Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-05-18
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 mai 1882 18 mai 1882
Description : 1882/05/18 (Numéro 978). 1882/05/18 (Numéro 978).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
PAMS centimes. DÉPARTEMENTS ET GARES ~<~ CENT!MES/
Q~nziëmë~Mi<8e~– Deuxième Stric- Numéro 978
Jeudi 18 Mai 1882
J-TT~BS ~n~O~r
D[rec
ABONNEMENTS
fAR!s: Trois mois. <3fr.50/
DÉPARTEMENTS Trois mots. i6 ir.
RÉDACTION
DE DEUX !IEURES A KINUtT
t-ES )UANUSCRtTS NE SERONT PAS RENDUS
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t!)STRUCT)Oi< PBU&AIOi~,
'ET'
ËCOLE OBUGATMM
Les promoteurs de l'instruction obli-
gatoire en France, ceux qui la deman-
daient déjà sous le roi Louis-Phi-
lippe, et qui, depuis, n'ont jamais cessé
de la réclamer et de la défendre, sont,
par-dessus tout, des amis passionnés de
la liberté de conscience. Voici comment
ils établissaient la conciliation entre
deux causes qui leur sont également
chéris.
< Aucun de nous, disaient-ils, ne de-
mande l'école obligatoire nous sommes
tous, au contraire, de zélés partisans de
la liberté d'enseignement. Nous deman-
dons, en même temps, et avec les mê-
mes instances, que tout le monde puisse
enseigner librement, et que tout le
monde soit instruit obligatoirement. On
ira, suivant l'inspiration de sa con-
science, à l'école communale ou à une
école libre. Si on n'a pas, à proximité,
une école dont on approuve la doctrine
religieuse ou philosophique, on se pas-
sera de toute école. La loi exige que
l'enfant reçoive un minimum d'instruc-
tion mais il peut recevoir cette instruc-
tion en famille. Ce n'est pas l'instruction
obligatoire qui est contraire à la liberté
d'enseignement; c'est l'école obliga-
toire, dont nous ne voulons à aucun
prix.
"Il ne fautpas dire, ajoutaient-ils, que
les écoles libres feront défaut. L'Eglise
catholique, qui est la plus ardente à for-
muler l'objection, a mille moyens de
fonder des écoles. Quand elle n'en fonde
pas, c'est qu'elle n'en sent pas le besoin,
parce qu'elle n'a pas lieu de suspecter
l'école communale. Et, en effet, les écoles
communales sont partout circonspectes
et respectueuses. Elles enseignent la
vieille morale de nos pères. On y fait
réciter le catéchisme. Un seul mot pro-
noncé contre la religion entraînerait la
révocation de l'instituteur. Conformé-
ment au texte de la loi, le vœu des pa-
rents est toujours consulté et suivi, en
ce qui concerne la partipation aux exer-
cices religieux. Ainsi l'école libre est
présente l'école communale est rassu-
rante. A défaut de l'une ou de l'autre, on
trouve toujours un parent, ou un ami,
ou un bienfaiteur qui apprend à l'enfant
à lire, écrire et compter. La loi n'exige
pas davantage. Dans ces conditions peut-
on dire qu'elle soit tyrannique ? Si la
famille démontre que personne ne veut
ou ne peut enseigner à lire à son en-
fant, qu'il n'y a pas d'école 1 ibre à proxi-
mité, et que la religion n'est pas res-
pectée dans l'école communale, aucune
peine n'est prononcée, parce qu'il n'y a
pas de faute commise. f Tel était jusqu'ici
le langage des défenseurs de l'instruc-
tion. obligatoire. Ce langage était sensé
et honnête.
Peut-on le tenir encore, après le vote
de la nouvelle loi? On va voir si les
différences entre ce qui est aujourd'hui
et ce qui existait hier sont considé-
rables.
Premièrement, pour l'eus eignement
dans la famille.
La loi ne prescrit plus uniquement de
savoir lire, écrire et compter. Elle
exige que l'enfant élevé chez ses parents
sache tout ce qu'on lui aurait enseigné
à l'école. Or, le programme obliga-
toire de I.école comprend ce qui suit
L'instruction morale et civique
La lecture et l'écriture
La langue et les éléments de la littéra-
ture française;
La géographie, particulièrement celle
de la France
L'histoire, particulièrement celle de
la France jusqu'à nos jours
Quelques notions usuelles de droit et
d'économie politique;
Les éléments des sciences naturelles,
physiques et mathématiques, leurs ap-
plications à l'agriculture, à l'hygiène,
aux arts industriels travaux manuels
et usage des outils des principaux mé-
tiers
Les éléments du dessin, du modelage
et de la musique;
La gymnastique;
Pour les garçons, les exercices mili-
taires
Pour les nlles, les travaux à l'ai-
guille.
Il est très difncile de faire enseigner
tout cela dans la famille. On ne trouve
pas aisément un précepteur capable de
donner un tel enseignement. Quand on
le trouve, il faut le payer fort cher. Les
pauvres, qui seront évidemment hors
d'état de payer un maître, n'auront per-
sonne dans leur famille ou parmi leurs
amis qui possède cet ensemble de con-
naissances, et qui ait la volonté et la
possibilité de consacrer tout son temps
à faire gratuitement une éducation. On
peut affirmer qu'il est extrêmement dif-
ficile pour les riches et absolument im-
possible pour les pauvres de faire ins-
truire leurs enfants à domicile.
On ne manquera pas de dire que la
commission chargée de faire les exa-
mens ne se montrera pas trop sévère.
Nous penchons fortement à le croire. Ce
sera. le cas le plus ordinaire. Mais elle a
droit lëg&l d'interroger sur toutes les
parties du programme; elle peut très
bien se persuadeE.qu'eUeen a le devoir;
elle peut tenir à certaines parties du
programme, que le père de famille aura
considérées comme moins importantes.
Ennn, comme on a affaire à des hom-
mes, et que les hommes abusent fré-
quemment de leur pouvoir, qui nous ré-
pond que les membres de la commis-
sion seront toujours impartiaux pour le
fils d'un adversaire religieux ou politi-
que, ou même pour le fils d'un adver-
saire personnel? Avec un programme
aussi compliqué, des examinateurs ont
toutes les facilités possibles pour refuser
l'élève le mieux préparé et le plus ca-
pable.
Il ne faut donc plus répéter sur un ton
d'oracle < Vous ferez instruire votre
enfant chez vous. Cette réponse est
sans valeur depuis la loi nouvelle. Adres-
sée à un pauvre, elle est odieuse.
A défaut de l'éducation privée, peut-
on recourir à l'école libre ? R
Le nombre des écoles libres va néces-
sairement diminuer la plupart des peti-
tes communes en seront dépourvues.
Il y a pour cela plusieurs raisons.
D'abord, l'école communale étant dé-
sormais gratuite, si l'école libre est
payante, elle ne trouvera pas d'élèves
si elle est gratuite, où trouvera-t-elle de
l'argent ? g
Ensuite, le personnel se recrutant dé
sormais en dehors des congrégations
non autorisées, et les maîtres étant as-
treints, 1° à prendre des grades, 2° à
faire trois ans de service militaire, on
manquera partout d'écoles, parce qu'on
manquera d'instituteurs.
Si l'instruction à domicile est impossi-
ble, et qu'il n'y ait plus d'école libre, il
faudra donc, pour éviter la prison, en-
vover son enfanta l'école communale.
Ainsi, le caractère de la loi est abso-
lument changé. Ce n'est plus l'instruc-
tion obligatoire qu'elle prescrit, c'est
l'école obligatoire.
Et on ne peut plus dire, comme autre-
fois, que l'école sera inoffensive, qu'elle
sera même respectueuse.
Le ministre actuel, qui a de bonnes
intentions, le dira très sincèrement. Il
a le droit de croire que l'école respectera
toutes les religions, tant qu'il sera mi-
nistre. Il n'a pas le droit de dire qu'il
sera toujours ministre, et que son suc-
cesseur ne sera pas athée. La profession
publique d'athéisme n'est plus un obs-
tacle pour être ministre de l'instruction
publique, ou même pour être ministre
des cultes.
Les instituteurs savent que l'ensei-
gnement religieux a été supprimé ils
savent que l'école doit désormais être
neutre ils savent que le gouvernement
et les Chambres ont défini cette neutra-
lité en repoussant l'amendement de M.
Jules Simon. Enfin, un certain nombre
d'instituteurs et d'inspecteurs primaires
ont pris part a, une manifestation notoi-
rement antireligieuse. Ceux qui con-
naissent le mieux le corps enseignant,
mais qui n'ont pas suffisamment médité
sur la faiblesse humaine, n'auraient pas
cru cela possible il y a deux ans.
Conclusion l'enseignement privé est
impossible, l'école libre disparaît, l'école
communale. est neutre.
De bonne foi, les alarmes des catho-
liques, celles même des déistes et des
spiritualistes, sont explicables. Le gou-
vernement républicain invoque très
souvent la liberté de conscience mais,
par malheur, il ne l'invoque jamais que
pour les athées.
N os: Echos
Le reM.ps ~7 K:~ ~M
En France, les minima de !a nuit dernière ont
encore été plus bas que ceux des nuits précédentes;
ils se sont abaissés jusqu'à t" à Char)evi))e, Belfort,
Oermont; 2 & Paris 3 au Havre, Lyon 60 à Biar-
ritz. Le thermomètre est descendu à –4" au Puy-
de-Dôme et à –5° au Pic-du-Midi.
Le temps reste au beau. Le vent d'entre N. et E.
continue, il tend à faiblir et la température va se
relever. r>
AUJOURO HU)
A 6 heures et demie, dîner au Grand-Hôtel
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dîner, l'orchestre de
M. Desgrangea jouera dans la. nouvelle salle de
musique.
MENU 'i.
Potage paysanne
Hors-d'œuvre
Saumon sauce homard
Croquettes duchesse
Filet de bœuf à la parisienne
Vol-au-vent à la financière
Poularde de la Brosse au cresson
Salade
Petits pois nouveaux à la française
Pudding à la carême sauce abricots
Glace
Bombe panachée
Desserts
Fromages, fruits et petits-fours
A 8 h. t/2, au Café Divan, séance de billard
par M. Gibelin, professeur du Casino de Vichy.
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgue, tables de jeux. Dîner à la carte
au restaurant.
Le programme du dîner-concert. (Voir à la.
4' page.)
Au Théâtre-Français. Seystce e/t cam-
pc~M et le Malade tma~~cwe.
A l'Opéra-Comique. Les Noces de jF't~ctro.
A l'Odéon. Les .E/t/a~s d'BdoKO!
DEMAtK
A l'Opéra. Françoise de jR~Mt.
Au Théâtre-Français. ~e Mon~e OK t'o/t
S''e~/tMM.
A l'Opéra-Comique.– Les D/o/n de V~!cM'a
et le CAft!e<.
A rOdëoa. ~Wo
LE MONDE ET LAVtL~E
A une heure et' demie, courses à
Chantilly. Favoris de Sir Bevys
Prix de la Morlaye. Vipérine.
Prix de la Pelouse. Patchouli.
Prix de Courteuil. Neptune.
Prix des Lions. Camériste.
Prix du Chemin de fer. Notabilité.
Prix de Vineuil.–Friandise.
Le ctonseil municipal a décidé hier
qu'une fête serait donnée, le 13 juillet,
dans l'Hôtel de Ville, pour célébrer so-
lennellement l'inauguration de cet édi-
fice.
Il y aura banquet de quatre cent cin-
quante convives, revue de bataillons
scolaires, dînette d'écoliers, illumina-
tions, etc.
Une somme de cent mille francs a été
votée pour toutes ces réjouissances.
Ainsi que nous l'avions annoncé, M.
Nicolas Mavrocordato, le nouveau mi-
nistre de Grèce à Paris, a remis hier, à
deux heures, ses lettres de créance au
président de la République.
Suivant l'usage, M. Mollard, introduc-
teur des ambassadeurs, a été chercher le
nouveau ministre à son domicile dans
les voitures de gala. M. Mavrocor-
dato et les trois attachés d'ambassade
qui l'accompagnaient ont été reçus par
M. Grévy, entouré de sa maison mili-
taire.
L'entrevue a duré environ une demi-
heure.
Hier matin, M. Floquet, préfet de la
Seine, a reçu une adresse des électeurs
de la première circonscription d'Aubus-
son, lui demandant de les représenter à
la Chambre législative.
M. Martin Nadaud, député de la
Creuse, a été chargé par les électeurs de
transmettre cette demande au préfet de
la Seine.
M. Floquet, qui, on le sait, était autre-
fois député de la Seine, n'a pas encore
répondu. Acceptera-t-ilde représenter le
département de la Creuse ? '1
La reine d'Angleterre va, paraît H,
recevoir d'ici peu un présent assez cu-
rieux. C'est la première épreuve du tim-
bre-poste à l'effigie du président Gar-
field.
C'est Mme Garneld qui a fourni le
portrait qui a servi pour ce timbre-
poste, et 1 on dit que la ressemblance en
est parfaite.
Le spécimen qui doit être envoyé à la
reine Victoria sera encadré d'argent ci-
selé et bordé d'or. La partie concave d u
cadre est en ébene, et le tout est enfer-
mé dans un cofEret en bois de cèdre,
doublé de pourpre et monté en argent.
Hier matin, au temple protestant de
l'avenue de la Grande-Armée, a été cé-
lébré le mariage de Mlle Duval, nlle de
M. Raoul Duval, ancien député, avec M.
IIervey, lieutenant d'artillerie.
Dans la nombreuse et brillante assis-
tance, nous avons remarqué MM. Léon
Say, cousin de la fiancée; maréchal Can-
robert, Janvier de la Motte, Robert Mit-
chell, Albert Duruy, la princesse de
Metternich, la princesse Troubetskoï,
etc., etc.
La création des collèges de filles, qui
semblait ne devoir soulever que peu de
difficultés, en fait, au contraire, surgir
d'assez compliquées.
Ainsi les délégués du ministre de
l'instruction publique et ceux du con-
seil municipal de Paris ne sont point
parvenus à s'entendre, et les conférences
ont été rompues.
L'Etat, aux yeux des membres du
conseil municipal, se ferait la part trop
belle dans l'organisation de ces collèges,
et la ferme résolution de ne faire aucune
concession, de part et d'autre, retardera
sans doute encore longtemps la création
de ces établissements.
M. Joffrin, le nouveau conseiller mu-
nicipal du quartier des Grandes-Carriè-
res, va, sous peu, reprendre la grande
question des manifestations sur la voie
publique autorisées ou interdites.
Les blanquistes veulent faire une ma-
nifestation le jour anniversaire de la
mort. de leur chef on disperse les in-
transigeants.
M. Gambetta préside un banquet Gri-
sel et, bannières au vent, musique en
tête, un cortège nombreux traverse
Paris, avec tous les honneurs de la
police.
Tel est le contraste sur lequel M. Jof-
frin va faire quelques broderies pour
ses débuts dans l'art oratoire poli-
tique.
Les vols de tableaux semblent devoir
continuer.
A Bruxelles, au palais royal, quatre
tableaux ont été enlevés de leurs cadres
et emportés ce sont la .DMpM~ aK ca-
&~J7aMRobie un Fïe~ar~ et M~e yeMHc ~Me
tel.
Ces tableaux étaient placés dans des
salons contigus à la chambre à coucher
de la Reine. C'est donc dans les apparte-
ments mêmes de Sa Majesté que le vol a
été commis.
Les perquisitions et l'enquête ouverte
immédiatement n'ont encore amené au-
cun résultat.
Hier matin, à huit heures, la gigan-
tesque statue de Marceau, œuvre du
sculpteur Clésinger, qui sera prochaine-
ment dressée devant la façade de l'Ecole
militaire, a été transportée aux Champs-
Elysées. Nous avons déjà annoncé que
cette statue doit séjourner quelque
temps, avant son érection dénnitive.a la
porte de l'Exposition des arts décora-
ttfis. La manœuvre de l'installation, sur-
veillée par l'artiste lui-même, s'est opé-
pé~&vec un plein succès. 1<
Très beau bal, avant-hier, à l'ancien
hôtel de Talleyrand, rue Saint-Floren-
tin, chez le baron et la baronne Alphonse
de Rothschild. Le prétexte de cette fête
splendide était le prochain mariage de
Mlle Betty de Rothschild, fille du baron
Gustave et nièce du baron de Roth-
schild avec M. Lambert, représentant
de l'importante maison de banque de
Rothschild frères, à Londres.
La cérémonie nuptiale sera célébrée
dans le courant de la semaine pro-
chaine.
Où s'en vont les souvenirs
On vient de vendre, à l'hôtel Drouot,
une collection très curieuse d'instru-
ments de musique anciens, où, au mi-
lieu des formes étranges ou gracieuses
des uns et des autres, entre les cistres,
les mandores, les clavecins, les trompes
marines et les serpents, ûguraient quel-
ques instruments du temps passé.
Parmi ceux-ci, un piano à queue fait à
Vienne pour l'impératrice Marie-Louise,
à l'époque de son mariage avec Napo-
léon ?', et un petit piano dont l'histoire
était plus curieuse encore, car, d'après
des témoignages authentiques, il avait
successivement appartenu à Gluck, à
J.-J. Rousseau, à Grétry et à Nicolo.
Le premier a atteint le chiNre de 910
francs; le second a été adjugé à 185 fr.
NOUVELLES A LA MAtM
Au jardin des Tuileries
Voyons, mademoiselle Lili, dit une
bonne, ne faites donc pas des grimaces.
ça rend laide.
Alors, répond l'enfant, tu as donc
bien fait des grimaces quand tu étais
petite 1
Un aphorisme dédié à ce sexe auquel
nous devons nos maires
« Méfiez-vous des brunes, prenez garde
aux blondes, et fuyez les autres.
Un riche bourgeois vient de visiter
un appartement, boulevard IIaussmann
Décidément, le local me convient,
dit-il au concierge. J'irai voir le pro-
priétaire pour traiter avec lui.
Alors, dépêchez-vous, s'écrie dom
Pipelet. le propriétaire est assiégé. Ils
sont cinq ou six en train de le c~coMc~re
MM DOM)MO~
SOUS LE MASQUE
On fait grand embarras de nos diners
modernes. Un menu est parfois un événe-
ment, et nos Vatels au petit pied se glori-
fient d'un assaisonnement nouveau, comme
nos Lucullus pour rire, de leur prodigalité.
Or, cette prodigalité ressemblerait peut-
être bien à celle d'Harpagon, si on la com-
parait aux somptuosités de nos pères, dont
le faste, comme l'appétit, paraîtra gargan-
tuesque aux pauvres petits crevés d'aujour-
d'hui.
Bassompière, crânement, buvait dans sa
botte de bon vin de France, qui n'était pas
notre champagne frelaté, ni notre pâle
bordeau, sait alors à ce jus divin le malicieux esprit
gaulois avec la gaieté française, le rire à
pleines lèvres, l'appétit à pleines dents, la
bonne humeur et la ~bravoure. On buvait,
on chantait, on aimait, et on mourait « pour
Dieu, pour la patrie, pour sa dame et pour
le Roy. »
Mais, sans aller chercher si loin, je trans-
cris à titre de curiosité un dîner du com-
mencement du dix-huitième siècle, fait en
bonne compagnie chez le <dienne.
C'était en f7!6. Imaginez pour convives
les galants seigneurs et gentes dames que
la Régence faisait éclore, comme une tom-
bée de roses sur le fumier de la déprava-
tion.
Je laisse parler le chroniqueur, Limo-
géon de Saint-Didier. Le milieu de la table
était occupé par un surtout d'argent de dix
mille écus, dont la façon avait coûté dix
mille livres. Cet ouvrage était de Larmay.
N asidienne avait voulu qu'on y représentât
les quatre éléments. C'était un octogone
long, supporté par quatre griffons, qui
signifiaient ensemble FAii et la Terre. Les
huit angles présentaient huit consoles, cha-
cune chargée d'un Triton qui, signifiant
l'Eau, portait sur sa tête une grande coquille
vide.
Le Feu était représenté par un mont
Etna placé au milieu du surtout, sur lequel
s'élevait un Pluton,tenant Proserpine dans
ses bras. Un petit Amour assis au bout du
char paraissait pousser dans l'ouverture du
volcan les chevaux à toute bride. Les su-
criers et poivriers étaient à leur place ac-
coutumée sur le surtout. Deux soupières
(pots à cilles), supportées chacune par qua-
tre aigles,formant un gril, paraissaient telles
que deux tours, et flanquaient le surtout.
Dans l'une était une oille à l'espagnole~ d'une
poule de Caux et de douze ramereaux, gar-
nis de filets de perdrix, de bœuf de cimier,
avec un coulis, et toute sorte de racines.
Dans l'autre une soupe de santé de deux
jarrets de veau à l'épigramme, garnis de
cailles sortant leur tête autour du pot.
Quatre hors-d'œuvre accompagnaient les
soupières de boudin blanc, de pi~ds de
veau à l'anglaise, de petits pâtés à l'espa-
gnole, et de fricassée aux farces.
Au second service, on releva les deux
soupières par deux grands plats faits à
Paris. Sur l'un, une pièce de bœuf trem-
blant garnie de pains à la crème, farcis de
blancs de chapons, avec des mousserons
dedans. Sur l'autre, une pièce de bœuf à
l'écarlate garnie de petits oiseaux dans
leurs œufs, merveilleusement contrefaits
avec de la pâte. Ces deux pièces étaient
piquées d'hatelettes.
Quatre entrées suivaient une timbale
de bécassines au coulis de chapon; deux
.M~ de poulardes des filets de lièvre au
coulis de tortue; une douzaine de tourte-
relles au coulis de perdrix.
Au troisième service, un .marcassin en-
touré de cailleteaux. De l'autre côte, une
longe de veau de rivière) entourée de pou-
lets de grains. A l'un des milieux de la
table, deux dindons entourés de douze
perdreaux. A l'autre, deux faisans entourés
de bécassines. Avec quatre salades, une
d'anchois, une d'olives, la troisième d'her-
bes fines, la quatrième de laitues.
Quatrième service. Esturgeon à h
daube, pâté de jambon de Mayence, cro-
quante entourée de beignets, tourte de
pistache, garnie de tartelettes, petits pois
à la crème et lamproies au sang. Vin de
Toquay.
Et pour accompagner tout cela, en char-
mant les convives, concert avec violes,
chansons bachiques, etc., etc.
Puis, sous prétexte qu'une belle dame
que ses longtemps preuve que le c/c suprême,
qui consiste à se faire attendre, était dès
lors à l'usage des jolies femmes étant
survenue après le service des rôtis, on ad-
joignit à ce menu respectable
Six gélinottes, posées à la place des deux
grands plats d'entremets, avec un paon
nourri pendant un mois de riz, de lait et
de jaunes d'œufs. Un agneau rôti tout en-
tier, farci d'ailes de poulets, d'ortolans et
de grosses truffes noires.
Je renonce à décrire le dessert, les mille
sucreries fabuleuses qu'arrosaient le cham-
pagne et l'Eau des Barbades, et les incroya-
bles gourmandises qui achevèrent ce repas
digne des dieux.
0 Sagan, Bamberger, Rothschild et
Mackay, que vos millions semblent petits à
'qui" les contemple du haut de ce surtout
olympien. Laquelle parmi vous osera réé-
diter ces splendeurs ? ';1
J'ai dit que la vicomtesse Mary de Cour-
val appartenait à l'école des raffinées. Si
la dîme de quarante couverts qui a précédé
sa réception de lundi est loin d'atteindre
le luxe que je viens de conter, il est pour-
tant sans rival dans les fastes contem-
porains. Il a été servi sur quatre tables sé-
parées, chacune de dix couverts. Le pre-
mier service a été effectué sur de vieux
sèvres, le second sur de vieux saxe, le
troisième sur de vieux chine, le quatrième
sur de vieux japon.
Le souper, non moins somptueux, a ré-
pété, vers quatre heures du matin, les mê-
mes magnificences, exquises et savoureu-
ses. Et l'on assure que les plus friandes
parmi les jolies convives l'ont prolonge en
l'entremêlant de gentils caquets jusqu'à
l'heure du déjeuner.
Comme je l'ai dit, je ne révèlerai aucun
nom parmi ces privilégiées.
Mardi matin a eu lieu le mariage de Mlle
Cornélie de Zuylen, fille du ministre des
Pays-Bas, avec M. Scheidegger. Rarement
on a vu mariée aussi resplendissante
sa beauté dépassait tout ce que l'on en
pourrait esquisser, rehaussée par l'éclat
marmoréen de sa toilette virginale.
Dans l'assistance, décernons les deux
premiers prix d'élégance à la comtesse de
Pourtalès, représentant le camp français,
et à la comtesse de Moltke, charmante et
aristocratique personnification de la colo-
nie étrangère.
Après la cérémonie, réception chez les
parents de la mariée, au joli hôtel de l'ave-
nue Bosquet. Tout le corps diplomatique
s'y trouvait réuni, joint au noble faubourg.
Parmi les mariages annoncés celui du
marquis de Robien avec Mlle d'Armaillë;
celui de Mlle de la Baume-Pluvinel avec
le marquis de Nédanchel, et celui de Mlle
de la Bouillerie avec M. de Mérona.
V)0)LETT*
PETITE BOURSE DU SOIR
DtX HEURES
50/0. 11705,03,02.
Turc. 1332,30.
Italien. S980.77.
Egypte. 35937,35812,35875.
Banquoottoma.no. 8)5,8!6.
Extérieure. 271/2,19/32.
Lotsturcs. 59 25,<
Actions Rio. 652, 650, 65312.
LES CR!MES DE DUBUN
Dix individus soupçonnés d'être les
meurtriers de Phœnix-Park ont été ar-
rêtés hier à Liverpool abord del'jE~/pi'e,
au moment où ce steamer allait lever
l'ancre pour New-York.
On croit que des dix individus arrêtés,
deux sont Américains et deux Irlandais;
les autres seraient des marins ou des
pompiers anglais.
Les poursuites de la police anglaise
ne sont, d'ailleurs, pas dirigées que con-
tre les land-leaguistes irlandais. Mardi
soir, on a opéré, à Londres, une saisie
dans les bureaux de la ~re! journal
socialiste allemand.
C'est le même organe dont le fonda-
teur, M. Jean Most, ancien député au
Reichstag allemand, a été condamné et
emprisonné, il y a un an.
L'imprimeur, M. Mertens, a été arrêté
et traduit ce matin devant le tribunal
correctionnel de Bo-w-Street. Il est pour-
suivi au sujet d'un article publié dans ce
journal, sur les assassinats commis à
Dublin.
Le procès est intenté par le procu-
reur royal.
Un mandat d'amener a été également
lancé contre M. John Never, l'un des ré-
dacteurs de la T~'e~e~.
Une dépêche de Dublin annonce que
les chefs de la Ligue agraire se propo-
sent de se réunir à Paris, afin de discu-
ter la situation actuelle des aSaires.
M. Davittest déjà parti pour Paris, où
il va s'entendre avec M. Egan. On as-
sure que M. Dillon et les autres dé-
putés irlandais le suivront prochaine-
ment.
Le cardinal Mac'Cabe est arrivé avant-
hieràDublin.
Répondant à une.adresse'qui lui avait
été présentée, le cardinal a réprouvé les
assassinats dirigés contre les autorités
assassinats qui remplissent tous les
cœurs irlandais de chagrin et de honte.
En terminant, Mgr Mac Cabe a vi-
vement engagé les Irlandais à seconder
l'autorité dans la recherche des crimi-
nels.
t.OU)S LAMBERT
Il
LE SALON
0 .f;.)3.
.? "IV
Ce préjugé n'est pas encore tout à fait
dissipé qui partagait les peintres en
deux catégories: les peintres de figures
et les paysagistes. On ne le retrouve
que trop, non seulementcheziecommun
des amateurs, qui peu enclins à favoriser
les indépendances, mais aussi chez des
peintres de figures qui font profession
de mépriser le paysage. Cependant,
peu à peu, le goût de la peinture en plein
air dissout ces antipathies. La jeune
génération se rend fort bon compte de
la nécessité de ne pas isoler les ngures
enveloppées du paysage enveloppant.
Tout le mouvement esthétique moderne
s'est dégagé, moralement, du principe
égalitaire, base des sociétés nouvelles
et, pratiquement, de l'eSort des paysa-
gistes.
Avant 1830, on peignait la nature ex-
térieure d'une certaine façon approxi-
mative, et les ngures d'une certaine
façon conventionnelle. Un beau matin,
des naturistes ont jugé à propos de re-
présenter naïvement les arbres qu'ils
voyaient, les champs qui verdissaient ou
jaunissaient devant eux, les rivières qui
coulaient à leurs pieds, les montagnes
qui s'estompaient à l'horizon, et de les
représenter, autant qu'il pouvait leur
être donné, sous l'exacte lumière qui
les éclairait. Leurs tableaux ont accom-
pli une révolution. Si la nature était ce
qu'ils montraient, l'homme n'était, as-
surément, pas ce qu'on le faisait. La
créature humaine n est qu'une partie de
la création générale elle joue*son rôle
dans l'universel ensemble; elle vit, elle
se développe, elle s'éclaire, elle meut
suivant les mêmes lois centrales que tous
les êtres animés. La même atmosphère
qui baigne les arbres la baigne la
même lumière qui gradue les rapports
des couleurs d'un objet à un autre gou
verne ses apparences. Pour que la vie
de l'être humain soit indiquée en toute sa.
puissance, il faut qu'elle soit mêlé~ à !a.
vie ambiante. Tel a été l'enseignement
du paysage, et son bienfait a régénéré
la science des coloristes. Les peintres
les plus fermés au sentiment agreste
ont éprouvé l'urgent besoin de mettre
de l'espace autour de leurs figures pein-
tes, et ils ont appelé cela d'un mot pit-
toresque /)~ p~y~r les /'oM«!.s'. Ce re-
tour a. la logique devait s'imposer il
s'est imposé. Il n'est plus, désormais, un
seul jeune artiste qui ne possède- le
zèle du plein air et de l'enveloppe atmos-
phérique. Le public, lui-même, com-
mence à juger sainement de la qualité
d'une ambiance. Ainsi, j'ai entendu des
passants, au Salon, blâmer le paysage
d'un tableau de M. Julien Dupré, où se
voit une campagnarde retenant une va-
che qui veut lui échapper, et ces pas-
sants disaient, en propres termes, que
le fond faux faussait la femme et la
vache, ce qui est la vérité pure. Une
autre fois, une Parisienne assez igno-
rante des choses de l'art, devant laquelle
je louais un tableau militaire fort inté-
ressant de M. Lançon, les r/Mc/~M
~e~aM< ~e 6!e -Pa~M, me ripostait
que < le ciel trop noir l'empêchait de
voir la terre Et, de fait, la terre est
beaucoup trop lumineuse pour le ciel.
Que de progrès accomplis ne revêtent
pas ces simples traits
M. Jtdea tEreten.
D'où vient la pénétrante poésie dR
cette scène rurale de M. Jules Breton
le ~0!~ o!aMM MM /Mm<3MM e!M ~):M~)-e
De nulle autre chose que de l'intime a.c~
cord du fond, du ciel, du terrain et des
figures. Une route grise coupe en deux
la pierreuse et maigre colline. Derrière
les deux maisonnettes qu'on aperçoit
tout au sommet, et dont le roc dur fai t te
fondement, le chemin redescend vers la
bourgade, étagé.e sur l'autre penchant.
La première étoile brille au ciel; les
nuages rosés de la nuit tombante cou-
rent sur l'azur pâli, que brouille, au-des-
sus des maisons, la fumée grise d'un
foyer et qu'argenté discrètement le
disque blanc de la lune à la moitié de
son cours. Le chemin contourne un
champ d'une verdure sombre, d'où s'é-
panche et ruisselle, petitement, d'un tas
de pierres, un ruisseau sufnsaat à
peine à mouiller le sol avare. C'est
nni du travail; les gens rentrent au
logis; on en voit s'éloigner toute une
troupe, là-bas, vers le hameau caché.
Quatrefemmespourtantcausent au mi-
lieu de la route; trois vieilles, qui sem-
blent des aïeules, et qui ont, natureUe-
ment, des attitudes de Parques, leur
quenouille à la main, et une jeune, qui
tricote son bas, ingénue et p'rave
dont les trois autres ont l'air de nier le
destin. Il est d~une réalité étrangemo.nt t
bretonne, ce groupe austère et sculptu-
ral, fait de formes solennelles, vêtues de
noir, coiffées de blanc, qui se décou-
pent, claires encore, sur l'air déjà cré-
pusculaire. De grosses pierres bordent
le chemin; des femmes encore y sont t
assises; celle-ci parle et ceHe-ia suc
combe au sommet); les discours de celte
qui parle doivent être aussi graves que
si des paroles d'éternité se dérou-
laient de sa bouche, car celte q:u
s'endort garde ses mains jointes pieuse-
ment comme pour une prière. Mais,
plus loin, au seuil d'une porte, des con-
versations jBMt nouées un paysan al-
Q~nziëmë~Mi<8e~– Deuxième Stric- Numéro 978
Jeudi 18 Mai 1882
J-TT~BS ~n~O~r
D[rec
ABONNEMENTS
fAR!s: Trois mois. <3fr.50/
DÉPARTEMENTS Trois mots. i6 ir.
RÉDACTION
t-ES )UANUSCRtTS NE SERONT PAS RENDUS
'Y~rm cr-x-o~
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« t~ tOtOMt* A a&« 'ttxom*'
t.m
t!)STRUCT)Oi< PBU&AIOi~,
'ET'
ËCOLE OBUGATMM
Les promoteurs de l'instruction obli-
gatoire en France, ceux qui la deman-
daient déjà sous le roi Louis-Phi-
lippe, et qui, depuis, n'ont jamais cessé
de la réclamer et de la défendre, sont,
par-dessus tout, des amis passionnés de
la liberté de conscience. Voici comment
ils établissaient la conciliation entre
deux causes qui leur sont également
chéris.
< Aucun de nous, disaient-ils, ne de-
mande l'école obligatoire nous sommes
tous, au contraire, de zélés partisans de
la liberté d'enseignement. Nous deman-
dons, en même temps, et avec les mê-
mes instances, que tout le monde puisse
enseigner librement, et que tout le
monde soit instruit obligatoirement. On
ira, suivant l'inspiration de sa con-
science, à l'école communale ou à une
école libre. Si on n'a pas, à proximité,
une école dont on approuve la doctrine
religieuse ou philosophique, on se pas-
sera de toute école. La loi exige que
l'enfant reçoive un minimum d'instruc-
tion mais il peut recevoir cette instruc-
tion en famille. Ce n'est pas l'instruction
obligatoire qui est contraire à la liberté
d'enseignement; c'est l'école obliga-
toire, dont nous ne voulons à aucun
prix.
"Il ne fautpas dire, ajoutaient-ils, que
les écoles libres feront défaut. L'Eglise
catholique, qui est la plus ardente à for-
muler l'objection, a mille moyens de
fonder des écoles. Quand elle n'en fonde
pas, c'est qu'elle n'en sent pas le besoin,
parce qu'elle n'a pas lieu de suspecter
l'école communale. Et, en effet, les écoles
communales sont partout circonspectes
et respectueuses. Elles enseignent la
vieille morale de nos pères. On y fait
réciter le catéchisme. Un seul mot pro-
noncé contre la religion entraînerait la
révocation de l'instituteur. Conformé-
ment au texte de la loi, le vœu des pa-
rents est toujours consulté et suivi, en
ce qui concerne la partipation aux exer-
cices religieux. Ainsi l'école libre est
présente l'école communale est rassu-
rante. A défaut de l'une ou de l'autre, on
trouve toujours un parent, ou un ami,
ou un bienfaiteur qui apprend à l'enfant
à lire, écrire et compter. La loi n'exige
pas davantage. Dans ces conditions peut-
on dire qu'elle soit tyrannique ? Si la
famille démontre que personne ne veut
ou ne peut enseigner à lire à son en-
fant, qu'il n'y a pas d'école 1 ibre à proxi-
mité, et que la religion n'est pas res-
pectée dans l'école communale, aucune
peine n'est prononcée, parce qu'il n'y a
pas de faute commise. f Tel était jusqu'ici
le langage des défenseurs de l'instruc-
tion. obligatoire. Ce langage était sensé
et honnête.
Peut-on le tenir encore, après le vote
de la nouvelle loi? On va voir si les
différences entre ce qui est aujourd'hui
et ce qui existait hier sont considé-
rables.
Premièrement, pour l'eus eignement
dans la famille.
La loi ne prescrit plus uniquement de
savoir lire, écrire et compter. Elle
exige que l'enfant élevé chez ses parents
sache tout ce qu'on lui aurait enseigné
à l'école. Or, le programme obliga-
toire de I.école comprend ce qui suit
L'instruction morale et civique
La lecture et l'écriture
La langue et les éléments de la littéra-
ture française;
La géographie, particulièrement celle
de la France
L'histoire, particulièrement celle de
la France jusqu'à nos jours
Quelques notions usuelles de droit et
d'économie politique;
Les éléments des sciences naturelles,
physiques et mathématiques, leurs ap-
plications à l'agriculture, à l'hygiène,
aux arts industriels travaux manuels
et usage des outils des principaux mé-
tiers
Les éléments du dessin, du modelage
et de la musique;
La gymnastique;
Pour les garçons, les exercices mili-
taires
Pour les nlles, les travaux à l'ai-
guille.
Il est très difncile de faire enseigner
tout cela dans la famille. On ne trouve
pas aisément un précepteur capable de
donner un tel enseignement. Quand on
le trouve, il faut le payer fort cher. Les
pauvres, qui seront évidemment hors
d'état de payer un maître, n'auront per-
sonne dans leur famille ou parmi leurs
amis qui possède cet ensemble de con-
naissances, et qui ait la volonté et la
possibilité de consacrer tout son temps
à faire gratuitement une éducation. On
peut affirmer qu'il est extrêmement dif-
ficile pour les riches et absolument im-
possible pour les pauvres de faire ins-
truire leurs enfants à domicile.
On ne manquera pas de dire que la
commission chargée de faire les exa-
mens ne se montrera pas trop sévère.
Nous penchons fortement à le croire. Ce
sera. le cas le plus ordinaire. Mais elle a
droit lëg&l d'interroger sur toutes les
parties du programme; elle peut très
bien se persuadeE.qu'eUeen a le devoir;
elle peut tenir à certaines parties du
programme, que le père de famille aura
considérées comme moins importantes.
Ennn, comme on a affaire à des hom-
mes, et que les hommes abusent fré-
quemment de leur pouvoir, qui nous ré-
pond que les membres de la commis-
sion seront toujours impartiaux pour le
fils d'un adversaire religieux ou politi-
que, ou même pour le fils d'un adver-
saire personnel? Avec un programme
aussi compliqué, des examinateurs ont
toutes les facilités possibles pour refuser
l'élève le mieux préparé et le plus ca-
pable.
Il ne faut donc plus répéter sur un ton
d'oracle < Vous ferez instruire votre
enfant chez vous. Cette réponse est
sans valeur depuis la loi nouvelle. Adres-
sée à un pauvre, elle est odieuse.
A défaut de l'éducation privée, peut-
on recourir à l'école libre ? R
Le nombre des écoles libres va néces-
sairement diminuer la plupart des peti-
tes communes en seront dépourvues.
Il y a pour cela plusieurs raisons.
D'abord, l'école communale étant dé-
sormais gratuite, si l'école libre est
payante, elle ne trouvera pas d'élèves
si elle est gratuite, où trouvera-t-elle de
l'argent ? g
Ensuite, le personnel se recrutant dé
sormais en dehors des congrégations
non autorisées, et les maîtres étant as-
treints, 1° à prendre des grades, 2° à
faire trois ans de service militaire, on
manquera partout d'écoles, parce qu'on
manquera d'instituteurs.
Si l'instruction à domicile est impossi-
ble, et qu'il n'y ait plus d'école libre, il
faudra donc, pour éviter la prison, en-
vover son enfanta l'école communale.
Ainsi, le caractère de la loi est abso-
lument changé. Ce n'est plus l'instruc-
tion obligatoire qu'elle prescrit, c'est
l'école obligatoire.
Et on ne peut plus dire, comme autre-
fois, que l'école sera inoffensive, qu'elle
sera même respectueuse.
Le ministre actuel, qui a de bonnes
intentions, le dira très sincèrement. Il
a le droit de croire que l'école respectera
toutes les religions, tant qu'il sera mi-
nistre. Il n'a pas le droit de dire qu'il
sera toujours ministre, et que son suc-
cesseur ne sera pas athée. La profession
publique d'athéisme n'est plus un obs-
tacle pour être ministre de l'instruction
publique, ou même pour être ministre
des cultes.
Les instituteurs savent que l'ensei-
gnement religieux a été supprimé ils
savent que l'école doit désormais être
neutre ils savent que le gouvernement
et les Chambres ont défini cette neutra-
lité en repoussant l'amendement de M.
Jules Simon. Enfin, un certain nombre
d'instituteurs et d'inspecteurs primaires
ont pris part a, une manifestation notoi-
rement antireligieuse. Ceux qui con-
naissent le mieux le corps enseignant,
mais qui n'ont pas suffisamment médité
sur la faiblesse humaine, n'auraient pas
cru cela possible il y a deux ans.
Conclusion l'enseignement privé est
impossible, l'école libre disparaît, l'école
communale. est neutre.
De bonne foi, les alarmes des catho-
liques, celles même des déistes et des
spiritualistes, sont explicables. Le gou-
vernement républicain invoque très
souvent la liberté de conscience mais,
par malheur, il ne l'invoque jamais que
pour les athées.
N os: Echos
Le reM.ps ~7 K:~ ~M
En France, les minima de !a nuit dernière ont
encore été plus bas que ceux des nuits précédentes;
ils se sont abaissés jusqu'à t" à Char)evi))e, Belfort,
Oermont; 2 & Paris 3 au Havre, Lyon 60 à Biar-
ritz. Le thermomètre est descendu à –4" au Puy-
de-Dôme et à –5° au Pic-du-Midi.
Le temps reste au beau. Le vent d'entre N. et E.
continue, il tend à faiblir et la température va se
relever. r>
AUJOURO HU)
A 6 heures et demie, dîner au Grand-Hôtel
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dîner, l'orchestre de
M. Desgrangea jouera dans la. nouvelle salle de
musique.
MENU 'i.
Potage paysanne
Hors-d'œuvre
Saumon sauce homard
Croquettes duchesse
Filet de bœuf à la parisienne
Vol-au-vent à la financière
Poularde de la Brosse au cresson
Salade
Petits pois nouveaux à la française
Pudding à la carême sauce abricots
Glace
Bombe panachée
Desserts
Fromages, fruits et petits-fours
A 8 h. t/2, au Café Divan, séance de billard
par M. Gibelin, professeur du Casino de Vichy.
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgue, tables de jeux. Dîner à la carte
au restaurant.
Le programme du dîner-concert. (Voir à la.
4' page.)
Au Théâtre-Français. Seystce e/t cam-
pc~M et le Malade tma~~cwe.
A l'Opéra-Comique. Les Noces de jF't~ctro.
A l'Odéon. Les .E/t/a~s d'BdoKO!
DEMAtK
A l'Opéra. Françoise de jR~Mt.
Au Théâtre-Français. ~e Mon~e OK t'o/t
S''e~/tMM.
A l'Opéra-Comique.– Les D/o/n de V~!cM'a
et le CAft!e<.
A rOdëoa. ~Wo
LE MONDE ET LAVtL~E
A une heure et' demie, courses à
Chantilly. Favoris de Sir Bevys
Prix de la Morlaye. Vipérine.
Prix de la Pelouse. Patchouli.
Prix de Courteuil. Neptune.
Prix des Lions. Camériste.
Prix du Chemin de fer. Notabilité.
Prix de Vineuil.–Friandise.
Le ctonseil municipal a décidé hier
qu'une fête serait donnée, le 13 juillet,
dans l'Hôtel de Ville, pour célébrer so-
lennellement l'inauguration de cet édi-
fice.
Il y aura banquet de quatre cent cin-
quante convives, revue de bataillons
scolaires, dînette d'écoliers, illumina-
tions, etc.
Une somme de cent mille francs a été
votée pour toutes ces réjouissances.
Ainsi que nous l'avions annoncé, M.
Nicolas Mavrocordato, le nouveau mi-
nistre de Grèce à Paris, a remis hier, à
deux heures, ses lettres de créance au
président de la République.
Suivant l'usage, M. Mollard, introduc-
teur des ambassadeurs, a été chercher le
nouveau ministre à son domicile dans
les voitures de gala. M. Mavrocor-
dato et les trois attachés d'ambassade
qui l'accompagnaient ont été reçus par
M. Grévy, entouré de sa maison mili-
taire.
L'entrevue a duré environ une demi-
heure.
Hier matin, M. Floquet, préfet de la
Seine, a reçu une adresse des électeurs
de la première circonscription d'Aubus-
son, lui demandant de les représenter à
la Chambre législative.
M. Martin Nadaud, député de la
Creuse, a été chargé par les électeurs de
transmettre cette demande au préfet de
la Seine.
M. Floquet, qui, on le sait, était autre-
fois député de la Seine, n'a pas encore
répondu. Acceptera-t-ilde représenter le
département de la Creuse ? '1
La reine d'Angleterre va, paraît H,
recevoir d'ici peu un présent assez cu-
rieux. C'est la première épreuve du tim-
bre-poste à l'effigie du président Gar-
field.
C'est Mme Garneld qui a fourni le
portrait qui a servi pour ce timbre-
poste, et 1 on dit que la ressemblance en
est parfaite.
Le spécimen qui doit être envoyé à la
reine Victoria sera encadré d'argent ci-
selé et bordé d'or. La partie concave d u
cadre est en ébene, et le tout est enfer-
mé dans un cofEret en bois de cèdre,
doublé de pourpre et monté en argent.
Hier matin, au temple protestant de
l'avenue de la Grande-Armée, a été cé-
lébré le mariage de Mlle Duval, nlle de
M. Raoul Duval, ancien député, avec M.
IIervey, lieutenant d'artillerie.
Dans la nombreuse et brillante assis-
tance, nous avons remarqué MM. Léon
Say, cousin de la fiancée; maréchal Can-
robert, Janvier de la Motte, Robert Mit-
chell, Albert Duruy, la princesse de
Metternich, la princesse Troubetskoï,
etc., etc.
La création des collèges de filles, qui
semblait ne devoir soulever que peu de
difficultés, en fait, au contraire, surgir
d'assez compliquées.
Ainsi les délégués du ministre de
l'instruction publique et ceux du con-
seil municipal de Paris ne sont point
parvenus à s'entendre, et les conférences
ont été rompues.
L'Etat, aux yeux des membres du
conseil municipal, se ferait la part trop
belle dans l'organisation de ces collèges,
et la ferme résolution de ne faire aucune
concession, de part et d'autre, retardera
sans doute encore longtemps la création
de ces établissements.
M. Joffrin, le nouveau conseiller mu-
nicipal du quartier des Grandes-Carriè-
res, va, sous peu, reprendre la grande
question des manifestations sur la voie
publique autorisées ou interdites.
Les blanquistes veulent faire une ma-
nifestation le jour anniversaire de la
mort. de leur chef on disperse les in-
transigeants.
M. Gambetta préside un banquet Gri-
sel et, bannières au vent, musique en
tête, un cortège nombreux traverse
Paris, avec tous les honneurs de la
police.
Tel est le contraste sur lequel M. Jof-
frin va faire quelques broderies pour
ses débuts dans l'art oratoire poli-
tique.
Les vols de tableaux semblent devoir
continuer.
A Bruxelles, au palais royal, quatre
tableaux ont été enlevés de leurs cadres
et emportés ce sont la .DMpM~ aK ca-
&~
tel.
Ces tableaux étaient placés dans des
salons contigus à la chambre à coucher
de la Reine. C'est donc dans les apparte-
ments mêmes de Sa Majesté que le vol a
été commis.
Les perquisitions et l'enquête ouverte
immédiatement n'ont encore amené au-
cun résultat.
Hier matin, à huit heures, la gigan-
tesque statue de Marceau, œuvre du
sculpteur Clésinger, qui sera prochaine-
ment dressée devant la façade de l'Ecole
militaire, a été transportée aux Champs-
Elysées. Nous avons déjà annoncé que
cette statue doit séjourner quelque
temps, avant son érection dénnitive.a la
porte de l'Exposition des arts décora-
ttfis. La manœuvre de l'installation, sur-
veillée par l'artiste lui-même, s'est opé-
pé~&vec un plein succès. 1<
Très beau bal, avant-hier, à l'ancien
hôtel de Talleyrand, rue Saint-Floren-
tin, chez le baron et la baronne Alphonse
de Rothschild. Le prétexte de cette fête
splendide était le prochain mariage de
Mlle Betty de Rothschild, fille du baron
Gustave et nièce du baron de Roth-
schild avec M. Lambert, représentant
de l'importante maison de banque de
Rothschild frères, à Londres.
La cérémonie nuptiale sera célébrée
dans le courant de la semaine pro-
chaine.
Où s'en vont les souvenirs
On vient de vendre, à l'hôtel Drouot,
une collection très curieuse d'instru-
ments de musique anciens, où, au mi-
lieu des formes étranges ou gracieuses
des uns et des autres, entre les cistres,
les mandores, les clavecins, les trompes
marines et les serpents, ûguraient quel-
ques instruments du temps passé.
Parmi ceux-ci, un piano à queue fait à
Vienne pour l'impératrice Marie-Louise,
à l'époque de son mariage avec Napo-
léon ?', et un petit piano dont l'histoire
était plus curieuse encore, car, d'après
des témoignages authentiques, il avait
successivement appartenu à Gluck, à
J.-J. Rousseau, à Grétry et à Nicolo.
Le premier a atteint le chiNre de 910
francs; le second a été adjugé à 185 fr.
NOUVELLES A LA MAtM
Au jardin des Tuileries
Voyons, mademoiselle Lili, dit une
bonne, ne faites donc pas des grimaces.
ça rend laide.
Alors, répond l'enfant, tu as donc
bien fait des grimaces quand tu étais
petite 1
Un aphorisme dédié à ce sexe auquel
nous devons nos maires
« Méfiez-vous des brunes, prenez garde
aux blondes, et fuyez les autres.
Un riche bourgeois vient de visiter
un appartement, boulevard IIaussmann
Décidément, le local me convient,
dit-il au concierge. J'irai voir le pro-
priétaire pour traiter avec lui.
Alors, dépêchez-vous, s'écrie dom
Pipelet. le propriétaire est assiégé. Ils
sont cinq ou six en train de le c~coMc~re
MM DOM)MO~
SOUS LE MASQUE
On fait grand embarras de nos diners
modernes. Un menu est parfois un événe-
ment, et nos Vatels au petit pied se glori-
fient d'un assaisonnement nouveau, comme
nos Lucullus pour rire, de leur prodigalité.
Or, cette prodigalité ressemblerait peut-
être bien à celle d'Harpagon, si on la com-
parait aux somptuosités de nos pères, dont
le faste, comme l'appétit, paraîtra gargan-
tuesque aux pauvres petits crevés d'aujour-
d'hui.
Bassompière, crânement, buvait dans sa
botte de bon vin de France, qui n'était pas
notre champagne frelaté, ni notre pâle
bordeau,
gaulois avec la gaieté française, le rire à
pleines lèvres, l'appétit à pleines dents, la
bonne humeur et la ~bravoure. On buvait,
on chantait, on aimait, et on mourait « pour
Dieu, pour la patrie, pour sa dame et pour
le Roy. »
Mais, sans aller chercher si loin, je trans-
cris à titre de curiosité un dîner du com-
mencement du dix-huitième siècle, fait en
bonne compagnie chez le <dienne.
C'était en f7!6. Imaginez pour convives
les galants seigneurs et gentes dames que
la Régence faisait éclore, comme une tom-
bée de roses sur le fumier de la déprava-
tion.
Je laisse parler le chroniqueur, Limo-
géon de Saint-Didier. Le milieu de la table
était occupé par un surtout d'argent de dix
mille écus, dont la façon avait coûté dix
mille livres. Cet ouvrage était de Larmay.
N asidienne avait voulu qu'on y représentât
les quatre éléments. C'était un octogone
long, supporté par quatre griffons, qui
signifiaient ensemble FAii et la Terre. Les
huit angles présentaient huit consoles, cha-
cune chargée d'un Triton qui, signifiant
l'Eau, portait sur sa tête une grande coquille
vide.
Le Feu était représenté par un mont
Etna placé au milieu du surtout, sur lequel
s'élevait un Pluton,tenant Proserpine dans
ses bras. Un petit Amour assis au bout du
char paraissait pousser dans l'ouverture du
volcan les chevaux à toute bride. Les su-
criers et poivriers étaient à leur place ac-
coutumée sur le surtout. Deux soupières
(pots à cilles), supportées chacune par qua-
tre aigles,formant un gril, paraissaient telles
que deux tours, et flanquaient le surtout.
Dans l'une était une oille à l'espagnole~ d'une
poule de Caux et de douze ramereaux, gar-
nis de filets de perdrix, de bœuf de cimier,
avec un coulis, et toute sorte de racines.
Dans l'autre une soupe de santé de deux
jarrets de veau à l'épigramme, garnis de
cailles sortant leur tête autour du pot.
Quatre hors-d'œuvre accompagnaient les
soupières de boudin blanc, de pi~ds de
veau à l'anglaise, de petits pâtés à l'espa-
gnole, et de fricassée aux farces.
Au second service, on releva les deux
soupières par deux grands plats faits à
Paris. Sur l'un, une pièce de bœuf trem-
blant garnie de pains à la crème, farcis de
blancs de chapons, avec des mousserons
dedans. Sur l'autre, une pièce de bœuf à
l'écarlate garnie de petits oiseaux dans
leurs œufs, merveilleusement contrefaits
avec de la pâte. Ces deux pièces étaient
piquées d'hatelettes.
Quatre entrées suivaient une timbale
de bécassines au coulis de chapon; deux
.M~ de poulardes des filets de lièvre au
coulis de tortue; une douzaine de tourte-
relles au coulis de perdrix.
Au troisième service, un .marcassin en-
touré de cailleteaux. De l'autre côte, une
longe de veau de rivière) entourée de pou-
lets de grains. A l'un des milieux de la
table, deux dindons entourés de douze
perdreaux. A l'autre, deux faisans entourés
de bécassines. Avec quatre salades, une
d'anchois, une d'olives, la troisième d'her-
bes fines, la quatrième de laitues.
Quatrième service. Esturgeon à h
daube, pâté de jambon de Mayence, cro-
quante entourée de beignets, tourte de
pistache, garnie de tartelettes, petits pois
à la crème et lamproies au sang. Vin de
Toquay.
Et pour accompagner tout cela, en char-
mant les convives, concert avec violes,
chansons bachiques, etc., etc.
Puis, sous prétexte qu'une belle dame
que ses
qui consiste à se faire attendre, était dès
lors à l'usage des jolies femmes étant
survenue après le service des rôtis, on ad-
joignit à ce menu respectable
Six gélinottes, posées à la place des deux
grands plats d'entremets, avec un paon
nourri pendant un mois de riz, de lait et
de jaunes d'œufs. Un agneau rôti tout en-
tier, farci d'ailes de poulets, d'ortolans et
de grosses truffes noires.
Je renonce à décrire le dessert, les mille
sucreries fabuleuses qu'arrosaient le cham-
pagne et l'Eau des Barbades, et les incroya-
bles gourmandises qui achevèrent ce repas
digne des dieux.
0 Sagan, Bamberger, Rothschild et
Mackay, que vos millions semblent petits à
'qui" les contemple du haut de ce surtout
olympien. Laquelle parmi vous osera réé-
diter ces splendeurs ? ';1
J'ai dit que la vicomtesse Mary de Cour-
val appartenait à l'école des raffinées. Si
la dîme de quarante couverts qui a précédé
sa réception de lundi est loin d'atteindre
le luxe que je viens de conter, il est pour-
tant sans rival dans les fastes contem-
porains. Il a été servi sur quatre tables sé-
parées, chacune de dix couverts. Le pre-
mier service a été effectué sur de vieux
sèvres, le second sur de vieux saxe, le
troisième sur de vieux chine, le quatrième
sur de vieux japon.
Le souper, non moins somptueux, a ré-
pété, vers quatre heures du matin, les mê-
mes magnificences, exquises et savoureu-
ses. Et l'on assure que les plus friandes
parmi les jolies convives l'ont prolonge en
l'entremêlant de gentils caquets jusqu'à
l'heure du déjeuner.
Comme je l'ai dit, je ne révèlerai aucun
nom parmi ces privilégiées.
Mardi matin a eu lieu le mariage de Mlle
Cornélie de Zuylen, fille du ministre des
Pays-Bas, avec M. Scheidegger. Rarement
on a vu mariée aussi resplendissante
sa beauté dépassait tout ce que l'on en
pourrait esquisser, rehaussée par l'éclat
marmoréen de sa toilette virginale.
Dans l'assistance, décernons les deux
premiers prix d'élégance à la comtesse de
Pourtalès, représentant le camp français,
et à la comtesse de Moltke, charmante et
aristocratique personnification de la colo-
nie étrangère.
Après la cérémonie, réception chez les
parents de la mariée, au joli hôtel de l'ave-
nue Bosquet. Tout le corps diplomatique
s'y trouvait réuni, joint au noble faubourg.
Parmi les mariages annoncés celui du
marquis de Robien avec Mlle d'Armaillë;
celui de Mlle de la Baume-Pluvinel avec
le marquis de Nédanchel, et celui de Mlle
de la Bouillerie avec M. de Mérona.
V)0)LETT*
PETITE BOURSE DU SOIR
DtX HEURES
50/0. 11705,03,02.
Turc. 1332,30.
Italien. S980.77.
Egypte. 35937,35812,35875.
Banquoottoma.no. 8)5,8!6.
Extérieure. 271/2,19/32.
Lotsturcs. 59 25,<
Actions Rio. 652, 650, 65312.
LES CR!MES DE DUBUN
Dix individus soupçonnés d'être les
meurtriers de Phœnix-Park ont été ar-
rêtés hier à Liverpool abord del'jE~/pi'e,
au moment où ce steamer allait lever
l'ancre pour New-York.
On croit que des dix individus arrêtés,
deux sont Américains et deux Irlandais;
les autres seraient des marins ou des
pompiers anglais.
Les poursuites de la police anglaise
ne sont, d'ailleurs, pas dirigées que con-
tre les land-leaguistes irlandais. Mardi
soir, on a opéré, à Londres, une saisie
dans les bureaux de la ~re! journal
socialiste allemand.
C'est le même organe dont le fonda-
teur, M. Jean Most, ancien député au
Reichstag allemand, a été condamné et
emprisonné, il y a un an.
L'imprimeur, M. Mertens, a été arrêté
et traduit ce matin devant le tribunal
correctionnel de Bo-w-Street. Il est pour-
suivi au sujet d'un article publié dans ce
journal, sur les assassinats commis à
Dublin.
Le procès est intenté par le procu-
reur royal.
Un mandat d'amener a été également
lancé contre M. John Never, l'un des ré-
dacteurs de la T~'e~e~.
Une dépêche de Dublin annonce que
les chefs de la Ligue agraire se propo-
sent de se réunir à Paris, afin de discu-
ter la situation actuelle des aSaires.
M. Davittest déjà parti pour Paris, où
il va s'entendre avec M. Egan. On as-
sure que M. Dillon et les autres dé-
putés irlandais le suivront prochaine-
ment.
Le cardinal Mac'Cabe est arrivé avant-
hieràDublin.
Répondant à une.adresse'qui lui avait
été présentée, le cardinal a réprouvé les
assassinats dirigés contre les autorités
assassinats qui remplissent tous les
cœurs irlandais de chagrin et de honte.
En terminant, Mgr Mac Cabe a vi-
vement engagé les Irlandais à seconder
l'autorité dans la recherche des crimi-
nels.
t.OU)S LAMBERT
Il
LE SALON
0 .f;.)3.
.? "IV
Ce préjugé n'est pas encore tout à fait
dissipé qui partagait les peintres en
deux catégories: les peintres de figures
et les paysagistes. On ne le retrouve
que trop, non seulementcheziecommun
des amateurs, qui peu enclins à favoriser
les indépendances, mais aussi chez des
peintres de figures qui font profession
de mépriser le paysage. Cependant,
peu à peu, le goût de la peinture en plein
air dissout ces antipathies. La jeune
génération se rend fort bon compte de
la nécessité de ne pas isoler les ngures
enveloppées du paysage enveloppant.
Tout le mouvement esthétique moderne
s'est dégagé, moralement, du principe
égalitaire, base des sociétés nouvelles
et, pratiquement, de l'eSort des paysa-
gistes.
Avant 1830, on peignait la nature ex-
térieure d'une certaine façon approxi-
mative, et les ngures d'une certaine
façon conventionnelle. Un beau matin,
des naturistes ont jugé à propos de re-
présenter naïvement les arbres qu'ils
voyaient, les champs qui verdissaient ou
jaunissaient devant eux, les rivières qui
coulaient à leurs pieds, les montagnes
qui s'estompaient à l'horizon, et de les
représenter, autant qu'il pouvait leur
être donné, sous l'exacte lumière qui
les éclairait. Leurs tableaux ont accom-
pli une révolution. Si la nature était ce
qu'ils montraient, l'homme n'était, as-
surément, pas ce qu'on le faisait. La
créature humaine n est qu'une partie de
la création générale elle joue*son rôle
dans l'universel ensemble; elle vit, elle
se développe, elle s'éclaire, elle meut
suivant les mêmes lois centrales que tous
les êtres animés. La même atmosphère
qui baigne les arbres la baigne la
même lumière qui gradue les rapports
des couleurs d'un objet à un autre gou
verne ses apparences. Pour que la vie
de l'être humain soit indiquée en toute sa.
puissance, il faut qu'elle soit mêlé~ à !a.
vie ambiante. Tel a été l'enseignement
du paysage, et son bienfait a régénéré
la science des coloristes. Les peintres
les plus fermés au sentiment agreste
ont éprouvé l'urgent besoin de mettre
de l'espace autour de leurs figures pein-
tes, et ils ont appelé cela d'un mot pit-
toresque /)~ p~y~r les /'oM«!.s'. Ce re-
tour a. la logique devait s'imposer il
s'est imposé. Il n'est plus, désormais, un
seul jeune artiste qui ne possède- le
zèle du plein air et de l'enveloppe atmos-
phérique. Le public, lui-même, com-
mence à juger sainement de la qualité
d'une ambiance. Ainsi, j'ai entendu des
passants, au Salon, blâmer le paysage
d'un tableau de M. Julien Dupré, où se
voit une campagnarde retenant une va-
che qui veut lui échapper, et ces pas-
sants disaient, en propres termes, que
le fond faux faussait la femme et la
vache, ce qui est la vérité pure. Une
autre fois, une Parisienne assez igno-
rante des choses de l'art, devant laquelle
je louais un tableau militaire fort inté-
ressant de M. Lançon, les r/Mc/~M
~e~aM< ~e 6!e -Pa~M, me ripostait
que < le ciel trop noir l'empêchait de
voir la terre Et, de fait, la terre est
beaucoup trop lumineuse pour le ciel.
Que de progrès accomplis ne revêtent
pas ces simples traits
M. Jtdea tEreten.
D'où vient la pénétrante poésie dR
cette scène rurale de M. Jules Breton
le ~0!~ o!aMM MM /Mm<3MM e!M ~):M~)-e
De nulle autre chose que de l'intime a.c~
cord du fond, du ciel, du terrain et des
figures. Une route grise coupe en deux
la pierreuse et maigre colline. Derrière
les deux maisonnettes qu'on aperçoit
tout au sommet, et dont le roc dur fai t te
fondement, le chemin redescend vers la
bourgade, étagé.e sur l'autre penchant.
La première étoile brille au ciel; les
nuages rosés de la nuit tombante cou-
rent sur l'azur pâli, que brouille, au-des-
sus des maisons, la fumée grise d'un
foyer et qu'argenté discrètement le
disque blanc de la lune à la moitié de
son cours. Le chemin contourne un
champ d'une verdure sombre, d'où s'é-
panche et ruisselle, petitement, d'un tas
de pierres, un ruisseau sufnsaat à
peine à mouiller le sol avare. C'est
nni du travail; les gens rentrent au
logis; on en voit s'éloigner toute une
troupe, là-bas, vers le hameau caché.
Quatrefemmespourtantcausent au mi-
lieu de la route; trois vieilles, qui sem-
blent des aïeules, et qui ont, natureUe-
ment, des attitudes de Parques, leur
quenouille à la main, et une jeune, qui
tricote son bas, ingénue et p'rave
dont les trois autres ont l'air de nier le
destin. Il est d~une réalité étrangemo.nt t
bretonne, ce groupe austère et sculptu-
ral, fait de formes solennelles, vêtues de
noir, coiffées de blanc, qui se décou-
pent, claires encore, sur l'air déjà cré-
pusculaire. De grosses pierres bordent
le chemin; des femmes encore y sont t
assises; celle-ci parle et ceHe-ia suc
combe au sommet); les discours de celte
qui parle doivent être aussi graves que
si des paroles d'éternité se dérou-
laient de sa bouche, car celte q:u
s'endort garde ses mains jointes pieuse-
ment comme pour une prière. Mais,
plus loin, au seuil d'une porte, des con-
versations jBMt nouées un paysan al-
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