Titre : Journal du Havre : illustré hebdomadaire
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1892-04-17
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32800934t
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 160 Nombre total de vues : 160
Description : 17 avril 1892 17 avril 1892
Description : 1892/04/17. 1892/04/17.
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k959549v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-86205 (BIS)
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/10/2012
Dimanche 17 Avril 1892
Prix du Numéro. . .
Pour les abonnés au
Journal du Havre
NOS GRAVURES
ÎO cent.
ILLUSTRE
HEBDOMADAIRE
ACADÉMIE FRANÇAISE
Réception 'de Pierre Loti
Le I7 avril, à une heure,
a eu lieu à l’Académie fran
çaise la réception de M.
Pierre Loti. C’est la pre
mière fois qu’un académicien
aura été solennellement reçu
sous un pseudonyme. On le
sait, le jeune et célèbre écri
vain répond au nom de Ju
lien Viaud; mais il a porté
si haut le nom de guerre
qu’il a adopté dans les let
tres, qu’il l’a rendu plus sien
que son nom d’origine.
Pierre Loti est trop connu
de nos lecteurs pour qu’il
soit utile d’accompagner
d’une biographie le beau et
trèsressemblantportrait que
nous donnons de l’auteur de
Pêcheurs d’Islande. Notre
artiste l’a représenté dans le
brillant uniforme d’officier
de marine qu’il porte avec
élégance, et qu’il va provi
soirement échanger contre
l’habit à palmes vertes.
Cette réception avait, est-
il besoin de le dire? éveillé
bien des curiosités, et nous
savons pas mal de personnes
qui eussent fait des bassesses
pour obtenir une carte d’en
trée. Malheureusement l’es
pace est circonscrit sous le
dôme, et beaucoup de Pari
siens et de Parisiennes, mal
gré les influences et les sé
ductions qu’ils ont mises en
jeu, n’ont pas trouvé place
à cette première. Ce qui n’a
pas empêché que dès huit
heures du matin, des mortels
attendaient déjà que la porte
du séjour des immortels s’ou
vrît pour eux. L’espace nous
manque ici pour écrire les
noms des notabilités pari
siennes qui étaient venues à
cette réception sensation
nelle. Quand nous aurons
dit que les plus grands noms
des arts, des lettres, de la politique et de la finance
étaient là, nous aurons fait sans exagération le
tableau le plus exact de l’élégante assemblée à
l’Institut.
La Compagnie, naturellement, était au grand
complet.
C’est au milieu du silence le plus absolu que
M. Pierre Loti a pris la parole. Il appartenait à
l’écrivain que l’Académie a reçu sous son pseudo
nyme de ne pas obéir à la tradition et de faire un
discours qui sortit un peu de la règle académique.
A ce titre, le discours de l'auteur de Fantôme
d’Orient est topique.
Il laisse de côté les procédés de rhétorique fami
liers aux récipiendaires pour parler comme lors
qu’il nous raconte les amours de Gaud et d'Yann
ou les désespoirs de son frère Yves. La langue de
la critique ne lui est pas familière, il l’avoue lu : -
V- A
WV
BUREAUX
9 — Quai d’Orléans — 9
HAVRE
toujours rencontré le senti
ment le plus intime, et aussi
le plus calme, du néant des
choses terrestres...
« Le soleil baissant, je
redescendis vers leport, pour
regagner mon navire où
m’appelait un service de
nuit ; avant de rentrer ce
pendant, je voulus aller au
bureau de la marine, -où l’on
porte les dépêches qui nous
sont destinées, pensant bien
que quelque ami aurait pris
soin de me dire quel était
1 élu nouveau et combien
de vos voix, Messieurs,
s’étaient égarées sur lemarin
errant que j’étais. — Alors,
pour me faire conduire à ce
quartier solitaire du vieux
port où jüe bureau de la
marine est établi, je pris
une barque sur le quai, une
lilliputienne barque, la seule
qui se trouvait là, menée par
deux rameurs comiques, que
je vois encore, et qui étaient
de tout petits enfants. — 11
était déjà fermé, ce bureau,
quand j’arrivai ; un matelot,
qui montait la garde aux
enviions, après avoir trouvé
à grand’peine une clef pour
l’ouvrir, chercha, dans l’éta
gère des lettres, la case ré
servée à mon navire : elle
était remplie d’un monceau
de petits papiers bleus qui,
depuis deuxheures,n’avaient
cessé d’arriveràmon adresse
et, au lieu d’une dépêche
que j’attendais, ce matelot,
très étonné, m’en remit de
quoi remplir mes deux
mains. »
LIERRE LOTI (M. Julien Viaud), membre de l’Académie française.
même, et ce qu’il faut chercher dans cette page,
c’est moins une étude approfondie sur l’œuvre
d’Octave Feuillet qu’une dissertation curieuse sur
le romancier mondain de Julia de Trécœur.
Nous nous bornerons à citer ici le début de son
discours à l’Académie, le passage où l’auteur du
Rom. iti d'un Spahi dépeint son état d’àme le jour
de l’élection :
« Ce fut pour moi un inoubliable soir que celui
du 21 mai 1891. L’élection avait eu lieu dans le
jour,— et moi, par incrédulité absolue de ce grand
triomphe, peut-être aussi par je ne sais quel tran
quille fatalisme d’Oriental qui me reste au fond de
l’âme, j’avais passé mon temps, l’esprit distrait et
presque sans pensée, à errer tout en haut du vieil
Alger, dans ces quartiers morts et ensevelis de
chaux blanche qui entourent une mosquée anti
que et très sainte : un des lieux du monde où j’ai
L3 servies anthropométrique
Il y a quelque dix ans seu
lement qu’un savant anthro
pologiste, M. le docteur Al
phonse Bertillon, fut amené
par ses études spéciales, à
une découverte à laquelle
personne avant lui n’avait
songé : c’est que, parmi le
nombre infini d’hommes exis
tant de par le monde, aucun
n’est exactement semblable
à un autre, et qu’ils diffèrent même sensiblement
par certaines dimensions osseuses immuables et
faciles à contrôler.
Vous avez tous vu jouer une plaisante comédie
de Labiche, dans laquelle un garçon de chef Véry,
ignorant de qui il est le fils, sait seulement que
l’auteur de ses jours s’appelle Anatole et a 1 mètre
70 centimètres de taille : et voilà le brave jeune
homme qui, chaque fois qu’un client entre au res
taurant, tire un mètre de sa poche et prend la
mesure du nouveau venu.
M. Bertillon était à peu près dans la même situa
tion : le principe de l’anthropométrie était trouvé,
mais l’application en était difficile, et le savant
docteur ne pouvait point décemment arrêter les
passants dans la rue ni prendre leurs mesures pour
prouver l’efficacité de son système. Aussi agit-il
autrement : pendant plusieurs mois il se rendit
Prix du Numéro. . .
Pour les abonnés au
Journal du Havre
NOS GRAVURES
ÎO cent.
ILLUSTRE
HEBDOMADAIRE
ACADÉMIE FRANÇAISE
Réception 'de Pierre Loti
Le I7 avril, à une heure,
a eu lieu à l’Académie fran
çaise la réception de M.
Pierre Loti. C’est la pre
mière fois qu’un académicien
aura été solennellement reçu
sous un pseudonyme. On le
sait, le jeune et célèbre écri
vain répond au nom de Ju
lien Viaud; mais il a porté
si haut le nom de guerre
qu’il a adopté dans les let
tres, qu’il l’a rendu plus sien
que son nom d’origine.
Pierre Loti est trop connu
de nos lecteurs pour qu’il
soit utile d’accompagner
d’une biographie le beau et
trèsressemblantportrait que
nous donnons de l’auteur de
Pêcheurs d’Islande. Notre
artiste l’a représenté dans le
brillant uniforme d’officier
de marine qu’il porte avec
élégance, et qu’il va provi
soirement échanger contre
l’habit à palmes vertes.
Cette réception avait, est-
il besoin de le dire? éveillé
bien des curiosités, et nous
savons pas mal de personnes
qui eussent fait des bassesses
pour obtenir une carte d’en
trée. Malheureusement l’es
pace est circonscrit sous le
dôme, et beaucoup de Pari
siens et de Parisiennes, mal
gré les influences et les sé
ductions qu’ils ont mises en
jeu, n’ont pas trouvé place
à cette première. Ce qui n’a
pas empêché que dès huit
heures du matin, des mortels
attendaient déjà que la porte
du séjour des immortels s’ou
vrît pour eux. L’espace nous
manque ici pour écrire les
noms des notabilités pari
siennes qui étaient venues à
cette réception sensation
nelle. Quand nous aurons
dit que les plus grands noms
des arts, des lettres, de la politique et de la finance
étaient là, nous aurons fait sans exagération le
tableau le plus exact de l’élégante assemblée à
l’Institut.
La Compagnie, naturellement, était au grand
complet.
C’est au milieu du silence le plus absolu que
M. Pierre Loti a pris la parole. Il appartenait à
l’écrivain que l’Académie a reçu sous son pseudo
nyme de ne pas obéir à la tradition et de faire un
discours qui sortit un peu de la règle académique.
A ce titre, le discours de l'auteur de Fantôme
d’Orient est topique.
Il laisse de côté les procédés de rhétorique fami
liers aux récipiendaires pour parler comme lors
qu’il nous raconte les amours de Gaud et d'Yann
ou les désespoirs de son frère Yves. La langue de
la critique ne lui est pas familière, il l’avoue lu : -
V- A
WV
BUREAUX
9 — Quai d’Orléans — 9
HAVRE
toujours rencontré le senti
ment le plus intime, et aussi
le plus calme, du néant des
choses terrestres...
« Le soleil baissant, je
redescendis vers leport, pour
regagner mon navire où
m’appelait un service de
nuit ; avant de rentrer ce
pendant, je voulus aller au
bureau de la marine, -où l’on
porte les dépêches qui nous
sont destinées, pensant bien
que quelque ami aurait pris
soin de me dire quel était
1 élu nouveau et combien
de vos voix, Messieurs,
s’étaient égarées sur lemarin
errant que j’étais. — Alors,
pour me faire conduire à ce
quartier solitaire du vieux
port où jüe bureau de la
marine est établi, je pris
une barque sur le quai, une
lilliputienne barque, la seule
qui se trouvait là, menée par
deux rameurs comiques, que
je vois encore, et qui étaient
de tout petits enfants. — 11
était déjà fermé, ce bureau,
quand j’arrivai ; un matelot,
qui montait la garde aux
enviions, après avoir trouvé
à grand’peine une clef pour
l’ouvrir, chercha, dans l’éta
gère des lettres, la case ré
servée à mon navire : elle
était remplie d’un monceau
de petits papiers bleus qui,
depuis deuxheures,n’avaient
cessé d’arriveràmon adresse
et, au lieu d’une dépêche
que j’attendais, ce matelot,
très étonné, m’en remit de
quoi remplir mes deux
mains. »
LIERRE LOTI (M. Julien Viaud), membre de l’Académie française.
même, et ce qu’il faut chercher dans cette page,
c’est moins une étude approfondie sur l’œuvre
d’Octave Feuillet qu’une dissertation curieuse sur
le romancier mondain de Julia de Trécœur.
Nous nous bornerons à citer ici le début de son
discours à l’Académie, le passage où l’auteur du
Rom. iti d'un Spahi dépeint son état d’àme le jour
de l’élection :
« Ce fut pour moi un inoubliable soir que celui
du 21 mai 1891. L’élection avait eu lieu dans le
jour,— et moi, par incrédulité absolue de ce grand
triomphe, peut-être aussi par je ne sais quel tran
quille fatalisme d’Oriental qui me reste au fond de
l’âme, j’avais passé mon temps, l’esprit distrait et
presque sans pensée, à errer tout en haut du vieil
Alger, dans ces quartiers morts et ensevelis de
chaux blanche qui entourent une mosquée anti
que et très sainte : un des lieux du monde où j’ai
L3 servies anthropométrique
Il y a quelque dix ans seu
lement qu’un savant anthro
pologiste, M. le docteur Al
phonse Bertillon, fut amené
par ses études spéciales, à
une découverte à laquelle
personne avant lui n’avait
songé : c’est que, parmi le
nombre infini d’hommes exis
tant de par le monde, aucun
n’est exactement semblable
à un autre, et qu’ils diffèrent même sensiblement
par certaines dimensions osseuses immuables et
faciles à contrôler.
Vous avez tous vu jouer une plaisante comédie
de Labiche, dans laquelle un garçon de chef Véry,
ignorant de qui il est le fils, sait seulement que
l’auteur de ses jours s’appelle Anatole et a 1 mètre
70 centimètres de taille : et voilà le brave jeune
homme qui, chaque fois qu’un client entre au res
taurant, tire un mètre de sa poche et prend la
mesure du nouveau venu.
M. Bertillon était à peu près dans la même situa
tion : le principe de l’anthropométrie était trouvé,
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