Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-06-17
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 juin 1882 17 juin 1882
Description : 1882/06/17 (Numéro 1008). 1882/06/17 (Numéro 1008).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k524272c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
PARIS & ë& centimes. DÉPARTEMENTS ET GARES S~ CENTIMES/
Samedi 17 'Jum 1888
QohM~me ~nn~ –D~~d~e Séne~-NuaaBw 1008
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ANNONCES
MM. Ch. )ma:r<*nge, Ceft e* W"
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~TTIjBS SIMON
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ABONNEMENTS
fA)ns Troto mois. o ~t er. )~
B!)tfA)tTRÉDACTION
boHteTDB MUX HBUatS A MtNUtT
tM MANCSCRtTS N)t SERONT PAStHmCOt
~~]M:~M'.AtT«~
QUELQUES MOTS SUR LA REFORME JUMCtAIRE.
!'<.OS.~CHOS. U~Do!Mt~O.
LK (ÎËNMAL DE CtSSEY. t.0ttt< j~a~eft.
SOUS LE MASQUE. VK)!<'Mt.
GALERtE POLITMUE LE COMTE DE DOUVtLLE-*
MA!LLEFEU.–X.
COULISSES PARLEMENTAmES. T'Oee''Hy.
LETTRE BE RUSS!E.– Com
AFFAIRES D'EGYPTE.– L.
A fRA VERS LA PRESSE.–CK~OiCe~0.
JOURNAL OPPtCtEL.
CONSEIL GÉNÉRAL.
CONSEIL MUNICIPAL.
CBMNtQUE oES TMBUNAOX. Ma~re JC.
LA BOURSE. ~Mrt J'rte<)!<.
T&LÉORAMMES ET CORRESPONDANCES. C. MM*.
LES LIVRES.
NOUVELLES DIVERSES. Gt(e.EcHos DES THÉÂTRES. ~4rt~ttr CattteL (
FEUILLETON: LES ENFANTS DELA BALLE.Mt D
'1 OUEL~ES M6TS
SUR ~À RÉFORME JUD!CtA)RE
De tout temps, les journalistes et loss
députés ont cherché & prendre leurs ad-
versaires en contradiction. < Voilà ce
t[ue vous dites aujourd'hui mais, H y a
vingt ans, vous diriez précisément le
contraire. Cela ne prouve pas grand'-
chose pour le fond de la question; mais
c'est quelque chose de diminuer l'auto-
rité d'un adversaire, de faire une petite
tméchahcëté et d'amuser la galerie.
On peut répondre très sérieusement
qu'il serait fâcheux, pour un homme d'a-
voir éternellement la même opinion sur
la même question. Il encourrait un au-
tre reproche, qu'on lui ferait avec le
même plaisir, et les mêmes applaudis-
sements de la galerie. On lui dirait:
& Vous n'avez rien appris et rien oublié. »
II est certain qu'un homme politique
peut modiner ses opinions par l'étude,
par l'expérience, et qu'il doit lesmodi-
ûer quand les circonstances elles-mêmes
sontdiSérentes. Ce qui est bon pour une
situation est mauvais pour une autre. Il
n'y a qu'une chose qu'on puisse légitime-
ment considérer comme une faute et
comme une honte: c'est un changement
motivé par un intérêt. Avoir une opi-
nion, la défendre avec talent et courage,
et tout à coup la déserter, ou même pas-
ser à l'ennemi, pour devenir ministre,
ou pour gagner une place, ou simple-
~entpour réussir dans nne~ éjection~
c'est une apostasie, qu'on ne saurait trop
flétrir. Mais s'apercevoir qu'on a fait
fausse route, et le déclarer simplement,
au risque de perdre sa popularité et
peut-être de compromettre sa réputation,
c'est un acte de loyauté et de courage,
qu'on devrait honorer, ce nous semble,
si la justice était maîtresse de ce monde.
Il y a donc des contradictions honora-
bles et des contradictions déshonorantes,
et il est facile de discerner entre les
deux, par le succès.
II y a aussi de vraies et de fausses
contradictions. Par exemple, sur la ma-
gistrature. Se déclarer pour l'inamovi-
bilité et admettre la suspension, c'est
une contradiction vraie; car l'inamovi-
.Jbilitôavec suspension, c'est le contraire
de l'inamovibilité. Mais, si quelqu'un est
à la fois pour l'inamovibilité et pour l'é-
lection, pourquoi dit-on qu'il se contre-
dit ? Est-ce qu'on n'a jamais élu, dans
aucun pays, à des fonctions inamo-
.vibles?
En France, les sénateurs inamovibles
sont élus. Les professeurs de facultés,
qui sont inamovibles, sont aussi élus.
Bornons-nous à ces exemples; nous en
pourrions trouver d'autres. Celui des
professeurs est très bon, parce qu'on n'a
jusqu'ici critiqué ni le mode d'élection,
ni l'inamovibilité de l'élu. En effet, le
Collège de France et l'Institut sont de
meilleurs juges que le ministre de la
capacité d'un lettré, ou d'un philosophe,
où d'un savant et, si le professeur n'est
pas inattaquable dans sa chaire, adieu
l'indépendance et l'autorité de son en-
seignement. On peut donc concevoir un
magistrat élu et inamovible. Si quel-
qu'un a cette opinion, on a le droit de
soutenir qu'il se trompe mais on n'a
pas celui de dire qu'il se contredit.
L'autre jour la Chambre a. voté que les
magistrats seraient élus. Elle aurait
mieux exprimé sa pensée en votant
qu'ils ne seraient plus nommés par le
ministre; car c'est là tout ce qu'elle a
décidé, et la preuve, c'est qu'on se de-
mande à présent de tous côtés si l'élec-
tion se fera par le sunrage universel ou
par un collège spécial.
L'opinion qui court dans le public,
c'est que la majorité des votants avaient
en vue le suNrage universel. C'est une
cause d'alarmes pour beaucoup de
bons esprits. Ils croient que, si le suf-
frage universel est chargé de l'élection,
tise décidera par des raisons politiques,
ce'qui nous donnera. la pire des magis-
tratures.
'Ce serait bien mal connaître les
hommes que de dire qu'ils se décideront
par la question d'aptitude profession-
nelle. Ils choisiront celui qui pensera
comme eux, et tout spécialement celui
qui pensera comme eux au sujet de la
propriété. Les élections seront politiques
et socialistes. Est-il bon de subordonner
ainsi la justice à la politique ? Nous pen-
sions tous, il y a moins d'un mois, qu'il
fallait les séparer de plus en plus.
Mais, à quelques-uns de ceux qui
..M'O-J~D B.1
donnent ces raisons, on objecte qu'ils
ont fait l'éloge des prud'hommes et des
juges consulaires. Contradiction) con-
tradiction! H n'y a pas contradiction de
leur part H n'y a que confusion de la
vôtre. Oui, les prud'hommes et les juges
consulaires sont des juges élus, et de
bons juges mais ce ne sont pasdesjuges
élus par le suSrage universel. On n'a
jamais demandé aux rentiers et aux
médecins de prendre part à l'élection
des prud'hommes, qui n'auront jamais
à s'occuper .d'eux.
Les .~commerçants et les industriels
nomment leurs juges. Il y a beaucoup à
dire sur la manière dont se font les élec-
tions. On pourrait prétendre à la. rigueur
que.la nomination desjuges consulaires,
telle qu'elle se pratique aujourd'hui, réas-
semble plutôt à une coaptation qu'à une
élection. Quand même on rendrait ces
élections plus démocratiques, et quand
on les transformerait en élections véri-
tables, on serait encore bien loin des jur
ges élus pour le suffrage universel,
c'est~-dire des juges essentiellement et
principalementpolitiques.
M. Jutes Simon, qui est partisan de
l'élection des juges, avait présenté en
1880 un projet de loi qui établissait un
collège spécial. Les magistrats, les avo-
cats, les officiers ministériels, et les pro-
fesseurs des facultés de droit en fai-
saient partie. Le gouvernement choisis-
sait sur une liste de deux candidats,
comme pour les chaires du haut ensei-
gnement. C'est le système proposé par
M. Georges Picot dans son beau livre
sur la réforme judiciaire. Il est pratiqué
avec succès en Belgique.
M. Dufaureavaitun système différent.
Il maintenait la nomination ministé-
rielle, avec les présentations du premier
président et du procureur général,
comme cela se pratique aujourd'hui, et
c'est la toute-puissance ministérielle,
puisque les chefs de cour dressent ar-
bitrairement leurs listes, qu'elles ne
sont pas rendues publiques, et que le
ministre est parfaitement libre de faire
son choix en dehors des présentations.
Mais M. Dufaure établissait des con-
cours à l'entrée dans la carrière. C'est
un système particulier. Il y en a quatre:
la nomination pure et simple, comme
aujourd'hui; -la nomination, avec con-
cours pour les places d'attaché, système
Dufaure, l'élection par le suffrage uni-
versel, et ennn l'élection par collège
spécial.
Si l'on conserve l'institution d'une car-
rière de la magistrature, sous voulons
bien que les jeunes gens y soient appe-
lés par le concours, au lieu d'y être ap-
pelés ptr la faveur. Mais nous n'aimons
pas beaucoup que la magistrature soit
une carrière, et qu'on se destine à être
magistrat, comme on se destine à être
médecin. Nous comprenons mieux qu'on
se destine à être jurisconsulte, sauf à
entrer un jour dans la magistrature ou
l'enseignement. Il n'est pas nécessaire
qu'on soit magistrat toute sa vie, ni
qu'on le soit presque au sortir de l'école.
En Angleterre, on n'arrive à lamagis~
tr&ture que par le barreau, on apporte
une renommée toute faite, et des habitu-
des supérieures d'impartialité.
Tout a des inconvénients. Il y en a à
donner pour chef suprême à une cour
un avocat, quel que soit son mérite, qui
devient l'arbitre des destinées de tous
ces vétérans et de tous ces méritants.
Mais l'abus est plus criant si c'est le mi-
nistre qui fait-ce choix. On peut croire
qu'il paie 'des services politiques, ou
qu'il obéit à la camaraderie.
En toutes choses, il est conforme à
l'esprit moderne, d'être jugé et
promu par ses pairs.
Nos Echos
~F Ze rewp~ ~6 jMtM ~M
En France, !e vent devient faible partout, !e
temps se met au beau et ta température va conti-
nuer à remonter, se rapprochant de !a normate.
AUJOURDHUt
A 6 heure* et demie, dtner tu Grand-Hôtel
admission jusqu'à 7 heurea.
Pendant la durée du dtner, l'orchestre de
M. Desgranges jouera, dan* la nouvelle salle: de
musique.
MKHO
Potage gluten au consommé
Hors-d'œuvre
.Turbot sauce hollandaise
Pommes de terre à l'anglaise
Aloyau aux racines
Caisses de ris d'Agneau à la parisienne
Chapona du Mans au cresson
Salade
Epinàrds au velouté de volaille
Tartelettes de fruits
-;c~ Glace
r 'Bombe Chateaubriand
Desserts 'r
~roBMge*, Cruits et petits-fouM v
Le salon de* dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgue, tables de j~ux. Dtner la carte
au restaurant. Billards au Café~Divan.
Le programme du dtner-eonojMt. (Voir à it
4'page.)
-J.
A l'Opéra.–frcMcoMedeJïwtMtt.
Au Thé&tre-Francais. Les PornMtrfKtM et 0~ ~e ~acM~e p A f'Opéra-Cbmique Les ~Voce* de Jfïpttro.
OEMAtM
Au Théâtre-Français. Le J~t'e/t~Mte.
A l'Opéra-Comique. Nixy~e.
LA POt.tTtqUE
On annonce qu'en présence des évé-
nements les puissances vont adresser à
1& Torqme une sommation d'avoir,
dans les quarante-huit heures, à adhé-
rer à la conférence.
Le ministère des ana.ires étrangères~
qui avait d'abord décidé d'étendre le
prochain Livre jaune jusqu'au 18 février,
a décidé de donner plus d'extension à
ce fascicule et de le porter jusqu'au 15
mars.
Le second fascicule, qui sera distribué
concurremment avec le .B~glais, ira da 15 mars au 15 mai.
La publication de celui allant jusqu'au
15 mars reste Sxée à jeudi prochain.
M. Léon Say, ministre des nuances,
assistera après-demain dimanche, au
Raincy, avec le préfet, les sénateurs et
députés de Seine-et-Oise, au banquet
d'inauguration du nouveau canton.
Le successeur du baron d'Oabril à
l'ambassade de Russie à .Vienne sera le
prince Lobanow, qui représente le Czar
à Londres. Il ~.1
LE MONDE ET LA V)LLE
Le prince Alexandre de Bulgarie a été
notre hôte pendant quelques jours. Il à
mené joyeuse vie à Paris, qu'il n'a aban
donné qu'à regret, pour se rendre à
Vienne, où il est arrivé avant-hier so~r.
La distmbution des prix aux jeunes
nlles de 1 Orphelinat alsacien-terrain du
Vésinet a~~ lieu, dans les jardins de
l'établisséBMht, le dt~anche 18 juin, à
deux heures et demie.
Cette distribution, à )aque))e la fanfare
du 11" chasseurs de Saint-Germain prê-
tera son concours, sera présidée par
M. Xavier Marmier, de l'Académie fran-
çaise.
Le comité sera reconnaissant aux per-
sonnes qui, voulant s'intéresser aux
œuvres de la Société de protection, lui
feront l'honneur d'assister à cette petite
fête de l'enfance.
L'heure du départ à la gare Saint-La-
zare est nxée à une heure trente-cinq
minutes.
Le comité supérieur des beaux-arts a
voté, hier matin, des bourses de voyage
aux artistes dont voici les noms, avec
l'indication des œuvres qu'ils ont expo-
sées au Salon de cette année
jPe~MMarthe et Marie); A. Berton (Eve; la
Femme à la Rose) Bompard (Un Cul-
de-Jatte) Meys (Nereis).
~cM~plâtre) Pezieux (.ZV'~ ornées ~orù~Mr,
groupe plâtre); Massoulle (Un Ancêtre,
statue plâtre) Cordier.
~'c/
Lescure); Julien (Cercle des beaux-
arts~ v
Un de nos confrères du matin a an-
noncé hier le mariage, à Londres, de
Mite Renée de Pont-Jest avec M. Lucien
Guitry. Le fait est exact mais il faut le
dégager de tout incident romanesque.
En raison d'un deuil récent de famille,
les intéressés ont cru meilleur que cette
union fut contractée en Angleterre, de-
vant l'autorité civile et à l'église, en
attendant la célébration du mariage
français qui ne'pouvait ~e faire qu'après
certains arrangements d'aSaires de fa-
nulle.
Les jeunes époux partiront ensuite
pour la Russie, où M. Lucien Guitry est
engagé à de superbes conditions.
Réception charmante et très aristo-
cratique, avant-hier soir, chez M. et Mme
Morton, à la Légation des Etats-Unis.
De dix heures à une heure du matin,
les nombreux salons de l'hôtel de la lé-
gation, décorés avec un goût exquis,
ont vu dénier touteslespersonnalités du
monde ofnciel et étranger:
MM. le prince de Hohenlohe, Essad-
Pacha, le comte de Beust, Mavrocor-
dato, Marochetti, Mondes-Lea), de Blo-
witz, le docteur E. de Cyon, Dupuy de
Lomé, Azevedo, Carter, de Almeda, Ve-
la~co, de Rojàs, O'Connor, Barrington,
Hopkins, Tirard, Rduvier, de Courcel,
etc., etc. <
Beaucoup de jolies toilettes et nombre
de jolies femmes. La baronne Gustave
de Rothschild, en bleu; Mme de Arel-
lano, en bleu également; la belle Mme
Bucknell, en mauve Mlle Simpson, en
satin blanc; Mme Mendës-Leal, en gre-
nat la baronne de Reinach, en rouge,
etc., etc.
Au grand regret des ravissantes j eunes
nlles américaines, on n'a pas dansé, la
réception de jeudi étant strictement of-
Mme Morton, la gracieuse ambassa-
drice, qui a fait les honneurs de ses sa-
lons avec une affabilité parfaite, a pro-
mis de donner beaucoup de fêtes dan-
santes. l'année prochaine.
Une dépêche de Vienne nous annonce
que deux jeunes Françaises se sont sui-
cidées a Ottensheim,près de Linz, dans
le parc du comte de Condenhove.
Nos informations particulières nous
permettent de compléter les renseigne-
ments très succincts que nous transmet
le télégraphe.
Les deux jeunes Françaises sont Mlles
Aline Rennevilie et Marie Damain. Cette
dernière n'est pas une inconnue~our le
monde parisien. Niëëe d'Hortense Da-
main, l'ancienne actrice du Vaudeville
et du Gymnase, elle avait quitté Paris à
la suite d'un désaccord qui s'était élevé
entre elle et sa tante.
Marie Damain se rendit à Vienne, où
elle vécut pendant quelque temps avec
un personnage hatt placé à la cour, dont
nous tairons le nom par discrétion.
Elle travailla le théâtre, et devait
même débuter d'ici peu, grâce à la pro-
tection de l'intendant général des tnéâ-
tres, qui lui était très dévoué.
Devant de pareils faits, on s'explique
donc difficilement le mobile qui a poussé
la jeune artiste à cet acte de désespoir.
L'enquête qui a été aussitôt ouverte
par le parquet de Vienne éclaircirasans
doute ce mystère.
NOUVELLES A LA ~AtN
Le capitaine Régnier est venu passer
à Paris un congé de quelques jours.
Hier il entre pour déjeuner dans un
de ces restaurants où le consommateur
est empoisonné à prix fixe.
Il consulte la carte: « Trois plats au
choix.: lit-il.
Qu'est-ce que c'est que cette boîte ? '1
s'écrie le' vieux ratapoit. Tout est au
choix! On méprise donc l'ancienneté,
nom d'une bombe!
Notesd'album:
f On ne prête qu'à ceux qui n'ont pas
besoin, parce que ce s jnt les seuts qui
peuvent rendre.
Beaucoup de gens ne sont honnêtes
qu'en vue des avantages attachés à la
réputation de probité." »
UMOOMtNt
iS–e'
r'
JLe Générât ~eCissey
;M. le général Courtot de Cissey, séna-
teur inamovible, ancien ministre de la
guerre, grand-croix de la Légion d'hon-
neur, vient de mourir à Paris à l'âge de
soixante-douze ans. Il était depuis long-
temps malade, mais on espérait cepen-
,dao~ pouvoir le- sauver. Vaine espé-
rance Une crise subite l'a emporté au
moment même où il semblait hors de
danger. La France perd en lui un ser-
viteur dévoué, et l'armée un de ses
chefs les plus distingués et les plus
braves.
Admis à l'école de Saint-Cyr en 1830,
il devint sous-lieutenant en 1832, passa
ensuite à tEcole d'état-major et fut
pyonm lieutenant en 183S. Il serait trop
long de le suivre à travers ses campa-
gnes en Algérie. Partout, à Moasaïa, à
Mascara, à Isly, il se signala par son
courage et son sang-froid. Il prit part à
la guerre de Crimée et. fut nommé géné-
rât de brigade après Inkermann. De
retour en France, il alla commander en
Algérie la subdivision de Miiianah. En
1859, il fut nommé directeur des affaires
militaires et maritimes au ministère de
l'Algérie et des colonies, et il conserva
ces fonctio'ns jusqu'en 1860. Promu gé-
néral de division en 1863 et grand offi-
cier de la Légion d'honneur en 1867, il
fut mis à la tête de la 16° division mili-
taire à Rennes.
Lorsque éclata la. guerre avec la P russe,
M. de Cissey reçut le commandement
de la première division du 4° corps, sous
les~u'dres du généra) de Ladmirault.
IÎ se conduisit avec valeur aux'batailles
de Borny, Rezonville et Saint-Privat.
Apres la capitulation de Metz, contre
laquelle il s'était énergiquement pro-
noncé, il suivit en Allemagne nos trou-
pes prisonnières et fut interné à Ham-
bourg. Au cours de sa captivité, il eut la
douleur d'apprendre de la bouche même
du général de ManteuNel, la maladie et
la mort de Mme de Cissey, restée en
France. C'est en vain qu'il supplia nos
vainqueurs de lui laisser la liberté d'al-
ler assister la générale à ses derniers
instants le prince de Bismarck et le
comte de Moltke eurent la cruauté de
lui refuser l'autorisation de remplir ce
pieux devoir. Le général de Cissey ne
revint en France qu'après la signature
des préliminaires de paix. H fit partie de
l'armée réunie à Versailles pour com-
battre l'insurrection du 18 Mars, com-
manda le 2" corps, et entra le 22 mai,
par les portes du sud, à Paris, où un ha-
bile mouvement tournant fit tomber en
son pouvoir toute la rive gauche.
Lors des éfections complémentaires
du 2 juillet 1871, il fut élu à l'Assemblée
nationale par l'Ille-et-Vilaine et la Seine
il opta pour la Seine. Le 5 juin. M.
Thiers l'avait nommé ministre de la
guerre en remplacement du général Le
FM, envoyé comme ambassadeur à
Samt-Pétersbourg. Dès ce moment, il
travailla avec une grande, activité à la
réorganisation de l'armée.
La loi militaire du 24 juillet 1872,–
cette loi qui sera prochainement peut-
être remplacée par une autre plus défec-
tueuse était en grande partie son œu-
vre. Il la soutint brillamment. M. de
Cissey n'était pas, en effet, un médiocre
orateur. Il avait sur beaucoup de géné-
raux parlementaires cet avantage de
jpindre à une grande précision de lan-
gage une phrase facile et presque élé-
gapte. Il prit part à toutes les discus-
sions militaires, notamment à celle sur
la réforme du corps de l'état-major. Il
défendit l'ancienne organisation avec
z~e, mais l'on sait que son opinion ne
prévalut pas. L'avenir nous apprendra
s~l avait raison.
Il fut maintenu à son poste après la
chute du gouvernement de M. Thiers,
jusqu'à ce que le général du Barrai! eut
été désigné comme son successeur. Par
un décret du 31 mai 1873, la médaille
militaire lui fut conférée, sur un rapport
particulièrement élogieux du nouveau
ministre. Il était appelé en même temps
au commandement temporaire du 7"
corps d'armée et, peu après, à celui du
9" corps. La chute du duc de Brogiie lui
rendit son portefeuille. Il reçut en même
temps la vice-présidence du conseil.
A la suite de l'adoption de la Constitu-
tion du 23 février 187o. le cabinet tout
entier donna sa démission; mais, le 10
mars suivant, M. de Cissey rentra, pour
la troisième fois, au ministère de la
guerre. Il fut nommé sénateur inamovi-
ble par l'Assemblée nationale le 17 dé-
cembre 187S. Lors de la formation du
cabinet de MM. Dufaure et Ricard, il
conserva son porte feuille. Il le céda
au général Berthaut quelques heures
avant la formation du cabinet de M. Ju-
les Simon.
En 1878, M. de Cissey fut nommé au
commandement du 11" corps d'armée à
Nantes. On se rappelé dans quelle cir-
constance, il y a deux ans, il donna ;sa
démission.
Accusé par certains journaux d'a-
voir, étant ministre, sacriné at)x fai-
blesses de l'homme privé l~s. intérêts
de la France, en laissant dérober, au
pront de l'Allemagne, des documents
importants, il poursuivit ses diRama-
teurs devant les tribunaux. Cette triste
affaire, d'où il sortit pur ds tout repro-
che et lavé de la boue où il avait! été
traîné, eut pour épilogue une enquête
parlementaire qui se termina à la con-
fusion même de ceux qui l'avaient pro-
voquée.
il ne fut cependant pas réintégré dans
San commandement, et le général Farre
le fit exclure, malgré ses brillants états
de service, du cadre de l'activité.
MU'SttMBMT
PETtTE BOURSE DU SÔ)R
PtX HEURES
30/0. 81 35, 40.
50/0. 11485,95.
Turc. 1322,25,32.
ttaUen. 9020.10,12.17.
Egypte. 316 25,10, 75.
Banque ottomane. 780.
Extérieure. 285/16..
Actions Rio 610 08.
Lots turcs. 5575.
SOUS LE MASQUE
La princesse de Metternich est partie.
Emportera-t-elle dans un pli de sa robe le
dernier éclat de l'entrain que ses mains
blanches ont versé avec tant de profusion
sur notre saison printanière ?
R<:ine de cette féerie impériale dont le
luxe flamboyant éblouissait l'univers, elle
seule sut habiller de pourpre la folle gaieté
de cette cour grisée d'or, ivre de ses nou-
velles grandeurs. Puis alors que dans la
clarté mourante de ces feux d apothéose,
aux lueurs de Bengale, les blondes images
se sont envolées en décevants fantômes,
elle seule est demeurée le type charmeur
qui nous trouble et nous captive à chacune
de ses trop rares apparitions.
La princesse, dont a le petit doigt est
fée comme on disait autrefois, a dû dé-
couvrir quelque part la fontaine de Jou-
vence. N'étaient ses deux grandes filles, on
la croirait encore à l'apogée de ses vingt-
cinq ans. C'est la même taille élégante, la
même démarche cadencée, les mêmes
grands yeux dont la prunelle pâle semble
enfermer une bouteille de champagne, les
mêmes lèvres provocantes où se jouent
je ne dirai pas < les amours suivant la
vieille expression mais une volée de
lutins, espiègles, turbulents, railleurs et
tout prêts à s'échapper avec une fusée de
rir~
Elle ne fut jamais la plus belle elle est
restée la plus spirituelle, la plus aristocra-
tique, la plus « sirène –si j'ose dire la
plus irrésistible.
Nulle ne porte comme elle la robe à lon-
gue traîne, à laquelle elle sait donner cette
ondulation de serpent qui est un poème de
grâce. Nulle comme elle ne sait <: tout
dire en restant absolument grande dame.
Femme entre toutes, elle n'a jamais cessé
d'être ambassadrice et princesse.
Moderne, avec un haut ragoût du dix-
huitième siècle, c'est elle qui a dû inven-
ter le chic, cet enfant de nos fantaisies
maladives, qu'elle a légué à Paris en le
quittant, pour le vendre à l'univers an nom-
bre de ses articles les plus demandés.
La princesse, pas plus que le duc de
Morny, n'a fait école. C'est que tous deux
eurent une originalité trop spéciale pour
qu'elle pût être reproduite. Types inimita-
bles, c'est leur esprit même qui les a gui-
dés. Leur souveraineté s'est imposée, parce
qu'elle n'était pas voulue. Taillés à la me-
sure du siècle précédent, ils n'ont pu trou-
ver de disciples dans notre petite généra-
tion.
C'est pour cela que le duc a emporté
sous le marbre du mausolée le secret de sa
suprême élégance. C'est pour cela aussi
que la princesse demeure sans rivale, lais-
sant sur son passage l'étonnement de son
immortelle royauté, comme de sa jeunesse
toujours radieuse.
~#
II y a des jours marqués pour le plaisir:
mardi était un de ceux-là. Tandis que l'on
dansait chez la duchesse de Pomar alias
la comtesse Caithness qui, entraînée
par l'affluence de jolies danseuses infati-
gables, prolongera ses réceptions jusqu'au
i" juillet, on s'empressait également
chez la comtesse de Chambrun, pour la
soirée de contrat de Mlle de Pontavice.
Le même soir, grand dîner chez la com-
tesse Cornet et réception précédée d'un
dîner chez la comtesse de Ict Ferronays.
Tout un essaim de grandes mondaines
dans les beaux salons du cours la Reine
La princesse de Sagan, toujours irrépro-
chablement élégante la blonde et gra-
cieuse marquise de Beauvoir la comtesse
de Brigode, cette charmeuse dont ses meil-
leures amies obtiennent à grand'peine
l'aumône d'une soirée, tant lui est doux le
cher foyer conjugal; la comtesse de Bëha-
gue, qui éclaircit de plus en plus son
veuvage; la comtesse de Gontaut, la mar-
quise de Saint-Sauveur, etc.
`
Mardi matin également a eu lieu, à
Saint-Thomas d'Aquin, le mariage de Mlle
d'Armaillé, avec le marquis de Robien,
tous deux alliés aux meilleures familles
de notre aristocratie. La foule de leurs amis
s'était empressée autour des jeunes époux,
témoignant de la profonde sympathie ins-
pirée par tous deux. Mlle Marie d'Armaillé,
qui est une grande et belle personne, por-
tait délicieusement ce costume sculptural
des jeunes mariées qu'idéalisent les blancs
nuages du long voile de tulle.
Parmi les mariages que l'on annonce, je
signale pour lundi prochain, i juin, celui
du baron Maurice de la Motte avec Mlle de
Damas, fille de la marquise de Damas. La
bénédiction nuptiale sera donnée aux
jeunes époux par le cardinal Guibert, dans
la chapelle de l'Archevêché.
~L'union de Mlle de Cibeins avec j~e maf~ M
quis de Mailly-NesIe, ofncielle depuis
quelques jours déjà/n'aura lieu qu'au mois
d'octobre. Diverses raisons de famille,, et
particulièrement le service de ~Mme de
Cibeins auprès de la comtesse de Cham-
bord, dont elle est dame d'honneur, sont
cause de ce retard.
L'exposition canine, encore presque une
actualité, me rappelle une jolie fantaisie de
jolie femme qui deviendra peut-être une
mode. Une jeune comtesse, très connue
dans le faubourg Saint-Germain, a eu l'é-
trange caprice de faire faire'pa.ur sa:) pe-
tite fille de six ans, un véritable'collier de
chien.
C'est une grosse gourmette d'or. Sur lf~
plaque, en or mat, est gravé le nom "de
l'enfant, Et l'adresse? me demandait un jduf
un mauvais plaisant. `
L'enfant est trop bien gardée pour que
ce soit nécessaire.
-p o ~,t'i
':J
J'ai dit déjà qu'une part des après-midi
était consacrée, par,.la plupart):des belles
mondaines, aux emplettes de voyage, indis-
pensables à leur prochain départ. Il en est
une qu'elles ont oubliée sans doute, et le
GaM/oM, .qui est avant.toute chose l'ami de
ses abonnées, tenant de ses ancêtres les
vieilles traditions de galant servage, a voulu
leur en faire la surprise.
Toutes recevront lundi prochain un élé-
gant carnet de poche.dont chaque page
est une feuille de savon. R}enLde pluscom-
mode et de plus pratique en voyage, alors
que, malgré les gants, la fumée du chemin
de fer, qui ne respecte pas même les mains
blanches, oblige à de fréquentes ablu-
tions.
C'est Faucon, ce Parisien toujours em-
pressé de proposer quelque nouveauté, qui
a découvert dans je ne sais quel coin; de
l'Allemagne, le carnet précieux qu'il a
accommodé à la coquetterie française.
L'apporter au Gaulois, le journal aristo-
cratique entre tous, a été une preuve de
goût de la part de l'élégant événtail{iste,
qui savait ainsi s'adresser à sa propre ctten-
tèle.
De cette façon mes belles lectrices pour-
ront simplifier leur nécessaire de voyage et
en supprimer tout encombrement. Puis-
sent-elles, ea détachant chaque feuillet de
notre carnet, emporter dans leurs loin-
taines migrations le souvenir de leur ami
parisien, tout prêt à les suivre, et à leur
porter chaque matin l'écho de ces boule-
vards devenus une seconde patrie, avec les
nouvel) es toutes fraîches deschers absents,
les fidèles demeurés parmi nous l
f)OLETT<
CALER!E P
LE COMTE DE MUVtLLE)!)mEPEU
Quand en commence une de ces séries
de portraits, une de ces G~n~ ~oM-
~Mes ou pa;We~eM tes et des craintes. On se demande où
l'on pourra trouver assez d'hommes cé-
lèbres, assez de types intéressants, pour
que l'entreprise n'ait pas l'air d'une plai-
santerie. On se dit que, les caractères et
les talents se dérobant chaque jour da-
vantage à nos regards, onauraune peine
infinie à en découvrir un certain nombre
qui fassent ngure et méritent une.men-
tion qu'il faudra, un jour où l'autre,
prendre au hasard dans le tas, et des-
cendre très bas sur les listes. On déses-
père de remplir convenablement-les .ca-
dres qu'on s'est tracés. >, r,
Eh bien, je me suis aperçu qué~M~t
faire injure à l'espèce humaine. Chaque
jour crée ou révèîe une illustration, cna-
quejour met quelqu'un en lumière. < Les
circonstances ne font pas les hommes,
elles les montrent, dtt J.-J. Rousseau.
Nous en avons la preuve à chaque instant.
La séance de samedi nous a montré le
comte de DouvilIe-Maitlefeu. Qui oseca.
soutenir que le député hardi qui, en
cinq minutes, a fait faire ce saut à nos
vieilles idées sur la magistrature, et
amené la Chambre à nous voter le jugQ
élu, ne soit pas un.personnage extraoc~
dinaire? "Y*
'<
Il était complètement inconnu 'en
'1876, sauf peut-être de Ces mômes jauges
avec qui la vivacité de son humeur, et
la turbulence de son tempérament l'a
vaient mis quelquefois en rapport, et il
avait gardé, paraît-il, de ces courtes re-
lations, un souvenir amer, lorsque les
électeurs de la Somme l'envoyèrent sié-
ger à la Chambre. Son élection coïnci-
dait avec le véritable triomphe des ré-
pubticains, avec l'avènement définitif f
de la République. Hsemblait que le dé-
puté d'AbbevilIe ne pût être qu'un mo-
déré, un de ces Picards qui ont quelque-
fois mauvaise tête, mais dont l'esprit se
tient généralement dans les idées moyen-
nes. Mais M. de Douville trompa son
monde.
On le vit, dès les premières séances,
marquer sa place parmi les radicaux les
plus animés, et soutenir, du geste et de la
voix, les motions les plus violentes: De-
bout au long des bancs de la gauche, ou
dans l'hémicycle, ou même au pied de
la tribune, il attirait l'attention par l'ori-
ginalité hardie de ses interruptions et
de ses apostrophes. A lui tout seul. il
faisait du bruit pour quatre, et.Iôrsqu'on
se retournait à quelqu'une de ces im.pé
tueuses saillies, on apercevait une ma-
nière de colosse qui semblait dire à la
Chambre, en la toisant du haut en b&s
< Tant pis pour vous, ma belle, si vous
n'êtes pas contente c'est comme ça
Le moins content de tous était évidem-
ment le président, fort empêché pour
réprimer ces éclats de verve, et les sté-
nographes qui ne savaient jamais au.
juste ce qu'ils devaient en garder. Si,
depuis six ans, le JoM~M~ o/ytC!~ avait
tenu eompte de tout ce qui est échappé
Samedi 17 'Jum 1888
QohM~me ~nn~ –D~~d~e Séne~-NuaaBw 1008
aSD. DBB C~rOTT
~
ANNONCES
MM. Ch. )ma:r<*nge, Ceft e* W"
6,tLAOEOB[,ABOU!tSB,
<< ii'A(ttt:nu<~ADMINISTRATION
t, boulevard des tt&Hect,
1 BE ont nKOBSS* CINQ HKttttM
teo tbonBem&Bt)! part&nt dee 1" et 16 du mo]t
~TTIjBS SIMON
Dtr«
ABONNEMENTS
fA)ns Troto mois. o ~t er. )~
B!)tfA)tT
boHteT
tM MANCSCRtTS N)t SERONT PAStHmCOt
~~]M:~M'.AtT«~
QUELQUES MOTS SUR LA REFORME JUMCtAIRE.
!'<.OS.~CHOS. U~Do!Mt~O.
LK (ÎËNMAL DE CtSSEY. t.0ttt< j~a~eft.
SOUS LE MASQUE. VK)!<'Mt.
GALERtE POLITMUE LE COMTE DE DOUVtLLE-*
MA!LLEFEU.–X.
COULISSES PARLEMENTAmES. T'Oee''Hy.
LETTRE BE RUSS!E.– Com
AFFAIRES D'EGYPTE.– L.
A fRA VERS LA PRESSE.–CK~OiCe~0.
JOURNAL OPPtCtEL.
CONSEIL GÉNÉRAL.
CONSEIL MUNICIPAL.
CBMNtQUE oES TMBUNAOX. Ma~re JC.
LA BOURSE. ~Mrt J'rte<)!<.
T&LÉORAMMES ET CORRESPONDANCES. C. MM*.
LES LIVRES.
NOUVELLES DIVERSES. Gt(e
FEUILLETON: LES ENFANTS DELA BALLE.Mt
'1 OUEL~ES M6TS
SUR ~À RÉFORME JUD!CtA)RE
De tout temps, les journalistes et loss
députés ont cherché & prendre leurs ad-
versaires en contradiction. < Voilà ce
t[ue vous dites aujourd'hui mais, H y a
vingt ans, vous diriez précisément le
contraire. Cela ne prouve pas grand'-
chose pour le fond de la question; mais
c'est quelque chose de diminuer l'auto-
rité d'un adversaire, de faire une petite
tméchahcëté et d'amuser la galerie.
On peut répondre très sérieusement
qu'il serait fâcheux, pour un homme d'a-
voir éternellement la même opinion sur
la même question. Il encourrait un au-
tre reproche, qu'on lui ferait avec le
même plaisir, et les mêmes applaudis-
sements de la galerie. On lui dirait:
& Vous n'avez rien appris et rien oublié. »
II est certain qu'un homme politique
peut modiner ses opinions par l'étude,
par l'expérience, et qu'il doit lesmodi-
ûer quand les circonstances elles-mêmes
sontdiSérentes. Ce qui est bon pour une
situation est mauvais pour une autre. Il
n'y a qu'une chose qu'on puisse légitime-
ment considérer comme une faute et
comme une honte: c'est un changement
motivé par un intérêt. Avoir une opi-
nion, la défendre avec talent et courage,
et tout à coup la déserter, ou même pas-
ser à l'ennemi, pour devenir ministre,
ou pour gagner une place, ou simple-
~entpour réussir dans nne~ éjection~
c'est une apostasie, qu'on ne saurait trop
flétrir. Mais s'apercevoir qu'on a fait
fausse route, et le déclarer simplement,
au risque de perdre sa popularité et
peut-être de compromettre sa réputation,
c'est un acte de loyauté et de courage,
qu'on devrait honorer, ce nous semble,
si la justice était maîtresse de ce monde.
Il y a donc des contradictions honora-
bles et des contradictions déshonorantes,
et il est facile de discerner entre les
deux, par le succès.
II y a aussi de vraies et de fausses
contradictions. Par exemple, sur la ma-
gistrature. Se déclarer pour l'inamovi-
bilité et admettre la suspension, c'est
une contradiction vraie; car l'inamovi-
.Jbilitôavec suspension, c'est le contraire
de l'inamovibilité. Mais, si quelqu'un est
à la fois pour l'inamovibilité et pour l'é-
lection, pourquoi dit-on qu'il se contre-
dit ? Est-ce qu'on n'a jamais élu, dans
aucun pays, à des fonctions inamo-
.vibles?
En France, les sénateurs inamovibles
sont élus. Les professeurs de facultés,
qui sont inamovibles, sont aussi élus.
Bornons-nous à ces exemples; nous en
pourrions trouver d'autres. Celui des
professeurs est très bon, parce qu'on n'a
jusqu'ici critiqué ni le mode d'élection,
ni l'inamovibilité de l'élu. En effet, le
Collège de France et l'Institut sont de
meilleurs juges que le ministre de la
capacité d'un lettré, ou d'un philosophe,
où d'un savant et, si le professeur n'est
pas inattaquable dans sa chaire, adieu
l'indépendance et l'autorité de son en-
seignement. On peut donc concevoir un
magistrat élu et inamovible. Si quel-
qu'un a cette opinion, on a le droit de
soutenir qu'il se trompe mais on n'a
pas celui de dire qu'il se contredit.
L'autre jour la Chambre a. voté que les
magistrats seraient élus. Elle aurait
mieux exprimé sa pensée en votant
qu'ils ne seraient plus nommés par le
ministre; car c'est là tout ce qu'elle a
décidé, et la preuve, c'est qu'on se de-
mande à présent de tous côtés si l'élec-
tion se fera par le sunrage universel ou
par un collège spécial.
L'opinion qui court dans le public,
c'est que la majorité des votants avaient
en vue le suNrage universel. C'est une
cause d'alarmes pour beaucoup de
bons esprits. Ils croient que, si le suf-
frage universel est chargé de l'élection,
tise décidera par des raisons politiques,
ce'qui nous donnera. la pire des magis-
tratures.
'Ce serait bien mal connaître les
hommes que de dire qu'ils se décideront
par la question d'aptitude profession-
nelle. Ils choisiront celui qui pensera
comme eux, et tout spécialement celui
qui pensera comme eux au sujet de la
propriété. Les élections seront politiques
et socialistes. Est-il bon de subordonner
ainsi la justice à la politique ? Nous pen-
sions tous, il y a moins d'un mois, qu'il
fallait les séparer de plus en plus.
Mais, à quelques-uns de ceux qui
..M'O-J~D B.1
donnent ces raisons, on objecte qu'ils
ont fait l'éloge des prud'hommes et des
juges consulaires. Contradiction) con-
tradiction! H n'y a pas contradiction de
leur part H n'y a que confusion de la
vôtre. Oui, les prud'hommes et les juges
consulaires sont des juges élus, et de
bons juges mais ce ne sont pasdesjuges
élus par le suSrage universel. On n'a
jamais demandé aux rentiers et aux
médecins de prendre part à l'élection
des prud'hommes, qui n'auront jamais
à s'occuper .d'eux.
Les .~commerçants et les industriels
nomment leurs juges. Il y a beaucoup à
dire sur la manière dont se font les élec-
tions. On pourrait prétendre à la. rigueur
que.la nomination desjuges consulaires,
telle qu'elle se pratique aujourd'hui, réas-
semble plutôt à une coaptation qu'à une
élection. Quand même on rendrait ces
élections plus démocratiques, et quand
on les transformerait en élections véri-
tables, on serait encore bien loin des jur
ges élus pour le suffrage universel,
c'est~-dire des juges essentiellement et
principalementpolitiques.
M. Jutes Simon, qui est partisan de
l'élection des juges, avait présenté en
1880 un projet de loi qui établissait un
collège spécial. Les magistrats, les avo-
cats, les officiers ministériels, et les pro-
fesseurs des facultés de droit en fai-
saient partie. Le gouvernement choisis-
sait sur une liste de deux candidats,
comme pour les chaires du haut ensei-
gnement. C'est le système proposé par
M. Georges Picot dans son beau livre
sur la réforme judiciaire. Il est pratiqué
avec succès en Belgique.
M. Dufaureavaitun système différent.
Il maintenait la nomination ministé-
rielle, avec les présentations du premier
président et du procureur général,
comme cela se pratique aujourd'hui, et
c'est la toute-puissance ministérielle,
puisque les chefs de cour dressent ar-
bitrairement leurs listes, qu'elles ne
sont pas rendues publiques, et que le
ministre est parfaitement libre de faire
son choix en dehors des présentations.
Mais M. Dufaure établissait des con-
cours à l'entrée dans la carrière. C'est
un système particulier. Il y en a quatre:
la nomination pure et simple, comme
aujourd'hui; -la nomination, avec con-
cours pour les places d'attaché, système
Dufaure, l'élection par le suffrage uni-
versel, et ennn l'élection par collège
spécial.
Si l'on conserve l'institution d'une car-
rière de la magistrature, sous voulons
bien que les jeunes gens y soient appe-
lés par le concours, au lieu d'y être ap-
pelés ptr la faveur. Mais nous n'aimons
pas beaucoup que la magistrature soit
une carrière, et qu'on se destine à être
magistrat, comme on se destine à être
médecin. Nous comprenons mieux qu'on
se destine à être jurisconsulte, sauf à
entrer un jour dans la magistrature ou
l'enseignement. Il n'est pas nécessaire
qu'on soit magistrat toute sa vie, ni
qu'on le soit presque au sortir de l'école.
En Angleterre, on n'arrive à lamagis~
tr&ture que par le barreau, on apporte
une renommée toute faite, et des habitu-
des supérieures d'impartialité.
Tout a des inconvénients. Il y en a à
donner pour chef suprême à une cour
un avocat, quel que soit son mérite, qui
devient l'arbitre des destinées de tous
ces vétérans et de tous ces méritants.
Mais l'abus est plus criant si c'est le mi-
nistre qui fait-ce choix. On peut croire
qu'il paie 'des services politiques, ou
qu'il obéit à la camaraderie.
En toutes choses, il est conforme à
l'esprit moderne, d'être jugé et
promu par ses pairs.
Nos Echos
~F Ze rewp~ ~6 jMtM ~M
En France, !e vent devient faible partout, !e
temps se met au beau et ta température va conti-
nuer à remonter, se rapprochant de !a normate.
AUJOURDHUt
A 6 heure* et demie, dtner tu Grand-Hôtel
admission jusqu'à 7 heurea.
Pendant la durée du dtner, l'orchestre de
M. Desgranges jouera, dan* la nouvelle salle: de
musique.
MKHO
Potage gluten au consommé
Hors-d'œuvre
.Turbot sauce hollandaise
Pommes de terre à l'anglaise
Aloyau aux racines
Caisses de ris d'Agneau à la parisienne
Chapona du Mans au cresson
Salade
Epinàrds au velouté de volaille
Tartelettes de fruits
-;c~ Glace
r 'Bombe Chateaubriand
Desserts 'r
~roBMge*, Cruits et petits-fouM v
Le salon de* dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgue, tables de j~ux. Dtner la carte
au restaurant. Billards au Café~Divan.
Le programme du dtner-eonojMt. (Voir à it
4'page.)
-J.
A l'Opéra.–frcMcoMedeJïwtMtt.
Au Thé&tre-Francais. Les Por
OEMAtM
Au Théâtre-Français. Le J~
A l'Opéra-Comique. Nixy~e.
LA POt.tTtqUE
On annonce qu'en présence des évé-
nements les puissances vont adresser à
1& Torqme une sommation d'avoir,
dans les quarante-huit heures, à adhé-
rer à la conférence.
Le ministère des ana.ires étrangères~
qui avait d'abord décidé d'étendre le
prochain Livre jaune jusqu'au 18 février,
a décidé de donner plus d'extension à
ce fascicule et de le porter jusqu'au 15
mars.
Le second fascicule, qui sera distribué
concurremment avec le .B~
La publication de celui allant jusqu'au
15 mars reste Sxée à jeudi prochain.
M. Léon Say, ministre des nuances,
assistera après-demain dimanche, au
Raincy, avec le préfet, les sénateurs et
députés de Seine-et-Oise, au banquet
d'inauguration du nouveau canton.
Le successeur du baron d'Oabril à
l'ambassade de Russie à .Vienne sera le
prince Lobanow, qui représente le Czar
à Londres. Il ~.1
LE MONDE ET LA V)LLE
Le prince Alexandre de Bulgarie a été
notre hôte pendant quelques jours. Il à
mené joyeuse vie à Paris, qu'il n'a aban
donné qu'à regret, pour se rendre à
Vienne, où il est arrivé avant-hier so~r.
La distmbution des prix aux jeunes
nlles de 1 Orphelinat alsacien-terrain du
Vésinet a~~ lieu, dans les jardins de
l'établisséBMht, le dt~anche 18 juin, à
deux heures et demie.
Cette distribution, à )aque))e la fanfare
du 11" chasseurs de Saint-Germain prê-
tera son concours, sera présidée par
M. Xavier Marmier, de l'Académie fran-
çaise.
Le comité sera reconnaissant aux per-
sonnes qui, voulant s'intéresser aux
œuvres de la Société de protection, lui
feront l'honneur d'assister à cette petite
fête de l'enfance.
L'heure du départ à la gare Saint-La-
zare est nxée à une heure trente-cinq
minutes.
Le comité supérieur des beaux-arts a
voté, hier matin, des bourses de voyage
aux artistes dont voici les noms, avec
l'indication des œuvres qu'ils ont expo-
sées au Salon de cette année
jPe~M
Femme à la Rose) Bompard (Un Cul-
de-Jatte) Meys (Nereis).
~cM~
groupe plâtre); Massoulle (Un Ancêtre,
statue plâtre) Cordier.
~'c/
Lescure); Julien (Cercle des beaux-
arts~ v
Un de nos confrères du matin a an-
noncé hier le mariage, à Londres, de
Mite Renée de Pont-Jest avec M. Lucien
Guitry. Le fait est exact mais il faut le
dégager de tout incident romanesque.
En raison d'un deuil récent de famille,
les intéressés ont cru meilleur que cette
union fut contractée en Angleterre, de-
vant l'autorité civile et à l'église, en
attendant la célébration du mariage
français qui ne'pouvait ~e faire qu'après
certains arrangements d'aSaires de fa-
nulle.
Les jeunes époux partiront ensuite
pour la Russie, où M. Lucien Guitry est
engagé à de superbes conditions.
Réception charmante et très aristo-
cratique, avant-hier soir, chez M. et Mme
Morton, à la Légation des Etats-Unis.
De dix heures à une heure du matin,
les nombreux salons de l'hôtel de la lé-
gation, décorés avec un goût exquis,
ont vu dénier touteslespersonnalités du
monde ofnciel et étranger:
MM. le prince de Hohenlohe, Essad-
Pacha, le comte de Beust, Mavrocor-
dato, Marochetti, Mondes-Lea), de Blo-
witz, le docteur E. de Cyon, Dupuy de
Lomé, Azevedo, Carter, de Almeda, Ve-
la~co, de Rojàs, O'Connor, Barrington,
Hopkins, Tirard, Rduvier, de Courcel,
etc., etc. <
Beaucoup de jolies toilettes et nombre
de jolies femmes. La baronne Gustave
de Rothschild, en bleu; Mme de Arel-
lano, en bleu également; la belle Mme
Bucknell, en mauve Mlle Simpson, en
satin blanc; Mme Mendës-Leal, en gre-
nat la baronne de Reinach, en rouge,
etc., etc.
Au grand regret des ravissantes j eunes
nlles américaines, on n'a pas dansé, la
réception de jeudi étant strictement of-
Mme Morton, la gracieuse ambassa-
drice, qui a fait les honneurs de ses sa-
lons avec une affabilité parfaite, a pro-
mis de donner beaucoup de fêtes dan-
santes. l'année prochaine.
Une dépêche de Vienne nous annonce
que deux jeunes Françaises se sont sui-
cidées a Ottensheim,près de Linz, dans
le parc du comte de Condenhove.
Nos informations particulières nous
permettent de compléter les renseigne-
ments très succincts que nous transmet
le télégraphe.
Les deux jeunes Françaises sont Mlles
Aline Rennevilie et Marie Damain. Cette
dernière n'est pas une inconnue~our le
monde parisien. Niëëe d'Hortense Da-
main, l'ancienne actrice du Vaudeville
et du Gymnase, elle avait quitté Paris à
la suite d'un désaccord qui s'était élevé
entre elle et sa tante.
Marie Damain se rendit à Vienne, où
elle vécut pendant quelque temps avec
un personnage hatt placé à la cour, dont
nous tairons le nom par discrétion.
Elle travailla le théâtre, et devait
même débuter d'ici peu, grâce à la pro-
tection de l'intendant général des tnéâ-
tres, qui lui était très dévoué.
Devant de pareils faits, on s'explique
donc difficilement le mobile qui a poussé
la jeune artiste à cet acte de désespoir.
L'enquête qui a été aussitôt ouverte
par le parquet de Vienne éclaircirasans
doute ce mystère.
NOUVELLES A LA ~AtN
Le capitaine Régnier est venu passer
à Paris un congé de quelques jours.
Hier il entre pour déjeuner dans un
de ces restaurants où le consommateur
est empoisonné à prix fixe.
Il consulte la carte: « Trois plats au
choix.: lit-il.
Qu'est-ce que c'est que cette boîte ? '1
s'écrie le' vieux ratapoit. Tout est au
choix! On méprise donc l'ancienneté,
nom d'une bombe!
Notesd'album:
f On ne prête qu'à ceux qui n'ont pas
besoin, parce que ce s jnt les seuts qui
peuvent rendre.
Beaucoup de gens ne sont honnêtes
qu'en vue des avantages attachés à la
réputation de probité." »
UMOOMtNt
iS–e'
r'
JLe Générât ~eCissey
;M. le général Courtot de Cissey, séna-
teur inamovible, ancien ministre de la
guerre, grand-croix de la Légion d'hon-
neur, vient de mourir à Paris à l'âge de
soixante-douze ans. Il était depuis long-
temps malade, mais on espérait cepen-
,dao~ pouvoir le- sauver. Vaine espé-
rance Une crise subite l'a emporté au
moment même où il semblait hors de
danger. La France perd en lui un ser-
viteur dévoué, et l'armée un de ses
chefs les plus distingués et les plus
braves.
Admis à l'école de Saint-Cyr en 1830,
il devint sous-lieutenant en 1832, passa
ensuite à tEcole d'état-major et fut
pyonm lieutenant en 183S. Il serait trop
long de le suivre à travers ses campa-
gnes en Algérie. Partout, à Moasaïa, à
Mascara, à Isly, il se signala par son
courage et son sang-froid. Il prit part à
la guerre de Crimée et. fut nommé géné-
rât de brigade après Inkermann. De
retour en France, il alla commander en
Algérie la subdivision de Miiianah. En
1859, il fut nommé directeur des affaires
militaires et maritimes au ministère de
l'Algérie et des colonies, et il conserva
ces fonctio'ns jusqu'en 1860. Promu gé-
néral de division en 1863 et grand offi-
cier de la Légion d'honneur en 1867, il
fut mis à la tête de la 16° division mili-
taire à Rennes.
Lorsque éclata la. guerre avec la P russe,
M. de Cissey reçut le commandement
de la première division du 4° corps, sous
les~u'dres du généra) de Ladmirault.
IÎ se conduisit avec valeur aux'batailles
de Borny, Rezonville et Saint-Privat.
Apres la capitulation de Metz, contre
laquelle il s'était énergiquement pro-
noncé, il suivit en Allemagne nos trou-
pes prisonnières et fut interné à Ham-
bourg. Au cours de sa captivité, il eut la
douleur d'apprendre de la bouche même
du général de ManteuNel, la maladie et
la mort de Mme de Cissey, restée en
France. C'est en vain qu'il supplia nos
vainqueurs de lui laisser la liberté d'al-
ler assister la générale à ses derniers
instants le prince de Bismarck et le
comte de Moltke eurent la cruauté de
lui refuser l'autorisation de remplir ce
pieux devoir. Le général de Cissey ne
revint en France qu'après la signature
des préliminaires de paix. H fit partie de
l'armée réunie à Versailles pour com-
battre l'insurrection du 18 Mars, com-
manda le 2" corps, et entra le 22 mai,
par les portes du sud, à Paris, où un ha-
bile mouvement tournant fit tomber en
son pouvoir toute la rive gauche.
Lors des éfections complémentaires
du 2 juillet 1871, il fut élu à l'Assemblée
nationale par l'Ille-et-Vilaine et la Seine
il opta pour la Seine. Le 5 juin. M.
Thiers l'avait nommé ministre de la
guerre en remplacement du général Le
FM, envoyé comme ambassadeur à
Samt-Pétersbourg. Dès ce moment, il
travailla avec une grande, activité à la
réorganisation de l'armée.
La loi militaire du 24 juillet 1872,–
cette loi qui sera prochainement peut-
être remplacée par une autre plus défec-
tueuse était en grande partie son œu-
vre. Il la soutint brillamment. M. de
Cissey n'était pas, en effet, un médiocre
orateur. Il avait sur beaucoup de géné-
raux parlementaires cet avantage de
jpindre à une grande précision de lan-
gage une phrase facile et presque élé-
gapte. Il prit part à toutes les discus-
sions militaires, notamment à celle sur
la réforme du corps de l'état-major. Il
défendit l'ancienne organisation avec
z~e, mais l'on sait que son opinion ne
prévalut pas. L'avenir nous apprendra
s~l avait raison.
Il fut maintenu à son poste après la
chute du gouvernement de M. Thiers,
jusqu'à ce que le général du Barrai! eut
été désigné comme son successeur. Par
un décret du 31 mai 1873, la médaille
militaire lui fut conférée, sur un rapport
particulièrement élogieux du nouveau
ministre. Il était appelé en même temps
au commandement temporaire du 7"
corps d'armée et, peu après, à celui du
9" corps. La chute du duc de Brogiie lui
rendit son portefeuille. Il reçut en même
temps la vice-présidence du conseil.
A la suite de l'adoption de la Constitu-
tion du 23 février 187o. le cabinet tout
entier donna sa démission; mais, le 10
mars suivant, M. de Cissey rentra, pour
la troisième fois, au ministère de la
guerre. Il fut nommé sénateur inamovi-
ble par l'Assemblée nationale le 17 dé-
cembre 187S. Lors de la formation du
cabinet de MM. Dufaure et Ricard, il
conserva son porte feuille. Il le céda
au général Berthaut quelques heures
avant la formation du cabinet de M. Ju-
les Simon.
En 1878, M. de Cissey fut nommé au
commandement du 11" corps d'armée à
Nantes. On se rappelé dans quelle cir-
constance, il y a deux ans, il donna ;sa
démission.
Accusé par certains journaux d'a-
voir, étant ministre, sacriné at)x fai-
blesses de l'homme privé l~s. intérêts
de la France, en laissant dérober, au
pront de l'Allemagne, des documents
importants, il poursuivit ses diRama-
teurs devant les tribunaux. Cette triste
affaire, d'où il sortit pur ds tout repro-
che et lavé de la boue où il avait! été
traîné, eut pour épilogue une enquête
parlementaire qui se termina à la con-
fusion même de ceux qui l'avaient pro-
voquée.
il ne fut cependant pas réintégré dans
San commandement, et le général Farre
le fit exclure, malgré ses brillants états
de service, du cadre de l'activité.
MU'SttMBMT
PETtTE BOURSE DU SÔ)R
PtX HEURES
30/0. 81 35, 40.
50/0. 11485,95.
Turc. 1322,25,32.
ttaUen. 9020.10,12.17.
Egypte. 316 25,10, 75.
Banque ottomane. 780.
Extérieure. 285/16..
Actions Rio 610 08.
Lots turcs. 5575.
SOUS LE MASQUE
La princesse de Metternich est partie.
Emportera-t-elle dans un pli de sa robe le
dernier éclat de l'entrain que ses mains
blanches ont versé avec tant de profusion
sur notre saison printanière ?
R<:ine de cette féerie impériale dont le
luxe flamboyant éblouissait l'univers, elle
seule sut habiller de pourpre la folle gaieté
de cette cour grisée d'or, ivre de ses nou-
velles grandeurs. Puis alors que dans la
clarté mourante de ces feux d apothéose,
aux lueurs de Bengale, les blondes images
se sont envolées en décevants fantômes,
elle seule est demeurée le type charmeur
qui nous trouble et nous captive à chacune
de ses trop rares apparitions.
La princesse, dont a le petit doigt est
fée comme on disait autrefois, a dû dé-
couvrir quelque part la fontaine de Jou-
vence. N'étaient ses deux grandes filles, on
la croirait encore à l'apogée de ses vingt-
cinq ans. C'est la même taille élégante, la
même démarche cadencée, les mêmes
grands yeux dont la prunelle pâle semble
enfermer une bouteille de champagne, les
mêmes lèvres provocantes où se jouent
je ne dirai pas < les amours suivant la
vieille expression mais une volée de
lutins, espiègles, turbulents, railleurs et
tout prêts à s'échapper avec une fusée de
rir~
Elle ne fut jamais la plus belle elle est
restée la plus spirituelle, la plus aristocra-
tique, la plus « sirène –si j'ose dire la
plus irrésistible.
Nulle ne porte comme elle la robe à lon-
gue traîne, à laquelle elle sait donner cette
ondulation de serpent qui est un poème de
grâce. Nulle comme elle ne sait <: tout
dire en restant absolument grande dame.
Femme entre toutes, elle n'a jamais cessé
d'être ambassadrice et princesse.
Moderne, avec un haut ragoût du dix-
huitième siècle, c'est elle qui a dû inven-
ter le chic, cet enfant de nos fantaisies
maladives, qu'elle a légué à Paris en le
quittant, pour le vendre à l'univers an nom-
bre de ses articles les plus demandés.
La princesse, pas plus que le duc de
Morny, n'a fait école. C'est que tous deux
eurent une originalité trop spéciale pour
qu'elle pût être reproduite. Types inimita-
bles, c'est leur esprit même qui les a gui-
dés. Leur souveraineté s'est imposée, parce
qu'elle n'était pas voulue. Taillés à la me-
sure du siècle précédent, ils n'ont pu trou-
ver de disciples dans notre petite généra-
tion.
C'est pour cela que le duc a emporté
sous le marbre du mausolée le secret de sa
suprême élégance. C'est pour cela aussi
que la princesse demeure sans rivale, lais-
sant sur son passage l'étonnement de son
immortelle royauté, comme de sa jeunesse
toujours radieuse.
~#
II y a des jours marqués pour le plaisir:
mardi était un de ceux-là. Tandis que l'on
dansait chez la duchesse de Pomar alias
la comtesse Caithness qui, entraînée
par l'affluence de jolies danseuses infati-
gables, prolongera ses réceptions jusqu'au
i" juillet, on s'empressait également
chez la comtesse de Chambrun, pour la
soirée de contrat de Mlle de Pontavice.
Le même soir, grand dîner chez la com-
tesse Cornet et réception précédée d'un
dîner chez la comtesse de Ict Ferronays.
Tout un essaim de grandes mondaines
dans les beaux salons du cours la Reine
La princesse de Sagan, toujours irrépro-
chablement élégante la blonde et gra-
cieuse marquise de Beauvoir la comtesse
de Brigode, cette charmeuse dont ses meil-
leures amies obtiennent à grand'peine
l'aumône d'une soirée, tant lui est doux le
cher foyer conjugal; la comtesse de Bëha-
gue, qui éclaircit de plus en plus son
veuvage; la comtesse de Gontaut, la mar-
quise de Saint-Sauveur, etc.
`
Mardi matin également a eu lieu, à
Saint-Thomas d'Aquin, le mariage de Mlle
d'Armaillé, avec le marquis de Robien,
tous deux alliés aux meilleures familles
de notre aristocratie. La foule de leurs amis
s'était empressée autour des jeunes époux,
témoignant de la profonde sympathie ins-
pirée par tous deux. Mlle Marie d'Armaillé,
qui est une grande et belle personne, por-
tait délicieusement ce costume sculptural
des jeunes mariées qu'idéalisent les blancs
nuages du long voile de tulle.
Parmi les mariages que l'on annonce, je
signale pour lundi prochain, i juin, celui
du baron Maurice de la Motte avec Mlle de
Damas, fille de la marquise de Damas. La
bénédiction nuptiale sera donnée aux
jeunes époux par le cardinal Guibert, dans
la chapelle de l'Archevêché.
~L'union de Mlle de Cibeins avec j~e maf~ M
quis de Mailly-NesIe, ofncielle depuis
quelques jours déjà/n'aura lieu qu'au mois
d'octobre. Diverses raisons de famille,, et
particulièrement le service de ~Mme de
Cibeins auprès de la comtesse de Cham-
bord, dont elle est dame d'honneur, sont
cause de ce retard.
L'exposition canine, encore presque une
actualité, me rappelle une jolie fantaisie de
jolie femme qui deviendra peut-être une
mode. Une jeune comtesse, très connue
dans le faubourg Saint-Germain, a eu l'é-
trange caprice de faire faire'pa.ur sa:) pe-
tite fille de six ans, un véritable'collier de
chien.
C'est une grosse gourmette d'or. Sur lf~
plaque, en or mat, est gravé le nom "de
l'enfant,
un mauvais plaisant. `
L'enfant est trop bien gardée pour que
ce soit nécessaire.
-p o ~,t'i
':J
J'ai dit déjà qu'une part des après-midi
était consacrée, par,.la plupart):des belles
mondaines, aux emplettes de voyage, indis-
pensables à leur prochain départ. Il en est
une qu'elles ont oubliée sans doute, et le
GaM/oM, .qui est avant.toute chose l'ami de
ses abonnées, tenant de ses ancêtres les
vieilles traditions de galant servage, a voulu
leur en faire la surprise.
Toutes recevront lundi prochain un élé-
gant carnet de poche.dont chaque page
est une feuille de savon. R}enLde pluscom-
mode et de plus pratique en voyage, alors
que, malgré les gants, la fumée du chemin
de fer, qui ne respecte pas même les mains
blanches, oblige à de fréquentes ablu-
tions.
C'est Faucon, ce Parisien toujours em-
pressé de proposer quelque nouveauté, qui
a découvert dans je ne sais quel coin; de
l'Allemagne, le carnet précieux qu'il a
accommodé à la coquetterie française.
L'apporter au Gaulois, le journal aristo-
cratique entre tous, a été une preuve de
goût de la part de l'élégant événtail{iste,
qui savait ainsi s'adresser à sa propre ctten-
tèle.
De cette façon mes belles lectrices pour-
ront simplifier leur nécessaire de voyage et
en supprimer tout encombrement. Puis-
sent-elles, ea détachant chaque feuillet de
notre carnet, emporter dans leurs loin-
taines migrations le souvenir de leur ami
parisien, tout prêt à les suivre, et à leur
porter chaque matin l'écho de ces boule-
vards devenus une seconde patrie, avec les
nouvel) es toutes fraîches deschers absents,
les fidèles demeurés parmi nous l
f)OLETT<
CALER!E P
LE COMTE DE MUVtLLE)!)mEPEU
Quand en commence une de ces séries
de portraits, une de ces G~n~ ~oM-
~Mes ou pa;We~eM
l'on pourra trouver assez d'hommes cé-
lèbres, assez de types intéressants, pour
que l'entreprise n'ait pas l'air d'une plai-
santerie. On se dit que, les caractères et
les talents se dérobant chaque jour da-
vantage à nos regards, onauraune peine
infinie à en découvrir un certain nombre
qui fassent ngure et méritent une.men-
tion qu'il faudra, un jour où l'autre,
prendre au hasard dans le tas, et des-
cendre très bas sur les listes. On déses-
père de remplir convenablement-les .ca-
dres qu'on s'est tracés. >, r,
Eh bien, je me suis aperçu qué~M~t
faire injure à l'espèce humaine. Chaque
jour crée ou révèîe une illustration, cna-
quejour met quelqu'un en lumière. < Les
circonstances ne font pas les hommes,
elles les montrent, dtt J.-J. Rousseau.
Nous en avons la preuve à chaque instant.
La séance de samedi nous a montré le
comte de DouvilIe-Maitlefeu. Qui oseca.
soutenir que le député hardi qui, en
cinq minutes, a fait faire ce saut à nos
vieilles idées sur la magistrature, et
amené la Chambre à nous voter le jugQ
élu, ne soit pas un.personnage extraoc~
dinaire? "Y*
'<
Il était complètement inconnu 'en
'1876, sauf peut-être de Ces mômes jauges
avec qui la vivacité de son humeur, et
la turbulence de son tempérament l'a
vaient mis quelquefois en rapport, et il
avait gardé, paraît-il, de ces courtes re-
lations, un souvenir amer, lorsque les
électeurs de la Somme l'envoyèrent sié-
ger à la Chambre. Son élection coïnci-
dait avec le véritable triomphe des ré-
pubticains, avec l'avènement définitif f
de la République. Hsemblait que le dé-
puté d'AbbevilIe ne pût être qu'un mo-
déré, un de ces Picards qui ont quelque-
fois mauvaise tête, mais dont l'esprit se
tient généralement dans les idées moyen-
nes. Mais M. de Douville trompa son
monde.
On le vit, dès les premières séances,
marquer sa place parmi les radicaux les
plus animés, et soutenir, du geste et de la
voix, les motions les plus violentes: De-
bout au long des bancs de la gauche, ou
dans l'hémicycle, ou même au pied de
la tribune, il attirait l'attention par l'ori-
ginalité hardie de ses interruptions et
de ses apostrophes. A lui tout seul. il
faisait du bruit pour quatre, et.Iôrsqu'on
se retournait à quelqu'une de ces im.pé
tueuses saillies, on apercevait une ma-
nière de colosse qui semblait dire à la
Chambre, en la toisant du haut en b&s
< Tant pis pour vous, ma belle, si vous
n'êtes pas contente c'est comme ça
Le moins content de tous était évidem-
ment le président, fort empêché pour
réprimer ces éclats de verve, et les sté-
nographes qui ne savaient jamais au.
juste ce qu'ils devaient en garder. Si,
depuis six ans, le JoM~M~ o/ytC!~ avait
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