Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-05-17
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 mai 1882 17 mai 1882
Description : 1882/05/17 (Numéro 977). 1882/05/17 (Numéro 977).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k524241z
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
M~ëmë~jan~uxlêmeS~B~ 977
PARIS centunes. DÉPARTEMENTS, ET/GARES SO CENTIMES/
Mercredi 17 Mai 188Z
J- TT 1~ ES S 1 :M: C~ :N
;f;~i j' Dtrec
.ABONNEMENTS-
P~ts Trois mois. <3 fr. 3t/~
.DÉPARTEMENTS Trois mois. fr. 7
REDACTION
-ctevara.'dos' at&H~n~ C'
MMU-XnEURESAMt~Uir.f
.LZS~ANUSGK!'i'S NE St:~Ot)X'. I'r. RENDUS.
A
-NMb~OM~
MM. Ch.i~e~-te.ee~wt < 'J-y'
<, tt~OB BH ~A«tt'Actmtttt<ADMINISTRATION ~&
t, i~snt*~rd d«t ïttJUimw,~
.m~*?'°MMt
wt:ttMMtMnt< jpM~tM t~ « M
"U~ f
m~MMA.X~
LA NOUVELLE LOI SUR L'INSTRUCTION PRIMAIRE.
Nos Edios. U/t Bontttto.,
PROMOTIONS DANS L'ARMÉE.
LORD GitANVILLE ET LE DISCOURS DE M. DE FREY-
CINET. –.7<
L'ACTUALITÉ. –Be/tBoHo.
Au PARLEMENT 'LE SENAT. jKT. GrOt. LA.
CHAMBRE.–Fery~o!.
COULISSES PARLEMENTAIRES. 7'0(ee/y.
LA SITUATION EN EGYPTE. f.
LE GAULOIS PARTOUT.
CHRONIQUE DES TRIBUNAUX. MaMr~
NÉCROLOGIE.
LA BouRSE. Be~rt jP/-tect<.
TÉLÉGRAMMES ET CORRESPONDANCES. G. J~tKt.
NOUVELLES DIVERSES. GMt< LA SOIRÉE PARISIENNE.–MoKtrtce 0/'<~0/t~teCtK.
SpopT. –~S[rBM~.
ECHOS DES THÉÂTRES. Af
A.A N~UVEH.E LO!
SUR
L'~ P~I~~R~
;j(: r« 7"'<'
Au moment où commence l'application
de la nouvelle loi sur 1'HMtruction pri-
maire, nous croyons utile de donner à
nos lecteurs quelques explications sur
les obligations qu'elleleur impose. Nous
répondrons ainsi à un grand nombre
de lettres qui nous sont adressées, et
qui prouvent que le mécanisme assez
compliqué de cette loi est généralement
mal compris.
La loi a pour objet principal, et elle
aurait dû, à notre avis, avoir pour objet
unique, de rendre l'instructionprimaire
obligatoire.
Sous l'Empire, les membres républi-
cains du Corps législatif demandaient
l'instruction obligatoire; il est donc tout
naturel qu'ils l'aient établie, quand ils
sont arrivés au pouvoir.
Un des ministres de l'Empire, le plus
connu et le plus capable, M. Duruy, la
désirait; l'Empereur lui-même y était t
favorable. Mais on rencontrait une op-
position très ardente, principalement
dans le clergé catholique.
C'est à cause de cette opposition, qui
ne se produisait pas ailleurs, ou ne se
produisait pas avec la même force, que
l'instruction obligatoire s'est trouvée
établie dans presque toute l'Europe
avant de l'être chez nous.
Les raisons invoquées en faveur de
l'instruction obligatoire sont connues de
tout le monde.
L'égalité est la base des sociétés mo-
dernes. Or, il n'y a pas d'égalité véri-
table entre un homme absolument illet-
tré et les autres hommes. Il a des droits,
mais il lui est impossible d'en faire
usage.
Le suffrage universel est la base des
républiques. Or un citoyen a. besoin de
savoir lire, pour voter librement; et les
autres citoyens ont besoin qu'il sache
lire, pour qu'il vote intelligemment.
Ce qui fait la puissance d'un peuple,
ce n'est pas tant son étendue territoriale,
la richesse de son sol, le nombre et la
s Arête de ses ports, la possession d'un
gros capital, que l'intelligence et l'acti-
vité des citoyens. L'instruction est donc
Je premier intérêt social et politique.
L'Etat, en exigeant qu'on la donne à tous
les enfanta, pourvoit à sa propre conser-
vation, à sa puissance et à son honneur.
Il accomplit en même temps son pre-
mier devoir envers les citoyens, puis-
qu'il leur assure le premier des biens et
le plus indispensable.
Il y a contre l'instruction obligatoire
-trois objections, dont on ne saurait mé-
connaître la gravité.
L'une repose sur les droits du père de
famille, l'autre sur les droits de la con-
science, et la troisième sur les droits de
lamisère..
L'objection tirée des droits du père'
de famille peut être très forte contre une
loi mal faite; mais elle ne vaut rien
contre le principe de la loi. En effet,
l'Etat et le père, le père digne de ce
nom, veulent la même chose ils veu-
lent que l'enfant soit instruit. L'âme a
pour le moins les mêmes droits que le
corps.Le père qui refuse ou néglige d'ins-
truire son enfant est pour le moins aussi
coupable que s'il exerçait des sévices con-
tre lui. La même raison qui oblige la loi
à protéger la vie ou la santé de l'enfant
contre un père dénaturé, l'oblige à in-
tervenir pour empêcher que l'enfant
ne soit condamné, par le défaut total
d'instruction, à perdre plus tard l'usage
de, ses facultés, comme homme, et
l'exercice de ses droits, comme ci-
toyen.
Dans ces limites, la loi sur l'instruc-
tion obligatoire n'est pas une ~atteinte à
la liberté du père elle est une protec-
tion pour les droits de l'enfant. Elle ne
gêne en rien le père qui a la volonté de
remplir son devoir; au contraire, elle
lui apporte son concours, s'il en a be-
soin. Elle ne fait autre chose, que de
donner une sanction à une obligation
imposée par la nature e~t, écrite, depuis
~bientôt un; siècle, dans le code civil.
( La seconde, objection, celle qui est
~rée des droits de la conscience, a un
.tout autr~ caractère) et, en quelque
(Sorte, nne autre histoire.
LestadveFsaires de la loi sur l'instruc-
tion obligatoire disent que, si l'Etat im-
posa & l'eafant une sroyanMt il biMse
(:
la liberté de conscience dans" l'enfant
.etdanslepero.
Les défenseurs de la loi le disent
aussi.
Ils pensent que les religions d'Etat
constituaient la pire des persécutions
qu'elles étaient un crime contre la li-
berté, et que ce serait à la fois un crime
et une ineptie, de substituer au ré-
gime de la religion d'Etat celui d'une
philosophie d'Etat. Ils veulent la liberté
de conscience sous sa double forme, de
la liberté religieuse et de la liberté de
penser. Ils disent, comme les adver-
saires de la loi, que l'enfant,ne pouvant
pas régler lui-même sa conscience, c'est
au père de famille, et non à l'Etat, qu'en
appartient la direction.
H y a donc accord sur le principe de
la liberté de conscience entre les parti-
sans et les adversaires de la loi sur l'ins-
truction obligatoire. Mais ils se divisent
sur l'appréciation des faits, c'est-à-dire
sur la loi telle qu'elle est faite.
Si la nouvelle loi blesse la liberté de
conscience, il faut la révoquer ou la
changer. La Messe-t-elle? C'est ce que
nous voulons d'abord examiner.
Nos Echos
Le rCMtpN ~6 mai ~M
En France, le temps est froid pour la saison; te
minimum a été cette nuit de )° à Belfort; s à
Paris, Oermont; 4 à Lyon il a atteint –3" au
Puy-de-Dôme et au Pic-du-Midi. Dans cette der-
nière station, le thermomètre, soumis au rayonne-
ment nocturne, a marqué –6. Le temps reste au
beau et au froid.
° AUJOURO'HU)
A 6 heures et demie, dinar au Grand-tMtel
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dîner, l'orchestre de
M. Desgrangea jouera dans la nouvelle Balle de
musique.
MENU
Potage pot-au-feu
Hors'd'œuvre
Turbot sauce hollandaise
Pommes de terre à l'anglaise
Aloyau aux croquettes Dauphins
Noisette do veau à la, purée d'oseille
Dindonneau a.u cresson
Salade
Haricots verts nouveaux à la française
< Croûtes aux fruits à la parisienne
Glace
Bombe Chateaubriand
Desserts
fromages, fruits et petits-foura
A 8 h. 1/2, au Café Divan, séance do billard
par M. Gibelin, professeur du Casino de Vichy.
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgue, tables de jeux. Dîner à la carte
au restaurant.
Le programme du dîner-concert. (Voir à la.
4' page.)
<~
A l'Opéra. Françoise de Rimini.
Au Théâtre-Français. Les .Ra~t(.Mtt.
A l'Opéra-Comiquc. Le DontMO MOi'r et
A~e/tete~tOt .K)tM !*ofm.e.
A l'Odéon. L'~M/tettr et ~Ar~e~<
DEMAIN
Au TM&tre-Fransais. SercMe e/t ca:
pctg'7te et le Afct~ct~e twct~~cttrc.
A l'Opéra-Comique. Les A~ocet de Figaro.
A l'Odéon. Les .E~/oM<< f<'Bc
LA POUTtOUE
Le conseil des ministres s'est réuni
hiermatinàl'Etysée.
Il s'est d'abord occupé des affaires
d'Egypte, des dépêches confirmant ce
que l'on sait déjà de l'apaisement subit
survenu au Caire, et de l'arrangement
nouveau survenu entre le Khédive et
ses ministres.
Le conseil a approuvé définitivement
le texte du projet sur les conseils canto-
naux. Il restait à régler la proportion
des délégués des communes du canton
on a décidé que ceux-ci seraient en
nombre proportionnel à la population.
Aujourd'hui doit paraître au 7oK~)M<
o/yEc!<~ un décret nommant M. Félix Re-
naud, préfet de la Seine-Inférieure, di-
recteur des contributions indirectes, en
remplacement de M. Roucoux, décédé.
Bien que la nomination du comman-
deur Nigra à l'ambassade italienne à
Paris paraisse probable, aucune ouver-
ture ofâcielle n'a été faite jusqu'à pré-
sent, par le gouvernement, au cabinet
français relativement au choix du ti-
tulaire de l'ambassade italienne à Paris.
De son côté, notre gouvernement n'a
encore proposé aucun diplomate à la
cour de Rome pour le représenter au-
prèsd'elle.
Les journaux d'Italie assurent que le
commandeur Maccio, ancien consul gé-
géral à Tunis, a refusé le poste de mi-
nistre résident à Montevideo.
LE M&NDE ET LAVtLLE
C'est samedi matin que Mgr Lavigerie
archevôque d'Alger, recevra des mains
du président de la République labarrette
cardinalice.
Faisons observer, à ce propos, que
1 on confond souvent la barrette et le cha-
peau, qui sont deux insignes distincts,
dont la remise donne lieu à deux céré-
monies différentes.
La barrette est de forme carrée et rap-
pelle de tout point le bonnet des cu-
rés seulement ce dernier est noir au
lieu d'être rouge.
D'après les règlements primitifs de
i église, les cardinaux devaient recevoir
la barrette des mains du Pape; mais cet
usage fut modiné par égard pour les
chefs d'Etat qui, lorsqu'ils appartiennent
à la religion catholique, apostolique et
romaine, sont chargés de remettre l'in-
signe aux nouveaux cardinaux, en se
faisant assister toutefois d'un ablégat
qui représente le Saint-Père.
Quant au chapeau, c'est le Pape seul
doivent aller le recevoir à Rome/ainsi
q~eleurtitre.
L'empereur d'Autriche se rendra d'ici
peu à Trieste, où il ouvrira solennelle-
ment l'Exposition qui doit avoir lieu
dans cette ville.
Sa Majesté passera ensuite quelques
jours au château de Miramar, près de
Trieste, dont l'installation vient d'être
complètement terminée.
Rappelons que c'est également au
château de Miramar que la jeune prin-
cesse Stéphanie ira faire ses couches.
Elle quittera Vienne d'ici trois semaines,
ainsi quel'archiduc Rodolphe, son mari.
M. de Mahy,qui a passé les journées
de dimanche et de lundi à Avignon, as-
sistait hier, au mont Venteux, à la pose
de la première pierre de l'observatoire
météorologique. Aujourd'hui, le minis-
tre de l'agriculture visitera Tarascon et
les environs, les haras et les vignobles
de Fitz-James à Saint-Gilles. Il se rendra
ensuite à Marseille et à Brignoles, et sera
à Draguignan samedi prochain, pour
l'ouverture du concours régional de cette
ville.
M. de Mahy sera de retour à Paris le
26 du mois.
Grand dîner, hier, au Ministère de la
marine et des colonies.
Parmi les invités de l'amiral Jauré-
guibéry, nous citerons M. de Freyci-
net, président du conseil, ainsi que Mme
et Mlle de Freycinet; M. Léon Say, mi-
nistre des finances; le vice-amiral Pey-
ron et Mme Peyron; le contre-amiral
Pierre, l'amiral Galiber, le contre-ami-
ral Brosselet, l'amiral LandoIS, MM.
Leroy de Méricourt et Walter, médecins
en chef de ia marine M. Giraud, chef
du cabinet du ministre; M. Fournier,
aide de camp, etc. Dans la soirée, bril-
lante réception à laquelle se sont rendus
un grand nombre de personnages offi-
ciels.
Le nouveau ministre de Grèce, le
prince Nicolas Mavracordato, dont nous
avons annoncé la nomination, vient d'ar-
river à Paris. Rappelons que le nouvel
envoyé du roi des Hellènes est fils du
prince Alexandre Mavrocordato, illustré
par le rôle éclatant qu'il a joué, lors de
îa guerre de l'Indépendance hellénique
de 1821 à 1828, et l'un des fondateurs du
nouveau royaume.
Le prince Nicolas Mavrocordato arrive
animé des plus vi\ces sympathies pour la
France, ou il a fait ses études, et qu'il a
appris a, connaître pendant un long sé-
jour à Paris.
Il a déjà occupé de hautes fonctions
dans son pays, a fait partie pendant
plusieurs années du Parlement hellé-
nique, et a été ministre, à deux reprises,
dans les cabinets du roi George, où il a
occupé successivement les postes de
ministre des cultes et de l'instruction
publique.
Le prince Nicolas Mavrocordato a eu,
avant-hier, un entretien, au ministère
des affaires étrangères, avec M. de Frey-
cinet, président du conseil.
Il doit être reçu aujourd'hui, à deux
heures, à l'Elysée, où il présentera offi-
ciellement, dans le cérémonial ordinaire,
ses lettres de créance à M. Grévy, prési-
dent de la République.
On vient d'accrocher au Salon l'écri-
teau a Acquis par l'Etat sur les toiles
dont les titres suivent
Le Vallon de Pierre-Fol, par Gaston
VuiHier. Prédication de saint Jean
C'/M~sosdoxie, par Wencker. D~6ar~Me~de 7~ye~ par Tattegrain. CM Acci-
dent, par Sicard. V!grosse.–Les Derniers Mo~~M<:r~, par
Charles Ronat. Une jPrew~re CoM~-
mM?t!OM e~ ~'.Regeant. J~MS c/~2 M<par Leroy.e Pays des mo~oMMe?(r~,
par Lhermite. ~Vo~e~&re, par Harris-
son. L')t/aM< ~ro~~Më, par Friant.
~Vo~ë~&re <:M yr~or~, par le Séné-
chal de Kerdréoret. Le Fï6M;r De~M-
~e, par Albert Girard. `
Les acquisitions continueront.
Les membres de la conférence Molé-
Toqueville donneront lundi leur ban-
quet annuel.
On fêtera, ce jour-là, le cinquantième
anniversaire de la conférence Molé, qui
fut fondée en 1832.
On annonce que M. Pallu de Labàr-
riëre, capitaine de vaisseau, va être
nommé gouverneur de Taïti, en rempla-
cement de M. Caubet.
M. Pallû de Labarrière était, pendant
la campagne de 1870, général dans l'ar-
mée de l'Est, et il protégea l'entrée de
l'armée de Bourbaki en Suisse, en qua-
lité de commandant de réserve.
MM. Ernest et Alphonse Daudet vien-
nent d'avoir la douceur de perdre leur
mère. Les obsèques auront lieu aujour-
d'hui, à midi précis, en l'église Saint-
Jacques du Haut-Pas.
Nous adressons aux deux frères si
cruellement éprouvés l'expression de
nos sincères sentiments decondoléance.
NOUVELLES A LA MAtM
Guibollàrd raconte les souffrances
qu'il a endurées pendant le siège.
Oui, messieurs, s'écrie-t-iï, je souf-
frais quelquefois de la faim, à tel point
que j'avais envie de manger mes bottes 1
Je le comprends d'autant mieux,
interrompt quelqu'un, que vous avez
toujours eu du foin. dans vos bottes.
Note d'album
La toilette <~Mre à quinze ans elle
pare à trente ans, et elle n~a~e à qua-
rante.
Un employé du télégraphe rMo&te A
un ami qu'il s'est trouvée mêlé à une
bagarre, dans un restaurant de nuit,
et qu'on a failli le mettre au poste.
Mon cher, réplique le collègue
avec conviction, il est bon parfois d'être
mis aux'postes. et même d'y rester.
Vois plutôt notre excellent ministre, M.
Cochery~ UN.DOMIND,
Utt OOMtNO.
PETtTE BOURSE DU SOIR
DIX HEURES
3 0/0 amort. M'te..
30/0.n.
50/0. 117 20, 15.
Turc. 13 35; 32.
Italien. 8982.95.
Egypte. 354,35625.
Ba.nqueottomane. 816,813,816,815.
Extérieure. 279/16,17/32,9/16.
Lots turcs. 59 50, ")).
Actions Rio 656 87, 655, 656 25.
Part Corinthe.
PROMOTIONS DANS t/AMEE
Sontnommés:
M. le général de brigade Thiéry, au
commandement de la 63° brigade d'in-
fanterie (.32° division, 16° corps d'armée)
et des subdivisions de région de Nar-
bonne et de Perpignan, à Perpignan, en
remplacement de M. le général de bri-
gade Saget, précédemment nommé à
d'autres fonct:ons.
M. le général de brigade Gueytat, au
commandement de la 29° brigade d'in-
fanterie (IS* division, 8° corps d'armée)
et des subdivisions de région deChalon-
sur-Saône et de Maçon, à Maçon, en
remplacement de M. le général de bri-
gade Thiéry.
M. le général de brigade Mathelin, au
commandement de la 23° brigade d'in-
fanterie (12° division, 6° corps d'armée)
et des subdivisions de région de Mé-
zieres et de Reims, à Méxiëres, en rem-
placement de M. le général de brigade
Grueytat.
M. le général de brigade Broye, aide
de camp de M. le maréchal de Mac-
Mahon, duc de Magenta, au commande-
ment de la 3" brigade d'infanterie (2° di-
vision, 1°' corps d'armée) et des subdivi-
sions de région d'Arras et de Béthune.
à Arras, vacant par suite du décès
de M. le~général de brigade Barrachin.
.t-
LORD GmttiE
LE DISCOURS DE M. DE FREYCINET
La. question égyptienne a défrayé
avant-hier soir, la. discussion de la
Chambre des lords anglais. Interpellé
par lord Lamington et lord de la Warr,
îe ministre des affaires étrangères a fait
un long et beau discours, traitant avec
une franchise étonnante. l'attitude
prise par le cabinet de Paris vis-à-vis
des récents événements du Caire. En
effet, les déclarations de lord Granville
disent tout, excepté les vues et projets
du gouvernement anglais en ce qui con-
cerne l'Egypte.
Ce procédé, qui cache la plus grande
discrétion sous une faconde abondante,
mais qui n'engage à rien, mérite d'être
signalé à l'attention de tous les hommes
d'Etat actuels et futurs.
Ce n'est que sous forme de préambule
que lord Granville a glissé quelques
constatations rassurantes, mais qui por-
tent uniquement sur le passé, laissant
absolument libre l'avenir de la politi-
que anglaise. Voici les paroles du mi-
nistre
Le gouvernement a constamment dé-
claré que le but de sa politique était le
maintien du ~ Les autres puissances ont toujours ad-
mis l'intérêt prépondérant de l'Angleterre
et de la France en Egypte, mais elles ont
demande qu'aucun changement ne fût in-
troduit sans leur participation dans les
affaires intéressant l'Europe entière.
Cette réclamation a été admise par la
France et l'Angleterre, et depuis lors nous
avons toujours agi de concert avec le gou-
vernement français.
Après avoir ainsi rappelé ce que le
gouvernement anglais a cK<, et sans
nous révéler ce qu'Usa /a!~e, lord Gran-
ville fait une diversion très habile, en
parlant des observations contenues dans
îe discours que M. de Freycinet a pro-
noncé, sur le même sujet, devant la
Chambre des députés. Le ministre an-
glais s'assure d'abord la bienveillance
de ses auditeurs en refusant d'accepter
la responsabilité de ce discours puis
il continue:
J'ai eu cependant vendredi une conver-
sation avec l'ambassadeur de France, et je
l'ai informé de l'interpellation qui avait été
annoncée au sujet de ce discours.
M. Tissot m'a déclaré qu'il était absolu-
ment convaincu que M. de Freycinet n'a-
vait pas eu l'intention d'attribuer à la
France, dans les affaires d'Egypte, un rôle
qui pût porter atteinte aux droits de l'An-
gleterre, et il m'a adressé samedi la lettre
suivante:
J'ai informé M. de Freycinet de l'im-
pression causée ici par un certain passage
de son discours et de la question qui vous
serait adressée à ce sujet lundi.
M. de Freycinet me charge de vous as-
surer qu'il n'a jamais eu l'intention de sé-
parer l'action prépondérante de la France
en Egypte de celle de l'Angleterre.
Dans un'autre passage de son discours,
M. de Freycinet reconnaît d'ailleurs d'une
façon explicite cette communauté d'm-
Huence, et son discours tout entier accorde
à la France et à l'Angleterre une situation
en Egypte tellement identique qu'il est im-
possible de méconnaître son sentiment a
cet égard. Personne, ajoute M. de Freyci-
aet, ne s'y est trompé en France.
M. da Freycinet espère que oetta fr&ncM
explication vous permettra, de répondre
sans difficulté à l'interpellation de lord
Lamington.* »
Lord Granville espère que cette expli-
cation satisfera les interpellateurs puis
il ajoute, avec une sagacité qui aurait
fait blêmir de jalousie feu. M. de La.Pa-
lisse:
Je puis dire que la seule chance d'obte-
nir de bons résultats de l'union des deux
.pays dépend de la loyauté des deux gou-
vernements et de celle dès-agents qui les
représentent.
Après cette observation inattendue, le
ministre trouve moyen d'adresser ses
compliments au cabinet de Paris
Je dois'constater, dit-tl, que depuis mon
arrivé'e'au ministère, j'ai été en relations
avec trois ministres des affaires étrangè-
res français. Tous trois se sont montres
avec moi d'une loyauté parfaite dans les
affaires égyptiennes, et j'espère qu'ils ren-
dront le même témoignage au gouverne-
ment anglais.
Le gouvernement anglais et le gouver-
nement français se sont mis d'accord, il y
a. quelques semaines, ~uria politique qu'ils
doivent suivre pour le maintien de l'état
.de choses en Egypte.
Nous avons communiqué ces conclusions
aux puissances, et elles ont unanimement
consenti à ce que nous avons proposé.
Ces conclusions auraient été communi-
quées immédiatement au gouvernement
égyptien, si l'on n'eût cru préférable d'ajour
ner cette communication à cause de l'ins-
tabilité du ministère égyptien.
Depuis cette époque, la France et l'An-
gleterre ont toujours été d'accord sur tous
les points.
Pendant la dernière quinzaine, il ne s'est
guère écoulé de jour sans que des instruc-
tions identiques n'aient été envoyées à nos
agents.
Après avoir fait l'éloge des hommes
d'Etat français, lord Granville, se lan-
çant à corps perdu dans l'optimisme, va
jusqu'à admirer Je courage et la fermeté
du Khédive
La situation parait aujourd'hui un peu
meilleure et un peu moins embrouillée, elle
présente cependant encore de grandes dif-
ficultés.
On a regardé Tewnk comme un prince
modèle, jusqu'au moment de la première
démonstration militaire. U a eu, depuis
lors, une tâche difncite à remplir, et mal-
gré ces difficultés, il a montré dans les évé-
nements récents une très grande énergie
et un très grand courage. Aussi toutes les
informations parvenues lusqu'ù, présent
constatent que les Notâmes ont pris le
parti du Khédive contre l'armée.
Cependant, en prévision des éventua-
lités futures, la France a donné l'ordre à
trois de ses navires de quitter la Pirée, et
l'Angleterre a donné l'ordre semblable à
trois de ses navires en station à Corfou.
Ces six vaisseaux doivent se réunir près
de la Crète et se rendre ensuite à Alexan-
drie, où les commandants recevront des
ordres ultérieurs.
Nous avons annoncé à toutes les puis-
sances et à la Turquie les mesures que
nous avons cru utile de prendre pour sou-
tenir notre politique en Egypte,
Elles y ont unanimement adhéré.
Ici, nous nous permettrons de placer
un point d'interrogation; Et pour cause;
car, en même temps que la dépêche si-
gnalant le discours de lord Granville,
nous avons reçu, de Constantinople, un
télégramme qui oSre une contradiction
flagrante avec ce que le ministre anglais
nous affirme relativement à l'unanimité
des puissances. Voici ce télégramme
Constantinople, ]5 mai.
On assure que la Porte a envoyé aux
puissances une circulaire dàns laquelle
elle proteste contre l'envoi de vaisseaux
anglais et français à Alexandrie. Rien ne
justifie en ce moment, d'après la Porte, une
pareille intervention, qui, d'ailleurs, si elle
était nécessaire, ne devrait être accomplie
que par la cour souveraine.
Mais n'insistons pas, pour le moment,
sur cette opposition de la Porte, qui, en
effet, ne saurait offrir aucune difficulté
sérieuse.
Lord Granville a terminé son long
discours par l'aveu que, jusque-là, il s'é-
tait servi de tant de verbiage simple-
ment pour cacher ses pensées
Nous sommes arrivés, a dit le noble
lord, à une entente parfaite avec la France
sur la conduite à tenir en présence de cer
taines éventualités.
Je ne puis, pour le moment, expliquer
cette entente, mais j'ai l'espoir et presque
la certitude que'ces éventualités n'auront
pas lieu et que la paix, l'ordre et la pros-
périté seront rétablis sans l'emploi de la
force. (Applaudissements.)
En vue de la position assez ébranlée
qu'occupe le cabinet Gladstone, il faut,
peut-être, rechercher le principal inté-
rêt du débat dans la réponse de lord Sa-
lisbury.
Le diplomate attitré du parti tory
n'a rien trouvé à critiquer dans la dé-
claration de lord Granville; mais il
veut insister sur ce point que l'Angle-
terre ne peut admettre qu'une autre
puissance ait, en Egypte, un intérêt su-
périeur au sien.
A la suite des engagements pris par le
ministre actuel et par ses prédécesseurs, le
gouvernement anglais doit soutenir le
vice-roi tant qu'il gouvernera selon les
principes qui ont été approuvés, et il doit
le faire non seulement par ses paroles,
mais encore, si cela est nécessaire, d'une
manière plus énergique.
Le meilleur moyen serait, dans ce der-
nier cas, d'employer l'intervention de la
Turquie. Le plus mauvais serait une in-
tervention française, et, si le ministère
consentait à cette dernière alternative
sans prendre des garanties suffisantes pour
sauvegarder les intérêts de l'Angleterre,
il encourrait une très grande responsa-
bilité.
L'orateur de l'opposition, qui demain
peut-être sera le chef du gouvernement,
a terminé en constatant que lord Gran-
ville est déjà disposé à suivre la poli-
tique de lord Palmerston plutôt que
celle de M. Gladstone, et il ajoute que,
en cas de difficultés sérieuses, lord
Granville peut compter sur l'appui de
toua les p&rtis en Angleterre, tant qu'u
maintiendra comme principe, pr.imor<
dial que l'autorité de l'Angleterre,. dans
les aSaires égyptiennes, ne doit être
inférieure à ceite d'aucune autre p~is*
sance étrangère.
1 F.-
T'APTÏÏJM TTt
LALiUALi~
'f
!i
Il est admis que c'est l'opinion qut
gouverne le monde, et chacun de nous
ajoute, tout bas que l'opinion c'est 1~
presse. Cette assertion est trop natteuse
pour qu'un journaliste la révoque, en
doute. Mais la presse elle-même n'.est-
elle pas gouvernée par l'actualité ? Or
l'actualité, c'est le hasard, le fait-divers,
l'accident fortuit, le crime isolé, mais
retentissant..
Voici un exemple qui montre com-
bien cette domination est absolue. Le
Sénat délibère en ce moment sur la ré-
forme du Code d'instruction criminelle.
Il n'y a pas de plus grave sujet, de plus
haute question. Les publicistes les pb~s
éloquents, les hommes d'Etat les plus
considérables de notre siècle s'en sont
occupés avec passion. Prevost-Pai;adot 1
a écrit là-dessus ses plus belles pag~s;
Dufaure eût été heureux de couronner
sa carrière par l'accomplissement d'un
progrès dont il avait reconnu la, néces-
sité. Une des supériorités auxquelles
les observateurs et les philosophes fran-
çais rendent le plus volontiers hommage
chez les Anglo-Saxcss, c'est la loyauté
scrupuleuse avec laquelle la société
poursuit ceux qu'ellesoupçonne d'avoir
provoqué sa vengeance. .?
C'est un beau spectacle, nous dit~ô.n,
que celui de cette lutte à ciel ouvert, &
armes égales, entre le crime et la jus-
tice. On arrive aussi sûrement que'chez
nous à la découverte de la vérité, et l'on
n'y arrive point par des voies tortueuses.
Rien d'inquisitorial dans la procédure,
rien de captieux dans les interrogatoi-
res. Loin de tendre des pièges à l'ac-
cusé, le juge l'avertit de la portée de ses
.réponses. Au lieu de l'intimider pour
le forcer à se confesser coupable, on lui
donne un conseiller; ou veut que rien.
ne lui manque pour se défendre, et qu'il
n'ait a se plaindre d'aucune violence
morale, d'aucune surprise. C'est qu'en
Angleterre, ce qu'on cherche, c'est la
vérité ce qu'on cherche en France,
c'est un aveu.
Remarquez que notre méthode d'ins~
truction criminelle est uniegs de l'an-
cien régime, une tradition du despo-
tisme et de l'inquisition, un reste de
l'antique torture. Les raisons ne man-
quent pas aux amis du progrès, aux
champions des idées modernes, pour
battre en brèche cette Bastille, pour ré-
clamer le prompt balayagede ce vestige
des mauvais jours. Il semble donc que
l'initiative du Sénat dût exciter une pro-
fonde reconnaissance dans le pays.
Les citoyens devraient s'aborder en se
félicitant mutuellement de ce qu'on tra-
vaille enfin à ûter de notre législation
cette tache. Quelle plus belle entreprise
pouvait exciter notre enthousiasme?
Les reformes politiques sont souvent
des conquêtes douteuses ou instables,
des améliorations apparentes dont on ne
tarde pas à se repentir. La réforme à
laquelle on travaille au Luxembourg
est de celles qui honorent .une législa-
ture et que l'histoire mscrit non sur des
tablettes de cire, mais sur le marbre et
l'airain..
Eh bien, cette grande et solennelle
discussion ne passionne pas les esprits.
A vrai dire, on n'y fait guère attention
on en parle cent fois moins que du ban-
quet Grisel et du procès des deux du-
chesses. C'est qu'elle manque d'actua-
lité. Sous l'Empire, tout le monde s'é-
mut de l'affaire Doixe. Il s'agissait d'une
femme que le procureur impérial du le
juge d'instruction avait contrainte, 'à
force de mauvais traitements, à ~"à-
vouer coupable d'un crime horrible
qu'elle n'avait pas commis. La presse
s'indigna, bien qu'elle ne fût guère
libre, et le public frémi! C'est que
nous nous sentons tous un peu res-
ponsables des excès de ce pouvoir judi-
ciaire qui agit et qui frappe eu notre
nom. Quand un innocent est injuste-
ment écrasé par la formidable puis-
sance de la ~ociété, notre conscience
nous avertit que la société c'est nous
tous, et que tous nous avons ujie part
indirecte dans cette iniquité. On se sou-
vient aussi de cette aSaire Armand, ou
l'on eut tant de peine à sauver l'accusé,
victime d'une machination odieuse, et
de ce crime de La Bastide, quilit en-
voyer un innocent à Cayenne.
Mais ces causes célèbres, qni Tirent. t
tant de bruit, sont bien loin de nous, et
la réforme du code d'instruction crimi-
nelle manque d'actualité. Pour qu'on s'y
intéressât, il faudrait un incident nou-
veau, un scandale judiciaire bien retea-
tissant il faudrait un fait-divers. La
Fontaine nous montre Démosthèn~s
obligé, pour attirer l'attention des Athé-
niens, de leur raconter une fable, et il
ajoute:" Nous sommes tous d'Athènes
en ce point, x {Ce ne sont plus des f&M.es
qu'il faut nous raconter, mais des faits-
divers.
Rien n'a plus contribué à. saper~ le
trône de Louis-Philippe que l'âssassmat
de la duchesse de Prasiin. Un'maritua.nt t
sa femme, n'était-ce pas un fait-divers?
Les plus belles déclamations contre la
corruption des grands, les argumenta-
tions les plus serrées contre l.iustitutioji
de la pairie, les considérations les ptos
profondes sur les inconvénient d'une
institution a.ristocratiq'ue, qu4jta.it-ce
que tout cela pour ébranler une monar-
chie, pour inspirer au peuple lu. haio.e
et le mépris du gouvernement, pour
préparer une révolution, qu'éta.tt-os à
côté de ce fait divers? M'&
Le second Empire n'a-t-il pasMUi~be
renversé à la suite du cû&p~e ~ot~eh'
d'Auteaii ? Il y aviut di~ht~Aastp~MB
i. 10'î ~i YSq aSMiqOM'Ï
PARIS centunes. DÉPARTEMENTS, ET/GARES SO CENTIMES/
Mercredi 17 Mai 188Z
J- TT 1~ ES S 1 :M: C~ :N
;f;~i j' Dtrec
.ABONNEMENTS-
P~ts Trois mois. <3 fr. 3t/~
.DÉPARTEMENTS Trois mois. fr. 7
REDACTION
-ctevara.'dos' at&H~n~ C'
MMU-XnEURESAMt~Uir.f
.LZS~ANUSGK!'i'S NE St:~Ot)X'. I'r. RENDUS.
A
-NMb~OM~
MM. Ch.i~e~-te.ee~wt < 'J-y'
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t, i~snt*~rd d«t ïttJUimw,~
.m~*?'°MMt
wt:ttMMtMnt< jpM~tM t~ « M
"U~ f
m~MMA.X~
LA NOUVELLE LOI SUR L'INSTRUCTION PRIMAIRE.
Nos Edios. U/t Bontttto.,
PROMOTIONS DANS L'ARMÉE.
LORD GitANVILLE ET LE DISCOURS DE M. DE FREY-
CINET. –.7<
L'ACTUALITÉ. –Be/tBoHo.
Au PARLEMENT 'LE SENAT. jKT. GrOt. LA.
CHAMBRE.–Fery~o!.
COULISSES PARLEMENTAIRES. 7'0(ee/y.
LA SITUATION EN EGYPTE. f.
LE GAULOIS PARTOUT.
CHRONIQUE DES TRIBUNAUX. MaMr~
NÉCROLOGIE.
LA BouRSE. Be~rt jP/-tect<.
TÉLÉGRAMMES ET CORRESPONDANCES. G. J~tKt.
NOUVELLES DIVERSES. GMt<
SpopT. –~S[rBM~.
ECHOS DES THÉÂTRES. Af
A.A N~UVEH.E LO!
SUR
L'~ P~I~~R~
;j(: r« 7"'<'
Au moment où commence l'application
de la nouvelle loi sur 1'HMtruction pri-
maire, nous croyons utile de donner à
nos lecteurs quelques explications sur
les obligations qu'elleleur impose. Nous
répondrons ainsi à un grand nombre
de lettres qui nous sont adressées, et
qui prouvent que le mécanisme assez
compliqué de cette loi est généralement
mal compris.
La loi a pour objet principal, et elle
aurait dû, à notre avis, avoir pour objet
unique, de rendre l'instructionprimaire
obligatoire.
Sous l'Empire, les membres républi-
cains du Corps législatif demandaient
l'instruction obligatoire; il est donc tout
naturel qu'ils l'aient établie, quand ils
sont arrivés au pouvoir.
Un des ministres de l'Empire, le plus
connu et le plus capable, M. Duruy, la
désirait; l'Empereur lui-même y était t
favorable. Mais on rencontrait une op-
position très ardente, principalement
dans le clergé catholique.
C'est à cause de cette opposition, qui
ne se produisait pas ailleurs, ou ne se
produisait pas avec la même force, que
l'instruction obligatoire s'est trouvée
établie dans presque toute l'Europe
avant de l'être chez nous.
Les raisons invoquées en faveur de
l'instruction obligatoire sont connues de
tout le monde.
L'égalité est la base des sociétés mo-
dernes. Or, il n'y a pas d'égalité véri-
table entre un homme absolument illet-
tré et les autres hommes. Il a des droits,
mais il lui est impossible d'en faire
usage.
Le suffrage universel est la base des
républiques. Or un citoyen a. besoin de
savoir lire, pour voter librement; et les
autres citoyens ont besoin qu'il sache
lire, pour qu'il vote intelligemment.
Ce qui fait la puissance d'un peuple,
ce n'est pas tant son étendue territoriale,
la richesse de son sol, le nombre et la
s Arête de ses ports, la possession d'un
gros capital, que l'intelligence et l'acti-
vité des citoyens. L'instruction est donc
Je premier intérêt social et politique.
L'Etat, en exigeant qu'on la donne à tous
les enfanta, pourvoit à sa propre conser-
vation, à sa puissance et à son honneur.
Il accomplit en même temps son pre-
mier devoir envers les citoyens, puis-
qu'il leur assure le premier des biens et
le plus indispensable.
Il y a contre l'instruction obligatoire
-trois objections, dont on ne saurait mé-
connaître la gravité.
L'une repose sur les droits du père de
famille, l'autre sur les droits de la con-
science, et la troisième sur les droits de
lamisère..
L'objection tirée des droits du père'
de famille peut être très forte contre une
loi mal faite; mais elle ne vaut rien
contre le principe de la loi. En effet,
l'Etat et le père, le père digne de ce
nom, veulent la même chose ils veu-
lent que l'enfant soit instruit. L'âme a
pour le moins les mêmes droits que le
corps.Le père qui refuse ou néglige d'ins-
truire son enfant est pour le moins aussi
coupable que s'il exerçait des sévices con-
tre lui. La même raison qui oblige la loi
à protéger la vie ou la santé de l'enfant
contre un père dénaturé, l'oblige à in-
tervenir pour empêcher que l'enfant
ne soit condamné, par le défaut total
d'instruction, à perdre plus tard l'usage
de, ses facultés, comme homme, et
l'exercice de ses droits, comme ci-
toyen.
Dans ces limites, la loi sur l'instruc-
tion obligatoire n'est pas une ~atteinte à
la liberté du père elle est une protec-
tion pour les droits de l'enfant. Elle ne
gêne en rien le père qui a la volonté de
remplir son devoir; au contraire, elle
lui apporte son concours, s'il en a be-
soin. Elle ne fait autre chose, que de
donner une sanction à une obligation
imposée par la nature e~t, écrite, depuis
~bientôt un; siècle, dans le code civil.
( La seconde, objection, celle qui est
~rée des droits de la conscience, a un
.tout autr~ caractère) et, en quelque
(Sorte, nne autre histoire.
LestadveFsaires de la loi sur l'instruc-
tion obligatoire disent que, si l'Etat im-
posa & l'eafant une sroyanMt il biMse
(:
la liberté de conscience dans" l'enfant
.etdanslepero.
Les défenseurs de la loi le disent
aussi.
Ils pensent que les religions d'Etat
constituaient la pire des persécutions
qu'elles étaient un crime contre la li-
berté, et que ce serait à la fois un crime
et une ineptie, de substituer au ré-
gime de la religion d'Etat celui d'une
philosophie d'Etat. Ils veulent la liberté
de conscience sous sa double forme, de
la liberté religieuse et de la liberté de
penser. Ils disent, comme les adver-
saires de la loi, que l'enfant,ne pouvant
pas régler lui-même sa conscience, c'est
au père de famille, et non à l'Etat, qu'en
appartient la direction.
H y a donc accord sur le principe de
la liberté de conscience entre les parti-
sans et les adversaires de la loi sur l'ins-
truction obligatoire. Mais ils se divisent
sur l'appréciation des faits, c'est-à-dire
sur la loi telle qu'elle est faite.
Si la nouvelle loi blesse la liberté de
conscience, il faut la révoquer ou la
changer. La Messe-t-elle? C'est ce que
nous voulons d'abord examiner.
Nos Echos
Le rCMtpN ~6 mai ~M
En France, le temps est froid pour la saison; te
minimum a été cette nuit de )° à Belfort; s à
Paris, Oermont; 4 à Lyon il a atteint –3" au
Puy-de-Dôme et au Pic-du-Midi. Dans cette der-
nière station, le thermomètre, soumis au rayonne-
ment nocturne, a marqué –6. Le temps reste au
beau et au froid.
° AUJOURO'HU)
A 6 heures et demie, dinar au Grand-tMtel
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dîner, l'orchestre de
M. Desgrangea jouera dans la nouvelle Balle de
musique.
MENU
Potage pot-au-feu
Hors'd'œuvre
Turbot sauce hollandaise
Pommes de terre à l'anglaise
Aloyau aux croquettes Dauphins
Noisette do veau à la, purée d'oseille
Dindonneau a.u cresson
Salade
Haricots verts nouveaux à la française
< Croûtes aux fruits à la parisienne
Glace
Bombe Chateaubriand
Desserts
fromages, fruits et petits-foura
A 8 h. 1/2, au Café Divan, séance do billard
par M. Gibelin, professeur du Casino de Vichy.
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgue, tables de jeux. Dîner à la carte
au restaurant.
Le programme du dîner-concert. (Voir à la.
4' page.)
<~
A l'Opéra. Françoise de Rimini.
Au Théâtre-Français. Les .Ra~t(.Mtt.
A l'Opéra-Comiquc. Le DontMO MOi'r et
A~e/tete~tOt .K)tM !*ofm.e.
A l'Odéon. L'~M/tettr et ~Ar~e~<
DEMAIN
Au TM&tre-Fransais. SercMe e/t ca:
pctg'7te et le Afct~ct~e twct~~cttrc.
A l'Opéra-Comique. Les A~ocet de Figaro.
A l'Odéon. Les .E~/oM<< f<'Bc
LA POUTtOUE
Le conseil des ministres s'est réuni
hiermatinàl'Etysée.
Il s'est d'abord occupé des affaires
d'Egypte, des dépêches confirmant ce
que l'on sait déjà de l'apaisement subit
survenu au Caire, et de l'arrangement
nouveau survenu entre le Khédive et
ses ministres.
Le conseil a approuvé définitivement
le texte du projet sur les conseils canto-
naux. Il restait à régler la proportion
des délégués des communes du canton
on a décidé que ceux-ci seraient en
nombre proportionnel à la population.
Aujourd'hui doit paraître au 7oK~)M<
o/yEc!<~ un décret nommant M. Félix Re-
naud, préfet de la Seine-Inférieure, di-
recteur des contributions indirectes, en
remplacement de M. Roucoux, décédé.
Bien que la nomination du comman-
deur Nigra à l'ambassade italienne à
Paris paraisse probable, aucune ouver-
ture ofâcielle n'a été faite jusqu'à pré-
sent, par le gouvernement, au cabinet
français relativement au choix du ti-
tulaire de l'ambassade italienne à Paris.
De son côté, notre gouvernement n'a
encore proposé aucun diplomate à la
cour de Rome pour le représenter au-
prèsd'elle.
Les journaux d'Italie assurent que le
commandeur Maccio, ancien consul gé-
géral à Tunis, a refusé le poste de mi-
nistre résident à Montevideo.
LE M&NDE ET LAVtLLE
C'est samedi matin que Mgr Lavigerie
archevôque d'Alger, recevra des mains
du président de la République labarrette
cardinalice.
Faisons observer, à ce propos, que
1 on confond souvent la barrette et le cha-
peau, qui sont deux insignes distincts,
dont la remise donne lieu à deux céré-
monies différentes.
La barrette est de forme carrée et rap-
pelle de tout point le bonnet des cu-
rés seulement ce dernier est noir au
lieu d'être rouge.
D'après les règlements primitifs de
i église, les cardinaux devaient recevoir
la barrette des mains du Pape; mais cet
usage fut modiné par égard pour les
chefs d'Etat qui, lorsqu'ils appartiennent
à la religion catholique, apostolique et
romaine, sont chargés de remettre l'in-
signe aux nouveaux cardinaux, en se
faisant assister toutefois d'un ablégat
qui représente le Saint-Père.
Quant au chapeau, c'est le Pape seul
doivent aller le recevoir à Rome/ainsi
q~eleurtitre.
L'empereur d'Autriche se rendra d'ici
peu à Trieste, où il ouvrira solennelle-
ment l'Exposition qui doit avoir lieu
dans cette ville.
Sa Majesté passera ensuite quelques
jours au château de Miramar, près de
Trieste, dont l'installation vient d'être
complètement terminée.
Rappelons que c'est également au
château de Miramar que la jeune prin-
cesse Stéphanie ira faire ses couches.
Elle quittera Vienne d'ici trois semaines,
ainsi quel'archiduc Rodolphe, son mari.
M. de Mahy,qui a passé les journées
de dimanche et de lundi à Avignon, as-
sistait hier, au mont Venteux, à la pose
de la première pierre de l'observatoire
météorologique. Aujourd'hui, le minis-
tre de l'agriculture visitera Tarascon et
les environs, les haras et les vignobles
de Fitz-James à Saint-Gilles. Il se rendra
ensuite à Marseille et à Brignoles, et sera
à Draguignan samedi prochain, pour
l'ouverture du concours régional de cette
ville.
M. de Mahy sera de retour à Paris le
26 du mois.
Grand dîner, hier, au Ministère de la
marine et des colonies.
Parmi les invités de l'amiral Jauré-
guibéry, nous citerons M. de Freyci-
net, président du conseil, ainsi que Mme
et Mlle de Freycinet; M. Léon Say, mi-
nistre des finances; le vice-amiral Pey-
ron et Mme Peyron; le contre-amiral
Pierre, l'amiral Galiber, le contre-ami-
ral Brosselet, l'amiral LandoIS, MM.
Leroy de Méricourt et Walter, médecins
en chef de ia marine M. Giraud, chef
du cabinet du ministre; M. Fournier,
aide de camp, etc. Dans la soirée, bril-
lante réception à laquelle se sont rendus
un grand nombre de personnages offi-
ciels.
Le nouveau ministre de Grèce, le
prince Nicolas Mavracordato, dont nous
avons annoncé la nomination, vient d'ar-
river à Paris. Rappelons que le nouvel
envoyé du roi des Hellènes est fils du
prince Alexandre Mavrocordato, illustré
par le rôle éclatant qu'il a joué, lors de
îa guerre de l'Indépendance hellénique
de 1821 à 1828, et l'un des fondateurs du
nouveau royaume.
Le prince Nicolas Mavrocordato arrive
animé des plus vi\ces sympathies pour la
France, ou il a fait ses études, et qu'il a
appris a, connaître pendant un long sé-
jour à Paris.
Il a déjà occupé de hautes fonctions
dans son pays, a fait partie pendant
plusieurs années du Parlement hellé-
nique, et a été ministre, à deux reprises,
dans les cabinets du roi George, où il a
occupé successivement les postes de
ministre des cultes et de l'instruction
publique.
Le prince Nicolas Mavrocordato a eu,
avant-hier, un entretien, au ministère
des affaires étrangères, avec M. de Frey-
cinet, président du conseil.
Il doit être reçu aujourd'hui, à deux
heures, à l'Elysée, où il présentera offi-
ciellement, dans le cérémonial ordinaire,
ses lettres de créance à M. Grévy, prési-
dent de la République.
On vient d'accrocher au Salon l'écri-
teau a Acquis par l'Etat sur les toiles
dont les titres suivent
Le Vallon de Pierre-Fol, par Gaston
VuiHier. Prédication de saint Jean
C'/M~sos
dent, par Sicard. V!
Charles Ronat. Une jPrew~re CoM~-
mM?t!OM e~ ~'
par Lhermite. ~Vo~e~&re, par Harris-
son. L')t/aM< ~ro~~Më, par Friant.
~Vo~ë~&re <:M yr~or~, par le Séné-
chal de Kerdréoret. Le Fï6M;r De~M-
~e, par Albert Girard. `
Les acquisitions continueront.
Les membres de la conférence Molé-
Toqueville donneront lundi leur ban-
quet annuel.
On fêtera, ce jour-là, le cinquantième
anniversaire de la conférence Molé, qui
fut fondée en 1832.
On annonce que M. Pallu de Labàr-
riëre, capitaine de vaisseau, va être
nommé gouverneur de Taïti, en rempla-
cement de M. Caubet.
M. Pallû de Labarrière était, pendant
la campagne de 1870, général dans l'ar-
mée de l'Est, et il protégea l'entrée de
l'armée de Bourbaki en Suisse, en qua-
lité de commandant de réserve.
MM. Ernest et Alphonse Daudet vien-
nent d'avoir la douceur de perdre leur
mère. Les obsèques auront lieu aujour-
d'hui, à midi précis, en l'église Saint-
Jacques du Haut-Pas.
Nous adressons aux deux frères si
cruellement éprouvés l'expression de
nos sincères sentiments decondoléance.
NOUVELLES A LA MAtM
Guibollàrd raconte les souffrances
qu'il a endurées pendant le siège.
Oui, messieurs, s'écrie-t-iï, je souf-
frais quelquefois de la faim, à tel point
que j'avais envie de manger mes bottes 1
Je le comprends d'autant mieux,
interrompt quelqu'un, que vous avez
toujours eu du foin. dans vos bottes.
Note d'album
La toilette <~Mre à quinze ans elle
pare à trente ans, et elle n~a~e à qua-
rante.
Un employé du télégraphe rMo&te A
un ami qu'il s'est trouvée mêlé à une
bagarre, dans un restaurant de nuit,
et qu'on a failli le mettre au poste.
Mon cher, réplique le collègue
avec conviction, il est bon parfois d'être
mis aux'postes. et même d'y rester.
Vois plutôt notre excellent ministre, M.
Cochery~ UN.DOMIND,
Utt OOMtNO.
PETtTE BOURSE DU SOIR
DIX HEURES
3 0/0 amort. M'te..
30/0.n.
50/0. 117 20, 15.
Turc. 13 35; 32.
Italien. 8982.95.
Egypte. 354,35625.
Ba.nqueottomane. 816,813,816,815.
Extérieure. 279/16,17/32,9/16.
Lots turcs. 59 50, ")).
Actions Rio 656 87, 655, 656 25.
Part Corinthe.
PROMOTIONS DANS t/AMEE
Sontnommés:
M. le général de brigade Thiéry, au
commandement de la 63° brigade d'in-
fanterie (.32° division, 16° corps d'armée)
et des subdivisions de région de Nar-
bonne et de Perpignan, à Perpignan, en
remplacement de M. le général de bri-
gade Saget, précédemment nommé à
d'autres fonct:ons.
M. le général de brigade Gueytat, au
commandement de la 29° brigade d'in-
fanterie (IS* division, 8° corps d'armée)
et des subdivisions de région deChalon-
sur-Saône et de Maçon, à Maçon, en
remplacement de M. le général de bri-
gade Thiéry.
M. le général de brigade Mathelin, au
commandement de la 23° brigade d'in-
fanterie (12° division, 6° corps d'armée)
et des subdivisions de région de Mé-
zieres et de Reims, à Méxiëres, en rem-
placement de M. le général de brigade
Grueytat.
M. le général de brigade Broye, aide
de camp de M. le maréchal de Mac-
Mahon, duc de Magenta, au commande-
ment de la 3" brigade d'infanterie (2° di-
vision, 1°' corps d'armée) et des subdivi-
sions de région d'Arras et de Béthune.
à Arras, vacant par suite du décès
de M. le~général de brigade Barrachin.
.t-
LORD GmttiE
LE DISCOURS DE M. DE FREYCINET
La. question égyptienne a défrayé
avant-hier soir, la. discussion de la
Chambre des lords anglais. Interpellé
par lord Lamington et lord de la Warr,
îe ministre des affaires étrangères a fait
un long et beau discours, traitant avec
une franchise étonnante. l'attitude
prise par le cabinet de Paris vis-à-vis
des récents événements du Caire. En
effet, les déclarations de lord Granville
disent tout, excepté les vues et projets
du gouvernement anglais en ce qui con-
cerne l'Egypte.
Ce procédé, qui cache la plus grande
discrétion sous une faconde abondante,
mais qui n'engage à rien, mérite d'être
signalé à l'attention de tous les hommes
d'Etat actuels et futurs.
Ce n'est que sous forme de préambule
que lord Granville a glissé quelques
constatations rassurantes, mais qui por-
tent uniquement sur le passé, laissant
absolument libre l'avenir de la politi-
que anglaise. Voici les paroles du mi-
nistre
Le gouvernement a constamment dé-
claré que le but de sa politique était le
maintien du ~
mis l'intérêt prépondérant de l'Angleterre
et de la France en Egypte, mais elles ont
demande qu'aucun changement ne fût in-
troduit sans leur participation dans les
affaires intéressant l'Europe entière.
Cette réclamation a été admise par la
France et l'Angleterre, et depuis lors nous
avons toujours agi de concert avec le gou-
vernement français.
Après avoir ainsi rappelé ce que le
gouvernement anglais a cK<, et sans
nous révéler ce qu'Usa /a!~e, lord Gran-
ville fait une diversion très habile, en
parlant des observations contenues dans
îe discours que M. de Freycinet a pro-
noncé, sur le même sujet, devant la
Chambre des députés. Le ministre an-
glais s'assure d'abord la bienveillance
de ses auditeurs en refusant d'accepter
la responsabilité de ce discours puis
il continue:
J'ai eu cependant vendredi une conver-
sation avec l'ambassadeur de France, et je
l'ai informé de l'interpellation qui avait été
annoncée au sujet de ce discours.
M. Tissot m'a déclaré qu'il était absolu-
ment convaincu que M. de Freycinet n'a-
vait pas eu l'intention d'attribuer à la
France, dans les affaires d'Egypte, un rôle
qui pût porter atteinte aux droits de l'An-
gleterre, et il m'a adressé samedi la lettre
suivante:
J'ai informé M. de Freycinet de l'im-
pression causée ici par un certain passage
de son discours et de la question qui vous
serait adressée à ce sujet lundi.
M. de Freycinet me charge de vous as-
surer qu'il n'a jamais eu l'intention de sé-
parer l'action prépondérante de la France
en Egypte de celle de l'Angleterre.
Dans un'autre passage de son discours,
M. de Freycinet reconnaît d'ailleurs d'une
façon explicite cette communauté d'm-
Huence, et son discours tout entier accorde
à la France et à l'Angleterre une situation
en Egypte tellement identique qu'il est im-
possible de méconnaître son sentiment a
cet égard. Personne, ajoute M. de Freyci-
aet, ne s'y est trompé en France.
M. da Freycinet espère que oetta fr&ncM
explication vous permettra, de répondre
sans difficulté à l'interpellation de lord
Lamington.* »
Lord Granville espère que cette expli-
cation satisfera les interpellateurs puis
il ajoute, avec une sagacité qui aurait
fait blêmir de jalousie feu. M. de La.Pa-
lisse:
Je puis dire que la seule chance d'obte-
nir de bons résultats de l'union des deux
.pays dépend de la loyauté des deux gou-
vernements et de celle dès-agents qui les
représentent.
Après cette observation inattendue, le
ministre trouve moyen d'adresser ses
compliments au cabinet de Paris
Je dois'constater, dit-tl, que depuis mon
arrivé'e'au ministère, j'ai été en relations
avec trois ministres des affaires étrangè-
res français. Tous trois se sont montres
avec moi d'une loyauté parfaite dans les
affaires égyptiennes, et j'espère qu'ils ren-
dront le même témoignage au gouverne-
ment anglais.
Le gouvernement anglais et le gouver-
nement français se sont mis d'accord, il y
a. quelques semaines, ~uria politique qu'ils
doivent suivre pour le maintien de l'état
.de choses en Egypte.
Nous avons communiqué ces conclusions
aux puissances, et elles ont unanimement
consenti à ce que nous avons proposé.
Ces conclusions auraient été communi-
quées immédiatement au gouvernement
égyptien, si l'on n'eût cru préférable d'ajour
ner cette communication à cause de l'ins-
tabilité du ministère égyptien.
Depuis cette époque, la France et l'An-
gleterre ont toujours été d'accord sur tous
les points.
Pendant la dernière quinzaine, il ne s'est
guère écoulé de jour sans que des instruc-
tions identiques n'aient été envoyées à nos
agents.
Après avoir fait l'éloge des hommes
d'Etat français, lord Granville, se lan-
çant à corps perdu dans l'optimisme, va
jusqu'à admirer Je courage et la fermeté
du Khédive
La situation parait aujourd'hui un peu
meilleure et un peu moins embrouillée, elle
présente cependant encore de grandes dif-
ficultés.
On a regardé Tewnk comme un prince
modèle, jusqu'au moment de la première
démonstration militaire. U a eu, depuis
lors, une tâche difncite à remplir, et mal-
gré ces difficultés, il a montré dans les évé-
nements récents une très grande énergie
et un très grand courage. Aussi toutes les
informations parvenues lusqu'ù, présent
constatent que les Notâmes ont pris le
parti du Khédive contre l'armée.
Cependant, en prévision des éventua-
lités futures, la France a donné l'ordre à
trois de ses navires de quitter la Pirée, et
l'Angleterre a donné l'ordre semblable à
trois de ses navires en station à Corfou.
Ces six vaisseaux doivent se réunir près
de la Crète et se rendre ensuite à Alexan-
drie, où les commandants recevront des
ordres ultérieurs.
Nous avons annoncé à toutes les puis-
sances et à la Turquie les mesures que
nous avons cru utile de prendre pour sou-
tenir notre politique en Egypte,
Elles y ont unanimement adhéré.
Ici, nous nous permettrons de placer
un point d'interrogation; Et pour cause;
car, en même temps que la dépêche si-
gnalant le discours de lord Granville,
nous avons reçu, de Constantinople, un
télégramme qui oSre une contradiction
flagrante avec ce que le ministre anglais
nous affirme relativement à l'unanimité
des puissances. Voici ce télégramme
Constantinople, ]5 mai.
On assure que la Porte a envoyé aux
puissances une circulaire dàns laquelle
elle proteste contre l'envoi de vaisseaux
anglais et français à Alexandrie. Rien ne
justifie en ce moment, d'après la Porte, une
pareille intervention, qui, d'ailleurs, si elle
était nécessaire, ne devrait être accomplie
que par la cour souveraine.
Mais n'insistons pas, pour le moment,
sur cette opposition de la Porte, qui, en
effet, ne saurait offrir aucune difficulté
sérieuse.
Lord Granville a terminé son long
discours par l'aveu que, jusque-là, il s'é-
tait servi de tant de verbiage simple-
ment pour cacher ses pensées
Nous sommes arrivés, a dit le noble
lord, à une entente parfaite avec la France
sur la conduite à tenir en présence de cer
taines éventualités.
Je ne puis, pour le moment, expliquer
cette entente, mais j'ai l'espoir et presque
la certitude que'ces éventualités n'auront
pas lieu et que la paix, l'ordre et la pros-
périté seront rétablis sans l'emploi de la
force. (Applaudissements.)
En vue de la position assez ébranlée
qu'occupe le cabinet Gladstone, il faut,
peut-être, rechercher le principal inté-
rêt du débat dans la réponse de lord Sa-
lisbury.
Le diplomate attitré du parti tory
n'a rien trouvé à critiquer dans la dé-
claration de lord Granville; mais il
veut insister sur ce point que l'Angle-
terre ne peut admettre qu'une autre
puissance ait, en Egypte, un intérêt su-
périeur au sien.
A la suite des engagements pris par le
ministre actuel et par ses prédécesseurs, le
gouvernement anglais doit soutenir le
vice-roi tant qu'il gouvernera selon les
principes qui ont été approuvés, et il doit
le faire non seulement par ses paroles,
mais encore, si cela est nécessaire, d'une
manière plus énergique.
Le meilleur moyen serait, dans ce der-
nier cas, d'employer l'intervention de la
Turquie. Le plus mauvais serait une in-
tervention française, et, si le ministère
consentait à cette dernière alternative
sans prendre des garanties suffisantes pour
sauvegarder les intérêts de l'Angleterre,
il encourrait une très grande responsa-
bilité.
L'orateur de l'opposition, qui demain
peut-être sera le chef du gouvernement,
a terminé en constatant que lord Gran-
ville est déjà disposé à suivre la poli-
tique de lord Palmerston plutôt que
celle de M. Gladstone, et il ajoute que,
en cas de difficultés sérieuses, lord
Granville peut compter sur l'appui de
toua les p&rtis en Angleterre, tant qu'u
maintiendra comme principe, pr.imor<
dial que l'autorité de l'Angleterre,. dans
les aSaires égyptiennes, ne doit être
inférieure à ceite d'aucune autre p~is*
sance étrangère.
1 F.-
T'APTÏÏJM TTt
LALiUALi~
'f
!i
Il est admis que c'est l'opinion qut
gouverne le monde, et chacun de nous
ajoute, tout bas que l'opinion c'est 1~
presse. Cette assertion est trop natteuse
pour qu'un journaliste la révoque, en
doute. Mais la presse elle-même n'.est-
elle pas gouvernée par l'actualité ? Or
l'actualité, c'est le hasard, le fait-divers,
l'accident fortuit, le crime isolé, mais
retentissant..
Voici un exemple qui montre com-
bien cette domination est absolue. Le
Sénat délibère en ce moment sur la ré-
forme du Code d'instruction criminelle.
Il n'y a pas de plus grave sujet, de plus
haute question. Les publicistes les pb~s
éloquents, les hommes d'Etat les plus
considérables de notre siècle s'en sont
occupés avec passion. Prevost-Pai;adot 1
a écrit là-dessus ses plus belles pag~s;
Dufaure eût été heureux de couronner
sa carrière par l'accomplissement d'un
progrès dont il avait reconnu la, néces-
sité. Une des supériorités auxquelles
les observateurs et les philosophes fran-
çais rendent le plus volontiers hommage
chez les Anglo-Saxcss, c'est la loyauté
scrupuleuse avec laquelle la société
poursuit ceux qu'ellesoupçonne d'avoir
provoqué sa vengeance. .?
C'est un beau spectacle, nous dit~ô.n,
que celui de cette lutte à ciel ouvert, &
armes égales, entre le crime et la jus-
tice. On arrive aussi sûrement que'chez
nous à la découverte de la vérité, et l'on
n'y arrive point par des voies tortueuses.
Rien d'inquisitorial dans la procédure,
rien de captieux dans les interrogatoi-
res. Loin de tendre des pièges à l'ac-
cusé, le juge l'avertit de la portée de ses
.réponses. Au lieu de l'intimider pour
le forcer à se confesser coupable, on lui
donne un conseiller; ou veut que rien.
ne lui manque pour se défendre, et qu'il
n'ait a se plaindre d'aucune violence
morale, d'aucune surprise. C'est qu'en
Angleterre, ce qu'on cherche, c'est la
vérité ce qu'on cherche en France,
c'est un aveu.
Remarquez que notre méthode d'ins~
truction criminelle est uniegs de l'an-
cien régime, une tradition du despo-
tisme et de l'inquisition, un reste de
l'antique torture. Les raisons ne man-
quent pas aux amis du progrès, aux
champions des idées modernes, pour
battre en brèche cette Bastille, pour ré-
clamer le prompt balayagede ce vestige
des mauvais jours. Il semble donc que
l'initiative du Sénat dût exciter une pro-
fonde reconnaissance dans le pays.
Les citoyens devraient s'aborder en se
félicitant mutuellement de ce qu'on tra-
vaille enfin à ûter de notre législation
cette tache. Quelle plus belle entreprise
pouvait exciter notre enthousiasme?
Les reformes politiques sont souvent
des conquêtes douteuses ou instables,
des améliorations apparentes dont on ne
tarde pas à se repentir. La réforme à
laquelle on travaille au Luxembourg
est de celles qui honorent .une législa-
ture et que l'histoire mscrit non sur des
tablettes de cire, mais sur le marbre et
l'airain..
Eh bien, cette grande et solennelle
discussion ne passionne pas les esprits.
A vrai dire, on n'y fait guère attention
on en parle cent fois moins que du ban-
quet Grisel et du procès des deux du-
chesses. C'est qu'elle manque d'actua-
lité. Sous l'Empire, tout le monde s'é-
mut de l'affaire Doixe. Il s'agissait d'une
femme que le procureur impérial du le
juge d'instruction avait contrainte, 'à
force de mauvais traitements, à ~"à-
vouer coupable d'un crime horrible
qu'elle n'avait pas commis. La presse
s'indigna, bien qu'elle ne fût guère
libre, et le public frémi! C'est que
nous nous sentons tous un peu res-
ponsables des excès de ce pouvoir judi-
ciaire qui agit et qui frappe eu notre
nom. Quand un innocent est injuste-
ment écrasé par la formidable puis-
sance de la ~ociété, notre conscience
nous avertit que la société c'est nous
tous, et que tous nous avons ujie part
indirecte dans cette iniquité. On se sou-
vient aussi de cette aSaire Armand, ou
l'on eut tant de peine à sauver l'accusé,
victime d'une machination odieuse, et
de ce crime de La Bastide, quilit en-
voyer un innocent à Cayenne.
Mais ces causes célèbres, qni Tirent. t
tant de bruit, sont bien loin de nous, et
la réforme du code d'instruction crimi-
nelle manque d'actualité. Pour qu'on s'y
intéressât, il faudrait un incident nou-
veau, un scandale judiciaire bien retea-
tissant il faudrait un fait-divers. La
Fontaine nous montre Démosthèn~s
obligé, pour attirer l'attention des Athé-
niens, de leur raconter une fable, et il
ajoute:" Nous sommes tous d'Athènes
en ce point, x {Ce ne sont plus des f&M.es
qu'il faut nous raconter, mais des faits-
divers.
Rien n'a plus contribué à. saper~ le
trône de Louis-Philippe que l'âssassmat
de la duchesse de Prasiin. Un'maritua.nt t
sa femme, n'était-ce pas un fait-divers?
Les plus belles déclamations contre la
corruption des grands, les argumenta-
tions les plus serrées contre l.iustitutioji
de la pairie, les considérations les ptos
profondes sur les inconvénient d'une
institution a.ristocratiq'ue, qu4jta.it-ce
que tout cela pour ébranler une monar-
chie, pour inspirer au peuple lu. haio.e
et le mépris du gouvernement, pour
préparer une révolution, qu'éta.tt-os à
côté de ce fait divers? M'&
Le second Empire n'a-t-il pasMUi~be
renversé à la suite du cû&p~e ~ot~eh'
d'Auteaii ? Il y aviut di~ht~Aastp~MB
i. 10'î ~i YSq aSMiqOM'Ï
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