nements. Les deux fortes Normandes ser-
vant de cuisinière et de femme de chambre
s'empressent d'ouvrir toutes les fenêtres
« pour chasser l'odeur de renfermé &.
« Monsieur va tout de suite passer la
revue de son jardin; les allées sont bien
râtissées, mais rien ne mûrit, en raison de
cette affreuse humidité; le jardinier est
découragé. Quant à monsieur, il est telle-
ment vexé d'avoir semé son argent sans
récolter un gendre, qu'il s'aperçoit à peine
que ses légumes pourrissent en terre, et
que ses fruits tombent des arbres avant de
rougir.
« Madame "'jette sur toutes choses un
coup d'œil qui ressemble à un coup de
poinçon, et on entend tinter ses trousseaux
de clefs d'un bout à l'autre de la maison.
Léôntine est allée droit à sa chambre.
Très triste, la pauvre fille t Serait-elle con-
damnée à une solitude pénible? Elle se
fait delà vie conjugale un tableau enchan-
teur, tandis que, dans cette vieille maison,
son existence est aussi courte que l'horizon,
borné, àpeu de distance, par la grande ligne
de peupliers bordant la rivière.
Les seules distractions du voisinage sont
tantôt un déjeuner solennel chez la mar-
quise douairière, où on parle bas comme si
on était à l'église tantôt un dîner chez les
du Fresne, ou les du Poirier, où tout est
froid le pavé qu'on a sous les pieds, les
mets péniblement confection-nés, et sur-
tout la conversation, chacun se surveil-
!&Bt soi-même pour être suffisamment
pompeux. Puis, quand il faut rendre ~es
politesses f, c'est etfequi cueille les neurs~,
îes jambes dans la rosée et latête au-.s~
leil. I.
chercher à une lieue, couperait l'un~pf-
mité de la semaine, si on s'y rendait t~-
jours en voiture; mais l'ex-capitaine'd~
dragons a conservé, de son ancien métier
un tel respect du cheval, qu'il ne permet
pas que <-la grise attende, quand~il pleu~
pendant une heure et demie devant le por-
tail, de sorte que ces vent la course en parapluie et sabots.
Elle n'a pas la ressource de ~'attacher
aux petites choses du foyer, sa mère là-te-
nant, avec un soin jaloux, éloignée de tout
commandement; et, si elle ris<~e une pro-
position pour changer seulementun meuble
de place, le veto maternel se fait entendre~
maigre et strident; alors le bon capi~n~
dit philosophiquement à sa fille <ï'Que
veux-tu, mon enfant, ta mère a toujours:
été comme cela t~ r
Le cœur de Lépntine se replie sur lui"
même; l'ennui l'étreint; cherchant dans
ses rêves ce que la réalité lui refuse, elle
caresse l'image d'un inconnu qui pourrait
luidonnerdu même coup bonheur et li-
berté mais cet inconnu ne vient pas frap-
per à la porte de la triste demeure,'et,
quand elle a couru à Paris dans 1'espo.tE
de le saisir au vol, e il a passé comme u~
fleuve rapide en son cours, & laissant'' à
peine dans son souvenir l'empreinte ds
quatre Jmpustaches ou barbes blondes et
brunes, d'un geste, ou d'un.regard car;.
pour elle, « les quatre ne font qu~ « un
c'est-à-dire < le mari D désiré et attendu
en vain, oiseau difficile à prendre, et qui
ne se laisse mettre que dans une cage
dorée x..f
SHOCKtMC.
MASSAME DE LA MtSStOM CREVAI
Un avis de Tarija, parvenu au consul de
la République argentine àTupiza., annonce
que l'expédition du docteur Crevaux a étc
massacrée par les Indiens Tobas tandis
qu'elle remontait le Pylcomayo.
Le docteur Jules Crevaux, que l'on peut
inscrire parmi les premiers explorateurs
tractais, avait inspire une grande con-
iiance au ministère de tl'instruetion publi-
que, et les Chambres avaient voté un crédit
de 70,000 francs pour la mission. Le doc-
teur devait remonter le Paraguay, et re-
descendre par un des grands affluents de
l'Amazone. La mission devait parcourir
3,600 kilomètres de pays fort peu connus.
Des dix-neuf membres qui faisaient par-
tie de l'expédition, aucun n'a échappé à I&.
mort. Le docteur Crevaux a été tué à la
tête de ses compagnons.
Parmi les compagnons du docteur se
trouvaient, entre autres, les Français:
MM. Billet, jeune astronome de grand
avenir; Jules Ringe], dessinateur; Ernest
Haurat, marin timonier breveté, et Joseph
Didelot, aide.
Le massacre de la mission Crevaux était
connu à Buenos-Ayres dès le 13 mai. Com-
ment s'expliquer que nous apprenions; l'é-
vénement seulement aujourd'hui ?
Le docteur Crevaux avait entrepris sa,
périlleuse expédition scus le patronage du
ministère de l'instruction publique. Il est
inadmissible que la désolante nouvel~
n'ait pas été transmise immédiatement. Ce
retard donnerait encore le droit d'espérer
que la nouvelle est controuvée.
C'est au milieu de sa course, et proba-
blement vers le S5 mai dernier, que l'ax
pédition aurait été massacrée par les an-
thropophages Tobas.
C'était le quatrième voyage d'explora.
tion tenté par le docteur. La Fr~acë perd
en M. Crevaux un homme d!un!e grande
énergie, d'un ardent patriotisme et qui.
aurait encore, sacs doute, ajouté; quelques
fleurons à la couronne déjà si rMhe. das
explorateurs français.. s" mn~
tOUtS '.t.~MB~f t;
H!STO)RE VRAtE
Un grand vent sou'fûait au dehors, un
vent d'automne mugissant et galopant,
un de ces vents qui tuent les dernières
feuilles et les emportent jusqu'aux
nuages.
Les chasseurs achevaient leur dîner,,
encore bottés, rouges, animés, allumés.
C'étaient de ces demi-seigneurs nor-
mands,mi-hobereaux, mi-paysans, riches
et vigoureux, taitlés pour casser les cor-
nes des bœufs lorsqu'ils les arrêtent
dans les foires.
Ils avaient chassé tout le four sur les
terres du maître Blondel, le maire d'E-
parville, et ils mangeaient maintenant
autour de la grande table, dans l'espèce
de ferme-château dont était propriétaire
leur hôte.
Ils parlaient comme on hurle, riaient
comme rugissent les fauves,'et buvaient
comme des citernes, les jambes allon-
gées, les coudes sur la nappe, les yeux
luisants sous la namme des lampes
chauffés par un foyer formidable qm je-
tait au plafond des lueurs sanglantes; us,
causaient de chasse et de chiens. Mais
ils étaient, à l'heure où d'autres idées
viennent aux hommes, à moitié gris, et
tous suivaient de l'œil une forte nUe aux
joues rebondies qui portait au bout de
ses poings rouges les larges plats char-
gés de nourritures.
Soudain un grand diable qui était de-t
venu vétérinaire après avoir étudié pour
être prôtre, et qui soignait toutes les
bêtes de l'arrondissement. M. Séjour,.
s'écria < Crôbleu, maît' Blondel voujs
avez là une bobonne qui n'est paspiqu~a
des vers.
Et un rire retentissant éclata. Alors
un vieux noble déclassé, tombé dans
l'alcool. M. de Varnetot, éleva la voix.
< C'est moi qui ai eu jadis une
drôle d'histoire avec une nllette comme
ça!. Tenez, il faut que je vous la raconte.
Toutes les fois que j'y pense, ça me rap-
pelle Mirza, ma chienne, que j avais ven-
due au comte d'Haussonnel et qui reve-
nait tous les jours, dés qu'on la lâchait,
tant elle ne pouvait me quitter. A la nn
je m'suis fâché et j'ai prié l'comte de la
tenir à la chaîne. Savez-vous c' qu'elle a
fait e'ie bête ? Elle est mpr~e de chagrin
",d
Qainziôme Aimée Deuxième Séné NuMéro 1009
Dimanche 18 Juin 1882
T3 E: 0 TT 0 TST
4'
MM. Ch. )L&gr
t, beutev~rd dett ttaïtem*. t ,~e
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ttM tbennementtt partant dM 1"
~tri~BS siMON-
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ABONNEMENTS: /i~
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RÉDACTION
·, 6onleïsrd ded Italiene, · `^ ar~~n~
.
OZ DEUX HBUMS A MtNU:T ~L-.
f tM «Att~SCRtTS N< SERONT ~AS )mtDOt
WAPPEL
Victor Hugo; dont la voix généreuse
~est si souvent élevée, au nom de l'huma-
Oite.e!, de ta. justice, pour revendiquer les
aroits des opprimés, vient d'adresser un
suprême appel au monde civiiise en faveur
teurs primeur, de cette page, arrachée à
Hn
~'11A11TP'(?fif (~briRioa T.PC PPIiarinne n" i
ft~iHivo T.ocf~Iio'innc /vt): i
Ij'heure est décisive. Les religions qu i
se meurent ont recours aux derniers
moyens. Ce qui se dresse en ce moment,
ce n'est plus du crime, c'est de la mons-
truosité. 'Un peuple devient monstre.
Phénomène horrible.
Il semble qu'un rideau se déchire et
qu'on entend une voix dire
Humanité regarde et vois.
Deux solutions sont devant tes yeux.
D'un côté, l'homme avance, d'un pas
lent et sûr, vers l'horizon de plus en
plus lumineux l'homme tient l'enfant
par la main; l'homme marche, la tête
pleine de clarté; l'enfant marche, la tête
pleine d'espérance; le travail fait sa
~ran.de œuvre la science~herche Dieu,
la pensée le voit Dieu vérité. Dieu jus-
tice~ Dieu conscience, Dieu amour;
l'homme le mêle aux choses de la terre,
liberté; égalité, fraternité; Dieu cher-
ché, c'est la philosophie; Dieu vu, c'est
lareligion; rien de plus, pas de contes,
pas de rêves, pas de dogmes; tous les
peuples sont frères les frontières s'ef-
facent l'homme s'aperçoit que la terre
n'a pas encore été possédée; les guerres,
de/plus en plus diminuées, n'ont plus
qu'un motif et qu'un but, la civilisation
chaque battement du cœur humain si-
g~tine progrès.
De l'autre côté, l'homme recule l'ho-
rizon est de plus en plus noir les mul-
titudes vont et tâtent dans l'ombre; les
vieilles religions, accablées de leur deux
mille ans, n'ont plus que leurs contes,
jadis tromperie de l'homme enfant, au-
jourd'hui dédain de l'homme fait, jadis
acceptés par l'ignorance, aujourd'hui
démentis par la science; ne laissant
au croyant tenace, qui a les yeux fermés
et les oreilles bouchées, d'autre refuge
que l'aNreux Credo <~Mt ~sM~MMz les
erreurs s'entre-dévorent, le christia-
nisme martyrise le judaïsme; trente
villes (vingt-sept, selon d'autres) sont
en ce moment en proie au pillage et à
l'extermination ce qui se passe en Rus-
sie fait horreur; là un crime immense
se commet, ou pour mieux dire, une ac-
tion se fait, car ces populations extermi-
nantes n'ont même plus la conscience du
crime; elles ne sont plus à cette hau-
teur leurs cultes les ont abaissées dans
la bestialité; elles ont l'épouvantable
innocence des tigres; les vieux siècles,
l'un avec les Albigeois, l'autre avec l'In-
quisition. l'autre avec le Saint-Ofnce,
l'autre avec la Saint-Barthélemy, l'autre
avec les dragonnades, l'autre avec l'Au-
triche de Marie-Thérèse, se ruent sur le
dix-neuvième et tâchent de l'étouScr;
la castration de l'homme, le viol de la
iemme, la mise en cendres de l'enfant,
c'est l'avenir supprimé; le passé ne
veut pas cesser d'être il tient l'huma-
nité le ni de la vie est entre ces doigts
de spectre.
D'un côté le peuple, de l'autre la
foule.
D'un coté la lumière, de l'autre les
ténèbres.
Choisis.
VICTOR HUGrO.
CAND!DAT
POUR 'LA MAGISTRATURE
Jean a pour père un médecin de Prez-
sous'Ia-Fauche, le docteur Jean, qui est
le meilleur des hommes. Ce n'est pas le
meilleur des pères, car il a laissé la bride
sur le con à monsieur son fils. Il voulait
d'abord en faire un médecin, et un mé-
decin de Prez-sous-Ia-Fauche. < Tu vi-
vras ici des maladies de tes concitoyens,
comme mon père et mon grand-père
l'opt fait avant moi. Jean voulait bien,
car il est bonhomme comme Son père.. Il
partit pour Paris à bonne intention. C'est
le travail qui le dégoûta. Il mit le pied
une ou deux fois dans un amphithéâtre,
et écrivit à ses parents qu'il se sentait
invinciblement attiré vers le barreau.
Il fit donc son droit il le fit mal il
fut reçu licencié après un premier
échec. Son père lui trouva un pupitre
dans une étude d'avoué, où il ne fut pas
assidu. Il est arrivé à plus de trente ans
sans s'être rendu capable de rien. Ce-
pendant, ce n'est pas une bête. Ce n'est
pas non .plus un mauvais sujet. Ce n'est
pas un dépensier. Ce n'est pas un pares-
seux. C'est un candidat.
Après s'être bien examiné, bien tâté,
U a reconnu qu'il avait du goût et de
l'aptitude pour le métier de candidat, et
qu'il n'en avait pour aucun autre.
Candidat, pour quoi ? Pour la députa-
tion, morbleu Croyez-vous qu'il ait
envie d'être conseiller munici~&l à
Prez-sous-Ia-Fauche? Son père lui dit :a
< Commence par là Mais il lui répond
avec raison qu'il n'est pas plus difScUe
d'être député, et que c'est plus avan-
tageux.
II a une opinion; qui n'est pas trop
sotte; c'est qu'on n'arrive que par les
réunions électorales, et que, dans une
réunion électorale, ce n~est pas le plus
habile politique qui l'emporte, mais le
plus habile orateur. Et l'orateur qui
réussit dans les réunions publiques,
c'est l'orateur de réunion publique, qui
n'a pas grand'chose de commun avec
celui de la Chambre, ni avec celui du
barreau. Il n'a pa& besoin d'être savant,
cela le gênerait; ni d'être bon logicien,
cela ennuierait l'auditoire ni d'entendre
la politique, puisque personne ne l'en-
tend. II lui sufût d'avoir une assez belle
carrure, une voix vibrante, un aplomb
imperturbable de Savoir ennier des
phrases pendant vingt-cinq minutes,
sans respirer; de frapper sur la ta-
ble au commencement pour attirer
l'attention, au milieu pour la maintenir,
et à la un pour provoquer les applaudis-
sements. Avec cela, et un peu de flair
pour discerner, parmi les lieux com-
muns qui ont cours sur la place, celui
qui est favori, on a les plus grandes
chances, Jean prenait d'ailleurs son mé-
tier au sérieux. Il avait eu àchoisir entre
plusieurs modèles.
Naturellement, M. Léon Gambetta
l'avait d'abord attiré. Pendant plus de
six mois, il s'efforça de se donner une
prononciation méridionale, de faire de
grandes périodes d'une demi-lieue avec
des < attendu que des « de même que
des quand bien même de passer du
ton familier ou ironique aux éclats de la
grande éloquence, de rejeter la tête en
arrière, et d'étendre la main en avant
avec un geste superbe. Il y avait sur-
tout un roulement sur la table qu'il
avait bien attrapé, et qui faisait un grand
effet sur sa famille, quand il leur don-
nait des répétitions pendant les vacan-
ces. Mais il reconnut bien vite que tout
le monde étudiait le même modèle, re~s
<~eMM~ay et que tous ces prétendus
imitateurs de Gambetta n'arrivaient
qu'à tousser et cracher comme lui. Il
essaya les Clemenceau.
Il se fit d'abord raser la tête. Il aSecta
de se tenir droit comme un I, avec un
geste cassant. Il quitta le pathos pour
la dialectique serrée. C'est un genre qui
ne pouvait pas lui aller, parce que, pour
le tenir avec succès, il faut avoir quel-
que cho~ej~dire. Jean aime à divaguer,
comme tout candidat de profession.
En&n, à force d'entendre Tony Révillon
et les autres, il s'est fait une manière
appropriée à saphysionomiëet à la tour-
nure de son esprit. C'est maintenant un
bon acteur de second ordre.Ilsejuge
bien. Il sait qu'il aura des succès dans une
troupe de province, mais qu'il ne peut
se hasarder sur un théâtre de Paris.
II a donc cherché partout un collège. Ils
sont pris malheureusement. Il se trouve
toujours un grand homme de clocher, ou
un premier rôle de Paris qui se rejette
sur la province après avoir éprouvé des
malheurs. Il n'y a pas de collège plus
courtisé que Puget-Théniers. On s'arra-
che la Guadeloupe. Prez-sous-la-Fauche
voterait pour lui, mais ce n'est qu'une
commune de six cents habitants dans 1
l'arrondissement de Chaumont. La place
est prise par M. Dutaitly. On ne lutte
pas contre un tel homme.
Le pauvre Jean commençait donc à ]
se désespérer, et à se dire que son mé-
tier ne le mènerait à rien~quandM.Ie
comte de Douville-MailIefcu' est venu à
son secours. Jean s'est dit que le moindre
juge aurait désormais un traitement de
huit mille francs, que cette place don- ]
nerait beaucoup de considérât! on et d'au- ]
torité, et qu'en se montrant raisonnable, ]
dans les derniers temps de son exercice, <
on pourrait compter sur une réélëc- ]
tion. Il va donc porter ses talents de ce
côté-là.
Son père l'approuve. Il dit à sa fem- i
me < C'est un très bon candidat. Il ne 1
lui a manqué jusqu'ici qu'un collège.
Mme Jean est inquiète. Elle ne peut t
cacher ses alarmes
Mais le père et le fils répondent tout Il
d'une voix: "C'est la même!" »
« Te rappelles-tu, dit le père, parlant 1
à Mme Jean avec enthousiasme, le dis- s
cours sur l'exploitation du peuple par 2
les compagnies de chemins de fer ? Et le
discours sur le malheur des petits em-
ployés? Et encore le discours sur le
nombre excessif des employés qui dé-
vorent le budget et corrompent le ca-
ractère national? Un juge, dit Mme
Jean, qui est têtue comme toutes les J
femmes, est chargé de dire où fnit mon c
champ et où commence celui du voisin, o
Il n'a pas besoin de savoir s'il faut vingt
ministères au lieu de neuf. Eh bien,
dit le docteur Jean, cela prouve que tu c
ne connais pas les hommes. Nous voilà
cinq cents, qui nous réunissons pour
entendre les candidats à la place de con-
seiller à lacourd'appel. Est-ce que tu crois L
quelescàndidats vontnous faire uneleçon
de droit? Est-ce que j'y entendrais quel-
que chose, moi qui suis docteur en méde- e
ciné? Est-ce que le maire de Prez-sous- d
la-Fauche, qui est maréchal-ferrant, se-
rait capable d'y rien comprendre? Et b
quand nous serions du métier, crois-tu
que nous le nommerions parce qu'il pré- F
férerait l'avis de M. Des Rënaudières à a
celui de M. Thoneux des Ribauds? On
n'enlève pas une assemblée avec des w
discussions pareilles. Tandis que Jean,
hier a~ soir, nous a tons transportés n
avec sa question d'Egypte La ville
était dans l'attente. Les -cuirassés
avaient allumé leur feu. On voyait à
l'horizon un aviso cingler rapidement
D vers le port. Qu'apporte-t-il ?. Jean,
tu seras conseiller. »
C'est ce que nous disions ici, l'autre
jour, dans le Cc~~OM. Nous aurons des
conseillers qui vaudront nos députés.
Nos Echos
Z~ rCMÎp~– 47jMtM ~M
En France, la pression barométrique est unifor-
mément élevée, mais la baisse d'Irlande se fait déjit
sentir sur les côtes ouest. Le vent tend i tourner de
!'E. vers )e S.; le temps est au beau, la tempéra-
ture v-t s'étever.
AUJOURD'HUt v
A 6 heures et demie, d!ner
Pendant la dnree du dîner, l'orchestre de
M. Desgranges jouera dans la nouvelle salle de
musique.
MENU
Potage consommé aux laitues royale
Hors-d'œuvre
Truite saumonée sauce Régence
Croquettes Dauphine
Filet de bœuf & la Chateaubriand
Canetons de Rouen aux petits pois
Poularde de la Bresse au cresson
Satade
Artichauts à la barigoule
Gâteau mousseline à 1 orange
Glace
Vanille et fraises
Desserts
fromages, fruits et petits-four*
Le salon des dames est ouvert aux v~ageurs.
Piano, orgue, tables de jeux. Diner qla carte
au restaurant. Billards au Café Divan.
Le programme du dîner-concert. (Voir à lt
4~ page.)
<' page.) r
Au Théâtre-Français. Z.e MoK~e ott l'on
t'en/utte.
A rOpéra-Comiquo. Hct~p.
OEMAtM
A l'Opéra. Aïda.
Au Thé&tre-Franç.ais. f/Aectre et le Gendre
de M. Porter.
A l'Opéra-Comique. Les DMm
LA POL!T)OUE ,,rv
Le nouveau ministre de Grèce à
Paris, M. le prince Mavrocordato, a
rendu visite hier au ministre delà ma-
rine.
M. l'amiral Jauréguiberry a félicité
vivement le ministre de Grèce de ce
que cette nation avaitenvoyé à Alexan-
drie'deux navires de guerre. i,
-M~tXt~
LE MONDE ET LA VtLLE
A deux heures, courses à Auteuil.
Favoris de Sir Bevys: r;
Prix du Vieux-Rouen. Borest.
Prix Magenta.–Cynthia..t~
Prix Reugny.– Canot. <~
Prix des Tilleuls. Negro.
v
Le mariage de S. A. R. le prince Ar-
nolphe de Bavière avec S. A. la princesse
Thérèse Marie Joséphine Marthe de
Lichtenstein vient d'être ofnciellement
notiné aux chefs de gouvernement par
S.M.leroideBaviëre.
Dans sa séance d'hier, l'Académie des
sciences morales a décerné à M. Wua-
rin, pour un mémoire sur les droits et
les devoirs de l'Etat et des familles dans
l'éducation, un prix de 2,000 fr.
A M. Achille Luchaire, professeur à
la Faculté des lettres de Bordeaux, un
prix de 3,000 fr., pour une histoire des
premiers Capétiens.
Elle a remis au concours jusqu'au
31 décembre 1883. l'histoire de la che-
valerie. Le prix est de i,SOO fr.
EnRn, elle a donné pour nouveau sujet
de concours la politique du roi Char-
les V. Le prix est également de 1,500 fr.
II arrive souvent que l'Académie double
la valeur du prix, quand le mémoire
lui paraît digne d'une récompense ex-
ceptionnelle. C'est ce qu'elle a fait hier
pour M. Achille Luchaire.' `
Le conseil supérieur, de l'instruction
publique sera convoqué pour le 18 juil-
let prochain.! 1 Il
IF aura à statuer sur le règlement d'é-
tudes et sur le programme de l'ensei-
gnement que la section permanente pré-
pare pour assurer l'application de la
nouvelle loi sur l'enseignement obliga-
toire et laïque dans lesécolesprimaires.
En ce qui concerne le programme de
l'enseignement, la section permanente
a à'régler la substitution' de l'eMs~ïe-
MM~< MMy'a! ct'p~Me à l's~!
gnement civique est déjà arrêtée; elle
comprend des notions sur l'organisa-
tion générale du pays, au point de vue
des institutions et de l'administration.
La partie concernant l'enseignement
morafn'est pas encore élaborée. M. Paul
Janet a été chargé de préparer un pian.
qui servira de base au projet qu'il s agit
d'élaborer.
Le conseil d'administration de la so-
ciété des artistes ïrançais vient de dé-
cider qu'une quête en faveur des israé-~
lites de Russie serait faite le mardi 20,
juin, jour de la fermeture du Salon, au*
palais de l'Industrie, porte d'entrée de <
îa sculpture.
Hier, à deux heures de Faprès-midi/a.
eu lieu la dernière séance du congrès
des architectes, sous la présidence de
M. Bailly, membre de l'académie des
beaux-arts.
Cette réunion a été uniquement em-
ployée à la distribution des récompenses
accordées par la Société centrale des ar-
chitectes.
Nous donnons seulement les noms des
principaux lauréats.
Médailles d'argent MM. Louis Bor-
mer; Alphonse-Alexandre JBefrosse,
élève de M. André; Georges Gra.rdët;
Emmanuel CavaiIIé-Coll, élève de Ru-
prich-Robert.; Antoine Lecomte, é)6ve
de MM.Vaudremer et Paulin Jean So-
beck.
Médailles de .bronze:MM. B. Houis-
soullier, élève .de l'école de France à
Athènes; Charles Metay, élève de M.
Richer.
Mentions honorables MM. Eugène
Monnier, Léon Rivière, Edmond Pou-
lin, etc., etc.
C'est aujourd'hui, à deux heures et
Nemie, qu'aura lieu la distribution des
prix aux jeunes nlles de l'orphelinat
aisacien-Iorrâin du Vésinet.
La cérémonie, à laquelle on doit don-
ner un caractère solennel, sera présidée
par M. Xavier Marmier, membre de
l'Académie française, qui prononcera
un discours.
i~Le double suicide de Mîtes Aline Ren-
aëville et Marie Damain, qui a si vive-
ment impressionne la socitété viennoise
et le monde parisien, continue à être
ehtouré de mystère.
'Voici quelques détails qui nous par-
vtennent et qui, loin d'éclaircir l'affaire,
semblent plutôt l'embrouiller.
Mlles Renneville et Damain sont arri-
vées à Linz. petite ville située sur les
bords du Danube, à trente lieues de
Vienne environ, le 12 juin. C'est dans la
nuit du ~3 au d4 qu'elles mirent à exécu-
tion leur fatal projet. Elles pénétrèrent
dans le parc du château d'Ottenheim,
appartenant au comte de Condenhove,
et ce ne dut pas être sans difncultés,
car ce parc est entièrement clos et gardé
par plusieurs chiens. Arrivées devant le
château, elles armèrent les revolvers
qu'elles portaient sur elles, et en tirèrent
plusieurs coups à travers les fenêtres du
rez-de-chaussée, dont on a trouvé les vo-
lets percés par les balles.
Cet acte est ce qu'il y a de plus cu-
rieux dans l'affaire, car on s'explique
difficilement le but de ces jeunes per-
sonnes en tirant ainsi dans la demeure
du comte de Condenhove. On suppose,
et la chose est assez vraisemblable,
qu'elles ont espéré atteindre un habi-
tant du château qui ne serait autre que
le nls du comte, dont elles voulaient se
venger. Mlles Renneville et Damain
n'ayant pas réussi dans leur projet, ont
tourné contre elles-mêmes leurs armes,
qui ont été retrouvées à leurs côtés le
lendemain du suicide.
Mme Hortense Damain, tante de l'une
des victimes, est au désespoir et ignore
encore le véritable motif qui a poussé
sa'niëce a cette triste extrémité.
Une bonne histoire qui défraye les
couloirs du Palais, à Besançon.
M. le premier président Chauffour
voulait convoquer différents magistrats
pour faire une visite au nouvel arche-
vêque, Mgr Feulon il leur écrivit
< M. le vicaire général de Farcbevê-
ché me fait savoir que le ~M~ï/*g de ce
poste, etc., etc.
Par ce procédé de style assez habile~
M. Chauffour a aussi bien évité la qua-
lification de monseigneur que le mot
< monsieur
C'est le comble de l'opportunisme.
M. James Gordon Bennett, le richis-
sime directeur du ~Vew-Ko)~ .HcrsM,
vient de faire don de cinquante mille
dollars, en obligations des Etats-Unis, à
la veuve du capitaine de Long, qui com-
mandait l'expédition de la .7e
Les rosières ont encore du pain sur
la planche, grâce à quelques âmes gé-
néreuses qui n'oublient pas que la vertu
a besoin d'être récompensée.
M. Préaux, qui a fait en mourant des
legs nombreux à la commune de Mon-
treuil-sous-Bois et au onzième arrondis-
sement, peut compter parmi ces per-
sonnes pieuses qui donnent leurs capi-
taux pour conserver un capital. Il a
donné au onzième arrondissement une
rente de 2,800 francs, destinée à doter
deux rosières.
M. Emile Krantz, maître de conféren-
ces à la Faculté des lettres de Nancy,
soutiendra les deux thèses suivantes
pour le doctorat devant la Faculté des
lettres de Paris, en Sorbonne, le ven-
dredi 23 juin, à dix heures et demie du
matin.
Thèse latine De c
Thèse française ;SM~
'Un grand banquet réunira. le 23 juillet
1& plupart des artistes français qui tien-
nent à célébrer la constitution défini-
tive de leur Société libre.
On nous annonce le mariage de Mlle
Marguerite Le Serurier, nlle du direc-
teur des douanes de Marseille, avec
M. Jules Gravier, beau-frère de M.Emile
Oïlivier.
!Les obsèques du général de Cissey au-
ront lieu demain lundi, à midi précis, à
régHse Saint-Pierre du Gros-Caillou.
NOUVELLES A LA MA
Un bien joli mot de la vicomtesse
deR.
L'autre soir, il y avait une petite fête
intime chez la princesse de X.
La gracieuse vicomtesse improvise
une quête pour les isFa~ites de Russie,
et, de sa blanche maia, tendant une cor-
beille aux invités:
Messieurs, dit-elle, ~o~ des ri-
C/:M/
Peut-on dénnir d'une façon plus spiri-
tuelle lâchante?
Notes d'aJbum
Les femmes &im
jets. parce que les mauvais sujets sont
des individus qui aiment ies femmes.
H y a une femme plus j.olie qu'une
jolie femme. c'est une femme laide qui
ptaît.
x Se repentir sans se corriger, c'est
pomper dans un navire sans boucher
îes voies. D
MH DOMtM*)
PETtTE BOURSE DU 80!R
DtX HEURES
3 0/0. 8135,15.
50/0. 114 95, 61, 62.
Turc. 1815,20,10.
Italien. 90 89, 85.
Egypte. 30750,300,30187.
Banque ottomane. 768 75, 65, 12, 67.
Extérieure. 2811/16,5/8.
Actions Rio. 606.
Lots turcs. 5575.
0
RETOUR AU LOC!S
A la station de X.-sur-Orne, trois voya-
geurs descendent: père, mère et fille.
Le père décoré, trapu, bourru parle
haut et bref capitaine de dragons démis-
sionnaire a conservé les allures de son
ancienne profession; avec cela, un reste de
race, mais gâté par les petitesses de la pro-
vince et les mesquineries d'une fortune
restreinte.
La mère, pointue, aigüe, nerveuse a été
jolie ni genre, ni tournure dents lon-
gues et bandeaux plats.
La fille, agitée et colorée mouvements
saccadés d'une personne qui n'a pas tout
ce qu'elle désire.
Ils reviennent « bredouille D de Paris,
où ils étaient allés à la recherche d'un
<: mari t.
Les gen~ d'équipe les saluent; le chef de
gare s empresse autour d'eux ils sont
<: quelque chose dans le pays.
Un petit breack défraîchi, attelé d'une
grosse jument pommelée, les attend à la
sortie. Le domestique, à doubles fonctions
d'écurie et d'intérieur, porte un chapeau
ciré orné d'un galon d'argent sa capote, à
double fin, comme lui, tient le milieu en-
tre la redingote anglaise et le pardessus,
de sorte qu'il a trop chaud en été, et très
froid en hiver.
Un âne, attelé à une petite charrette et
mené par un homme en blouse, emportera
les bagages.
Les deux serviteurs paraissent heureux
de revoir leurs maîtres, qui doivent être de
bonnes gens, mais qui ont, en ce moment,
la mine déconfite de chasseurs rentrant au
logis sans gibier.
Dans le voisinage, il n'y a « rien pour
Léontine, dont les vingt ans sont sonnés.
Elle a certes encore du temps devant elle
mais, néanmoins, il ne faut pas s'endor-
mir les années viennent si vite Et c'est
diablement ennuyeux de s'être saigné aux
quatre veines pour faire le voyage de Pa-
ris, très coûteux, car on ne passe pas deux
mois à l'hôtel sans y laisser des plumes, ~et
les voitures sont ruineuses
La tante de Léontine, qui habite rue de
Vaugirard, avait promis de lui trouver un
mari, et le fait est qu'il y a eu quatre en-
trevues on allait s asseoir au Luxembourg
au pied d'un groupe, ou d'une statue le
candidat passait, puis, jouant l'étonne-
ment, s'arrêtait; mais le chinre de la dot
l'empêchait de revenir à la rescousse, et le
fait est que six mille livres de rente, en ma-
riage, c'est une vraie plaisanterie Aussi
avait-on soin de dire seulement, au début
On eut donc beau acheter des costumes
au ~oK Af~'cA~etdes chapeaux au ZoMf~,
aucun des < quatre ne .mordit à l'hame-
çon. Léontinesent trop son cru pour enle-
ver un mari on voit au'elle a. grandi à
l'ombre des pommiers beaucoup de cor-
rection dans la tenue et pas le moindre
< chien Vivant dans la crainte de sa
mère, n'osant ni se mouvq~r m parler, elle
a été muselée et garrottées « dès l'âge le plus
tendre Les /MM/!fr~ font bien
mieux leur chemin.
Le breack arrive à la grille, tourne au-
tour du gazon et s'arrête devant le perron
la demeure n'est ni château, ni maison ni
chalet, ni villa; c'est une bâtisse faite de
pièces et de morceaux, à époques diffé-
rentes tout cela, du reste,!assez gentiment
tapissé de plantes grimpantes, et d'espa-
liers. L'intérieur est d'une propreté imma-
culée, mais des meubles~raides et disgra-
cieux, des tableaux horribles et des porce-
laines sans valeur exposées en guise d'or-
nements. Les deux fortes Normandes ser-
vant de cuisinière et de femme de chambre
s'empressent d'ouvrir toutes les fenêtres
« pour chasser l'odeur de renfermé &.
« Monsieur va tout de suite passer la
revue de son jardin; les allées sont bien
râtissées, mais rien ne mûrit, en raison de
cette affreuse humidité; le jardinier est
découragé. Quant à monsieur, il est telle-
ment vexé d'avoir semé son argent sans
récolter un gendre, qu'il s'aperçoit à peine
que ses légumes pourrissent en terre, et
que ses fruits tombent des arbres avant de
rougir.
« Madame "'jette sur toutes choses un
coup d'œil qui ressemble à un coup de
poinçon, et on entend tinter ses trousseaux
de clefs d'un bout à l'autre de la maison.
Léôntine est allée droit à sa chambre.
Très triste, la pauvre fille t Serait-elle con-
damnée à une solitude pénible? Elle se
fait delà vie conjugale un tableau enchan-
teur, tandis que, dans cette vieille maison,
son existence est aussi courte que l'horizon,
borné, àpeu de distance, par la grande ligne
de peupliers bordant la rivière.
Les seules distractions du voisinage sont
tantôt un déjeuner solennel chez la mar-
quise douairière, où on parle bas comme si
on était à l'église tantôt un dîner chez les
du Fresne, ou les du Poirier, où tout est
froid le pavé qu'on a sous les pieds, les
mets péniblement confection-nés, et sur-
tout la conversation, chacun se surveil-
!&Bt soi-même pour être suffisamment
pompeux. Puis, quand il faut rendre ~es
politesses f, c'est etfequi cueille les neurs~,
îes jambes dans la rosée et latête au-.s~
leil. I.
chercher à une lieue, couperait l'un~pf-
mité de la semaine, si on s'y rendait t~-
jours en voiture; mais l'ex-capitaine'd~
dragons a conservé, de son ancien métier
un tel respect du cheval, qu'il ne permet
pas que <-la grise attende, quand~il pleu~
pendant une heure et demie devant le por-
tail, de sorte que ces
Elle n'a pas la ressource de ~'attacher
aux petites choses du foyer, sa mère là-te-
nant, avec un soin jaloux, éloignée de tout
commandement; et, si elle ris<~e une pro-
position pour changer seulementun meuble
de place, le veto maternel se fait entendre~
maigre et strident; alors le bon capi~n~
dit philosophiquement à sa fille <ï'Que
veux-tu, mon enfant, ta mère a toujours:
été comme cela t~ r
Le cœur de Lépntine se replie sur lui"
même; l'ennui l'étreint; cherchant dans
ses rêves ce que la réalité lui refuse, elle
caresse l'image d'un inconnu qui pourrait
luidonnerdu même coup bonheur et li-
berté mais cet inconnu ne vient pas frap-
per à la porte de la triste demeure,'et,
quand elle a couru à Paris dans 1'espo.tE
de le saisir au vol, e il a passé comme u~
fleuve rapide en son cours, & laissant'' à
peine dans son souvenir l'empreinte ds
quatre Jmpustaches ou barbes blondes et
brunes, d'un geste, ou d'un.regard car;.
pour elle, « les quatre ne font qu~ « un
c'est-à-dire < le mari D désiré et attendu
en vain, oiseau difficile à prendre, et qui
ne se laisse mettre que dans une cage
dorée x..f
SHOCKtMC.
MASSAME DE LA MtSStOM CREVAI
Un avis de Tarija, parvenu au consul de
la République argentine àTupiza., annonce
que l'expédition du docteur Crevaux a étc
massacrée par les Indiens Tobas tandis
qu'elle remontait le Pylcomayo.
Le docteur Jules Crevaux, que l'on peut
inscrire parmi les premiers explorateurs
tractais, avait inspire une grande con-
iiance au ministère de tl'instruetion publi-
que, et les Chambres avaient voté un crédit
de 70,000 francs pour la mission. Le doc-
teur devait remonter le Paraguay, et re-
descendre par un des grands affluents de
l'Amazone. La mission devait parcourir
3,600 kilomètres de pays fort peu connus.
Des dix-neuf membres qui faisaient par-
tie de l'expédition, aucun n'a échappé à I&.
mort. Le docteur Crevaux a été tué à la
tête de ses compagnons.
Parmi les compagnons du docteur se
trouvaient, entre autres, les Français:
MM. Billet, jeune astronome de grand
avenir; Jules Ringe], dessinateur; Ernest
Haurat, marin timonier breveté, et Joseph
Didelot, aide.
Le massacre de la mission Crevaux était
connu à Buenos-Ayres dès le 13 mai. Com-
ment s'expliquer que nous apprenions; l'é-
vénement seulement aujourd'hui ?
Le docteur Crevaux avait entrepris sa,
périlleuse expédition scus le patronage du
ministère de l'instruction publique. Il est
inadmissible que la désolante nouvel~
n'ait pas été transmise immédiatement. Ce
retard donnerait encore le droit d'espérer
que la nouvelle est controuvée.
C'est au milieu de sa course, et proba-
blement vers le S5 mai dernier, que l'ax
pédition aurait été massacrée par les an-
thropophages Tobas.
C'était le quatrième voyage d'explora.
tion tenté par le docteur. La Fr~acë perd
en M. Crevaux un homme d!un!e grande
énergie, d'un ardent patriotisme et qui.
aurait encore, sacs doute, ajouté; quelques
fleurons à la couronne déjà si rMhe. das
explorateurs français.. s" mn~
tOUtS '.t.~MB~f t;
H!STO)RE VRAtE
Un grand vent sou'fûait au dehors, un
vent d'automne mugissant et galopant,
un de ces vents qui tuent les dernières
feuilles et les emportent jusqu'aux
nuages.
Les chasseurs achevaient leur dîner,,
encore bottés, rouges, animés, allumés.
C'étaient de ces demi-seigneurs nor-
mands,mi-hobereaux, mi-paysans, riches
et vigoureux, taitlés pour casser les cor-
nes des bœufs lorsqu'ils les arrêtent
dans les foires.
Ils avaient chassé tout le four sur les
terres du maître Blondel, le maire d'E-
parville, et ils mangeaient maintenant
autour de la grande table, dans l'espèce
de ferme-château dont était propriétaire
leur hôte.
Ils parlaient comme on hurle, riaient
comme rugissent les fauves,'et buvaient
comme des citernes, les jambes allon-
gées, les coudes sur la nappe, les yeux
luisants sous la namme des lampes
chauffés par un foyer formidable qm je-
tait au plafond des lueurs sanglantes; us,
causaient de chasse et de chiens. Mais
ils étaient, à l'heure où d'autres idées
viennent aux hommes, à moitié gris, et
tous suivaient de l'œil une forte nUe aux
joues rebondies qui portait au bout de
ses poings rouges les larges plats char-
gés de nourritures.
Soudain un grand diable qui était de-t
venu vétérinaire après avoir étudié pour
être prôtre, et qui soignait toutes les
bêtes de l'arrondissement. M. Séjour,.
s'écria < Crôbleu, maît' Blondel voujs
avez là une bobonne qui n'est paspiqu~a
des vers.
Et un rire retentissant éclata. Alors
un vieux noble déclassé, tombé dans
l'alcool. M. de Varnetot, éleva la voix.
< C'est moi qui ai eu jadis une
drôle d'histoire avec une nllette comme
ça!. Tenez, il faut que je vous la raconte.
Toutes les fois que j'y pense, ça me rap-
pelle Mirza, ma chienne, que j avais ven-
due au comte d'Haussonnel et qui reve-
nait tous les jours, dés qu'on la lâchait,
tant elle ne pouvait me quitter. A la nn
je m'suis fâché et j'ai prié l'comte de la
tenir à la chaîne. Savez-vous c' qu'elle a
fait e'ie bête ? Elle est mpr~e de chagrin
",d
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