Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-11-05
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 novembre 1885 05 novembre 1885
Description : 1885/11/05 (A1,N112). 1885/11/05 (A1,N112).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t543247q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
Première année. — N* 112
PREFECTURE D'ALGER
DEPOT
Li« nrnnéro S o»ntimg8. 2-Éfj-
legal.
Jeudi, 5 novembre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
La
Algérie.
France..
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 O
6 1*
Un as
18
24
t
ADMINISTRATION RT RÉDACTION :
Rue de la Marine, n # 9, âneien hôtel Bazin.
'■ ■ ’ "• ''rrr,—s- t.t 1 : ’.i,; t,
Toute* 1®* communications relative* aux annnoues «t réclames «ctamt,
Algérie, être adre^ées à T AGENCE HAVAS, boulevard de la RépuBliijK*, kiffî- *
En France, les communications sont reçues savoir ;
A Marsiilu, chez M. Gdstats ALLARD, rue du Baosset, 4 ;
A Paris, ehei MM., AUDBOURG et C 1 *, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l'insertion des annonces légales, judiolaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 4 Novembre <885.
DEUX COM
Le Radical algérien voit très juste, quand
il s’agit de M. Fromant, notre très heureux
directeur da Théâtre national.
Il est évident qu’il n’est pas possible d«
se mieux moquer du public algérien que ne
le fait ce directeur sans pareil.
Mais, ce que le Radical algérien oublie
•de dire, c’est que la responsabilité des fu
misteries de ce Monsieur, incombe à M.
Guillemin, à la haute protection que lui
accorde le magistrat si digne de s’entendre
avec notre imprésario.
L’orchestre est insuffisant, dites-vous ?
A qui la faute ?
Est-ce que ce n’est point la Municipalité
qui en a la charge?
Le chef d’orchestre, dites-vouâ, n’est pas
à la hauteur de l’emploi. Mais qui l’a nom
mé et qui le maintient?
N’est-ce pas votre ami Guillemin ?
Les artistes sont médiocres. Il est ab
surde de les faire rejeter ou accepter par
les seuls abonnés.
C’est votre avis et c’est aussi le mien.
Mais ce système de vote, qui fait les affaires
de M. Fromant, est celui prescrit par un
arrêté municipal, puis par M. Guillemin
lui-même.
C’est donc à ce magistrat qu’il faut vous
©n prendre.
Les chœurs sont détestables, les rares
choristes qui les forment nous écorchent les
oreilles.
C’est, en effet, la faute de M. Fromant
qui, s’il voulait bien exécuter le cahier des
charges, aurait des choristes en plus grajnd
nombre et chantant mieux.
Mais qui donc est chargé de veiller à
l’exécution du cahier des charges, sinon le
Maire qui figure dans les monômes?
M. Fromant dépense le moins possible et
ne tient pas du tout à nous eu donner pour
notre argent.
Il y a M. Guillemin derrière lui.
On s’est plaint que M. Fromant se soit
moqué du public en permettant un soir, il
•ane bande de jeunes gens, d’interrompre le
spectacle, en traversant la scène à la queue-
leu-leu ; mais on oublie que le Maire faisait
partie de cette bande joyeuse.
Il y a là une circonstance atténuante pour
M. Fromant.
Il ne pouvait refuser cette permission à
un homme qui lui a fait voter des indem
nités, qui a fait fermer et démolir le théâtre
Coste qui plaisait tant au public et qui, il y a
deux ans, lui a laissé faire débuter ses pre
miers sujets vers la fin de la saison théâ
trale.
Assurément, M. Fromant, je le répète, se
moque du public plus encore que ne le
pense le Radical algérien et il s’en mo
quera aussi longtemps que M. Guillemin
restera Maire d’Alger, c’est-à-dire pendant
deux ans encore ; car il ne faut pas espérer
qu’il abandonne jamais le poste bénévo
lement.
On ne pourrait avoir cette heureuse chan
ce que, dans le cas où le Ministre de Tins
truction publique lui refuserait un nouveau
congé, et il serait téméraire de compter là-
dessus.
II
DEUX POIDS ET DEUX MESURES
Dans notre numéro cju 1" novembre cou
rant, nous demandions à quoi servaient les
procès-verbaux,puisqu’on n’y donnait aucune
suite. Mais loin de nous est là pensée d’ex
citer, de ce chef, le zèle des sbires de
M. l’agent-voyer. Nous constaterions, au
contraire, avec beaucoup de plaisir, un cer
tain relâchement vis-à-vis de ceux qui com
mettraient de légères infractions.
De cette façon, M. l’agent-voyer et son
personnel pourraient consacrer tout leur
temps à la surveillance de l’application des
règlements-voyers ayant trait aux travaux
d’une certaine importance : tels que l’ex
haussement de la maison rue Porte-
Neuve et l’effondrement de la maison
rue Mustapha-Ismaél .
Si nous souhaitons que l’on soit moins
exigeant dans certains cas, il en est d’au
tres où il faut plus de fermeté. Et, une fois
que les procès-verbaux sont constatés, ils
ne doivent pas être radiés par le Service de
la Voirie. Nous voulons parler des procès-
verbaux et arrêtés de démolition. En effet,
pour annuler l’effet d’un arrêté de démoli
tion, il est indispensable que le propriétaire
de l’immeuble visé s’y oppose par les for
mes légales, et ce n’est qu’à la suite d’une
expertise rendue en sa faveur,qu’il se trouve
affranchi de la démolition. Dans le cas con
traire, s’il ne s’exécute pas dans les délais
impartis, la démolition se fait d'office, en
vertu d’un arrêté pris dans ce sens par
M. le Maire.
Gomment se fait-il que M. l’Agent-voyer
se soit déjugé dans certains cas que nous
examinerons plus tard ? Comment se fait-il
qu’il se soit contenté d’une simple répara
tion ?
Mystère! Mystère!
Niera-t-on que, dans ce service, il existe
deux poids et mesures ?
Qu’en pense M. Guillemin, l’ami de l’ho
norable praticien Basset ?
Question naïve, me dira-t-on. M. Guille
min ne s’occupe point de ces petites cho
ses-là.
"formations algériennes
Si Mohamed beu Ali est nommé adjoint
indigène de la fraction de Ramra, tribu da
Tuggurth, oued R’iir, cercle d’El-Oued^en
remplacement de Si Salah ben Mohamed,
décédé.
X
Le samedi, 31 octobre, à 9 heures du ma
tin, un service funèbre a été célébré à Bat-
na à la mémoire des officiers, sous-officiers,
caporaux et chasseurs du 3* bataillon d’A
frique décidés dans l’Extrême-Orient.
X
Par décision de M. le Ministre de la guer
re. en date du 20 octobre 1885, M. Mon-
thaulon, chef de bataillon au 2° régiment de
tirailleurs algériens, a été désigné pour
occuper l’emploi de commandant supérieur
du cercle de Tiaret, eu remplacement de
M. de Breuilie, appelé à d’autres fonctions.
X
Le curage du puits artésien de Saïda,
commune indigène de Barika, est aujour
d’hui terminé.
Ce puits était obstrué par des morceaux
de bois, de canties, de pierres et autres dé
tritus que les insurgés de 1871 y avaient
jetés.
Aujourd’hui, l’eau coule en abondance et
on peut évaluer son dçbit à 600 litres envi
ron à la minute.
X
Par arrêté du ministre des finances en
date du 23 octobre 1885 :
MM. Desjardins et Krefft, inspecteurs des
Contributions indirectes en Algérie, ont été
nommés sous-directeurs de 2® classe des
Contributions indirectes en Algérie.
MM. Guérin et Hoffmann, contrôleurs dft
1" classe, ont ôté nommés inspecteurs de E*
classe des Contributions indirectes en Algé
rie.
M. Veyrenc, contrôleur de 2® classe a été
nommé receveur entreposeur de 4® classe
en Algérie.
X
Le tribunal de Batna a rendu son juge
ment dans l’affaire Grangier, au sujet de
laquelle M. le procureur Guilhou a provo
qué le scandale précédemment signalé.
Le jugement, basé sur des considérations
purement juridiques, déboute le ministère
public de ses réquisitions qui tendaient 4
faire déclarer Grangier indigné de rempli?
les fonctions de syndic.
Cet arrêt a été bien accueilli à Batna.
X
On mande Sfax qu’une trouvaille des
plus intéressantes vient d’être mise à jou?
devant les remparts de Sfax.
Des ouvriers occupés à des travaux d®
terrassement ont mis à découvert un©
grande et belle piscine entièrement en mcK
saïques.
Des poteries, des marbres également
ornés des mômes emblèmes, des tronçons,
de murs et de pavage donnent la certituda
que l’on est sur les traces d’une importants
église et d’un cimetière y attenant.
-
Quelques questions ont été posées dans
ce journal, auxquelles on ne s’empresse guère*
de répondre.
Ainsi, nous avons demandé au Servie®
académique de vouloir bien nous dire si
M. Charbonnier, médecin décolonisation*
maire de Rouïba, avait été autorisé à don-*
ner une fête arabe, avec des bayadêres*
dans l’une des salles des écoles de sa com-*
mune.
Personne n’a soufflé mot, ni l'Académie*
ni M. Charbonnier.
Qui ne dit mot consent. Nous sommes
donc autorisé à crofre qu’il est très vrai
qu’un bal arabe a eu lieu dans une ècol®
publique à Rouïba avec l’assentiment d©
l’Académie.
Nous n’eu faisons notre compliment ni a®
maire de Rouïba, ni à l’Académie.
Un Aven dépouillé d’Àrtiflce
Nous avons été plus heureux au Cap*
Matifou.
Nous avons demandé à l’institeur s’il était
vrai qu’il eût fait distribuer des bulletin®
a
F* milleton dtr la Dépêche Algérienne
N° 36.
LES
PAR
Â. RAGOT et G. PRADEL (1)
PREMIÈRE PARTIE
DES DEUX TESTAMENTS
— Non, mon pauvre ami, je ne sais rien.
L’argent m’est parvenu comme toutes les
autres fois...
Le jeune officier fit un geste de désespoir.
— Ecoute, dit-il à Bouvreuil, je ne peux
te voir en ce moment, ni causer avec toi. Il
faut que j’entre à l’Opéra. Il le faut à tout
prix.
— Tu es doue toujours amoureux ? de
manda tristement Alcide.
— Hélas ! oui ; un amour tel que le mien
c’est pour la vie. Tu vas aller m’attendre
chez moi, et aussitôt après l’Opéra, j’irai te
rejoindre.
Un instant plus tard, Pierre Varades pé-
(t) Reproduction Interdite aux journaux qui n’ont
paa traité arec la Seclété de* Geni de Lettre*.
nétrait dans la salle de l’Opéra et prenait
place aux fauteuils d’orchestre.
XVII
BONHEUR ET CHAGRIN.
Pierre aimait énormément la musique.
Malgré cela une fois installé dans son fau
teuil, ce ne fut point aux mélodies de
Meyerbeer qu’il prêta le plus d’attention.Ses
yeux cherchèrent partout la loge de Mme de
Nantrey et il poussa un soupir d’allégement
lorsqu’il l’eut découverte. Sur le devant de
cette bienheureuse loge, dans une toilette
d’une suprême élégance, fière de son luxe
et de ses diamants, qui étincelaient aux feux
des lustres, Mme de Nantrey trônait. A cô
té d’elle avec une robe fraîche et simple, sa
belle-fille était cent fois plus jolie qu’elle,
etles lorgnettes de l’orchestre et de la gale
rie le disaient hautement, ce dont la. belle-
mère de Mlle Berthe enrageait fort.
La jeune fille paraissait triste : elle écou
tait distraitement, rêveuse, préoccupée, et
ne faisait nulle attention à l’admiration
dont elle était l’objet. Ses yeux distraits er
raient de la scène à la salle avec ce vague
propre aux amoureux qui, d’instinct, sans
s’en douter, cherchent l’objet aimé.
Tout à coup, ses yeux brillèrent d’un vif
éclat, un incarnat léger apparut sur son vi
sage, et son sein palpita comme celui d’un
oiseau surpris.
Pierre venait d’être aperça. Il ne put s’em
pêcher de reconnaître que la jeune fille, qui
s’ennuyait encore quelques secondes plus
tôt, prit tout d’un coup un intérêt extraordi
naire à la scène; il ne put non plus ne point
s’aperçevoir de l’impression que sa présence
soudaine venait de produire sur Mlle de
Nantrey ; aussi une joie immense iaonda-t-
elle son âme.
A l’entr’acte, il se fit ouvrir la loge et
vint présenter ses hommages à la belle-
mère de Berthe. Madame de Nantrey le
reçut avec cet air hautain qui lui était pro
pre, avec ce dédain dont elle ne se dépar
tait jamais avec les gens qu’elle jugeait d’u
ne condition inférieure à la sienne. Mais
qu’importait, à Pierre 1 n’était-il pas décidé
à tout supporter ?
N’avait-ü pas comme compensation, le
tendre regard de la jeune fille ?
II fit part de la mission dont il avait été
chargé.
Mme de Nantrey ne put réprimer un mou
vement de dépit. Elle tenait, la chère dame,
son mari en charte privée et n’aimait point
qu’une raison quelconque, même l’excuse
du travail, vînt le retenir éloigné d’elle.
Elle fut cependant obligée de s’incliner et
de remercier Pierre, lorsque celui-ci. lui an
nonça que M. de Nantrey l’avait chargé de
reconduire jusqu’à leur voiture sa femme
et sa fille. Au fond, elle maugréait : « Quel
le idée avait eue M. de Nantrey de lui im -
poser ce godelureau comme cavalier ser
vant | »
Pierre ayant un suffisant motif pour res
ter,, écouta donc la fin des Huguenots du
fond de la loge de M. de Nantrey ; c’était
déjà du bonheur, et il s’enivra de la vue d®
celle qu’il aimait d’un amour si profond et
si complet.
Quand, à l’entr’acte suivant, il annonça, A
Mme de Nantrey qu’il était venu dans le bol.
de lui faire ses adieux...
— Quoi, vous partez ? dit vivement l©
jeune fille.
Mme de Nantrey, d’un coup d’œil lui im
posa silence, ne pouvant comprendre com
ment le départ de M. Yarades avait le do®,
d’intéresser sa belle-fille.
A partir de ce moment, Pierre vit bien*
que la tristesse avait de nouveau envahi 1®
cœur de la pauvre enfant, et cette tristess®
lui causa encore une grande joie : son dé-*
part, il avait le droit de n’en pas douter, ont
ôtait la cause.
Cependant, lorsqu’il eut salué Mme da
Nantrey et sa belle-fille, lorsqu’il vit le lan-*.
dau les emporter rapidement du côté dix.
boulevard des Italiens, il eut un violent ser
rement de cœur. Parti ! envolé 1 l’objet d©
son culte ! Quand le reverrait-il ? Pas avant
de longs mois sans doute. Peut-être jamais.,
La retrouverait-il telle qu’il la quittait?
En se livrant à cos réfiexious si tristes. Ut
avait descendu inconsciemment la rue L©
Peietier et remonté, sans s’en douter, 1®
boulevard du côté de la Madeleine.
Pierre tournait le dos à son logis ; il habi*
tait rue de Vemeuil, à deux pas de la ca-*
serne de cavalerie da quai d’Orsay.
Insensiblement, toujours plongé dans ses£
rêveries, il remonta le faubourg Saint-Ho
noré. Il avait le besoin impérieux de se r©-*
PREFECTURE D'ALGER
DEPOT
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legal.
Jeudi, 5 novembre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
La
Algérie.
France..
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 O
6 1*
Un as
18
24
t
ADMINISTRATION RT RÉDACTION :
Rue de la Marine, n # 9, âneien hôtel Bazin.
'■ ■ ’ "• ''rrr,—s- t.t 1 : ’.i,; t,
Toute* 1®* communications relative* aux annnoues «t réclames «ctamt,
Algérie, être adre^ées à T AGENCE HAVAS, boulevard de la RépuBliijK*, kiffî- *
En France, les communications sont reçues savoir ;
A Marsiilu, chez M. Gdstats ALLARD, rue du Baosset, 4 ;
A Paris, ehei MM., AUDBOURG et C 1 *, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l'insertion des annonces légales, judiolaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 4 Novembre <885.
DEUX COM
Le Radical algérien voit très juste, quand
il s’agit de M. Fromant, notre très heureux
directeur da Théâtre national.
Il est évident qu’il n’est pas possible d«
se mieux moquer du public algérien que ne
le fait ce directeur sans pareil.
Mais, ce que le Radical algérien oublie
•de dire, c’est que la responsabilité des fu
misteries de ce Monsieur, incombe à M.
Guillemin, à la haute protection que lui
accorde le magistrat si digne de s’entendre
avec notre imprésario.
L’orchestre est insuffisant, dites-vous ?
A qui la faute ?
Est-ce que ce n’est point la Municipalité
qui en a la charge?
Le chef d’orchestre, dites-vouâ, n’est pas
à la hauteur de l’emploi. Mais qui l’a nom
mé et qui le maintient?
N’est-ce pas votre ami Guillemin ?
Les artistes sont médiocres. Il est ab
surde de les faire rejeter ou accepter par
les seuls abonnés.
C’est votre avis et c’est aussi le mien.
Mais ce système de vote, qui fait les affaires
de M. Fromant, est celui prescrit par un
arrêté municipal, puis par M. Guillemin
lui-même.
C’est donc à ce magistrat qu’il faut vous
©n prendre.
Les chœurs sont détestables, les rares
choristes qui les forment nous écorchent les
oreilles.
C’est, en effet, la faute de M. Fromant
qui, s’il voulait bien exécuter le cahier des
charges, aurait des choristes en plus grajnd
nombre et chantant mieux.
Mais qui donc est chargé de veiller à
l’exécution du cahier des charges, sinon le
Maire qui figure dans les monômes?
M. Fromant dépense le moins possible et
ne tient pas du tout à nous eu donner pour
notre argent.
Il y a M. Guillemin derrière lui.
On s’est plaint que M. Fromant se soit
moqué du public en permettant un soir, il
•ane bande de jeunes gens, d’interrompre le
spectacle, en traversant la scène à la queue-
leu-leu ; mais on oublie que le Maire faisait
partie de cette bande joyeuse.
Il y a là une circonstance atténuante pour
M. Fromant.
Il ne pouvait refuser cette permission à
un homme qui lui a fait voter des indem
nités, qui a fait fermer et démolir le théâtre
Coste qui plaisait tant au public et qui, il y a
deux ans, lui a laissé faire débuter ses pre
miers sujets vers la fin de la saison théâ
trale.
Assurément, M. Fromant, je le répète, se
moque du public plus encore que ne le
pense le Radical algérien et il s’en mo
quera aussi longtemps que M. Guillemin
restera Maire d’Alger, c’est-à-dire pendant
deux ans encore ; car il ne faut pas espérer
qu’il abandonne jamais le poste bénévo
lement.
On ne pourrait avoir cette heureuse chan
ce que, dans le cas où le Ministre de Tins
truction publique lui refuserait un nouveau
congé, et il serait téméraire de compter là-
dessus.
II
DEUX POIDS ET DEUX MESURES
Dans notre numéro cju 1" novembre cou
rant, nous demandions à quoi servaient les
procès-verbaux,puisqu’on n’y donnait aucune
suite. Mais loin de nous est là pensée d’ex
citer, de ce chef, le zèle des sbires de
M. l’agent-voyer. Nous constaterions, au
contraire, avec beaucoup de plaisir, un cer
tain relâchement vis-à-vis de ceux qui com
mettraient de légères infractions.
De cette façon, M. l’agent-voyer et son
personnel pourraient consacrer tout leur
temps à la surveillance de l’application des
règlements-voyers ayant trait aux travaux
d’une certaine importance : tels que l’ex
haussement de la maison rue Porte-
Neuve et l’effondrement de la maison
rue Mustapha-Ismaél .
Si nous souhaitons que l’on soit moins
exigeant dans certains cas, il en est d’au
tres où il faut plus de fermeté. Et, une fois
que les procès-verbaux sont constatés, ils
ne doivent pas être radiés par le Service de
la Voirie. Nous voulons parler des procès-
verbaux et arrêtés de démolition. En effet,
pour annuler l’effet d’un arrêté de démoli
tion, il est indispensable que le propriétaire
de l’immeuble visé s’y oppose par les for
mes légales, et ce n’est qu’à la suite d’une
expertise rendue en sa faveur,qu’il se trouve
affranchi de la démolition. Dans le cas con
traire, s’il ne s’exécute pas dans les délais
impartis, la démolition se fait d'office, en
vertu d’un arrêté pris dans ce sens par
M. le Maire.
Gomment se fait-il que M. l’Agent-voyer
se soit déjugé dans certains cas que nous
examinerons plus tard ? Comment se fait-il
qu’il se soit contenté d’une simple répara
tion ?
Mystère! Mystère!
Niera-t-on que, dans ce service, il existe
deux poids et mesures ?
Qu’en pense M. Guillemin, l’ami de l’ho
norable praticien Basset ?
Question naïve, me dira-t-on. M. Guille
min ne s’occupe point de ces petites cho
ses-là.
"formations algériennes
Si Mohamed beu Ali est nommé adjoint
indigène de la fraction de Ramra, tribu da
Tuggurth, oued R’iir, cercle d’El-Oued^en
remplacement de Si Salah ben Mohamed,
décédé.
X
Le samedi, 31 octobre, à 9 heures du ma
tin, un service funèbre a été célébré à Bat-
na à la mémoire des officiers, sous-officiers,
caporaux et chasseurs du 3* bataillon d’A
frique décidés dans l’Extrême-Orient.
X
Par décision de M. le Ministre de la guer
re. en date du 20 octobre 1885, M. Mon-
thaulon, chef de bataillon au 2° régiment de
tirailleurs algériens, a été désigné pour
occuper l’emploi de commandant supérieur
du cercle de Tiaret, eu remplacement de
M. de Breuilie, appelé à d’autres fonctions.
X
Le curage du puits artésien de Saïda,
commune indigène de Barika, est aujour
d’hui terminé.
Ce puits était obstrué par des morceaux
de bois, de canties, de pierres et autres dé
tritus que les insurgés de 1871 y avaient
jetés.
Aujourd’hui, l’eau coule en abondance et
on peut évaluer son dçbit à 600 litres envi
ron à la minute.
X
Par arrêté du ministre des finances en
date du 23 octobre 1885 :
MM. Desjardins et Krefft, inspecteurs des
Contributions indirectes en Algérie, ont été
nommés sous-directeurs de 2® classe des
Contributions indirectes en Algérie.
MM. Guérin et Hoffmann, contrôleurs dft
1" classe, ont ôté nommés inspecteurs de E*
classe des Contributions indirectes en Algé
rie.
M. Veyrenc, contrôleur de 2® classe a été
nommé receveur entreposeur de 4® classe
en Algérie.
X
Le tribunal de Batna a rendu son juge
ment dans l’affaire Grangier, au sujet de
laquelle M. le procureur Guilhou a provo
qué le scandale précédemment signalé.
Le jugement, basé sur des considérations
purement juridiques, déboute le ministère
public de ses réquisitions qui tendaient 4
faire déclarer Grangier indigné de rempli?
les fonctions de syndic.
Cet arrêt a été bien accueilli à Batna.
X
On mande Sfax qu’une trouvaille des
plus intéressantes vient d’être mise à jou?
devant les remparts de Sfax.
Des ouvriers occupés à des travaux d®
terrassement ont mis à découvert un©
grande et belle piscine entièrement en mcK
saïques.
Des poteries, des marbres également
ornés des mômes emblèmes, des tronçons,
de murs et de pavage donnent la certituda
que l’on est sur les traces d’une importants
église et d’un cimetière y attenant.
-
Quelques questions ont été posées dans
ce journal, auxquelles on ne s’empresse guère*
de répondre.
Ainsi, nous avons demandé au Servie®
académique de vouloir bien nous dire si
M. Charbonnier, médecin décolonisation*
maire de Rouïba, avait été autorisé à don-*
ner une fête arabe, avec des bayadêres*
dans l’une des salles des écoles de sa com-*
mune.
Personne n’a soufflé mot, ni l'Académie*
ni M. Charbonnier.
Qui ne dit mot consent. Nous sommes
donc autorisé à crofre qu’il est très vrai
qu’un bal arabe a eu lieu dans une ècol®
publique à Rouïba avec l’assentiment d©
l’Académie.
Nous n’eu faisons notre compliment ni a®
maire de Rouïba, ni à l’Académie.
Un Aven dépouillé d’Àrtiflce
Nous avons été plus heureux au Cap*
Matifou.
Nous avons demandé à l’institeur s’il était
vrai qu’il eût fait distribuer des bulletin®
a
F* milleton dtr la Dépêche Algérienne
N° 36.
LES
PAR
Â. RAGOT et G. PRADEL (1)
PREMIÈRE PARTIE
DES DEUX TESTAMENTS
— Non, mon pauvre ami, je ne sais rien.
L’argent m’est parvenu comme toutes les
autres fois...
Le jeune officier fit un geste de désespoir.
— Ecoute, dit-il à Bouvreuil, je ne peux
te voir en ce moment, ni causer avec toi. Il
faut que j’entre à l’Opéra. Il le faut à tout
prix.
— Tu es doue toujours amoureux ? de
manda tristement Alcide.
— Hélas ! oui ; un amour tel que le mien
c’est pour la vie. Tu vas aller m’attendre
chez moi, et aussitôt après l’Opéra, j’irai te
rejoindre.
Un instant plus tard, Pierre Varades pé-
(t) Reproduction Interdite aux journaux qui n’ont
paa traité arec la Seclété de* Geni de Lettre*.
nétrait dans la salle de l’Opéra et prenait
place aux fauteuils d’orchestre.
XVII
BONHEUR ET CHAGRIN.
Pierre aimait énormément la musique.
Malgré cela une fois installé dans son fau
teuil, ce ne fut point aux mélodies de
Meyerbeer qu’il prêta le plus d’attention.Ses
yeux cherchèrent partout la loge de Mme de
Nantrey et il poussa un soupir d’allégement
lorsqu’il l’eut découverte. Sur le devant de
cette bienheureuse loge, dans une toilette
d’une suprême élégance, fière de son luxe
et de ses diamants, qui étincelaient aux feux
des lustres, Mme de Nantrey trônait. A cô
té d’elle avec une robe fraîche et simple, sa
belle-fille était cent fois plus jolie qu’elle,
etles lorgnettes de l’orchestre et de la gale
rie le disaient hautement, ce dont la. belle-
mère de Mlle Berthe enrageait fort.
La jeune fille paraissait triste : elle écou
tait distraitement, rêveuse, préoccupée, et
ne faisait nulle attention à l’admiration
dont elle était l’objet. Ses yeux distraits er
raient de la scène à la salle avec ce vague
propre aux amoureux qui, d’instinct, sans
s’en douter, cherchent l’objet aimé.
Tout à coup, ses yeux brillèrent d’un vif
éclat, un incarnat léger apparut sur son vi
sage, et son sein palpita comme celui d’un
oiseau surpris.
Pierre venait d’être aperça. Il ne put s’em
pêcher de reconnaître que la jeune fille, qui
s’ennuyait encore quelques secondes plus
tôt, prit tout d’un coup un intérêt extraordi
naire à la scène; il ne put non plus ne point
s’aperçevoir de l’impression que sa présence
soudaine venait de produire sur Mlle de
Nantrey ; aussi une joie immense iaonda-t-
elle son âme.
A l’entr’acte, il se fit ouvrir la loge et
vint présenter ses hommages à la belle-
mère de Berthe. Madame de Nantrey le
reçut avec cet air hautain qui lui était pro
pre, avec ce dédain dont elle ne se dépar
tait jamais avec les gens qu’elle jugeait d’u
ne condition inférieure à la sienne. Mais
qu’importait, à Pierre 1 n’était-il pas décidé
à tout supporter ?
N’avait-ü pas comme compensation, le
tendre regard de la jeune fille ?
II fit part de la mission dont il avait été
chargé.
Mme de Nantrey ne put réprimer un mou
vement de dépit. Elle tenait, la chère dame,
son mari en charte privée et n’aimait point
qu’une raison quelconque, même l’excuse
du travail, vînt le retenir éloigné d’elle.
Elle fut cependant obligée de s’incliner et
de remercier Pierre, lorsque celui-ci. lui an
nonça que M. de Nantrey l’avait chargé de
reconduire jusqu’à leur voiture sa femme
et sa fille. Au fond, elle maugréait : « Quel
le idée avait eue M. de Nantrey de lui im -
poser ce godelureau comme cavalier ser
vant | »
Pierre ayant un suffisant motif pour res
ter,, écouta donc la fin des Huguenots du
fond de la loge de M. de Nantrey ; c’était
déjà du bonheur, et il s’enivra de la vue d®
celle qu’il aimait d’un amour si profond et
si complet.
Quand, à l’entr’acte suivant, il annonça, A
Mme de Nantrey qu’il était venu dans le bol.
de lui faire ses adieux...
— Quoi, vous partez ? dit vivement l©
jeune fille.
Mme de Nantrey, d’un coup d’œil lui im
posa silence, ne pouvant comprendre com
ment le départ de M. Yarades avait le do®,
d’intéresser sa belle-fille.
A partir de ce moment, Pierre vit bien*
que la tristesse avait de nouveau envahi 1®
cœur de la pauvre enfant, et cette tristess®
lui causa encore une grande joie : son dé-*
part, il avait le droit de n’en pas douter, ont
ôtait la cause.
Cependant, lorsqu’il eut salué Mme da
Nantrey et sa belle-fille, lorsqu’il vit le lan-*.
dau les emporter rapidement du côté dix.
boulevard des Italiens, il eut un violent ser
rement de cœur. Parti ! envolé 1 l’objet d©
son culte ! Quand le reverrait-il ? Pas avant
de longs mois sans doute. Peut-être jamais.,
La retrouverait-il telle qu’il la quittait?
En se livrant à cos réfiexious si tristes. Ut
avait descendu inconsciemment la rue L©
Peietier et remonté, sans s’en douter, 1®
boulevard du côté de la Madeleine.
Pierre tournait le dos à son logis ; il habi*
tait rue de Vemeuil, à deux pas de la ca-*
serne de cavalerie da quai d’Orsay.
Insensiblement, toujours plongé dans ses£
rêveries, il remonta le faubourg Saint-Ho
noré. Il avait le besoin impérieux de se r©-*
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