Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-11-28
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 novembre 1852 28 novembre 1852
Description : 1852/11/28 (Numéro 333). 1852/11/28 (Numéro 333).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k669845w
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 333.
V.
BVllMIIï: rae^de Valais (Palais-Royal), »' l«r
1852. - DIMANCHE 28 NOVEMBRE.
ssa
Prix de l'abosBeffleet.
DBPAHTsmsns :
16 FA. POUR TROIS MOIS?
PAEUS :
13 FR. POUR TROIS MOIS.
UN NUMÉRO : 20 CENTIMES;
rooa les pays étr^ngbrs, s e réporter au
tableau publié dans le journal, le* 10 et
S5 de chaque mois. .
Toute lettre non affranchie sera rigoureusement re
Les articles déposés ne sont pss rendus.
JOURNAL POLITIQUE, IITTÉMIBE, UNIVERSEL.
On ^abonne, dam les départerruns, aux Messegeries et aux Directions deptdu—A Londres, chtz MM. C owie et fils.
— A Strasbourg, chez M. A lsxankre ,/?r*r CAllemagne..
S'adresser, franco i pour l'administration}
à Ht dbnainj directeui}
Les annonces sent reçues chez M. PANIS, régisseur, 10, place de la Bourse,
et au bureau du journal -
RENÉE DE ViBTlLUE, de JH-* W-
CELOT, sera terminée le S déccrn-
jbre.
JLe Constitutionnel commencera
immédiatement. après la publlca-:
tion des ouvrages dont les titres
suivent:
LE.
PASTEUR D'ASBOURN
far ALEXANDRE DUMAS.
QUATRE VOLUMES.
LE DÉPITÉ D'ARCIS
Par fen H. DE BALZAC.
QUATRE VOLUMES.
line Femme compromise
PAR EUGENE GUIXOT.
' -UN VOLUME.
Ces trois ouvrages sont entre
|es mains de l'administration dn
journal. Elle s'est' en outre assn-
ré par des traites le concours des
écrivains les pins aimés .dn public.
Tons les noms illustres de la litté
rature viendront, l'un après l'antre,
prendre place dans le feuilleton dn
Conslitutiottnel, et lui donner, par
leur collaboration, autant d'éclat
fine de variété.
PARIS, 27 NOVEMBRE*
La grande et pacifique transformation que
les suffrages du.peuple viennent d'accom
plir en France, inspire aù Moniteur des ré
flexions que nous reproduisons tout entiè
res. Il n'est besoin d'aucun commentaire
pour en faire ressortir l'importance et l'in
térêt.
Le journal officiel, après avoir constaté
que c'est le suffrage universel qui a détruit
la république* et que c'est sous l'inspiration
de ses besoins bien compris, de s<îs habitudes
traditionnelles, et avec le sentiment de ses
vraies destinées, que la France estrevenue àla
monarchie, récapitule les grands services
par lesquels Louis-Napoléon a mérité de re
lever le trône ds son glorieux prédécesseur.
Nous nG suivrons pas le Moniteur dans
cette énumération de faits que nous avons
enregistrés à mesure qu'ils se produisaient.La
France vient de montrer par ses voles qu'elle
n'a rien oublié de_ce qui a été fait pour elle;
Les chiffres du scrutin sont un témoignage
assez éclatant de sa reconnaissance. Mais le
programme que trace le Moniteur des pre
miers actes du nouvel Empire, est de nature
à ajouter à l'enthousiasmé et à l'affection
populaires. ,
La clémence est, pour une ame élevée, le
plus précieux attribut de la souveraineté. Il
est done naturel que la pensée du nouvel
Empereur se soit portée tout d'abord vers
sa plus belle prérogative. Quelles que soient
les nécessités de là politique^ et quelques
conseils que donne encore la prudence, tou
te la nation s'associera de cœur, comme
nous, à l'initiative généreuse de Louis-Na
poléon qui, pour sapàrt de la joie générale,
réclamé avant tojit le droit de faire quel
ques heureux de plus.,Qu'au milieu de l'en
thousiasme national, les bénédictions de
quelques mères, là reconnaissance de quel
ques orphelins s'élèvent vers l'élu de la
France : ce sont là, pour le règne qui com
mence, les plus favorables auspices.
Des mesures en faveur des classes pau
vres et souffrantes sont aussi annoncées.
C'est la seconde partie du discours de Bor
deaux qui va recevoir, à son tour, son
exécution. Par la réduction de l'armée ,
Louis-Napoléon a donné des gages à la
paix matérielle : il v^ travailler désor
mais à la paix nuation de cette politique prévoyantaxt^ér
néreuse qui désarme les liaines. en allégeant
les souffrances et qui réconcilie les ames
en ouvrant à tous la voie du travail et de
l'émulation. Jadis les souverains, en pre
nant possession du trône, faisaient jeter à
la foule quelques pièces d'or; Louis-Na
poléon, pour don de joyeux avènement, sait
trouver mieux que d'éphémères et infécon
des largesses. Le peuple saluera avec bon
heur une législation protectrice dés pauvres,
qui, en respectant tous les droits, fera la
part de la souffrance. C ucheval- C larigny.
On lit dans le Moniteur :
« La France donne au monde un magni
fique spectacle. Il est beau de voir ainsi tout
un grand peuple, animé d'une même pen
sée, se réunir pacifiquement sur tous les
points du pays, et manifester sa volonté
avec cette dignité et cette résolution qui
conviennent à sa souveraine indépendance.
Rien n'est plus admirable que l'empresse
ment de ces populations, bravant des pluies
torrentielles pôur aller déposer leur vote ;
rien n'est plus touchant que le dévoûment
de ces nobles débris de nos armées, de ces
hommes infirmes, paralytiques, qui se font
porter au scrutin.
» Trois fois énquatre ans^ la France a été
convoquée à cette imposante solennité, et
chaque fois elle a voulu donner au chef de
l'Etat des témoignages d'une affection plus
vive et d'une confiance plus entière. Aujour
d'hui elle y met le comble en lui décernant
l'Empire.
» Depuis le- commencement du siècle, la
nation n'avait pas été appelée à délibérer sur
la forme de son gouvernement ; elle vient
de se prononcer en pleine connaissance de
cause. Désabusé jar une nouvelle et der
nière expérience des espérances trompeuses
dont on l'avait bercé, le peuple s'est servi
de l'instrument même~ que la République
avait mis en ses mains, pour la renverser;
le suffrage universel.a détruit la République.
» Il ne pouvait en être autrement. ; Rien
n'est juste, comme le bon sens de tout un
peuple, rien n'est fort comme sa volonté.
Consulté sur ses véritables intérêts, il n'est
pas possible qu'il les méconnaisse long-temps,
et qu'avec le sentiment de sa force il n'é
carte bientôt ce qui leur est contraire, pour
y substituer ce qui peut le mieux les ser
vir. La France n'a pas tardé à se convaincre
qu'une nation de 3(> millions d'hommes, avec
ses intérêts si nombreux et si divers, avec
ses habitudes et ses mœurs, avec sa place
dans le monde, ne pouvait s'accommoder
des agitations, des incertitudes et des dan
gers du gouvernement républicain; c'est
pour cela qu'elle a décidé, sans colère et
sans récrimination, mais avec on calme im
posant et un admirable ensemble, qu'elle
voulait être gouvernée par le pouvoir d'un
seul, et que ce pouvoir, pour être à l'abri
des orages, serait héréditaire. '
» Ainsi la France veut la monarchie ; et.
pour quiconque interroge sans prévention
son histoire, même la plus récente, il est
hors de doute qu'elle n'a jamais cessé de la
vouloir, parce qu'elle n'a jamais cessé de
comprendre les conditions nécessaires de
son organisation et de sa vie.
» Mais pourquoi choisir la monarchie im
périales? pourquoi la .France veut-elle réta
blir la dynastie de Napoléon ? Cette nation,
qu'on dit si légère, a plus de suite dans ses
idées et de constance dans ses volontés que ne
le pensent ceux qui la jugent^superficielle
ment. La France veut la dynastie de l'Empe
reur, parce qu'elle l'a déjà voulue au'com-
mencement du siècle, £t qu'elle l'a ainsi mar
quée d'un caractère national; parce qu'après
l'avoir vue à l'œuvré, elle a pu se convaincre
que cette dynastie est la seule qui réponde
sans exclusion à ses intérêts, à ses instincts
comme aux légitimes " conquêtes de la ci
vilisation moderne ; parce qu'enfin, comme
l'a dit le nouvel Empereur, il y a entre la
dynastie impériale et la nation une indis-
•sôlubld'-èGRiiminauté -der scntitnelfg^St de
gloire.
» Depuis la chute de l'Empire, la France à
essayé dè deux monarchies; malgré les avan
tages de la paix dont elles l'ont fait jouir, tou
tes deux sont tombées devant les souvenirs du
peuple. C'est en vain que des hommes politi
ques, des écrivains considérables se sonteffor-
cés d'établir une différence profonde entre la
branche aînée et la branche cadette, et de
présenter cette dernière, comme la consécra
tion des principes de 89 : le peuple, qui n'en
tend rien aux subtilités politiques, n'a pas
compris ces distinclions; il a persisté à con
fondre les deux branehes d'une rçiême fa
mille dans une commune origine, qùi lui
rappelait à la fois ses malheurs et un régi
me dont il-ne yeut plus.
. » Dans sa pensée, l'Empire est"le règne de
l'égalité et la protection de tous les intérêts;
c'est la démocratie avec la force et la hiérar
chie du pouvoir, avec l'ordre dans le tra
vail, la sécurité des épargnes, le respect de
la religion, la gloire du passé, la prospérité
à l'intérieur et la dignité au dehors. Aujour
d'hui l'Empire, c'est la paix; la paix active,
féconde, aspirant aussi à de glorieuses con
quêtes, mais dans la noble carrière des scien
ces et des arts, où chaque victoire est un
bienfait pour l'humanité.
» Le peuple a pu, malgré son bon sens, se
laisser un instant éblouir par de séduisantes
utopies : grâce à la sagesse de celui qu'il
avait pris pour chef, il n'a pas, tardé à reve
nir de ses erreurs. Louis-Napoléon a su dé
truire l'influence dangereuse du socialisme,
en marchant résolument dans la voie du
progrès,' et en réalisant ce qu'il y avait de
généreux et d'applicable dans les vœux des
véritables amis du peuple. Avant tout,
et daiip l'intérêt de , tous., il fallait rétablir
l'ordre, ranimer le travail et la confiance,
réveiller le sens moral, rappeler au respect
"de la religion et de la loi, relever l'autorité
et la dignité du pouvoir; il fallait achever nos
chemins de fer, abaisser le taux de l'intérêt,
rendre l'administration plus facile,, en la dé
centralisant ; il fallait réduire l'armée et as-r
surer le sort du soldat; il fallait que la
justice fût mise à la portée du pauvre ; que
l'ouvrier eût la vie à bon marché, des loge-
mens salubres, des épargnes et du pain pour
«a vieillesse; il fallait aux campagnes l'allége
ment de l'impôt foncier, des capitaux qui
permissent à l'agriculture d'améliorer le sol
et d'éteindre ses dettes; il fallait enfin un -
ensemble d'institutions qui eussent le double
avantage d'être utiles à tous, sans nuire aux
intérêts de personne. Est-il un seul de . ces
besoins dont l'élu de la nation ne se soit sé
rieusement occupé, et dont il n'ait garanti
la satisfaction avec cette sûreté de tact et
cette vigueur de décision que, depuis'long
temps, la France ne connaissait plus ? <
» Voilà pour le passé. Quant à l'avenir, le
programme de l'Empire, Iracé d'avance dans
le discours de Bordeaux, vient d'être confir
mé par le Message au Corps Législatif. Placé
par son origine et ses antécéden's bien au-
dessus des partis, le nouveau gouvernement
saura allier la modération à la fermeté, et
sera constamment appliqué à féconder les
grands intéicts que l'intelligence enfante et que
la paix développe. Celui que la France vient
de couronner ne voit dans sa nouvelle élé
vation qu'un devoir plus grand imposé par le
peuple, qu'une mission plus haute confiée par la
Providence.
» Qgs paroles indiquent avec quel religieux
recueillement Louis-Napoléon se prépare à
la proclamation de l'Empire. La France, qui
sait tout ce qu'elle peut attendre de pros
périté et de grandeur d'un gouvernement .
qu'elle vient d'asseoir sur de si larges bases,
serait heureuse de célébrer par des réjouis
sances publiques un événement qui est à la
fois le triomphe de sa raison et de-sa volonté.
Mais le.nouvel Empereur, préoccupé des gra
ves devoirs qu'impose à son dévoûment cet
éclatant témoignage de l'affection du peuple,
"préfère associer hr nation à ses pensées gé-
méreuses. C'est par des bienfaits en faveur
"'des classes pauvres et souffrantes, c'est par
des actes de clémence que Louis-Napoléon
inaugurera son règne. »
VOTE DES 21 ET 22 NOVEMBRE.
i Inscrits Votans
Ain "103.940 83.032
.-Aisne. ....T. ... »•> »
iAllier.. 95.003 71.308
j Alpes (Basses-).. 46.040 89.548
: Alpes (Hautes-).. » »
Ardècne » »
i Ardennes.;-,.... » »
Ariège... » »
:Aur-e...... 82.838 72.946
Aude » »
. Aveyrôn » »
Bouc.-du-Rhône. 106.233 55.025
Calvados 140.824 H0.476
Cantal... ... 62.758 45.187
Charente.. 115.555 86 838
Charente-Inf 142.328 109.676"
Cher 84.532 67.772
Corrcze » »
Corse » »
Côte-d'Or 116.375 102.216
>Côtes-du-Nord... 163.283 118.079
Creuse 76.123 48.949.
Dordogne....... 142.412 113.278
Doubs 74.932 62.655
Drôme..... 96.213 80.565
Eure 128.179 107.176
Eure-et-Loir 83.019 71.382
Finistère 139.425 »
. Gard ........... » »
.' Garonne (Haute-) 139.598 114.002
Gers, » " » '
Gironde 177.224 119.43a
Hérault 88.478 87.478'
IUo-et-Vilaine... 151.716 110.922
Indre 76.778 61.001
Indre-et-Loire... 94.000 76.500
Isère.... 154.098 127.235
Jura 86.889 76.942
Landes 83.803 70.593
Loir-et-Cher » »
Loire 125.000 »
Loire (Haute-).,. 77.222 58.738
Loire-Inférieure. 141.781 »
Loiret. 93.132 78.368
Lot — » 72.784
Lot-et-Garonne;. » »
Lozère » »
Maine-et-Loire. , ' » »
Manche » »
Marne • » »
Marne (Haute-).. 80.970 70.422
Mavemic.. ....... 101.899 78,996
Meûrthe. ....... 118.329 108.255
Meuse 91.193 82.230
Morbihan. ...... 80.970 70.488
Moselle 113.569 '97.458
Nièvre...:;..... 88.553 74.594
Nord 295.345 225.446
Oise ;.. 138.042 121.247
Orne . » »
Pas-de-Calais.... 183.405 162.149
, Puy-de-Dôme... » »
Pyrénées (Basses) » ■ »
. Pyrénées(Hautes) » »
Pyrénées-Orient. » - »
, Rhin.(Bas-) 131.164 119.396
Rhin (Haut-).... 113.865 96.277
Rhône...., 149.068 106.990
; Saôné-et-LÔire. ; 154.478 117.925'
Saône (Haute-).., 91.760 8t>„339
-Sarthe..,..,..,. 134.754 112.027
Seine.. „ ... 315.410 270.701
-Seine-et-Marne.. '97.866 84.777
Seine-et-Oise ... 137.526 121.847
Seine-Inférieure. 206.427 »
Sevres (Deux-).. » »
Somme. 165.647 142.178 -
Tarn.. » »
Tàm-et-Garonne 77.238 57.920
Yar » »
Vaucluse ......, 79 016 57.824
Vendée;..' » »
' Vienne.../ 91.192 65.208
Vienne (Haute).. 83.627 59.366
Vosges ........ 116423 99.879
Yonné 112.159 95.786
Oui
81.434
137.684
70.633
- 39 323
, 26.789
27.069
73.549
-65.804
69.934
70.516
84.350
51.806
106.048
44.739
84.956
106.531
69.225
69.292
15.099
99.100
116.750
48.259
111.483
60.350
78.750
99.972
66.305
108.$96
83.525
110.924
78.055
114.73T'
84.716
109.154
59.743
74.837
123.772
73.587
69,865
56.136
92.385
- 58.435
76.066
74.610
71.521
83.967
33.064
88.239"
131.937
90.223
68.006
75.400
103.851
79.310
68.006
94.032
73.830"
216.446
113,362
96.062
157:212
126.041
93.304
S9.446
37.005
114.685
92 740
95.441
115.626
84.636
108.449
208,658
80.292
113.762
163.745
63.803
138.150
84.772
54.822
71;367
56.319
59.423
64.074
58.417
96.564
89.772
•Non
1.234
4.367
483
»
306
20S
2.686
392
2.355
574
1.563
2.457
3.615
323
1 211
2.312
1 ;049
407
4
2".510
1.095
524
1.206
1.678
1.452
6.175
3.925
1.294
4.388
2.175
1.344
3.51Ï
3.038
1.351
904
1.332
2.421
2.770
531
2.352
i.390
215
3.477
2.911
. 860
2.770
291
• 2.916
1.965
3.907
1.783
2.949
3.534
2.251
1.783
1.681
720
7.303
6.44!>
2.594
■3.847
444
748
306
247
3.818
2 841.
9.709
1.920
341
2.601
53.753
3.727
6.444
8.570
1.179
3.711
• 60 r
774
868
1.146
l.<30
665
659
2 497
3.973
-Armée de terre..
Armée de mer..
Total connu....
7.400.678 »
«243.123 232.046 *11.077
»' 50.754 47.716 2.020
» 7.680.440
Au moment de mettre "sous presse, nous
recevons communication des renseignemens
suivans sur le scrutin : .
. OUI NON
76 départ, complets . . 6,R99,849 222,549
10 incomplets,... 832,160 16,312
Départemeris. .
Armée de terre.
Armée de mer .
7,432,009 238,861
234,860 8,456
47,716 2,020
Total connu .... 7,714,585 249,337
Il reste encore' à connaître les votes de
l'Algérie et de l'armée d'Italie, indépendam
ment du complément des votes pour les
départemens.
Le secrétaire de la rédaction : boîviface.
* Ce chiffre représente non seulement les non,
mais aussi les nuls ou douteux.
Le département du Finistère vient prendre la
tûte des départemens où la progression de3 votes
favorables à. Louis-Napoléon s'est manifestée-de
la façon Ta plus éclatante; on en peut juger par
■les chiffres suivans :
1848. — Pour la présidence.
Louis-Napoléon 43,042
Cavaignac -58,641'
1831. — Ratification des actes du 2 décembre.
Oui 73,633
Non 4,042
1832. — Elévation à l'empire.
Oui... ...i ..108,896
Non . . 1,294
Ainsi, de 1831 à 1832, le chiffre des oui s'est
élevé de trente-cinq mille -, et cela err pleine Bre
tagne!
— Le département de Vaucluse, l'un des. plus
socialistes de France, s'est aussi profondément
modifié. Il avait donné 40,764 votes affirmatifs au
20 décembre;' il en a donné 56,319 cette année :
différence en plus 15,555
— L'arrondissement de Saint-Gaudens offre à
lui seul une augmentation de 3,321 dans le nom
bre des suffrages affirmatifs. Sur 32,889, il n'y a
eu que 192 votes négatifs.
— Ce n'est pas 10,000 oui seulement en plus
qu'a donné le Jura, c'est 13,046,
—.L'arrondissement de Cosne (Nièvre) naguère
en proie aux passions démagogiques, a fourni un
large contingent daijsle vote des 21 et 22 novem
bre : sur 17,914 votans, l'Empire a obtenu 17,319
"oui. La ville de Cosne, qui, au 10 décembre 1848,
donnait la majorité absolue à Lédru-Rollin, s'est
bien réhabilitée. Son vote presqu'unanime, a pro
duit 1,324 oui, contre 39 non.
On assure qu'à l'occasion de la proclama
tion de l'Empire, les plus larges mesures
de clémence seront appliquées à un très
grand nombre de personnes frappées, soit
par les décrets, soit par des commissions
mixtes ou par la commission supérieure de la
l ie division militaire. Tout condamné qui,
par une déclaration formelle, renoncerait
aux engagemens du passé et promettrait
pour l'avenir paix et soumission obtiendrait,
assure-t-on, immédiatement remise de sa
peine. On n'excepterait de la mesuré que lés
condamnés comme auteurs, Ou complices
d'attentats ou de violences contre les per
sonnes, ou ceux qui auraient encouru anté
rieurement des condamnations judiciaires.
. Ces derniers ne sont pas complètement en
dehors des mesures de clémence; mais leurs
recours en grâce seront examinés selon les
formes usitées en matière de grâces ordi
naires. ,
On lit dans l'Alsacien du 25 novembre :
« Dans une séance extraordinaire, tenue avant-
hier au soir, le conseil municipal de Strasbourg a
décidé, à l'unanimité, que le château de cette
ville serait offert en don à S: A. I. le prince-Pré
sident, à l'occasion de la prochaine proclamation
de l'Empire. .
» Le maire, qui vient de se rendre à Paris pour
prendre part aux travaux du recensement des
votes comme membre du Corps Législatif pré
sentera la délibération dn conseil municipal à
l'acceptation de S. A. I.
» On sait que le château avait été donné à l'Em
pereur par la ville de Strasbourg, et qu'il était
resté bien du domaine de la couronne jusqu'en
1831, époque à laquelle il en a été distrait par me
sure d'économie. -
» Si S. A. I. accepte ce don, comme il y a lieu
de l'espérer, ce magnifique édifice recevra une
destination digne de sa splendeur, et Strasbourg
possédera de nouveau une résidence impériale. »
Le mouvement industriel et commercial,
loin de fè ralentir, né fait que s'accélérer.
Jamais le travail n'avait été aussi actif. Tou
tes les usines sont accablées de commandes,
tous les bras sont occupés, et la population
ouvrière voit chaque, jour son bien-être
s'augmenter. '•
II résulte des dernières publications de
l'administration des douanes, que lé produit
des droits à l'importation des marchandises,
pendant les dix premiers mois de l'année
courante, s'est élevé à plus de U 5 millions.
C'est 17 millions de plus que pendant la pé
riode correspondante de l'année dernière.
Le produit du mois d'octobre a été de 12
millions, soit de 1,200,000 fr. plus élevé que
celui du mêine niois en 1851,
Les marchandises dont l'importation s'est
principalement accrue, sont les matièrespre-
mières que notre industrie met en œuvre.
Ce sont en première ligne les cotons, les
laines, les soies. Il y a également augmenta
tion sur les substances minérales, notam
ment sur là houille, sur la fonte et .lp zinc.
L'importation des houilles belgès a diminué
pendant le mois d'octobre; mais il n'en a
pas été de même de l'exportation des fontes,
belges, qui a doublé malgré l'exhaussement
du droit.
Les acquittemens de sucres .coloniaux ont
été un peu moindres en octobre ; mais le
chiffre des dix mois a augmenté de 25 0/0
par rapport à Tannée dernière. Quant aux
sucres étrangers, ils sont en progression
constante . Ils prennent une place de plus en
plus considérable dans notre consommation..
Si nous examinons maintenant le tableau
des exportations, nous voyons qu'après avoir
faibli pendant quelques mois, elles tendent
à se relever. Nos'vins et nos èaux-de-vie-
sont de plus en plus recherchés à l'étrangèr.
Nos exportations de céréales se ralentissent
par suite de la hauàse des prix sur les mar
chés intépieurs. La plupart de nos produits
manufacturés, et surtout nos soieries, qui
forment la principale branche de notre com
merce extérieur, sont plus vivement de?
mandés par l'exportation.
Le mouvement de la navigation maritime
correspond à l'activité du commerce. Le
tonnage des navires s'est considérablement
accru a l'entrée; il a un peu diminué à la
sortie, ce qui s'explique surtout par le ra
lentissement de nos exportations de céréales.
J. B urat.
De grands capitaux français sont engagés
dans les emprunts belges. Il nous semble
donc utile 4 de donner l'analyse du proiet de
loi sur la conversion du 5 0/0, porté jeudi ^
la chambre des représentons par le ministre
des finances, M. Liedts :
L'article 1" autorise le gouvernement à effec
tuer le remboursement du capital restant en cir
culation*:
1° De l'emprunt de 86,940,000 fr. à 5 0/0, con
tracté en vertu de la loi du 26 juin 1840;
2° De l'emprunt de 28,621,000 fr. à 5 0/0, con
tracté en vertu de la loi du 29 septembre 1842 ;
3° Des emprunts de 37,513,940 fr.,votés par le3
lois du 26 février et du 6 mai 1848.
Par l'article 2, les propriétaires d'obligations
au porteur et d'inscriptions nominatives de ces em
prunts, auront la faculté d'en obtenir la conver
sion au pair en titres à 4 1/2. La jouissance à
5 0/0 sera conservée jusqi^au 1 er mai 1853, aux
détenteur^ d'obligations qui n'auront pas deman
dé le remboursement.
En vertu de l'art. 3, tout propriétaire de titres
qui, dans le délai de quinze jours, à partir dé la
date fixée par le gouvernement, n'aura paç de
mandé le remboursement, sera considéré comme
ayant accepté la conversion. L'exercice du rem
boursement est suspendu pendant huit années.
Art. 4. L'échange se fera sans frais d ms les di
vers chefs-lieu du royaume et à Paris. Le gouver
nement est autorisé à l'effec tuer également à Lon-
vi%s. - . ' '
Art. 5. Les nouveaux titres au porteur seront,
pour les emprunts de 1840 et 1842, de 2,000,1,"000
et 500 fr., et pour les emprunts de 1848, dè'2,000,
1,000, 500 et 200 fr.
• Les fractions non échangeables des anciens ti
tres seront remboursées en numéraire.
Par l'art. 6, il sera consacré à l'amortissement
du nouvel emprunt, 1/2 0/0 indépendamment des
intérêts du capital amorti.
Les art. 7 et 8 sont réglementaires.
Après la présentation de ce projet, M. Ûsy
a insisté sur l'urgence d'un examen immé
diat, et il a proposé le renvoi du projet à ufte
commission nommée par le bureau. M. Mer
cier a appuyé la proposition, à laquelle s'est
rallié M. le ministre des finances, qui a ajou
té qu'il désirait que la commission nommée
se réunît dès le lendemain. Cette commis
sion, nommée par le bureau, se compose de
MM. Anspach, de Naeyer, Loos , Rogier,
Mercier, Osy, Malou, -T'Kint de Naeyer et
Veydt.
Dans la même séance, le rapport de la loi
sur la presse a été déposé par M. Lelièvre
sur le bureau de la chambre. La discussion"
de ce projet de loi a été fixée à mercredi
prochain.
I e conseil d'administration de la société
générale du Crédit mobilier s'est constitué
cette semaine par la nomination de son bu
reau et de son comité de direction.
Ont été nommés : .
MM.Benoist Fould, présidait du Conseil,
Charles Mallet, ) .
Isaac Pereir^ j vice-presidens.
Le comité de, direction se compose de
MM. Benoist Fould,
Ernest André,
Isaac Pereire.
La Compagnie des chemins de fer du Midi
est parvenue, à force d'activité, à émettre ses
titres pour la liquidation et à faire la répar-
FEUIlLtTON DU CONSTITUTIONNEL, 28 NOVEMBRE'
RENÉE DE YAMILLE*
XV.
YVONNE ET LOISA.
-Yvonne était donc debout devant Loïsa
couchée sur le sopha, et comme elle était là
■pour subir l'examen de la personne chez qui
ftlle se présentait, elle pouvait rester ainsi à
l 'examiner elle-même sans lui causer au
cune surprise.
Lorsque Loïsa avait quitté la Bourgogne,
elle venait d'atteindre ses quinze ans. Elle
avait la taille d'une femme ; ses formes, dé
veloppées déjà depuis deux ou trois années,
étaient vigoureuses et dans leur plus grande
perfection ; son visage aussi possédait toute
cette admirable beauté qui l'avait rendue cé
lèbre et lui avait donné son irrésistible"puis-'
sance.
_• Jl n'était donc pas difficile à Yvonne de la
reconnaître. La figure de Loïsa était restée
dans sa mémoire; cette belle figure était tou
jours la même; ces dix innées de jeunesse
ne l'avaient pas changée; et l'art de la toi
lette réparait ce qu'elle pouvait avoir perdu
de sa fraîcheur juvénile.
Pour la grosse Yvonne, tout était différent.
Rien ne rappelait en elle l'enfant de neuf à
dix ans, chetive et maigre. Le grand air,
l 'exercice, Jes années, avaient développé une
forte constitution et amené un luxe d'embon
point qui plaisait par un air de santé, mais
qui n'avait de beau que la fraîcheur de là
vingtième année.
La reproduction est intéftMS.'
Il y avait ainsi une véritable impossibilité
à ce qu'Yvonne pût être reconnue par sa
sœur.
— Ah! dit Loïsa sans la regarder, vous
vous présentez pour être femme de cham
bre ?
Yvonne était tellement occupée à l'exami
ner, qu'elle ne répondit pas.
Loïsa, n'obtenant nulle réponse, souleva sa
tête, qui fut pleinement éclairée, et regarda
Yvonne avec ses grands yeux brillans. Elle
fut étonnée de son attention et ne put s'em
pêcher de dire :
— Comme vous me regardez !
Yvonne vit alors quelque chose de hagard
dans les yeux de sa sœur, et recula involon
tairement. Puis, promenant ses regards sur
tous les objets de luxe qui l'entouraient, et
se reportant à leur enfance :
— Est-ce. possible ! dit-elle.
Loïsa fut plus charmée que mécontente de
la naïve surprise de la jeune paysanne. Elle
était habituée à ce que son luxe étonnât les
nouvelle-venues.
— Vous arrivez de votre village;? dit alors
Loïsa en souriant, moqueuse.
— Oui, fut tout ce qu'Yvonne put dire
machinalement.
—Je connais ça, reprit Loïsa. Alors vous
ne savez rien faire, continua-t-elle en se
laissant retomber sur les coussins, et moi
j'ai besoin qu'on fasse toul-pour moi. Je n'ai
Elus même l'habitude ni la force de m'ha-
iller.
Yvonne regardait cette manière noncha
lante, dédaigneuse et hautaine. Sa surprise
faisait place à l'impatience.,. Il ne fallait plus
qu'une impertinence pour la faire éclater,
On entendit une sonnette du dehors; Lo"isa
se leva d'un bond, en disant :
— C'est lui! lui ! Armand !
ga figure était resplendissante do beauté,
d'espérance et de joie.,. Puis elle s'arrêta,
porta sa main à sa tête, eut l'air de se rap
peler tout à coup une chose oubliée, et se
mit à marcher vivement autour de la cham
bre, comme si elle fuyait quelqu'un. Elle
écouta-ensuite avec anxiété, et comme nul
bruit rie se faisait plus entendre, qu'on ne
voyait entrer personne, elle poussa un pro
fond soupir, chancela, toucha les meubles,
et serait tombée sans l'appui que lui prêta
Yvonne, qui, par. un mouvement naturel,
tendit les bras vers elle en la voyant chan
celer, et là dirigea vers le sopha. Mais Loïsa'
tremblait de tous ses membres, comme si elle
avait à redouter un mal effrayant; sesJevres
se serraient, ses mains s'agitaient avec des
mouvemens convulsifs,- et les mots qui s'é-
chappaienl de ses lèvres pressées n'avaient
aucun sens. Son visage, si beau l'instant
d'avant, était défiguré par une contraction
nerveuse, et ses yeux étincelai^ présentaient
l'image de la folie.
Yvonne sentit la colère céder à l'effroi,
puis à la pitié, devant cette horrible attaque
de nerfs dont la crise fut effrayante, et qui
se termina par. des pleurs et des sanglots,
La jeune paysanne comprit aisément qu'il
y avait sous tout cela un immense chagrin ;
mais ce chagrin auqueÏ Loïsa s'abandonnait
avec tant de violence, lui rappela la douleur
calme et résignée de Renée, et sa colère re
venait, quand on entendit des pas dans le
salon qui précédait, puis une voix bien con
nue qui demandait où était Loïsa. Yvonne
fit un mouvement pour s'éloigner par une
autre porte qu'elle voyait au fond de la cham
bre.
— Restez, lui dit Lo'jsa, tout à coup reve
nue à elle-même; vous savez mon secret, et
il faudra que je vous parte. Restez là !
Pijis elle écarta la portière de soie qui sé
parait les deux pièces, ei)tra dans le sqlon ?
et ne s'inquiéta point si Yvonne pouvait en
tendre tout ce qui se dirait, de la chambre ôù
elle restait.
Yvonne avait reconnu-aussi la voix du
marquis de Varvillé, et elle ne se fit aucun
scrupule de s'approcher de. la porte, de s'as
seoir sur une chaise, au milieu des plis des
rideaux, et même de les écarter un peu, de
manière à voir tout ce qui se passait dans le
salon. ' '
Loïsa, pâlè, faible et souriante, s'avança
vers Maurice, lui tendit avec grâce une main
qu'il baisa, puis elle s'assit sur une causeuse,
et se plaignit encore de sa santé, que l'air
de la campagne pouvait seul remettre.
— Malgré le froid, dit-elle, si j'avais la
possibilité d'aller hors de Paris, il me sem-,
nie que je vivrais! Ici, je me sens mou
rir ! '
■ Alors Yvonne comprit, par suite de la con
versation, qu'une petite maison abritée par
de grands arbres, à quelques lieues de Pa
ris, et qu'elle appelait d'un mot anglais le
Cottage, était l'objet des désirs de Loïsa.
Bientôt, par les détails de cètte deirieure, et
par ce qu'en dit M. de Varvillé, elle apprit
que c'était cette maison où l'on avait passé
quelques heures sur la roule pour faire re
poser Maurice encore souffrant.
! —Ah ! lui disait Loïsa, n'est-ce pas le ha
sard lui-même qui désigna-cet endroit char
mant pour la retraite où nous nous retrou
verions quelque jour ensemble, quand il
nous y ...conduisit chacun séparément? Vous
avez vu quel délicieux séjour?
— Moi, répondit Maurice, je n'aii rien vu
qu'une demeure ordinale et modeste. Je
ne pouvais encore marcher, et je n'ai pas
' aperçu sans doute ce qui vous en a paru
délicieux; mais enfin vous souhaitez cette
maison? .
— Je voudrais tellement la posséder, ré->
pqndil Lo]sa, qije, ce matin même, j'ai offert
mes hijoux, mes meubles, tout ce qui m'ap
partient, pour obtenir d'un juif les soixante
mille francs nécessaires à son acquisition, et
que j'aime mieux me priver....
Maurice lui dit très basj
— Ne vous privez d'aucun de ces joyaux,
inutiles à votre beauté, qui n'a besoin d'au
cun ornement; mais le. moindre de vos re
grets pour ces bagatelles me serait cruel.
... Demain, cette demeure sera à moi! 11
ajouta plus bas encore :
— A vous I
Mais Yvonne l'entendit et bondit sur son
siège. Elle avait vu Renée donner sa signa
ture pour que M. de Varvillé trouvât cette
somme sur ses biens, les siens étant enga
gés, et quand la paysanne, habituée à re
garder Renée comme une divinité, et à la
bénir comme une protectrice, vit que les
caprices de sa sœur allaient dilapider les
beaux domaines de la dame du château, elle
eut besoin de se tenir à quatre pour ne pas
sauter entre elle et le mari de Renée. Elle
se contint encore pourtant mais à grand'
peine.
Cependant Loïsa remercia M. de Varvillé
avec une joie et une reconnaissance qui ré
sonnèrent,-' car il y avait dé l'émotion dans
cette femme qui, habituellement, lui sem
blait impassible et glacée quand il était seul
avec elle .
Maurice voulut alors l'examiner avec at
tention; mais Loïsa était assise à contre jour
et elle porta son mouchoir à sa .figure.
Toute observation sur sa physionomie fût
donc impossible à Maurice, quand il lui
adressa des quesûbns sur ce qui pouvait
lui plaire dans cette maison de campagne
et lui faire désirer d'y aller à cette époque
où le printemps n'était pas encore arrivé.
Maurice n'ohtenait que des monosyllabes
-pour réponse à ses questions. Pourtant il les
faisait avec toute cette grâce affectueuse et
distinguée qui lui était naturelle, et qu'il n'a
vait plus ue Ui car partout ailleurs M. de
Varvillé avait pris des manières hautaines
et dédaigneuses, pour repousser toute fa
miliarité, et, tenir à distance ceux qui au
raient pu avoir l'idée dé lui adresser des
questions ou des reproches sur sa conduite.
Mais, dans cette intimité, où sa passion
seule le guidait, il laissait à lui-même tout
ce- que son caractère avait de tendre et
d'aimable, et, comme il voulait être aimé, il
employait encore, ces douces expressions et
ces manières caressantes, dont il n'y avait
plus aucune trace dans les instans qu'il pas-,
sait chez lui. .
Cependant, au milieu de ces questions sur
l'intérêt et l'émotion qui s'éveillaient chez
Loïsa, au sujet de cette demeure solitaire,
Maurice avait pris une de ses mains.
' — Qu'elle est brûlante ! dit-il avec inquié
tude. Vous souffrez ? ., ~
— Oui, dit faiblement Loïsa.
— Pardon de mes questions, reprit Mau
rice, et croyez que je n'y attache d'autre im
portance que le désir ,de vous satisfaire en
tout, et de deviner, par conséquent, ce qui
vous est agréable ! Pour cela, j'ai besoin
peut-être de savoir un passé que j'ignore.
Quand donc, dans quelle circonstance, cette
petite habitation vous fut-elle connue?
La main de Loïsa tressaillit dans les -
siennes; mais ee fut avec assez de calme et
d'une voix tranquille qu'elle répondit :
— Il y a quatre ou cinq mois.
— Lorsque vous quittâtes Paris sans rien .
dire à personne, reprit Maurice. Ah! que
j'ai soutlert ! -, - .
Alors Maurice se rappela ses regrets, sa
maladie, son mariagé ; il oublia ses soup
çons, et ses propres émotions l'absorbèrent
quelques instans; mais ces émotions avaient
toutes quelque chose de douloureux.
— Mon Dieu ! mon Dieu ! diWl avec amer
tume, sans ce voyage je serais encore libre !
je n'aurais pa§ de tort envers une jeune
V.
BVllMIIï: rae^de Valais (Palais-Royal), »' l«r
1852. - DIMANCHE 28 NOVEMBRE.
ssa
Prix de l'abosBeffleet.
DBPAHTsmsns :
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Toute lettre non affranchie sera rigoureusement re
Les articles déposés ne sont pss rendus.
JOURNAL POLITIQUE, IITTÉMIBE, UNIVERSEL.
On ^abonne, dam les départerruns, aux Messegeries et aux Directions deptdu—A Londres, chtz MM. C owie et fils.
— A Strasbourg, chez M. A lsxankre ,/?r*r CAllemagne..
S'adresser, franco i pour l'administration}
à Ht dbnainj directeui}
Les annonces sent reçues chez M. PANIS, régisseur, 10, place de la Bourse,
et au bureau du journal -
RENÉE DE ViBTlLUE, de JH-* W-
CELOT, sera terminée le S déccrn-
jbre.
JLe Constitutionnel commencera
immédiatement. après la publlca-:
tion des ouvrages dont les titres
suivent:
LE.
PASTEUR D'ASBOURN
far ALEXANDRE DUMAS.
QUATRE VOLUMES.
LE DÉPITÉ D'ARCIS
Par fen H. DE BALZAC.
QUATRE VOLUMES.
line Femme compromise
PAR EUGENE GUIXOT.
' -UN VOLUME.
Ces trois ouvrages sont entre
|es mains de l'administration dn
journal. Elle s'est' en outre assn-
ré par des traites le concours des
écrivains les pins aimés .dn public.
Tons les noms illustres de la litté
rature viendront, l'un après l'antre,
prendre place dans le feuilleton dn
Conslitutiottnel, et lui donner, par
leur collaboration, autant d'éclat
fine de variété.
PARIS, 27 NOVEMBRE*
La grande et pacifique transformation que
les suffrages du.peuple viennent d'accom
plir en France, inspire aù Moniteur des ré
flexions que nous reproduisons tout entiè
res. Il n'est besoin d'aucun commentaire
pour en faire ressortir l'importance et l'in
térêt.
Le journal officiel, après avoir constaté
que c'est le suffrage universel qui a détruit
la république* et que c'est sous l'inspiration
de ses besoins bien compris, de s<îs habitudes
traditionnelles, et avec le sentiment de ses
vraies destinées, que la France estrevenue àla
monarchie, récapitule les grands services
par lesquels Louis-Napoléon a mérité de re
lever le trône ds son glorieux prédécesseur.
Nous nG suivrons pas le Moniteur dans
cette énumération de faits que nous avons
enregistrés à mesure qu'ils se produisaient.La
France vient de montrer par ses voles qu'elle
n'a rien oublié de_ce qui a été fait pour elle;
Les chiffres du scrutin sont un témoignage
assez éclatant de sa reconnaissance. Mais le
programme que trace le Moniteur des pre
miers actes du nouvel Empire, est de nature
à ajouter à l'enthousiasmé et à l'affection
populaires. ,
La clémence est, pour une ame élevée, le
plus précieux attribut de la souveraineté. Il
est done naturel que la pensée du nouvel
Empereur se soit portée tout d'abord vers
sa plus belle prérogative. Quelles que soient
les nécessités de là politique^ et quelques
conseils que donne encore la prudence, tou
te la nation s'associera de cœur, comme
nous, à l'initiative généreuse de Louis-Na
poléon qui, pour sapàrt de la joie générale,
réclamé avant tojit le droit de faire quel
ques heureux de plus.,Qu'au milieu de l'en
thousiasme national, les bénédictions de
quelques mères, là reconnaissance de quel
ques orphelins s'élèvent vers l'élu de la
France : ce sont là, pour le règne qui com
mence, les plus favorables auspices.
Des mesures en faveur des classes pau
vres et souffrantes sont aussi annoncées.
C'est la seconde partie du discours de Bor
deaux qui va recevoir, à son tour, son
exécution. Par la réduction de l'armée ,
Louis-Napoléon a donné des gages à la
paix matérielle : il v^ travailler désor
mais à la paix
néreuse qui désarme les liaines. en allégeant
les souffrances et qui réconcilie les ames
en ouvrant à tous la voie du travail et de
l'émulation. Jadis les souverains, en pre
nant possession du trône, faisaient jeter à
la foule quelques pièces d'or; Louis-Na
poléon, pour don de joyeux avènement, sait
trouver mieux que d'éphémères et infécon
des largesses. Le peuple saluera avec bon
heur une législation protectrice dés pauvres,
qui, en respectant tous les droits, fera la
part de la souffrance. C ucheval- C larigny.
On lit dans le Moniteur :
« La France donne au monde un magni
fique spectacle. Il est beau de voir ainsi tout
un grand peuple, animé d'une même pen
sée, se réunir pacifiquement sur tous les
points du pays, et manifester sa volonté
avec cette dignité et cette résolution qui
conviennent à sa souveraine indépendance.
Rien n'est plus admirable que l'empresse
ment de ces populations, bravant des pluies
torrentielles pôur aller déposer leur vote ;
rien n'est plus touchant que le dévoûment
de ces nobles débris de nos armées, de ces
hommes infirmes, paralytiques, qui se font
porter au scrutin.
» Trois fois énquatre ans^ la France a été
convoquée à cette imposante solennité, et
chaque fois elle a voulu donner au chef de
l'Etat des témoignages d'une affection plus
vive et d'une confiance plus entière. Aujour
d'hui elle y met le comble en lui décernant
l'Empire.
» Depuis le- commencement du siècle, la
nation n'avait pas été appelée à délibérer sur
la forme de son gouvernement ; elle vient
de se prononcer en pleine connaissance de
cause. Désabusé jar une nouvelle et der
nière expérience des espérances trompeuses
dont on l'avait bercé, le peuple s'est servi
de l'instrument même~ que la République
avait mis en ses mains, pour la renverser;
le suffrage universel.a détruit la République.
» Il ne pouvait en être autrement. ; Rien
n'est juste, comme le bon sens de tout un
peuple, rien n'est fort comme sa volonté.
Consulté sur ses véritables intérêts, il n'est
pas possible qu'il les méconnaisse long-temps,
et qu'avec le sentiment de sa force il n'é
carte bientôt ce qui leur est contraire, pour
y substituer ce qui peut le mieux les ser
vir. La France n'a pas tardé à se convaincre
qu'une nation de 3(> millions d'hommes, avec
ses intérêts si nombreux et si divers, avec
ses habitudes et ses mœurs, avec sa place
dans le monde, ne pouvait s'accommoder
des agitations, des incertitudes et des dan
gers du gouvernement républicain; c'est
pour cela qu'elle a décidé, sans colère et
sans récrimination, mais avec on calme im
posant et un admirable ensemble, qu'elle
voulait être gouvernée par le pouvoir d'un
seul, et que ce pouvoir, pour être à l'abri
des orages, serait héréditaire. '
» Ainsi la France veut la monarchie ; et.
pour quiconque interroge sans prévention
son histoire, même la plus récente, il est
hors de doute qu'elle n'a jamais cessé de la
vouloir, parce qu'elle n'a jamais cessé de
comprendre les conditions nécessaires de
son organisation et de sa vie.
» Mais pourquoi choisir la monarchie im
périales? pourquoi la .France veut-elle réta
blir la dynastie de Napoléon ? Cette nation,
qu'on dit si légère, a plus de suite dans ses
idées et de constance dans ses volontés que ne
le pensent ceux qui la jugent^superficielle
ment. La France veut la dynastie de l'Empe
reur, parce qu'elle l'a déjà voulue au'com-
mencement du siècle, £t qu'elle l'a ainsi mar
quée d'un caractère national; parce qu'après
l'avoir vue à l'œuvré, elle a pu se convaincre
que cette dynastie est la seule qui réponde
sans exclusion à ses intérêts, à ses instincts
comme aux légitimes " conquêtes de la ci
vilisation moderne ; parce qu'enfin, comme
l'a dit le nouvel Empereur, il y a entre la
dynastie impériale et la nation une indis-
•sôlubld'-èGRiiminauté -der scntitnelfg^St de
gloire.
» Depuis la chute de l'Empire, la France à
essayé dè deux monarchies; malgré les avan
tages de la paix dont elles l'ont fait jouir, tou
tes deux sont tombées devant les souvenirs du
peuple. C'est en vain que des hommes politi
ques, des écrivains considérables se sonteffor-
cés d'établir une différence profonde entre la
branche aînée et la branche cadette, et de
présenter cette dernière, comme la consécra
tion des principes de 89 : le peuple, qui n'en
tend rien aux subtilités politiques, n'a pas
compris ces distinclions; il a persisté à con
fondre les deux branehes d'une rçiême fa
mille dans une commune origine, qùi lui
rappelait à la fois ses malheurs et un régi
me dont il-ne yeut plus.
. » Dans sa pensée, l'Empire est"le règne de
l'égalité et la protection de tous les intérêts;
c'est la démocratie avec la force et la hiérar
chie du pouvoir, avec l'ordre dans le tra
vail, la sécurité des épargnes, le respect de
la religion, la gloire du passé, la prospérité
à l'intérieur et la dignité au dehors. Aujour
d'hui l'Empire, c'est la paix; la paix active,
féconde, aspirant aussi à de glorieuses con
quêtes, mais dans la noble carrière des scien
ces et des arts, où chaque victoire est un
bienfait pour l'humanité.
» Le peuple a pu, malgré son bon sens, se
laisser un instant éblouir par de séduisantes
utopies : grâce à la sagesse de celui qu'il
avait pris pour chef, il n'a pas, tardé à reve
nir de ses erreurs. Louis-Napoléon a su dé
truire l'influence dangereuse du socialisme,
en marchant résolument dans la voie du
progrès,' et en réalisant ce qu'il y avait de
généreux et d'applicable dans les vœux des
véritables amis du peuple. Avant tout,
et daiip l'intérêt de , tous., il fallait rétablir
l'ordre, ranimer le travail et la confiance,
réveiller le sens moral, rappeler au respect
"de la religion et de la loi, relever l'autorité
et la dignité du pouvoir; il fallait achever nos
chemins de fer, abaisser le taux de l'intérêt,
rendre l'administration plus facile,, en la dé
centralisant ; il fallait réduire l'armée et as-r
surer le sort du soldat; il fallait que la
justice fût mise à la portée du pauvre ; que
l'ouvrier eût la vie à bon marché, des loge-
mens salubres, des épargnes et du pain pour
«a vieillesse; il fallait aux campagnes l'allége
ment de l'impôt foncier, des capitaux qui
permissent à l'agriculture d'améliorer le sol
et d'éteindre ses dettes; il fallait enfin un -
ensemble d'institutions qui eussent le double
avantage d'être utiles à tous, sans nuire aux
intérêts de personne. Est-il un seul de . ces
besoins dont l'élu de la nation ne se soit sé
rieusement occupé, et dont il n'ait garanti
la satisfaction avec cette sûreté de tact et
cette vigueur de décision que, depuis'long
temps, la France ne connaissait plus ? <
» Voilà pour le passé. Quant à l'avenir, le
programme de l'Empire, Iracé d'avance dans
le discours de Bordeaux, vient d'être confir
mé par le Message au Corps Législatif. Placé
par son origine et ses antécéden's bien au-
dessus des partis, le nouveau gouvernement
saura allier la modération à la fermeté, et
sera constamment appliqué à féconder les
grands intéicts que l'intelligence enfante et que
la paix développe. Celui que la France vient
de couronner ne voit dans sa nouvelle élé
vation qu'un devoir plus grand imposé par le
peuple, qu'une mission plus haute confiée par la
Providence.
» Qgs paroles indiquent avec quel religieux
recueillement Louis-Napoléon se prépare à
la proclamation de l'Empire. La France, qui
sait tout ce qu'elle peut attendre de pros
périté et de grandeur d'un gouvernement .
qu'elle vient d'asseoir sur de si larges bases,
serait heureuse de célébrer par des réjouis
sances publiques un événement qui est à la
fois le triomphe de sa raison et de-sa volonté.
Mais le.nouvel Empereur, préoccupé des gra
ves devoirs qu'impose à son dévoûment cet
éclatant témoignage de l'affection du peuple,
"préfère associer hr nation à ses pensées gé-
méreuses. C'est par des bienfaits en faveur
"'des classes pauvres et souffrantes, c'est par
des actes de clémence que Louis-Napoléon
inaugurera son règne. »
VOTE DES 21 ET 22 NOVEMBRE.
i Inscrits Votans
Ain "103.940 83.032
.-Aisne. ....T. ... »•> »
iAllier.. 95.003 71.308
j Alpes (Basses-).. 46.040 89.548
: Alpes (Hautes-).. » »
Ardècne » »
i Ardennes.;-,.... » »
Ariège... » »
:Aur-e...... 82.838 72.946
Aude » »
. Aveyrôn » »
Bouc.-du-Rhône. 106.233 55.025
Calvados 140.824 H0.476
Cantal... ... 62.758 45.187
Charente.. 115.555 86 838
Charente-Inf 142.328 109.676"
Cher 84.532 67.772
Corrcze » »
Corse » »
Côte-d'Or 116.375 102.216
>Côtes-du-Nord... 163.283 118.079
Creuse 76.123 48.949.
Dordogne....... 142.412 113.278
Doubs 74.932 62.655
Drôme..... 96.213 80.565
Eure 128.179 107.176
Eure-et-Loir 83.019 71.382
Finistère 139.425 »
. Gard ........... » »
.' Garonne (Haute-) 139.598 114.002
Gers, » " » '
Gironde 177.224 119.43a
Hérault 88.478 87.478'
IUo-et-Vilaine... 151.716 110.922
Indre 76.778 61.001
Indre-et-Loire... 94.000 76.500
Isère.... 154.098 127.235
Jura 86.889 76.942
Landes 83.803 70.593
Loir-et-Cher » »
Loire 125.000 »
Loire (Haute-).,. 77.222 58.738
Loire-Inférieure. 141.781 »
Loiret. 93.132 78.368
Lot — » 72.784
Lot-et-Garonne;. » »
Lozère » »
Maine-et-Loire. , ' » »
Manche » »
Marne • » »
Marne (Haute-).. 80.970 70.422
Mavemic.. ....... 101.899 78,996
Meûrthe. ....... 118.329 108.255
Meuse 91.193 82.230
Morbihan. ...... 80.970 70.488
Moselle 113.569 '97.458
Nièvre...:;..... 88.553 74.594
Nord 295.345 225.446
Oise ;.. 138.042 121.247
Orne . » »
Pas-de-Calais.... 183.405 162.149
, Puy-de-Dôme... » »
Pyrénées (Basses) » ■ »
. Pyrénées(Hautes) » »
Pyrénées-Orient. » - »
, Rhin.(Bas-) 131.164 119.396
Rhin (Haut-).... 113.865 96.277
Rhône...., 149.068 106.990
; Saôné-et-LÔire. ; 154.478 117.925'
Saône (Haute-).., 91.760 8t>„339
-Sarthe..,..,..,. 134.754 112.027
Seine.. „ ... 315.410 270.701
-Seine-et-Marne.. '97.866 84.777
Seine-et-Oise ... 137.526 121.847
Seine-Inférieure. 206.427 »
Sevres (Deux-).. » »
Somme. 165.647 142.178 -
Tarn.. » »
Tàm-et-Garonne 77.238 57.920
Yar » »
Vaucluse ......, 79 016 57.824
Vendée;..' » »
' Vienne.../ 91.192 65.208
Vienne (Haute).. 83.627 59.366
Vosges ........ 116423 99.879
Yonné 112.159 95.786
Oui
81.434
137.684
70.633
- 39 323
, 26.789
27.069
73.549
-65.804
69.934
70.516
84.350
51.806
106.048
44.739
84.956
106.531
69.225
69.292
15.099
99.100
116.750
48.259
111.483
60.350
78.750
99.972
66.305
108.$96
83.525
110.924
78.055
114.73T'
84.716
109.154
59.743
74.837
123.772
73.587
69,865
56.136
92.385
- 58.435
76.066
74.610
71.521
83.967
33.064
88.239"
131.937
90.223
68.006
75.400
103.851
79.310
68.006
94.032
73.830"
216.446
113,362
96.062
157:212
126.041
93.304
S9.446
37.005
114.685
92 740
95.441
115.626
84.636
108.449
208,658
80.292
113.762
163.745
63.803
138.150
84.772
54.822
71;367
56.319
59.423
64.074
58.417
96.564
89.772
•Non
1.234
4.367
483
»
306
20S
2.686
392
2.355
574
1.563
2.457
3.615
323
1 211
2.312
1 ;049
407
4
2".510
1.095
524
1.206
1.678
1.452
6.175
3.925
1.294
4.388
2.175
1.344
3.51Ï
3.038
1.351
904
1.332
2.421
2.770
531
2.352
i.390
215
3.477
2.911
. 860
2.770
291
• 2.916
1.965
3.907
1.783
2.949
3.534
2.251
1.783
1.681
720
7.303
6.44!>
2.594
■3.847
444
748
306
247
3.818
2 841.
9.709
1.920
341
2.601
53.753
3.727
6.444
8.570
1.179
3.711
• 60 r
774
868
1.146
l.<30
665
659
2 497
3.973
-Armée de terre..
Armée de mer..
Total connu....
7.400.678 »
«243.123 232.046 *11.077
»' 50.754 47.716 2.020
» 7.680.440
Au moment de mettre "sous presse, nous
recevons communication des renseignemens
suivans sur le scrutin : .
. OUI NON
76 départ, complets . . 6,R99,849 222,549
10 incomplets,... 832,160 16,312
Départemeris. .
Armée de terre.
Armée de mer .
7,432,009 238,861
234,860 8,456
47,716 2,020
Total connu .... 7,714,585 249,337
Il reste encore' à connaître les votes de
l'Algérie et de l'armée d'Italie, indépendam
ment du complément des votes pour les
départemens.
Le secrétaire de la rédaction : boîviface.
* Ce chiffre représente non seulement les non,
mais aussi les nuls ou douteux.
Le département du Finistère vient prendre la
tûte des départemens où la progression de3 votes
favorables à. Louis-Napoléon s'est manifestée-de
la façon Ta plus éclatante; on en peut juger par
■les chiffres suivans :
1848. — Pour la présidence.
Louis-Napoléon 43,042
Cavaignac -58,641'
1831. — Ratification des actes du 2 décembre.
Oui 73,633
Non 4,042
1832. — Elévation à l'empire.
Oui... ...i ..108,896
Non . . 1,294
Ainsi, de 1831 à 1832, le chiffre des oui s'est
élevé de trente-cinq mille -, et cela err pleine Bre
tagne!
— Le département de Vaucluse, l'un des. plus
socialistes de France, s'est aussi profondément
modifié. Il avait donné 40,764 votes affirmatifs au
20 décembre;' il en a donné 56,319 cette année :
différence en plus 15,555
— L'arrondissement de Saint-Gaudens offre à
lui seul une augmentation de 3,321 dans le nom
bre des suffrages affirmatifs. Sur 32,889, il n'y a
eu que 192 votes négatifs.
— Ce n'est pas 10,000 oui seulement en plus
qu'a donné le Jura, c'est 13,046,
—.L'arrondissement de Cosne (Nièvre) naguère
en proie aux passions démagogiques, a fourni un
large contingent daijsle vote des 21 et 22 novem
bre : sur 17,914 votans, l'Empire a obtenu 17,319
"oui. La ville de Cosne, qui, au 10 décembre 1848,
donnait la majorité absolue à Lédru-Rollin, s'est
bien réhabilitée. Son vote presqu'unanime, a pro
duit 1,324 oui, contre 39 non.
On assure qu'à l'occasion de la proclama
tion de l'Empire, les plus larges mesures
de clémence seront appliquées à un très
grand nombre de personnes frappées, soit
par les décrets, soit par des commissions
mixtes ou par la commission supérieure de la
l ie division militaire. Tout condamné qui,
par une déclaration formelle, renoncerait
aux engagemens du passé et promettrait
pour l'avenir paix et soumission obtiendrait,
assure-t-on, immédiatement remise de sa
peine. On n'excepterait de la mesuré que lés
condamnés comme auteurs, Ou complices
d'attentats ou de violences contre les per
sonnes, ou ceux qui auraient encouru anté
rieurement des condamnations judiciaires.
. Ces derniers ne sont pas complètement en
dehors des mesures de clémence; mais leurs
recours en grâce seront examinés selon les
formes usitées en matière de grâces ordi
naires. ,
On lit dans l'Alsacien du 25 novembre :
« Dans une séance extraordinaire, tenue avant-
hier au soir, le conseil municipal de Strasbourg a
décidé, à l'unanimité, que le château de cette
ville serait offert en don à S: A. I. le prince-Pré
sident, à l'occasion de la prochaine proclamation
de l'Empire. .
» Le maire, qui vient de se rendre à Paris pour
prendre part aux travaux du recensement des
votes comme membre du Corps Législatif pré
sentera la délibération dn conseil municipal à
l'acceptation de S. A. I.
» On sait que le château avait été donné à l'Em
pereur par la ville de Strasbourg, et qu'il était
resté bien du domaine de la couronne jusqu'en
1831, époque à laquelle il en a été distrait par me
sure d'économie. -
» Si S. A. I. accepte ce don, comme il y a lieu
de l'espérer, ce magnifique édifice recevra une
destination digne de sa splendeur, et Strasbourg
possédera de nouveau une résidence impériale. »
Le mouvement industriel et commercial,
loin de fè ralentir, né fait que s'accélérer.
Jamais le travail n'avait été aussi actif. Tou
tes les usines sont accablées de commandes,
tous les bras sont occupés, et la population
ouvrière voit chaque, jour son bien-être
s'augmenter. '•
II résulte des dernières publications de
l'administration des douanes, que lé produit
des droits à l'importation des marchandises,
pendant les dix premiers mois de l'année
courante, s'est élevé à plus de U 5 millions.
C'est 17 millions de plus que pendant la pé
riode correspondante de l'année dernière.
Le produit du mois d'octobre a été de 12
millions, soit de 1,200,000 fr. plus élevé que
celui du mêine niois en 1851,
Les marchandises dont l'importation s'est
principalement accrue, sont les matièrespre-
mières que notre industrie met en œuvre.
Ce sont en première ligne les cotons, les
laines, les soies. Il y a également augmenta
tion sur les substances minérales, notam
ment sur là houille, sur la fonte et .lp zinc.
L'importation des houilles belgès a diminué
pendant le mois d'octobre; mais il n'en a
pas été de même de l'exportation des fontes,
belges, qui a doublé malgré l'exhaussement
du droit.
Les acquittemens de sucres .coloniaux ont
été un peu moindres en octobre ; mais le
chiffre des dix mois a augmenté de 25 0/0
par rapport à Tannée dernière. Quant aux
sucres étrangers, ils sont en progression
constante . Ils prennent une place de plus en
plus considérable dans notre consommation..
Si nous examinons maintenant le tableau
des exportations, nous voyons qu'après avoir
faibli pendant quelques mois, elles tendent
à se relever. Nos'vins et nos èaux-de-vie-
sont de plus en plus recherchés à l'étrangèr.
Nos exportations de céréales se ralentissent
par suite de la hauàse des prix sur les mar
chés intépieurs. La plupart de nos produits
manufacturés, et surtout nos soieries, qui
forment la principale branche de notre com
merce extérieur, sont plus vivement de?
mandés par l'exportation.
Le mouvement de la navigation maritime
correspond à l'activité du commerce. Le
tonnage des navires s'est considérablement
accru a l'entrée; il a un peu diminué à la
sortie, ce qui s'explique surtout par le ra
lentissement de nos exportations de céréales.
J. B urat.
De grands capitaux français sont engagés
dans les emprunts belges. Il nous semble
donc utile 4 de donner l'analyse du proiet de
loi sur la conversion du 5 0/0, porté jeudi ^
la chambre des représentons par le ministre
des finances, M. Liedts :
L'article 1" autorise le gouvernement à effec
tuer le remboursement du capital restant en cir
culation*:
1° De l'emprunt de 86,940,000 fr. à 5 0/0, con
tracté en vertu de la loi du 26 juin 1840;
2° De l'emprunt de 28,621,000 fr. à 5 0/0, con
tracté en vertu de la loi du 29 septembre 1842 ;
3° Des emprunts de 37,513,940 fr.,votés par le3
lois du 26 février et du 6 mai 1848.
Par l'article 2, les propriétaires d'obligations
au porteur et d'inscriptions nominatives de ces em
prunts, auront la faculté d'en obtenir la conver
sion au pair en titres à 4 1/2. La jouissance à
5 0/0 sera conservée jusqi^au 1 er mai 1853, aux
détenteur^ d'obligations qui n'auront pas deman
dé le remboursement.
En vertu de l'art. 3, tout propriétaire de titres
qui, dans le délai de quinze jours, à partir dé la
date fixée par le gouvernement, n'aura paç de
mandé le remboursement, sera considéré comme
ayant accepté la conversion. L'exercice du rem
boursement est suspendu pendant huit années.
Art. 4. L'échange se fera sans frais d ms les di
vers chefs-lieu du royaume et à Paris. Le gouver
nement est autorisé à l'effec tuer également à Lon-
vi%s. - . ' '
Art. 5. Les nouveaux titres au porteur seront,
pour les emprunts de 1840 et 1842, de 2,000,1,"000
et 500 fr., et pour les emprunts de 1848, dè'2,000,
1,000, 500 et 200 fr.
• Les fractions non échangeables des anciens ti
tres seront remboursées en numéraire.
Par l'art. 6, il sera consacré à l'amortissement
du nouvel emprunt, 1/2 0/0 indépendamment des
intérêts du capital amorti.
Les art. 7 et 8 sont réglementaires.
Après la présentation de ce projet, M. Ûsy
a insisté sur l'urgence d'un examen immé
diat, et il a proposé le renvoi du projet à ufte
commission nommée par le bureau. M. Mer
cier a appuyé la proposition, à laquelle s'est
rallié M. le ministre des finances, qui a ajou
té qu'il désirait que la commission nommée
se réunît dès le lendemain. Cette commis
sion, nommée par le bureau, se compose de
MM. Anspach, de Naeyer, Loos , Rogier,
Mercier, Osy, Malou, -T'Kint de Naeyer et
Veydt.
Dans la même séance, le rapport de la loi
sur la presse a été déposé par M. Lelièvre
sur le bureau de la chambre. La discussion"
de ce projet de loi a été fixée à mercredi
prochain.
I e conseil d'administration de la société
générale du Crédit mobilier s'est constitué
cette semaine par la nomination de son bu
reau et de son comité de direction.
Ont été nommés : .
MM.Benoist Fould, présidait du Conseil,
Charles Mallet, ) .
Isaac Pereir^ j vice-presidens.
Le comité de, direction se compose de
MM. Benoist Fould,
Ernest André,
Isaac Pereire.
La Compagnie des chemins de fer du Midi
est parvenue, à force d'activité, à émettre ses
titres pour la liquidation et à faire la répar-
FEUIlLtTON DU CONSTITUTIONNEL, 28 NOVEMBRE'
RENÉE DE YAMILLE*
XV.
YVONNE ET LOISA.
-Yvonne était donc debout devant Loïsa
couchée sur le sopha, et comme elle était là
■pour subir l'examen de la personne chez qui
ftlle se présentait, elle pouvait rester ainsi à
l 'examiner elle-même sans lui causer au
cune surprise.
Lorsque Loïsa avait quitté la Bourgogne,
elle venait d'atteindre ses quinze ans. Elle
avait la taille d'une femme ; ses formes, dé
veloppées déjà depuis deux ou trois années,
étaient vigoureuses et dans leur plus grande
perfection ; son visage aussi possédait toute
cette admirable beauté qui l'avait rendue cé
lèbre et lui avait donné son irrésistible"puis-'
sance.
_• Jl n'était donc pas difficile à Yvonne de la
reconnaître. La figure de Loïsa était restée
dans sa mémoire; cette belle figure était tou
jours la même; ces dix innées de jeunesse
ne l'avaient pas changée; et l'art de la toi
lette réparait ce qu'elle pouvait avoir perdu
de sa fraîcheur juvénile.
Pour la grosse Yvonne, tout était différent.
Rien ne rappelait en elle l'enfant de neuf à
dix ans, chetive et maigre. Le grand air,
l 'exercice, Jes années, avaient développé une
forte constitution et amené un luxe d'embon
point qui plaisait par un air de santé, mais
qui n'avait de beau que la fraîcheur de là
vingtième année.
La reproduction est intéftMS.'
Il y avait ainsi une véritable impossibilité
à ce qu'Yvonne pût être reconnue par sa
sœur.
— Ah! dit Loïsa sans la regarder, vous
vous présentez pour être femme de cham
bre ?
Yvonne était tellement occupée à l'exami
ner, qu'elle ne répondit pas.
Loïsa, n'obtenant nulle réponse, souleva sa
tête, qui fut pleinement éclairée, et regarda
Yvonne avec ses grands yeux brillans. Elle
fut étonnée de son attention et ne put s'em
pêcher de dire :
— Comme vous me regardez !
Yvonne vit alors quelque chose de hagard
dans les yeux de sa sœur, et recula involon
tairement. Puis, promenant ses regards sur
tous les objets de luxe qui l'entouraient, et
se reportant à leur enfance :
— Est-ce. possible ! dit-elle.
Loïsa fut plus charmée que mécontente de
la naïve surprise de la jeune paysanne. Elle
était habituée à ce que son luxe étonnât les
nouvelle-venues.
— Vous arrivez de votre village;? dit alors
Loïsa en souriant, moqueuse.
— Oui, fut tout ce qu'Yvonne put dire
machinalement.
—Je connais ça, reprit Loïsa. Alors vous
ne savez rien faire, continua-t-elle en se
laissant retomber sur les coussins, et moi
j'ai besoin qu'on fasse toul-pour moi. Je n'ai
Elus même l'habitude ni la force de m'ha-
iller.
Yvonne regardait cette manière noncha
lante, dédaigneuse et hautaine. Sa surprise
faisait place à l'impatience.,. Il ne fallait plus
qu'une impertinence pour la faire éclater,
On entendit une sonnette du dehors; Lo"isa
se leva d'un bond, en disant :
— C'est lui! lui ! Armand !
ga figure était resplendissante do beauté,
d'espérance et de joie.,. Puis elle s'arrêta,
porta sa main à sa tête, eut l'air de se rap
peler tout à coup une chose oubliée, et se
mit à marcher vivement autour de la cham
bre, comme si elle fuyait quelqu'un. Elle
écouta-ensuite avec anxiété, et comme nul
bruit rie se faisait plus entendre, qu'on ne
voyait entrer personne, elle poussa un pro
fond soupir, chancela, toucha les meubles,
et serait tombée sans l'appui que lui prêta
Yvonne, qui, par. un mouvement naturel,
tendit les bras vers elle en la voyant chan
celer, et là dirigea vers le sopha. Mais Loïsa'
tremblait de tous ses membres, comme si elle
avait à redouter un mal effrayant; sesJevres
se serraient, ses mains s'agitaient avec des
mouvemens convulsifs,- et les mots qui s'é-
chappaienl de ses lèvres pressées n'avaient
aucun sens. Son visage, si beau l'instant
d'avant, était défiguré par une contraction
nerveuse, et ses yeux étincelai^ présentaient
l'image de la folie.
Yvonne sentit la colère céder à l'effroi,
puis à la pitié, devant cette horrible attaque
de nerfs dont la crise fut effrayante, et qui
se termina par. des pleurs et des sanglots,
La jeune paysanne comprit aisément qu'il
y avait sous tout cela un immense chagrin ;
mais ce chagrin auqueÏ Loïsa s'abandonnait
avec tant de violence, lui rappela la douleur
calme et résignée de Renée, et sa colère re
venait, quand on entendit des pas dans le
salon qui précédait, puis une voix bien con
nue qui demandait où était Loïsa. Yvonne
fit un mouvement pour s'éloigner par une
autre porte qu'elle voyait au fond de la cham
bre.
— Restez, lui dit Lo'jsa, tout à coup reve
nue à elle-même; vous savez mon secret, et
il faudra que je vous parte. Restez là !
Pijis elle écarta la portière de soie qui sé
parait les deux pièces, ei)tra dans le sqlon ?
et ne s'inquiéta point si Yvonne pouvait en
tendre tout ce qui se dirait, de la chambre ôù
elle restait.
Yvonne avait reconnu-aussi la voix du
marquis de Varvillé, et elle ne se fit aucun
scrupule de s'approcher de. la porte, de s'as
seoir sur une chaise, au milieu des plis des
rideaux, et même de les écarter un peu, de
manière à voir tout ce qui se passait dans le
salon. ' '
Loïsa, pâlè, faible et souriante, s'avança
vers Maurice, lui tendit avec grâce une main
qu'il baisa, puis elle s'assit sur une causeuse,
et se plaignit encore de sa santé, que l'air
de la campagne pouvait seul remettre.
— Malgré le froid, dit-elle, si j'avais la
possibilité d'aller hors de Paris, il me sem-,
nie que je vivrais! Ici, je me sens mou
rir ! '
■ Alors Yvonne comprit, par suite de la con
versation, qu'une petite maison abritée par
de grands arbres, à quelques lieues de Pa
ris, et qu'elle appelait d'un mot anglais le
Cottage, était l'objet des désirs de Loïsa.
Bientôt, par les détails de cètte deirieure, et
par ce qu'en dit M. de Varvillé, elle apprit
que c'était cette maison où l'on avait passé
quelques heures sur la roule pour faire re
poser Maurice encore souffrant.
! —Ah ! lui disait Loïsa, n'est-ce pas le ha
sard lui-même qui désigna-cet endroit char
mant pour la retraite où nous nous retrou
verions quelque jour ensemble, quand il
nous y ...conduisit chacun séparément? Vous
avez vu quel délicieux séjour?
— Moi, répondit Maurice, je n'aii rien vu
qu'une demeure ordinale et modeste. Je
ne pouvais encore marcher, et je n'ai pas
' aperçu sans doute ce qui vous en a paru
délicieux; mais enfin vous souhaitez cette
maison? .
— Je voudrais tellement la posséder, ré->
pqndil Lo]sa, qije, ce matin même, j'ai offert
mes hijoux, mes meubles, tout ce qui m'ap
partient, pour obtenir d'un juif les soixante
mille francs nécessaires à son acquisition, et
que j'aime mieux me priver....
Maurice lui dit très basj
— Ne vous privez d'aucun de ces joyaux,
inutiles à votre beauté, qui n'a besoin d'au
cun ornement; mais le. moindre de vos re
grets pour ces bagatelles me serait cruel.
... Demain, cette demeure sera à moi! 11
ajouta plus bas encore :
— A vous I
Mais Yvonne l'entendit et bondit sur son
siège. Elle avait vu Renée donner sa signa
ture pour que M. de Varvillé trouvât cette
somme sur ses biens, les siens étant enga
gés, et quand la paysanne, habituée à re
garder Renée comme une divinité, et à la
bénir comme une protectrice, vit que les
caprices de sa sœur allaient dilapider les
beaux domaines de la dame du château, elle
eut besoin de se tenir à quatre pour ne pas
sauter entre elle et le mari de Renée. Elle
se contint encore pourtant mais à grand'
peine.
Cependant Loïsa remercia M. de Varvillé
avec une joie et une reconnaissance qui ré
sonnèrent,-' car il y avait dé l'émotion dans
cette femme qui, habituellement, lui sem
blait impassible et glacée quand il était seul
avec elle .
Maurice voulut alors l'examiner avec at
tention; mais Loïsa était assise à contre jour
et elle porta son mouchoir à sa .figure.
Toute observation sur sa physionomie fût
donc impossible à Maurice, quand il lui
adressa des quesûbns sur ce qui pouvait
lui plaire dans cette maison de campagne
et lui faire désirer d'y aller à cette époque
où le printemps n'était pas encore arrivé.
Maurice n'ohtenait que des monosyllabes
-pour réponse à ses questions. Pourtant il les
faisait avec toute cette grâce affectueuse et
distinguée qui lui était naturelle, et qu'il n'a
vait plus ue Ui car partout ailleurs M. de
Varvillé avait pris des manières hautaines
et dédaigneuses, pour repousser toute fa
miliarité, et, tenir à distance ceux qui au
raient pu avoir l'idée dé lui adresser des
questions ou des reproches sur sa conduite.
Mais, dans cette intimité, où sa passion
seule le guidait, il laissait à lui-même tout
ce- que son caractère avait de tendre et
d'aimable, et, comme il voulait être aimé, il
employait encore, ces douces expressions et
ces manières caressantes, dont il n'y avait
plus aucune trace dans les instans qu'il pas-,
sait chez lui. .
Cependant, au milieu de ces questions sur
l'intérêt et l'émotion qui s'éveillaient chez
Loïsa, au sujet de cette demeure solitaire,
Maurice avait pris une de ses mains.
' — Qu'elle est brûlante ! dit-il avec inquié
tude. Vous souffrez ? ., ~
— Oui, dit faiblement Loïsa.
— Pardon de mes questions, reprit Mau
rice, et croyez que je n'y attache d'autre im
portance que le désir ,de vous satisfaire en
tout, et de deviner, par conséquent, ce qui
vous est agréable ! Pour cela, j'ai besoin
peut-être de savoir un passé que j'ignore.
Quand donc, dans quelle circonstance, cette
petite habitation vous fut-elle connue?
La main de Loïsa tressaillit dans les -
siennes; mais ee fut avec assez de calme et
d'une voix tranquille qu'elle répondit :
— Il y a quatre ou cinq mois.
— Lorsque vous quittâtes Paris sans rien .
dire à personne, reprit Maurice. Ah! que
j'ai soutlert ! -, - .
Alors Maurice se rappela ses regrets, sa
maladie, son mariagé ; il oublia ses soup
çons, et ses propres émotions l'absorbèrent
quelques instans; mais ces émotions avaient
toutes quelque chose de douloureux.
— Mon Dieu ! mon Dieu ! diWl avec amer
tume, sans ce voyage je serais encore libre !
je n'aurais pa§ de tort envers une jeune
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