Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-04-20
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 avril 1911 20 avril 1911
Description : 1911/04/20 (A5,N1298). 1911/04/20 (A5,N1298).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7653796g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/06/2015
COMŒDIA
Rédacteur en Chef : Q* de PA WLOWSKI
t. ¡,SE — No 1298 - Le N° 5 cenî.
------------ 111%-
'• REDACTION & ADMINISTRATION :
ï j 8OUlevard Poissonnière, PARIS
(
fc
ç ABONNEMENTS
Pa UN AN 6 MOIS
Paris et Départemems. 24 fr. 12 fr.
L tranger 40 » 20 »
.-.
SûoMerî - JEUDI 20 TAVRTÏÏ [191S,
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
TËLgPHONE
2 lignes
rédaction: 288-07 r
Administration : 318-06
Adresse Télégraphique : C0MŒDlÀ»PARIS
1 ARISTOTE A PARIS (12)
K Philosophes.
lûyan9 homme-parisien-de-peu-de-clair-.
n,te, me dit Aristote dès qu'il me vit,
pj? véritablement l'assurance avec
t~ tu prétendais, parlant à moi,
't e !Our, que la race des philosophes
ftPj. ta^Jourd'hui complètement disparue.
rjui, vràiment, me promenant der-
p~t dans ces abris champêtres que
lIPoon tion élève aux environs de la
fc;^r boire et se réjouir aux jours de
) l, arriva de rencontrer quelques
■jfc fVec qui je me liai, oui vraiment,
car non seulement je reconnus
liprl^> e',leurs propres déclarations que
|j h eur~ propres déclaraÍlons q~e
k hornm," 3 étaient philosophes, mais
Ire révélèrent tout ensemble qu'ils
I avaient être philosophes grecs.
e Patne, me dit le plus âgé d'entre
) nst Enghien et sept villes, durant la
chaude consacrée aux jeux et
Plaisirs se disputent l'honneur de
He. })
Voulus protester, expliquer au
m ^Philosophe son effroyable erreur,
Il n'e me le permit pas.
Mets sur ta langue, me dit-il, ô
Pïi^P^i.sien, la monnaie consacrée à
ant d'Europe et ne me fatigùe pas
t\t futilement, car, très certaine.,
jut, It sais ce que vous entendez,
n sais ce que vous entendez,
l S>M dans votre pays, par grec et
I trjci!Le' désignant ainsi les hommes
Ille nt au jeu, mais, d'autre part,
e'fvem ande si ces hommes-là ne
jf°s0 Pas être appelés plus justement
es que ceux que vous désignez
W*i. ar> depuis que je suis observant
jjjPtii fOus, je m'étonne, par le chien,
Il ez açon singulière dont vous em-
tz eûuramment le mot nouveau qui
vau ? sageS. Car, d'une part, lors-
;: nt s'S VOyez un citoyen gras et bon
4 Ptr adonner aux plaisirs stupides ou
tle ans la basse orgie, vous dites
I* lui: C'est un philosophe,
~-~ vous voyez également un
»^é ^0•]i•ste ne point se chagriner des
IW Çui accablent ses proches et
le lt1 er qu'à assurer ses revenus et
o# Pçflt jSiielle, vous vous écriez joyeu-
appant avec complaisance' la
ISlir sOn estomac : Vous, au moins,
êtes ttn philosophe.
[ Et, c
~E Certes, par Zeüs, je considère
ï Nouveaux amis sont plus pro-
3c'C^opia sagesse que ne le sont vos
~P~~ car dis-moi, je te prie, quel
w ^rh r*ï!Sl0linabîe, ; (le celui qui sJ.a;..
q", S les lieux de plaisir ou de
: de ceux qui s'amusent,
,C t(, ce, \\,'ussi, je te prie, si l'intelli-
~c a" qui "!esse et la philosophie de
aIt Pas Boitent les imbéciles ne te
>n exD] ^périeure à celle de ceux qui
VOUI lies? „
VoÇ encore interrompre le sta-
y tt n S Il poursuivit :
Il '%n~ p dis point, ô homme-de-peu-
Sv aiîCe' que ceux-là ne sont pas
^0PheS qui n'écrivent pas de livres
lpl,i SS)clw.Car le plus grand d'entre les
V4 ï6 q? ?', est-il pas tout justement
qui jarnais ne rédigea pour les
pour les
Nn C°rPS de doctrines? Et si, très
Qtile ent, comme je le pense, nulle
I jj tilç 11f peut se perdre dans le
/■ r Un eQu'e^e est pensée, n'est-
j V$e- vi• dent que le philosophe ne
r q,,à améliorer chaque jour
>V ■$ 5^ î frît&Uigence, acquérant l'expé-
°^servation et exploitant les
Jîk rieurs à lui comme il le ferait
L'- $f rbif.r? Pres esclaves? Et, véritable-
Lil f$ .?presesclaves ? Et, véritable-
1L ¡'Je pOint raison de penser que
es qui vivent du prestige de
intelligence, sans exercer au-
ele-,,,r directement- utile, comme le
*5 ?°uveaux amis, sont plus phi-
riceilj1 js qUe les bourgeois égoïstes et
let nt aUxquels vous décernez cou-
t titre?
nant enfin que ce paradoxe
5 j>a-J saris quelque ironie, je re-
? i
i'er9 $ '*•' errompre Aristote, et le sta-
or o,r&uivit.
Ali rSUivit:
le vous paraissez ne point
Je vous paraissez ne point
)(111; » ô homme-parisien-de-peu-
til: ance, dans votre société
t. 'fP~ch' Omposée de marchands et
c'est que la philosophie ne
véritablement que chez des
'- frgés définitivement de toute
tte et matérielle avec la vie
C'Iffl jur. Or, ces sortes d'hommes
s une double origine : les
I>le part, appartiennent au plus
qui ne possède rien, et, par
, ne peut être attaché au
',:tertel par aucun lien véritable,
es sont, très évidemment,
> ceux qui, par eux-mêmes
r famille, ont profité depuis
m Q s années de tous les avantages
|nner la richesse ou la puis-
,tl, après avoir épuisé tous les
: peut .donner cette richesse
[ssance, en ont découvert ra-
t uisuffisance et la vanité.
le ut naturellement, c'est parmi
s que l'on peut trouver les
dignes véritablement de ce
» d'une part, les gens du bas
, ent tout d'abord fournir des
Í /des apôtres luttant pour la
; la beauté et pour le bien, il
e, à craindre que le succès el
une fois venus, ces gens n'ac-
id .rapidement et tout naturelle-
T6® des marchands et des af-
nrlchis qu'ils combattaien:
"I veille - Et si, toutefois, leur
ibI. lité ne leur permet pas de cé-
~~!~ tentation, il est à craindra
j lncorruptibilité ne devienne
à la fin intransigeante et sectaire, à la ma-
nière des cyniques. »
« Au surplus, ô très cher ,c'est unique-
ment pour ces motifs que les gouverne-
ments démocratiques, comme ceux de
Lacédémone, me paraîtront toujours vi-
ciés à leur base et ne présentant pas
pour l'avenir de la civilisation de sécu-
rité véritable, car ils ne se composent, à
vrai dire, que de féroces appétits tenus
en bride par l'intolérance ou l'orgueil
collectif de la nation. Or, ces appétits,
loin de disparaître par l'habitude, ne
font que s'exaspérer dans la captivité
où on les tient.
« N'est-il pas très évident, au con-
traire, qu'un gouvernement aristocrati-
que doit donner les meilleurs résultats,
puisqu'il ne comprend que des appétits
satisfaits jusqu'à la satiété et se trou-
vant, par conséquent, à la limite du dé-
goût? Et n'est-ce point tout justement
dans cette exacte situation que doit se
placer le philosophe véritable, qui,
ayant jugé tous les plaisirs que peut
procurer la jeunesse, la richesse ou la
beauté, sait y renoncer de plein gré, et,
se détachant définitivement et en pleine
connaissance de cause de tous les liens
matériels, peut définitivement s'occuper
des intérêts généraux de l'humanité, sa-
crifier les autres et soi-même à l'étude
de la nature tout entière? »
Aristote réfléchit encore et reprit:
— L'erreur la plus grossière de votre
société contemporaine est, plus j'y réflé-
chis, de confondre le philosophe avec
l'égoïste et de ne pas comprendre que
la philosophie conduit tout justement à
l'excès contraire. Le philosophe vérita-
ble est un homme qui a découvert une
autre patrie plus vaste que la sienne, su-
périeure à elle, et qui la contient avec
toutes les autres. Le philosophe se con-
sidère donc lui-même comme un simple
esclave de sa pensée, comme un être
sans importance, confondu avec les au-
tres êtres ; il devient vis-à-vis de lui-
même et des autres comme un étranger
qui, venu de loin, raconte des choses
merveilleuses et ne saurait s'attacher
aux idées du moment, puisqu'il connaît
les idées définitives et supérieures qui
régissent toutes les autres. Il peut avoir,
vis-à-vis de chacun et de lui-même, la
grâce souriante de l'étranger, de l'hôte
invité ; il ne saurait oublier la patrie com-
mune un instant entrevue.
« On demandait à Aristippe et à An-
tisthène quel avantage on pouvait reti-
rer de la philosophie. Celui, disait Aris-
tippe, de pouvoir converser librement
avec tout le monde. Celui, disait Antis-
thène, de pouvoir converser avec soi-
même C'est que, par Zem, le philoso-
phe, dégagé de tout lien immédiat, con-
verse avec lui-même comme avec un
étranger et peut également converser
avec tout le monde sans connaître d'iné-
galité entre les choses et les gens. Pour
lui, rien n'est différent, rien n'est parti-
culier ; tout appartient également au mê-
me amour de la nature et de ses lois.
De là, vient souvent, pour le philosophe,
ce manque apparent d'équilibre qui
étonne le vulgaire, ce détachement com-
plet pour des événements qui semblent
à tous directs et importants, cet attache-
ment qui irait jusqu'au sacrifice de la
vie pour des idées générales -et supé-
rieures que personne n'entrevoit.
(( Le philosophe est, en ce sens, un
artiste qui sculpte des dieux immortels
ou peint sur les murs des images de
rêve : son travail, pour la foule, semble
moins utile, un jour de fête, que celui de
1'.esclave qui peint de riches couleurs la
proue d'un vaisseau. Cela vient de ce
qu'il ne travailla pas pour quelques amis
connus de l'heure présente, mais pour
des milliers d'hommes qu'il connaît et
qu'il aime au travers des siècles.
G. de PAWLOWSKI.
Échos
Œ
iipe Roi à Florence.
On va jouer Œdipe Roi au théâtre
antique de riesole, une des enceintes ro-
maines les mieux conservées, et située
dans un des plus beaux paysages d'Italie.
Mais, comme chez nos voisins, il n'y a
pas de « Comédie Italienne » subvention-
née, et, par conséquent, pas de tragédiens
et de tragédiennes toujours disposés à aller
jouer en plein air, ce seront des amateurs
et des jeunes filles de l'aristocratie floren-
tine qui se chargeront de révéler à leurs
concitoyens les beautés de l'œuvre de
Sophocle.
N'est-ce pas à Fiesole que, jadis, en
1348, les dames du Décaméron et les gen-
tils seigneurs, fuyant la peste qui décimait
Florence, jouaient, pour leur propre compte,
les plus folles comédies et les drames les
plus passionnés? -
On va les purifier avec les feux. de la
rampe.
Ah! pour l'amour des Grecs, souffrez
qu'on vous embrase!
£
e kronprinz et le sculpteur Gerhardt.
La figure du kronprinz est, paraît-il,
assez sympathique. Un lui pardonne volon-
tiers quelques gaffes charmantes, dont son
récent voyage n'a pas été exempt.
Il existe, à Rome, une colonie allemande
fort nombreuse et qui possède, entre au-
tres. immeubles, une académie et un ci-
metière appelé le Testaccio. Le kronprinz
ignorait, qu'au Testaccio, reposent les
grands et les petits allemands morts a
Rome. Et c'est au Testaccio que fut en-
terré le cœur de Keats, que Byron baptisa
le cor cordium après l'avoir arraché à la
tempête de la mer Tyrrhenienne, où lui
aussi et Schelley faIllIrent périr.
Parmi les personnalités présentées au
kronprinz, à l'ambassade allemande à Romor
se trouvait le sculpteur Henri Gerhardt, un
vieillard de quatre-vingt-cinq ans.
— Altesse Impériale, répondait Gerhardt
au fils de son souverain, qui l'interrogeait
sur sa vie romaine, je vis à Rome depuis
sbixante-deux. ans. J'ai été témoin des
grandes métamorphoses de la Ville Eter,}
neIIe pendant le dernier siècle. Je n'attends
maintenant que d'aller me reposer au Tes-
taccio.
Et le kronprinz, pensant qu'il s'agissait
de quelque ville d'eau peu connue, lui serra
la main, en lui souhaitant affectueusement:
— C'est bien, Gerhardt. Espérons que
vous vous y rendrez au plus vite.
Le vénérable sculpteur sourit sans tris-
tesse. ---
E
tre ou ne pas être. propre? That is
the question.
C'est le sujet d une discussion médicale
particulièrement vive en Angleterre. Sir
Aimroth Wright, un médecin distingué, dé-
clare hautement que les bains trop fré-
quents sont mauvais pour la peau, que le
fard des artistes est déplorable au démaquil-
lage et que la meilleure manière de se dé-
fendre contre les microbes est de maintenir
sur l'épiderme une discrète couche de
crasse qui forme cuirasse naturelle. Le ba-
layage de la peau, au contraire, par de fré-
quentes ablutions, l'intrusion du savon dans
les pores donne passage aux microbes. Et
l'idéal serait d'avoir un beau jour une ca-
rapace comme une tortue.
Sir Almroth Wright est très combattu
par les marchands de savon, les fabricants
de fard et les propriétaires de bains turcs,
et puis aussi par d'autres médecins qui af-
firment que, dans la discrète couche de
crasse prévue par leur collègue, il y a des
microbes qui font leur œuvre. Si bien
qu'en Angleterre, pays dn tub, on est an-
goissé.
Aa
L
'art en famille.
Nous avons reçu la lettre suivante:
Mon cher confrère.
Permettez une légère rectification à votre
écho récent concernant la famille d'un critique
notoire.
Ce dernier n'a pas un, mais bien trois frères
qui ont tous, dans des genres différents, de
rares aptitudes théâtrales.
Lucien excelle dans la chanson de café-con-
cert. Marcel, sous le pseudonyme de « Nozierof
Helderovitch », se distingue daas l'opéra bouffe,
èt Robert — auteur aussi, à ses heures — est
la providence des revuistes.
Une pièce mise en scène par M. (soyons
discrets) et jouée par ses trois frètes est un
véritable régal.
Evidemment, ce ne serait pas un specta-
cle banal
D
1
afis le hall d'un grand hôtel parisien:
Deux dames étrangères, et qui par-
lent assez mal le français, veulent aller au
théâtre. Elles font venir l'interprète qui
retire sa casquette. L'interprète, à la ma-
4*ièpe de CelUi de L -"Angtais tèt qu'un "ter
parle, s'exprime assez mal dans leur lan-
gue. Il cite les pièces qui se jouent le
soir. L'une des dames arrête son choix sur
un opéra-comique. Elle demande pourtant:
— Est-ce que il n'y a que de la musi-
que?
— Pas le moins du monde, répond avec
la plus exquise urbanité l'interprète. Il y
a aussi des entr'actes.
E
n visite.
Une de nos charmantes poétesse;
reçoit. Négligemment adossé à la chenu
née, — comme il sied aux conteurs, — ut
jeune homme de lettres « apprécie » nos
plus notoires contemporains:
— Porto-Riche?. Un auteur qui ne de.
vrait jamais faire jouer ses pièces. Ba
taille, Bernstein, ont épuisé leurs sujets en
faisant l'apologie de l'égoïsme passionnel.,.
Rostand ?. Un fantaisiste distingué par la
Société protectrice des animaux. Capus?
tout s'arrange ! Il n'a donc pas à se préoc -
cuper de sa gloire.
- Est-ce un commissaire priseur?
dit, un peu haut, Jules Bois.
E
'invasion
Rassurez-vous, ce n'est cas l'inva-
sion jaune. Celle-ci est moins grave et
plus amusante.
Après les quatre cents représentations du
Mariage de Mlle Beulemans, après les in-
nombrables scènes de revues, en belge, il
paraît qu'un petit théâtre, pas très loin des
boulevards, s'apprête à monter une nou-
velle pièce belge. On y verra des acteurs
belges, qui parleront le français-belge, tout
comme leurs camarades des Bouffes. Et
ce sera, paraît-il, follement pittoresque.
Mais une idée nous vient : Pourquoi,
pendant quelque temps, ne transporterait-on
pas tout simplement les théâtres de Paris
à Bruxelles et ceux de Bruxelles à Paris.
On pourrait successivement faire de même
avec toutes les capitales. La voilà bien,
l'Internationale !.
L
'automobile pouvant être utilisée soi-t
- pour la ville, soit pour le tourisme,
telle est la dernière création des usines
Clément-Bayard, de Levallois. Cette nou-
veauté, une 20 HP 6 cylindres, est si su-
périeure à tout ce qui a été fait jusqu'ici
qu'il est prudent de ne rien commander
avant d'avoir vu cette merveille automobile
qui, en dehors de ses qualités, douceur,
silence, etc., ne coûte que.,dv00d francs
le châssis avec les pneus.
L
a dot de Fanette.
Tel est le titre d'un joli et frais'
roman champêtre que publie Mme Margue-
rite Rolland. Conté avec esprit et bonne
humeur, ce livre, aux scènes ingénieuses
et divertissantes, séduira les lecteurs, et
surtout les lectrices; il marque une nou-
velle phase du talent si personnel et si
varié de l'auteur de Marchande de Parti-
cipes, de L'Embâcle, de Madame Gosse, etc.
NOUVELLE A LA MAIN
Lecture de pièce historique:
L'AUTEUR, timidement. — Il s'agit
d'Aboukir.
LE DIRECTEUR, conciliant. — C'est cela:
Aboukissez rapidement.
Masque de V~M~
ENCORE UN CONFLIT SYNDICALISTE
Les Musiciens Italiens
au théâtre
Sarah=Bernhardt
On sait que pour des questions d'intérêts
matériels, l'administrateur de la saison rus-
se qui doit avoir lieu au Théâtre Sarah-
Bernhardt a dû rompre tous pourparlers
avec la Fédération des musiciens de France.
N'ayant pas cru pouvoir accepter les tarifs
syndicaux, les administrateurs de la saison
russe ont fait appel à une troupe de musi-
ciens italiens, musiciens jaunes. La Fédéra-
tion des musiciens français en a conçu une
légitime émotion et a saisi de sa plainte le
Conseil municipal — car on sait que le
Théâtre Sarah-Bernhardt appartient à la
Ville de Paris. Le Conseil municipal n'a pu
qu'adresser les délégués de la Fédération
à Son Excellence l'ambassadeur d'Italie qui,
paraît-il, ne voulant pas créer de conflit en-
tre ses nationaux et les instrumentistes
français aurait conseillé aux Italiens de re-
noncer à prendre part aux représentations
de la saison russe au Théâtre Sarah-Ber-
nhardt. L'affaire en est là. Peut-être au-
rons-nous, un de ces jours, à nous occuper
d'un conflit véritable entre instrumentistes
italiens et instrumentistes français.
Les Concours
de "Çomœdia"
Notre nouveau concours
Une pièce rapide
Comœdia ouvre aujourd'hui un nouveau
Concours de Pièces rapides. Il s'agit, en
cinquante lignes maximum, y compris le
titre et les indications de décors, de mettre
sur pied un drame ou une comédie — le
genre en doit être nettement caractérisé —
qui se suffira à elle-même et sera complète.
Le développement du sujet y devra être
effectué par l'auteur de telle sorte qu'il
ait un exposé, une évolution et une fin. Les
concurrents peuvent à volonté l'écrire en
vers ou en prose. Et le dialogue, évidem-
ment vif, doit pouvoir être à la rigueur joué
— en quelques minutes — par des acteurs
de bonne volonté.
Le dernier délai, pour la réception des
envois, est fixé au 15 mai prochain. C'est
dire que nos amis ont près d'un mois de-
vant eux pour condenser en cinquante
lignes la pièce que tout lecteur de Comœdia
doit avoir en réserve dans son imagina-
"tio-n.. - .-
Tfeux mécfaîlTes sont réservées aux deux
premiers, et les meilleures pièces choisies
par un jury composé d'homme de lettres
et d'auteurs dramatiques, seront publiées
dans nos colonnes.
La caricature
de M. Mounet=Sully
Les lauréats du Concours de Caricature
Comœdia a publié hier les seize envois
retenus par le jury. Celui-ci a décidé que
la plaquette destinée au premier serait re-
mise à M. Ch. de Bussy, dont nos lecteurs
ont pu apprécier l'heureux Œdipe Roi.
monté sur ses quatre colonnes et au pied
duquel pleurent des suppliantes désolées.
La première mention est accordée à M.
G. Meliès - pour ses deux dessins, et la
deuxième à M. Peuvrier pour ses deux
envois. Les uns et les autres sont d'un
style très personnel et fort intéressant.
Ajoutons que les seize caricatures pu-
bliées ont été fort prisées de nos lecteurs.
L'œuf de Pâques
Parmi les nombreuses réponses que
nous avons reçues, deux sont exactes. L'une
de M. Georges Meunier. L'autre d'un ano-
nyme qui signe: Le point sur 1'1.
Le point sur l'I s'est donné la peine de
nous envoyer la solution en vers. C'est
ce qu'on peut appeler une solution élégante.
Au reste, la voici:
Ce n'est pas au dessinateur
'Des œufs durs qu'on peut rendre hommage
Indigne il est des droits d'auteur :
Ses crânes ont l'aspect de fromages!
Au rédacteur vague. et distrait
Qui du Pander fit la légende
Je dois d'avoir pu déchiffrer
L'Enigme faite sur commande.
J'ai reconnu Rostand, Régnier,
D'Annunzio et puis Lemaître.
Pierre Wolff, et puis le portier -
Des Beaux-Arts, plutôt que le maître:
iDujardin-Beaumetz. Reconnu :
Dranem et Franck et puis encore
Cet aimable M. Capus.
Enfin, Claretie dont s'honore
La Comédie. qui n'en veut plus!
Le point sur fI"
P. S. — Dans ma réponse paresseuse
J'avais omis deux oeufs, deux noms !
L'un., c'est Willy, la vieille ouvreuse,
L'autre: Coquelin (sans prénoms!)
J'ai réparé ma négligence
Et vous tire ma révérence.
Néanmoins, M. Georges Meunier est
classé premier parce qu'il a inscrit, sur le
dessin, au-dessus de chaque œuf, son pro-
priétaire. Il ne s'est pas trompé.
Les voici, en effet, dans l'ordre:
A gauche de l'anse du panier: de gauche
à droite: MM. Willy, Dujardin-Beaumetz.
Au premier rang: — MM. Dranem, H. de
Régnier, J. Lemaître, Rostand, J. Coquelin;
au deuxième rang: — M. d'Annunzio au-
dessous de M. J. Coquelin.
A droite de l'anse du pester : MM. Capus,
Franck, Claretie et Wolff.
A M. Georges Meunier la plaquette de
COMŒDIA.
Nous PUblierons demain un article de
GEORGES DUPUY
Lire en Sroisièmo page 1
LES PUBLICATIONS MUSICALES
M* 6«18 VtttkkKMIN.
LA QUESTION DE L'ODÊON
M. Henry Bataille
nous donne son avis
« Au nom du jeune art dramatique fran-
çais » un groupe d'auteurs — nous l'avons
dit hier — a félicité M. le député Ponsot
de son intervention à la Chambre. M. An-
toine sert-il, oui ou non, la. cause de la
jeunesse et de l'art français? Qui mieux
que M. Henry Bataille était qualifié pour
nous répondre. L'auteur de L'Enfant de
l'Amour n'ambitionne plus d'être joué à
l'Odéon. et il a exprimé dans son oeuvre
beaucoup des aspirations nouvelles de la
jeunesse.
Dès que nous eûmes prononcé devant
M. Henry Bataille le nom de M. Antoine,
son visage eut une étrange expression
d'étonnement, et, avant de dire un mot, il
réfléchit longuement. Puis, d'une voix mys-
térieuse qui est comme l'harmonie du ca-
binet calme où il aime à se tenir, il répon-
dit:
— Permettez que je me récuse, ce n'est
pas .à un auteur dramatique de porter un
jugement critique, et les idées générales
que je pourrais tirer de la production, de
la présentation des auteurs contemporains
seraient des idées, non sur les personnes,
mais seulement sur les œuvres.
Puis, malgré qu'il semblât vouloir n'en
pas dire davantage, nous lui demandâmes
s'il pensait que M. Antoine représentât
comme le prétendent les signataires de la
lettre à M. Ponsot, une formule théâtrale
usée; il continua ainsi:
— « Je ne connais pas M. Antoine, je
« vais rarement à l'Odéon, mais il me sem-
« ble que, cette année, il n'a pas failli à
« sa tâche de directeur éclairé. L'idéal d'un
« directeur qui s'intéresserait aux jeunes
« serait d'accueillir toutes les formes de
« leurs efforts, car je souhaite de tout
« cœur que la jeunesse trouve le plus de
« débouchés possible, et que les tentatives
« pour lui en donner ne soient pas limitées
« à un effort plus particulièrement qu'à un
« autre. Toute la lumière du flambeau que
« porte la jeunesse, doit se répandre, mê-
« me si ses rayons ont des apparences
a contradictoires, c'est-à-dire que les œu-
« vres purement idéologiques doivent aussi
« bien fri->'r av2.c les réalistes si elles
a existent.
<( Je reconnais qu'à ce point de vue, il
« y a progrès. Dans ma jeunesse nous
« n'avions que l'Œuvre, qui a rendu de
« grands services au théâtre moderne, et
« fourni un contingent d'auteurs et d'inter-
ne prêtes beaucoup plus importants que le
« Théâtre Libre dans ses manifestations
« opposées.
« Et puis l'Odéon. il faut que les jeunes
I « gens méprisent les formes officielles,
(Henri Manuel, phot.!!
M. Henry BATAILLE
« c'est dans leur essence. Il serait dont
<( déplorable que le mot Odéon les tentât
(( plus qu'il ne nous a tenté. De mon
« temps, ce mot faisait horreur hélas!
« Voyez-vous, il y a beaucoup trop de dé-
« sirs de consécrations officielles, pas assez
« de manifestations, trop de prix de Rome,
« trop d'appels à la sagesse, à la médio-
« crité, c'est ce qui est fâcheux.
« Que la jeunesse ne se divise pas ainsi.
« qu'elle ne fasse pas le jeu de ses enne-
« mis en se dispersant, en se querellant.
« qu'elle trouve le moyen de se manifeste-
« dans toute sa plénitude et toute son élü-
« quence. C'est ce que paraissent peut-
« être souhaiter les signataires de la pre-
« testation dont vous me parlez. A ce titre-
« là, ils ont raison. Mais pour ces querelles
« d'écoles, encore une fois, je réserve mon
« avis. La jeunesse doit manifester son
« activité par des œuvrès et non par des
« discussions. et puis je ne peux pas vous
« en dire plus. »
C'en est assez. Nous n'insistons plus, ellt
M. Henry Bataille, à voix mesurée, nom
parle d'autre chose.
RENÉ BIZEÏw
LES A VANT-PREMIÈRES
"L'APOTRE"
à l'Odéon
Manifestation imprévue 1*
Réponse au Tribun de M. Paul Bourget
(H. Manuel, pi:->A
M. HYACINTHE-LOYSON
Les répétitions de L'Apôtre battent leur
plein, et elles provoquent même, on le sait,
(Dessin de M. Abadi.)
M. SEVERIN-MARS
de petites « batteries » à la Comédie-Fran-
çaise. Le comité de lecture s'en est occupé
et menace de s'en occuper encore. Peut-
être bien pour le bon motif. En outre, par sa
portée politique, la pièce excite une vive
curiosité dans les milieux parlementaires ;
plusieurs ministres ont promis d'assister
à la création, des académiciens de gau-
che aussi. L'allusion que contient le sujet
n'est plus un mystère pour personne, et si
vous joignez à cela que L'Apôtre, écrit par
un jeune républicain, se trouve constituer
comme une réponse involontaire au Tribun,
œuvre d'un royaliste déclaré, vous com-
prendrez que cet-
te « première »
promet d'être un
événement. Nous
disons .« premiè-
re » à dessein,
car M..Siivain nous a confié son inten
tion d'emmener la pièce en ses prochaines
tournées de province, d'Europe et d'O-
rient et de la jouer à Bruxelles dès son
premier congé.
Pour nous renseigner plus exactemeftf 4.
tous ces égards, nous sommes allé interro*
ger l'auteur, M. Paul-Hyacinthe Loyson,
que nous avons trouvé, sur le coup de six
heures, au sortir de l'Odéon, en train de'
faire une libation au génie des Siivain sur.
l'autel de la brasserie Gambrinus. Mais
notre confrère, qui a la plume si allante dans
les Droits de l'Homme et la parole si facile
dans les réunions publiques, se met soudain
sur la langue toute une hécatombe de
bœufs:
— Non, non, proteste-t-il dès l'abord, ne
parlons pas de ma pièce; elle n'appartient
pas encore au public et elle n'est déjà plue
à moi; aux répétitions, j'y assiste vraiment
en étranger; je vois mon œuvre revenir il
moi comme une amie dont une longue ab.
sence m'aurait séparé, et qui n'aurait pkJs
tout à fait la même expression de visage, eti
qui, cependant, serait bien elle-même, et
plus elle-même qu'auparavant, et plus
qu'elle-même par je ne sais quelle transfi-
guration. Cela, c'est le miracle des deuï
Siivain. Ce que je veux vous dire, avant
toute chose, c'est ma dette envers ce béate
couple humain qui est un si beau couple
tragique. Je ne leur ai point apporté mu
pièce. Un hasard nous a réunis à déjeuner
autour d'une table de « l'Américain ». J'a-
vais dans ma poche mon manuscrit que j'al-
lais offrir dans l'après-midi à M. X. Quancf
M. 8ILVAJN
Rédacteur en Chef : Q* de PA WLOWSKI
t. ¡,SE — No 1298 - Le N° 5 cenî.
------------ 111%-
'• REDACTION & ADMINISTRATION :
ï j 8OUlevard Poissonnière, PARIS
(
fc
ç ABONNEMENTS
Pa UN AN 6 MOIS
Paris et Départemems. 24 fr. 12 fr.
L tranger 40 » 20 »
.-.
SûoMerî - JEUDI 20 TAVRTÏÏ [191S,
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
TËLgPHONE
2 lignes
rédaction: 288-07 r
Administration : 318-06
Adresse Télégraphique : C0MŒDlÀ»PARIS
1 ARISTOTE A PARIS (12)
K Philosophes.
lûyan9 homme-parisien-de-peu-de-clair-.
n,te, me dit Aristote dès qu'il me vit,
pj? véritablement l'assurance avec
t~ tu prétendais, parlant à moi,
't e !Our, que la race des philosophes
ftPj. ta^Jourd'hui complètement disparue.
rjui, vràiment, me promenant der-
p~t dans ces abris champêtres que
lIPoon tion élève aux environs de la
fc;^r boire et se réjouir aux jours de
) l, arriva de rencontrer quelques
■jfc fVec qui je me liai, oui vraiment,
car non seulement je reconnus
liprl^> e',leurs propres déclarations que
|j h eur~ propres déclaraÍlons q~e
k hornm," 3 étaient philosophes, mais
Ire révélèrent tout ensemble qu'ils
I avaient être philosophes grecs.
e Patne, me dit le plus âgé d'entre
) nst Enghien et sept villes, durant la
chaude consacrée aux jeux et
Plaisirs se disputent l'honneur de
He. })
Voulus protester, expliquer au
m ^Philosophe son effroyable erreur,
Il n'e me le permit pas.
Mets sur ta langue, me dit-il, ô
Pïi^P^i.sien, la monnaie consacrée à
ant d'Europe et ne me fatigùe pas
t\t futilement, car, très certaine.,
jut, It sais ce que vous entendez,
n sais ce que vous entendez,
l S>M dans votre pays, par grec et
I trjci!Le' désignant ainsi les hommes
Ille nt au jeu, mais, d'autre part,
e'fvem ande si ces hommes-là ne
jf°s0 Pas être appelés plus justement
es que ceux que vous désignez
W*i. ar> depuis que je suis observant
jjjPtii fOus, je m'étonne, par le chien,
Il ez açon singulière dont vous em-
tz eûuramment le mot nouveau qui
vau ? sageS. Car, d'une part, lors-
;: nt s'S VOyez un citoyen gras et bon
4 Ptr adonner aux plaisirs stupides ou
tle ans la basse orgie, vous dites
I* lui: C'est un philosophe,
~-~ vous voyez également un
»^é ^0•]i•ste ne point se chagriner des
IW Çui accablent ses proches et
le lt1 er qu'à assurer ses revenus et
o# Pçflt jSiielle, vous vous écriez joyeu-
appant avec complaisance' la
ISlir sOn estomac : Vous, au moins,
êtes ttn philosophe.
[ Et, c
~E Certes, par Zeüs, je considère
ï Nouveaux amis sont plus pro-
3c'C^opia sagesse que ne le sont vos
~P~~ car dis-moi, je te prie, quel
w ^rh r*ï!Sl0linabîe, ; (le celui qui sJ.a;..
q", S les lieux de plaisir ou de
: de ceux qui s'amusent,
,C t(, ce, \\,'ussi, je te prie, si l'intelli-
~c a" qui "!esse et la philosophie de
aIt Pas Boitent les imbéciles ne te
>n exD] ^périeure à celle de ceux qui
VOUI lies? „
VoÇ encore interrompre le sta-
y tt n S Il poursuivit :
Il '%n~ p dis point, ô homme-de-peu-
Sv aiîCe' que ceux-là ne sont pas
^0PheS qui n'écrivent pas de livres
lpl,i SS)clw.Car le plus grand d'entre les
V4 ï6 q? ?', est-il pas tout justement
qui jarnais ne rédigea pour les
pour les
Nn C°rPS de doctrines? Et si, très
Qtile ent, comme je le pense, nulle
I jj tilç 11f peut se perdre dans le
/■ r Un eQu'e^e est pensée, n'est-
j V$e- vi• dent que le philosophe ne
r q,,à améliorer chaque jour
>V ■$ 5^ î frît&Uigence, acquérant l'expé-
°^servation et exploitant les
Jîk rieurs à lui comme il le ferait
L'- $f rbif.r? Pres esclaves? Et, véritable-
Lil f$ .?presesclaves ? Et, véritable-
1L ¡'Je pOint raison de penser que
es qui vivent du prestige de
intelligence, sans exercer au-
ele-,,,r directement- utile, comme le
*5 ?°uveaux amis, sont plus phi-
riceilj1 js qUe les bourgeois égoïstes et
let nt aUxquels vous décernez cou-
t titre?
nant enfin que ce paradoxe
5 j>a-J saris quelque ironie, je re-
? i
i'er9 $ '*•' errompre Aristote, et le sta-
or o,r&uivit.
Ali rSUivit:
le vous paraissez ne point
Je vous paraissez ne point
)(111; » ô homme-parisien-de-peu-
til: ance, dans votre société
t. 'fP~ch' Omposée de marchands et
c'est que la philosophie ne
véritablement que chez des
'- frgés définitivement de toute
tte et matérielle avec la vie
C'Iffl jur. Or, ces sortes d'hommes
s une double origine : les
I>le part, appartiennent au plus
qui ne possède rien, et, par
, ne peut être attaché au
',:tertel par aucun lien véritable,
es sont, très évidemment,
> ceux qui, par eux-mêmes
r famille, ont profité depuis
m Q s années de tous les avantages
|nner la richesse ou la puis-
,tl, après avoir épuisé tous les
: peut .donner cette richesse
[ssance, en ont découvert ra-
t uisuffisance et la vanité.
le ut naturellement, c'est parmi
s que l'on peut trouver les
dignes véritablement de ce
» d'une part, les gens du bas
, ent tout d'abord fournir des
Í /des apôtres luttant pour la
; la beauté et pour le bien, il
e, à craindre que le succès el
une fois venus, ces gens n'ac-
id .rapidement et tout naturelle-
T6® des marchands et des af-
nrlchis qu'ils combattaien:
"I veille - Et si, toutefois, leur
ibI. lité ne leur permet pas de cé-
~~!~ tentation, il est à craindra
j lncorruptibilité ne devienne
à la fin intransigeante et sectaire, à la ma-
nière des cyniques. »
« Au surplus, ô très cher ,c'est unique-
ment pour ces motifs que les gouverne-
ments démocratiques, comme ceux de
Lacédémone, me paraîtront toujours vi-
ciés à leur base et ne présentant pas
pour l'avenir de la civilisation de sécu-
rité véritable, car ils ne se composent, à
vrai dire, que de féroces appétits tenus
en bride par l'intolérance ou l'orgueil
collectif de la nation. Or, ces appétits,
loin de disparaître par l'habitude, ne
font que s'exaspérer dans la captivité
où on les tient.
« N'est-il pas très évident, au con-
traire, qu'un gouvernement aristocrati-
que doit donner les meilleurs résultats,
puisqu'il ne comprend que des appétits
satisfaits jusqu'à la satiété et se trou-
vant, par conséquent, à la limite du dé-
goût? Et n'est-ce point tout justement
dans cette exacte situation que doit se
placer le philosophe véritable, qui,
ayant jugé tous les plaisirs que peut
procurer la jeunesse, la richesse ou la
beauté, sait y renoncer de plein gré, et,
se détachant définitivement et en pleine
connaissance de cause de tous les liens
matériels, peut définitivement s'occuper
des intérêts généraux de l'humanité, sa-
crifier les autres et soi-même à l'étude
de la nature tout entière? »
Aristote réfléchit encore et reprit:
— L'erreur la plus grossière de votre
société contemporaine est, plus j'y réflé-
chis, de confondre le philosophe avec
l'égoïste et de ne pas comprendre que
la philosophie conduit tout justement à
l'excès contraire. Le philosophe vérita-
ble est un homme qui a découvert une
autre patrie plus vaste que la sienne, su-
périeure à elle, et qui la contient avec
toutes les autres. Le philosophe se con-
sidère donc lui-même comme un simple
esclave de sa pensée, comme un être
sans importance, confondu avec les au-
tres êtres ; il devient vis-à-vis de lui-
même et des autres comme un étranger
qui, venu de loin, raconte des choses
merveilleuses et ne saurait s'attacher
aux idées du moment, puisqu'il connaît
les idées définitives et supérieures qui
régissent toutes les autres. Il peut avoir,
vis-à-vis de chacun et de lui-même, la
grâce souriante de l'étranger, de l'hôte
invité ; il ne saurait oublier la patrie com-
mune un instant entrevue.
« On demandait à Aristippe et à An-
tisthène quel avantage on pouvait reti-
rer de la philosophie. Celui, disait Aris-
tippe, de pouvoir converser librement
avec tout le monde. Celui, disait Antis-
thène, de pouvoir converser avec soi-
même C'est que, par Zem, le philoso-
phe, dégagé de tout lien immédiat, con-
verse avec lui-même comme avec un
étranger et peut également converser
avec tout le monde sans connaître d'iné-
galité entre les choses et les gens. Pour
lui, rien n'est différent, rien n'est parti-
culier ; tout appartient également au mê-
me amour de la nature et de ses lois.
De là, vient souvent, pour le philosophe,
ce manque apparent d'équilibre qui
étonne le vulgaire, ce détachement com-
plet pour des événements qui semblent
à tous directs et importants, cet attache-
ment qui irait jusqu'au sacrifice de la
vie pour des idées générales -et supé-
rieures que personne n'entrevoit.
(( Le philosophe est, en ce sens, un
artiste qui sculpte des dieux immortels
ou peint sur les murs des images de
rêve : son travail, pour la foule, semble
moins utile, un jour de fête, que celui de
1'.esclave qui peint de riches couleurs la
proue d'un vaisseau. Cela vient de ce
qu'il ne travailla pas pour quelques amis
connus de l'heure présente, mais pour
des milliers d'hommes qu'il connaît et
qu'il aime au travers des siècles.
G. de PAWLOWSKI.
Échos
Œ
iipe Roi à Florence.
On va jouer Œdipe Roi au théâtre
antique de riesole, une des enceintes ro-
maines les mieux conservées, et située
dans un des plus beaux paysages d'Italie.
Mais, comme chez nos voisins, il n'y a
pas de « Comédie Italienne » subvention-
née, et, par conséquent, pas de tragédiens
et de tragédiennes toujours disposés à aller
jouer en plein air, ce seront des amateurs
et des jeunes filles de l'aristocratie floren-
tine qui se chargeront de révéler à leurs
concitoyens les beautés de l'œuvre de
Sophocle.
N'est-ce pas à Fiesole que, jadis, en
1348, les dames du Décaméron et les gen-
tils seigneurs, fuyant la peste qui décimait
Florence, jouaient, pour leur propre compte,
les plus folles comédies et les drames les
plus passionnés? -
On va les purifier avec les feux. de la
rampe.
Ah! pour l'amour des Grecs, souffrez
qu'on vous embrase!
£
e kronprinz et le sculpteur Gerhardt.
La figure du kronprinz est, paraît-il,
assez sympathique. Un lui pardonne volon-
tiers quelques gaffes charmantes, dont son
récent voyage n'a pas été exempt.
Il existe, à Rome, une colonie allemande
fort nombreuse et qui possède, entre au-
tres. immeubles, une académie et un ci-
metière appelé le Testaccio. Le kronprinz
ignorait, qu'au Testaccio, reposent les
grands et les petits allemands morts a
Rome. Et c'est au Testaccio que fut en-
terré le cœur de Keats, que Byron baptisa
le cor cordium après l'avoir arraché à la
tempête de la mer Tyrrhenienne, où lui
aussi et Schelley faIllIrent périr.
Parmi les personnalités présentées au
kronprinz, à l'ambassade allemande à Romor
se trouvait le sculpteur Henri Gerhardt, un
vieillard de quatre-vingt-cinq ans.
— Altesse Impériale, répondait Gerhardt
au fils de son souverain, qui l'interrogeait
sur sa vie romaine, je vis à Rome depuis
sbixante-deux. ans. J'ai été témoin des
grandes métamorphoses de la Ville Eter,}
neIIe pendant le dernier siècle. Je n'attends
maintenant que d'aller me reposer au Tes-
taccio.
Et le kronprinz, pensant qu'il s'agissait
de quelque ville d'eau peu connue, lui serra
la main, en lui souhaitant affectueusement:
— C'est bien, Gerhardt. Espérons que
vous vous y rendrez au plus vite.
Le vénérable sculpteur sourit sans tris-
tesse. ---
E
tre ou ne pas être. propre? That is
the question.
C'est le sujet d une discussion médicale
particulièrement vive en Angleterre. Sir
Aimroth Wright, un médecin distingué, dé-
clare hautement que les bains trop fré-
quents sont mauvais pour la peau, que le
fard des artistes est déplorable au démaquil-
lage et que la meilleure manière de se dé-
fendre contre les microbes est de maintenir
sur l'épiderme une discrète couche de
crasse qui forme cuirasse naturelle. Le ba-
layage de la peau, au contraire, par de fré-
quentes ablutions, l'intrusion du savon dans
les pores donne passage aux microbes. Et
l'idéal serait d'avoir un beau jour une ca-
rapace comme une tortue.
Sir Almroth Wright est très combattu
par les marchands de savon, les fabricants
de fard et les propriétaires de bains turcs,
et puis aussi par d'autres médecins qui af-
firment que, dans la discrète couche de
crasse prévue par leur collègue, il y a des
microbes qui font leur œuvre. Si bien
qu'en Angleterre, pays dn tub, on est an-
goissé.
Aa
L
'art en famille.
Nous avons reçu la lettre suivante:
Mon cher confrère.
Permettez une légère rectification à votre
écho récent concernant la famille d'un critique
notoire.
Ce dernier n'a pas un, mais bien trois frères
qui ont tous, dans des genres différents, de
rares aptitudes théâtrales.
Lucien excelle dans la chanson de café-con-
cert. Marcel, sous le pseudonyme de « Nozierof
Helderovitch », se distingue daas l'opéra bouffe,
èt Robert — auteur aussi, à ses heures — est
la providence des revuistes.
Une pièce mise en scène par M. (soyons
discrets) et jouée par ses trois frètes est un
véritable régal.
Evidemment, ce ne serait pas un specta-
cle banal
D
1
afis le hall d'un grand hôtel parisien:
Deux dames étrangères, et qui par-
lent assez mal le français, veulent aller au
théâtre. Elles font venir l'interprète qui
retire sa casquette. L'interprète, à la ma-
4*ièpe de CelUi de L -"Angtais tèt qu'un "ter
parle, s'exprime assez mal dans leur lan-
gue. Il cite les pièces qui se jouent le
soir. L'une des dames arrête son choix sur
un opéra-comique. Elle demande pourtant:
— Est-ce que il n'y a que de la musi-
que?
— Pas le moins du monde, répond avec
la plus exquise urbanité l'interprète. Il y
a aussi des entr'actes.
E
n visite.
Une de nos charmantes poétesse;
reçoit. Négligemment adossé à la chenu
née, — comme il sied aux conteurs, — ut
jeune homme de lettres « apprécie » nos
plus notoires contemporains:
— Porto-Riche?. Un auteur qui ne de.
vrait jamais faire jouer ses pièces. Ba
taille, Bernstein, ont épuisé leurs sujets en
faisant l'apologie de l'égoïsme passionnel.,.
Rostand ?. Un fantaisiste distingué par la
Société protectrice des animaux. Capus?
tout s'arrange ! Il n'a donc pas à se préoc -
cuper de sa gloire.
- Est-ce un commissaire priseur?
dit, un peu haut, Jules Bois.
E
'invasion
Rassurez-vous, ce n'est cas l'inva-
sion jaune. Celle-ci est moins grave et
plus amusante.
Après les quatre cents représentations du
Mariage de Mlle Beulemans, après les in-
nombrables scènes de revues, en belge, il
paraît qu'un petit théâtre, pas très loin des
boulevards, s'apprête à monter une nou-
velle pièce belge. On y verra des acteurs
belges, qui parleront le français-belge, tout
comme leurs camarades des Bouffes. Et
ce sera, paraît-il, follement pittoresque.
Mais une idée nous vient : Pourquoi,
pendant quelque temps, ne transporterait-on
pas tout simplement les théâtres de Paris
à Bruxelles et ceux de Bruxelles à Paris.
On pourrait successivement faire de même
avec toutes les capitales. La voilà bien,
l'Internationale !.
L
'automobile pouvant être utilisée soi-t
- pour la ville, soit pour le tourisme,
telle est la dernière création des usines
Clément-Bayard, de Levallois. Cette nou-
veauté, une 20 HP 6 cylindres, est si su-
périeure à tout ce qui a été fait jusqu'ici
qu'il est prudent de ne rien commander
avant d'avoir vu cette merveille automobile
qui, en dehors de ses qualités, douceur,
silence, etc., ne coûte que.,dv00d francs
le châssis avec les pneus.
L
a dot de Fanette.
Tel est le titre d'un joli et frais'
roman champêtre que publie Mme Margue-
rite Rolland. Conté avec esprit et bonne
humeur, ce livre, aux scènes ingénieuses
et divertissantes, séduira les lecteurs, et
surtout les lectrices; il marque une nou-
velle phase du talent si personnel et si
varié de l'auteur de Marchande de Parti-
cipes, de L'Embâcle, de Madame Gosse, etc.
NOUVELLE A LA MAIN
Lecture de pièce historique:
L'AUTEUR, timidement. — Il s'agit
d'Aboukir.
LE DIRECTEUR, conciliant. — C'est cela:
Aboukissez rapidement.
Masque de V~M~
ENCORE UN CONFLIT SYNDICALISTE
Les Musiciens Italiens
au théâtre
Sarah=Bernhardt
On sait que pour des questions d'intérêts
matériels, l'administrateur de la saison rus-
se qui doit avoir lieu au Théâtre Sarah-
Bernhardt a dû rompre tous pourparlers
avec la Fédération des musiciens de France.
N'ayant pas cru pouvoir accepter les tarifs
syndicaux, les administrateurs de la saison
russe ont fait appel à une troupe de musi-
ciens italiens, musiciens jaunes. La Fédéra-
tion des musiciens français en a conçu une
légitime émotion et a saisi de sa plainte le
Conseil municipal — car on sait que le
Théâtre Sarah-Bernhardt appartient à la
Ville de Paris. Le Conseil municipal n'a pu
qu'adresser les délégués de la Fédération
à Son Excellence l'ambassadeur d'Italie qui,
paraît-il, ne voulant pas créer de conflit en-
tre ses nationaux et les instrumentistes
français aurait conseillé aux Italiens de re-
noncer à prendre part aux représentations
de la saison russe au Théâtre Sarah-Ber-
nhardt. L'affaire en est là. Peut-être au-
rons-nous, un de ces jours, à nous occuper
d'un conflit véritable entre instrumentistes
italiens et instrumentistes français.
Les Concours
de "Çomœdia"
Notre nouveau concours
Une pièce rapide
Comœdia ouvre aujourd'hui un nouveau
Concours de Pièces rapides. Il s'agit, en
cinquante lignes maximum, y compris le
titre et les indications de décors, de mettre
sur pied un drame ou une comédie — le
genre en doit être nettement caractérisé —
qui se suffira à elle-même et sera complète.
Le développement du sujet y devra être
effectué par l'auteur de telle sorte qu'il
ait un exposé, une évolution et une fin. Les
concurrents peuvent à volonté l'écrire en
vers ou en prose. Et le dialogue, évidem-
ment vif, doit pouvoir être à la rigueur joué
— en quelques minutes — par des acteurs
de bonne volonté.
Le dernier délai, pour la réception des
envois, est fixé au 15 mai prochain. C'est
dire que nos amis ont près d'un mois de-
vant eux pour condenser en cinquante
lignes la pièce que tout lecteur de Comœdia
doit avoir en réserve dans son imagina-
"tio-n.. - .-
Tfeux mécfaîlTes sont réservées aux deux
premiers, et les meilleures pièces choisies
par un jury composé d'homme de lettres
et d'auteurs dramatiques, seront publiées
dans nos colonnes.
La caricature
de M. Mounet=Sully
Les lauréats du Concours de Caricature
Comœdia a publié hier les seize envois
retenus par le jury. Celui-ci a décidé que
la plaquette destinée au premier serait re-
mise à M. Ch. de Bussy, dont nos lecteurs
ont pu apprécier l'heureux Œdipe Roi.
monté sur ses quatre colonnes et au pied
duquel pleurent des suppliantes désolées.
La première mention est accordée à M.
G. Meliès - pour ses deux dessins, et la
deuxième à M. Peuvrier pour ses deux
envois. Les uns et les autres sont d'un
style très personnel et fort intéressant.
Ajoutons que les seize caricatures pu-
bliées ont été fort prisées de nos lecteurs.
L'œuf de Pâques
Parmi les nombreuses réponses que
nous avons reçues, deux sont exactes. L'une
de M. Georges Meunier. L'autre d'un ano-
nyme qui signe: Le point sur 1'1.
Le point sur l'I s'est donné la peine de
nous envoyer la solution en vers. C'est
ce qu'on peut appeler une solution élégante.
Au reste, la voici:
Ce n'est pas au dessinateur
'Des œufs durs qu'on peut rendre hommage
Indigne il est des droits d'auteur :
Ses crânes ont l'aspect de fromages!
Au rédacteur vague. et distrait
Qui du Pander fit la légende
Je dois d'avoir pu déchiffrer
L'Enigme faite sur commande.
J'ai reconnu Rostand, Régnier,
D'Annunzio et puis Lemaître.
Pierre Wolff, et puis le portier -
Des Beaux-Arts, plutôt que le maître:
iDujardin-Beaumetz. Reconnu :
Dranem et Franck et puis encore
Cet aimable M. Capus.
Enfin, Claretie dont s'honore
La Comédie. qui n'en veut plus!
Le point sur fI"
P. S. — Dans ma réponse paresseuse
J'avais omis deux oeufs, deux noms !
L'un., c'est Willy, la vieille ouvreuse,
L'autre: Coquelin (sans prénoms!)
J'ai réparé ma négligence
Et vous tire ma révérence.
Néanmoins, M. Georges Meunier est
classé premier parce qu'il a inscrit, sur le
dessin, au-dessus de chaque œuf, son pro-
priétaire. Il ne s'est pas trompé.
Les voici, en effet, dans l'ordre:
A gauche de l'anse du panier: de gauche
à droite: MM. Willy, Dujardin-Beaumetz.
Au premier rang: — MM. Dranem, H. de
Régnier, J. Lemaître, Rostand, J. Coquelin;
au deuxième rang: — M. d'Annunzio au-
dessous de M. J. Coquelin.
A droite de l'anse du pester : MM. Capus,
Franck, Claretie et Wolff.
A M. Georges Meunier la plaquette de
COMŒDIA.
Nous PUblierons demain un article de
GEORGES DUPUY
Lire en Sroisièmo page 1
LES PUBLICATIONS MUSICALES
M* 6«18 VtttkkKMIN.
LA QUESTION DE L'ODÊON
M. Henry Bataille
nous donne son avis
« Au nom du jeune art dramatique fran-
çais » un groupe d'auteurs — nous l'avons
dit hier — a félicité M. le député Ponsot
de son intervention à la Chambre. M. An-
toine sert-il, oui ou non, la. cause de la
jeunesse et de l'art français? Qui mieux
que M. Henry Bataille était qualifié pour
nous répondre. L'auteur de L'Enfant de
l'Amour n'ambitionne plus d'être joué à
l'Odéon. et il a exprimé dans son oeuvre
beaucoup des aspirations nouvelles de la
jeunesse.
Dès que nous eûmes prononcé devant
M. Henry Bataille le nom de M. Antoine,
son visage eut une étrange expression
d'étonnement, et, avant de dire un mot, il
réfléchit longuement. Puis, d'une voix mys-
térieuse qui est comme l'harmonie du ca-
binet calme où il aime à se tenir, il répon-
dit:
— Permettez que je me récuse, ce n'est
pas .à un auteur dramatique de porter un
jugement critique, et les idées générales
que je pourrais tirer de la production, de
la présentation des auteurs contemporains
seraient des idées, non sur les personnes,
mais seulement sur les œuvres.
Puis, malgré qu'il semblât vouloir n'en
pas dire davantage, nous lui demandâmes
s'il pensait que M. Antoine représentât
comme le prétendent les signataires de la
lettre à M. Ponsot, une formule théâtrale
usée; il continua ainsi:
— « Je ne connais pas M. Antoine, je
« vais rarement à l'Odéon, mais il me sem-
« ble que, cette année, il n'a pas failli à
« sa tâche de directeur éclairé. L'idéal d'un
« directeur qui s'intéresserait aux jeunes
« serait d'accueillir toutes les formes de
« leurs efforts, car je souhaite de tout
« cœur que la jeunesse trouve le plus de
« débouchés possible, et que les tentatives
« pour lui en donner ne soient pas limitées
« à un effort plus particulièrement qu'à un
« autre. Toute la lumière du flambeau que
« porte la jeunesse, doit se répandre, mê-
« me si ses rayons ont des apparences
a contradictoires, c'est-à-dire que les œu-
« vres purement idéologiques doivent aussi
« bien fri->'r av2.c les réalistes si elles
a existent.
<( Je reconnais qu'à ce point de vue, il
« y a progrès. Dans ma jeunesse nous
« n'avions que l'Œuvre, qui a rendu de
« grands services au théâtre moderne, et
« fourni un contingent d'auteurs et d'inter-
ne prêtes beaucoup plus importants que le
« Théâtre Libre dans ses manifestations
« opposées.
« Et puis l'Odéon. il faut que les jeunes
I « gens méprisent les formes officielles,
(Henri Manuel, phot.!!
M. Henry BATAILLE
« c'est dans leur essence. Il serait dont
<( déplorable que le mot Odéon les tentât
(( plus qu'il ne nous a tenté. De mon
« temps, ce mot faisait horreur hélas!
« Voyez-vous, il y a beaucoup trop de dé-
« sirs de consécrations officielles, pas assez
« de manifestations, trop de prix de Rome,
« trop d'appels à la sagesse, à la médio-
« crité, c'est ce qui est fâcheux.
« Que la jeunesse ne se divise pas ainsi.
« qu'elle ne fasse pas le jeu de ses enne-
« mis en se dispersant, en se querellant.
« qu'elle trouve le moyen de se manifeste-
« dans toute sa plénitude et toute son élü-
« quence. C'est ce que paraissent peut-
« être souhaiter les signataires de la pre-
« testation dont vous me parlez. A ce titre-
« là, ils ont raison. Mais pour ces querelles
« d'écoles, encore une fois, je réserve mon
« avis. La jeunesse doit manifester son
« activité par des œuvrès et non par des
« discussions. et puis je ne peux pas vous
« en dire plus. »
C'en est assez. Nous n'insistons plus, ellt
M. Henry Bataille, à voix mesurée, nom
parle d'autre chose.
RENÉ BIZEÏw
LES A VANT-PREMIÈRES
"L'APOTRE"
à l'Odéon
Manifestation imprévue 1*
Réponse au Tribun de M. Paul Bourget
(H. Manuel, pi:->A
M. HYACINTHE-LOYSON
Les répétitions de L'Apôtre battent leur
plein, et elles provoquent même, on le sait,
(Dessin de M. Abadi.)
M. SEVERIN-MARS
de petites « batteries » à la Comédie-Fran-
çaise. Le comité de lecture s'en est occupé
et menace de s'en occuper encore. Peut-
être bien pour le bon motif. En outre, par sa
portée politique, la pièce excite une vive
curiosité dans les milieux parlementaires ;
plusieurs ministres ont promis d'assister
à la création, des académiciens de gau-
che aussi. L'allusion que contient le sujet
n'est plus un mystère pour personne, et si
vous joignez à cela que L'Apôtre, écrit par
un jeune républicain, se trouve constituer
comme une réponse involontaire au Tribun,
œuvre d'un royaliste déclaré, vous com-
prendrez que cet-
te « première »
promet d'être un
événement. Nous
disons .« premiè-
re » à dessein,
car M..Siivain nous a confié son inten
tion d'emmener la pièce en ses prochaines
tournées de province, d'Europe et d'O-
rient et de la jouer à Bruxelles dès son
premier congé.
Pour nous renseigner plus exactemeftf 4.
tous ces égards, nous sommes allé interro*
ger l'auteur, M. Paul-Hyacinthe Loyson,
que nous avons trouvé, sur le coup de six
heures, au sortir de l'Odéon, en train de'
faire une libation au génie des Siivain sur.
l'autel de la brasserie Gambrinus. Mais
notre confrère, qui a la plume si allante dans
les Droits de l'Homme et la parole si facile
dans les réunions publiques, se met soudain
sur la langue toute une hécatombe de
bœufs:
— Non, non, proteste-t-il dès l'abord, ne
parlons pas de ma pièce; elle n'appartient
pas encore au public et elle n'est déjà plue
à moi; aux répétitions, j'y assiste vraiment
en étranger; je vois mon œuvre revenir il
moi comme une amie dont une longue ab.
sence m'aurait séparé, et qui n'aurait pkJs
tout à fait la même expression de visage, eti
qui, cependant, serait bien elle-même, et
plus elle-même qu'auparavant, et plus
qu'elle-même par je ne sais quelle transfi-
guration. Cela, c'est le miracle des deuï
Siivain. Ce que je veux vous dire, avant
toute chose, c'est ma dette envers ce béate
couple humain qui est un si beau couple
tragique. Je ne leur ai point apporté mu
pièce. Un hasard nous a réunis à déjeuner
autour d'une table de « l'Américain ». J'a-
vais dans ma poche mon manuscrit que j'al-
lais offrir dans l'après-midi à M. X. Quancf
M. 8ILVAJN
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.57%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.57%.
- Auteurs similaires Pawlowski Gaston de Pawlowski Gaston de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Pawlowski Gaston de" or dc.contributor adj "Pawlowski Gaston de")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7653796g/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7653796g/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7653796g/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7653796g/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7653796g
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7653796g
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7653796g/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest