Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-11-27
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 novembre 1852 27 novembre 1852
Description : 1852/11/27 (Numéro 332). 1852/11/27 (Numéro 332).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k669844h
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 332
DURE&m : rae*de ValoIs^Palals-Itoyal), n* Mj
B
1852.
SAMEDI 27 NOVEMBRE,
•A •• -w—
Prix de I'aboaaçmcEî. .
DEPARTEMENS î -
16 FR. JPOUR TROIS MOIS. » " ,
' PARIS :
"ES FR. POUR TROIS MOIS." .
UN NUMÉRO : 20 CENTIMES.
four les fats ÉTRANGERS, se reporter au
. tableau publié dans le journal, les 10 et
. 15 de chaque mois]
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M. Cuchkvai-ClarignY j réctt,
Les articles déposés ne sont pas rendus.
JOURNAL POLITIQUE,
9
IMTOSEL*
S'adresser, franco, pour l'administoationi
-'/<• à k. DXHiiN, directeur!
On fabonne, dans les départemens, aux Messcgeries et mixlDir set ions deposte.—A Londres, -chez MM; Cowie et FUS.'
— A. Strasbourg, chez M.' ALEXANDRE , pour l'Allemagne.
« Les annonces sont reçues chez M.* PANIS, régisseur, 10, place de la Bourse;
j ; -et au bureau du journal.
PARIS, 26 NOVEMBRE «
Nous avons dit que l'institution de la so-.
ciété générale de crédit mobilier avait pour
but et aurait pour résultat d'amener la bais
sé du taux de l'intérêt aivçrofit de ia. gran
de industrie des. chemins de fer et des
travaux publics. Comment pvoduira-t-elle
cette baisse si favorable au développtement
de nos voies de communication? C'est ce'
qu'il "hous paraît utile de faire comprendre
clairement, en expliquant l'organisation de
la nouvelle société et le rôle qu'elle +t ap
pelée à jouér dans notre système de crédit.
Les principales opérations de la société
générale dé crédit mobilier consistent; côm-
me on sait, .^souscrire ou acquérir des effets
publics et des actions ou obligations des
grandes sociétés autorisées par l'Etat, à prê
ter sur dépôt de titres de même nature, et
à émettre des obligations représentatives
des titres qu'elle'aura en portefeuille, à la
condition que ces obligations ne pourront,
après l'émission complète, du fonds social,
dépasser une somme égalé à dix fois le ca
pital. N ..
La société, en prenant des actions ou des
obligations dans les entreprises d'utilité gé
nérale et notamment des chemins, de fer,
agira en quelque sorte comme société com-
jnanditaire de l'industrie des trayaux.pu-
blies. Elle aidera à la formation des compa
gnies : elle facilitera la réunion de leur
capital social; elle leur fournira les moyens
de commencer, de poursuivre ;leur œuvre
en toute sécurité. Ce sont toujours les débuts
qui sont difficiles pour les entreprisés de ce
genre. Il leur faut lutter contre les ^défiances
qui s'attachent à des travaux dont l'exé
cution • exige plusieurs années. La société
leur aplanira la voie en leur donnant le con-
com-
pagnio d'assurances à l'égard des placemens
sur chemins de fer et sur travaux publics.
En effet, par cela même qu'elle souscrira ou
qu'elle achètera des titres appartenant à un
grand nombre d'entreprises différentes, les
obligations représentatives de ces titres
échapperont aux mauvaises chances. Ce
sera une sorte de mutualité. Les person
nes les plus prudentes rechercheront des
obligations qui présenteront de semblables
garanties, et la. société générale remplira
fo mission la plus importante des institutions
• dé crédit, en transférant les capitaux, des
mains des détenteurs qui ne peuvent pas en
faire emploi, entre celles de compagnies sé
rieuses qui se chargeront de les faire fructi
fier danscLes entreprises utiles à la prospérité
du pays. - . • '
• Enfin, la société générale agira comme
banque de prêts et surtout comme banque
de reports. Elle prêtera, par l'intermédiaire
et avec la garantie des agejis de change, la
totalité de la valeur des fonds publics ou
des titres de-chemins de fer. Le prix des re
ports avait atteint, depuis quelques mois
surtout, le taux lè plus exagéré. On l'a vu
monter jusqu'à plus de 50 p. 0/0. La société
le fera descendre à ce qu'il doit être dans
l'étarâcTuel du prix de l'intérêt en France. ■■
' Nous devons signaler encore les services
qu'elle pourra rendre au crédit par la facul
té qui lui est attribuée de soumissiqpner les
emprunts publics. La concurrence n'exis-
• tait pas en. fait , dans la soumission des
emprunts. La mise eri adjudication n'avait
lieu en général que pour la forme. Le gou-
-vernement n'avait pas devant lui de compé
titeurs qui se disputassent sérieusement
l'emprunt, pour peu qu'il s'agît d'une som
me considérable. On avait essayé autrefois de
se soustraire à cette situation en constituant
'le syndicat des receveurs généraux. Mais il
n'y avait plus là une puissance financière assez
grande pour l'opposer aux influences qui do
minaient le marché. La société générale at
teindra le but qu'on alrait vainement pomv
suivi; elle créera .un nouvel élément de con
currencent elle deviendra le centre de com-
-binaisons qui, en établissant une. lutte véri
table, assurerontji l'Etat les meilleures con
ditions."
On voit, d'après cela, que la sofciété géné
rale doit remplir un rôle entièrement dis
tinct des établissemens de crédit existans,
Elle .n'empiète pas sur leurs attributions
Elle répond à d'autres besoins, et si elle a
des rapports avec eux, ce n'est que pour les
seconder en les complétant.
Noire principale institution de crédit
celle vers laquelle convergent toutes les au
tres, èst la lianque rie France. • Elle rend
des services de deux-natures: elle escompte
le-papier de commerce,, et elle prête sur
dépôt d'effets publics ou de. titres de che
mins de 1er. Mais, pour pouvoir étendre ses
services de manière à satisfaire a toutes les
nécessités, sans cependant sortir de ses ha
bitudes de prudence, elle a besoin de s'ap
puyer sur des établissemens qui soient ses
intermédiaires vis-à-vis du public et qui lui
donnent des garanties de sûreté de " leurs
opérations.
Ainsi, le comptoir national d'escompte a
été fondé pour faciliter .l'accès de laBan-
3ue au commerçant. La Banque ne prend !
u papier qu'à trois signatures. Le comp
toir national se contente de deux .signatures,
et, après avoir apposé.la sienne, il porte les
effets à la Banque, qui les accepte, parce"
Qu'elle a pour garantie le capital et le crédit
u comptoir. 11 y a profit pour l'un et pour
l'autre : profit pour la Banque, qui accroît ses
opérations sans risque; profit pour le comp
toir national, qui, faisant payer, comme de
raison, le service qu'il rend, bénéficie la dif
férence de l'intérêt entre le taux auquel il
, prête et celui auquel la Banque lui prête à
lui-même. '
La société de crédit mobilier fera, pouf
les, détenteurs d'effets-publics et de titres de
cheiftns de fer, à peu près ce que le comp
toir national fait pour les porteurs d'effets de
commerce. Tandis que la Banque ne prête
lue les quatre cinquièmes des effets, publics
ou des obligations de chemins de fer " et les
trois cinquièmes seulement des actions, la so
ciété nouvelle, comme nous l'avons dit
plus hadt, prêtera, sous la responsabilité des
agens de change, la totalité de la valeur. La
Banque n'avance que 60 ou80fr. sur un
titre cote 100/r. ,à la Bourse,; la société
avancera les 100 fr. Elle empruntera en
suite, sur le dépôt de ces titres, à la
Banque elle-même, qui aura la double
■garantie des titres déposés et du capi
tal de la société. De cette manière, elle
permettra à laBanque d'étendre ses avances
sans avoir rien à redouter, et elle aura èlle*
même tout le bénéfice résultant de la diffé
rence du taux auquel elle prêtera et de ce
lui auquelelle empruntera.
Tout se tient et tout s'enchaîne dans cette
organisation générale de nos institutions de
crédit. Mais ce qui distingue surtout la so
ciété de crédit mobilier, de la Banque de
France et du comptoir national qui n'en est
que l'annexe, c'est le moyen à l'aide duquel
elle se procurera les capitaux nécessaires à
ses opérations. Là se trouve l'idée neuve,
originale et féconde' de la nouvelle institu
tion.
• La société générale, destinée à comman
diter les travaux publics, à intervenir dans
la formation des*grandes entreprises, à prê
ter sur dépôt dé titres/n'aurait pu remplir
son office en procédant comme la Banque de"
France. LaBanque de France;-!}'escomptant
ou ne prêtant qu'à usois mois d'échéance aù
maximum, émet ei né peut émettre que des
billets remboursables à vue. Il n'en poa-
vaitétre de même pour la société générale,
qui doit faire dés* placemens à plus longue
date. La Banque de France fournit à 1 in
dustrie son capital roulant; la société 1 géné
rale doit lui procurer le capital qu'elle utilise
dans la construction des grands travaux.
Elle émettra en conséquence, au lieu 'de
billets remboursables à vu», des obligations,
la plupart à longue échéance, portant intérêt,
et 'dont le -remboursement sera calculé de
manière à coïncider avec l'amortissement
des actions ou des obligations qu'elle aura
en portefeuille.
On comprend que la société échappe ainsi
à tous les embarras qui peuvent assiéger les
banques d'escompte dans les momensde
criste. Elle n'a pas à craindre de voir les por-
teurs_de ses billets se précipiter tous à la
lois dans ses bureaux pour demander leur
remboursement. Les engagemens qu'elle
contracte sont échelonnés de telle façon,"
qu'elle ait des ressources assurées pour y-
pourvoir. Le service doit toujours-se faire-
régulièrement et facilement. ' ' ,
Nous avons entendu quelques personnes,'
qui ne se rendaient pas compte du méca
nisme de l'institution, exprimer des craintes *
* sur ce qu'elles appelaient une nouvelle.émis
sion de papier. C'était, le résultat d'une er
reur. La société n'ajoutera pas à-la masse
des titres en circulation/ Elle remplacera
seulement des titres, appartenant à des
entreprises différentes, pdr des titres unifor
mes qui offriront pkis de sécurité. Ce sera
une substitution pure et simple, et une subs
titution destinée à raffermir le marché ; car
il "n'est pas douteux que les obligations de
la société générale, représentées par de bon
nes valeurs et garanties par le capital so
cial, n'obtiennent faveur et ne soient recher
chées du public.
. Maintenant, quel sera reflet, de cette ins
titution au point'de vue de l'industrie des
travaux publics? Il est évident que les'titres
de chemins de fer, dont le créait sera con
solidé, tendront à prendre et à conserver une
valeur en rapport avec les avantages qu'ils
présentent. Par cela même,qu'ils atteindront
aes prix plus considérables,le tauxde l'intérêt,
s'abaissera. On s'habituera à demander un
revenu moins élevé à ce genre de placement.
On ne voulait pas s'intéresser dans les che-
mips de 1er, à moins d'y trouver un revenu
de 6 ou, 7 0/0. On y entrera en se contentant
de h, 0/0. Quoi de plus juste, de plus naturel,
en présence de l'accroissement progressif
des recettes et de toutes les chances d'aug
mentation que renferme l'avenir ?
Quand l'industrie des chemins de fer, sous
l'influence du mouvement imprimé par la
société du crédit mobilier; pourra se pro
curer des"capitanix à bas prix; toute laF-rftflce
sera bientôt sillonnée de voies de commu
nication aussi nombreuses que celles de l'An
gleterre, surtout si, au lieu de vouloir cons
truire les lignes secondaires comme les lignes
principales, on se décide résolument à l'aire
des railvvays à bon marché. J. Burat.
MM. les députés se sont réunis à une
heure dans leurs, bureaux pour le recense-*
ment général des votes émis sur le plébis
cite proposé par le sénatus-consulte du 7
novembre". ■
Il n'y a point eu de séance publique au
jourd'hui. *
L'ordre du jour de demain annonce la
réunion dans les bureaux pour la continua
tion du recensement:
VOTE DES .21 ET 22 NOVEMBRE
Inscrits
Yotans,
Oui
Non
Ain..
103,946
83.032
81.434
1.234
Aisne.
»•
«
91.092
6.434
Ailier
9:;. 003
1.308
70.633
.483
Alpes (Basses-)..
46.040
39.548
39 323
n
Alpes"(Hautes-),.
»
» ■
26.789
306
Ardècbe.
»
»
27.069
208'
■ Ardennes.......
»
n
73.549
.2.686
Ariège
)ï
»
• 65.804
392
AuVe..
82.838
72.946-
69.934
' 2.333 :
Aude.
»
»
70.516
574
Aveyron....
»
» '
71.451
1.563
Bouo.-du-Rhône.
.100.233
53.025
51.806
2.457
^Calvados .......
140.824
110.476
106.048
3.615
Cantal "...
C2.758
•fÔti87 •
•U. 739
323-
Charente.
11>> .555
8G 838
84.936'
1.211
Charente-Inf.....
142.328
109.676
106.531
2.312
Cher..
84.532
67.772
69.225
1.049
Corrèze..
»
n
69.292
407
Corse
»
».
15.099
4
Côte-d'Or
116.375
!02.21I5
99.100
2.810
Côtes-du-Nord...
163.283
118.079
116.750
1.095
Creuse... v v....
76 .,123.
48!949
-48.259
524
Dordogn'ê'.*.
142:*4t2
113*278
111.485'
1.206
Doubs.
»
65.073
62.616
1.782
Drôme..
96:213
80.565
78.750
1.452
Eure..i.........
128.179
107 176
99.972
6.175
Euve-et-Loir.....
8S.781
69.394
64.321
3/J14
Finistère
139.423
»
108.896
1.29.4
Gard-.;.'.'.*..';..
»
»
83.525
4.388
Garonne (Haute-)
139.598
114.002
110.8-24
2.230
Gars :
»
»
78.053
1.344
Gironde.
177.224
119.435
114.737
3.517
Hérault '...
88:478
87.478
84.716
3.038'
Ille-et-Vilaine...
151.710
110.922,
109.434
1.351
Indre,
76.778
61.001
59.743
904
Indre-et-Loire...
94.000
76.500
74.837 .
.1.332
Isère
154.098
127.235
123.772
2.421
Jura.
86.889
76.942
73.287
2.770
Landes..........
83.805
70.593
69.865
531
Loir-et-Cher
»
»
56.136
2."«52
Loiro
123.000
»
92.385
1.390
Loire (Haute-)...
77.222
58.738
58.435
215
Loire- Inférieure.
141.781
»
76.066
3.477
91.367 78.472
. » 72.784
» '»
"» »
- . .. » - . »•
140.478 118.699
101X00 78.996
»
118.329
91.193
•80.970
113.869
€8.553
295:345
138.042
»
183.407
Loiret ..;...
Lot
Lot-et-Garonne..
Lozère..'...;....
Maine- eULoire.
Manche:.
MiirneT
Marne (Havjte-)..
4* a Xgnne..,..—
. ^«iiirfhe. j-
Sîtuse ;
Morbihian.....-.,
Moselle .....
Nièvre.... -
Nord ;
Oise..;.........
Orne
Pas-de-Calais
Puy-de-Dôme ...
Pyrénées (Basses! »
- Pyrénées(Hautes) »
Pvrériées-Orient. .' »
jRhin (Bas-) 131.164
Rhin (Haut-).... »
Rhône 149.068
Saôue-et-Loire-. . "154.478
Saône (Haute-).... 91.760"
Sartlie 134.754'
Seine. 313.410:
Seine-et-Marne.. • 97.866
Seine-et-Oise ... 137.526
Seine-Inférieure. 206.427
Sèvres (Deux-). : »
Somme 165.647"
Tarn..........• ,- ' »
Tam-et-Garonne 77.238
Var.....; - »
Vaucluse . u
Vendée »
Vienne.- 91.592
Vienne (Haute).. 83.627
Vosges 116.523
Yonne 112.159
.78.990
108.253
82:230
70.488
97.458
74.594
225.446
121.247
»
162.149
»
»
»
1(9.. 296
»
106.990
117.923
86.339
112.027
270.701
84.777
121.847.
»
»
142.178
»
57.920 '
».
»
»
63.208
59.366
99.879
95.788 .
74.774
71.521
83.9S7
33.064
86.912
116.849
90.2-23
131/437
73.400
103.851
79.310
68.006
94.032
• 73.830
216.446
113.362
96.062
157.212
126.041
■.93.304
59.446
37.005
114.683
92.740
95.441
115.620
84.636
108.449
208.658
80.292
113.762
163.745
63.803
138.150
84.772
54.822
'71.367
56.289
59.423
64.074
58.417
96.564
89.772
' 2.934
' 860
2.770
291
2.709
1.703
3.907
1. OGîî
2.949
3V±H
2.251
1.783
1.681
720
7.303
6.445
2.594
3.847
444
748
306
247
3.818
2 841
9.709
1.920
341
2.601
53.753
3.727
6.444
8.570
1.179
3.'711
607
774
868
»
1.430
665
659
2 497
3.973
»
Armée de terre.. .
. Armée de mer..
Total connu....
7.100.270
» 243.123 232.046 *11.077
» 50.754 "47.71$. 2.020
» 7.380.032
Lé chiffre des suffrages affirmatifs est ce
> .soir de
Ce résultat est complet, pour 79 départe-
mens., 7 départemens ont encore des. votes
à fournir, et irreste, vote entier de l'Algérie.
Le secrétaire de la rédaction, i. bonieace.
DEPECHES TÉLÉGRAPHIQUES.
* . Périgueux (Dordogn.e), 25 novembre,
,11 heures d.u soir.
Le nombre des .inscrits a été cette année de
.0,768 en moins, et celui despotes affirmatifs est
resté à 300 voix près au niveau de 1851.1,0 nom
bre des opposans est descendu de 5,603 à 1,206.
Saint-Lô, 2i, 1 h. du matin. ^
Les votes affirmatifs pour l'Empire'dépassent
de 12,24'i les votés affimatifs pour la présidence
décennale. . :
Nîmes, 25 novembre, 4 h. 1/2.'
En 1852, il y a en en plus, sur 1851, 13,300
suffrages affirmatifs, et en moins 14,487 suffrages
négatifs.
• -■■■:-■■ Montpellier, 2? novembre.
Au 20 décembre dernier, l'Hérault donnait
59,284 suffrages en faveur du plébiscitent 14,145
contre lui. Aujourd'hui, les votes affirmatifs sont
au;nombre de 84,710, les votes négatifs au nom
bre de 2,038; plus, 784 bulletins nuls.
Le parti rouge a voté affirmativement presque
à l'unanimité. Les abstentions et les votes négatifs
appartiennent en grande partie aux légitimistes.
,Jue résultat obtenu indique quelle immense amé
lioration' a éprouvée l'opinion publique dans ce dé
partement. '
Màcon (Saône-etrLoire), 26 novembre.
Le vote pour l'Empire a réuni 33,789 oui de
plus qu'en 1848 et. 8,011 oui de plus qu'au 20
décembre. "
Les non ont décru dans la même proportion
que les oui ont augmenté..De 32,547, en 1848, le
nombre en «st descendu l'an dernier à 8,225 et il
n'est plus que de 1,920 contre l'Empire.
Il est encore à remarquer que l'élection ac
tuelle est celle qui présente le moins d'abstentions.
faits electoraux. ,
- Le journal la Bretagne résume ainsi le .vote du
département des Côtes-du-Nord :
« Àu mois de décembre' 1851, le prince Louis-
Napoléon avait obtenu dans notre département
109,000 voix. Aujourd'hui ce même département
lui en donne plus de 116,000. '
Dans le département de la Drôme,le nombre des
* Co chiffre représente
mais aussi les nuls ou doutées
non
x
seulement les non,
oui s'est accru de 15,012, comparativement, au
vote du 20i décembre, et celui des non a diminué de
8,761. Très certainement, c'est un des dépar
temens où s'est opéré le retour d'opinion le plus
décisif. «Un pareil résultat, sur lequel-est em
preint d'une manière si visible le dôigt de la Pro
vidence, nous dispense, dit l'Echo de la Drdme,
de toute réflexion. » \
— La Cûte-d'Or .offre.ee curieux rapprochement
de* chiffres : 10,771 oui de plus qu'en'
10,286 non de moins. -
. — Nous pouvons constater un résultat analogue
pour le Bas-Rhin": il y a eu pour l'Empire 8,843
oui de plus et" 5,726 non de moins qu'en 18"> 1.
— Le mouvement de progression des votes dans
la Meurtlie est aussi bon à enregistrer :
. Oui Non
10 décembre 1848... 74.872 21.886-
20 décembre 1851... 101.968 " 5.137
< 22 novembre 1852... 103.851 3.530
— Le nombre des- suffrages affirmatifs dans. la
Haute-Vienne s'est accru en 1852 de 3,150, com
parativement au vote du 20 décembre. Les votes
négatifs ont pour ainsi dire disparu ; ils sont des
cendus de 4,902 à 659.
On .a le résultat presque complet du Jura;
l'augmentation des votes affirmatifs est de 12,955
sur l'an dernier. , , .
— Le 24, dit l'Echo de Vèsone, il restait à- con
naître, -à Périgueux» le" chiffre de 321 communes,
et,l'on avait déjà 8,321 .oui de plus et 2,186 non
de moins^qu'en 1851.
Lès campagnes ont couru au vote avec un en
thousiasme dont on peut juger par le récit de ce
journal :
«On a vir des vieillards centenaires et infirmes,
n'ayant pas quitté leur .demeure depuis trente
ans, se faire transporter péniblement, à travers
un temps affreux, 'au chef-lieu de leur commu
ne, pour déposer d'une main défaillante leur bul
letin en faveur de l'Empire, et se retirer en criant
d'une voïx-brisée par l'ftge et couverte par l'émo.-
tion: Vive l'Empereur !
Dans plusieurs localités, le vote de l'Empire
a-été accompagné ët suivi de réjouissances publi-,
ques.- Après la proclamation du scrutin, les popu
lations, ' ayant leur maire en tête, se sont trans
portées à "l'église malgré la nuit, éclairant avec
desflambeaux le buste de Lonis-Napoléon; là, elles
ont prié le curé d'entonner le chant du Te Deum,
répété par tous les assistans, ivres de boiilieur et
d'espoir. •
» Dans une autre commune, les électeurs, dont
l'enthousiasme comme partout ailleurs n'avait pas
de bornes, ont voulu, nous écrit-on; s'identifier à
leur manière avec leur élu. Ils ont brûlé les bul
letins, et, après en avoir recueilli la, cendre, ils
l'ont déposée dans un certain nombre de verres
remplis de vinque l'on se distribuait, et que cha
cun s'empressait de vider en' criant : Vive notre
noutiel empereur!
» En présenee de cet entraînement des masses
vers le nouvel ordre de choses qui va nous régir,
nous aimons à croire que la Providence a pris
enfin pitié de nos malheurs, et qu'elle ijous don
nera un avenir prospère et paisible, payé bien
cher, hélas ! par les tristes épreuves de soixante
ans de révolutions. »
— On écrit de Brest :.
-« Toute la marine a voté à l'Arsenal : jamais
vote n'a été plus exempt d'influences de toute es
pèce et n'a présenté une adhésion, aussi unanime
et aussi loyalement exprimée. Toutes les disposi
tions étaient prises pour que tous eussent la pos
sibilité d'apporler.leur bulletin dans l'urne. Quoi
que le jour du vote fût le lendemain de la paie
des ouvriers, le petit nombre de ceux qui étaient
absens «au moment du vote a été remarqué.
» Aux dernières "élections, l'on comptait à Brest '
15,882 électeurs : 4,843 ont voté par oui, 944 par
non, 22 bulletins ont été annulés. Aujourd'hui, il
n'y avait que 4,344'électeurs inscrits (les employés
de l'Arsenal ont voté séparément). Sur ces 4,344
inscrits, 3,584 électeurs sont venus voter : 3,308
par un oui, 246 par non , 30 voix ont été déclarées
nulles. Cet empressement dans une ville dont la
population est froide et réfléchie ^st très remar
quable.
» Dans le reste de l'arrondissement, sur 70 com
munes, 49 ont voté par oui à l'unanimité, et 10
par oui à l'unanimité moins une voix,- dansxlia-
cune de ces communes. » • ' ,
— Le3 votes de l'Ouest sont des plus remarqua
bles. Ceux de la Loire-Inférieure dépassent d'une
manière importante les résultats du mois de dé
cembre 1851. Les nouvelles de la Vendée ne sont
pas moins bonnes, et les oui sont surtout considé
rables dans le Bocage. Ces faits obtenus dan3 des
départemens où les opinions légitimistes comp
taient des adhérens nombreux, rapprochés de ceux
que nous avons déjà signalés dans les départemens
où la démagogie, comptait le plus de partisans,
montrent quelles conquêtes a faites en un an le
gouvernement de Louis-Napoléon.
— On écrit de Digne, 25 novembre :
« Le pays est dans la joie ; l'on se prépare dé
tous. côtés à célébrer l'Empire, dimanche
chain,.par des réjouissances, qu'un temps al
a interrompues le 21 et le 22. »
—-Le département du Loiret est un de ceu\ êèç'--/
il a été fait le plus d'efforts pour éloigner \
électeurs du scrutin. Le résultat n'a'-pas réfion.
à l'attente des meneurs. Le chiffre aesvotans
bien diminué de 2,000' environ, mais ces 2,000
voix manquent justement au chiffre~des non.* Le
rjiiffrç. des nui s'est, maintenu à la môme hauteur
qu'il y à un an, à 2 (38 près'.'""
« Rien n'èst éloquent comme des chiffres, dit'
le Journal du Loiret, et nous pouvonsûiire que'
ceux de l'élection - , dans notre départebnt, ont
dépassé les prévisions des partisans deTEmpire.,
■ » Dans 91. communes du département; fr y a eu*
l'unanimité des votes en faveur du rétabiisseipent.
de l'Empire. • •
» Dans 1.43 communes,les votesontétéégalement
unanimeSj ûe l à 5 voix près.
. —Au dernier scrutin pour l'Empire,un paysan
demande un bulletin à un électeur lettré. Celui-ci
l'écrit et le remet au cultivateur, qui, ne voyant,
.pas l'imprimé que déposaient les autres électeurs,
prie qu'on lui lise ce qui a été écrit. On lui lit :
Oui, Napolépn III, Empereur . Le paysan de s'é
crier : « Trois empereurs* c'est trop ; je n'en veux-
qu'un tout seul. » (Trëi amperours, qu'ey trop !
N'en voli, mas un tou soul.') ' (Echo de Kesone.),
' -- Dans l'urne d'une petite commune rurale de
la Dordogne, on a trouvé un bulletin qui portait :
* ■ Eliamsi ojnnes, ego NON.- j-.
Voilà du latin bien employé..
La discussion de la motion de M. Villiers
a recommencé jeudi soir au sein de la cham
bre des communes. Elle s'est compliquée
d'un sous-amendement que sir James Gra-
ham a présenté à l'amendement de lord Pal-
merstôn, et elle a dégénéré en une confusion
inextricable. Il ressort du discours de sir Ja
mes Graliam, que la motion de M. Villiers
a eu plusieurs éditions. On s'était arrêté,
d'abord à une rédaction assez bénigne afin de'
gagner lesToirdonteuses.
Le ministère ayant annoncé l'intention de
ne pas combattre la motion et de laisser
l'opposition la discuter et la voter en famille,
on s'est attaché à donner à la mo tion une tour
nure blessante qui la rendît inacceptable
au ministère. C'est alors que M, d'Israeli a
présenté à son tour un amendement qui, en
laissant intacte la déclaration de principes,
faisait disparaître les expressions que ses amis
ne pouvaient accepter. Gomme il y a dans la
chambre des communes beucoup de mem
bres nouveaux, qui n'ont point d'engage
ment, et qui ne voudraient pas prendre
la responsabilité de renverser le ministère
au début même de la session, l'amende-r
ment de M. d'Israeli avait au moins autant de
•chances de succès que la motion de^VI. Vil
liers. C'est alors que lord Palmerston est in-.
teVVenu avec une rédaction intermédiaire.'
dont le succès était d'autant plus certain,
que son adoption n'entraînait d'échec pour
personne que pour M. Villiers et les libre-
ecljangistes exaltés. C'est la cause de ceux-
ci que sir James Graham a prise en masà
jeudi; il a trouvé à son tour la'rédaw>"
tion de lord Palmerston tr en fait de libre-échange, et, au'nom de
la mémoire de sir Robert Peel, il a récla
mé l'intercalation de deux ou trois mots "
pour rassurer tout à fait les libre-échangis
tes absolus.
Lord-Palmerston, par.esprit de concilia-,
tion, a accepté ce sous-améndement, qui'
détruisait en partie la signification de sapro-*
Ere rédaction, et il a ajouté ainsi aux em-
arras de la chambre des communes. A'
force de ne vouloir blesser personne, on ar
rive à ne pins savoir sur quoi l'on discute et
ce que l'on doit voter : et le plus clair, c'est •
que .le parti le plus assuré d'e tre battu, c'est
celui qui tiendra à avoir lé sens commun
et à faire voter une rédaction qui se com
prenne et qui ait une signification quelcon
que. Celui-là sera taxé d'intolérance, il aura
tous les incertains contre lui, et il paiera les
frais de la guerre. La discussion a été ren r
voyée à la séance du vendredi. .
CUCIIEVAL-CLARIGNY.
DÉPÊCHE TÉLÉGRAPHIQUE.
Suite et fin de la séance de la chambre des
communes dit 25- novembre.
Après Je discours de lord Palmerston, qui a en-
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL. 27 NOVEMBRE.
RENÉE YARYILLE*.
- XTV:
. DÉV0UMENT D'ïVONNE.
Yvonne était donc sortie de l'hôtel de la
marquise dé Varville,'rue de Joubçrt; mais
elle en sortait sans connaître une rue de Pa-,
ris,» sans savoir la demeure de celle qu'elle
allait chercher, bien plus, sans savoir son
nom : car elle présumait bien que si c'était
en effet sa sœur, ce n'était pas sous le nom
de Loïse Patou qu'elle promenait son élé
gance et ses séductions dans la capitale.
Mais Yvonnaavait employé toute son adresse
inutilement auprès des gens du marquis ;
ils avaient trop à se louer de la générosité
de leur maître, pour trahir ses secrets avec
une des femmes de Madame. Il ne lui avait
pas mieux réussi de suivre la voiture, et,
.dans toutes ses pérégrinations, e\le n'avait
.appris 'qu'une chose, c'est .qu'il existait à
Paris une rue Notre-Dame-de-Lorette et un
[quartier Breda/q-ui offraient quelque chance
.de rencontrer des beautés plus connues par
leurs grâces que par leur vertu. .
Yvonne visita donc cette rue et ces quar
tiers suspects. Elle, s'y promena, elle exami
na les maisons, leurs portes et leurs fenê
tres. Cela n'avança pas sùh entreprise, et sa
grosse figure, avec sa -fraîcheur de village,
Jui valut bien des attaques.de la part des
habitués dé ce .pays. Elle y fut souvent en
hutte à d'audacieuses rencontres ; mais
.Yvonne n'était pas fille à se déconcerter
pour un motjeste ou grossier; c'était une
robuste, vertu de campagne; une de ces
filles du peuple, qui peuvent être sages
sans être innocentes, Les propos qui font
rougir une jeune femme légère n'effarou
chent point une vertueuse paysanne. Le
peuple dit les choses crûment et n'en vaut
ni plus ni moins pour cela. ,
Yvonne avait l'esprit bourguignon, donc
Ja riposte, prête, et quand un vieux, ayant
» La j-eprojJuetioa est interdite.
déguisé sa vieillesse de façon à croire qu'il
l'avait cachée, lui disait, en passant, quelqu.es
gaudrioles sur sa naïve fraîcheur, elle i"é-
p'ondait :
— Taisez-vous, mon vieux! Faites péni
tence de vos péchés passés; il n'est plus de
votre âge d'en faire d'autres. ,
Puis elle repoussait les jeunes en leur
criant :
— Halte-là, blancs-becs! quanti les pou
lains veulent s'émanciper trop tôt, on les
renvoie auprès de leur mère à coups de fouet.
Ou bien elle en faisait taire d'autres par
ces paroles:
— Voyez donc le beau Monsieur qui s'of
fre! Est-ce qu'il croit qu'on cherche des bê
tes "curieuses? ;
Ainsi la solide vertu d'Yvonne arpentait
fièrement le pavé avec une bonne artillerie
de grosses épigrammès pour se.défendre, et
au coeur un vif dévoùmeut pour se guider.
' Elle profita des écriteaux d'appartemens
à louer pour entrer dans quelques maisons,
et crut un moment Stre sur Ja voie de.ee
u'elle cherchait. C'était dans, le logement
'un jeune peintre qui déménageait. Elle
aperçut un portrait dont la ressemblance
avec sa sœur lui fit jeter un cri de surprise.
C'était elle! La petite marque près de l'œil
gauche,la singulière expression de ses yeux,
tout y était. Mais quand elle s'informa du
modèle:
— Quesais-je ? dit le peintre avec humeur.
Celle qui l'a fait faire, Il y a trois mois, me
l'a laissé sans le paVer, et je n'ai pu ni la re
trouver, ni retrouver le jeune homme qui
l'amenait et qui m'a aussi laissé le sien.
Yvonne jeta leg yeux sur le portrait du
jeune homme. Ce n ctait pas le marquis de
Varville! .
Cependant elle ne se découragea pas.
— Si j'ai trouvé l'iiîiage, je trouverai bien
la réalité! dit-elle en se remettant en mar
che !... ••..
• Que faisait Renée pendant ce temps-là ?
elle avait passé une nuit pénible et. agitée ;
de courts instans de sommeil, loin de la re
poser, lui avaient montré mille images fan
tastiques et cruelles : elle croyait entendre
d'ameres paroles entre Maurice et Théodore;
c'étaien t des soupçons contre elle, des erain tes
pour eux. Puis, c'était le départ dé^Théodore;
les vœux éternels ! Elle y assistait tremblan
te, le cœur déchiré, et s'éveillait toute en lar--
mes. Ensuite, ç'étaient les exigences de la
famille et de la société, les susceptibilités,
les propos malveillans, et, quand elle fut
levée;,'toutes ces idées -troublaient encore
son esprit et ajoutaient à l'apxiété qu'avait
laissée une nuit d'insomnie, lorsque, vers
midi, on .lui annonça la visite de la mar
quise de Fontena'y-Maréuil !
Il fallait une circonstance importante pour
que la marquise, à son âge et dans ses habi
tudes, vînt ainsi chez une jeune femme..
En effet, cette vieille amie de la famille,
qui avait été consultée sûr..le marjage de
-Renée, et qui l'ava;t accueillie avec intérêt
à son arrivée à Paris, venait la trouver, par
ce-que, la veille, elle avait.reçu cette lettre
du grand-père de Renée, son ami de cin
quante ans: .
« Chère marquise,
» J'ai recours à vous; j'invoque du fond
» du cœur notre vieille amitié et vos lumiè-
» res si justes en. toutes choses : car, depuis
« quelque temps, j'éprouve une mortelle
» inquiétude dont vous, seule pouvez me
» tirer. ...
a Ma chère et charmante enfant, ma Re-~
b née, est-elle donc en effet aussi màlheu-
» reuse qu'on me l'écrit? Son mari a-t-il
"» donc été réellement insensible à tant de
» grâces et de vertus? Et s'est-il remis à vivre,
» hors de chez lui, avec" une femme qu'il'
» connaissait avant son mariage ?
» Si j'en crois ce quj' m'est rapporté,
» Mme de Savigny n'aurait marié son neveu
» que pour essayer de l'enlever à l'influence
» funeste de cette malheureuse. Elle l'au-
» rait pris dans'un moment de dépit et dêT
» maladie; il se serait laissé marier; puis,
» cette influence, à laquelle on aurait voulu
» le soustraire, a repris toute sa force.
» Renée, dit-on, ne le voit pas;'aucune in-
» limité n'existe entre, eux ; elle n'est sa
» femme que de nom, et le seul droit dont
.il use est celui de disposer de sa fortune
» pour sa maîtresse.
. » Voilà ce que j'ai bien, des raisons de
» croire certain.
. » Voyez, assurez-vous, chère marquise !
» et soyez assez bonne pour ne me n'en ca-
en étaient j »
*» cher de la vérité. Si les choses
» à ce point, na vaudrait-il pas mieux que
» ma pauvre enfant revînt, près de moi,
» reprendre sa joyeuse et douce existence,
» .que de rester à Paris, san^Un appui né-
» cessaire à son âge, au milieu d'un monde
» qui lui est inconnu, ayant sous les yeux
» les exemples de vices qui souilleraient son
» imagination si candide? Puis, ne dois-je
» pas aussi veiller à ses intérêts "et deman-
». derau moins une séparation de biens', afin
4 que la fortune de Renée ne serve pas à
» alimenter les folies de son mari ?
» On dit que ces folies sont fort com-
» munes à notre époque. Les hommes
» riches de l'ancien régime (comme-ils
» disent ), qui ne veulent pas se ralta-
» cher au nouveau, jettent leur vie dans
» des désordres' absurdes, sous ^prétexte
» des mœurs régence . Mais si nos pères
» étaient parfois trop occupés de leurs plai-
» sirs, il me semble que cela ne leur a'pas '
» assez bien réussi pour donner à nos en-
» fans l'envie de les imiter. Les vices de la
» noblesse ont mené plus\d'une noble tête
» sur les échafauds de la révolution* Si nous
» avions eu l'épée au poing au lieu de la dé-
» poser dans les boudoirs, la révolution que
» nous avons nous-mêmes désirée, se serait
» arrêtée quand nous l'aurions voulu. Les
» gens éclairés (et_qui étaient parmi .nous),
» auraient réformé les-abus et n'eussent
» pas laissé le peuple maître; car on doit
» agir pour lui, et non par lui. -
» Mais il paraît que le bon sens'a déser.té
,» la France, et jadis nous en avions jusque
» dans nos plaisirs. Les folles parties avec
» ces femmes sans éducation, c'était un ex-
» /radont on se cachait; on ne faisait pas sa
» société habituelle de cette mauvaise com-
» pagnie. Cela finit par abrutir, et nous vou-
» lioiis avant tout rester des hommes d'es-
» prit èt des hommes bien élevés... Il paraît
» que ce n'est plus ça.
» J'ai qpnnu Marcilly, qui vit ainsi, malgré
» ses cinquante-cinq ans sonnés. Il a vendu
» ses. derniers domaines il y a déjà Iong-
» temps ; je lé sais : c'est moi qui les ai
» achetés, et ils font partie de la aot de Re-
» née; je ne,me soucie pas de voir leur va-
» leur reprendre te meme route, et d'être
» obligé de les acheter une seconde fois. Ce
serait bien possible pourtant, car le mar
quis de Varville a fait demander au notai
re du pays de lui trouvef soixante mille
francs dessus d'ici à huit jours.
» Le notaire prétend au reste qu'à Paris
la plupart des jeunes gens agissent com
me le marquis, et que rien n'est plus fré
quent que les mariages comme celui de
Renée... Toute la province s'émeut, parle,
babille, ajoute à ces mauvais bruits sur
M. de Varville.' On m'en veut d'avoir pris
un • mari pour Renée hors de ce pays et
dans ce Paris qu'on envie et qu'on déteste
ici.
'» J'avoue que je m'en voudrais à moi-r
même-éternellement si ma pauvre chère
belle était malheureuse. Sans ma goutte,
je serais parti malgré mon âge ; mais j'en
ai un terrible accès depuis que j'ai appris
tout cela. C'est une colère rentrée. Rendre
malheureuse la perle de notre province,
cette enfant, qui a la beauté d'une fem
me, l'intelligence d'un homme et les ver
tus d'un ange ! Oh 1 c'est affreux ! Mais il
n'a donc pas d'yeux, pas de raison,.pas
de cœur, ce marquis de Varville ! Et cel'a
pour....
» Je termine, chère marquise, car je fini
rais par dire ouplufôt écrire quelques sot
tises, tant, le sang me monte à la tète,
eh pensant que ma Rénée est' peut-être
à présent à pleurer en se disant : — Quel
mari m'a donc donné là mon bon .père,
lui qui m'aimait tant?
» Aussi bien, je souffre en ce moment des
douleurs de goutte à ne plus pouvoir te
nir ma plume.
» Mais dire que je n'ai pas eu l'esprit de
deviner que Mme de Savignyme tuompait
sur son neveu! Est-ce que (juand j'ai vu
son visage pâle, blême et dédaigneux, à
ce marquis, je n'aurais pas dû m'en dé- •
fier? Puis,, donner à ma Renée de seize ans
un homme qui n'a plus de cheveux ! Ah !
je ne me pardonne pas cela !. :.
». Vous me permette*;, n'èst-cepas, chère
niarquise, de vous ouvrir ainsi tout, mon
cœur, et de vous dire que vous êtes ma
seule espérance dans mon chagrin.
» Le baron de Tauert. »
Avant de montrer cette lettre à Renée,
la vieille dame prit la belle enfant par la
main, la baisa au front, l'approcha de là
fenêtre et la regarda.
■ — Je viens ici, ma belle, dit, alors Mmé
de Fontenay-Mareuïl, pour' tout savoir.
Voyons... voilà des yeux qui ont pleuré !
voilà des joues de seize ans qui sont trop pâ
les pour leur âge !... Ôh !- je sais bien que
vous n'êtes;pas commeGabrielle, de race nou
velle et robuste ! que vous n'avez pas ce
sang vigoureux qui donne une surabondance
de vie I Vous êtes d'une noble race, qui, du
temps des croisades, valait bien l'antre, au
moins, mais qui.s'est étiolée dans les salons
dans les folies de la Régence et autres et
maintenant c'est faible, c'est chétif; Ma
bellerfille a la tête de plus que vous, petite •
mais \pus n'en êtes pas .moins- ufte jolie
femme," bien faite, bien intelligente, bien
bonne, et il faut que'vous soyez heureuse.
Renée, d'abord interdite de l'examen de
'sa vieille amie, commença à se remettre, et
se sentit attendrie par l'inflexion caressante
avec laquelle la marquise continua :
— Ma. toute belle, vous me rappelez ma
fille, la mère d'Yves, pauvre 'enfant morte
bien jeune 1
La marquise, émue à ces mots, s'appuya
contre u^ siège et s'y laissa glisser au mi
lieu des coussins.
Renée vit un'e larme dans ses yeuxi Atti
rée- par ' cette émotion, elle se baissa vers
.Mme de Fontenay-Mareuil, et, pour arriver
à son visage, s'agenouillant à ses pieds> elle-
resta quelques instans sans rien dire, lè
cœur gros de toutes ses peines,, renfer
mées si long-temps qu'elle éprouvait le be
soin de les laisser s'échapper. Alors, jetant
ses bras autour du cou de là seule personne
qu'elle eût trouvée capable de tout compren
dre et de tou.t sentir, de tout conseiller et
de tout taire, elle la pressa avec une indici
ble tendresse contre son cœur, en disant ;
— Aimez-moi comme cetté. fille que vous
ajez perdue, et priez le ciel que je meure-
jeune aussi, pour.cesser plus vite de souffrir I
Alors cette bonne et vieille anlie pressa
l'enfant de questions, et Renée ne cacha ni
la tristesse que lui donnait le monde, ni les
"difficultés de la vie intime^ ni l'impossibilité
de trouver dans sa famille de véritables af
fections : enfin tout ce qui lui serrait le cœur,
DURE&m : rae*de ValoIs^Palals-Itoyal), n* Mj
B
1852.
SAMEDI 27 NOVEMBRE,
•A •• -w—
Prix de I'aboaaçmcEî. .
DEPARTEMENS î -
16 FR. JPOUR TROIS MOIS. » " ,
' PARIS :
"ES FR. POUR TROIS MOIS." .
UN NUMÉRO : 20 CENTIMES.
four les fats ÉTRANGERS, se reporter au
. tableau publié dans le journal, les 10 et
. 15 de chaque mois]
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M. Cuchkvai-ClarignY j réctt,
Les articles déposés ne sont pas rendus.
JOURNAL POLITIQUE,
9
IMTOSEL*
S'adresser, franco, pour l'administoationi
-'/<• à k. DXHiiN, directeur!
On fabonne, dans les départemens, aux Messcgeries et mixlDir set ions deposte.—A Londres, -chez MM; Cowie et FUS.'
— A. Strasbourg, chez M.' ALEXANDRE , pour l'Allemagne.
« Les annonces sont reçues chez M.* PANIS, régisseur, 10, place de la Bourse;
j ; -et au bureau du journal.
PARIS, 26 NOVEMBRE «
Nous avons dit que l'institution de la so-.
ciété générale de crédit mobilier avait pour
but et aurait pour résultat d'amener la bais
sé du taux de l'intérêt aivçrofit de ia. gran
de industrie des. chemins de fer et des
travaux publics. Comment pvoduira-t-elle
cette baisse si favorable au développtement
de nos voies de communication? C'est ce'
qu'il "hous paraît utile de faire comprendre
clairement, en expliquant l'organisation de
la nouvelle société et le rôle qu'elle +t ap
pelée à jouér dans notre système de crédit.
Les principales opérations de la société
générale dé crédit mobilier consistent; côm-
me on sait, .^souscrire ou acquérir des effets
publics et des actions ou obligations des
grandes sociétés autorisées par l'Etat, à prê
ter sur dépôt de titres de même nature, et
à émettre des obligations représentatives
des titres qu'elle'aura en portefeuille, à la
condition que ces obligations ne pourront,
après l'émission complète, du fonds social,
dépasser une somme égalé à dix fois le ca
pital. N ..
La société, en prenant des actions ou des
obligations dans les entreprises d'utilité gé
nérale et notamment des chemins, de fer,
agira en quelque sorte comme société com-
jnanditaire de l'industrie des trayaux.pu-
blies. Elle aidera à la formation des compa
gnies : elle facilitera la réunion de leur
capital social; elle leur fournira les moyens
de commencer, de poursuivre ;leur œuvre
en toute sécurité. Ce sont toujours les débuts
qui sont difficiles pour les entreprisés de ce
genre. Il leur faut lutter contre les ^défiances
qui s'attachent à des travaux dont l'exé
cution • exige plusieurs années. La société
leur aplanira la voie en leur donnant le con-
com-
pagnio d'assurances à l'égard des placemens
sur chemins de fer et sur travaux publics.
En effet, par cela même qu'elle souscrira ou
qu'elle achètera des titres appartenant à un
grand nombre d'entreprises différentes, les
obligations représentatives de ces titres
échapperont aux mauvaises chances. Ce
sera une sorte de mutualité. Les person
nes les plus prudentes rechercheront des
obligations qui présenteront de semblables
garanties, et la. société générale remplira
fo mission la plus importante des institutions
• dé crédit, en transférant les capitaux, des
mains des détenteurs qui ne peuvent pas en
faire emploi, entre celles de compagnies sé
rieuses qui se chargeront de les faire fructi
fier danscLes entreprises utiles à la prospérité
du pays. - . • '
• Enfin, la société générale agira comme
banque de prêts et surtout comme banque
de reports. Elle prêtera, par l'intermédiaire
et avec la garantie des agejis de change, la
totalité de la valeur des fonds publics ou
des titres de-chemins de fer. Le prix des re
ports avait atteint, depuis quelques mois
surtout, le taux lè plus exagéré. On l'a vu
monter jusqu'à plus de 50 p. 0/0. La société
le fera descendre à ce qu'il doit être dans
l'étarâcTuel du prix de l'intérêt en France. ■■
' Nous devons signaler encore les services
qu'elle pourra rendre au crédit par la facul
té qui lui est attribuée de soumissiqpner les
emprunts publics. La concurrence n'exis-
• tait pas en. fait , dans la soumission des
emprunts. La mise eri adjudication n'avait
lieu en général que pour la forme. Le gou-
-vernement n'avait pas devant lui de compé
titeurs qui se disputassent sérieusement
l'emprunt, pour peu qu'il s'agît d'une som
me considérable. On avait essayé autrefois de
se soustraire à cette situation en constituant
'le syndicat des receveurs généraux. Mais il
n'y avait plus là une puissance financière assez
grande pour l'opposer aux influences qui do
minaient le marché. La société générale at
teindra le but qu'on alrait vainement pomv
suivi; elle créera .un nouvel élément de con
currencent elle deviendra le centre de com-
-binaisons qui, en établissant une. lutte véri
table, assurerontji l'Etat les meilleures con
ditions."
On voit, d'après cela, que la sofciété géné
rale doit remplir un rôle entièrement dis
tinct des établissemens de crédit existans,
Elle .n'empiète pas sur leurs attributions
Elle répond à d'autres besoins, et si elle a
des rapports avec eux, ce n'est que pour les
seconder en les complétant.
Noire principale institution de crédit
celle vers laquelle convergent toutes les au
tres, èst la lianque rie France. • Elle rend
des services de deux-natures: elle escompte
le-papier de commerce,, et elle prête sur
dépôt d'effets publics ou de. titres de che
mins de 1er. Mais, pour pouvoir étendre ses
services de manière à satisfaire a toutes les
nécessités, sans cependant sortir de ses ha
bitudes de prudence, elle a besoin de s'ap
puyer sur des établissemens qui soient ses
intermédiaires vis-à-vis du public et qui lui
donnent des garanties de sûreté de " leurs
opérations.
Ainsi, le comptoir national d'escompte a
été fondé pour faciliter .l'accès de laBan-
3ue au commerçant. La Banque ne prend !
u papier qu'à trois signatures. Le comp
toir national se contente de deux .signatures,
et, après avoir apposé.la sienne, il porte les
effets à la Banque, qui les accepte, parce"
Qu'elle a pour garantie le capital et le crédit
u comptoir. 11 y a profit pour l'un et pour
l'autre : profit pour la Banque, qui accroît ses
opérations sans risque; profit pour le comp
toir national, qui, faisant payer, comme de
raison, le service qu'il rend, bénéficie la dif
férence de l'intérêt entre le taux auquel il
, prête et celui auquel la Banque lui prête à
lui-même. '
La société de crédit mobilier fera, pouf
les, détenteurs d'effets-publics et de titres de
cheiftns de fer, à peu près ce que le comp
toir national fait pour les porteurs d'effets de
commerce. Tandis que la Banque ne prête
lue les quatre cinquièmes des effets, publics
ou des obligations de chemins de fer " et les
trois cinquièmes seulement des actions, la so
ciété nouvelle, comme nous l'avons dit
plus hadt, prêtera, sous la responsabilité des
agens de change, la totalité de la valeur. La
Banque n'avance que 60 ou80fr. sur un
titre cote 100/r. ,à la Bourse,; la société
avancera les 100 fr. Elle empruntera en
suite, sur le dépôt de ces titres, à la
Banque elle-même, qui aura la double
■garantie des titres déposés et du capi
tal de la société. De cette manière, elle
permettra à laBanque d'étendre ses avances
sans avoir rien à redouter, et elle aura èlle*
même tout le bénéfice résultant de la diffé
rence du taux auquel elle prêtera et de ce
lui auquelelle empruntera.
Tout se tient et tout s'enchaîne dans cette
organisation générale de nos institutions de
crédit. Mais ce qui distingue surtout la so
ciété de crédit mobilier, de la Banque de
France et du comptoir national qui n'en est
que l'annexe, c'est le moyen à l'aide duquel
elle se procurera les capitaux nécessaires à
ses opérations. Là se trouve l'idée neuve,
originale et féconde' de la nouvelle institu
tion.
• La société générale, destinée à comman
diter les travaux publics, à intervenir dans
la formation des*grandes entreprises, à prê
ter sur dépôt dé titres/n'aurait pu remplir
son office en procédant comme la Banque de"
France. LaBanque de France;-!}'escomptant
ou ne prêtant qu'à usois mois d'échéance aù
maximum, émet ei né peut émettre que des
billets remboursables à vue. Il n'en poa-
vaitétre de même pour la société générale,
qui doit faire dés* placemens à plus longue
date. La Banque de France fournit à 1 in
dustrie son capital roulant; la société 1 géné
rale doit lui procurer le capital qu'elle utilise
dans la construction des grands travaux.
Elle émettra en conséquence, au lieu 'de
billets remboursables à vu», des obligations,
la plupart à longue échéance, portant intérêt,
et 'dont le -remboursement sera calculé de
manière à coïncider avec l'amortissement
des actions ou des obligations qu'elle aura
en portefeuille.
On comprend que la société échappe ainsi
à tous les embarras qui peuvent assiéger les
banques d'escompte dans les momensde
criste. Elle n'a pas à craindre de voir les por-
teurs_de ses billets se précipiter tous à la
lois dans ses bureaux pour demander leur
remboursement. Les engagemens qu'elle
contracte sont échelonnés de telle façon,"
qu'elle ait des ressources assurées pour y-
pourvoir. Le service doit toujours-se faire-
régulièrement et facilement. ' ' ,
Nous avons entendu quelques personnes,'
qui ne se rendaient pas compte du méca
nisme de l'institution, exprimer des craintes *
* sur ce qu'elles appelaient une nouvelle.émis
sion de papier. C'était, le résultat d'une er
reur. La société n'ajoutera pas à-la masse
des titres en circulation/ Elle remplacera
seulement des titres, appartenant à des
entreprises différentes, pdr des titres unifor
mes qui offriront pkis de sécurité. Ce sera
une substitution pure et simple, et une subs
titution destinée à raffermir le marché ; car
il "n'est pas douteux que les obligations de
la société générale, représentées par de bon
nes valeurs et garanties par le capital so
cial, n'obtiennent faveur et ne soient recher
chées du public.
. Maintenant, quel sera reflet, de cette ins
titution au point'de vue de l'industrie des
travaux publics? Il est évident que les'titres
de chemins de fer, dont le créait sera con
solidé, tendront à prendre et à conserver une
valeur en rapport avec les avantages qu'ils
présentent. Par cela même,qu'ils atteindront
aes prix plus considérables,le tauxde l'intérêt,
s'abaissera. On s'habituera à demander un
revenu moins élevé à ce genre de placement.
On ne voulait pas s'intéresser dans les che-
mips de 1er, à moins d'y trouver un revenu
de 6 ou, 7 0/0. On y entrera en se contentant
de h, 0/0. Quoi de plus juste, de plus naturel,
en présence de l'accroissement progressif
des recettes et de toutes les chances d'aug
mentation que renferme l'avenir ?
Quand l'industrie des chemins de fer, sous
l'influence du mouvement imprimé par la
société du crédit mobilier; pourra se pro
curer des"capitanix à bas prix; toute laF-rftflce
sera bientôt sillonnée de voies de commu
nication aussi nombreuses que celles de l'An
gleterre, surtout si, au lieu de vouloir cons
truire les lignes secondaires comme les lignes
principales, on se décide résolument à l'aire
des railvvays à bon marché. J. Burat.
MM. les députés se sont réunis à une
heure dans leurs, bureaux pour le recense-*
ment général des votes émis sur le plébis
cite proposé par le sénatus-consulte du 7
novembre". ■
Il n'y a point eu de séance publique au
jourd'hui. *
L'ordre du jour de demain annonce la
réunion dans les bureaux pour la continua
tion du recensement:
VOTE DES .21 ET 22 NOVEMBRE
Inscrits
Yotans,
Oui
Non
Ain..
103,946
83.032
81.434
1.234
Aisne.
»•
«
91.092
6.434
Ailier
9:;. 003
1.308
70.633
.483
Alpes (Basses-)..
46.040
39.548
39 323
n
Alpes"(Hautes-),.
»
» ■
26.789
306
Ardècbe.
»
»
27.069
208'
■ Ardennes.......
»
n
73.549
.2.686
Ariège
)ï
»
• 65.804
392
AuVe..
82.838
72.946-
69.934
' 2.333 :
Aude.
»
»
70.516
574
Aveyron....
»
» '
71.451
1.563
Bouo.-du-Rhône.
.100.233
53.025
51.806
2.457
^Calvados .......
140.824
110.476
106.048
3.615
Cantal "...
C2.758
•fÔti87 •
•U. 739
323-
Charente.
11>> .555
8G 838
84.936'
1.211
Charente-Inf.....
142.328
109.676
106.531
2.312
Cher..
84.532
67.772
69.225
1.049
Corrèze..
»
n
69.292
407
Corse
»
».
15.099
4
Côte-d'Or
116.375
!02.21I5
99.100
2.810
Côtes-du-Nord...
163.283
118.079
116.750
1.095
Creuse... v v....
76 .,123.
48!949
-48.259
524
Dordogn'ê'.*.
142:*4t2
113*278
111.485'
1.206
Doubs.
»
65.073
62.616
1.782
Drôme..
96:213
80.565
78.750
1.452
Eure..i.........
128.179
107 176
99.972
6.175
Euve-et-Loir.....
8S.781
69.394
64.321
3/J14
Finistère
139.423
»
108.896
1.29.4
Gard-.;.'.'.*..';..
»
»
83.525
4.388
Garonne (Haute-)
139.598
114.002
110.8-24
2.230
Gars :
»
»
78.053
1.344
Gironde.
177.224
119.435
114.737
3.517
Hérault '...
88:478
87.478
84.716
3.038'
Ille-et-Vilaine...
151.710
110.922,
109.434
1.351
Indre,
76.778
61.001
59.743
904
Indre-et-Loire...
94.000
76.500
74.837 .
.1.332
Isère
154.098
127.235
123.772
2.421
Jura.
86.889
76.942
73.287
2.770
Landes..........
83.805
70.593
69.865
531
Loir-et-Cher
»
»
56.136
2."«52
Loiro
123.000
»
92.385
1.390
Loire (Haute-)...
77.222
58.738
58.435
215
Loire- Inférieure.
141.781
»
76.066
3.477
91.367 78.472
. » 72.784
» '»
"» »
- . .. » - . »•
140.478 118.699
101X00 78.996
»
118.329
91.193
•80.970
113.869
€8.553
295:345
138.042
»
183.407
Loiret ..;...
Lot
Lot-et-Garonne..
Lozère..'...;....
Maine- eULoire.
Manche:.
MiirneT
Marne (Havjte-)..
4* a Xgnne..,..—
. ^«iiirfhe. j-
Sîtuse ;
Morbihian.....-.,
Moselle .....
Nièvre.... -
Nord ;
Oise..;.........
Orne
Pas-de-Calais
Puy-de-Dôme ...
Pyrénées (Basses! »
- Pyrénées(Hautes) »
Pvrériées-Orient. .' »
jRhin (Bas-) 131.164
Rhin (Haut-).... »
Rhône 149.068
Saôue-et-Loire-. . "154.478
Saône (Haute-).... 91.760"
Sartlie 134.754'
Seine. 313.410:
Seine-et-Marne.. • 97.866
Seine-et-Oise ... 137.526
Seine-Inférieure. 206.427
Sèvres (Deux-). : »
Somme 165.647"
Tarn..........• ,- ' »
Tam-et-Garonne 77.238
Var.....; - »
Vaucluse . u
Vendée »
Vienne.- 91.592
Vienne (Haute).. 83.627
Vosges 116.523
Yonne 112.159
.78.990
108.253
82:230
70.488
97.458
74.594
225.446
121.247
»
162.149
»
»
»
1(9.. 296
»
106.990
117.923
86.339
112.027
270.701
84.777
121.847.
»
»
142.178
»
57.920 '
».
»
»
63.208
59.366
99.879
95.788 .
74.774
71.521
83.9S7
33.064
86.912
116.849
90.2-23
131/437
73.400
103.851
79.310
68.006
94.032
• 73.830
216.446
113.362
96.062
157.212
126.041
■.93.304
59.446
37.005
114.683
92.740
95.441
115.620
84.636
108.449
208.658
80.292
113.762
163.745
63.803
138.150
84.772
54.822
'71.367
56.289
59.423
64.074
58.417
96.564
89.772
' 2.934
' 860
2.770
291
2.709
1.703
3.907
1. OGîî
2.949
3V±H
2.251
1.783
1.681
720
7.303
6.445
2.594
3.847
444
748
306
247
3.818
2 841
9.709
1.920
341
2.601
53.753
3.727
6.444
8.570
1.179
3.'711
607
774
868
»
1.430
665
659
2 497
3.973
»
Armée de terre.. .
. Armée de mer..
Total connu....
7.100.270
» 243.123 232.046 *11.077
» 50.754 "47.71$. 2.020
» 7.380.032
Lé chiffre des suffrages affirmatifs est ce
> .soir de
Ce résultat est complet, pour 79 départe-
mens., 7 départemens ont encore des. votes
à fournir, et irreste,
Le secrétaire de la rédaction, i. bonieace.
DEPECHES TÉLÉGRAPHIQUES.
* . Périgueux (Dordogn.e), 25 novembre,
,11 heures d.u soir.
Le nombre des .inscrits a été cette année de
.0,768 en moins, et celui despotes affirmatifs est
resté à 300 voix près au niveau de 1851.1,0 nom
bre des opposans est descendu de 5,603 à 1,206.
Saint-Lô, 2i, 1 h. du matin. ^
Les votes affirmatifs pour l'Empire'dépassent
de 12,24'i les votés affimatifs pour la présidence
décennale. . :
Nîmes, 25 novembre, 4 h. 1/2.'
En 1852, il y a en en plus, sur 1851, 13,300
suffrages affirmatifs, et en moins 14,487 suffrages
négatifs.
• -■■■:-■■ Montpellier, 2? novembre.
Au 20 décembre dernier, l'Hérault donnait
59,284 suffrages en faveur du plébiscitent 14,145
contre lui. Aujourd'hui, les votes affirmatifs sont
au;nombre de 84,710, les votes négatifs au nom
bre de 2,038; plus, 784 bulletins nuls.
Le parti rouge a voté affirmativement presque
à l'unanimité. Les abstentions et les votes négatifs
appartiennent en grande partie aux légitimistes.
,Jue résultat obtenu indique quelle immense amé
lioration' a éprouvée l'opinion publique dans ce dé
partement. '
Màcon (Saône-etrLoire), 26 novembre.
Le vote pour l'Empire a réuni 33,789 oui de
plus qu'en 1848 et. 8,011 oui de plus qu'au 20
décembre. "
Les non ont décru dans la même proportion
que les oui ont augmenté..De 32,547, en 1848, le
nombre en «st descendu l'an dernier à 8,225 et il
n'est plus que de 1,920 contre l'Empire.
Il est encore à remarquer que l'élection ac
tuelle est celle qui présente le moins d'abstentions.
faits electoraux. ,
- Le journal la Bretagne résume ainsi le .vote du
département des Côtes-du-Nord :
« Àu mois de décembre' 1851, le prince Louis-
Napoléon avait obtenu dans notre département
109,000 voix. Aujourd'hui ce même département
lui en donne plus de 116,000. '
Dans le département de la Drôme,le nombre des
* Co chiffre représente
mais aussi les nuls ou doutées
non
x
seulement les non,
oui s'est accru de 15,012, comparativement, au
vote du 20i décembre, et celui des non a diminué de
8,761. Très certainement, c'est un des dépar
temens où s'est opéré le retour d'opinion le plus
décisif. «Un pareil résultat, sur lequel-est em
preint d'une manière si visible le dôigt de la Pro
vidence, nous dispense, dit l'Echo de la Drdme,
de toute réflexion. » \
— La Cûte-d'Or .offre.ee curieux rapprochement
de* chiffres : 10,771 oui de plus qu'en'
10,286 non de moins. -
. — Nous pouvons constater un résultat analogue
pour le Bas-Rhin": il y a eu pour l'Empire 8,843
oui de plus et" 5,726 non de moins qu'en 18"> 1.
— Le mouvement de progression des votes dans
la Meurtlie est aussi bon à enregistrer :
. Oui Non
10 décembre 1848... 74.872 21.886-
20 décembre 1851... 101.968 " 5.137
< 22 novembre 1852... 103.851 3.530
— Le nombre des- suffrages affirmatifs dans. la
Haute-Vienne s'est accru en 1852 de 3,150, com
parativement au vote du 20 décembre. Les votes
négatifs ont pour ainsi dire disparu ; ils sont des
cendus de 4,902 à 659.
On .a le résultat presque complet du Jura;
l'augmentation des votes affirmatifs est de 12,955
sur l'an dernier. , , .
— Le 24, dit l'Echo de Vèsone, il restait à- con
naître, -à Périgueux» le" chiffre de 321 communes,
et,l'on avait déjà 8,321 .oui de plus et 2,186 non
de moins^qu'en 1851.
Lès campagnes ont couru au vote avec un en
thousiasme dont on peut juger par le récit de ce
journal :
«On a vir des vieillards centenaires et infirmes,
n'ayant pas quitté leur .demeure depuis trente
ans, se faire transporter péniblement, à travers
un temps affreux, 'au chef-lieu de leur commu
ne, pour déposer d'une main défaillante leur bul
letin en faveur de l'Empire, et se retirer en criant
d'une voïx-brisée par l'ftge et couverte par l'émo.-
tion: Vive l'Empereur !
Dans plusieurs localités, le vote de l'Empire
a-été accompagné ët suivi de réjouissances publi-,
ques.- Après la proclamation du scrutin, les popu
lations, ' ayant leur maire en tête, se sont trans
portées à "l'église malgré la nuit, éclairant avec
desflambeaux le buste de Lonis-Napoléon; là, elles
ont prié le curé d'entonner le chant du Te Deum,
répété par tous les assistans, ivres de boiilieur et
d'espoir. •
» Dans une autre commune, les électeurs, dont
l'enthousiasme comme partout ailleurs n'avait pas
de bornes, ont voulu, nous écrit-on; s'identifier à
leur manière avec leur élu. Ils ont brûlé les bul
letins, et, après en avoir recueilli la, cendre, ils
l'ont déposée dans un certain nombre de verres
remplis de vinque l'on se distribuait, et que cha
cun s'empressait de vider en' criant : Vive notre
noutiel empereur!
» En présenee de cet entraînement des masses
vers le nouvel ordre de choses qui va nous régir,
nous aimons à croire que la Providence a pris
enfin pitié de nos malheurs, et qu'elle ijous don
nera un avenir prospère et paisible, payé bien
cher, hélas ! par les tristes épreuves de soixante
ans de révolutions. »
— On écrit de Brest :.
-« Toute la marine a voté à l'Arsenal : jamais
vote n'a été plus exempt d'influences de toute es
pèce et n'a présenté une adhésion, aussi unanime
et aussi loyalement exprimée. Toutes les disposi
tions étaient prises pour que tous eussent la pos
sibilité d'apporler.leur bulletin dans l'urne. Quoi
que le jour du vote fût le lendemain de la paie
des ouvriers, le petit nombre de ceux qui étaient
absens «au moment du vote a été remarqué.
» Aux dernières "élections, l'on comptait à Brest '
15,882 électeurs : 4,843 ont voté par oui, 944 par
non, 22 bulletins ont été annulés. Aujourd'hui, il
n'y avait que 4,344'électeurs inscrits (les employés
de l'Arsenal ont voté séparément). Sur ces 4,344
inscrits, 3,584 électeurs sont venus voter : 3,308
par un oui, 246 par non , 30 voix ont été déclarées
nulles. Cet empressement dans une ville dont la
population est froide et réfléchie ^st très remar
quable.
» Dans le reste de l'arrondissement, sur 70 com
munes, 49 ont voté par oui à l'unanimité, et 10
par oui à l'unanimité moins une voix,- dansxlia-
cune de ces communes. » • ' ,
— Le3 votes de l'Ouest sont des plus remarqua
bles. Ceux de la Loire-Inférieure dépassent d'une
manière importante les résultats du mois de dé
cembre 1851. Les nouvelles de la Vendée ne sont
pas moins bonnes, et les oui sont surtout considé
rables dans le Bocage. Ces faits obtenus dan3 des
départemens où les opinions légitimistes comp
taient des adhérens nombreux, rapprochés de ceux
que nous avons déjà signalés dans les départemens
où la démagogie, comptait le plus de partisans,
montrent quelles conquêtes a faites en un an le
gouvernement de Louis-Napoléon.
— On écrit de Digne, 25 novembre :
« Le pays est dans la joie ; l'on se prépare dé
tous. côtés à célébrer l'Empire, dimanche
chain,.par des réjouissances, qu'un temps al
a interrompues le 21 et le 22. »
—-Le département du Loiret est un de ceu\ êèç'--/
il a été fait le plus d'efforts pour éloigner \
électeurs du scrutin. Le résultat n'a'-pas réfion.
à l'attente des meneurs. Le chiffre aesvotans
bien diminué de 2,000' environ, mais ces 2,000
voix manquent justement au chiffre~des non.* Le
rjiiffrç. des nui s'est, maintenu à la môme hauteur
qu'il y à un an, à 2 (38 près'.'""
« Rien n'èst éloquent comme des chiffres, dit'
le Journal du Loiret, et nous pouvonsûiire que'
ceux de l'élection - , dans notre départebnt, ont
dépassé les prévisions des partisans deTEmpire.,
■ » Dans 91. communes du département; fr y a eu*
l'unanimité des votes en faveur du rétabiisseipent.
de l'Empire. • •
» Dans 1.43 communes,les votesontétéégalement
unanimeSj ûe l à 5 voix près.
. —Au dernier scrutin pour l'Empire,un paysan
demande un bulletin à un électeur lettré. Celui-ci
l'écrit et le remet au cultivateur, qui, ne voyant,
.pas l'imprimé que déposaient les autres électeurs,
prie qu'on lui lise ce qui a été écrit. On lui lit :
Oui, Napolépn III, Empereur . Le paysan de s'é
crier : « Trois empereurs* c'est trop ; je n'en veux-
qu'un tout seul. » (Trëi amperours, qu'ey trop !
N'en voli, mas un tou soul.') ' (Echo de Kesone.),
' -- Dans l'urne d'une petite commune rurale de
la Dordogne, on a trouvé un bulletin qui portait :
* ■ Eliamsi ojnnes, ego NON.- j-.
Voilà du latin bien employé..
La discussion de la motion de M. Villiers
a recommencé jeudi soir au sein de la cham
bre des communes. Elle s'est compliquée
d'un sous-amendement que sir James Gra-
ham a présenté à l'amendement de lord Pal-
merstôn, et elle a dégénéré en une confusion
inextricable. Il ressort du discours de sir Ja
mes Graliam, que la motion de M. Villiers
a eu plusieurs éditions. On s'était arrêté,
d'abord à une rédaction assez bénigne afin de'
gagner lesToirdonteuses.
Le ministère ayant annoncé l'intention de
ne pas combattre la motion et de laisser
l'opposition la discuter et la voter en famille,
on s'est attaché à donner à la mo tion une tour
nure blessante qui la rendît inacceptable
au ministère. C'est alors que M, d'Israeli a
présenté à son tour un amendement qui, en
laissant intacte la déclaration de principes,
faisait disparaître les expressions que ses amis
ne pouvaient accepter. Gomme il y a dans la
chambre des communes beucoup de mem
bres nouveaux, qui n'ont point d'engage
ment, et qui ne voudraient pas prendre
la responsabilité de renverser le ministère
au début même de la session, l'amende-r
ment de M. d'Israeli avait au moins autant de
•chances de succès que la motion de^VI. Vil
liers. C'est alors que lord Palmerston est in-.
teVVenu avec une rédaction intermédiaire.'
dont le succès était d'autant plus certain,
que son adoption n'entraînait d'échec pour
personne que pour M. Villiers et les libre-
ecljangistes exaltés. C'est la cause de ceux-
ci que sir James Graham a prise en masà
jeudi; il a trouvé à son tour la'rédaw>"
tion de lord Palmerston tr
la mémoire de sir Robert Peel, il a récla
mé l'intercalation de deux ou trois mots "
pour rassurer tout à fait les libre-échangis
tes absolus.
Lord-Palmerston, par.esprit de concilia-,
tion, a accepté ce sous-améndement, qui'
détruisait en partie la signification de sapro-*
Ere rédaction, et il a ajouté ainsi aux em-
arras de la chambre des communes. A'
force de ne vouloir blesser personne, on ar
rive à ne pins savoir sur quoi l'on discute et
ce que l'on doit voter : et le plus clair, c'est •
que .le parti le plus assuré d'e tre battu, c'est
celui qui tiendra à avoir lé sens commun
et à faire voter une rédaction qui se com
prenne et qui ait une signification quelcon
que. Celui-là sera taxé d'intolérance, il aura
tous les incertains contre lui, et il paiera les
frais de la guerre. La discussion a été ren r
voyée à la séance du vendredi. .
CUCIIEVAL-CLARIGNY.
DÉPÊCHE TÉLÉGRAPHIQUE.
Suite et fin de la séance de la chambre des
communes dit 25- novembre.
Après Je discours de lord Palmerston, qui a en-
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL. 27 NOVEMBRE.
RENÉE YARYILLE*.
- XTV:
. DÉV0UMENT D'ïVONNE.
Yvonne était donc sortie de l'hôtel de la
marquise dé Varville,'rue de Joubçrt; mais
elle en sortait sans connaître une rue de Pa-,
ris,» sans savoir la demeure de celle qu'elle
allait chercher, bien plus, sans savoir son
nom : car elle présumait bien que si c'était
en effet sa sœur, ce n'était pas sous le nom
de Loïse Patou qu'elle promenait son élé
gance et ses séductions dans la capitale.
Mais Yvonnaavait employé toute son adresse
inutilement auprès des gens du marquis ;
ils avaient trop à se louer de la générosité
de leur maître, pour trahir ses secrets avec
une des femmes de Madame. Il ne lui avait
pas mieux réussi de suivre la voiture, et,
.dans toutes ses pérégrinations, e\le n'avait
.appris 'qu'une chose, c'est .qu'il existait à
Paris une rue Notre-Dame-de-Lorette et un
[quartier Breda/q-ui offraient quelque chance
.de rencontrer des beautés plus connues par
leurs grâces que par leur vertu. .
Yvonne visita donc cette rue et ces quar
tiers suspects. Elle, s'y promena, elle exami
na les maisons, leurs portes et leurs fenê
tres. Cela n'avança pas sùh entreprise, et sa
grosse figure, avec sa -fraîcheur de village,
Jui valut bien des attaques.de la part des
habitués dé ce .pays. Elle y fut souvent en
hutte à d'audacieuses rencontres ; mais
.Yvonne n'était pas fille à se déconcerter
pour un motjeste ou grossier; c'était une
robuste, vertu de campagne; une de ces
filles du peuple, qui peuvent être sages
sans être innocentes, Les propos qui font
rougir une jeune femme légère n'effarou
chent point une vertueuse paysanne. Le
peuple dit les choses crûment et n'en vaut
ni plus ni moins pour cela. ,
Yvonne avait l'esprit bourguignon, donc
Ja riposte, prête, et quand un vieux, ayant
» La j-eprojJuetioa est interdite.
déguisé sa vieillesse de façon à croire qu'il
l'avait cachée, lui disait, en passant, quelqu.es
gaudrioles sur sa naïve fraîcheur, elle i"é-
p'ondait :
— Taisez-vous, mon vieux! Faites péni
tence de vos péchés passés; il n'est plus de
votre âge d'en faire d'autres. ,
Puis elle repoussait les jeunes en leur
criant :
— Halte-là, blancs-becs! quanti les pou
lains veulent s'émanciper trop tôt, on les
renvoie auprès de leur mère à coups de fouet.
Ou bien elle en faisait taire d'autres par
ces paroles:
— Voyez donc le beau Monsieur qui s'of
fre! Est-ce qu'il croit qu'on cherche des bê
tes "curieuses? ;
Ainsi la solide vertu d'Yvonne arpentait
fièrement le pavé avec une bonne artillerie
de grosses épigrammès pour se.défendre, et
au coeur un vif dévoùmeut pour se guider.
' Elle profita des écriteaux d'appartemens
à louer pour entrer dans quelques maisons,
et crut un moment Stre sur Ja voie de.ee
u'elle cherchait. C'était dans, le logement
'un jeune peintre qui déménageait. Elle
aperçut un portrait dont la ressemblance
avec sa sœur lui fit jeter un cri de surprise.
C'était elle! La petite marque près de l'œil
gauche,la singulière expression de ses yeux,
tout y était. Mais quand elle s'informa du
modèle:
— Quesais-je ? dit le peintre avec humeur.
Celle qui l'a fait faire, Il y a trois mois, me
l'a laissé sans le paVer, et je n'ai pu ni la re
trouver, ni retrouver le jeune homme qui
l'amenait et qui m'a aussi laissé le sien.
Yvonne jeta leg yeux sur le portrait du
jeune homme. Ce n ctait pas le marquis de
Varville! .
Cependant elle ne se découragea pas.
— Si j'ai trouvé l'iiîiage, je trouverai bien
la réalité! dit-elle en se remettant en mar
che !... ••..
• Que faisait Renée pendant ce temps-là ?
elle avait passé une nuit pénible et. agitée ;
de courts instans de sommeil, loin de la re
poser, lui avaient montré mille images fan
tastiques et cruelles : elle croyait entendre
d'ameres paroles entre Maurice et Théodore;
c'étaien t des soupçons contre elle, des erain tes
pour eux. Puis, c'était le départ dé^Théodore;
les vœux éternels ! Elle y assistait tremblan
te, le cœur déchiré, et s'éveillait toute en lar--
mes. Ensuite, ç'étaient les exigences de la
famille et de la société, les susceptibilités,
les propos malveillans, et, quand elle fut
levée;,'toutes ces idées -troublaient encore
son esprit et ajoutaient à l'apxiété qu'avait
laissée une nuit d'insomnie, lorsque, vers
midi, on .lui annonça la visite de la mar
quise de Fontena'y-Maréuil !
Il fallait une circonstance importante pour
que la marquise, à son âge et dans ses habi
tudes, vînt ainsi chez une jeune femme..
En effet, cette vieille amie de la famille,
qui avait été consultée sûr..le marjage de
-Renée, et qui l'ava;t accueillie avec intérêt
à son arrivée à Paris, venait la trouver, par
ce-que, la veille, elle avait.reçu cette lettre
du grand-père de Renée, son ami de cin
quante ans: .
« Chère marquise,
» J'ai recours à vous; j'invoque du fond
» du cœur notre vieille amitié et vos lumiè-
» res si justes en. toutes choses : car, depuis
« quelque temps, j'éprouve une mortelle
» inquiétude dont vous, seule pouvez me
» tirer. ...
a Ma chère et charmante enfant, ma Re-~
b née, est-elle donc en effet aussi màlheu-
» reuse qu'on me l'écrit? Son mari a-t-il
"» donc été réellement insensible à tant de
» grâces et de vertus? Et s'est-il remis à vivre,
» hors de chez lui, avec" une femme qu'il'
» connaissait avant son mariage ?
» Si j'en crois ce quj' m'est rapporté,
» Mme de Savigny n'aurait marié son neveu
» que pour essayer de l'enlever à l'influence
» funeste de cette malheureuse. Elle l'au-
» rait pris dans'un moment de dépit et dêT
» maladie; il se serait laissé marier; puis,
» cette influence, à laquelle on aurait voulu
» le soustraire, a repris toute sa force.
» Renée, dit-on, ne le voit pas;'aucune in-
» limité n'existe entre, eux ; elle n'est sa
» femme que de nom, et le seul droit dont
.il use est celui de disposer de sa fortune
» pour sa maîtresse.
. » Voilà ce que j'ai bien, des raisons de
» croire certain.
. » Voyez, assurez-vous, chère marquise !
» et soyez assez bonne pour ne me n'en ca-
en étaient j »
*» cher de la vérité. Si les choses
» à ce point, na vaudrait-il pas mieux que
» ma pauvre enfant revînt, près de moi,
» reprendre sa joyeuse et douce existence,
» .que de rester à Paris, san^Un appui né-
» cessaire à son âge, au milieu d'un monde
» qui lui est inconnu, ayant sous les yeux
» les exemples de vices qui souilleraient son
» imagination si candide? Puis, ne dois-je
» pas aussi veiller à ses intérêts "et deman-
». derau moins une séparation de biens', afin
4 que la fortune de Renée ne serve pas à
» alimenter les folies de son mari ?
» On dit que ces folies sont fort com-
» munes à notre époque. Les hommes
» riches de l'ancien régime (comme-ils
» disent ), qui ne veulent pas se ralta-
» cher au nouveau, jettent leur vie dans
» des désordres' absurdes, sous ^prétexte
» des mœurs régence . Mais si nos pères
» étaient parfois trop occupés de leurs plai-
» sirs, il me semble que cela ne leur a'pas '
» assez bien réussi pour donner à nos en-
» fans l'envie de les imiter. Les vices de la
» noblesse ont mené plus\d'une noble tête
» sur les échafauds de la révolution* Si nous
» avions eu l'épée au poing au lieu de la dé-
» poser dans les boudoirs, la révolution que
» nous avons nous-mêmes désirée, se serait
» arrêtée quand nous l'aurions voulu. Les
» gens éclairés (et_qui étaient parmi .nous),
» auraient réformé les-abus et n'eussent
» pas laissé le peuple maître; car on doit
» agir pour lui, et non par lui. -
» Mais il paraît que le bon sens'a déser.té
,» la France, et jadis nous en avions jusque
» dans nos plaisirs. Les folles parties avec
» ces femmes sans éducation, c'était un ex-
» /radont on se cachait; on ne faisait pas sa
» société habituelle de cette mauvaise com-
» pagnie. Cela finit par abrutir, et nous vou-
» lioiis avant tout rester des hommes d'es-
» prit èt des hommes bien élevés... Il paraît
» que ce n'est plus ça.
» J'ai qpnnu Marcilly, qui vit ainsi, malgré
» ses cinquante-cinq ans sonnés. Il a vendu
» ses. derniers domaines il y a déjà Iong-
» temps ; je lé sais : c'est moi qui les ai
» achetés, et ils font partie de la aot de Re-
» née; je ne,me soucie pas de voir leur va-
» leur reprendre te meme route, et d'être
» obligé de les acheter une seconde fois. Ce
serait bien possible pourtant, car le mar
quis de Varville a fait demander au notai
re du pays de lui trouvef soixante mille
francs dessus d'ici à huit jours.
» Le notaire prétend au reste qu'à Paris
la plupart des jeunes gens agissent com
me le marquis, et que rien n'est plus fré
quent que les mariages comme celui de
Renée... Toute la province s'émeut, parle,
babille, ajoute à ces mauvais bruits sur
M. de Varville.' On m'en veut d'avoir pris
un • mari pour Renée hors de ce pays et
dans ce Paris qu'on envie et qu'on déteste
ici.
'» J'avoue que je m'en voudrais à moi-r
même-éternellement si ma pauvre chère
belle était malheureuse. Sans ma goutte,
je serais parti malgré mon âge ; mais j'en
ai un terrible accès depuis que j'ai appris
tout cela. C'est une colère rentrée. Rendre
malheureuse la perle de notre province,
cette enfant, qui a la beauté d'une fem
me, l'intelligence d'un homme et les ver
tus d'un ange ! Oh 1 c'est affreux ! Mais il
n'a donc pas d'yeux, pas de raison,.pas
de cœur, ce marquis de Varville ! Et cel'a
pour....
» Je termine, chère marquise, car je fini
rais par dire ouplufôt écrire quelques sot
tises, tant, le sang me monte à la tète,
eh pensant que ma Rénée est' peut-être
à présent à pleurer en se disant : — Quel
mari m'a donc donné là mon bon .père,
lui qui m'aimait tant?
» Aussi bien, je souffre en ce moment des
douleurs de goutte à ne plus pouvoir te
nir ma plume.
» Mais dire que je n'ai pas eu l'esprit de
deviner que Mme de Savignyme tuompait
sur son neveu! Est-ce que (juand j'ai vu
son visage pâle, blême et dédaigneux, à
ce marquis, je n'aurais pas dû m'en dé- •
fier? Puis,, donner à ma Renée de seize ans
un homme qui n'a plus de cheveux ! Ah !
je ne me pardonne pas cela !. :.
». Vous me permette*;, n'èst-cepas, chère
niarquise, de vous ouvrir ainsi tout, mon
cœur, et de vous dire que vous êtes ma
seule espérance dans mon chagrin.
» Le baron de Tauert. »
Avant de montrer cette lettre à Renée,
la vieille dame prit la belle enfant par la
main, la baisa au front, l'approcha de là
fenêtre et la regarda.
■ — Je viens ici, ma belle, dit, alors Mmé
de Fontenay-Mareuïl, pour' tout savoir.
Voyons... voilà des yeux qui ont pleuré !
voilà des joues de seize ans qui sont trop pâ
les pour leur âge !... Ôh !- je sais bien que
vous n'êtes;pas commeGabrielle, de race nou
velle et robuste ! que vous n'avez pas ce
sang vigoureux qui donne une surabondance
de vie I Vous êtes d'une noble race, qui, du
temps des croisades, valait bien l'antre, au
moins, mais qui.s'est étiolée dans les salons
dans les folies de la Régence et autres et
maintenant c'est faible, c'est chétif; Ma
bellerfille a la tête de plus que vous, petite •
mais \pus n'en êtes pas .moins- ufte jolie
femme," bien faite, bien intelligente, bien
bonne, et il faut que'vous soyez heureuse.
Renée, d'abord interdite de l'examen de
'sa vieille amie, commença à se remettre, et
se sentit attendrie par l'inflexion caressante
avec laquelle la marquise continua :
— Ma. toute belle, vous me rappelez ma
fille, la mère d'Yves, pauvre 'enfant morte
bien jeune 1
La marquise, émue à ces mots, s'appuya
contre u^ siège et s'y laissa glisser au mi
lieu des coussins.
Renée vit un'e larme dans ses yeuxi Atti
rée- par ' cette émotion, elle se baissa vers
.Mme de Fontenay-Mareuil, et, pour arriver
à son visage, s'agenouillant à ses pieds> elle-
resta quelques instans sans rien dire, lè
cœur gros de toutes ses peines,, renfer
mées si long-temps qu'elle éprouvait le be
soin de les laisser s'échapper. Alors, jetant
ses bras autour du cou de là seule personne
qu'elle eût trouvée capable de tout compren
dre et de tou.t sentir, de tout conseiller et
de tout taire, elle la pressa avec une indici
ble tendresse contre son cœur, en disant ;
— Aimez-moi comme cetté. fille que vous
ajez perdue, et priez le ciel que je meure-
jeune aussi, pour.cesser plus vite de souffrir I
Alors cette bonne et vieille anlie pressa
l'enfant de questions, et Renée ne cacha ni
la tristesse que lui donnait le monde, ni les
"difficultés de la vie intime^ ni l'impossibilité
de trouver dans sa famille de véritables af
fections : enfin tout ce qui lui serrait le cœur,
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