Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-01-26
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 janvier 1852 26 janvier 1852
Description : 1852/01/26 (Numéro 26). 1852/01/26 (Numéro 26).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 26.
■. >RXZ DE L'ABOSMÎ-JEBIENT
- , j)Qur Paris et les departemens :
Ï^OIS MOIS, 12 F 1 StX MOIS... 82 ».
"... t* AS. .40 _*• •••
•. -s ■- i -ï ., - -
j fOCHiLEç vats ETpAKSBES, se reporter
an tableau qui seta publié dan? le journal,
' • l|s 10 «t î5 dpjçhaque mois.
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18S2.- LUNDI 26 JANVIER.
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annonces sont reçues à'u bureau du journal;-et chezsM. î"ANis; régisseur/'iej >lSçq-'^e la bouri»
r Lé" gouveraémèloÏTiéîît d;abroger le décret
du gouvernenmeiit provisoire concernant
xes titres de noblesse. On peut dire qu'en
faisant cela, il metia^tei ep rapport avec
les mœurs publiquef^avec un certain culte
pieui pour ce qui touchéà l'honneur des fa
milles..Les républicains de février, en se bâ
tant d'abolir les titres, avaient fait un àcle pué
ril et Jtfspjré^ptiî le^sentiment de ce qu'on,
peut'appel^ïà r^îttivaise-égalité. Cesdistinc 7
tioris, en,effet, ne blessaient réellement l'é
galité qd'àl'époqueoù ejles représentaientdes
privilèges., Aujourd'hui, elles ne représen
tent plus que des souvenirs, qui restent sou
vent léT êeul patrimoine d'une famille il
lustré par de, grands services. Aussi les
titres n'ont-ils actuellement de valeur à
nos yeurqu'tyrproportion des faits dont ils
réveilléftt la mémoire. Croit-on quelepeuple
; soit flatté de' voir disparaître des titres qui lui
rappellent une gloire ancienne ou moderne
à laquelle il est lui-même associé? des barons'
de s Montmorency, -des ducs de'CriUon,.dca
princes d'Esling, de Wagram^des d'Cfïss d'Isly ?
Le peuple ûe demaMepas mie^yâu^on-
traire, que cette propriété moralesoit respec
tée dans céux qui perpétuent ainsi-par leurs
»ûïos des souvenirs de gloire nationale. •
Lie: décret d'aujourd'hui se .'borne;, d'ail*
laurS^à faire revivre en-droit ce qui n'ava t
pas-cessè de subsister en fait. Les appella
tions proscrites par la loi, étaient générale
ment maintenues dans les relations sociales,
pëul-êtren'oilt-ellesjamaisétéplusemployées
gue depuisle jourÂljielles ontétéinterdites.Oii
. Contrevenait pàrlBûi dansle^oijde àycettê loi
sans but-sérieux, efe l'administration, elle-
même portait jouraellement à domicile dés
; fcontraveations sur la suscription des lettres
qire la poste est chargée (^distribuer.
Le gouyerçemçat.à-ett'ïaison dé suppri
et qui, sans donner satisfaction à.auciikinté
rêt légitime, portai t atteinte aux droife'incor-
porels d'une hérédité d'honneurf'iijiàuAï.
: Souacé-titre.:: Histoire de la famille Rma-
parte depuis 4 815 jusqu'à ce jbu>^ un-écrivain
toçlge; M. Félix Wouters, à publié un ouvra
gé pleiri de faits intéressans". et de documens
curieux. Nous, empruntons au livre de M.
Woutters le tableau des ipesurcs prises après
1815, à l'égard des biens de la famille 13ona r
parte. On pourraapprécierle mérité del'acte
~.,~pàr-lèqud^Guis-I^ôlédfl;,au nomtle la-fa-
.mille BonaparUj,.renonce à toute réclamation
pécuniaire. ■
-V-a^e-traité-de Fontainebleau avait garanti ' le
. paiement des sommes duc» à la.famille Bonaparte,.
et stljjulé une espèce • d'apanage en faveur de ses
membres.- ' '
îf.'L'ilb d'EHie ifioptee par S..M. l'Empç-
, 'jëiïr Napoléon poui' Ji'eu de ■ séjour,.sera possédée
. par lui en toute propmtéc..... -ILserà donné, eu :
-outre, en toute propriété, à l'Empereur Napoléon, ;
un revenu annuel de 8,500,000 en rentes-sur .
- le grand-livee de France, dont 1 million réversible :
à l'impératrice. ■ ■ - j
» Art. 4. Il sera réserve, dans les pays atitquels j
l'Empereur Napoléon renonce, pour lui et sa fa -i
mille, dos. domaines,. ou donné des rentes sur le ;
grand-livre- de France; produisant un revenu net [
. -de SI,500,000 fr. Cès domaines ou rente»' ' appar- ;
tieQdftiht 1 en toute propriété; et pour en dis- :
poser, cçmmé bon leur, semblera,, aux "princes et
"peibeesség de $r famille,' et aèr'ont répartis entre
. ..eux. de manièi%jà. c& que le revenu de chacun soit f
; ëans ïa proportion .suivante :
» A Madame-Mère 300,000 fr.: au roi Joseph et
la reine, 500,000. fr."; au roi Louis 200,000 fr. ;
-à là reine Hortense iet S ses enfaûa 400,000 fr.; au *
roi J^&ue et à la reine 500,000 fr. ; à la-princesse ?
'Elisa 300,000 fr'. ; et â la priuee^te Pauline i
■ 300,000 fr. - '
. * Les princes et princesses~dë la famille de
,l'Empereur Napoléon conserveront, en outre; tous
les biens meubles et immeubles, de quelque' na
ture quo ce. soitj qu'ils ppssè(lent à titre.particu--
litir et, notamment, les rentes dont .ils- je dissent
" également-eomme particuliers, sur le; grand-livre
de France ou. le monte-napoleone de Milan. * •.
* Art. 9. Les propriétés que S: M. l'Empereur
Napoléon possède en France, soit.coinme domaine
extraordinaire,, soit comme domaine privé,-reste
ront à la couronne.;
» 11 fpt également stipulé que le.gouvernement
français liquiderait immédiatement ce qui était dû
par le trésor public, soit à l'Empereur, du chef de
la liste civile, soit aux' membres de sa famille, -pour
les apanages dont ils avaient joui, et que les obli
gations du monte napoleone de Milan seraient re
ligieusement remplies. "
» Ces engagemens, garantis par tous les signa-
taires du traité de Fontainebleau,-, furent égale
ment sanctionnés par Louis XVIII, le 31 mai 1814;
il promit dans la ratification officielle du toité, :
que les clauses à la chargt de la fronce seraient
fidèlement exécutées.- C'était un engagement so
lennel ..qui aurait dû être inviolable." Mais le
gouvernement de Louis XVill devait le fouler aux
pieds. En effet,' le pouvoir, qui trouvait qu'on avait
trop généreusement agi. envers l'Empereur et la
famille, Bonaparte, chercha paille prétextes pour
retarder l'accomplissement de ces clauses, .dont il
avait promis la fidèle exécution f non seulement il.
refusa de liquider pi liste civile de Napoldon et les
apanages de sa famille échus avant le "traité 3e
Fontainebleau; mais/ dix mois après la signature
de ce traité, la famille attendait encore-que le tré
sor {(ublic lui payât les sommes - qui avaient été
stipulées par l'article ti -fliï inéme traité; ■ s
» Les choses en étaient ià lorsque l'Empereur
revint de l 'Ile d'Elbe. Si Napoléon avait voulu sui-,
vre l'exemple d'autres souverains, il eût commencé
par se faire remettre les sommesLdont lui et sa fa
mille avaient été si injustemerit-spoliés, au mépris
dy traité de Fontainebleau, et personne n'aurait
pu lui en f'aire un reproche. Mais le -trésor était
obéré, la France avait besoin de toutes ses ressour
ces,et l'Empereur n'était pas homme à sacrifier les
intérêts du ,pays à ceux de sa famillc. Un décret,
en date du 3-mai 1815, fixa définitivepent les som
mes dues à lafamilleimpériale a 12,646,578 f. 18c.
dont 8,680.622 fp. 28 c. à l'Empereur. ' •
»,V,oici l'analyse de cette somme : *.
» Liste civile etapanageséchùs au J"avril 1814 :
A l'impépatrice Joséphine, 501,666 fr. 67 cent!;
à Madame-Mère, 40,333 fr. 67 cent; au roi Joseph
et à la rciné Julie, 386,666 fr. 67^ent.; t à la'reine
liartensc et à ses enfans, llû.OOO fï.; à l'Em{»e-
r.eiir, 6,230,000 fr.
Du 1 er avril }81'4 au 20 mars 1815, conformé
ment au traité, de Fontainebleau : à l'Impératrice
Joséphine, 166,666 fr, G7 c.; à Madame-Mère,
291,666 fr. 67 c.-; au roi Joseph et à la rouie J « j -
lie,;.i486,U4 Cr. 45 c.; au roi Louis,-194,444. fr.
S3 c.; à la reiue Hortense et à s'-s enfans, 388,888 fr.
89 cerit. ; au roi Jérôme et à, la reine Catherine,.
486,14} fr. 4S c.; à la prin •csse Paulinp,'29),666 fr.
,"67 c. ; à la princesse'Elisa, 291,666 fr. 67 c. ; à
l'Emiiercur, 2,430,622 fr. S5"c, ' . z. ■
» Ce décret du 3 mai 18t"o décida'qûe la somme
ci-dessus .de 4 2,640,578 fr;-serait remboursée par
huitième de mois en mois (makdéceiribre 1815).
Ce n'était qu^un million e£ demi par-mais. Mais,
ilans^ les circonstances au milieu desquelles se
1 couvait la France, cette.-.charge était lourde, et
l'Empereur préféra consacrer ces millions à la :
défense de la'patrie.'Aussi, dès le 31 mai, il modi;. ;
fie le système de- remboursement (fxé par. son dé- ;
cret du 3, et décide que les sommes dues à lui et ;
à sa famille seraient soldées, sur le trésor public., ;
« les 4/5" en délégationsjsur. lesbierisà vendre en {
vertu de la loi dû 22 septembre 1814, et le der-
nier cinquième, en déclarations de versement de -
numéraire, à valoir sur le dernier chapitre de la;
valfcur desdits biens. » , •
sCes bons étaient au porteur, transmissible3 par :
endossemanS. Non content -d'avoir ajourné le i
paiement des sommes ducs à sa famille, l'Ernpe- ■
reur voulut utiliser les bons qui furent remis à •
lui personnellement, il demanda â sa mère, ïses
frères et: à ses sœurs, tout ce qu'ils purent donner,
dans ce moment; : olennel pour la France ; et cha
cun d'eux s'emprossa d'apporter au tiésqr son nu
méraire, ses iliamansi jusqu'à ifes .objets d'arts
pour une, valeur de-plusieurs millions, qui furent .'
versés an trésor public 1 . Napoléou leur flt-donneri
en échange une somme égale en bons ou déléga-
tion§ représentant «a ,]iste civile échue avant le
traité de; Fontaiûîbleau. Lucien en reçut- pcur :
2,064,000 fr. - - .
»• Citaient là sans doute des créances bien légiA •'
times, des .dettes bien sacrées pour le gouverne
raient. La famille' avait compté sur le paiement
de ces bons, et, contre toute altffnte, Louis XV1I1,
à peine rétabli sur.lc trôfle, "décida de son propre
chef, le 16 juillet 18is, que le décret du. 3 - paj
était nul;'que les bon*, délégations et déclara
tions délivré-» par le trésor, conformément à ce dé-
cret, n'avaient aucune taleur> et-il prescrivit en
même temps aux détenteurs des bons de les rapr-
porter. Plusiturs membres de la famille de -l'Em
pereur possédaient presque. ces seuls titres pour
toute fortune; ils réclamèrent.... Toutes leiS -s dé- -
marches fprent inutiles pour obtenir, non pas le
paiement,.«ais une indemnité en retour des som
mes dont oa^le'ur était redevable, et que-les Bona-,
parte, faut-il le dire, n'ont jamais pu récupérer...
" » Ainsi, et c'est là uhe remarque bien triste à
faire, 4es signatures des plus puissans souverains .
de l'Europe n'ont pu donner a un acte solennel la
garantie'que dbnne à, un contrat entre'particulià's
la simple signature d'un notaire!-,
» Le traité de .Fontainebleau fut déchiré par
Louis XVllI.et les fouverains alliés qui s'en étaient
diclarés garans. C'est un fait patent^ irrécusable,
et que le parlement anglais lui-même, dont la
haine pour Napoléon ne peuf pas, certes, être mise
en. doute, a eu soin de sanctionner, par' son fameiix
vote du 27 mai 1815. On sait," en eflei, que la
chambre des- communes, à îa majorité de. 290
voix contre 92, et celle des pairs, à la : majorité
de 112 voix contre 44, adoptèrent, le 26: mai 1815,
une adresse au prince régent dans laquelle elles*
déclarèrent que .Napoléon avait été délié deseng^-
gemens ajntraetésà- FontaineJskau,' par les viola»..'
tiofjs faites au traité, d'abord, par Louis XVIII qui
n'avait pas voulu.paycr le^ sommes convenues, et
en général par les alliés qui avaient voulu éloigner
l'Empereur de l'Ile d'Elbe. Après un vote aussi so
lennel, çt l'histoire est là pour attester le fait,
comment peut-on recourir à-des eophis'mes aussi
Tidicules,"aijssi absurdes ? ...
» Ces mesuréSj dit l'historiîn, ne s'arrêtèrent pas
là. On fit saisir les biens privés de l'Empereur, con— .
fisquer.à son profit les capitaux- qu'il avait placés,
et une loi, en date du 12 janvier 1816, " frappa
d'un exil perpétuel la famille Bonaparte et sa pos=-
térité. . . . . ..
L'article i de cette ordonnance était ainsi conçu :
» Art. 4. Les ascendans et dcscepdans de Na
poléon Jîucivjpartej ses oncles et ses tantes, ses ne- ,
veux et ses nièces, ses frères, leurs femmes et
leurs descendansj ses sœurs et lctlrà inaris sont"
exclus du royaume à pcrpétui.é, et sp'n ; Ltfipus d'eç •
sortir dans le d(^ai d'un;mois, sous.jajpeiue portée
par l'art. 91. du Gode.-pénal. ' ■ ' / .i :
» IU ne pourront y jouirrtl'aucun droit cîvilj' ! % •
posséder'aucuns,bîens,titrcs;pensions à accor
dés à titre gratuit ; et ils seront ternis de vendrè' ^J
dans le délai de six mois, les biens de toute nature - j
qu'ils, posséderont à titre onéreux. » ;*
Louis-Napoléon,» investi par le'peuple du
tîôusli hiiion à' la .Fiïince^ï s'en- est servi
que pQur^ôrganjsé'r;-un gouvernement. Il a ;
institue despouy'ojrs'publics. il ri'a pas'eù la ; j
prétëhti'otf d'oçtVi&yc'r dé.s droits iridivwfuélS;. • j
Si grand que fût le nombre des .citoyens f
qui l'avaient choisi comme mandataire dans ;
un acte si important,, il n'a pas cru'devoit ?
s'autoriser-de l'unanimité de cette Bo'hfiance : '
nationâlepour'enétcndrel'objet.H's^est?borilé> i
et c'étaitjdéjà une- assez grande tâche',; à don- ;
ner à sou pays des instrumens de. gouverne- '
-ment pro^fçs à assurer sa sécuritéj sa pros- '
périté et sa grandeur ; il n'a pas eu l'orgueil •
do se croire chargé de donner des droits à
l'hemme.' . ' '
Théoriquement les droits individuels exis-
tent. En-pratique, les lois sont toujours .f
intervenues pour en régler, pour en limiter r
l'exercice, dans la mesure compatible avec
la sûreté sociale, La Constitution liouvèlle, *
par son premier article, confirme et garan,- ;
tit les principes proclamés en 1789, et les. .'
reconnaît comme la base du droit public des
Français; .
Selon nous, cette simple déclaration suffit. \
On l'a commentée-'cependanten des sens bien
_opposés. Les uns se demandent si ce n'est 1
pas en dire trop; les autres, si çe n'est pas en
dire trop peu; si cé n'est pas faire une partj
■ trop large aux droits dé l'jndividu,/ Ou si ce
f leur préparer imej)art trop petite...
Quels sont «es principes dé*89 auxquels
. 011 se réfère? Sont-cc les principes sages e't
modérés contenus dans les édits; promulgués
ou prépares par Louis XVÎ? Sont-ce-les prin-
■ cipes de liberté excessive-imposés par i'inex-j
périence des Asseïnblées à la résistance fai-;
ble et impuissarite.d'une royauté déjà vain
cue avant sa chute? Ce danger, le plus grand'
de tous, n'est pas aujourd'hui à craindre.
Ges principes seront nécessairement renfer
més dans les bornes dont une terrible expé
rience a démontré aux nations qu'il ne fal-,
lait pas'les faire sortir. L'application en sera;
réglée par des décrets ou par des lois. :
, • Â cela, on s'est demandé, s'il n'eût pa's
mieux valu écrire, énumerer ces droits dans*,
la Constitution. C'est ce qu'ont fait les Cons-,
titûtions et les Chartes antérieures. Les droits
' dont il s'agit s'en -sontrils trouvés mieux;
garantis? Nullement, pour ceux au moins qiii,
ne les comprennent - qu'avec une t-xtension
indéfinie, illimitée. Seulement il a été plus,
difficile de les soumettre à la réglementation:
qu'ils exigent. En écrivant ces droits dans la
Constitution,.on a plutôt créé un péril pour •
l'ordre, qu'une sauvegarde pour la liberté.
. En effet, prenons des exemples. Quand ou
«a écrit dans-les Constitutions précédentés les)
- principes plus ou moins absolûs de la liberté 1
é individuellej de la liberté de la presse, de là
liberté de réunion, de la liberté d'associa
tion, qu'en est-il presque toujours résulté?:
L'abus de ces droits, proclamés-comme ab
solus, à l'origine des gouvernemens, et non
encore limités par des définitions légales, n'a
pas tardé à produire un <5lat anarchique; Il
a fallu élever des digues contre ces libertés
désordonnées ; alors la liberté d'écrire, la lin
berté'de se réunir, la liberté de s'associer,.
: ônt été.soumises à des restrictions salutaires.
Plusiéurs fois mêmé ôous lés- ayons ; vues';-
frappées d'une suspension: "temporaire. Vai
nement les oppositions extrêmes invoquaient-
..elles les droits prétendus inaliénaMes et im- ;
'prescriptibles consacrés>par les textes cons-:
titutifs. En s'ari^iantde ce| lextea^-elles par-
» venaient ^oyetft' à/provoquer^în' > 'péril pu- *
•blip,-' mais elles nè parvenaient pasti em- :
p&}ier'te vote desime'sûi'es refefcrietiVes^ ré*- j
éiam^e^par-les besoins de la sécurité so
ciale; ou bien, r sj^ paK,.hasard ou. par mal-;
heur, ces- aboutissaient à Kpie révolution qui ne rame!-
_ fiait ttn jour la liberté sans frein que pour
ramener le lendemains la nécessité de restri^ J
les Constitutions^, nè sont, dans le cours ré-.
gulièr des çhetees, que ce mte le& lois les font
être^ : ■ . .
/' C'çst pourquoi, nous ne sommes nulle
ment inquiéta.^ n,e pas voir figùrer dan&kt
Coastitutioxi dei Louis-Napoléoii: lano^èo-
.clature dés.droits individuels, quelle recoti-
naît 'ê^i principe d'une, manière générale, et
dont, comthe toujours; l'exercicé sera défini
ët régularisé par dès lois. Ln plupart de nos
. Constitutions,«faites ou refaites, "fit eu pour
origine un mouvement dirigé en vue de faire
une plus grande part à la liberté; la Constitu-
.. lion nouvelle a eu pour origine la nécessité
de "réprimer les abus de la liberté. Les Cons
titutions .antérieures commençaient par une
extension illimitée des droits, et elles abou
tissaient à. des restrictions inévitables; la
Constitution nQ.uyelle .a dû commencer par
les restreindre,'en laissant à la loi Je soin.de
lesétendre, progressivement : c'estune mar
ché inverse, et qui nous parait beaucoup
■ plus SÛre. . ' .. F. BOILAT.
. Le bai des Tuileries a été très brillant et
très aqimé. La foule était si grande entre
dix el onze heures, que sur quelques points
la'circulai-ion devenait impossible. Le coup-
d'œil était éblouissant. Dans chaque salon,
dans chaque galârië,'on7avait disposé plu
sieurs rangs de sièges -et' de banquettes ■accu-'
pées par les dames,qui se. disputaient les re
gards par la fraîcheur, l'élégance et le goût dé
leul'a parures ; le reste n'était qu'une' masse
étincelantë de riches uni formes, de broderies,
de cordons, de plaques et dediamaus. Les
ministres, les généraux, les officiers de tout
grade; lés liants fonctionnaires, ' les magis
trats, les membres de l'Institut, les hommes
'les plus éminéns duis les sciences, dans les
lettres'et dans.les arts, se pressaient dans ce
palais historique rendu à sa splendeur et à
sa : destination solennelle. L'élu de la na
tion était bien là chez lui, au milieu de tout
ce que là France a de plus grand, de plus
noble et de plus illustre. Le,prince a fait plu
sieurs fois le tour des salonà,donnant le bras
à Mme la marquise de Douglas; ,sà cousine,
et suivi d'un nombreux cortège- où l'on re
marquait le maréchal Exelmans,- le général
JSlagnan, des amliassadeurs et des ministres
étrangers. M. le marquis de Douglas était en
costume' écossais;; Des' uniformes anglais,
prussiens, piémontais se mêlaient.aux grou-
pesdes danseusesjet ajoutaient àia -variété et
a l'éclat du tableau. . ^
On dansait dans la salle des Maréchaux,
où Strauss dirigeait son orchestre au-des
sous d'un , grand trophée de drapeaux sur
montés de leurs aigles. On dansait aussi dans
la nouvelle galerie construite sur la terrasse :
de Philibert ..Delorme. ,Ce second-orchestre :
était çonduit par Dufrêne. Les tables de jeu
etaieni danst la salle de la Paix..
De magnifiques tapisseries* chefs-d'œuvre
des Gobelins, remplaçaient, dans l'ancienne,
salle du ■ Trône,Jes lourdes draperies de ve
lours qpi'on y voyait autrefois.
Vers minuit, on a ouvert'la salle de Diane,
où l*n avait dressé un immense buffet servi
avec- profusion# Ici les dames étaient sépa-
rées'de leurs cavaliers par une longue balus
trade. Rien de piius riant, de pluà gracieux à
l'œil que cet innombrable essaim de jeunes
et jolies .femmes qui daignaient se souvenir
un instant de ieur condition mortelle,, et ré
paraient leurs C^rces pour valser avec plus
d'ardeur. L^fèîé^s'est prolongée jusqu!à une
heure très^vaAcée.
„ fj'
■S ■ -f -iW' ■ .. ; - -
M/AJagn^', ministre des travaux publics, a
remis sji ciémissiori dans les maiiis dù pririce-
Président de la République le 22 de ce mois;
il à gardé l'intérim du. ministère jusqu'à
son remplacement, qui aura lieit incessam
ment'. . ' [Communiqué.),
La lettre suivante a.été adressée par M. de
Falloux à \'(Jnioii-.de l'Ouesi et au Journal de
Maine-et-Loire." ' "
' « Monsieur le rédacteur, -,
s » J 'apprends., avec.une reconnaissance
pleine .'dû regrets, que plusieurs de mes com
patriotes songent à m'envoyer au corps lé-,
gi jlatif'cL'éfàtide iSies Forces ne me laissant
--pas llesp.QUF.de ' remplir. convenablement ce
jjj&idsUyla* conscience ne.,me permet pas
-0,Ôu pluS dn L'accepter, et je me hâte de le
.déflsnar publiquement, afin que les électeurs
puissent aussitôt se concerter pour un autre
choix.-, ' .
» Je tiens également à rendre public le!
motif de ma retraite, dans la crainte que l'on <
Çe se mépremie sur, ma pensée, et qu'on,
n'attribue, soit au décotucagement, sqit à
l'hostilité systématique, ,un ; acte uniquement;
et absolument fondé sur des considérations
personnelles et privées. . i -
» Loin do voulojr .donner un signal politi
que, j'ai pris, j'exprime ma résolution saris
avoir consulté aucun de mes anciens-collè
gues: et j'ose, au. contraire, "conseiller ins
tamment â mes amis de redoubler de dévaû-
-ment, d'activité, d'énergie, partout où ils se
ront assez heureux pour contribùer au ser
vice du pays. .
» On accorde , volontiers aux légitimistes
que leurs principes sont favorables à la gran
deur, des nations, mais on leur reproche de
trop sacrifier à un idéal qu'ils ne sont pas en
mesure de réaliser, d'immoler trop aisément
le présent et ses périls à des-yues, à des sé
curités lointaines. Je crois sentir aussi vive
ment que qui que ce; soit au monde par où
pèche cette-accusation, mais aucun observa
teur attentif ne niera sa portée î elle s'est
"notablement amoindrie depuis trois années,
notre persévéraqce dans' les mêmes -voies la
.détruiracomplètement.'.-, . . . 1
'» Le scrutindu 20 décembre 'à'èst point
point d'appui là où touBçsfhbmr
mes de bifen peuvent l'adnletti%',,
» Peu après la résolution de février,
Criyais b\'Union de l'Ouest-, 5 i,'instijic,t des
» masses est souvent — pas toujours— su- "
r> périéur a l!habileté des liommess d'Etat. »
Cela m'a frappé de nouveau le. 20 décembre;
Ce scrutin,, dégagé de circonstances èur les
quelles je n'ai pas à m'expliqûei 5 aujourd'hui,
ce scrutin, pris dans son sens le plus -géné
ral; atteste deux sentimens d'iine ' profonde -
justesse. Ces deux sentimensles voici Il
n'y a pa^, pour un'grand peuple, dépreispé- v
rité saris autorité; r^il n'y a pas d'autorité
sans unité. ,
» Tout le salut et tout l'avenir de la Fran
ce sont là. '■
» Quoique-j'aie fort à cœur de m'abstenir
des récriminations dont d'autre^abusent de
puis quelque temp^, on ne.peut disconvenir
que les contradictions et les divisions'n'aient
j oué un dép lorable. rôle dans les régions of
ficielles. Un pëtir nombre" dé personnages,
monarchiques cependant; semblaient s'ap
pliquer a reridrè le réiàblisserùerit de la mo
narchie imeraticable, tandis qjsë la plupart •
des républicains ne travaillaierit qu'à rendre
le maintien 'dé* la RépubîiqriS"*"impossible.
L'opinion en dehors des sphères élevées 1 sup
pliait vainement ; ees difficultés ne pouvaient,
se vaincre que d'en haut, et le voîu des 'ei -r
. toyens isolés est impuissant quand les inspi
rations supérieures font défaut. Lé 2 décem
bre devait'done être prévu : il est autant
l'œuvre de ses victimes que de ses-auteurs.
» Du reste, si je rappelle un passé qui
d'ailleurs ne pèut être mis ni en doute ni en
oubli, c'est pour y trouver le droit, de dire
hautement à:ceux 'auxquels je m'adresse :
Continuez à faire entendre partout ,et tou
jours le langage désintéressé de'l'union '
et du patriotisme ; demeurez: également
loyaux envers les puissans et envers les pros
crits ! Parlez phis~qu'é jamais aux partis de
réconciliation, au pouvoir de modération et
d'équité,- aux populations de moralité, et
d'ordre I J'omets à dessein une mention de
liberté; ce mot çerait ma} compris dans ce
mbrnént. Il viendra à son jour, et" résultera '
naturellement de ces -premières conditions
mises g# pratique avec.ëinoérité: .. •:
» Parlez aussi de patienco aux.emportés.
Les peuples; trôubfés par de longues etmul-
que par l'épuisement
Quiconque aplanit, un obstacle, effacè.-une
amertume, dissipe un préjugé,-accélère ce
retour. Faire aimer sa caUse a été de tout
temps l'une des . meilleures maniérés de là -
servir : de-nos-jours; il n'y en a plus d'autre. .
Défendre la société dans ses principes essen
tiels, c'est se vouer à une cause où Dieu d£fi-
gneça prendre pour lui çe ..qu'on aura fait
potir elle. Que cela suffise à notre courage
comme à notré ambition. ..
»Là polémique de^ancienspartis est inter
dite pour, long-temps, nous -devoys souhai
ter que ce soit pour toujours, mais la lumiè- -
re et le discernement 'se referont prompte-
ment dans ; notre intelligent pays. Les hom
mes : né vont, plus se- mesurer par ■■leurs
ardeurs, par leurs passions; ils auront à se
produire par leurs actes réfléchis, parleurs' -
mérites serieux r réels, immédiats. Elï bien 1
soit! Dans toute carrière où la France est in-
-léressée, où sa destinée est en-jeu; -nous ne
devons être ni absens-ai surjpàssés.
" » Je supplie donc mes amis de Maine-et-
Loire de donner, en ce moment, im exem
ple qu'il m'est douloureux de ne pas leur of
frir. J'envierai, qu'ils en soient bien sûrs,
autant que j'applaudirai ceux qui continue
ront ce travail de paix et de rapprochement
auquel j'ai consacre, sans l'ombre d'une res-
triçtipn,. tous les efforts dé ma courte exis
tence, politique. , ,v , -
» Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur
avec mes reinercîmens, les sentimens
les plus distingués de votre très^ùm-
• ble serviteur, " • '. }
. » A. De Falloux," '
t Rourg-d'Iré,,23 , janvier 1852. .»< ...
On est fort oublieux en France, et il sem
blerait, à entendre certaines personnes, qdte
f tlffim» Ç0fiST!lTO(0.1ISa, 26 JANV.
- |HÉAirttEis... :.
. K? n .
' Tii éiTBB fbiNCAis j Le Pow et le Çantre, comédie en
-, un ftctç, de'MSl. Laffitte et Nyori.— TÀiuÈTÉs l'ne
Queue-Rouge r vaudeville an trçiï parties, de MM.
DuT#rt et; Lauzanpé. -r La Quittance de Minuit,
_ opéra-comique en uà acte, paroles de il M. Com-
merson et Desltuidès, musique de M, Varn»y. —
•Tii^itB M. Barbe-Bleue, vaudeville en un acte,
dè.M.'Bay'ard.
. ' JL& Théâtre -Français se repose un peu dans
le,genre innocent. On peut lui. permettre
quelques soirées douces, autrement il mour-
'xait de pléthore. Les reprises solennelles, l'es
- pièces en vogue, les représentations de Mlle
Rachel ne laissent point de répit aq public;
lés «tuteurs à. succès - tiennent. l'affiche ou 1
se. préparent à -la prendre ; il est juste
t de,faire "aussi là p^art du petit.monde',
comme on dit. Ce pauvre petit monde n'a
rpas de grandes prétentions, il est patient, il
rest inodeste, timide, il salue humbletiient le
portier, il prend les ordres du souffleur,'il se
-donne comme le petit serviteur de ces
- Messieurs et de ces Dames ; n'est-ce.pas le ;
moins-qu'en récompense dft sa patience et de
• son humilité, il- fourre de temps à autre
un proverbe inïiocent ; ou quelque comédie
incapable de faire tort a personne, entre deux
. recettes 1 Faites-lui la charité d'une repré-
-sentation 3 cela vous coûtera si peu, et "lui
-causera tant de plaisir;! D'ailleurs le-Théà-
-tre-Françàis est assez ridie pour-ne point ;
-regarder de trop près à ses générosités.
On a donc joué jeudi le Pour et le Contre , i
ienun.acte et eriprose. Le spectacle était à peu
-■près, sacrifié ; il n'y avait guèrede monde; la
pièce à réussi, les deux , auteurs sont à
■ coup sûr très contons. Pourquoi troubler cette
naïve satisfaction ? ils out dû l'acheter assez
cher, nos deux auteurs*^ C'est une comédie
dé bien minime importance que cette comé-
dienoùvelle, direz-vous; celas'improvisepro-
bablement ; tout le monde en ferait autant ;
M. Jourdain, lui-même, avec quelques l.e-
çons d'un professeur, y arriverait sans s'en
douter; détrompez-vous. Faire la pièce, c'est
le pont aux ânes.j mais,la faire jouer ! Ici tou
tes les ressources de la vocation deviennent
nécessaires. La vocation d'unhomme seul ne
suffirait peut-êlre paé ; deux vocations réu
nies ne sont point de trop. Que de pas, que de
démarches ! Solliciter la lecture, attend rir ses
juges, obtenir un tour, et, une fois lé tour
obtenu , attendre dix ans , s'il le faut ., ;
qu'il vienne. On a été reça en cheveux
blonds, on est joué, en cheveux gris. Les
répétitions durent autant que la guerre de
Troie, et, pendant ce temps-là, les mœurs ;
changent. La pièce était palpitante d'actualité ;
sôus l'Empire; piquante encore sous la Res
tauration; accommodez-la, si vous pouvez, -
au goût d'aujourd'hui; j'exagère un peu, je 1
crois, mâis il n'en est pas moins vrai que les,,
travaux d'Hercule sont peu de chose en
comparaison du mal qu'il faut se donjier
pour arriver à la représentation de telle pe
tite comédie en un acte, qui s'appelle le Pour
et h Contre. D'ailleurs, les pauvres auteurs
ne traitent pas leur œuvre légèrement,-soil
mérite s'accroît à leurs yeux de toute la
peine qu'ils ont eue! Ils y ont mis ce qu'ils
avaient... là. Vous ne leur persuaderez ja-r
mais qu'ils n'ont pas fait une véritable co
médie. , *
La comédie représente deux dames, l'une 1
en robe blanche", l'autre en robe rose, les
deux robes à taille courte et à demi-queue,
c'est-à-dire deux charmantes dames de l'em
pire, Mme de Blav^s et Mme "de Chantreuil.
Ces dames passeut le temps comme elles peu-
vent t —en très grande toilette—au château de
Blaves, lequel appartient à la jeune Mme veuve
de Blayes. Mme de Chantreuil n'est pas veu
ve, mais elle a un mari qui fait de longs voya
ges et qui pour le moment est absent-—•
Voilà la comédie partie à fond de... caquet.
Il faut vous dire que "le mari de Mme de
Blaves était,de son vivantjofficier supérieur^
et que Mme de Blaves a été mariée huit jours
seulement, ce qui explique le profond regret
Qu'elfe conserve du défunt. • -.;■ - •
Dès que l'exposition est faite par une con
versation des deux amies, et,.jugez si.un tel-
commencement doit^avoir de l'intérêt^ un
troisième personnage survient, grâce auquel
les limites ordinaires du proverbe sont dé
passées,et la pièce peut , prendre, avec une
certaine assurance, -le , titre de comédie.
Qu'elle le prenne donc ! Le nouveau person
nage est du masculin. Satribleu ! il porte un
uniforme ! sambleu ! li a toutes, les appa
rences d'un guerrier; sambleu ! il est-en pe
tite tenuede colonel de hussards, pantalon de "
cheval, bonnet sur l'oreille, et le laisser-aller
du mitin et de l'écurie ; .on se croirait au ■
Gymnase dans le bon temps des colonels. *
Vous êtes intrigués, par exemple. Un colo
nel Brossard n'entre point dans une comédie
sans exciter au plus haut point l'attention,
surtout s'il est'porteur d'un ordre particulier
de l'Empereur. Ordre à Mme de Blaves d'é
pouser, dans le plus-bref délai, le colonel en
personne, afin d'unir ainsi l'une de nos plus
belles fortunes territoriales au courage d'un
soldat dévoué. L'Empereurs'èntendaitenma
riages de convenances. Le colonel, fidèle à la
consigne; présente son billet de... mariage'à
Mnûie de Blaves. La veuve trouve le billet un
peu fort, et Je colonel un peu trop soldat,
— Excusez, dit-eilfe, je suis très obéis
sante ; mais je ne puis vous épouser.
— Ah ! tant mieux ! •
— Pourquoi tant mieux ?
— Parce que je n'ai pas non plus envie de ■
me marier avec vous, j - .
— Eh bien ! colonel'Brassard , écrivez à
l'empereur que je ne suis plus libre, et que
j'ai épousé mon cousin Lucenay.
Le cousin Luctnay ne paraîtra cependant
pas.'Il habite la cantonnade* il la remplit
agréablement et il y teste. Ce cousin sou
tient; un procès contre sa cousine de Bla
ves, mais on suppose, d'après -certains
bouquets mystérieux, qu'il voudrait terminer
le.procèsàl'amiable; c'est pourquoi, sans
hésiter, et ne voyant ]5as. d'autre moyen d'é
chapper à la. grande-armée, Mme .de; Blaves
envoie au cousin Luceiiayi sonj dossier et sa
main. —- Bravo I décrie BroSsard,-vous, nie
tirez d'un mauvais pas. Sansivqus,'je n'àu-
-rais jamais su comment me débarrasser de
viïusl ' .
Il èst gàjant, le hussard ! Attendez un peu;
là politesse va venir. Notez que ce brutal, ce
hussard, ce Brossard .avec son pantalon de
cheval et sa pipe— fume, Dieu me pàrdon-
ne! — û'aseulementpasvouluregarder.enco-
re Mme de Blaves. Malheureusement,-.au
morne.ntdd sortir en disant,: Bonsoir la com
pagnie! il fait un faux mouvement, ses yeux
se dérangent et s'en vont du côté de Mme de ,
. Blaves^— Ouais:! est-ce là nq^re veuve?— Le
- Colonel nè's'en doutait guère, et nous le sur
prenons, une fois îqu'il s'y est mis, à regar
der Mme de Blaves... mais à la regarder... La'
prendrait-il pour un miroir? .
Néanmoins, le voilà parti.—Un drôle de
corps ! dit Mme de Blaves.
— Èt grossier comme du pain d'orge, ré
pond Mme da Chantreuil, •
— Pouah 1 font les deux dames ; il a laissé
. ici u ne odeur de tabagie.
La vérité est que le colonel ne fume ni ne
prise, qu'il n'ést ni grossier, ni brutal, ni
soudard. Tout au contraire, ; il chante, il dan
se, il peint, il est musicien, poli, homme, du
. monde ; il a tous les talens, il porte à ravir
' à la ville un délicieux habit bleu barbeau à
boulons dorés, et si vous, l'avez vu en petits
, tenue d'écurie; la pipe à la bouche, c'est qu'il
voulait se faire prendre en grippe, et qu'il
avait trouvé à propos sous sa main la pipe
de son brosseur. 'Maintenant c'est tout diffé
rent;*^ colonel se montre avec ses avanta
ge^; et il vient dire âdieu à Mme de Blaves
d'un ton qui signifie : J,e voudrais bien res
ter. — A quoi Mme-de- Blaves riposte : Allez-
vous-en, comme si elle disait : Pourquoi par
tez-vous si vite?
. — Parce que j'ai écrit à l'Empereur, s'écrie
le colonel qui rompt la gl ice^
— Moi, j J ai écrit à mon cousin, soupire la
veuve.--' .. ■ .. .■ :
Quel coup du ciel ! la lettre du colonel est
restée» dans là" poche du brosseur. Mais la
lettre au cousin ?... Il n'y a pas de cousin !
Celui qui se faisait passer pour Lucenay; et
qu'on regardait comme li cousiny n'est autre
que M. de Chantreuil, revenu da son voyage,
et déguisé dans les environs,, pour surveiller
sa femme, qui a sans doute besoin de sur
veillance. La-dessus le colonel et Mme de
Blayei se font un,vrai plaisir d'obéir.à l'em
pereur-Napoléon. . - - ; ■
. Je n'insiste .pas davantage. On voit suffi-;
sammerit ce qu'il y a d'ingenieux et de neuf
dans la èomédie; les grâces des deux dames
et l'originalité du colonel ji'échappent à per
sonne. Ajoutons àcelale brosseur, qui paraît
aussi avec un langage conforme à son état,
moush'aurons plus rien oublié. Enfin le tondu
dialogueest soutenu, je me plais à lereconnaî-
tre. Il n'y manque qub les cinq ousixcouplets
qu^ lui auraient mérité une honorable place
sur lascènedesDélassemens-Comiques. Peut-
être, a-t-on retiré ces couplets de la cothedie
en la .présentant au Théâtre-Français. En
somme, nous avons eu souvent déjà d'autres
fadeurs qui ne le cédaient en rien acette.der-
nière, et qui étaient moins bien jouées. Les
robes rose et blanche de Mlles Brohan et De-
nain ne rencontre raient pas facilement leurs
pareilles, et M. Brindeau tient le premier rang
parmi les jeunes colonels. Je voudrais fa ire de
Mlle Augustine Brohan un éloge particulier
sans tomber dans le banal. On lui a tant dit-
qu'elle était spi rituelle, adorable, et que sais--
je encore ! II. me-semble; à moi, que cette
comédienne est en acier fin 5 que ses dents
brillent, non pas comme des perles, mais
comme des rasoirs ; sa voix métallique tran
che les mots, et voue, pénètre ainsi que l'in-'
cision d'une lame affilée;; à peine vous ôtes-
vous "senti couper ; le sang f oule pourtant.
Enfin Mlle Brohaa est ed train de créer un
nouvel .emploi qu'on appellera vraisembla-
■ blemehtx^iui des soubrettes-stylet. •■ ■
- Le soir de la première représentation de là
comédie de MM. Laffitte etNyon, le specta
cle s'est terminé par la Coupe enchantée, et
comme ou se trouvait là, -on n'a point été 1
fàclïéde voir de ses propres yeax, là plus
jolie fille qu'il y ait sur noS théâtres de
Paris. Mlle Theric fait des,progrès reiriaï-
quables, et devient tout-à-fait une ingénuité;
elle;avait le charme, elle a maintenatit l'es
prit de l'emploi.
A propos du Pour et du Contre , encore un
mot. Les raisons pour lesquelles on a choisi
la comédie que nous avons eu l'honneur de ;
voir représenter, je les ignore ; mais, je sais "
bien que si l'on tenait seulement au' tilrç ;j - on
aurait pu prendre un ouvrage qui le porte
aussi, et quial'avantage d'être littéraire, fia,
d'un tour d'esprit original, et hors ligne
parmi les proverbes ;-je parle 4a Pour et du
Contre de M. Octave Feuillet, ; en m'enipressant
de dire qu'il n'y a rien de œmmu&éfrtre ce--
lni-là et l'autie. Une chose assfa Marieuse,
c'est que le"proverbe de M. Feuillet a déjà i
été joué à Saint-Pétersbourg,de même qu'on .
y joua autrefois avant nous le Câp'ricè, d'Al
fred de Musset. Qu'aurait-on dit fcépendant
si, après que le Caprice eût réussï' en>£tuç-. .
sie, on avait représenté à sa "plaGe en France
un'autre Caprice de MM.;' Nyoft et Laf
fitte? Le nom de M. Octave- Feuillet, vieht
naturellement, sous la;plume, à ^occasion
d'une pièce qui a sur ^affiche lé m'êffie ïi-tre
que son proverbe; j'ajoute que/pour;n'avoir
oas encore paru au théâtre, Octave -feuil-
,et n'en est pas moins àiitèur dramatique su
périeur à-la plupart de ceux que^ron joue,,
1 à publié récemment- un livre qui con- <
tient tout un répertôifef.-et • qui . mérite
l'attention de- la critique et la curiosité du
public, infiniment plusîque tant de vaùde«
villes dont on rend compte tout au long. Il y
a dans le livre dé M.^éâïlîet une dizaine de
premières représentations,; et des plus inté
ressantes-; nous nous pro'p.osons-bien, à l'oc
casionne rie point laisser nos lecteurs en "
perdre un-3 seule. ■""■■■'
— Le théâtre dés Variétés s'est jeté, il y a
'de cela bièritôt huit jours, dans la farce sen-
■. >RXZ DE L'ABOSMÎ-JEBIENT
- , j)Qur Paris et les departemens :
Ï^OIS MOIS, 12 F 1 StX MOIS... 82 ».
"... t* AS. .40 _*• •••
•. -s ■- i -ï ., - -
j fOCHiLEç vats ETpAKSBES, se reporter
an tableau qui seta publié dan? le journal,
' • l|s 10 «t î5 dpjçhaque mois.
Les-abonnement datent des l" et i«
-'<• > de chaque mois. •• :
4--- " ' ' ; , ' ;
teltISAlJX> : rue (ge Y
18S2.- LUNDI 26 JANVIER.
S'adresser, franco} pour ïa rédaction, d M. Boniface.
Leg articles déposés iie êont ça? rendus. ' * .
JOUBNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
-10# f abonne, dawles départemens, aux Messageries et éux-sDirections de posiez—A Londres,-c/iee MMJ'CoW'iî et Fiis.j
| —A Strasbourg,chez M: AtEXiNDKE, pour l'Allemagne^ ' ..l^esan
S'adnesser, franco, pour l'administration, à JM. DiNaik. itireètisw. •
annonces sont reçues à'u bureau du journal;-et chezsM. î"ANis; régisseur/'iej >lSçq-'^e la bouri»
r Lé" gouveraémèloÏTiéîît d;abroger le décret
du gouvernenmeiit provisoire concernant
xes titres de noblesse. On peut dire qu'en
faisant cela, il metia^tei ep rapport avec
les mœurs publiquef^avec un certain culte
pieui pour ce qui touchéà l'honneur des fa
milles..Les républicains de février, en se bâ
tant d'abolir les titres, avaient fait un àcle pué
ril et Jtfspjré^ptiî le^sentiment de ce qu'on,
peut'appel^ïà r^îttivaise-égalité. Cesdistinc 7
tioris, en,effet, ne blessaient réellement l'é
galité qd'àl'époqueoù ejles représentaientdes
privilèges., Aujourd'hui, elles ne représen
tent plus que des souvenirs, qui restent sou
vent léT êeul patrimoine d'une famille il
lustré par de, grands services. Aussi les
titres n'ont-ils actuellement de valeur à
nos yeurqu'tyrproportion des faits dont ils
réveilléftt la mémoire. Croit-on quelepeuple
; soit flatté de' voir disparaître des titres qui lui
rappellent une gloire ancienne ou moderne
à laquelle il est lui-même associé? des barons'
de s Montmorency, -des ducs de'CriUon,.dca
princes d'Esling, de Wagram^des d'Cfïss d'Isly ?
Le peuple ûe demaMepas mie^yâu^on-
traire, que cette propriété moralesoit respec
tée dans céux qui perpétuent ainsi-par leurs
»ûïos des souvenirs de gloire nationale. •
Lie: décret d'aujourd'hui se .'borne;, d'ail*
laurS^à faire revivre en-droit ce qui n'ava t
pas-cessè de subsister en fait. Les appella
tions proscrites par la loi, étaient générale
ment maintenues dans les relations sociales,
pëul-êtren'oilt-ellesjamaisétéplusemployées
gue depuisle jourÂljielles ontétéinterdites.Oii
. Contrevenait pàrlBûi dansle^oijde àycettê loi
sans but-sérieux, efe l'administration, elle-
même portait jouraellement à domicile dés
; fcontraveations sur la suscription des lettres
qire la poste est chargée (^distribuer.
Le gouyerçemçat.à-ett'ïaison dé suppri
et qui, sans donner satisfaction à.auciikinté
rêt légitime, portai t atteinte aux droife'incor-
porels d'une hérédité d'honneurf'iijiàuAï.
: Souacé-titre.:: Histoire de la famille Rma-
parte depuis 4 815 jusqu'à ce jbu>^ un-écrivain
toçlge; M. Félix Wouters, à publié un ouvra
gé pleiri de faits intéressans". et de documens
curieux. Nous, empruntons au livre de M.
Woutters le tableau des ipesurcs prises après
1815, à l'égard des biens de la famille 13ona r
parte. On pourraapprécierle mérité del'acte
~.,~pàr-lèqud^Guis-I^ôlédfl;,au nomtle la-fa-
.mille BonaparUj,.renonce à toute réclamation
pécuniaire. ■
-V-a^e-traité-de Fontainebleau avait garanti ' le
. paiement des sommes duc» à la.famille Bonaparte,.
et stljjulé une espèce • d'apanage en faveur de ses
membres.- ' '
îf.'L'ilb d'EHie ifioptee par S..M. l'Empç-
, 'jëiïr Napoléon poui' Ji'eu de ■ séjour,.sera possédée
. par lui en toute propmtéc..... -ILserà donné, eu :
-outre, en toute propriété, à l'Empereur Napoléon, ;
un revenu annuel de 8,500,000 en rentes-sur .
- le grand-livee de France, dont 1 million réversible :
à l'impératrice. ■ ■ - j
» Art. 4. Il sera réserve, dans les pays atitquels j
l'Empereur Napoléon renonce, pour lui et sa fa -i
mille, dos. domaines,. ou donné des rentes sur le ;
grand-livre- de France; produisant un revenu net [
. -de SI,500,000 fr. Cès domaines ou rente»' ' appar- ;
tieQdftiht 1 en toute propriété; et pour en dis- :
poser, cçmmé bon leur, semblera,, aux "princes et
"peibeesség de $r famille,' et aèr'ont répartis entre
. ..eux. de manièi%jà. c& que le revenu de chacun soit f
; ëans ïa proportion .suivante :
» A Madame-Mère 300,000 fr.: au roi Joseph et
la reine, 500,000. fr."; au roi Louis 200,000 fr. ;
-à là reine Hortense iet S ses enfaûa 400,000 fr.; au *
roi J^&ue et à la reine 500,000 fr. ; à la-princesse ?
'Elisa 300,000 fr'. ; et â la priuee^te Pauline i
■ 300,000 fr. - '
. * Les princes et princesses~dë la famille de
,l'Empereur Napoléon conserveront, en outre; tous
les biens meubles et immeubles, de quelque' na
ture quo ce. soitj qu'ils ppssè(lent à titre.particu--
litir et, notamment, les rentes dont .ils- je dissent
" également-eomme particuliers, sur le; grand-livre
de France ou. le monte-napoleone de Milan. * •.
* Art. 9. Les propriétés que S: M. l'Empereur
Napoléon possède en France, soit.coinme domaine
extraordinaire,, soit comme domaine privé,-reste
ront à la couronne.;
» 11 fpt également stipulé que le.gouvernement
français liquiderait immédiatement ce qui était dû
par le trésor public, soit à l'Empereur, du chef de
la liste civile, soit aux' membres de sa famille, -pour
les apanages dont ils avaient joui, et que les obli
gations du monte napoleone de Milan seraient re
ligieusement remplies. "
» Ces engagemens, garantis par tous les signa-
taires du traité de Fontainebleau,-, furent égale
ment sanctionnés par Louis XVIII, le 31 mai 1814;
il promit dans la ratification officielle du toité, :
que les clauses à la chargt de la fronce seraient
fidèlement exécutées.- C'était un engagement so
lennel ..qui aurait dû être inviolable." Mais le
gouvernement de Louis XVill devait le fouler aux
pieds. En effet,' le pouvoir, qui trouvait qu'on avait
trop généreusement agi. envers l'Empereur et la
famille, Bonaparte, chercha paille prétextes pour
retarder l'accomplissement de ces clauses, .dont il
avait promis la fidèle exécution f non seulement il.
refusa de liquider pi liste civile de Napoldon et les
apanages de sa famille échus avant le "traité 3e
Fontainebleau; mais/ dix mois après la signature
de ce traité, la famille attendait encore-que le tré
sor {(ublic lui payât les sommes - qui avaient été
stipulées par l'article ti -fliï inéme traité; ■ s
» Les choses en étaient ià lorsque l'Empereur
revint de l 'Ile d'Elbe. Si Napoléon avait voulu sui-,
vre l'exemple d'autres souverains, il eût commencé
par se faire remettre les sommesLdont lui et sa fa
mille avaient été si injustemerit-spoliés, au mépris
dy traité de Fontainebleau, et personne n'aurait
pu lui en f'aire un reproche. Mais le -trésor était
obéré, la France avait besoin de toutes ses ressour
ces,et l'Empereur n'était pas homme à sacrifier les
intérêts du ,pays à ceux de sa famillc. Un décret,
en date du 3-mai 1815, fixa définitivepent les som
mes dues à lafamilleimpériale a 12,646,578 f. 18c.
dont 8,680.622 fp. 28 c. à l'Empereur. ' •
»,V,oici l'analyse de cette somme : *.
» Liste civile etapanageséchùs au J"avril 1814 :
A l'impépatrice Joséphine, 501,666 fr. 67 cent!;
à Madame-Mère, 40,333 fr. 67 cent; au roi Joseph
et à la rciné Julie, 386,666 fr. 67^ent.; t à la'reine
liartensc et à ses enfans, llû.OOO fï.; à l'Em{»e-
r.eiir, 6,230,000 fr.
Du 1 er avril }81'4 au 20 mars 1815, conformé
ment au traité, de Fontainebleau : à l'Impératrice
Joséphine, 166,666 fr, G7 c.; à Madame-Mère,
291,666 fr. 67 c.-; au roi Joseph et à la rouie J « j -
lie,;.i486,U4 Cr. 45 c.; au roi Louis,-194,444. fr.
S3 c.; à la reiue Hortense et à s'-s enfans, 388,888 fr.
89 cerit. ; au roi Jérôme et à, la reine Catherine,.
486,14} fr. 4S c.; à la prin •csse Paulinp,'29),666 fr.
,"67 c. ; à la princesse'Elisa, 291,666 fr. 67 c. ; à
l'Emiiercur, 2,430,622 fr. S5"c, ' . z. ■
» Ce décret du 3 mai 18t"o décida'qûe la somme
ci-dessus .de 4 2,640,578 fr;-serait remboursée par
huitième de mois en mois (makdéceiribre 1815).
Ce n'était qu^un million e£ demi par-mais. Mais,
ilans^ les circonstances au milieu desquelles se
1 couvait la France, cette.-.charge était lourde, et
l'Empereur préféra consacrer ces millions à la :
défense de la'patrie.'Aussi, dès le 31 mai, il modi;. ;
fie le système de- remboursement (fxé par. son dé- ;
cret du 3, et décide que les sommes dues à lui et ;
à sa famille seraient soldées, sur le trésor public., ;
« les 4/5" en délégationsjsur. lesbierisà vendre en {
vertu de la loi dû 22 septembre 1814, et le der-
nier cinquième, en déclarations de versement de -
numéraire, à valoir sur le dernier chapitre de la;
valfcur desdits biens. » , •
sCes bons étaient au porteur, transmissible3 par :
endossemanS. Non content -d'avoir ajourné le i
paiement des sommes ducs à sa famille, l'Ernpe- ■
reur voulut utiliser les bons qui furent remis à •
lui personnellement, il demanda â sa mère, ïses
frères et: à ses sœurs, tout ce qu'ils purent donner,
dans ce moment; : olennel pour la France ; et cha
cun d'eux s'emprossa d'apporter au tiésqr son nu
méraire, ses iliamansi jusqu'à ifes .objets d'arts
pour une, valeur de-plusieurs millions, qui furent .'
versés an trésor public 1 . Napoléou leur flt-donneri
en échange une somme égale en bons ou déléga-
tion§ représentant «a ,]iste civile échue avant le
traité de; Fontaiûîbleau. Lucien en reçut- pcur :
2,064,000 fr. - - .
»• Citaient là sans doute des créances bien légiA •'
times, des .dettes bien sacrées pour le gouverne
raient. La famille' avait compté sur le paiement
de ces bons, et, contre toute altffnte, Louis XV1I1,
à peine rétabli sur.lc trôfle, "décida de son propre
chef, le 16 juillet 18is, que le décret du. 3 - paj
était nul;'que les bon*, délégations et déclara
tions délivré-» par le trésor, conformément à ce dé-
cret, n'avaient aucune taleur> et-il prescrivit en
même temps aux détenteurs des bons de les rapr-
porter. Plusiturs membres de la famille de -l'Em
pereur possédaient presque. ces seuls titres pour
toute fortune; ils réclamèrent.... Toutes leiS -s dé- -
marches fprent inutiles pour obtenir, non pas le
paiement,.«ais une indemnité en retour des som
mes dont oa^le'ur était redevable, et que-les Bona-,
parte, faut-il le dire, n'ont jamais pu récupérer...
" » Ainsi, et c'est là uhe remarque bien triste à
faire, 4es signatures des plus puissans souverains .
de l'Europe n'ont pu donner a un acte solennel la
garantie'que dbnne à, un contrat entre'particulià's
la simple signature d'un notaire!-,
» Le traité de .Fontainebleau fut déchiré par
Louis XVllI.et les fouverains alliés qui s'en étaient
diclarés garans. C'est un fait patent^ irrécusable,
et que le parlement anglais lui-même, dont la
haine pour Napoléon ne peuf pas, certes, être mise
en. doute, a eu soin de sanctionner, par' son fameiix
vote du 27 mai 1815. On sait," en eflei, que la
chambre des- communes, à îa majorité de. 290
voix contre 92, et celle des pairs, à la : majorité
de 112 voix contre 44, adoptèrent, le 26: mai 1815,
une adresse au prince régent dans laquelle elles*
déclarèrent que .Napoléon avait été délié deseng^-
gemens ajntraetésà- FontaineJskau,' par les viola»..'
tiofjs faites au traité, d'abord, par Louis XVIII qui
n'avait pas voulu.paycr le^ sommes convenues, et
en général par les alliés qui avaient voulu éloigner
l'Empereur de l'Ile d'Elbe. Après un vote aussi so
lennel, çt l'histoire est là pour attester le fait,
comment peut-on recourir à-des eophis'mes aussi
Tidicules,"aijssi absurdes ? ...
» Ces mesuréSj dit l'historiîn, ne s'arrêtèrent pas
là. On fit saisir les biens privés de l'Empereur, con— .
fisquer.à son profit les capitaux- qu'il avait placés,
et une loi, en date du 12 janvier 1816, " frappa
d'un exil perpétuel la famille Bonaparte et sa pos=-
térité. . . . . ..
L'article i de cette ordonnance était ainsi conçu :
» Art. 4. Les ascendans et dcscepdans de Na
poléon Jîucivjpartej ses oncles et ses tantes, ses ne- ,
veux et ses nièces, ses frères, leurs femmes et
leurs descendansj ses sœurs et lctlrà inaris sont"
exclus du royaume à pcrpétui.é, et sp'n ; Ltfipus d'eç •
sortir dans le d(^ai d'un;mois, sous.jajpeiue portée
par l'art. 91. du Gode.-pénal. ' ■ ' / .i :
» IU ne pourront y jouirrtl'aucun droit cîvilj' ! % •
posséder'aucuns,bîens,titrcs;pensions à accor
dés à titre gratuit ; et ils seront ternis de vendrè' ^J
dans le délai de six mois, les biens de toute nature - j
qu'ils, posséderont à titre onéreux. » ;*
Louis-Napoléon,» investi par le'peuple du
tîôusli hiiion à' la .Fiïince^ï s'en- est servi
que pQur^ôrganjsé'r;-un gouvernement. Il a ;
institue despouy'ojrs'publics. il ri'a pas'eù la ; j
prétëhti'otf d'oçtVi&yc'r dé.s droits iridivwfuélS;. • j
Si grand que fût le nombre des .citoyens f
qui l'avaient choisi comme mandataire dans ;
un acte si important,, il n'a pas cru'devoit ?
s'autoriser-de l'unanimité de cette Bo'hfiance : '
nationâlepour'enétcndrel'objet.H's^est?borilé> i
et c'étaitjdéjà une- assez grande tâche',; à don- ;
ner à sou pays des instrumens de. gouverne- '
-ment pro^fçs à assurer sa sécuritéj sa pros- '
périté et sa grandeur ; il n'a pas eu l'orgueil •
do se croire chargé de donner des droits à
l'hemme.' . ' '
Théoriquement les droits individuels exis-
tent. En-pratique, les lois sont toujours .f
intervenues pour en régler, pour en limiter r
l'exercice, dans la mesure compatible avec
la sûreté sociale, La Constitution liouvèlle, *
par son premier article, confirme et garan,- ;
tit les principes proclamés en 1789, et les. .'
reconnaît comme la base du droit public des
Français; .
Selon nous, cette simple déclaration suffit. \
On l'a commentée-'cependanten des sens bien
_opposés. Les uns se demandent si ce n'est 1
pas en dire trop; les autres, si çe n'est pas en
dire trop peu; si cé n'est pas faire une partj
■ trop large aux droits dé l'jndividu,/ Ou si ce
f leur préparer imej)art trop petite...
Quels sont «es principes dé*89 auxquels
. 011 se réfère? Sont-cc les principes sages e't
modérés contenus dans les édits; promulgués
ou prépares par Louis XVÎ? Sont-ce-les prin-
■ cipes de liberté excessive-imposés par i'inex-j
périence des Asseïnblées à la résistance fai-;
ble et impuissarite.d'une royauté déjà vain
cue avant sa chute? Ce danger, le plus grand'
de tous, n'est pas aujourd'hui à craindre.
Ges principes seront nécessairement renfer
més dans les bornes dont une terrible expé
rience a démontré aux nations qu'il ne fal-,
lait pas'les faire sortir. L'application en sera;
réglée par des décrets ou par des lois. :
, • Â cela, on s'est demandé, s'il n'eût pa's
mieux valu écrire, énumerer ces droits dans*,
la Constitution. C'est ce qu'ont fait les Cons-,
titûtions et les Chartes antérieures. Les droits
' dont il s'agit s'en -sontrils trouvés mieux;
garantis? Nullement, pour ceux au moins qiii,
ne les comprennent - qu'avec une t-xtension
indéfinie, illimitée. Seulement il a été plus,
difficile de les soumettre à la réglementation:
qu'ils exigent. En écrivant ces droits dans la
Constitution,.on a plutôt créé un péril pour •
l'ordre, qu'une sauvegarde pour la liberté.
. En effet, prenons des exemples. Quand ou
«a écrit dans-les Constitutions précédentés les)
- principes plus ou moins absolûs de la liberté 1
é individuellej de la liberté de la presse, de là
liberté de réunion, de la liberté d'associa
tion, qu'en est-il presque toujours résulté?:
L'abus de ces droits, proclamés-comme ab
solus, à l'origine des gouvernemens, et non
encore limités par des définitions légales, n'a
pas tardé à produire un <5lat anarchique; Il
a fallu élever des digues contre ces libertés
désordonnées ; alors la liberté d'écrire, la lin
berté'de se réunir, la liberté de s'associer,.
: ônt été.soumises à des restrictions salutaires.
Plusiéurs fois mêmé ôous lés- ayons ; vues';-
frappées d'une suspension: "temporaire. Vai
nement les oppositions extrêmes invoquaient-
..elles les droits prétendus inaliénaMes et im- ;
'prescriptibles consacrés>par les textes cons-:
titutifs. En s'ari^iantde ce| lextea^-elles par-
» venaient ^oyetft' à/provoquer^în' > 'péril pu- *
•blip,-' mais elles nè parvenaient pasti em- :
p&}ier'te vote desime'sûi'es refefcrietiVes^ ré*- j
éiam^e^par-les besoins de la sécurité so
ciale; ou bien, r sj^ paK,.hasard ou. par mal-;
heur, ces
_ fiait ttn jour la liberté sans frein que pour
ramener le lendemains la nécessité de restri^ J
les Constitutions^, nè sont, dans le cours ré-.
gulièr des çhetees, que ce mte le& lois les font
être^ : ■ . .
/' C'çst pourquoi, nous ne sommes nulle
ment inquiéta.^ n,e pas voir figùrer dan&kt
Coastitutioxi dei Louis-Napoléoii: lano^èo-
.clature dés.droits individuels, quelle recoti-
naît 'ê^i principe d'une, manière générale, et
dont, comthe toujours; l'exercicé sera défini
ët régularisé par dès lois. Ln plupart de nos
. Constitutions,«faites ou refaites, "fit eu pour
origine un mouvement dirigé en vue de faire
une plus grande part à la liberté; la Constitu-
.. lion nouvelle a eu pour origine la nécessité
de "réprimer les abus de la liberté. Les Cons
titutions .antérieures commençaient par une
extension illimitée des droits, et elles abou
tissaient à. des restrictions inévitables; la
Constitution nQ.uyelle .a dû commencer par
les restreindre,'en laissant à la loi Je soin.de
lesétendre, progressivement : c'estune mar
ché inverse, et qui nous parait beaucoup
■ plus SÛre. . ' .. F. BOILAT.
. Le bai des Tuileries a été très brillant et
très aqimé. La foule était si grande entre
dix el onze heures, que sur quelques points
la'circulai-ion devenait impossible. Le coup-
d'œil était éblouissant. Dans chaque salon,
dans chaque galârië,'on7avait disposé plu
sieurs rangs de sièges -et' de banquettes ■accu-'
pées par les dames,qui se. disputaient les re
gards par la fraîcheur, l'élégance et le goût dé
leul'a parures ; le reste n'était qu'une' masse
étincelantë de riches uni formes, de broderies,
de cordons, de plaques et dediamaus. Les
ministres, les généraux, les officiers de tout
grade; lés liants fonctionnaires, ' les magis
trats, les membres de l'Institut, les hommes
'les plus éminéns duis les sciences, dans les
lettres'et dans.les arts, se pressaient dans ce
palais historique rendu à sa splendeur et à
sa : destination solennelle. L'élu de la na
tion était bien là chez lui, au milieu de tout
ce que là France a de plus grand, de plus
noble et de plus illustre. Le,prince a fait plu
sieurs fois le tour des salonà,donnant le bras
à Mme la marquise de Douglas; ,sà cousine,
et suivi d'un nombreux cortège- où l'on re
marquait le maréchal Exelmans,- le général
JSlagnan, des amliassadeurs et des ministres
étrangers. M. le marquis de Douglas était en
costume' écossais;; Des' uniformes anglais,
prussiens, piémontais se mêlaient.aux grou-
pesdes danseusesjet ajoutaient àia -variété et
a l'éclat du tableau. . ^
On dansait dans la salle des Maréchaux,
où Strauss dirigeait son orchestre au-des
sous d'un , grand trophée de drapeaux sur
montés de leurs aigles. On dansait aussi dans
la nouvelle galerie construite sur la terrasse :
de Philibert ..Delorme. ,Ce second-orchestre :
était çonduit par Dufrêne. Les tables de jeu
etaieni danst la salle de la Paix..
De magnifiques tapisseries* chefs-d'œuvre
des Gobelins, remplaçaient, dans l'ancienne,
salle du ■ Trône,Jes lourdes draperies de ve
lours qpi'on y voyait autrefois.
Vers minuit, on a ouvert'la salle de Diane,
où l*n avait dressé un immense buffet servi
avec- profusion# Ici les dames étaient sépa-
rées'de leurs cavaliers par une longue balus
trade. Rien de piius riant, de pluà gracieux à
l'œil que cet innombrable essaim de jeunes
et jolies .femmes qui daignaient se souvenir
un instant de ieur condition mortelle,, et ré
paraient leurs C^rces pour valser avec plus
d'ardeur. L^fèîé^s'est prolongée jusqu!à une
heure très^vaAcée.
„ fj'
■S ■ -f -iW' ■ .. ; - -
M/AJagn^', ministre des travaux publics, a
remis sji ciémissiori dans les maiiis dù pririce-
Président de la République le 22 de ce mois;
il à gardé l'intérim du. ministère jusqu'à
son remplacement, qui aura lieit incessam
ment'. . ' [Communiqué.),
La lettre suivante a.été adressée par M. de
Falloux à \'(Jnioii-.de l'Ouesi et au Journal de
Maine-et-Loire." ' "
' « Monsieur le rédacteur, -,
s » J 'apprends., avec.une reconnaissance
pleine .'dû regrets, que plusieurs de mes com
patriotes songent à m'envoyer au corps lé-,
gi jlatif'cL'éfàtide iSies Forces ne me laissant
--pas llesp.QUF.de ' remplir. convenablement ce
jjj&idsUyla* conscience ne.,me permet pas
-0,Ôu pluS dn L'accepter, et je me hâte de le
.déflsnar publiquement, afin que les électeurs
puissent aussitôt se concerter pour un autre
choix.-, ' .
» Je tiens également à rendre public le!
motif de ma retraite, dans la crainte que l'on <
Çe se mépremie sur, ma pensée, et qu'on,
n'attribue, soit au décotucagement, sqit à
l'hostilité systématique, ,un ; acte uniquement;
et absolument fondé sur des considérations
personnelles et privées. . i -
» Loin do voulojr .donner un signal politi
que, j'ai pris, j'exprime ma résolution saris
avoir consulté aucun de mes anciens-collè
gues: et j'ose, au. contraire, "conseiller ins
tamment â mes amis de redoubler de dévaû-
-ment, d'activité, d'énergie, partout où ils se
ront assez heureux pour contribùer au ser
vice du pays. .
» On accorde , volontiers aux légitimistes
que leurs principes sont favorables à la gran
deur, des nations, mais on leur reproche de
trop sacrifier à un idéal qu'ils ne sont pas en
mesure de réaliser, d'immoler trop aisément
le présent et ses périls à des-yues, à des sé
curités lointaines. Je crois sentir aussi vive
ment que qui que ce; soit au monde par où
pèche cette-accusation, mais aucun observa
teur attentif ne niera sa portée î elle s'est
"notablement amoindrie depuis trois années,
notre persévéraqce dans' les mêmes -voies la
.détruiracomplètement.'.-, . . . 1
'» Le scrutindu 20 décembre 'à'èst point
point d'appui là où touBçsfhbmr
mes de bifen peuvent l'adnletti%',,
» Peu après la résolution de février,
Criyais b\'Union de l'Ouest-, 5 i,'instijic,t des
» masses est souvent — pas toujours— su- "
r> périéur a l!habileté des liommess d'Etat. »
Cela m'a frappé de nouveau le. 20 décembre;
Ce scrutin,, dégagé de circonstances èur les
quelles je n'ai pas à m'expliqûei 5 aujourd'hui,
ce scrutin, pris dans son sens le plus -géné
ral; atteste deux sentimens d'iine ' profonde -
justesse. Ces deux sentimensles voici Il
n'y a pa^, pour un'grand peuple, dépreispé- v
rité saris autorité; r^il n'y a pas d'autorité
sans unité. ,
» Tout le salut et tout l'avenir de la Fran
ce sont là. '■
» Quoique-j'aie fort à cœur de m'abstenir
des récriminations dont d'autre^abusent de
puis quelque temp^, on ne.peut disconvenir
que les contradictions et les divisions'n'aient
j oué un dép lorable. rôle dans les régions of
ficielles. Un pëtir nombre" dé personnages,
monarchiques cependant; semblaient s'ap
pliquer a reridrè le réiàblisserùerit de la mo
narchie imeraticable, tandis qjsë la plupart •
des républicains ne travaillaierit qu'à rendre
le maintien 'dé* la RépubîiqriS"*"impossible.
L'opinion en dehors des sphères élevées 1 sup
pliait vainement ; ees difficultés ne pouvaient,
se vaincre que d'en haut, et le voîu des 'ei -r
. toyens isolés est impuissant quand les inspi
rations supérieures font défaut. Lé 2 décem
bre devait'done être prévu : il est autant
l'œuvre de ses victimes que de ses-auteurs.
» Du reste, si je rappelle un passé qui
d'ailleurs ne pèut être mis ni en doute ni en
oubli, c'est pour y trouver le droit, de dire
hautement à:ceux 'auxquels je m'adresse :
Continuez à faire entendre partout ,et tou
jours le langage désintéressé de'l'union '
et du patriotisme ; demeurez: également
loyaux envers les puissans et envers les pros
crits ! Parlez phis~qu'é jamais aux partis de
réconciliation, au pouvoir de modération et
d'équité,- aux populations de moralité, et
d'ordre I J'omets à dessein une mention de
liberté; ce mot çerait ma} compris dans ce
mbrnént. Il viendra à son jour, et" résultera '
naturellement de ces -premières conditions
mises g# pratique avec.ëinoérité: .. •:
» Parlez aussi de patienco aux.emportés.
Les peuples; trôubfés par de longues etmul-
que par l'épuisement
Quiconque aplanit, un obstacle, effacè.-une
amertume, dissipe un préjugé,-accélère ce
retour. Faire aimer sa caUse a été de tout
temps l'une des . meilleures maniérés de là -
servir : de-nos-jours; il n'y en a plus d'autre. .
Défendre la société dans ses principes essen
tiels, c'est se vouer à une cause où Dieu d£fi-
gneça prendre pour lui çe ..qu'on aura fait
potir elle. Que cela suffise à notre courage
comme à notré ambition. ..
»Là polémique de^ancienspartis est inter
dite pour, long-temps, nous -devoys souhai
ter que ce soit pour toujours, mais la lumiè- -
re et le discernement 'se referont prompte-
ment dans ; notre intelligent pays. Les hom
mes : né vont, plus se- mesurer par ■■leurs
ardeurs, par leurs passions; ils auront à se
produire par leurs actes réfléchis, parleurs' -
mérites serieux r réels, immédiats. Elï bien 1
soit! Dans toute carrière où la France est in-
-léressée, où sa destinée est en-jeu; -nous ne
devons être ni absens-ai surjpàssés.
" » Je supplie donc mes amis de Maine-et-
Loire de donner, en ce moment, im exem
ple qu'il m'est douloureux de ne pas leur of
frir. J'envierai, qu'ils en soient bien sûrs,
autant que j'applaudirai ceux qui continue
ront ce travail de paix et de rapprochement
auquel j'ai consacre, sans l'ombre d'une res-
triçtipn,. tous les efforts dé ma courte exis
tence, politique. , ,v , -
» Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur
avec mes reinercîmens, les sentimens
les plus distingués de votre très^ùm-
• ble serviteur, " • '. }
. » A. De Falloux," '
t Rourg-d'Iré,,23 , janvier 1852. .»< ...
On est fort oublieux en France, et il sem
blerait, à entendre certaines personnes, qdte
f tlffim» Ç0fiST!lTO(0.1ISa, 26 JANV.
- |HÉAirttEis... :.
. K? n .
' Tii éiTBB fbiNCAis j Le Pow et le Çantre, comédie en
-, un ftctç, de'MSl. Laffitte et Nyori.— TÀiuÈTÉs l'ne
Queue-Rouge r vaudeville an trçiï parties, de MM.
DuT#rt et; Lauzanpé. -r La Quittance de Minuit,
_ opéra-comique en uà acte, paroles de il M. Com-
merson et Desltuidès, musique de M, Varn»y. —
•Tii^itB M. Barbe-Bleue, vaudeville en un acte,
dè.M.'Bay'ard.
. ' JL& Théâtre -Français se repose un peu dans
le,genre innocent. On peut lui. permettre
quelques soirées douces, autrement il mour-
'xait de pléthore. Les reprises solennelles, l'es
- pièces en vogue, les représentations de Mlle
Rachel ne laissent point de répit aq public;
lés «tuteurs à. succès - tiennent. l'affiche ou 1
se. préparent à -la prendre ; il est juste
t de,faire "aussi là p^art du petit.monde',
comme on dit. Ce pauvre petit monde n'a
rpas de grandes prétentions, il est patient, il
rest inodeste, timide, il salue humbletiient le
portier, il prend les ordres du souffleur,'il se
-donne comme le petit serviteur de ces
- Messieurs et de ces Dames ; n'est-ce.pas le ;
moins-qu'en récompense dft sa patience et de
• son humilité, il- fourre de temps à autre
un proverbe inïiocent ; ou quelque comédie
incapable de faire tort a personne, entre deux
. recettes 1 Faites-lui la charité d'une repré-
-sentation 3 cela vous coûtera si peu, et "lui
-causera tant de plaisir;! D'ailleurs le-Théà-
-tre-Françàis est assez ridie pour-ne point ;
-regarder de trop près à ses générosités.
On a donc joué jeudi le Pour et le Contre , i
ienun.acte et eriprose. Le spectacle était à peu
-■près, sacrifié ; il n'y avait guèrede monde; la
pièce à réussi, les deux , auteurs sont à
■ coup sûr très contons. Pourquoi troubler cette
naïve satisfaction ? ils out dû l'acheter assez
cher, nos deux auteurs*^ C'est une comédie
dé bien minime importance que cette comé-
dienoùvelle, direz-vous; celas'improvisepro-
bablement ; tout le monde en ferait autant ;
M. Jourdain, lui-même, avec quelques l.e-
çons d'un professeur, y arriverait sans s'en
douter; détrompez-vous. Faire la pièce, c'est
le pont aux ânes.j mais,la faire jouer ! Ici tou
tes les ressources de la vocation deviennent
nécessaires. La vocation d'unhomme seul ne
suffirait peut-êlre paé ; deux vocations réu
nies ne sont point de trop. Que de pas, que de
démarches ! Solliciter la lecture, attend rir ses
juges, obtenir un tour, et, une fois lé tour
obtenu , attendre dix ans , s'il le faut ., ;
qu'il vienne. On a été reça en cheveux
blonds, on est joué, en cheveux gris. Les
répétitions durent autant que la guerre de
Troie, et, pendant ce temps-là, les mœurs ;
changent. La pièce était palpitante d'actualité ;
sôus l'Empire; piquante encore sous la Res
tauration; accommodez-la, si vous pouvez, -
au goût d'aujourd'hui; j'exagère un peu, je 1
crois, mâis il n'en est pas moins vrai que les,,
travaux d'Hercule sont peu de chose en
comparaison du mal qu'il faut se donjier
pour arriver à la représentation de telle pe
tite comédie en un acte, qui s'appelle le Pour
et h Contre. D'ailleurs, les pauvres auteurs
ne traitent pas leur œuvre légèrement,-soil
mérite s'accroît à leurs yeux de toute la
peine qu'ils ont eue! Ils y ont mis ce qu'ils
avaient... là. Vous ne leur persuaderez ja-r
mais qu'ils n'ont pas fait une véritable co
médie. , *
La comédie représente deux dames, l'une 1
en robe blanche", l'autre en robe rose, les
deux robes à taille courte et à demi-queue,
c'est-à-dire deux charmantes dames de l'em
pire, Mme de Blav^s et Mme "de Chantreuil.
Ces dames passeut le temps comme elles peu-
vent t —en très grande toilette—au château de
Blaves, lequel appartient à la jeune Mme veuve
de Blayes. Mme de Chantreuil n'est pas veu
ve, mais elle a un mari qui fait de longs voya
ges et qui pour le moment est absent-—•
Voilà la comédie partie à fond de... caquet.
Il faut vous dire que "le mari de Mme de
Blaves était,de son vivantjofficier supérieur^
et que Mme de Blaves a été mariée huit jours
seulement, ce qui explique le profond regret
Qu'elfe conserve du défunt. • -.;■ - •
Dès que l'exposition est faite par une con
versation des deux amies, et,.jugez si.un tel-
commencement doit^avoir de l'intérêt^ un
troisième personnage survient, grâce auquel
les limites ordinaires du proverbe sont dé
passées,et la pièce peut , prendre, avec une
certaine assurance, -le , titre de comédie.
Qu'elle le prenne donc ! Le nouveau person
nage est du masculin. Satribleu ! il porte un
uniforme ! sambleu ! li a toutes, les appa
rences d'un guerrier; sambleu ! il est-en pe
tite tenuede colonel de hussards, pantalon de "
cheval, bonnet sur l'oreille, et le laisser-aller
du mitin et de l'écurie ; .on se croirait au ■
Gymnase dans le bon temps des colonels. *
Vous êtes intrigués, par exemple. Un colo
nel Brossard n'entre point dans une comédie
sans exciter au plus haut point l'attention,
surtout s'il est'porteur d'un ordre particulier
de l'Empereur. Ordre à Mme de Blaves d'é
pouser, dans le plus-bref délai, le colonel en
personne, afin d'unir ainsi l'une de nos plus
belles fortunes territoriales au courage d'un
soldat dévoué. L'Empereurs'èntendaitenma
riages de convenances. Le colonel, fidèle à la
consigne; présente son billet de... mariage'à
Mnûie de Blaves. La veuve trouve le billet un
peu fort, et Je colonel un peu trop soldat,
— Excusez, dit-eilfe, je suis très obéis
sante ; mais je ne puis vous épouser.
— Ah ! tant mieux ! •
— Pourquoi tant mieux ?
— Parce que je n'ai pas non plus envie de ■
me marier avec vous, j - .
— Eh bien ! colonel'Brassard , écrivez à
l'empereur que je ne suis plus libre, et que
j'ai épousé mon cousin Lucenay.
Le cousin Luctnay ne paraîtra cependant
pas.'Il habite la cantonnade* il la remplit
agréablement et il y teste. Ce cousin sou
tient; un procès contre sa cousine de Bla
ves, mais on suppose, d'après -certains
bouquets mystérieux, qu'il voudrait terminer
le.procèsàl'amiable; c'est pourquoi, sans
hésiter, et ne voyant ]5as. d'autre moyen d'é
chapper à la. grande-armée, Mme .de; Blaves
envoie au cousin Luceiiayi sonj dossier et sa
main. —- Bravo I décrie BroSsard,-vous, nie
tirez d'un mauvais pas. Sansivqus,'je n'àu-
-rais jamais su comment me débarrasser de
viïusl ' .
Il èst gàjant, le hussard ! Attendez un peu;
là politesse va venir. Notez que ce brutal, ce
hussard, ce Brossard .avec son pantalon de
cheval et sa pipe— fume, Dieu me pàrdon-
ne! — û'aseulementpasvouluregarder.enco-
re Mme de Blaves. Malheureusement,-.au
morne.ntdd sortir en disant,: Bonsoir la com
pagnie! il fait un faux mouvement, ses yeux
se dérangent et s'en vont du côté de Mme de ,
. Blaves^— Ouais:! est-ce là nq^re veuve?— Le
- Colonel nè's'en doutait guère, et nous le sur
prenons, une fois îqu'il s'y est mis, à regar
der Mme de Blaves... mais à la regarder... La'
prendrait-il pour un miroir? .
Néanmoins, le voilà parti.—Un drôle de
corps ! dit Mme de Blaves.
— Èt grossier comme du pain d'orge, ré
pond Mme da Chantreuil, •
— Pouah 1 font les deux dames ; il a laissé
. ici u ne odeur de tabagie.
La vérité est que le colonel ne fume ni ne
prise, qu'il n'ést ni grossier, ni brutal, ni
soudard. Tout au contraire, ; il chante, il dan
se, il peint, il est musicien, poli, homme, du
. monde ; il a tous les talens, il porte à ravir
' à la ville un délicieux habit bleu barbeau à
boulons dorés, et si vous, l'avez vu en petits
, tenue d'écurie; la pipe à la bouche, c'est qu'il
voulait se faire prendre en grippe, et qu'il
avait trouvé à propos sous sa main la pipe
de son brosseur. 'Maintenant c'est tout diffé
rent;*^ colonel se montre avec ses avanta
ge^; et il vient dire âdieu à Mme de Blaves
d'un ton qui signifie : J,e voudrais bien res
ter. — A quoi Mme-de- Blaves riposte : Allez-
vous-en, comme si elle disait : Pourquoi par
tez-vous si vite?
. — Parce que j'ai écrit à l'Empereur, s'écrie
le colonel qui rompt la gl ice^
— Moi, j J ai écrit à mon cousin, soupire la
veuve.--' .. ■ .. .■ :
Quel coup du ciel ! la lettre du colonel est
restée» dans là" poche du brosseur. Mais la
lettre au cousin ?... Il n'y a pas de cousin !
Celui qui se faisait passer pour Lucenay; et
qu'on regardait comme li cousiny n'est autre
que M. de Chantreuil, revenu da son voyage,
et déguisé dans les environs,, pour surveiller
sa femme, qui a sans doute besoin de sur
veillance. La-dessus le colonel et Mme de
Blayei se font un,vrai plaisir d'obéir.à l'em
pereur-Napoléon. . - - ; ■
. Je n'insiste .pas davantage. On voit suffi-;
sammerit ce qu'il y a d'ingenieux et de neuf
dans la èomédie; les grâces des deux dames
et l'originalité du colonel ji'échappent à per
sonne. Ajoutons àcelale brosseur, qui paraît
aussi avec un langage conforme à son état,
moush'aurons plus rien oublié. Enfin le tondu
dialogueest soutenu, je me plais à lereconnaî-
tre. Il n'y manque qub les cinq ousixcouplets
qu^ lui auraient mérité une honorable place
sur lascènedesDélassemens-Comiques. Peut-
être, a-t-on retiré ces couplets de la cothedie
en la .présentant au Théâtre-Français. En
somme, nous avons eu souvent déjà d'autres
fadeurs qui ne le cédaient en rien acette.der-
nière, et qui étaient moins bien jouées. Les
robes rose et blanche de Mlles Brohan et De-
nain ne rencontre raient pas facilement leurs
pareilles, et M. Brindeau tient le premier rang
parmi les jeunes colonels. Je voudrais fa ire de
Mlle Augustine Brohan un éloge particulier
sans tomber dans le banal. On lui a tant dit-
qu'elle était spi rituelle, adorable, et que sais--
je encore ! II. me-semble; à moi, que cette
comédienne est en acier fin 5 que ses dents
brillent, non pas comme des perles, mais
comme des rasoirs ; sa voix métallique tran
che les mots, et voue, pénètre ainsi que l'in-'
cision d'une lame affilée;; à peine vous ôtes-
vous "senti couper ; le sang f oule pourtant.
Enfin Mlle Brohaa est ed train de créer un
nouvel .emploi qu'on appellera vraisembla-
■ blemehtx^iui des soubrettes-stylet. •■ ■
- Le soir de la première représentation de là
comédie de MM. Laffitte etNyon, le specta
cle s'est terminé par la Coupe enchantée, et
comme ou se trouvait là, -on n'a point été 1
fàclïéde voir de ses propres yeax, là plus
jolie fille qu'il y ait sur noS théâtres de
Paris. Mlle Theric fait des,progrès reiriaï-
quables, et devient tout-à-fait une ingénuité;
elle;avait le charme, elle a maintenatit l'es
prit de l'emploi.
A propos du Pour et du Contre , encore un
mot. Les raisons pour lesquelles on a choisi
la comédie que nous avons eu l'honneur de ;
voir représenter, je les ignore ; mais, je sais "
bien que si l'on tenait seulement au' tilrç ;j - on
aurait pu prendre un ouvrage qui le porte
aussi, et quial'avantage d'être littéraire, fia,
d'un tour d'esprit original, et hors ligne
parmi les proverbes ;-je parle 4a Pour et du
Contre de M. Octave Feuillet, ; en m'enipressant
de dire qu'il n'y a rien de œmmu&éfrtre ce--
lni-là et l'autie. Une chose assfa Marieuse,
c'est que le"proverbe de M. Feuillet a déjà i
été joué à Saint-Pétersbourg,de même qu'on .
y joua autrefois avant nous le Câp'ricè, d'Al
fred de Musset. Qu'aurait-on dit fcépendant
si, après que le Caprice eût réussï' en>£tuç-. .
sie, on avait représenté à sa "plaGe en France
un'autre Caprice de MM.;' Nyoft et Laf
fitte? Le nom de M. Octave- Feuillet, vieht
naturellement, sous la;plume, à ^occasion
d'une pièce qui a sur ^affiche lé m'êffie ïi-tre
que son proverbe; j'ajoute que/pour;n'avoir
oas encore paru au théâtre, Octave -feuil-
,et n'en est pas moins àiitèur dramatique su
périeur à-la plupart de ceux que^ron joue,,
1 à publié récemment- un livre qui con- <
tient tout un répertôifef.-et • qui . mérite
l'attention de- la critique et la curiosité du
public, infiniment plusîque tant de vaùde«
villes dont on rend compte tout au long. Il y
a dans le livre dé M.^éâïlîet une dizaine de
premières représentations,; et des plus inté
ressantes-; nous nous pro'p.osons-bien, à l'oc
casionne rie point laisser nos lecteurs en "
perdre un-3 seule. ■""■■■'
— Le théâtre dés Variétés s'est jeté, il y a
'de cela bièritôt huit jours, dans la farce sen-
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