Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-01-25
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Description : 25 janvier 1852 25 janvier 1852
Description : 1852/01/25 (Numéro 25). 1852/01/25 (Numéro 25).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMERO 23.
B5SBE
BIIREAU1 : rue die Valois (Pahals-Royal), n* 10.
1833.—DIMANCHE 25 JANVIER.
PRIS MS li'ABONNEBrôKT
pour Paris et les département : .
TEdIS BOIS. 12 r. I SIX SOIS.. 22 ».
Bit AS,... é® rï • 1 *; '
. potFK iis pats trmueBBS, se réporter
au tableau qiii sera publié dans lejo"uriïâl,
es 14 et ai de chaque mois.
tet^alotinemekt datent des i« et H
de chaque mois.
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M, B oni-
Les articles déposés ne soiit pas rendus;
I) JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL
| On s'abonne, dans les département, éatx Messageries et aiix'directions de posteï—A*Ixmdres, chez MM.' Côwiè et fil ?.
- j * -r A Strasbourg, chez M. ALJXANDREj pour l'Atlemàgne.
S'adresser, franco, pour l'administration,, Les annonces sont reçues àu bureau du jour pal; et chez M. PANIS, régisseur, 10* place de'la B stim »
, - »- . ,1 . » • 'r i ' j t
PÀUIS, 24 JANVIER.
IE BONlfElIR DE Ï3 JWIÊR. -
Que de fausseâ- et sinistres nouvelles pro-»
pàgées, affirmées depuis plusieurs jours/
jusqu'à déprimeF le crédit publiCj jusqu'à
alarmer l.es plus consciencieux dévoûmens i
Tous ces faux..bruits nous avaient Q,ouSr
même profondément ému, èt nous nous
voyions déjà contraints, par l'opinionpubli-
que* de poser la première pierre.de l'oppo
sition contre un gouvernement .qui, hier en-
eôrej sauvàit là France et rendait la vie à la
société. , \ ■■ ,
Après avoir lu /« Moniteur du-23 janvier,
•nous respirons. ,
Il n'y a rien dô changé dans le cœur dô;
Louis-Napoléon : le décret qui restitue au
domaine de l'Etat les biens meubles et im-
nieubles, objets d'unè donation faite le 7
août 1830, par le roi Louis-Philippe, se ter-
Bline par l'acte du désintéressement person
nel le plus complet.de Louis-Napoléon, pour
•luietpour lessienst ,
L'art. 14 de cé décret est ainsi conçu r
« En considération derprésentes, le Prési-
dênt de là-République /engricê ,à toutes, récla
mations au sujet des constations prononcées en
iSl \ et en 1815 contre la famille Bonaparte. »
Pour expliquer et pour justifier la mésure,.
priseau.sujet d'iine partie dés biens de la
famille d'Orléans,il Serait injuste d'oublier
que tojut gouvernement qui.se fonde est dans
une situation militante; .11 île s'agit pas au
jourd'hui d'intérêt dynastique, iî, s'agit de
sauter la société : comment ne fms admettre
des raisons d^Et^ti:,
Dlailleurj le produit du retour à l'Etal et
de la ven \& d'une partis des biens de la fai-
mille d'Orléans ne pouvâît recevoir un meii-
leur.emp'oi. ,\ .... , ■ ■ -
Dix millions sônt alloués àuk sociétés de
sècoùrs mutuels. . . .• -
Dix millions sont epaployés ,à apjéliorer Jes
îogemens des ouvriers dans les grândes vil
les manufacturière?.' '. :■ x
Dix millions sonfc attribués au crédit fon
cier. .. ,. , ' '• ' j -..
Cihq m,îllionsservirbntà établir une caisse'
de retraite au profit des desservans les plus
-pauvres; ' .■ ' 1 '•
; Le surplus de cci ,bipiik' s6rà;'ei»plçyé à
doter notre brave M fidèle armée d'alloca
tions proportionnées aux grades dans la Lé-
-gionrld'jHonneùr, 'et à çr.éer une médaijle mi
litaire donnant droit à une-rente viagère en
fayeur des soldats.et sous-officiers.
Si le Président de la République a' pris une
mesure politique, rigoureuse-, ce n'est, du
moins, qu'au profit des classes ouvrières^ de i
notre . armée dè terre jét de gaer, dont les
grades et les; modiques;, pensions de re
traité sont .gagnés par de si longs et de
«i pénibles services, jpar le dévoûment d'une
vie tout entière^ ce n'est .du moins qu'au
profit de nos populations des-càmpagnes rui
nées par l'usure j dés pauvres prêtres de nos
villages ; ce n'est gu'au profit des veuves des
haulë fonctionnaires civils et militaires morts
au service de l'Etat, - > ;
■ a vGertes, nous-respectons l 'émotion de ceux
qui n'ont reçu que des faveurs èt des bien-
faitede la famille d'Orléans ; mais convenons-
en, il y a bien loin, encore de .toiis le^ mal-
- heurs- de cette maison princière, à tous
ces grands; désespoirs de famille, à, tous ces
malheurs immérités de-la brànbhe aînée des
Bourbons!
Nous regrettons vivement qu'au milieu
du remariiemént ministériel qué publie le
Moniteur du 23 janvier, M. de Morny, cédant
certainement aux plus honorables suscéptf-
biiités, ait/cru devoir donner sà démission.
Elu et réélu à plusieurs reprises en Au
vergne comme député, comme Constituant
jet comme représentant, M. de Morhy a étu
dié de près, pend'ant de longues années, lés
(stériles intrigues et les crians abus du ré-
^ime parlementaire ; et c'est entraîné par
de patriotiques convictions, qu'il apris de si
bon cœur, le 2 décembre; les plus hautes
èt les plus courageuses responsabilités. Dans
les quelques jours difficiles qui suivirent le
2 décembre, tous ceux qui approchèrent
M. de Morny étaient surpris et rassurés, par ;
le calme naturel, nous pourrions presque
dire élégant,de son esprit et de toute sa per
sonne ; il disait tout et faisait tout simple
ment. ; , .
Au "milieu des décisions les plus nettes
et les plus promptes, prises dans les cir
constances les plus graves, il trouvait en
core un sourire dédaigneux oii un mot vif et
perçant,., contre cette foule, de. personnages
dç comédie que mettent en campagne et en
mouvement les révolutions.
Pendant le peu de tenfps que M. de Morny.
a passé aux affaires, il s'est révélé en lui
de grandes qualités d'iiomme d'Etat; ses
'exposés de motifs, ses circulaires sont de
petits chefs-d'œuvre de concision," d'esprit
et de bon sens pratique ; il Sait les choses
et le^hommes-dp son. temps, .et il comprend
largement, de haut et dans un sage esprit de
modération lé moifveménjt d'idées, les niœurs
nouvelles et le rajeunissement administratif
et politique que la France devra aux mesu
res du 2 décembre. .
M. de ftïorny, nous l'espérons, reviendra
aux affaires ; lfi politique nouvelle de Napo
léon a déjà produit un homme nouveau.
La démission.dé"MiM. Fouid et Rouher nous ;
a moins surpris et moins affligé. Ces deux
hommes d'esprit et de talent se sont créé et
omettent en pratique tme politique toute dé
circonspection et de réserVe. Lorsqu'une de
ces grandes , mesurés, qui doivent d'abord
iétonner^sont résolues par le chef d? l'Etat,
dis cèdent leur place à d'autres et la reprén-
'nent dè» que la mesure est accomplie, et dès
'qu'il y à succès'constaté : .ils se tiennent à
jl'abii et à l'écart dès que le ciel se couvre
'de nuages pour reparaître avec le beau
temps. Ce n'est point là un calcul d'hommes
timides et égoïstes ; ils se ménagent afin'de
durer et de se dévouer plus long-temps, et
p'ils montrent dans les crises tant de pru
dence, ce n'est' que pour apporter dans les
affairés courantes plus d'audace et d'autorité.
; Nous disons tout cela ,'si sérieusement^
[qu'une nouvelle rentrée raux affaires de MM. :
jPould et Rouher nous affligerait encorè bien
moins que leur retraite.
, * n r b vébox.
. Nous constations, il y à quèlques jours, en
rendant compte des états des revenus indirects
pendant l'année 1851, la fâcheuse influence
que les intrigues et les agitations de toute sorte
avaient exercée sur les transactions pendant
les derniers mois. Ainsi le moUvementdonné-
sa'ui consommations^ et aux affaires par le
gouvernement éclairé de -Louis-Napoléon,,
s'était à peu-près soutenu durant les neuf
premiers mois, "malgré les incertitudes : de 1& ;
situation et les inquiétudes/ de l'avenir. Le i
produit des impôts indirects présentait encore
:pour lès trois premièrs trimèstres,un excédant
de plus de 12 millions sur la période corres
pondante de 1S50. Mais il a- suffi des agres
sions et des tentatives ànarchiques de l'As- 1 ;
semblée pour faire-perdre au revenu public, .
.dan&Jes trois derniers mois,, jft^teccain ^u'il
avait gagné pendant les neuf premiers. De
telle.sorte que. les états comparatifs des deux
années se résument en une diminution de
quelques centaines de mille francs au détri
ment de l'année courante. :
Les tableaux de l'administration des doua-'
nés accusent des résultats analogues. Ainsi,
le montant des droits perçus à l'importation
est tombé de 124 millions en 1850, à 117 mil- .
lions en 1851. Que l'on se figure par, la
'pensée tout ce que cette diminution de 7 mil
lions sur le montant des droits de douanès
représente de ralentissement dans les affai
res commerciales et dans les travaux manu-
-fecturiers. On verra clairement alors que, si
le Président n'eût pas conjuré les périls par
la résolution courageuse et prévoyante du
2 décembre, nous marchions en réalité vers
une crise qui eût pu; être plus fatale encoré^
que celle de 1848. . ^ y ' i ;
Si nous nou&attachoâs d'abord aux; ma-» ;
tières premières," qui alimentent surtout nos
fabriques, et dont la mise en œuvre ^aupé
un si grand nombre d'ouvriers^ nous trou
vons que l'importation des cotons bruts a
baissé de 594.090 quintaux à 584,000, celle
des laines en masse de 224,000 quintaux à
182,000, celle -d^s-^oks-^grèges de 9,9S2 à
9,191. . .
Parmi les matières minérales, la houille,
la fonte et le'«inc présente'at'un,accroisse-
nient; ,1e plomb s'est, soutenu ; le cuivre of
fre de la diminution. ,
La réduction que les tableaux foiit ressor
tir sur l'importation des btiis,d'acajou, est
la.conséquence du f ralentissenjent qui-s'était
manifesté dans les différentes branches de
l'industrie parisîeïyi^ 'On n'en avait introduit '
que 35,0Ç0 qù.intau^. au lleutde -VijûOO en '
185,0. Ce sont toujours les ■ iibnealions de
luxe qui.oirt lè plus à soiilT'nr'quand la con
fiance est éhranjce^f 'quand on tremble pour
l'avenir.
Le produi t des droits de douanes perçus à
l'entrée des sucres coloniaux et étrangers,
présente un déficit de 5 millions: Mais cette :
.liminutîon provient presque tout entière du
dégrèvement qui.leur a étë'accôrdé. On sait,-,
en effet,-'que *le droit des sucres coloniaux a
été .diminué de -5 fr., et celui des sucres
étrangers de 10 fr. pendant le dernier se-
meslre. En réalité l'importation des sucres •
coloniaux a seulement .baissé de 511,000 '
quintaux à 484,000,. et ce}I^des.sucres étran
gers, de 238,000 à 233,000." " /
• Si le. commerce d'impçrtâùon a langui et ■
decrù pendant l'année 18Sl,il.n'en apas'été
dé même du commercé d'exportation. Jà:
mais- nos produits agricoles, ou riianufac
turés n'Ont trouvé Un débouché aùSs'i con-"
sidérable à l'étrangerj et' bien-que le mou
vement se fût beaucoup falenti 'pendant
les. derniers mois , les; résul'.ats, de l'an-
néç, entière dépassent encore ceux de. l'an
née précédente; Ainsi l'exportation de nos*
vins s'est élevée .de 1^885,000 hectolitres '
en 1850, à 2,541,000 en 1851; celle des eaux-
de-vie de 229,000 à 277,000; celle de l'alcool
de 52,000 à 97,000. Pour les "céréales, c'est
4,647,000 quintaux aii liéu de 3,496,000.
L'augmentation n'est pas moins marquée
sur la plupart des produits de^notre indus
trie manufacturière. Quelques-uns seulement
sont restés stalionnaires ou présentent une
idiminution. , «
;. ' .Les relevés comparatifs du mouvement de
la navigation de la France avec l'étranger et
les colonies constatent, un. progrès général.
.A l'énlrée; ïe nonlbre des navires s'est aecru
de 16,300 à 17 ;0Ô0, et le tonnage de2,068.000'
tonneaux à 2 r l 88,000 ; à la sortie, le nombre
des navires est monté de 15,626 à 17,035, et
le tonnage de 1,666,000 tonneauxà 1,870,000.
Cette augmentation a prpfité tout à la fois
au pavillon français et aux'pavillons-étran
gers. . ■■
Aujourd'hui que les inquiétudes qui sus
pendaient lès affaires ont complètement dis
paru, les transactions ont repris un nou
vel élan; l'esprit d'entreprise.s'est réveil^
4ê, et il n'egt pas douteux que la; prochaine;
•^^blication de l'administration des douanes
r ne constate l'amélioration qui s'est fait sentir
; dans toutes les branches du commerce et-de
^ l'industrie. On voit, au reste, cette amélio-
i ration se faire-jour dès le mois de décembre.
! Ainsi, bien que le produit dés droi ts àl'impor-
I tationen 1851 soitinférieur de 7 millions à ce-
i lui de l'année précédente, il y a presque égalité
i pour le mois de décembre considéré isolément.
! On retaarque, par exemple, que l'importation
du côton brut, qui n'avait été que de 837,000
; quintaux en décembre 1850, s'est élevé à
1,334,000 en décembre 181)1. Il en est
de même des "soies grèges et des soies inou-
" linées, dont l'importation a monté , pour
; les premières, de 949 quintaux à 1,409, et
pour les secondes - , de 734 à 1,058. Ce
i sont là des chiffres propres à montrer toute
♦ l'énergie de la reprise .industrielle qui a
j "Suivi presque immédiatement le coup d'Etat
; du'2 décembre. - - ,
i - j. fitJRAT.
La grève des ouvriers mécaniciens anglais
est aujourd'hui complète. Un certain,, nom-
! bre de fabricans s'étaient regardés comme
• liés parleg réglemens deleursmaisons" qui
spécifient qu'un avertissement préalable se
ra donné quinze jours d'avance par le pa
tron s'il veut renvoyer un ouvrier, ou par
" l'ouvrier, s'il veut quitter l'établissement. Ils
ont .donc pensé qu'ils ne pouvaient, fermer
" leursateliersle ,10 janvier,après avoir prévenu
leurs ouvriers seulement le 3, et ils ont con
tinué à travailler jusqu'au il. -Par la même
raison , quelques usines sont demeurées
en activité au-delà do cette dernière da
te;, pour fermer définitivement le 24. Au
; début' de la semaine qui vient de finir, le re
censement opéré par les soins du comité des
mécaniciens, a constaté qu'il y avait déjà un
peu plu's de 23,000 ouvriers en grève, et. ce
nombre à dû s'accroître encore.
' Le comité a fait appel au public en faveur
de sa cause et a ouvert une souscription* On
désirait ne pas toucher au fonds commun,
on comptait pourvoir à l'entretien des as-
, sociés-ayec.les'* contributions .des membres
de "l'association qui continueraient à tra-
; vailler.j et quànt. aux ouvriers non asso
ciés que le comité avait pris à-sa charge
: pour calmeriieur irritation, on, se fiait
-sur-le produit de la souscription. Par
; malheUr l'opinion publique , éclairée sur
• les. actes-'èt sur lès intentions du comité
. directeur, s'est prononcée contr,e les pré-
; tentions des ouvriers; et la souscription,
' pour la première semaine, n!a pas produit
tout à fait 1,000 fr. Les cotisations volontai-
• res ont été loin également d'atteindre le chif-
lre qu'on espérait. Il a fallu dès 1$ première
semaine restreindre singulièrement les se
cours. Pour empêcher les ouvriers indépen-
>dàhs de se déclarer du côté dès fabricans, on
leur a fait la plus belle part, et-on leur a
alloué 7 shillings, tabdis qu'on n'a distribué
que 3 shillirijgs par tête aux membres de l'as
sociation. . ; ;
Cette inégalité dans le partage a provoqué
' immédiatement des murmures. Les associés
. sesont récriés sur lamodicité de la somme
qui leur était allouée, ils -..se sont étonnés
qu'on donnât plus du double aux non-asso-
ciés qui n'avaient en rien contribué à l'en
caisse social j et qui devaient recueillir les
bénéficès de la victoire sans avoir participe
aux eharges de là lutte. Ils ont invoqué l'ar-
ticle'du règlement qui attribuede.ux shillings
par jour, c'est'à dire quatorze shillings par
semaine à. toutassocié sans,ti'avail. Ces'plaiù-;
tes «e sent bientôt traduites .dans des ré.u-
'niox!s,èt unmeêtingaété convoqué pour pro-r
tester contre,l'organisationdes secours. Le co-
; mité directeur s'est' èmpressé'd'envbyer' son'
orateur M. Newton et deux deses membres à ce
• meeting, pour donner des explications. On a
, chapitré les tnéconteiis sur leur précipita-
tionà mal juger- du comité, sur l'impru
dence qu'il y avait à mettre tout Je public
dans la confldetice d'affaires de ménage, sur
la nécessité d'être, plus politiques à l'avë-
,nir. Çn a proposé divers modes de.réparii- :
tion des secours, et provoqué la nomination
d'une commission de cinq membres . char
gée de recevoir les explications détaillées du
comité: directeur, en recommandant à l'a
venir de recourir à la voie des députatioiis
plutôt qu'à la publicité- des meetings. Après
quelques orages, M. Newton a obtenu la no
mination de sa députation d.e cinq membres,
et les ouvriers se sont retirés paisiblement.
Par ce début de la grève., on peut prévoir
les embarras, qui attendent le comité direc
teur lorsqu'il aura" eu à pourvoir, pendant
deux ou trois semaines, aux besoins de
23,000 personnes. Le projet des ateliers-
sociétaires a été loin de rencontrer, parmi
les ouvriers l'adhésion enthousiaste qu'on
espérait. Pour disposer des 250,000 francs
nécessaires, il fallait avoir l'agrément . des
cent ëinquante affiliations de la société,
répandues dans toiis les -districts indus
triels, fresque toûtes ces affiliations y au
lieia d'émettre un, vote d'enthousiasme,,
.ont voulu examiner en détail lé plan du
comité directeur.; et s'il a obtenu la ma
jorité" dans presque toutes les affiliations,
cette majorité a été vivement disputée
dans un certain nombre d'entre elles. Huit
se sont prononcées cbiitre toute application
du fonds commun à une entreprise de cé gen
re, et vingt ou trente ne se sont pàs encore
prononcées. Or, tâutqiie ce verdict n'est pas
rendu, le comité directeur ne peut agir ; et
pour peu que ce retard se prolonge, la grève
pourra toucher à son terme avant que ce
plan, qui devait révolutionner l'industrie
anglaise, ait reçu un commencement d'exé
cution. . ■ .-
On J>ëut prévoir dès aujourd'hui l'avorte-
ment de la tentative des mécaniciens anglais.
A Bristol, les ouvriers ont déclaré .qu'ils
n'avaient qu'à se louer de leurs patrons, et
ont émis un - blâme contre la conduite du co
mité directeur. ALiyerpool, uii fabricant qui
n'a pas pris part à la coalition (le ses con
frères de Manchester et de Lpri'lrès, a'offert
à ses ouvriers .de continuer à travailler
isils youlaierit, par une déclaration écrite, ré-
pudier toute participation aux doctrines et
aux: actes de la société'combinée. Cette dé-
claratiou a été .immédiatement sousci'ite par
tous lès ouvriers qu'il emploie. • ,
~ ;Les mécaniciens conimencent à se préoc
cuper des conséquences que péut avoir pour
ùaux la'guerreimprudente qu 'ils ont déclarée
aux fabricans. Dans plusieurs maisons on
a continué à travailler èn élevant au rang de
contre-thaître's quelques-uns dés méilleûrs'ou-
vriers, eten leur donnant .pour collab'orateurs
les apprentis et quelques ouvriers empruntés
à la serrurerie et aux autres indusiries qui
traydiitent le fer. b'autres fabricans ont en
voyé des agens en.Belgique afin d'y recruter
;des ouvriers habiles qui puissént devenir
le npyàu de nouveaux ateliers. Enfin, les
fabricans de Londres, profitent de la grève
pour remonter leur outillage. Les machines
à ajuster, à raboter, à forer, en-usage dans
les grandes usines du Lancashire, n'étaient
point communes à Londres ; il n'est pas dou
teux qu'ellesvont être introduites dans tous
les ateliers, afin de pouvoir remplacer parde
simple's journaliers un certain nombre des
ouvriers à haute-paie, dont les'exigences ont
amené la crise. Plus d'un de ceux ^ui se sont
mis à la tête de cemouvement, ne retrouvera
plus sa place, quand la bonne harmonie se
sera rétablie. Cette crainte, exprimée tout
haut dans une dès réunions teiiues à Londres
par les-Ouvriers, y 4 a produit une certaine
sensation , et , fera sans doute réfléchir
quelques-uns des hommes trop confians et
trop crédules que des agitateurs ont détour
nés de leur paisible" et-laborieuse existence,
pour les jeter en pâture aux plus vaines et
plus creuses théories du socialisme.
- CUCHEVÀL-CLARIGNY.
ACTES OFFICIEL.
BEFOBX.IQUK rRARÇAtSE; •
Louis-Napoléon,
Président de là RépublifiuB française, . . .
Çonsidérant qu'il importe de rendre, applicables >
aui colonies diverses lois, métropolitain dont lai
promulgation est depuis long-temps réclamée, et ,
peut être Faite sans;préjuger le régime organique
de la constitution de nos établissemens d'odtra
mer, " .!. ' .■ ;:-i ,»1 '
Sur le rapport du ministre de la mariae et. des
colpnies, et sur l'avis du. garde des sceaux,- minis- ;
ti'e de la justice: .
Décrète: , ,.
Art. 1 er : Sont àéclarés .exécutoires dans les co
lonies, les lois et autres actes politaine ci-après désigriés -
{"Les titrés /, IVèt V de la loi du 10 vencLérhiair$
an ïV, relatifs à la responsabilité des comnoilnes ; ' "
2° Le décret du 23 septembre 1806, concernant là'
délivrance-, par , les- liotaires, dés certificats de vie
aux rentiers viagers et pensionnaires dè l'Etat;
Ensemble: : > -■ • -V •
L'ordonnance du 30;'ut»1814 et l'art. 12 de celle'
du 20 juin 1817; concernant les notaires certifi-'
cateursr et- les rétf ibutions auxquelles ils ont droit;
3' Le décret [du 1 S-août J807, qut presérit leâ 1 ,
forniefe à suivre pour les saisiës-arrets ou opposi
tions entre les «îaibs des-receveurs ou administra-*
teurs de caissés;ou.de deùiers publics; ^
, i 9 La loi du 12 novembre { 808, Relative au prl=' ; '
vilégp du trésor public pour le recouvrfement d^s' .
contributions directes;
Epsemblé : " - - - - • 1 1 -"
. Les-art. 43,14, 1S et iGde la loi dy S navembre
1790, relatifs aux biens-des fabriques-fet afùtres 1
établissemens; .. , .-i •" 1 ;
L'art. 147 de la loi du 3 fiïmdiWim' YlL.«âr le*
paiement de la contribution foncière'des biens te-
' nus à' ferme ou à loyer; ^ '
Les art. 22 et 23 de ta loi du lï'av'ril 1832, re
latifs à la responsabilité des propriétaires èt prin
cipaux locataires pour la contribution personnelle
et mobilière due par les locataires ; ■ ■ ■ ■
5° Les.art. 36 et 45 du décret du 14 juin 1813,
sur l'organisation et le service dis huissiers, en eè
qui (concerne la remise par les huissiers "des exploits
et pièces de leur ministère;. - >
6î La loi du 24 mai 1.834, sur Içp détenteurs
d'armes et de munitions de guerre; . - ■
, 7' La loi du 20ma» 1838, sur les vices rédhibi- '
toires dans les ventes e échanges d'animaux do
mestiques;- - ;... 1 ■ . , , ' - ■ ■
8° L'art 17 de la loi, du 25 mai 1838, sur les jus- '
tices de paix, relatif à l'avertissement antérieur à j
la citation r, ; , • « : ,
- , 9.' La loi. du.2 juin 1841, sur les ventes judi
ciaires de biens immeubles, dont ie'décret'du ;
avril 1848, sur l'expropriation forcée, A déclaré
exécutoires aux colonies les art. 1 et 2, sous cer- -
talnes modificat : ons qui sont et demeurent main - -
tenues ; -
Ensemble : ,«. ' .
- Le décret,du 14 novembre 1808, su} 1 la saisie des
! biens situés dans plusieurs arronaissemens; • -a
i La loi du 24 mai 1842, relative à" la saisie des,
'rentes constituées sur particuliers;
10° \ La loi dû 1 juin 1848, sur les a'tlroupe-
mens'; . - v». s . - - -
; ïi° Les articles Ai,.i3etA8 dyïdècrètJu i'àaût
1848,,sur les,clubs, .sa ce qui concerne les péiii-'
lités, eri.cas dc réunion d'un club, après sa disso
lution ou sa suspension ; l'interdiction des .sociétés
secrètes ; l'admission des circonstances atténuantes
dans les cojndam n'ations'^cic.'; ~
i2« 'La loi du 13 décembre 1848, sur là contrain
te par corps, sous réserve de.fixation, parles goc- T
verneurs; de la somme mensuelle ti consigner pour
les alimens des détenus ; . i , . ;«)
J.3°:JLa . hi du >13 octo6re4S49, sur. l'usage des
timbres-postes ajapt déjà servi à l'Affranchisse-;
ment d'unè lettre; ' ' -
lï° La loi du 10 juillet'1 850, .'relative il la pu-'
blicité'dès contrats de mariage ; •
lîi* La loi du & juillet 1850, relative a*:ii mau
vais traitemens exercés envers-les animaus'rlomes-
tiques. . .■ ■ ■■ .■ . j ■
Art. 2-. Le ministresécrétaire d'Etat de la marine
et (les colonies est chargé del'exécution'du présent
décret. . .
■ Fait au palais'iles Tuileries, le 22 janvier 1852.
. , ■ -. . LÔCISVfAl'OLÊOS.
Par le Président de la République :
Le ministre secrétaire d'Etat de - '
•la marine et -dos colonies,
THÉODORE DUCOS.
' Louis Napoléon,
-Président de la République, française,
Sur le rapport dû'rbihistrc' sêciéuire d'Etat de
la .-marine et des colonies ; ' . r - .
Vu la loi du 24 avril-1833 sur le régime iégisla-'
tif des colonies, , . .i ' -• :
Vu ^ordonnance du 7. septèmbre 1810 sur le ;
gouvernement du Sénégal et dépcndajiees, -
Vu l'ordonnancedu 15 -novembre 1*842, concer
nant la traite des gommes au Sénégal, et .le décret'
en date du 5 mai 1849, modifiant ladite ordon
nance,- . . " - ' ' •
.Cûnsidfemtqae ; plusieurs des restrictions ap
portées par ces deux actes à lalibrrté des transac-■ '
tions- peuvent être -maintenant raj,p '/rtées sans in
convénient, .
Décrète : " , >"
_ Art. 1". Est abrogé l'art. 13 de l'ordonnance du "
15 novembre 1847, qui autorise la fixation d'un *
MiLETOS DU CONSTITUTIONNEL, 25 JANV.
; .M MARIEE L1KDE .
- Le paquebot du .mois va partir^ mon cher
cousin. L'indienvqui doit porter ma corres-
Iiondance à Kandy est étendu,-tout, de son
ong sous ma fenêtre, et se prépare au voya
ge par le sommeil. Je continue le récit des ,
vicissitudes de ma vie' dans lladé a partir du
moment où mon amî Richard me lit tuer si
braxement un éléphant privé, qui nous coû
ta, 5,000francs{l). . .. .
Ces jours derniers, j'ai -assislé au mariage
d'une^er\ante.de ma /enamè^ .jeune.£hin- :
gulaise qui a pris un Indién portugais pour»':
époux. L'invitation était conçue dans les ter- i
mes.6uivans";
. «. M. .AbrahamSilva stra.Cort honoré de !
la présence de Votre .Honneuràla cérémonie
de ses noces et à.» une soupente» qui.se fe
ront «près-demain, àsix heures précises,dîtns.
la .maison de^on oncle. »
,. D'abord, nous ne comprenions, pas ce quele
fiancé voulait ,dire, par .ee mot « soupen-
fe jD, mais nous finîmes par décoavrir, qu'il
s'agissait d'un souper. Dans leur langage, 1
les,Indiens font un.itei.mélange,de mauvais!
anglais et de mots du pays,qu'il est souvent
fort difficile de les, comprendre. Quant à:eux,
c'est dilférent, ils n'entendent pas un mot dé
ce que vous leur dites, .mais ils se croient,
obligés d'avoir l'-air de ^comprendre. Un do-
mestiquorépondiîriperiurbablpmpnl : «Oui,
Monsieur, »; umis il ne sait jamais quels sont
— j. •' ■ 1 —■ ! ,—r?'. •'<< : ,»i *. ■!■ » r ,
(1) Voir le feuilleton du 4 octobre 1851, intitu
lé ; Une Chasse à Pile de Gvylan.
les-ordres que. :Vous, lui, donnez, ét §i yous
l'envoyez chercher un panier de fruits, il
vous apporte, une paire de bottes.
Pendant que. ma femme faisait l'inventaire
de ses. robes, je crus devoir,, de mon côté,
donner quelques soins à ma toilette pour le
grand jour des épousailles projetées,. On ne
trouve àCandy ni coiffeurs, ni barbiers, mais
chaque-bande d'ouvriers indiens possède gé
néralement dans son sein un perruquier.
Mes cheveux. étaient devenus fo/t longs, :
ce qui n'étaii pas étonnant, puisque j Sa
vais eu :>si peu d'occasions,; de les faire
couper dépuis mon départ d'Angleterre. Mqn
intendant. Trunfe, qui était un homme de
ressources,'se Èt amenér l'artiste capillaire;
de.mon atelier, et me l'envoya. Je visseprér
sentèr devant moi ce a fils de la puit, » ; un drôle
osseux, à longues mou ? taches, à l'œil sauvage,
et armé d'une formidable paire de : ciseaux
bonne à. tondre les moutons; L'opération
commença. A chaque, coup de ciseau tom
bait une bonne poignée, de mes cheveux, et
èn moins de cinq minutes je me sentis pres
que .suffoquée par les nombreuses touffes, qui
pendaient sur mon visage, j'en conclus que
ma toison était beaucoup plus épaisse qiie jê
ne l'avais imaginé d'abord et me bornai à re r
commander; à l'opérateur de me laisser une
Longueur decheveux raisonnable. Maisautant
aurait valu le prier de chanter Une cavatinè,
italienne. Il continua à ouvrir et fermer ses
ciseaux ..avec line rapiditéelfrayante. Enfin,
après un dernier coup de peigne, il me .dé
barrassa du drap dé lit qu'il m'avait nouéau-
■tour du cou , il fit une grimace en-forme de
sourire et soriit de la chambre avec un
profond salâni. J'allai dans l'app.irt"ini'nt
*ôisiii mepia^rdevmit-yu miroir. Horrible
ja^pi'ct! toutes mes brunes - tresses avaieut
disparu. Le misérable, roahométan, m'avait
coupé leS;Cheveux aussi .ras que. cçux d'un
corivict. Il n'était .pas étonnant que, je sen
tisse sur ma tête une fraîcheur traîtresse,..
Tout ce que ce perruquier de nlalheur m'a-
vaitlaissé sur lecràneétait unemèche au som
met, qui rne donnait un faux air de Chinois,
etqui, balancée au moindre «juffle d'air, me .
chatouillait l'os frontal de la manière la pius
désagréable. Lorsque mislress Brown me vit
paraître, sa première pensée fut que j'avais
éprouvé quelque terrible maladie, dans l'in
tervalle 4u déjeuner au dîner; ensuite elle
s'iinagina que j'avais dbjuràle christianisme,
et que j'étaissur le point de partir pour lamos;
quee de Candy. jeprotestaidemouinnocence,
etjpourl'en convaincre, je me hâtai de couper
la mècbe rnalencontreuse qui me balayait la
têle.vUn vide-poche en velours, où j'avais ;
coutume de mettre mon tabac, fut transfor
mé en bonnet de police, et servit à dissimu
ler, l'apparence mahomptane de mon crâne
déniidé. ;
Le lendemain était le jour du mariage. f
L'affaire'devait se conclure dans ùu village
voisin de ma demeure. Nous louâmes une-
voiture à bœufs et nous'partîmes, abandon
nant les enfans et les. domestiques à leur
[destinée, après avoir pris la précaution d'é
teindre jusqu'à la moindre parcelle dp feu
Jui aurait pu occasiouer deux genres d'anci
ens, savoir : rôtir les enfans j usqu'à ce qu'ils
fussent réduits en cendres ; où les bouillir
par la chute de quelque, marmite. Notrejra-
jet ne fut rien moins qu'agréable. La route
était raboteuse et couverte de cailloux. Le
coché n'était pas susp^ndji, et l'attelage
persista, pen.-lant toute la durée de la
route, à vouloir s'enquérir de ce qui se .pas
sait dans les prairies du voisinage. No
tre marche ne fut donc qu'une succcssion.de
spcousses,jde cahots, de rnontées,de descentes
et d'écarts de toutes sortes. J'en&urais ri vo
lontiers,; si mistress.Brown, qui avait mis"
l'une de ses plus belles robes et dont le cha
peau était orné de rubans neufs, n'eût envi-.
sagé la chose-sous un aspect- tout-à-fait sé
rieux, pour ne pas dire lamentable. s.
L-unioTides deuxépouxsefit dansune cha-,
pelle, portugaise. La mariée était couverte de.
clinquans et de fausse bijouterie qui la ren
daient méconnaissable : .il n'y avait pas .un
. pouce de sa robeoù ne fût«uspendue quelque,
quincaillerie reluisante, et elle semblait,
prête à succomber sous-le poids de tout ce
cuivra et de toute cette ferraille. Vous rirez,.
cousin, en apprenant que cette noire beaute
Eortait des souliers de satin blanc et.des
as- de soie de même couleur. Une guir
lande de fleurs, artificielles ceignait le bas
' de sarobe,,e.t4anssa noire chevelure étaient
plantées une demi-douzaiae de brochettes,
ae,celles dont .on se sert pour faire cuire
, les rognons.- Ces ustensiles-de ouisine,étaient
, dorés, et, aux deux extrémités, pendaient
des perles. Je ne dois pas oublier l'éventail
d'ivoire qu'elle tenait à la main. Elle avait
aussi passé à son bras, un.de ces petits sacs
de soie, qu'on .appelait «dés ridicules.» ».
,.Au sprtir de la chapelle on nous conduisit
« à la soupentes, en bon anglais jau souper..
A l'approche de nos bœufs qui s'étaient en
têtés à prendre la tète du cortège., plusieurs,.;
femmes sortirent de 1j maison avec la préci
pitation et le. désordre de gens qui auraient
eu le feu à leurs trousses; mais leur course
folle n'avait d'antre objet que d'étendre sous
nos-pas des nappes.blanches, de[>uis le cha
riot jusqu'à la porte. Rien ne putdélermi-
nî.-r ïi)istri. ; ss tëruwn ,à marcher sur Ce linge
et à le Urher de houe. Dès que nous fûmes
descendus de notre véhicule, on voulut tirer -
un coup de fusil en notre honneur, et il nous
fallut attendre fort long- temps sous les
rayons d'un soleil brûlant l'exécution de
cette partie du .programme. Une douzaine
d'individus essayèrent tour à. tour de faire:,
partir le fusil, mais,inutilement; l'un mit
plus de poudre, l'autre souffla sur la déten
te, un troisième frotta la pierre avec un co- ■
peau; un.deraierj enfin, obtint plus de suc
cès en appliquant un tison sur la lumière. ■.
La détonation fut telle, que . toute l'assem
blée tressaillitet ferma les yeux ; .tandis que
les bœufs .s'agitaient pour se débarrasser de ;
leurs liens.
Introduits d»ns la salle ; principale, nous y
trouvâmes une trentaine d'individus.pressés
les uns contre Jes autres. Il y avait six chai- .
ses à partager dans cette réunion. La mariée
fut-.élouffée et voilée par un épais nuage
d'encens; une vieille femme lui versa sur.la.j
tète le contenu d'une corbeille toiite pleine de
morceaux.de papiers de .différentes couleurs.
Nous attendîmes une heure entière", et enfin
l'on apporta le souper. L'époux, qui lit alors.
éon entrée, ayait les joues rouges et, à son air .
échauffé, il était facile.de voir que le repas
était un échantillon de ses talens culinaires.
Non, jamais pareille nourriture ne fut of
ferte à des hommes civilisés, et plus d'une
fois je vis sur la figure de ma lemme se
peindre,, .avec. une affreuse grimace, l'em-.
ibarras de savoir que faire du morceau
qu'elle avait dans la bouche.. J'étais assis
prçs de la mariée, qui, pour obéir aux
Tois.dulîou ton, s'efforçait de manger à l'eu
ropéenne, c'est-à-dire en se servant de son
"couteau -et de sa fourchette; mais la mal
heureuse était telleneut accablée sous le
poids des oripeaux dont on l'avait couverte^,
qu'elle ne pouvait faire iin mouvement sans
les plus pénibles efforts. J'eus pitié de sa dé-,
tresse; et, : prenant une cuiller, je lui donnai
la .becquée comme on fait à un enfant.
J^ers le m ilieu »du repas, de nouveaux con- '
vives arrivèrent, et on les assit, comme on
put, sur.des caisses -et sur' des boisseaux à *
mesurer lecafé. La chaleur étaitintense; long
temps avant que le célèbre carry indien né "
parut sur la table, des gouttes de sueur rou
laient sur mon front. Nous étions alors telle
ment pressés à cet infernal banquet, qu'il
m'était impossible prendre mon mouchoir dans ma poché.
Avec quel sentiment de satisfaction vis-
je arriver le moment d'aller 'prendre le café
sur la galerie, eni plein air. La nuit était ad
mirable et l'atmosphère si fraîche, qu'à cha-
que.aspiration il semblait qu'on humât une
gorgée de .soda-water glacée. Nous apprîmes
alors que les Indiens des habitations -etivi-
VAnnoniac' nirninnt MD/M «tnn u ' ■ ..
"j- r,
ree. Une promenade de quelques-minutes sur ■
ies bords d'une petite rivière nous conduisit au
théâtre. C'était un hangar plus long quelaiv
gèjsoutcnu parde lourds piliersde brique; en
droit frais et spacieux où l'on avait diètribué
des sièges improvisés de toute espèce. Au
moment de notre arrivée, les acteurs fai
saient une dernière répétition derrière le ri
deau. J'eus donc tout le temps d'examiner la
décoration de la . salle et la-composition de
l'assemblée. L'éclairage consistait en chan
delles fichées tur des melons d'eau. Des
noix de cpgis avaient été transformées en
lampions ; où brûlaient, sur l'huile du
même lruit, des mèches fumantes ; d'autres
lumièreé brillaient.d'un éclatplusfaible sous
l'écorce amincie de jeno sais quelle espèce de
fruits disposés en lanternes. Le parteriecon
tenait tous les blancs'du voisinage, dorit
}a physionomie annonçait généralement-l'in
dulgence et la •curiosité.
B5SBE
BIIREAU1 : rue die Valois (Pahals-Royal), n* 10.
1833.—DIMANCHE 25 JANVIER.
PRIS MS li'ABONNEBrôKT
pour Paris et les département : .
TEdIS BOIS. 12 r. I SIX SOIS.. 22 ».
Bit AS,... é® rï • 1 *; '
. potFK iis pats trmueBBS, se réporter
au tableau qiii sera publié dans lejo"uriïâl,
es 14 et ai de chaque mois.
tet^alotinemekt datent des i« et H
de chaque mois.
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M, B oni-
Les articles déposés ne soiit pas rendus;
I) JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL
| On s'abonne, dans les département, éatx Messageries et aiix'directions de posteï—A*Ixmdres, chez MM.' Côwiè et fil ?.
- j * -r A Strasbourg, chez M. ALJXANDREj pour l'Atlemàgne.
S'adresser, franco, pour l'administration,, Les annonces sont reçues àu bureau du jour pal; et chez M. PANIS, régisseur, 10* place de'la B stim »
, - »- . ,1 . » • 'r i ' j t
PÀUIS, 24 JANVIER.
IE BONlfElIR DE Ï3 JWIÊR. -
Que de fausseâ- et sinistres nouvelles pro-»
pàgées, affirmées depuis plusieurs jours/
jusqu'à déprimeF le crédit publiCj jusqu'à
alarmer l.es plus consciencieux dévoûmens i
Tous ces faux..bruits nous avaient Q,ouSr
même profondément ému, èt nous nous
voyions déjà contraints, par l'opinionpubli-
que* de poser la première pierre.de l'oppo
sition contre un gouvernement .qui, hier en-
eôrej sauvàit là France et rendait la vie à la
société. , \ ■■ ,
Après avoir lu /« Moniteur du-23 janvier,
•nous respirons. ,
Il n'y a rien dô changé dans le cœur dô;
Louis-Napoléon : le décret qui restitue au
domaine de l'Etat les biens meubles et im-
nieubles, objets d'unè donation faite le 7
août 1830, par le roi Louis-Philippe, se ter-
Bline par l'acte du désintéressement person
nel le plus complet.de Louis-Napoléon, pour
•luietpour lessienst ,
L'art. 14 de cé décret est ainsi conçu r
« En considération derprésentes, le Prési-
dênt de là-République /engricê ,à toutes, récla
mations au sujet des constations prononcées en
iSl \ et en 1815 contre la famille Bonaparte. »
Pour expliquer et pour justifier la mésure,.
priseau.sujet d'iine partie dés biens de la
famille d'Orléans,il Serait injuste d'oublier
que tojut gouvernement qui.se fonde est dans
une situation militante; .11 île s'agit pas au
jourd'hui d'intérêt dynastique, iî, s'agit de
sauter la société : comment ne fms admettre
des raisons d^Et^ti:,
Dlailleurj le produit du retour à l'Etal et
de la ven \& d'une partis des biens de la fai-
mille d'Orléans ne pouvâît recevoir un meii-
leur.emp'oi. ,\ .... , ■ ■ -
Dix millions sônt alloués àuk sociétés de
sècoùrs mutuels. . . .• -
Dix millions sont epaployés ,à apjéliorer Jes
îogemens des ouvriers dans les grândes vil
les manufacturière?.' '. :■ x
Dix millions sonfc attribués au crédit fon
cier. .. ,. , ' '• ' j -..
Cihq m,îllionsservirbntà établir une caisse'
de retraite au profit des desservans les plus
-pauvres; ' .■ ' 1 '•
; Le surplus de cci ,bipiik' s6rà;'ei»plçyé à
doter notre brave M fidèle armée d'alloca
tions proportionnées aux grades dans la Lé-
-gionrld'jHonneùr, 'et à çr.éer une médaijle mi
litaire donnant droit à une-rente viagère en
fayeur des soldats.et sous-officiers.
Si le Président de la République a' pris une
mesure politique, rigoureuse-, ce n'est, du
moins, qu'au profit des classes ouvrières^ de i
notre . armée dè terre jét de gaer, dont les
grades et les; modiques;, pensions de re
traité sont .gagnés par de si longs et de
«i pénibles services, jpar le dévoûment d'une
vie tout entière^ ce n'est .du moins qu'au
profit de nos populations des-càmpagnes rui
nées par l'usure j dés pauvres prêtres de nos
villages ; ce n'est gu'au profit des veuves des
haulë fonctionnaires civils et militaires morts
au service de l'Etat, - > ;
■ a vGertes, nous-respectons l 'émotion de ceux
qui n'ont reçu que des faveurs èt des bien-
faitede la famille d'Orléans ; mais convenons-
en, il y a bien loin, encore de .toiis le^ mal-
- heurs- de cette maison princière, à tous
ces grands; désespoirs de famille, à, tous ces
malheurs immérités de-la brànbhe aînée des
Bourbons!
Nous regrettons vivement qu'au milieu
du remariiemént ministériel qué publie le
Moniteur du 23 janvier, M. de Morny, cédant
certainement aux plus honorables suscéptf-
biiités, ait/cru devoir donner sà démission.
Elu et réélu à plusieurs reprises en Au
vergne comme député, comme Constituant
jet comme représentant, M. de Morhy a étu
dié de près, pend'ant de longues années, lés
(stériles intrigues et les crians abus du ré-
^ime parlementaire ; et c'est entraîné par
de patriotiques convictions, qu'il apris de si
bon cœur, le 2 décembre; les plus hautes
èt les plus courageuses responsabilités. Dans
les quelques jours difficiles qui suivirent le
2 décembre, tous ceux qui approchèrent
M. de Morny étaient surpris et rassurés, par ;
le calme naturel, nous pourrions presque
dire élégant,de son esprit et de toute sa per
sonne ; il disait tout et faisait tout simple
ment. ; , .
Au "milieu des décisions les plus nettes
et les plus promptes, prises dans les cir
constances les plus graves, il trouvait en
core un sourire dédaigneux oii un mot vif et
perçant,., contre cette foule, de. personnages
dç comédie que mettent en campagne et en
mouvement les révolutions.
Pendant le peu de tenfps que M. de Morny.
a passé aux affaires, il s'est révélé en lui
de grandes qualités d'iiomme d'Etat; ses
'exposés de motifs, ses circulaires sont de
petits chefs-d'œuvre de concision," d'esprit
et de bon sens pratique ; il Sait les choses
et le^hommes-dp son. temps, .et il comprend
largement, de haut et dans un sage esprit de
modération lé moifveménjt d'idées, les niœurs
nouvelles et le rajeunissement administratif
et politique que la France devra aux mesu
res du 2 décembre. .
M. de ftïorny, nous l'espérons, reviendra
aux affaires ; lfi politique nouvelle de Napo
léon a déjà produit un homme nouveau.
La démission.dé"MiM. Fouid et Rouher nous ;
a moins surpris et moins affligé. Ces deux
hommes d'esprit et de talent se sont créé et
omettent en pratique tme politique toute dé
circonspection et de réserVe. Lorsqu'une de
ces grandes , mesurés, qui doivent d'abord
iétonner^sont résolues par le chef d? l'Etat,
dis cèdent leur place à d'autres et la reprén-
'nent dè» que la mesure est accomplie, et dès
'qu'il y à succès'constaté : .ils se tiennent à
jl'abii et à l'écart dès que le ciel se couvre
'de nuages pour reparaître avec le beau
temps. Ce n'est point là un calcul d'hommes
timides et égoïstes ; ils se ménagent afin'de
durer et de se dévouer plus long-temps, et
p'ils montrent dans les crises tant de pru
dence, ce n'est' que pour apporter dans les
affairés courantes plus d'audace et d'autorité.
; Nous disons tout cela ,'si sérieusement^
[qu'une nouvelle rentrée raux affaires de MM. :
jPould et Rouher nous affligerait encorè bien
moins que leur retraite.
, * n r b vébox.
. Nous constations, il y à quèlques jours, en
rendant compte des états des revenus indirects
pendant l'année 1851, la fâcheuse influence
que les intrigues et les agitations de toute sorte
avaient exercée sur les transactions pendant
les derniers mois. Ainsi le moUvementdonné-
sa'ui consommations^ et aux affaires par le
gouvernement éclairé de -Louis-Napoléon,,
s'était à peu-près soutenu durant les neuf
premiers mois, "malgré les incertitudes : de 1& ;
situation et les inquiétudes/ de l'avenir. Le i
produit des impôts indirects présentait encore
:pour lès trois premièrs trimèstres,un excédant
de plus de 12 millions sur la période corres
pondante de 1S50. Mais il a- suffi des agres
sions et des tentatives ànarchiques de l'As- 1 ;
semblée pour faire-perdre au revenu public, .
.dan&Jes trois derniers mois,, jft^teccain ^u'il
avait gagné pendant les neuf premiers. De
telle.sorte que. les états comparatifs des deux
années se résument en une diminution de
quelques centaines de mille francs au détri
ment de l'année courante. :
Les tableaux de l'administration des doua-'
nés accusent des résultats analogues. Ainsi,
le montant des droits perçus à l'importation
est tombé de 124 millions en 1850, à 117 mil- .
lions en 1851. Que l'on se figure par, la
'pensée tout ce que cette diminution de 7 mil
lions sur le montant des droits de douanès
représente de ralentissement dans les affai
res commerciales et dans les travaux manu-
-fecturiers. On verra clairement alors que, si
le Président n'eût pas conjuré les périls par
la résolution courageuse et prévoyante du
2 décembre, nous marchions en réalité vers
une crise qui eût pu; être plus fatale encoré^
que celle de 1848. . ^ y ' i ;
Si nous nou&attachoâs d'abord aux; ma-» ;
tières premières," qui alimentent surtout nos
fabriques, et dont la mise en œuvre ^aupé
un si grand nombre d'ouvriers^ nous trou
vons que l'importation des cotons bruts a
baissé de 594.090 quintaux à 584,000, celle
des laines en masse de 224,000 quintaux à
182,000, celle -d^s-^oks-^grèges de 9,9S2 à
9,191. . .
Parmi les matières minérales, la houille,
la fonte et le'«inc présente'at'un,accroisse-
nient; ,1e plomb s'est, soutenu ; le cuivre of
fre de la diminution. ,
La réduction que les tableaux foiit ressor
tir sur l'importation des btiis,d'acajou, est
la.conséquence du f ralentissenjent qui-s'était
manifesté dans les différentes branches de
l'industrie parisîeïyi^ 'On n'en avait introduit '
que 35,0Ç0 qù.intau^. au lleutde -VijûOO en '
185,0. Ce sont toujours les ■ iibnealions de
luxe qui.oirt lè plus à soiilT'nr'quand la con
fiance est éhranjce^f 'quand on tremble pour
l'avenir.
Le produi t des droits de douanes perçus à
l'entrée des sucres coloniaux et étrangers,
présente un déficit de 5 millions: Mais cette :
.liminutîon provient presque tout entière du
dégrèvement qui.leur a étë'accôrdé. On sait,-,
en effet,-'que *le droit des sucres coloniaux a
été .diminué de -5 fr., et celui des sucres
étrangers de 10 fr. pendant le dernier se-
meslre. En réalité l'importation des sucres •
coloniaux a seulement .baissé de 511,000 '
quintaux à 484,000,. et ce}I^des.sucres étran
gers, de 238,000 à 233,000." " /
• Si le. commerce d'impçrtâùon a langui et ■
decrù pendant l'année 18Sl,il.n'en apas'été
dé même du commercé d'exportation. Jà:
mais- nos produits agricoles, ou riianufac
turés n'Ont trouvé Un débouché aùSs'i con-"
sidérable à l'étrangerj et' bien-que le mou
vement se fût beaucoup falenti 'pendant
les. derniers mois , les; résul'.ats, de l'an-
néç, entière dépassent encore ceux de. l'an
née précédente; Ainsi l'exportation de nos*
vins s'est élevée .de 1^885,000 hectolitres '
en 1850, à 2,541,000 en 1851; celle des eaux-
de-vie de 229,000 à 277,000; celle de l'alcool
de 52,000 à 97,000. Pour les "céréales, c'est
4,647,000 quintaux aii liéu de 3,496,000.
L'augmentation n'est pas moins marquée
sur la plupart des produits de^notre indus
trie manufacturière. Quelques-uns seulement
sont restés stalionnaires ou présentent une
idiminution. , «
;. ' .Les relevés comparatifs du mouvement de
la navigation de la France avec l'étranger et
les colonies constatent, un. progrès général.
.A l'énlrée; ïe nonlbre des navires s'est aecru
de 16,300 à 17 ;0Ô0, et le tonnage de2,068.000'
tonneaux à 2 r l 88,000 ; à la sortie, le nombre
des navires est monté de 15,626 à 17,035, et
le tonnage de 1,666,000 tonneauxà 1,870,000.
Cette augmentation a prpfité tout à la fois
au pavillon français et aux'pavillons-étran
gers. . ■■
Aujourd'hui que les inquiétudes qui sus
pendaient lès affaires ont complètement dis
paru, les transactions ont repris un nou
vel élan; l'esprit d'entreprise.s'est réveil^
4ê, et il n'egt pas douteux que la; prochaine;
•^^blication de l'administration des douanes
r ne constate l'amélioration qui s'est fait sentir
; dans toutes les branches du commerce et-de
^ l'industrie. On voit, au reste, cette amélio-
i ration se faire-jour dès le mois de décembre.
! Ainsi, bien que le produit dés droi ts àl'impor-
I tationen 1851 soitinférieur de 7 millions à ce-
i lui de l'année précédente, il y a presque égalité
i pour le mois de décembre considéré isolément.
! On retaarque, par exemple, que l'importation
du côton brut, qui n'avait été que de 837,000
; quintaux en décembre 1850, s'est élevé à
1,334,000 en décembre 181)1. Il en est
de même des "soies grèges et des soies inou-
" linées, dont l'importation a monté , pour
; les premières, de 949 quintaux à 1,409, et
pour les secondes - , de 734 à 1,058. Ce
i sont là des chiffres propres à montrer toute
♦ l'énergie de la reprise .industrielle qui a
j "Suivi presque immédiatement le coup d'Etat
; du'2 décembre. - - ,
i - j. fitJRAT.
La grève des ouvriers mécaniciens anglais
est aujourd'hui complète. Un certain,, nom-
! bre de fabricans s'étaient regardés comme
• liés parleg réglemens deleursmaisons" qui
spécifient qu'un avertissement préalable se
ra donné quinze jours d'avance par le pa
tron s'il veut renvoyer un ouvrier, ou par
" l'ouvrier, s'il veut quitter l'établissement. Ils
ont .donc pensé qu'ils ne pouvaient, fermer
" leursateliersle ,10 janvier,après avoir prévenu
leurs ouvriers seulement le 3, et ils ont con
tinué à travailler jusqu'au il. -Par la même
raison , quelques usines sont demeurées
en activité au-delà do cette dernière da
te;, pour fermer définitivement le 24. Au
; début' de la semaine qui vient de finir, le re
censement opéré par les soins du comité des
mécaniciens, a constaté qu'il y avait déjà un
peu plu's de 23,000 ouvriers en grève, et. ce
nombre à dû s'accroître encore.
' Le comité a fait appel au public en faveur
de sa cause et a ouvert une souscription* On
désirait ne pas toucher au fonds commun,
on comptait pourvoir à l'entretien des as-
, sociés-ayec.les'* contributions .des membres
de "l'association qui continueraient à tra-
; vailler.j et quànt. aux ouvriers non asso
ciés que le comité avait pris à-sa charge
: pour calmeriieur irritation, on, se fiait
-sur-le produit de la souscription. Par
; malheUr l'opinion publique , éclairée sur
• les. actes-'èt sur lès intentions du comité
. directeur, s'est prononcée contr,e les pré-
; tentions des ouvriers; et la souscription,
' pour la première semaine, n!a pas produit
tout à fait 1,000 fr. Les cotisations volontai-
• res ont été loin également d'atteindre le chif-
lre qu'on espérait. Il a fallu dès 1$ première
semaine restreindre singulièrement les se
cours. Pour empêcher les ouvriers indépen-
>dàhs de se déclarer du côté dès fabricans, on
leur a fait la plus belle part, et-on leur a
alloué 7 shillings, tabdis qu'on n'a distribué
que 3 shillirijgs par tête aux membres de l'as
sociation. . ; ;
Cette inégalité dans le partage a provoqué
' immédiatement des murmures. Les associés
. sesont récriés sur lamodicité de la somme
qui leur était allouée, ils -..se sont étonnés
qu'on donnât plus du double aux non-asso-
ciés qui n'avaient en rien contribué à l'en
caisse social j et qui devaient recueillir les
bénéficès de la victoire sans avoir participe
aux eharges de là lutte. Ils ont invoqué l'ar-
ticle'du règlement qui attribuede.ux shillings
par jour, c'est'à dire quatorze shillings par
semaine à. toutassocié sans,ti'avail. Ces'plaiù-;
tes «e sent bientôt traduites .dans des ré.u-
'niox!s,èt unmeêtingaété convoqué pour pro-r
tester contre,l'organisationdes secours. Le co-
; mité directeur s'est' èmpressé'd'envbyer' son'
orateur M. Newton et deux deses membres à ce
• meeting, pour donner des explications. On a
, chapitré les tnéconteiis sur leur précipita-
tionà mal juger- du comité, sur l'impru
dence qu'il y avait à mettre tout Je public
dans la confldetice d'affaires de ménage, sur
la nécessité d'être, plus politiques à l'avë-
,nir. Çn a proposé divers modes de.réparii- :
tion des secours, et provoqué la nomination
d'une commission de cinq membres . char
gée de recevoir les explications détaillées du
comité: directeur, en recommandant à l'a
venir de recourir à la voie des députatioiis
plutôt qu'à la publicité- des meetings. Après
quelques orages, M. Newton a obtenu la no
mination de sa députation d.e cinq membres,
et les ouvriers se sont retirés paisiblement.
Par ce début de la grève., on peut prévoir
les embarras, qui attendent le comité direc
teur lorsqu'il aura" eu à pourvoir, pendant
deux ou trois semaines, aux besoins de
23,000 personnes. Le projet des ateliers-
sociétaires a été loin de rencontrer, parmi
les ouvriers l'adhésion enthousiaste qu'on
espérait. Pour disposer des 250,000 francs
nécessaires, il fallait avoir l'agrément . des
cent ëinquante affiliations de la société,
répandues dans toiis les -districts indus
triels, fresque toûtes ces affiliations y au
lieia d'émettre un, vote d'enthousiasme,,
.ont voulu examiner en détail lé plan du
comité directeur.; et s'il a obtenu la ma
jorité" dans presque toutes les affiliations,
cette majorité a été vivement disputée
dans un certain nombre d'entre elles. Huit
se sont prononcées cbiitre toute application
du fonds commun à une entreprise de cé gen
re, et vingt ou trente ne se sont pàs encore
prononcées. Or, tâutqiie ce verdict n'est pas
rendu, le comité directeur ne peut agir ; et
pour peu que ce retard se prolonge, la grève
pourra toucher à son terme avant que ce
plan, qui devait révolutionner l'industrie
anglaise, ait reçu un commencement d'exé
cution. . ■ .-
On J>ëut prévoir dès aujourd'hui l'avorte-
ment de la tentative des mécaniciens anglais.
A Bristol, les ouvriers ont déclaré .qu'ils
n'avaient qu'à se louer de leurs patrons, et
ont émis un - blâme contre la conduite du co
mité directeur. ALiyerpool, uii fabricant qui
n'a pas pris part à la coalition (le ses con
frères de Manchester et de Lpri'lrès, a'offert
à ses ouvriers .de continuer à travailler
isils youlaierit, par une déclaration écrite, ré-
pudier toute participation aux doctrines et
aux: actes de la société'combinée. Cette dé-
claratiou a été .immédiatement sousci'ite par
tous lès ouvriers qu'il emploie. • ,
~ ;Les mécaniciens conimencent à se préoc
cuper des conséquences que péut avoir pour
ùaux la'guerreimprudente qu 'ils ont déclarée
aux fabricans. Dans plusieurs maisons on
a continué à travailler èn élevant au rang de
contre-thaître's quelques-uns dés méilleûrs'ou-
vriers, eten leur donnant .pour collab'orateurs
les apprentis et quelques ouvriers empruntés
à la serrurerie et aux autres indusiries qui
traydiitent le fer. b'autres fabricans ont en
voyé des agens en.Belgique afin d'y recruter
;des ouvriers habiles qui puissént devenir
le npyàu de nouveaux ateliers. Enfin, les
fabricans de Londres, profitent de la grève
pour remonter leur outillage. Les machines
à ajuster, à raboter, à forer, en-usage dans
les grandes usines du Lancashire, n'étaient
point communes à Londres ; il n'est pas dou
teux qu'ellesvont être introduites dans tous
les ateliers, afin de pouvoir remplacer parde
simple's journaliers un certain nombre des
ouvriers à haute-paie, dont les'exigences ont
amené la crise. Plus d'un de ceux ^ui se sont
mis à la tête de cemouvement, ne retrouvera
plus sa place, quand la bonne harmonie se
sera rétablie. Cette crainte, exprimée tout
haut dans une dès réunions teiiues à Londres
par les-Ouvriers, y 4 a produit une certaine
sensation , et , fera sans doute réfléchir
quelques-uns des hommes trop confians et
trop crédules que des agitateurs ont détour
nés de leur paisible" et-laborieuse existence,
pour les jeter en pâture aux plus vaines et
plus creuses théories du socialisme.
- CUCHEVÀL-CLARIGNY.
ACTES OFFICIEL.
BEFOBX.IQUK rRARÇAtSE; •
Louis-Napoléon,
Président de là RépublifiuB française, . . .
Çonsidérant qu'il importe de rendre, applicables >
aui colonies diverses lois, métropolitain dont lai
promulgation est depuis long-temps réclamée, et ,
peut être Faite sans;préjuger le régime organique
de la constitution de nos établissemens d'odtra
mer, " .!. ' .■ ;:-i ,»1 '
Sur le rapport du ministre de la mariae et. des
colpnies, et sur l'avis du. garde des sceaux,- minis- ;
ti'e de la justice: .
Décrète: , ,.
Art. 1 er : Sont àéclarés .exécutoires dans les co
lonies, les lois et autres actes
{"Les titrés /, IVèt V de la loi du 10 vencLérhiair$
an ïV, relatifs à la responsabilité des comnoilnes ; ' "
2° Le décret du 23 septembre 1806, concernant là'
délivrance-, par , les- liotaires, dés certificats de vie
aux rentiers viagers et pensionnaires dè l'Etat;
Ensemble: : > -■ • -V •
L'ordonnance du 30;'ut»1814 et l'art. 12 de celle'
du 20 juin 1817; concernant les notaires certifi-'
cateursr et- les rétf ibutions auxquelles ils ont droit;
3' Le décret [du 1 S-août J807, qut presérit leâ 1 ,
forniefe à suivre pour les saisiës-arrets ou opposi
tions entre les «îaibs des-receveurs ou administra-*
teurs de caissés;ou.de deùiers publics; ^
, i 9 La loi du 12 novembre { 808, Relative au prl=' ; '
vilégp du trésor public pour le recouvrfement d^s' .
contributions directes;
Epsemblé : " - - - - • 1 1 -"
. Les-art. 43,14, 1S et iGde la loi dy S navembre
1790, relatifs aux biens-des fabriques-fet afùtres 1
établissemens; .. , .-i •" 1 ;
L'art. 147 de la loi du 3 fiïmdiWim' YlL.«âr le*
paiement de la contribution foncière'des biens te-
' nus à' ferme ou à loyer; ^ '
Les art. 22 et 23 de ta loi du lï'av'ril 1832, re
latifs à la responsabilité des propriétaires èt prin
cipaux locataires pour la contribution personnelle
et mobilière due par les locataires ; ■ ■ ■ ■
5° Les.art. 36 et 45 du décret du 14 juin 1813,
sur l'organisation et le service dis huissiers, en eè
qui (concerne la remise par les huissiers "des exploits
et pièces de leur ministère;. - >
6î La loi du 24 mai 1.834, sur Içp détenteurs
d'armes et de munitions de guerre; . - ■
, 7' La loi du 20ma» 1838, sur les vices rédhibi- '
toires dans les ventes e échanges d'animaux do
mestiques;- - ;... 1 ■ . , , ' - ■ ■
8° L'art 17 de la loi, du 25 mai 1838, sur les jus- '
tices de paix, relatif à l'avertissement antérieur à j
la citation r, ; , • « : ,
- , 9.' La loi. du.2 juin 1841, sur les ventes judi
ciaires de biens immeubles, dont ie'décret'du ;
avril 1848, sur l'expropriation forcée, A déclaré
exécutoires aux colonies les art. 1 et 2, sous cer- -
talnes modificat : ons qui sont et demeurent main - -
tenues ; -
Ensemble : ,«. ' .
- Le décret,du 14 novembre 1808, su} 1 la saisie des
! biens situés dans plusieurs arronaissemens; • -a
i La loi du 24 mai 1842, relative à" la saisie des,
'rentes constituées sur particuliers;
10° \ La loi dû 1 juin 1848, sur les a'tlroupe-
mens'; . - v». s . - - -
; ïi° Les articles Ai,.i3etA8 dyïdècrètJu i'àaût
1848,,sur les,clubs, .sa ce qui concerne les péiii-'
lités, eri.cas dc réunion d'un club, après sa disso
lution ou sa suspension ; l'interdiction des .sociétés
secrètes ; l'admission des circonstances atténuantes
dans les cojndam n'ations'^cic.'; ~
i2« 'La loi du 13 décembre 1848, sur là contrain
te par corps, sous réserve de.fixation, parles goc- T
verneurs; de la somme mensuelle ti consigner pour
les alimens des détenus ; . i , . ;«)
J.3°:JLa . hi du >13 octo6re4S49, sur. l'usage des
timbres-postes ajapt déjà servi à l'Affranchisse-;
ment d'unè lettre; ' ' -
lï° La loi du 10 juillet'1 850, .'relative il la pu-'
blicité'dès contrats de mariage ; •
lîi* La loi du & juillet 1850, relative a*:ii mau
vais traitemens exercés envers-les animaus'rlomes-
tiques. . .■ ■ ■■ .■ . j ■
Art. 2-. Le ministresécrétaire d'Etat de la marine
et (les colonies est chargé del'exécution'du présent
décret. . .
■ Fait au palais'iles Tuileries, le 22 janvier 1852.
. , ■ -. . LÔCISVfAl'OLÊOS.
Par le Président de la République :
Le ministre secrétaire d'Etat de - '
•la marine et -dos colonies,
THÉODORE DUCOS.
' Louis Napoléon,
-Président de la République, française,
Sur le rapport dû'rbihistrc' sêciéuire d'Etat de
la .-marine et des colonies ; ' . r - .
Vu la loi du 24 avril-1833 sur le régime iégisla-'
tif des colonies, , . .i ' -• :
Vu ^ordonnance du 7. septèmbre 1810 sur le ;
gouvernement du Sénégal et dépcndajiees, -
Vu l'ordonnancedu 15 -novembre 1*842, concer
nant la traite des gommes au Sénégal, et .le décret'
en date du 5 mai 1849, modifiant ladite ordon
nance,- . . " - ' ' •
.Cûnsidfemtqae ; plusieurs des restrictions ap
portées par ces deux actes à lalibrrté des transac-■ '
tions- peuvent être -maintenant raj,p '/rtées sans in
convénient, .
Décrète : " , >"
_ Art. 1". Est abrogé l'art. 13 de l'ordonnance du "
15 novembre 1847, qui autorise la fixation d'un *
MiLETOS DU CONSTITUTIONNEL, 25 JANV.
; .M MARIEE L1KDE .
- Le paquebot du .mois va partir^ mon cher
cousin. L'indienvqui doit porter ma corres-
Iiondance à Kandy est étendu,-tout, de son
ong sous ma fenêtre, et se prépare au voya
ge par le sommeil. Je continue le récit des ,
vicissitudes de ma vie' dans lladé a partir du
moment où mon amî Richard me lit tuer si
braxement un éléphant privé, qui nous coû
ta, 5,000francs{l). . .. .
Ces jours derniers, j'ai -assislé au mariage
d'une^er\ante.de ma /enamè^ .jeune.£hin- :
gulaise qui a pris un Indién portugais pour»':
époux. L'invitation était conçue dans les ter- i
mes.6uivans";
. «. M. .AbrahamSilva stra.Cort honoré de !
la présence de Votre .Honneuràla cérémonie
de ses noces et à.» une soupente» qui.se fe
ront «près-demain, àsix heures précises,dîtns.
la .maison de^on oncle. »
,. D'abord, nous ne comprenions, pas ce quele
fiancé voulait ,dire, par .ee mot « soupen-
fe jD, mais nous finîmes par décoavrir, qu'il
s'agissait d'un souper. Dans leur langage, 1
les,Indiens font un.itei.mélange,de mauvais!
anglais et de mots du pays,qu'il est souvent
fort difficile de les, comprendre. Quant à:eux,
c'est dilférent, ils n'entendent pas un mot dé
ce que vous leur dites, .mais ils se croient,
obligés d'avoir l'-air de ^comprendre. Un do-
mestiquorépondiîriperiurbablpmpnl : «Oui,
Monsieur, »; umis il ne sait jamais quels sont
— j. •' ■ 1 —■ ! ,—r?'. •'<< : ,»i *. ■!■ » r ,
(1) Voir le feuilleton du 4 octobre 1851, intitu
lé ; Une Chasse à Pile de Gvylan.
les-ordres que. :Vous, lui, donnez, ét §i yous
l'envoyez chercher un panier de fruits, il
vous apporte, une paire de bottes.
Pendant que. ma femme faisait l'inventaire
de ses. robes, je crus devoir,, de mon côté,
donner quelques soins à ma toilette pour le
grand jour des épousailles projetées,. On ne
trouve àCandy ni coiffeurs, ni barbiers, mais
chaque-bande d'ouvriers indiens possède gé
néralement dans son sein un perruquier.
Mes cheveux. étaient devenus fo/t longs, :
ce qui n'étaii pas étonnant, puisque j Sa
vais eu :>si peu d'occasions,; de les faire
couper dépuis mon départ d'Angleterre. Mqn
intendant. Trunfe, qui était un homme de
ressources,'se Èt amenér l'artiste capillaire;
de.mon atelier, et me l'envoya. Je visseprér
sentèr devant moi ce a fils de la puit, » ; un drôle
osseux, à longues mou ? taches, à l'œil sauvage,
et armé d'une formidable paire de : ciseaux
bonne à. tondre les moutons; L'opération
commença. A chaque, coup de ciseau tom
bait une bonne poignée, de mes cheveux, et
èn moins de cinq minutes je me sentis pres
que .suffoquée par les nombreuses touffes, qui
pendaient sur mon visage, j'en conclus que
ma toison était beaucoup plus épaisse qiie jê
ne l'avais imaginé d'abord et me bornai à re r
commander; à l'opérateur de me laisser une
Longueur decheveux raisonnable. Maisautant
aurait valu le prier de chanter Une cavatinè,
italienne. Il continua à ouvrir et fermer ses
ciseaux ..avec line rapiditéelfrayante. Enfin,
après un dernier coup de peigne, il me .dé
barrassa du drap dé lit qu'il m'avait nouéau-
■tour du cou , il fit une grimace en-forme de
sourire et soriit de la chambre avec un
profond salâni. J'allai dans l'app.irt"ini'nt
*ôisiii mepia^rdevmit-yu miroir. Horrible
ja^pi'ct! toutes mes brunes - tresses avaieut
disparu. Le misérable, roahométan, m'avait
coupé leS;Cheveux aussi .ras que. cçux d'un
corivict. Il n'était .pas étonnant que, je sen
tisse sur ma tête une fraîcheur traîtresse,..
Tout ce que ce perruquier de nlalheur m'a-
vaitlaissé sur lecràneétait unemèche au som
met, qui rne donnait un faux air de Chinois,
etqui, balancée au moindre «juffle d'air, me .
chatouillait l'os frontal de la manière la pius
désagréable. Lorsque mislress Brown me vit
paraître, sa première pensée fut que j'avais
éprouvé quelque terrible maladie, dans l'in
tervalle 4u déjeuner au dîner; ensuite elle
s'iinagina que j'avais dbjuràle christianisme,
et que j'étaissur le point de partir pour lamos;
quee de Candy. jeprotestaidemouinnocence,
etjpourl'en convaincre, je me hâtai de couper
la mècbe rnalencontreuse qui me balayait la
têle.vUn vide-poche en velours, où j'avais ;
coutume de mettre mon tabac, fut transfor
mé en bonnet de police, et servit à dissimu
ler, l'apparence mahomptane de mon crâne
déniidé. ;
Le lendemain était le jour du mariage. f
L'affaire'devait se conclure dans ùu village
voisin de ma demeure. Nous louâmes une-
voiture à bœufs et nous'partîmes, abandon
nant les enfans et les. domestiques à leur
[destinée, après avoir pris la précaution d'é
teindre jusqu'à la moindre parcelle dp feu
Jui aurait pu occasiouer deux genres d'anci
ens, savoir : rôtir les enfans j usqu'à ce qu'ils
fussent réduits en cendres ; où les bouillir
par la chute de quelque, marmite. Notrejra-
jet ne fut rien moins qu'agréable. La route
était raboteuse et couverte de cailloux. Le
coché n'était pas susp^ndji, et l'attelage
persista, pen.-lant toute la durée de la
route, à vouloir s'enquérir de ce qui se .pas
sait dans les prairies du voisinage. No
tre marche ne fut donc qu'une succcssion.de
spcousses,jde cahots, de rnontées,de descentes
et d'écarts de toutes sortes. J'en&urais ri vo
lontiers,; si mistress.Brown, qui avait mis"
l'une de ses plus belles robes et dont le cha
peau était orné de rubans neufs, n'eût envi-.
sagé la chose-sous un aspect- tout-à-fait sé
rieux, pour ne pas dire lamentable. s.
L-unioTides deuxépouxsefit dansune cha-,
pelle, portugaise. La mariée était couverte de.
clinquans et de fausse bijouterie qui la ren
daient méconnaissable : .il n'y avait pas .un
. pouce de sa robeoù ne fût«uspendue quelque,
quincaillerie reluisante, et elle semblait,
prête à succomber sous-le poids de tout ce
cuivra et de toute cette ferraille. Vous rirez,.
cousin, en apprenant que cette noire beaute
Eortait des souliers de satin blanc et.des
as- de soie de même couleur. Une guir
lande de fleurs, artificielles ceignait le bas
' de sarobe,,e.t4anssa noire chevelure étaient
plantées une demi-douzaiae de brochettes,
ae,celles dont .on se sert pour faire cuire
, les rognons.- Ces ustensiles-de ouisine,étaient
, dorés, et, aux deux extrémités, pendaient
des perles. Je ne dois pas oublier l'éventail
d'ivoire qu'elle tenait à la main. Elle avait
aussi passé à son bras, un.de ces petits sacs
de soie, qu'on .appelait «dés ridicules.» ».
,.Au sprtir de la chapelle on nous conduisit
« à la soupentes, en bon anglais jau souper..
A l'approche de nos bœufs qui s'étaient en
têtés à prendre la tète du cortège., plusieurs,.;
femmes sortirent de 1j maison avec la préci
pitation et le. désordre de gens qui auraient
eu le feu à leurs trousses; mais leur course
folle n'avait d'antre objet que d'étendre sous
nos-pas des nappes.blanches, de[>uis le cha
riot jusqu'à la porte. Rien ne putdélermi-
nî.-r ïi)istri. ; ss tëruwn ,à marcher sur Ce linge
et à le Urher de houe. Dès que nous fûmes
descendus de notre véhicule, on voulut tirer -
un coup de fusil en notre honneur, et il nous
fallut attendre fort long- temps sous les
rayons d'un soleil brûlant l'exécution de
cette partie du .programme. Une douzaine
d'individus essayèrent tour à. tour de faire:,
partir le fusil, mais,inutilement; l'un mit
plus de poudre, l'autre souffla sur la déten
te, un troisième frotta la pierre avec un co- ■
peau; un.deraierj enfin, obtint plus de suc
cès en appliquant un tison sur la lumière. ■.
La détonation fut telle, que . toute l'assem
blée tressaillitet ferma les yeux ; .tandis que
les bœufs .s'agitaient pour se débarrasser de ;
leurs liens.
Introduits d»ns la salle ; principale, nous y
trouvâmes une trentaine d'individus.pressés
les uns contre Jes autres. Il y avait six chai- .
ses à partager dans cette réunion. La mariée
fut-.élouffée et voilée par un épais nuage
d'encens; une vieille femme lui versa sur.la.j
tète le contenu d'une corbeille toiite pleine de
morceaux.de papiers de .différentes couleurs.
Nous attendîmes une heure entière", et enfin
l'on apporta le souper. L'époux, qui lit alors.
éon entrée, ayait les joues rouges et, à son air .
échauffé, il était facile.de voir que le repas
était un échantillon de ses talens culinaires.
Non, jamais pareille nourriture ne fut of
ferte à des hommes civilisés, et plus d'une
fois je vis sur la figure de ma lemme se
peindre,, .avec. une affreuse grimace, l'em-.
ibarras de savoir que faire du morceau
qu'elle avait dans la bouche.. J'étais assis
prçs de la mariée, qui, pour obéir aux
Tois.dulîou ton, s'efforçait de manger à l'eu
ropéenne, c'est-à-dire en se servant de son
"couteau -et de sa fourchette; mais la mal
heureuse était telleneut accablée sous le
poids des oripeaux dont on l'avait couverte^,
qu'elle ne pouvait faire iin mouvement sans
les plus pénibles efforts. J'eus pitié de sa dé-,
tresse; et, : prenant une cuiller, je lui donnai
la .becquée comme on fait à un enfant.
J^ers le m ilieu »du repas, de nouveaux con- '
vives arrivèrent, et on les assit, comme on
put, sur.des caisses -et sur' des boisseaux à *
mesurer lecafé. La chaleur étaitintense; long
temps avant que le célèbre carry indien né "
parut sur la table, des gouttes de sueur rou
laient sur mon front. Nous étions alors telle
ment pressés à cet infernal banquet, qu'il
m'était impossible
Avec quel sentiment de satisfaction vis-
je arriver le moment d'aller 'prendre le café
sur la galerie, eni plein air. La nuit était ad
mirable et l'atmosphère si fraîche, qu'à cha-
que.aspiration il semblait qu'on humât une
gorgée de .soda-water glacée. Nous apprîmes
alors que les Indiens des habitations -etivi-
VAnnoniac' nirninnt MD/M «tnn u ' ■ ..
"j- r,
ree. Une promenade de quelques-minutes sur ■
ies bords d'une petite rivière nous conduisit au
théâtre. C'était un hangar plus long quelaiv
gèjsoutcnu parde lourds piliersde brique; en
droit frais et spacieux où l'on avait diètribué
des sièges improvisés de toute espèce. Au
moment de notre arrivée, les acteurs fai
saient une dernière répétition derrière le ri
deau. J'eus donc tout le temps d'examiner la
décoration de la . salle et la-composition de
l'assemblée. L'éclairage consistait en chan
delles fichées tur des melons d'eau. Des
noix de cpgis avaient été transformées en
lampions ; où brûlaient, sur l'huile du
même lruit, des mèches fumantes ; d'autres
lumièreé brillaient.d'un éclatplusfaible sous
l'écorce amincie de jeno sais quelle espèce de
fruits disposés en lanternes. Le parteriecon
tenait tous les blancs'du voisinage, dorit
}a physionomie annonçait généralement-l'in
dulgence et la •curiosité.
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