Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-05-19
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 mai 1882 19 mai 1882
Description : 1882/05/19 (Numéro 979). 1882/05/19 (Numéro 979).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k524243q
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
PARIS I.S~ centimes. DÉPARTEMENTS ET GARES SO'CENTIMESJ
Vendredi 19 ~Mai t~M
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NosEcHOS. t~tDammo.
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LA QUESTION ÉOYRTISNNË..
Sous LE MASQua. V[ote«a..
COURRIER DE PARIS AHABI. –ffe'aMfte DctMc!.
Au BOUT DE LA LoRONBTTZ. 7'rtotet.
JOURNAL OFFICIEL.
NÉCROLOSIE. '°
LA CRISE IRLANDAISE. ~f.
LETTRE DE TURQUIE. A. T. <
ARTS ET BIBELOTS.– ~7. Motr/'t0«.
LE GAULOIS PARTOUT.
TÉLÉGRAMMES ET CORRESPONDANCES. G. Z.MM.
NOUVELLES DIVERSES. G[f< LA SoiRÉE PARISIENNE.–MeMFtce Or~ottftea«.
SPORT.–StrBep~.
EcHosDEsTHéATRES.–ArFEUILLETON LES ENFANTS DE LA BALLE. f,OMM
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Nous avons reçu la lettre suivante, où
l'objection de la pauvreté est exprimée
très naïvement etd'nne façon louchante.
C'est une dame qui nous écrit
,x `a.5.,
.Permettez moi de vous Soumettre un
côté de la question sur lequel la loi se
tait..
Les veuves-mères dé famille seront-elles,
comme les pères passibles de la prison,
de l'amende, etc. ? J'ai pris chez moi, par
charité, une pauvre servante, mère de deux
enfants, sans parents, sans appui elle n'a
pas de ressources et manque de l'intelli-
gence nécessaire pour s'en créer. Sur
vingt-cinq francs de gages mensuels que
je lui donne, elle garde pour elle cinq francs
par mois, le reste paie l'entretien et la
pension de ses enfants chez un fermier
besogneux du pays. Dix francs par en-
fant une fillette de deux ans, un garçon
de sept ans, sauvage comme un loup ga-
rou, et que le seul mot d'école fait dispa-
raître dans les bois pendant une semaine.
Le fermier, pour consentir à une aussi
minime rétribution, a mis cette condition
que le gamin garderait les moutons en
même temps qu'il surveillerait sa petite
sosur et les autres marmots de la maison.
Ni mouton, ni enfant n'ayant encore été
égaré, le maître ne se plaint pas, et la
mère était heureuse, lorsque survint la fa-
tale loi.
Le fermier déclare qu'il rendra les petits
à leur mère, plutôt que d'envoyer le jeune
berger à l'école.
A la pensée de voir ses enfants sans asile,
d'être obligée de quitter une place assurée,
sans avoir aucun moyen de les nourrir, la
mère pleure et se désespère.
On lui dit qu'elle ira en prison si son nls
manque les classes.
La prison, c'est le déshonneur, notez que
la malheureuse, entièrement dépourvue
sous le rapport intellectuel, est fort jolie,
et'qu'elle a eu jusqu'ici le mérite de demeu-
rer irréprochable. Entre la prison et un
autre déshonneur qui ferait vivre ses en-
fants, ne sera-t-elle pas tentée de faire un
choix? Y
Monsieur le directeur,que peut-on contre
cette misérable? Je vous la cite seule, ses
pareilles sont légion. Quelle punition subi-
ront les mères honnêtes, coupables de n'a-
voir ni époux, ni pain ? Quel sort réserve-
t on aux enfants des pauvresses ? P
Ne pensez-vous pas qu'avant de se char-
ger par la violence de diriger les enfants
auxquels leurs parents peuvent suffire, il
eût été logique de pourvoir d'abord aux be-
soins des enfants sans famille? q
Ma servante n'entend rien en politique
te gouvernement qui élèverait ses enfan ts
dans les principes que jusqu'à présent oh
a. cru bons, lui semblerait, quel qu'il soit, le
plus juste du monde.s'il recueillait .ses
<;hers êtres, et les mettait à l'abri du froid
et de la faim.
Je suis moi-même mère de famille, veuve
d'un magistrat révoqué deux ans avant
d'avoir droit à la retraite; ne possédant
que peu de fortune, ma charité est au-des-
sous de mes désirs, ce qui vous expliquera
pourquoi je vous conte lés peines d'une
servante au lieu de les soulager. C'est
d'ailleurs pour être renseignée au point
devuegénérai que j'ose solliciter votre
opinion.
Nous n'avons pas besoin, sans doute,
d'expliquer à notre correspondante que
ce loup-garou de sept ans a d'autant plus
besoin d'apprendre à lire que sa mère
est sansressources, et qu'il n'a ni pa-
rents ni amis. Le plus grand malheur
quiputluiarriver, ce serait de rester
ignorant comme il est. La société n'a
pas trop tort de s'occuper de cette situa-
tion et de tâcher de l'améliorer. Cette
mère ignorante ne comprend probable-
ment pas la nécessité de l'instruction,
et elle serait heureuse si on lui garan-
tissait que ses enfants resteront où ils
sont, et comme ~s sont qu'ils manque-
ront d'instruction, mais qu'ils ne man-
queront pas de tain.
Pour nous, notre opinion est qu'il au-
rait sufS d'apprendre la lecture et l'é
criture à cet enfant. Quand un enfant
sait lire et écrire, il a la clef de tout. On
aurait bien trouva quelque bonne âme
pour lui montrer ses lettres par charité,
& ses moments perdus. Il n'en aurait pas
moins gardé ses~moutons.
Ma.Iheureusem!ent, ce n'est pas la lec-
ture et l'écriture qu'impose la. terrible
loi. Elle exigea tout aussi impérieuse-
ment les notions de droit, d'économie
politique, l'histoire, etc. On ne trouvera
personne, m à'~ la. ferme, Bi hors de la
ferme, qui possède ces ConMissMices
encyclopédiques, et qui puisse passer
tontesajournée à lés inculquer à ce
malheureux garçon. M. le curé a bien
d'autres choses à faire. On ne peut pas
lui demander d'enseigner la gymnasti-
que et les exercices militaires. Pe~t-être
même n'est-il pas 'tfês ferré sur la phy-
sique, etsur l'application de la physique
aux arts industriels. Ne pensons donc
pas à l'éducation privée. C'est tout à fait
impossible.
D'ailleurs il y a les moutons elles mar-
mots. Ce garçon de sept ans est berger;
il est bonne d'enfant; il est soutien de
famille. Il ne peut pas faire sa besogne
et gagner sa pauvre vie tout en étu-
diant les éléments du dessin,, du mode-
lage et de la musique.
Cependant la loi est formelle; la ré-
pression est grave, Elle n'ira pas jus-
qu'à la prison, tranquillisez-yous; ce-
pendant, à la rigueur, avec un peu de
parti pris et de malveillance de la part
des autorités, elle pourrait aller jusque-
là. Vous croyez que la loi ne s'explique
pas sur les veuves mères de famille;
c'est une erreur, elle s'explique très ca-
tégoriquement en ne les nommant pas.
Dés qu'elles ne sont pas exceptées, elles
peuvent être condamnées. La loi dit
< Les parents ou la personne respon-
sable. elle prend soin, à l'article 7, de
faire une énumération le père, le tu-
teur, la personne qui a la garde de l'en-
fant, le patron chez qui l'enfant est
placé. Le fermier lui-même, s'il garde
l'enfant sans le faire instruire, s'expose
aux pénalités de la loi.
Il faudra donc, bon gré, mal gré, s'ar-
ranger pour que l'enfant aille à l'école.
Ce fermier, madame, nous paraîtun peu
exigeant. Vingt francs par mois, c'est
une somme à la campagne. On lui donne
ces vingt francs en argent; il est proba-
ble qu'il ne voit pas d'autre argent que
celui-là. Il veut avoir, gratuitement, par-
dessus le marché, la journée entière de
ce pauvre enfant; cette journée a une
valeur. S'il s'entête à renvoyer son pen-
sionnaire, il sera obligé de prendre et
de payer un domestique. Expliquez-lui
qu'il ne comprend pas son intérêt.
Dites-lui aussi que l'enfant n'ira pas à
l'école toute la journée. Donnez-lui lec-
ture de l'article 1S de là loi, qui est ainsi
conçu
Art. 15. La commission scolaire
pourra accorder aux enfants demeurant
chez leurs parents ou leur tuteur, lorsque
ceux-ci en feront la demande motivée, des
dispenses de fréquentation scolaire ne pou-
vant dépasser trois mois par année en de-
hors des vacances. Ces dispenses devront,
si elles excèdent quinze jours, être soumi-
ses à l'approbation de l'inspecteur pri-
maire.
La commission peut aussi, avec l'appro-
bation du conseil départemental, dispenser
les enfants employés dans l'industrie.et ar-
rivés à l'âge de l'apprentissage, d'une des
deux classes de la journée. La même fa-
culté sera accordée à tous les enfants em-
ployés hors de leur famille, dans l'agricul-
ture.
Il faut faire ici une double re-
marque. La commission n'a besoin du
concours de personne pour refuser les
deux dispenses exprimées en l'article 15;
et son refus, dans les deux cas, est sans
appel. Mais, pour les accorder, c'est diffé-
rent.Il n'est pas même juste de dire qu'elle
les accorde: elle les propose, et elle
a seule le droit de les proposer; voilà
la vérité exacte. Pour la dispense de
trois mois de fréquentation, il faut l'ap-
probation de l'inspecteur d'académie
pour la permission de n'assister chaque
jour qu'à une seule classe, il faut l'ap-
probation~du conseil départemental.
Votre protégé, madame, est employé
hors de sa famille, dans l'agriculture. Il
est pauvre il a besoin de son temps. Il
est tout à fait dans le cas de l'article 18.
Il n'ira à l'école que huit mois par an,
et il ne suivra par jour qu'une seule
classe. Il donnera tout le reste de son
temps aux moutons du fermier. Ce ter-
rible homme n'aura pas à se plaindre.
Les moutons même ne se plaindront
pas trop, s'ils sont obligés de rentrer
deux heures par jour, pendant que leur
berger sera à l'école. Ils auront leur
pleine journée pendant quatre mois,
sans compter les jeudis et les diman-
ches pour le reste du temps. Le berger,
ayant appris à l'école les éléments de la
musique, leur jouera peut-être le soir
un air de chalumeau ce sera très bucoli-
que. Il rendra de grands services dans la
ferme, par ses connaissances sur l'hy-
giène, sur l'usage des outils des prin-
cipaux métiers, et par son habileté dans
la gymnastique. Au besoin, l'habitude
des exercices militaires lui sera utile
pour écarter les loups. Rien ne donne
autant de courage à un jeune garçon
que d'avoir fait l'exercice avec un man-
che à balai.
Vous pensez maintenant que nous al-
lons bien vite en besogne; que les trois
mois de congé, et l'exemption d'une des
deux classes peuvent être accordées,
mais ne le sont pas récessairement. Pour
obtenir ces faveurs, il faut fléchir l'ins-
pecteur d'académie, la commission sco-
laire et le conseil départemental. Cela
fait beaucoup de mouvement et de
grands personnages. Comme ce sont eux
aussi qui finiraient par envoyer la mère.
et le fermier en prison, si on les mettait
de mauvaise humeur, nous vous expli-
querons demain qui sont ces gens-là,
et comment il faut s'y prendre pour les
satisfaire et pour les ûéchir.
Nos Ëfchos
w Ze TetMp~ mai ~M
En France, le vent d'entre N. et E. et te beau
temps vont continuer. La température se relevé et
tend à se rapprocher de la normale.
AUJOURD'HUt
A 6 heures et demie, dîner au Grand-Hôtel
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dîner, l'orchestre de
M. Desgrangea jouera dans la nouvelle salle de
musique. ° ,{',
MEt!C ~i
Potage Parmentier )
Hors-d'œuyre
` Bar sauce aux câpres
Pommes de terre à l'anglaise
Contrefilet à la Nevers
Kramouski à la polonaise
Mayonnaise de homards
Chapons du Mans au cresson
Salade
Asperges en branches
Tartelettes de fruits
Glace
Parfait au café
Desserts
Fromages, fruits et petits-fours
A 8 h. 1/2, au Café Divan, séance de billard
par M. Gibelin, professeur du Casino de Vichy.
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgue, tables de jeux. Dîner & la carte
tu restaurant.
Le programme du dîner-concert. (Voir & la
4'page.)
A l'Opéra. FrcMgOMe de jR~t/n.
Au Théâtre-Français. Le Monde sft l'on
s'e~ttte.
A l'Opéra-Comique.– Les Drayo~a de V~ar:
et le C/t
A l'Odéon. L'~foMfteMf et !'Ar~e~<.
A la Gaité. Reprise de la CGe/të~.
DEMAtN
A l'Opéra. Les ~M~MMO~.
Au Théâtre-Français. Première représenta-
tion des Po/'trois tableaux de M. Octave Feuillet, et reprise
do la FomM!e PomoTt.
A t'Opéra-Comiquo. Les JVoce* de .P~etro.
A l'Odéon. L'MO~~ettr e< ~A~en.<.
Au Chateau-d'Eau. Reprise du T'OKoere.
LE MONDE ET LA VtLLE
Grand dîner officiel hier chez le pré-
sident de la République.
Etaient présents les ministres, les
sous-secrétaires d'Etat et les membres
des bureaux des deux Chambres.
Après le diner il y a eu brillante ré-
ception, qui ne s'est terminée qu'après
minuit.
Le président de la Chambre des dé-
putés donnera le 29 mai un nouveau dî-
ner, suivi de réception.
Parmi les invités de M. Henri Brisson
se trouveront M. Gambetta, président de
la commission de l'armée les membres
de cette commission et les membres de
la commission parlementaire de la
caisse des retraites.
Mgr Czacki se trouve en ce moment
assez souffrant pour être forcé de gar-
der la chambre.
Il n'a pu se rendre mercredi dernier
à la réception du corps diplomatique,
qui avait lieu au palais du quai d'Orsay.
M. de Freycinet a fait prendre des
nouvelles du nonce du Pape.
M. Bourget, recteur de l'Académie
d'Aix, vient d'être, sur sa demande,
nommé au rectorat de Clermont.
M. Bourget est le père de notre émi-
nent confrère et ami M. Paul Bourget.
C'est samedi prochain qu'on procède
ra, au palais de l'Industrie, aux votes
des médailles d'honneur qui seront ac-
cordées aux exposants du Salon.
Dans la section ~e ~e~Mrg, la mé-
daille d'honneur sera votée par tous les
exposants français et par le jury de la
section.
Il n'y aura qu'un tour de scrutin, et
l'artiste auquel la médaille sera décernée
devra avoir réuni un nombre de voix
égal au tiers plus un des votants.
Les artistes qui auront retiré en per-
sonne leurs cartes d'exposants et signé
sur le registre pourront seuls envoyer
leur vote sous pli cacheté.
-Da~s ? secMoM ~6 scM/~M~, la mé-
daille d'honneur sera votée comme pré-
cédemment mais l'exposant médaillé
devra réunir un nombre de voix égal
au quart plus un des exposants de la
section. Les artistes ne seront pas ad-
mis à voter par correspondance.
.D daille d'honneur sera décernée à l'artiste
qui aura obtenu le plus grand nombre
de voix, pourvu que ce nombre de voix
représente au moins les deux tiers plus
un de l'effectif du jury.
Z' daille d'honneur sera votée par tous les
artistes exposants français et le jury de
la section.
L'artiste médaillé devra réunir la ma-
jorité absolue du nombre total des vo-
tants.
Ajoutons que la fermeture provisoire
du Salon aura lieu les mardi 23, mer-
credi 24 et jeudi 2S mai, et ,la réouver-
ture le vendredi 26 mai.
L'Association des seize sociétés de
gymnastique de la Seine a fêté hier l'in-
auguration du drapeau que lui a offert
Mme Thiers. Ce drapeau a été remis à
l'Associationtpar M. Félix Faure, député,
ancien président de l'Union des Socié-
tés de gymnastique de France.
MM. Félix Faure, Edmond Turquet et
Paul Déroulède, dans de brillantes im-
provisations, se sont faits les interprètes
des sentiments de l'assemblée, qui tenait
à donner à la mémoire de M. Thiers un
souvenir de reconnaissance patriotique.
La. ville de Lyon v{ent d'ouvrir un
grand concours entre tous les artistes
français pour l'érection d'un monu-
ment qui serait élevé à la mémoire des
soldats, originaires du département du
Rhône, qui ont pris part à la guerre de
1870.
On placerait à l'entrée du parc de la
Tête-d'Or ce monument, dont l'inaugu-
ration donnerait lieu à de grandes
fêtes.
L'Union centrale des arts décoratifs
prépare, pour le mois d'août, sa septième
exposition moderne et rétrospective des
industries d'art relatives au mobilier, au
costume et au livre.
Cette exposition sera des plus intéres-
santes et, un grand nombre d'industriels
et d'artistes ont déjà promis d'y prendre
part.
De son côté, le ministre de l'instruc-
tion publique et des beaux-arts doit
mettre à la disposition du président de
l'Union des arts décoratifs quelques-
unes des tapisseries récemment termi-
nées dans les manufactures des Gobe-
lins et de Beauvais, ainsi que quelques
meubles appartenant au mobilier na-
tional.
Sur la proposition du préfet de la Sei-
ne, le conseil municipal donnera pro-
chainement le nom de rue Flatters à la
rue nouvelle qui va de l'avènue.du Bois-
de-Boulogne à l'avenue Bugeaud.
La rue ouverte dernièrement entre
les rues de Rennes et de Vaugirard
prendrait le nom de rue Littré. On sait
que l'illustre académicien demeurait
dans une rue voisine, la rue d'Assas.
Petite chronique de l'escrime
Belle et brillante réunion hier matin,
dans la salle d'armes de M. le marquis
d'Alta-Villa, grand-maître du palais de
Castille.
Les assauts étaient organisés par M.
A. Broutin, attaché au secrétariat de
S. M. la reine Isabelle, et chef de la
salle d'armes, qu'il dirige avec talent.
Attendons-nous à de grandes surprises;
car, grâce à M. A. Broutin, les hôtes
de M. le marquis d'Alta-Villa verront
avant peu aux prises deux de nos meil-
leurs maîtres, avec qui il se mesurera.
Jeudi prochain il y aura assaut. Mais
pas d'indiscrétion à l'avance.
Hier également a eu lieu, dans la
serre de l'Elysée, un brillant assaut, di-
rigé par le sympathique professeur
Collin.
Une excursion originale et bien pra-
tique est celle que plusieurs membres
de la salle Robert ont faite, hier, dans le
bois de Meudon.
Deux MM~s-cMc~M ont transporté une
vingtaine d'escrimeurs au lieu de ren-
dez-vous où, après un déjeuner substan-
tiel, on a mis t habits bas pour faire
de < l'escrime de terrain
Le chef de cette petite troupe était le
sympathique président de la salle, M. le
baron d'Ariste.
Citons parmi les tireurs qui se sont
distingués dans ces combats à épée bou-
tonnée MM. Soupe, Godillot, Renard,
Dolléans, Maillard, Gomaut, Pascal, les
deux jeunes Robert, Duport, Duret et
notre confrère A. Tavernier, qui se
trouvait là sur son vrai terrain.
Le < clou de cette séance en plein air
a été le combat de Georges Robert con-
tre le baron d'Ariste.
Aujourd'hui, à trois heures, la Société
philanthropique dite < Union des fem-
mes de France tiendra son assemblée
générale annuelle à la Mairie du sep-
tième arrondissement, rue de Grenelle-
Saint-Germain.
On sait que cette société a été fondée
dans le but de secourir les blessés et ma-
lades en temps de guerre et les victimes
des désastres publics.
Depuis un an, les membres de cette
charitable institution ont eu l'occasion
de montrer leur dévouement, et on
les a. vus rendre de grands services en
Algérie, à Chio, à Boulogne-sur-Mer, à
Honneur, etc.
Nous apprenons le prochain mariage
de M. Georges Pruës, petit-fils du géné-
ral baron Pruës, avec Mlle Zélie de
Mauvise.
La fiancée appartient aune grande et
vieille famille de l'Indre, dont le chef
actuel est M. Ferdinand de Mauvise,
maire de Sauzelle.
NOUVELLES A LA MAIN
Notes d'album
< Sottise que de vivre pauvre pour
mourirriche.
x Le bruit de la renommée étouffe
souvent la voix de la conscience.
4~
e Un sot ne s'admire jamais tant que
lorsqu'il vient de faire quelque sottise.
x La femme n'est sûre d'avoir un cœur
que le jour où il ne lui appartient plus. »
Entre vieux viveurs
J'ai eu de tes nouvelles, mon gail-
lard. Tu vas bien Trois nouvelles
conquêtes depuis quinze jours).
Trêve de plaisanterie Regarde
donc ma tête, sur laquelle il a neigé
Eh mon cher nous sommes
au printemps Les vieux pêchers sont
enneur..
Eh bien! madame Gibou! ce
concert dans lequel a chanté votre fille,
a-t il été brillant ? 9
S'il a été brillant ?. Ce n'était pas
de l'enthousiasme dans la salle/c'était
de l'ivresse 1. Faut vous dire qu'il y
avait là ~s M UM OOMtMO.
..t, j
VAUDEV)LLE FtNAL
(Air connu)
LA CHAMBRE DES NOTABLES
Embrassez-vous, bon Khédive;
Embrassez-vous, colonel,!
Scellez une paix tardive
Par un baiser fraternel 1
Des chrétiens, la race vile
Vous engage à filer doux
Embrassez-vous, Folleville,
Folleville, embrassez-vous!
ARABI-PACHA
Ce conflit que je regrette–
N'était qu'un malentendu.
Si j'aspire à votre aigrette °~
Je veux bien être pendu!
Jamais sujet plus servile
Ne se mit à vos genoux
Embrassons-nous, Folleville,
Folleville, embrassons-nous!
· LE KHÉDIVE'
Arabi, que j'ai de joie
A te presser sur mon sein 1
Reste dans la bonne voie,
Bannis tout méchant dessein
D'une querelle futile
J ne garde aucun courroux
Embrassons-nous, Folleville,
Folleville, embrassons-nous
LE PEUPLE EGYPTIEN
Louons notre saint Prophète
Et louons notre bon Dieu ) 1
Voici que la paix est faite
Et qu'on s'embrasse en haut lieu 1
Plus de discorde civile
Dont nous payons tous les coups
Embrassez-vous, Folleville,
Folleville, embrassez-vous
LA COLONIE EUROPÉENNE
L'ordre renaît, par miracle,
A l'aspect de nos canons.
On s'embrasse, doux spectacle 1
On s'embrasse, illuminons 1
Et nous-mêmes, par la ville,
Redingotes et burnous,
Embrassons-nous, Folleville,
Folleville, embrassons-nous
LA MORALITÉ
Ne pas croire, âmes candides,
A tous ces fez embrassés,
Se jurant amours torrides
Sous l'œil de nos cuirassés.
Laissez que l'escadre file,
Fini ce refrain si doux
Embrassons-nous, Folleville,
Folleville, embrassons-nous 1
PAUL FERRIER
LA QUESTION EGYPTIENNE
Le télégraphe nous transmet les infor-
mations suivantes, que nous enregis-
trons en attendant la décision qui doit
résulter de l'apparition, devant Alexan-
drie, de l'escadre réunie des puissances
occidentales
ConstMttino].Me,18m:u.
Une dépêche de la Canée assure que l'a-
miral français Conrad et l'amiral anglais
Seymour, chacun avectrois bâtiments, ont
quitté hier dans l'après midi la baie de
Souda, se dirigeant vers le sud.
Quatre cuirassés anglais et deux bâti-
ments de guerre turcs sont restés à
Souda.
Alexandrie, 18 mai.
La nouvelle télégraphiée aux journaux
anglais, que les consuls de France et d'An-
gleterre auraient reçu pour instructions
de demander le licenciement de l'armee
égyptienne et le bannissement de quelques
officiers supérieurs, est au moins préma-
turée. Les consuls n'ont pas reçu, jusqu'ici,
d'instruction de ce genre.
Londres, 18 mai.
S'il faut en croire le Daily rbruit courait hier au Caire qu'Arabi-Pacha
serait traduit devant le conseil de guerre
sous l'inculpation de trahison.
Le Daily c/M'oM.tc~e croit savoir qu'Arabi-
Pacha partira dans quelques jours en
congé. Il viendrait probablement en France.
SOUS LE MASQUE
Paris, comme la nature, apparaît dans sa
merveilleuse apogée en cette époque prin-
tanière. Les équipages, reluisants sous la
poussière d'or du soleil qui flamboie,
glissent en longu es files le long des
Champs-Elysées, portant amoureusement,
dans le bercement cadencé des huit-res-
sorts, les jolies femmes qui sourient, fraî-
chement parées des fleurs nouvelles et
des étoiles doucement bigarrées. Aux côtés
de l'avenue, les babies blancs et roses,
mignons à croquer dans leurs costumes
bigarrés, courent dans les pelouses émail-
lées, à l'abri des grands arbres qui éten-
dent sur leurs têtes blondes leurs longs
rameaux couverts d'émeraudes.
Les chèvres blanches traînent les gentils
phaétons avec leur bruissement cristallin
de clochettes argentines; Guignol s'éver-
tue en son éternelle épopée, tandis que
dans les cafés-cancerts les chanteurs à la
mode jettent en notes éraillées le dernier
mot de la bêtise parisienne, des rimes ab-
surdes, de la musique d'enfer, un sabbat à
faire damner le pauvre génie de l'art, ba-
foué par ces sacrilèges.
Pendant ce temps, le Salon ouvre ses
portes, et les mondaines coquettes vont
s'y reposer en admirant les quelques belles
ceuvres jetées par-ci, par-là, au milieu de la
multitude de croûtes reçues on ne sait
pourquoi. Besselièvre aiguise ses archets,
~<~s;i-r-~ < ~j~'fit i
vaste désert durant'le jour,'le soif MeM
peu peuplé. Et amoureux et amoureuses
profitent de la fièvre de tou~ des nsiqui
éclatent, des piaffements;-sonores ej: ;des
fouets qui claquent au vent, des roucoule-
ments .de colombes, et des battemen~d'an-
les des moineaux qui pépient, pour cher-
cher un bosquet solitaire où s echang~pt
lesserments. '
C'est une allée et venue continuelle. Les
fiacres lourdement chargés s'en vont vers
les gares, et surtout en reviennent. "Les
derniers retardataires arrivent de" Nice* et
d'Italie des Anglais attardés, du~ des
amants qui, de leur lune de miel, ontvouitt
savourer là-bas jusqu'au dernier quaitiej".
P.-Z.-M. manque de wagons pour les ra-
mener tous, et l'on double les trains:
Par exemple, que l'on me permette ici
de constater un véritable scandale. Aux
gares, et à celles-là surtout, les cochers
cette plaie parisienne, le chancre de noira
capitale– abusent de cette afnuehce~ Par-
ticulièrement, lorsqu'ils aperçoivent une
femme seule, leur grossrèreté et leur ex-
ploitation ne connaissent plus de bornes.
Je l'ai éprouvé souvent par moi-même, et
il y a quelques jours spécialement, il a fal-
lu l'énergique intervention d'un gardien de
la paix, dont je regrette de n'avoir point
retenu le nom, pour m'arracher aux persë"
cutions de l'un d'eux. ~<
Que mes lectrices me pardonnent cette
digression toute personnelle. Elles savent
que je me suis toujours 'appliquée à'de-
meurer une abstraction, leur fidèle inter-
prète en toute chose, essayant de trans-
former cette chronique en un miroir, qui
fût le reflet de leurs pensées, de leurs
façons et de leurs habitudes. Si je men-
tionne ce fait qui m'est propre, c'est dans
l'intérêt de toutes, afin qu'il soit'fait jus-
tice.
Les premières communions sont encore
l'attraction d'un grand nombre. Beaucoup
de jeunes châtelaines qui passent au 'ma-
noir lointain l'année tout entière, sont ap-
pelées par cette fête gracieuse, la douce
solennité qui clôt l'enfance de leurs cbers
petits..
11.y en a chaque jour. Chaque paroisse
fournit son contingent à côté des couvents,
où, pareilles à de beaux champs débits,
s'épanouissent les phalanges toutes blatt-
ches des jeunes adolescentes.
0 poésie sacrée, nul rythme, nulle
harmonie n'exprimera ta sainte puissance.
Un souffle du Paradis pas-se sur les blondes
têtes que couronnent les roses virginales,
aux blancs pétales embaumés. C'est dans
un nuage d'encens que s'envolent les jeu-
nes âmes, enivrées de l'extase sublime.
Et le mystère d'amour, qui pour la pre-
mière fois leur dévoile l'éternelle cha-
rité, en cette mystique union, verse à
pleins flots les rayons d'or sur leurs, rê-
ves enchantés. Idéal divin, qui demeurera
à cette jeunesse bénie le souvenir proteç-
teuretsacré! 'c.
J'ai dit que Paris, en pleine sève de
splendeur, appelait lesretardataires. Parmi
les derniers venus, le marquis et la mar-
quise de Mores, les charmants mariés de
cet hiver. Enfermés en pleine lune de
miel, ils demeurent cloîtrés dans le bel
hôtel de la rue de Tilsitt, où la baronne
von Hoffmann les a reçus avec tant de
joie. On assure qu'ils ne feront aucune vi-
site et n'accepteront aucune invitation
avant leur départ pour l'Amérique, fixé
au mois d'août. C'est seulement l'hiver
prochain que la duchesse de Vallombro$a
présentera sa jeune belle-fille a ses nô'tA-
breuxamis. 'm.
"WtO).)ETTt.~
EMBRASSONS-NOUS!
(~MtER t)E MRjS
'i..jt.
T& A. B 1 a
Je suis encore obligé de répéter mon
refrain la politique n'a, ici, rien A faire.
II s'agit d'une simple comédie, mais
d'une comédie auprès de laquelle pâlit
.~Mp/M~oM, et qui laisse même. bien
loin derrière elle ce chef d'oeuvre des
chefs-d'œuvre, le C/M?~o;!< panMctalie.
Beaucoup de personnes, qui se
croyaient presque aussi bien informées
que l'agence Havas, s'étaient nguré jus-
qu'à présent qu'un'certain Arabi-Pacha,
dont il a été question dans ces derniers
jours, était un homme d'Etat' égyptien,
un ministre, un Gambetta quelconque,
un directeur de gouvernement occulte,
un amateur de pouvoir personnel, un
ambitieux, un conspirateur, ou tout au
moins un personnage tragique comme
Acomat ou Bajazet. C'était une erreur.
Arabi-Pacha est un vaudevilliste extrê-
ment distingué, en même temps qu'un
acteur émérite et un imprésarM hors
ligne. La pièce de gala qu'il a eu l'hon-
neur de représenter mardi dermer de-
vant l'Europe réunit tout,es les condi-
tions de gaieté que l'on rencontre dans
ces délicieuses bôuHonneries dont M.
Labiche amusait ses contemporains
avant d'obtenir un fauteuil à l'Académip.
Et quand je parle ~u C7~e~<
~pour être juste en vers Arabi, citer beau-
coup d'autres auteurs et beaucoup ~'au-
tres pièces Lambert Thiboust et les
Diables ~'oses, Ludovic Halévy et ~.B~MC, les .Br~cMds, !a etc. < Trop tard, le tonnërret'
Un amiral avec des éperons? Lès vais-
seaux en ont bien, Où sont vos ca-
nons ? Nous les avons fondus 'pour en
faire une statue équestre Et tous cen
mois, désormais passés en proverbe,
sont vraiment de jolis traits qui méri-
tent leur réputation. Mais combien ils
restent inférieurs au fameux Haisema
veste) quia été )e ciou de la pièce
d'Arabi
Il est vrai q_u'Ara.bi, lu.) ~usst.a, un
excellent collabor~Mur, nommé Te~'ak.
Vendredi 19 ~Mai t~M
iQB~Sm?%NH~E~M5BëmeSiM~~Num6M879
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dtetin~tratmr:DBil~tJ~ n
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N. bodevmrd
t)ni)Et;-XUEUtU!:SAMINUtT
LMMANUScmTSNK SERONT PAS RKt.t'LS,
:¡:J -o. ~r-
<~<]M:J~
L'OBJECTïdN~C~I.A.MiSÈRE.
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Don~
= a,
t~h~pt~n h M~w
LUM ut! iA l)ij~i&
Nous avons reçu la lettre suivante, où
l'objection de la pauvreté est exprimée
très naïvement etd'nne façon louchante.
C'est une dame qui nous écrit
,x `a.5.,
.Permettez moi de vous Soumettre un
côté de la question sur lequel la loi se
tait..
Les veuves-mères dé famille seront-elles,
comme les pères passibles de la prison,
de l'amende, etc. ? J'ai pris chez moi, par
charité, une pauvre servante, mère de deux
enfants, sans parents, sans appui elle n'a
pas de ressources et manque de l'intelli-
gence nécessaire pour s'en créer. Sur
vingt-cinq francs de gages mensuels que
je lui donne, elle garde pour elle cinq francs
par mois, le reste paie l'entretien et la
pension de ses enfants chez un fermier
besogneux du pays. Dix francs par en-
fant une fillette de deux ans, un garçon
de sept ans, sauvage comme un loup ga-
rou, et que le seul mot d'école fait dispa-
raître dans les bois pendant une semaine.
Le fermier, pour consentir à une aussi
minime rétribution, a mis cette condition
que le gamin garderait les moutons en
même temps qu'il surveillerait sa petite
sosur et les autres marmots de la maison.
Ni mouton, ni enfant n'ayant encore été
égaré, le maître ne se plaint pas, et la
mère était heureuse, lorsque survint la fa-
tale loi.
Le fermier déclare qu'il rendra les petits
à leur mère, plutôt que d'envoyer le jeune
berger à l'école.
A la pensée de voir ses enfants sans asile,
d'être obligée de quitter une place assurée,
sans avoir aucun moyen de les nourrir, la
mère pleure et se désespère.
On lui dit qu'elle ira en prison si son nls
manque les classes.
La prison, c'est le déshonneur, notez que
la malheureuse, entièrement dépourvue
sous le rapport intellectuel, est fort jolie,
et'qu'elle a eu jusqu'ici le mérite de demeu-
rer irréprochable. Entre la prison et un
autre déshonneur qui ferait vivre ses en-
fants, ne sera-t-elle pas tentée de faire un
choix? Y
Monsieur le directeur,que peut-on contre
cette misérable? Je vous la cite seule, ses
pareilles sont légion. Quelle punition subi-
ront les mères honnêtes, coupables de n'a-
voir ni époux, ni pain ? Quel sort réserve-
t on aux enfants des pauvresses ? P
Ne pensez-vous pas qu'avant de se char-
ger par la violence de diriger les enfants
auxquels leurs parents peuvent suffire, il
eût été logique de pourvoir d'abord aux be-
soins des enfants sans famille? q
Ma servante n'entend rien en politique
te gouvernement qui élèverait ses enfan ts
dans les principes que jusqu'à présent oh
a. cru bons, lui semblerait, quel qu'il soit, le
plus juste du monde.s'il recueillait .ses
<;hers êtres, et les mettait à l'abri du froid
et de la faim.
Je suis moi-même mère de famille, veuve
d'un magistrat révoqué deux ans avant
d'avoir droit à la retraite; ne possédant
que peu de fortune, ma charité est au-des-
sous de mes désirs, ce qui vous expliquera
pourquoi je vous conte lés peines d'une
servante au lieu de les soulager. C'est
d'ailleurs pour être renseignée au point
devuegénérai que j'ose solliciter votre
opinion.
Nous n'avons pas besoin, sans doute,
d'expliquer à notre correspondante que
ce loup-garou de sept ans a d'autant plus
besoin d'apprendre à lire que sa mère
est sansressources, et qu'il n'a ni pa-
rents ni amis. Le plus grand malheur
quiputluiarriver, ce serait de rester
ignorant comme il est. La société n'a
pas trop tort de s'occuper de cette situa-
tion et de tâcher de l'améliorer. Cette
mère ignorante ne comprend probable-
ment pas la nécessité de l'instruction,
et elle serait heureuse si on lui garan-
tissait que ses enfants resteront où ils
sont, et comme ~s sont qu'ils manque-
ront d'instruction, mais qu'ils ne man-
queront pas de tain.
Pour nous, notre opinion est qu'il au-
rait sufS d'apprendre la lecture et l'é
criture à cet enfant. Quand un enfant
sait lire et écrire, il a la clef de tout. On
aurait bien trouva quelque bonne âme
pour lui montrer ses lettres par charité,
& ses moments perdus. Il n'en aurait pas
moins gardé ses~moutons.
Ma.Iheureusem!ent, ce n'est pas la lec-
ture et l'écriture qu'impose la. terrible
loi. Elle exigea tout aussi impérieuse-
ment les notions de droit, d'économie
politique, l'histoire, etc. On ne trouvera
personne, m à'~ la. ferme, Bi hors de la
ferme, qui possède ces ConMissMices
encyclopédiques, et qui puisse passer
tontesajournée à lés inculquer à ce
malheureux garçon. M. le curé a bien
d'autres choses à faire. On ne peut pas
lui demander d'enseigner la gymnasti-
que et les exercices militaires. Pe~t-être
même n'est-il pas 'tfês ferré sur la phy-
sique, etsur l'application de la physique
aux arts industriels. Ne pensons donc
pas à l'éducation privée. C'est tout à fait
impossible.
D'ailleurs il y a les moutons elles mar-
mots. Ce garçon de sept ans est berger;
il est bonne d'enfant; il est soutien de
famille. Il ne peut pas faire sa besogne
et gagner sa pauvre vie tout en étu-
diant les éléments du dessin,, du mode-
lage et de la musique.
Cependant la loi est formelle; la ré-
pression est grave, Elle n'ira pas jus-
qu'à la prison, tranquillisez-yous; ce-
pendant, à la rigueur, avec un peu de
parti pris et de malveillance de la part
des autorités, elle pourrait aller jusque-
là. Vous croyez que la loi ne s'explique
pas sur les veuves mères de famille;
c'est une erreur, elle s'explique très ca-
tégoriquement en ne les nommant pas.
Dés qu'elles ne sont pas exceptées, elles
peuvent être condamnées. La loi dit
< Les parents ou la personne respon-
sable. elle prend soin, à l'article 7, de
faire une énumération le père, le tu-
teur, la personne qui a la garde de l'en-
fant, le patron chez qui l'enfant est
placé. Le fermier lui-même, s'il garde
l'enfant sans le faire instruire, s'expose
aux pénalités de la loi.
Il faudra donc, bon gré, mal gré, s'ar-
ranger pour que l'enfant aille à l'école.
Ce fermier, madame, nous paraîtun peu
exigeant. Vingt francs par mois, c'est
une somme à la campagne. On lui donne
ces vingt francs en argent; il est proba-
ble qu'il ne voit pas d'autre argent que
celui-là. Il veut avoir, gratuitement, par-
dessus le marché, la journée entière de
ce pauvre enfant; cette journée a une
valeur. S'il s'entête à renvoyer son pen-
sionnaire, il sera obligé de prendre et
de payer un domestique. Expliquez-lui
qu'il ne comprend pas son intérêt.
Dites-lui aussi que l'enfant n'ira pas à
l'école toute la journée. Donnez-lui lec-
ture de l'article 1S de là loi, qui est ainsi
conçu
Art. 15. La commission scolaire
pourra accorder aux enfants demeurant
chez leurs parents ou leur tuteur, lorsque
ceux-ci en feront la demande motivée, des
dispenses de fréquentation scolaire ne pou-
vant dépasser trois mois par année en de-
hors des vacances. Ces dispenses devront,
si elles excèdent quinze jours, être soumi-
ses à l'approbation de l'inspecteur pri-
maire.
La commission peut aussi, avec l'appro-
bation du conseil départemental, dispenser
les enfants employés dans l'industrie.et ar-
rivés à l'âge de l'apprentissage, d'une des
deux classes de la journée. La même fa-
culté sera accordée à tous les enfants em-
ployés hors de leur famille, dans l'agricul-
ture.
Il faut faire ici une double re-
marque. La commission n'a besoin du
concours de personne pour refuser les
deux dispenses exprimées en l'article 15;
et son refus, dans les deux cas, est sans
appel. Mais, pour les accorder, c'est diffé-
rent.Il n'est pas même juste de dire qu'elle
les accorde: elle les propose, et elle
a seule le droit de les proposer; voilà
la vérité exacte. Pour la dispense de
trois mois de fréquentation, il faut l'ap-
probation de l'inspecteur d'académie
pour la permission de n'assister chaque
jour qu'à une seule classe, il faut l'ap-
probation~du conseil départemental.
Votre protégé, madame, est employé
hors de sa famille, dans l'agriculture. Il
est pauvre il a besoin de son temps. Il
est tout à fait dans le cas de l'article 18.
Il n'ira à l'école que huit mois par an,
et il ne suivra par jour qu'une seule
classe. Il donnera tout le reste de son
temps aux moutons du fermier. Ce ter-
rible homme n'aura pas à se plaindre.
Les moutons même ne se plaindront
pas trop, s'ils sont obligés de rentrer
deux heures par jour, pendant que leur
berger sera à l'école. Ils auront leur
pleine journée pendant quatre mois,
sans compter les jeudis et les diman-
ches pour le reste du temps. Le berger,
ayant appris à l'école les éléments de la
musique, leur jouera peut-être le soir
un air de chalumeau ce sera très bucoli-
que. Il rendra de grands services dans la
ferme, par ses connaissances sur l'hy-
giène, sur l'usage des outils des prin-
cipaux métiers, et par son habileté dans
la gymnastique. Au besoin, l'habitude
des exercices militaires lui sera utile
pour écarter les loups. Rien ne donne
autant de courage à un jeune garçon
que d'avoir fait l'exercice avec un man-
che à balai.
Vous pensez maintenant que nous al-
lons bien vite en besogne; que les trois
mois de congé, et l'exemption d'une des
deux classes peuvent être accordées,
mais ne le sont pas récessairement. Pour
obtenir ces faveurs, il faut fléchir l'ins-
pecteur d'académie, la commission sco-
laire et le conseil départemental. Cela
fait beaucoup de mouvement et de
grands personnages. Comme ce sont eux
aussi qui finiraient par envoyer la mère.
et le fermier en prison, si on les mettait
de mauvaise humeur, nous vous expli-
querons demain qui sont ces gens-là,
et comment il faut s'y prendre pour les
satisfaire et pour les ûéchir.
Nos Ëfchos
w Ze TetMp~ mai ~M
En France, le vent d'entre N. et E. et te beau
temps vont continuer. La température se relevé et
tend à se rapprocher de la normale.
AUJOURD'HUt
A 6 heures et demie, dîner au Grand-Hôtel
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dîner, l'orchestre de
M. Desgrangea jouera dans la nouvelle salle de
musique. ° ,{',
MEt!C ~i
Potage Parmentier )
Hors-d'œuyre
` Bar sauce aux câpres
Pommes de terre à l'anglaise
Contrefilet à la Nevers
Kramouski à la polonaise
Mayonnaise de homards
Chapons du Mans au cresson
Salade
Asperges en branches
Tartelettes de fruits
Glace
Parfait au café
Desserts
Fromages, fruits et petits-fours
A 8 h. 1/2, au Café Divan, séance de billard
par M. Gibelin, professeur du Casino de Vichy.
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgue, tables de jeux. Dîner & la carte
tu restaurant.
Le programme du dîner-concert. (Voir & la
4'page.)
A l'Opéra. FrcMgOMe de jR~t/n.
Au Théâtre-Français. Le Monde sft l'on
s'e~ttte.
A l'Opéra-Comique.– Les Drayo~a de V~ar:
et le C/t
A l'Odéon. L'~foMfteMf et !'Ar~e~<.
A la Gaité. Reprise de la C
DEMAtN
A l'Opéra. Les ~M~MMO~.
Au Théâtre-Français. Première représenta-
tion des Po/'
do la FomM!e PomoTt.
A t'Opéra-Comiquo. Les JVoce* de .P~etro.
A l'Odéon. L'MO~~ettr e< ~A~en.<.
Au Chateau-d'Eau. Reprise du T'OKoere.
LE MONDE ET LA VtLLE
Grand dîner officiel hier chez le pré-
sident de la République.
Etaient présents les ministres, les
sous-secrétaires d'Etat et les membres
des bureaux des deux Chambres.
Après le diner il y a eu brillante ré-
ception, qui ne s'est terminée qu'après
minuit.
Le président de la Chambre des dé-
putés donnera le 29 mai un nouveau dî-
ner, suivi de réception.
Parmi les invités de M. Henri Brisson
se trouveront M. Gambetta, président de
la commission de l'armée les membres
de cette commission et les membres de
la commission parlementaire de la
caisse des retraites.
Mgr Czacki se trouve en ce moment
assez souffrant pour être forcé de gar-
der la chambre.
Il n'a pu se rendre mercredi dernier
à la réception du corps diplomatique,
qui avait lieu au palais du quai d'Orsay.
M. de Freycinet a fait prendre des
nouvelles du nonce du Pape.
M. Bourget, recteur de l'Académie
d'Aix, vient d'être, sur sa demande,
nommé au rectorat de Clermont.
M. Bourget est le père de notre émi-
nent confrère et ami M. Paul Bourget.
C'est samedi prochain qu'on procède
ra, au palais de l'Industrie, aux votes
des médailles d'honneur qui seront ac-
cordées aux exposants du Salon.
Dans la section ~e ~e~Mrg, la mé-
daille d'honneur sera votée par tous les
exposants français et par le jury de la
section.
Il n'y aura qu'un tour de scrutin, et
l'artiste auquel la médaille sera décernée
devra avoir réuni un nombre de voix
égal au tiers plus un des votants.
Les artistes qui auront retiré en per-
sonne leurs cartes d'exposants et signé
sur le registre pourront seuls envoyer
leur vote sous pli cacheté.
-Da~s ? secMoM ~6 scM/~M~, la mé-
daille d'honneur sera votée comme pré-
cédemment mais l'exposant médaillé
devra réunir un nombre de voix égal
au quart plus un des exposants de la
section. Les artistes ne seront pas ad-
mis à voter par correspondance.
.D
qui aura obtenu le plus grand nombre
de voix, pourvu que ce nombre de voix
représente au moins les deux tiers plus
un de l'effectif du jury.
Z'
artistes exposants français et le jury de
la section.
L'artiste médaillé devra réunir la ma-
jorité absolue du nombre total des vo-
tants.
Ajoutons que la fermeture provisoire
du Salon aura lieu les mardi 23, mer-
credi 24 et jeudi 2S mai, et ,la réouver-
ture le vendredi 26 mai.
L'Association des seize sociétés de
gymnastique de la Seine a fêté hier l'in-
auguration du drapeau que lui a offert
Mme Thiers. Ce drapeau a été remis à
l'Associationtpar M. Félix Faure, député,
ancien président de l'Union des Socié-
tés de gymnastique de France.
MM. Félix Faure, Edmond Turquet et
Paul Déroulède, dans de brillantes im-
provisations, se sont faits les interprètes
des sentiments de l'assemblée, qui tenait
à donner à la mémoire de M. Thiers un
souvenir de reconnaissance patriotique.
La. ville de Lyon v{ent d'ouvrir un
grand concours entre tous les artistes
français pour l'érection d'un monu-
ment qui serait élevé à la mémoire des
soldats, originaires du département du
Rhône, qui ont pris part à la guerre de
1870.
On placerait à l'entrée du parc de la
Tête-d'Or ce monument, dont l'inaugu-
ration donnerait lieu à de grandes
fêtes.
L'Union centrale des arts décoratifs
prépare, pour le mois d'août, sa septième
exposition moderne et rétrospective des
industries d'art relatives au mobilier, au
costume et au livre.
Cette exposition sera des plus intéres-
santes et, un grand nombre d'industriels
et d'artistes ont déjà promis d'y prendre
part.
De son côté, le ministre de l'instruc-
tion publique et des beaux-arts doit
mettre à la disposition du président de
l'Union des arts décoratifs quelques-
unes des tapisseries récemment termi-
nées dans les manufactures des Gobe-
lins et de Beauvais, ainsi que quelques
meubles appartenant au mobilier na-
tional.
Sur la proposition du préfet de la Sei-
ne, le conseil municipal donnera pro-
chainement le nom de rue Flatters à la
rue nouvelle qui va de l'avènue.du Bois-
de-Boulogne à l'avenue Bugeaud.
La rue ouverte dernièrement entre
les rues de Rennes et de Vaugirard
prendrait le nom de rue Littré. On sait
que l'illustre académicien demeurait
dans une rue voisine, la rue d'Assas.
Petite chronique de l'escrime
Belle et brillante réunion hier matin,
dans la salle d'armes de M. le marquis
d'Alta-Villa, grand-maître du palais de
Castille.
Les assauts étaient organisés par M.
A. Broutin, attaché au secrétariat de
S. M. la reine Isabelle, et chef de la
salle d'armes, qu'il dirige avec talent.
Attendons-nous à de grandes surprises;
car, grâce à M. A. Broutin, les hôtes
de M. le marquis d'Alta-Villa verront
avant peu aux prises deux de nos meil-
leurs maîtres, avec qui il se mesurera.
Jeudi prochain il y aura assaut. Mais
pas d'indiscrétion à l'avance.
Hier également a eu lieu, dans la
serre de l'Elysée, un brillant assaut, di-
rigé par le sympathique professeur
Collin.
Une excursion originale et bien pra-
tique est celle que plusieurs membres
de la salle Robert ont faite, hier, dans le
bois de Meudon.
Deux MM~s-cMc~M ont transporté une
vingtaine d'escrimeurs au lieu de ren-
dez-vous où, après un déjeuner substan-
tiel, on a mis t habits bas pour faire
de < l'escrime de terrain
Le chef de cette petite troupe était le
sympathique président de la salle, M. le
baron d'Ariste.
Citons parmi les tireurs qui se sont
distingués dans ces combats à épée bou-
tonnée MM. Soupe, Godillot, Renard,
Dolléans, Maillard, Gomaut, Pascal, les
deux jeunes Robert, Duport, Duret et
notre confrère A. Tavernier, qui se
trouvait là sur son vrai terrain.
Le < clou de cette séance en plein air
a été le combat de Georges Robert con-
tre le baron d'Ariste.
Aujourd'hui, à trois heures, la Société
philanthropique dite < Union des fem-
mes de France tiendra son assemblée
générale annuelle à la Mairie du sep-
tième arrondissement, rue de Grenelle-
Saint-Germain.
On sait que cette société a été fondée
dans le but de secourir les blessés et ma-
lades en temps de guerre et les victimes
des désastres publics.
Depuis un an, les membres de cette
charitable institution ont eu l'occasion
de montrer leur dévouement, et on
les a. vus rendre de grands services en
Algérie, à Chio, à Boulogne-sur-Mer, à
Honneur, etc.
Nous apprenons le prochain mariage
de M. Georges Pruës, petit-fils du géné-
ral baron Pruës, avec Mlle Zélie de
Mauvise.
La fiancée appartient aune grande et
vieille famille de l'Indre, dont le chef
actuel est M. Ferdinand de Mauvise,
maire de Sauzelle.
NOUVELLES A LA MAIN
Notes d'album
< Sottise que de vivre pauvre pour
mourirriche.
x Le bruit de la renommée étouffe
souvent la voix de la conscience.
4~
e Un sot ne s'admire jamais tant que
lorsqu'il vient de faire quelque sottise.
x La femme n'est sûre d'avoir un cœur
que le jour où il ne lui appartient plus. »
Entre vieux viveurs
J'ai eu de tes nouvelles, mon gail-
lard. Tu vas bien Trois nouvelles
conquêtes depuis quinze jours).
Trêve de plaisanterie Regarde
donc ma tête, sur laquelle il a neigé
Eh mon cher nous sommes
au printemps Les vieux pêchers sont
enneur..
Eh bien! madame Gibou! ce
concert dans lequel a chanté votre fille,
a-t il été brillant ? 9
S'il a été brillant ?. Ce n'était pas
de l'enthousiasme dans la salle/c'était
de l'ivresse 1. Faut vous dire qu'il y
avait là ~s M
..t, j
VAUDEV)LLE FtNAL
(Air connu)
LA CHAMBRE DES NOTABLES
Embrassez-vous, bon Khédive;
Embrassez-vous, colonel,!
Scellez une paix tardive
Par un baiser fraternel 1
Des chrétiens, la race vile
Vous engage à filer doux
Embrassez-vous, Folleville,
Folleville, embrassez-vous!
ARABI-PACHA
Ce conflit que je regrette–
N'était qu'un malentendu.
Si j'aspire à votre aigrette °~
Je veux bien être pendu!
Jamais sujet plus servile
Ne se mit à vos genoux
Embrassons-nous, Folleville,
Folleville, embrassons-nous!
· LE KHÉDIVE'
Arabi, que j'ai de joie
A te presser sur mon sein 1
Reste dans la bonne voie,
Bannis tout méchant dessein
D'une querelle futile
J ne garde aucun courroux
Embrassons-nous, Folleville,
Folleville, embrassons-nous
LE PEUPLE EGYPTIEN
Louons notre saint Prophète
Et louons notre bon Dieu ) 1
Voici que la paix est faite
Et qu'on s'embrasse en haut lieu 1
Plus de discorde civile
Dont nous payons tous les coups
Embrassez-vous, Folleville,
Folleville, embrassez-vous
LA COLONIE EUROPÉENNE
L'ordre renaît, par miracle,
A l'aspect de nos canons.
On s'embrasse, doux spectacle 1
On s'embrasse, illuminons 1
Et nous-mêmes, par la ville,
Redingotes et burnous,
Embrassons-nous, Folleville,
Folleville, embrassons-nous
LA MORALITÉ
Ne pas croire, âmes candides,
A tous ces fez embrassés,
Se jurant amours torrides
Sous l'œil de nos cuirassés.
Laissez que l'escadre file,
Fini ce refrain si doux
Embrassons-nous, Folleville,
Folleville, embrassons-nous 1
PAUL FERRIER
LA QUESTION EGYPTIENNE
Le télégraphe nous transmet les infor-
mations suivantes, que nous enregis-
trons en attendant la décision qui doit
résulter de l'apparition, devant Alexan-
drie, de l'escadre réunie des puissances
occidentales
ConstMttino].Me,18m:u.
Une dépêche de la Canée assure que l'a-
miral français Conrad et l'amiral anglais
Seymour, chacun avectrois bâtiments, ont
quitté hier dans l'après midi la baie de
Souda, se dirigeant vers le sud.
Quatre cuirassés anglais et deux bâti-
ments de guerre turcs sont restés à
Souda.
Alexandrie, 18 mai.
La nouvelle télégraphiée aux journaux
anglais, que les consuls de France et d'An-
gleterre auraient reçu pour instructions
de demander le licenciement de l'armee
égyptienne et le bannissement de quelques
officiers supérieurs, est au moins préma-
turée. Les consuls n'ont pas reçu, jusqu'ici,
d'instruction de ce genre.
Londres, 18 mai.
S'il faut en croire le Daily r
serait traduit devant le conseil de guerre
sous l'inculpation de trahison.
Le Daily c/M'oM.tc~e croit savoir qu'Arabi-
Pacha partira dans quelques jours en
congé. Il viendrait probablement en France.
SOUS LE MASQUE
Paris, comme la nature, apparaît dans sa
merveilleuse apogée en cette époque prin-
tanière. Les équipages, reluisants sous la
poussière d'or du soleil qui flamboie,
glissent en longu es files le long des
Champs-Elysées, portant amoureusement,
dans le bercement cadencé des huit-res-
sorts, les jolies femmes qui sourient, fraî-
chement parées des fleurs nouvelles et
des étoiles doucement bigarrées. Aux côtés
de l'avenue, les babies blancs et roses,
mignons à croquer dans leurs costumes
bigarrés, courent dans les pelouses émail-
lées, à l'abri des grands arbres qui éten-
dent sur leurs têtes blondes leurs longs
rameaux couverts d'émeraudes.
Les chèvres blanches traînent les gentils
phaétons avec leur bruissement cristallin
de clochettes argentines; Guignol s'éver-
tue en son éternelle épopée, tandis que
dans les cafés-cancerts les chanteurs à la
mode jettent en notes éraillées le dernier
mot de la bêtise parisienne, des rimes ab-
surdes, de la musique d'enfer, un sabbat à
faire damner le pauvre génie de l'art, ba-
foué par ces sacrilèges.
Pendant ce temps, le Salon ouvre ses
portes, et les mondaines coquettes vont
s'y reposer en admirant les quelques belles
ceuvres jetées par-ci, par-là, au milieu de la
multitude de croûtes reçues on ne sait
pourquoi. Besselièvre aiguise ses archets,
~<~s;i-r-~ < ~j~'fit i
vaste désert durant'le jour,'le soif MeM
peu peuplé. Et amoureux et amoureuses
profitent de la fièvre de tou~ des nsiqui
éclatent, des piaffements;-sonores ej: ;des
fouets qui claquent au vent, des roucoule-
ments .de colombes, et des battemen~d'an-
les des moineaux qui pépient, pour cher-
cher un bosquet solitaire où s echang~pt
lesserments. '
C'est une allée et venue continuelle. Les
fiacres lourdement chargés s'en vont vers
les gares, et surtout en reviennent. "Les
derniers retardataires arrivent de" Nice* et
d'Italie des Anglais attardés, du~ des
amants qui, de leur lune de miel, ontvouitt
savourer là-bas jusqu'au dernier quaitiej".
P.-Z.-M. manque de wagons pour les ra-
mener tous, et l'on double les trains:
Par exemple, que l'on me permette ici
de constater un véritable scandale. Aux
gares, et à celles-là surtout, les cochers
cette plaie parisienne, le chancre de noira
capitale– abusent de cette afnuehce~ Par-
ticulièrement, lorsqu'ils aperçoivent une
femme seule, leur grossrèreté et leur ex-
ploitation ne connaissent plus de bornes.
Je l'ai éprouvé souvent par moi-même, et
il y a quelques jours spécialement, il a fal-
lu l'énergique intervention d'un gardien de
la paix, dont je regrette de n'avoir point
retenu le nom, pour m'arracher aux persë"
cutions de l'un d'eux. ~<
Que mes lectrices me pardonnent cette
digression toute personnelle. Elles savent
que je me suis toujours 'appliquée à'de-
meurer une abstraction, leur fidèle inter-
prète en toute chose, essayant de trans-
former cette chronique en un miroir, qui
fût le reflet de leurs pensées, de leurs
façons et de leurs habitudes. Si je men-
tionne ce fait qui m'est propre, c'est dans
l'intérêt de toutes, afin qu'il soit'fait jus-
tice.
Les premières communions sont encore
l'attraction d'un grand nombre. Beaucoup
de jeunes châtelaines qui passent au 'ma-
noir lointain l'année tout entière, sont ap-
pelées par cette fête gracieuse, la douce
solennité qui clôt l'enfance de leurs cbers
petits..
11.y en a chaque jour. Chaque paroisse
fournit son contingent à côté des couvents,
où, pareilles à de beaux champs débits,
s'épanouissent les phalanges toutes blatt-
ches des jeunes adolescentes.
0 poésie sacrée, nul rythme, nulle
harmonie n'exprimera ta sainte puissance.
Un souffle du Paradis pas-se sur les blondes
têtes que couronnent les roses virginales,
aux blancs pétales embaumés. C'est dans
un nuage d'encens que s'envolent les jeu-
nes âmes, enivrées de l'extase sublime.
Et le mystère d'amour, qui pour la pre-
mière fois leur dévoile l'éternelle cha-
rité, en cette mystique union, verse à
pleins flots les rayons d'or sur leurs, rê-
ves enchantés. Idéal divin, qui demeurera
à cette jeunesse bénie le souvenir proteç-
teuretsacré! 'c.
J'ai dit que Paris, en pleine sève de
splendeur, appelait lesretardataires. Parmi
les derniers venus, le marquis et la mar-
quise de Mores, les charmants mariés de
cet hiver. Enfermés en pleine lune de
miel, ils demeurent cloîtrés dans le bel
hôtel de la rue de Tilsitt, où la baronne
von Hoffmann les a reçus avec tant de
joie. On assure qu'ils ne feront aucune vi-
site et n'accepteront aucune invitation
avant leur départ pour l'Amérique, fixé
au mois d'août. C'est seulement l'hiver
prochain que la duchesse de Vallombro$a
présentera sa jeune belle-fille a ses nô'tA-
breuxamis. 'm.
"WtO).)ETTt.~
EMBRASSONS-NOUS!
(~MtER t)E MRjS
'i..jt.
T& A. B 1 a
Je suis encore obligé de répéter mon
refrain la politique n'a, ici, rien A faire.
II s'agit d'une simple comédie, mais
d'une comédie auprès de laquelle pâlit
.~Mp/M~oM, et qui laisse même. bien
loin derrière elle ce chef d'oeuvre des
chefs-d'œuvre, le C/M?~o;!< panMc
Beaucoup de personnes, qui se
croyaient presque aussi bien informées
que l'agence Havas, s'étaient nguré jus-
qu'à présent qu'un'certain Arabi-Pacha,
dont il a été question dans ces derniers
jours, était un homme d'Etat' égyptien,
un ministre, un Gambetta quelconque,
un directeur de gouvernement occulte,
un amateur de pouvoir personnel, un
ambitieux, un conspirateur, ou tout au
moins un personnage tragique comme
Acomat ou Bajazet. C'était une erreur.
Arabi-Pacha est un vaudevilliste extrê-
ment distingué, en même temps qu'un
acteur émérite et un imprésarM hors
ligne. La pièce de gala qu'il a eu l'hon-
neur de représenter mardi dermer de-
vant l'Europe réunit tout,es les condi-
tions de gaieté que l'on rencontre dans
ces délicieuses bôuHonneries dont M.
Labiche amusait ses contemporains
avant d'obtenir un fauteuil à l'Académip.
Et quand je parle ~u C7~e~<
~
coup d'autres auteurs et beaucoup ~'au-
tres pièces Lambert Thiboust et les
Diables ~'oses, Ludovic Halévy et ~.B~MC, les .Br~cMds, !a etc. < Trop tard, le tonnërret'
Un amiral avec des éperons? Lès vais-
seaux en ont bien, Où sont vos ca-
nons ? Nous les avons fondus 'pour en
faire une statue équestre Et tous cen
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sont vraiment de jolis traits qui méri-
tent leur réputation. Mais combien ils
restent inférieurs au fameux Haisema
veste) quia été )e ciou de la pièce
d'Arabi
Il est vrai q_u'Ara.bi, lu.) ~usst.a, un
excellent collabor~Mur, nommé Te~'ak.
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