Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-10-15
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 octobre 1927 15 octobre 1927
Description : 1927/10/15 (A21,N5396). 1927/10/15 (A21,N5396).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/06/2015
t
- 28 ANNEE. — N° 637.
SAMEDI 15 OCTORRR 1927.
Comœdia=J ournal
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Le général Husak
La mémoire de Berthelot-
honorée Tchécoslovaquie
Notre correspondant de Prague nous ap-
prend que le ministre de l'Instruction pu-
blique et de la Culture nationale, M. le doc-
teur Milan Hodza, a envoyé ces jours-ci une
circulaire à l'enseignement primaire, secon-
daire et supérieur, ainsi qu'à l'enseignement
technique, où il invite les processeurs à faire
entre les 16-23 octobre un cours consacré a
l'importance mondiale des travaux du grand
savant français Berthelot. La France intel-
lectuelle ne restera pas certainement indif-
férente à cette nouvelle preuve de senti-
ments amicaux vis-à-vis de sa culture de la
part de l'éminent homme d'Etat, M. Hodza,
qui, comme nous l'avons déjà annonce,
viendra représenter, son gouvernement aux
fêtes du centenaire de Berthelot, en même
temps que le général Husak.
Après s'être distingué pendant la guerre
dans les rangs de la légion tchécoslovaque
de Russie, puis dans la brigade tchécoslova-
que rapatriée de Russie en France, le géné-
ral Husak fut nommé en IQI8 chef de la
maison militaire du président Saryk.
Les Chambres rentreront
le 3 novembre
M. Poincari sera entendu
par la Commission des Finances
Les ministres se sont réunis hier matin en
conseil, à l'Elysée, sous la présidence de M.
Gaston Doumergue.
Le gouvernement a fixé au jeudi 3 novem-
bre la da-te de la rentrée des Chambres.
Le Conseil, on s'en souvient, avait à choi-
sir entre trois dates pour -la rentrée des
Chambres, le 18 octobre, le 2Ç ou le 3 no-
vembre.
La date du 18 a été écartée, le temps ma-
tériel faisant défaut aux députés pour étudier
les rapports spéciaux de la commission des
finances et la balance budgétaire n'ayant pu
être communiquée à temps.
On aurait pu, à la rigueur, convoquer les
Chambres pour le 25 octobre, mais le gou-
vernement a pensé qu'en raison du Congrès
radical, qui doit se tenir à Paris les 27, 28,
29 et 30 de ce mois, il y aurait trop de vides
sur les bancs de la Chambre, et il a reporté
la rentrée au 3 novembre.
Le Parlement disposera donc de deux mois
pour la discussion du budget.
D'autre part, M. Poincaré a demandé à
être entendu par la commission des finances
au sujet de quelque dispositions qui entraî-
neront une diminution d'environ 300 millions
sur les recettes du budget. L'audition du pré-
sident du Conseil aura lieu mardi.
Voici trente ans
que le Français Ader.
Il est assez curieux de rappeler, au mo-
ment des vols de Miss Elder et de Costes
et Le Brix, qu'hier était le trentième anniver-
saire du premier grand envol de Clément
Ader.
C'est en effet le 14 octobre 1897 que l'ingé-
nieur français, devant un public de techni-
ciens, expérimentait à Satory, pour la troi-
sième fois son « Avion », machine volante
mue par la vapeur. Le 9 octobre 1890, Clé-
ment Ader, à Gretz-Armanvilliers, avait
réussi ses premiers bonds; le 12 octobre 1897,
il réussit également à décoller sur quelques
mètres; !e*i4 octobre, enfin, le grand précur-
seur volait sur une distance de 300 mètres,
ouvrant ainsi la voie aux expériences que
Santos-Dumont ne devait tenter qu'en 1905
et 1906.
f Revue de la Presse
M. Mussolini et les Italiens.
M. Georges Martin a commencé .dans le
'Petit Journal une enquête sur « L'Italie
après finq ans de fascisme ». Voici, telle que
notre confrère l'avoue, l'influence du Duce
sur ses compatriotes :
On voit M. Mussolini sur tous les murs, à pied,
à cheval, en général, en IIffiiral, en civil. Les
journaux, qui se livrent entre eux un combat d'affi-
ches d'autant plus âpre qu'ils ont tous à peu près
, le même* contenu, n'ont guère imaginé d'autres
motifs de puDicité que la figure de M. Mussolini
encore et toujours. Telle feuille agricole représente,
sur ses. placards, M. Mussolini dans Un champ de
blé. Telle revue mondaine nous le montre aux
courses. «Tel organe d'informations 'noue le fait toir
aux côiés du roi ou dans son cabinet. Autant
de portraits sur les murailles. Il y en a d'autres,'
et de plus officiels.
M. Mussolini est au-dessus du poste des miliciens,
de la bibliothèque de la gare, du débit où l'on
vend sale et tabacchi :. le gel et les tabacs de* la
régie italienne. Il sert d'enseigne au syndicat des
cheminots fascistes. Partout où il existait un pan
de muraille libre, des propagandistes 1 ont utilisé
pour peindre en noir, au pochoir, une effigie' sim-
plifiée de M. Mussolini, avec des yeux bUincs et
des rréplate décharnés, que l'on confond, de loin,
avec les têtes fort analogues — des têtes de mort,
j'en demande pardon à Son Excellence. — peintes,
de la même façon, sur les poteaux télégraphiques
et accompagnées de l'inscription : « Chi locca i
fili, muore. Qui touche Irs fils meurt »
J'jji, plus. tard, constaté que, dans les villes,
il est, de même, en tous lieux : au café, chez
l'épicier et surtout chez le libraire où le Duce
figure sur la couverture de cent livres et brochures
différents, dans-toutes les revues et sous forme
d'albvims entiers de cartes postales et de photo-
graphies. Il existe naturellement en bustes,.statuettes
et presse-papier de toutes sortes. J'ajoute que son
masque cet plus ou moins collé siir, le visage de
tous -les Italiens rrâles qui se sont fait raser la
moustache, attendu, que. M. Mussolini est 'glabre.
La Grèce, la France et 1 Allèmagnè.
M. Jean Botrot étudie,.pour les lecteurs du
Journal. les diverses' influences étrangères
qui se rencontrent depùis toujours chez nos
grands amis hellènes
On. m'objectera que la propagande française a pu
cire cffutre-balancée par certaines campagnes qui
pussent été susceptibles de diminuer notre crédit.
Constantin, roi des Hellènes, — je m'excuse d'incri-
minpr ce mort, une fois de plus — ji'a-t-ii- pas été
le meilleur agent de publicité des Hohenzollern et de
leur; partisans ? Il faut dire les choses comme elles
sont. Mais il faut également constater que le pres-
tige de l'Allemagne a désormais beaucoup diminué
aux yeux des Grecs.
Uiie querelle toute récente a porté un coup mor-
tel à ce redoutable et dangereux prestige : je veux
parler de l'affaire du Salamis. L'Allemagne, qui a
perdu le dfoit, aux termes du traité de Versailles,
de fabriquer çt d'exporter du matériel de guerre,
prélenc:" aujourd'hui livrer à la" Grèce le croiseur-
cuirassé •Salamis, commandé bien avant- le. conflit
européen par le gouvernement de Constantin, ta Ré-
publique grecque a déjà protesté auprès de la Confé-
rence des ambassadeurs, de la Commission des ré-
parations et -de la Société des Nations. Encore qùe
l'affaire rl'emeiîre sur le si a lu quo, elle n'a pas servi
les intérêts de la- «. Deutsche Republik » auprès de
l'opinion athénienne.
iVntoz bien que la Grèce n'entend nullement se
poser en adversaire de l'Allemagne. Bien qu'aucune
raison ethnographique, morale, artistique 011 litté-
raire ne la prédispose à chérir le peuple favori de
Constantin, elle n'oublie pars qu'une loyale et re'rme
entente entre toutes les nations est la formule éco-
nomique de l'avenir. Mais elle comprend aujourd'hui
qu'elle ne saurait avoir d'appui plus précieux et plus
désintéressé que celui de la France.
Dans Reims reconstruite.
• De M. Louis Forest, dans Le Matin :
Le poète Hugues Lapaire a écrit jadis une poésie it
haute émotion. Un paysan contemple sa récolte pro-
chaine : elle est admirable ; mais un nuage accourt.
La grêle passe et fauche. En quelques instants, la
moisson est perdue. La famille du paysan gémit ;
mais lui se redresse tout à COUD et crie : « J' recoin.
mencerons 1 Il
Je viens de visiter de nouveau la ville de Reims.
Elle s'efforce de renaître. Sa population et ses chefs
luttent avec acharnement pour la ranimer. Peu à
peu, leurs effbrts réussissent. La noble cité se ré-
Veille. Là dussi, des hommes se sont dressés sut
les ruines pour s'écrier : « Nous recommencerons 1 »
J'ai parcouru aussi les villes de la Champagne.
Tout y rappelle, avec l'horreur de la guerre, la
gaieté franche du vin. Mais la récolte a été désas-
treuse. C'est la troisième année que la vigne ne
donne pas. Les vignerons sont tout attristés. Que de
travaux, que de soins perdus 1 Mais tous vous ré-
pondent, d'un air farouche : On recommencera ! »
Il n'y a pas de plus beau spectacle au monde
que cetui de l'homme qui se sent faiblir devant le
malheur, mais qui, le coup reçu, se secoue, se re-
biffe et crie au destin : « On recommencera 1 »
L'impôt sur la dépense.
M. J.-L. Faure, dans l'Echo de Paris,
préconise « l'impôt sur la dépense », source,
selon lui, de nombreux revenus :
Oui, je le répète, que serait-ce si, chaque mois,
les impôts nous apportaient peut-être deux milliards
d'excédents ? — car l'impôt sur la dépense — le
sou du franc — nous les donnerait, plus d'un
milliard certainement même après suppression de
l'impôt sur le revenu, de cet impôt sur le travail,
unique par--son essence, a.bsurde par son applica-
tion .,. 'bien que le m.inistre des Finances ait eu
le bon sens et le courage de diminuer d'une façon
sérieuse les taux spoliateurs et démoralisants votés
jadis par un Parlerrent en délire.
Je ne répéterai pas ici les calculs bien simples
donnés par la comparaison avec l'impôt actuel sur
le chiffre d'affaires qui, à ■2e%, fournit actuellement
de sept à huit milliards. Le sou du franc, appliqué
aux mêmes transactions commerciales, en donnerait
plus du double, environ dix-huit milliards, auxquels
il faudrait ajouter les chiffres énormes donnés pa*
les transactions agricoles — ce qui nous conduirait
à vingt-ciifq ou trente milliards, peut-être davan-
tage 1
Cà £t là
x Les bureaux de la légion américaine ont été
transférés à l'hôtel Grillon, où M. Philip B. Stapp,
directeur des fonds de secours national de la légion,
du quartier général à Indianapolis, en assure la di-
rection.
M. Stapp annonce que les bureaux de l'Ameri-
can Lésion à Paris seront définitivement fermés le
3i octobre et prie les personnes ayant des affaires
à traiter avec elle de. bien vouloir s'arranger de fa-
çon à les'avoir terminées à cette date. Le service
des postes de la légion américaine a retourné aux
expéditeurs toutes les lettres non réclamées. Le
courrier arrivant entre le i5 et le 3o octobre sera
cinq jours avant d'être retourné.
Les bureaux ce la légion américaine à l'hôtel
Crillon tont au rez-de-chaussée, entrée rue Boissy-
d'Anglas, M. Stapp étant dans la pièce numéro 3a ;
M. Edwin W. Thorn, - directeur du bureau de Paris
de la légion américaine pendant les treize mois pas-
sés, dans la pièce numéro 3r : M. Leland' Dann,
caissier, numéro 3o, et MM. Estieu, Lonz Clements
et Mac Afee. du service des hôtels, numéro 34.
Costes et Le Brix survolent
l'Atlantique du Sud
Partis hier matin de Saint-Louis, à 6 h. 23,
ils ont passé Dakar et piquent vers Natal
Depuis hier matin, 6 h. 23 (soit 5 h. 23 du
méridien de Paris), Costes et Le Brix ont
à deux tenté la grande aventure. Un télé-
gramme de Saint-Louis nous annonce, en
effet, leur parfait décollage; une dépêche
de Dakar signale que le Nltngcsser-C oli a
survolé la ville à 7 h. 32, à une altitude de
1.500 mètres. C'est donc à une vitesse moyen-
ne de 180 kilomètres à l'heure que les deux
hardis pilotes ont accompli ce premier par-
cours terrestre de 205 kilomètres. Ces quel-
ques bases font bien augurer du @ bond mari-
time de 3.000 kilomètres qui sépare Saint-
Louis de Natal par Dakar, le Cap-Vert, l'île
Saint-Paul, l'île Fernando-Norohna et le
cap San-Roque, situé au nord de Natal. L'on
sait, en effet, que de Pinedo fut extrêmement
gêné par la mauvaise carburation dont est
cause cette région surchauffée de l'air et
qu'il faut imputer, d'autre paît, la dispari-
tion de Mouneyrès, Saint-Roman et Petit tu
même phénomène. Cette belle vitesse corn.
merciale obtenue sur les kilomètres primor-
diaux et la grande hauteur qu'avait pu pren-
dre le Bréguet-Hispano permettent donc tous
les espoirs.
Si aucun incident ne vient troubler la
marche normale de l'appareil, Costes et Le
Brix, sans avoir eu besoin de faire escale
comme Pinedo à Botonia, Cap-Vert, Fer-
nando-de-Noronha, ont dû atterrir, cette der-
nière nuit, sur le camp. extrêmement facile
de Natal où tout, d'ailleurs, "a été préparé
pour les recevoir. 7
Il n'est point besoin, sans doute, de sou.
ligner l'immense portée de ce raid. La route
aérienne déjà existante des pays latins —
Roumanie-Grèce-Italie-France-Espagne — se
trouverait donc prolongée jusqu'à l'Amérique
du Sud, sœur, par la civilisation et par les
goûts des pays méditerranéens. Enmême
temps que les échanges rapides, s,è créerait
également un marché commercial d'une
extrême importance. Il est à souhaiter que
Costes et Le Brix démontrent la facilité du
parcours et posent les bases de cette liaison.
COMMENT MISS ELDER FUT SAUVEE
Les télégrammes détaillés commencent à
nous parvenir. Voiri quelques précisions sur
l' « heureuse » traversée de Y American GirL;
Depuis mercredi, 19 heures, jusqu'au len-
demain 10 h. 30, Miss Ruth'Elder et Georg
Haldeman eurent à lutter contre la tempête.
Lorsque l'orage fut passé, les aviateurs
s'aperçurent à la fois que l'avion avait dérive
largement au sud de la route prévue et que
le tuyau d'arrivée d'essence était crevé. Crai-
gnant que le moteur ne se grippe, ils durent
voler cinq heures encore avant d'apercevoir
le Barendrecht, qui se trouvait à ce moment
à 350 milles des Açores et non près de la
Hollande, comme un télégramme erroné
l'avait annoncé tout d'abord. L'American
Girl amerrit avec succès le long du steamer.
Le sauvetage fut chose aisée. Seul l'appareil,
par la faute de son tuyau d'essence, prit feu
lorsqu'on voulut le hisser à bord.
Le point d'amérissage se trouvant à envi-
ron 800 kilomètres à l'ouest du cap Finisterie
(Espagne), on calcule qce la distance par
courue est d'environ 4.800 kilomètres, ce qui
constitue évidemment le plus long vol ac-
compli jusqu'ici au-dessus de la mer.
On annonce également' que les deux resca-
pés seront débarqués aux îles Açores et qu'un
hydravion allemand piloté par Loose a quitté
Lisbonne pour les Açores. Miss Ruth Elder
ayant décidé de venir à Paris par'n'importe
quel. moyen, il est probable que Loose ramè-
nera les deux Américains jusqu'en Europe.
Challe arrive à Bassorah
La direction générale de l'Aéronautique
nous communique le télégramme suivant :
--«, Bassorah, 14 octobre. — Capitaine
Challe arrivé Bassorah 17 heures. »
Les cambrio 6iirs de M. Jean Nougiès
Le 27 novembre 1926, vers neuf heures et
demie du matin, trois cambrioleurs péné-
traient par surprise dans l'appartement de
M. Jean Nouguès, compositeur de musique,
1, rue Bonaparte. Ils ligotèrent, sous la
menace du revolver, le valet de chambre et
le chauffeur, puis pénétrèrent dans la cham-
bre où M. Nouguès reposait et, revolver au
poing, le contraignirent à leur remettre qua-
tre mille francs. Puis, les trois malfaiteurs
prirent la fuite.
Arrêtés peu après, Adrien-Marcel Nioclas,
originaire de Belgique, se disant artiste de
cinéma, demeurant à Paris, en hôtel, rue
Saint-Martin; Jûles Peltier, garçon de res-
taurant, sans domicile, et un certain Valette
furent condamnés, le 10 février 1927, par le
tribunal- coriectionnel, les deux premiers à
cinq ans de prison et dix ans d'interdiction
de séjour ; Valette, à deux ans de prison.
Seuls, Nicolas' et Peltier ont fait appel
de ce jugement devant la Chambre des ap-
pels correctionnels et ils ont demandé à
comparaître devant les assises, en soutenant
l'incompétence du tribunal correctionnel.
Par arrêt du 16 juillet dernier, la Cour d'ap-
pel s'est déclarée incompétente et a fait droit
à leur requête.
A l'audience des assises, hier, Nicolas et
Peltier ont rejeté l'un sur l'autre les res-
ponsabilités de leur expédition.
Après une assez longue délibération, les
jurés sont revenus avec un verdict affirma-
tif. La Cour d'assises a donc copdamné
Adrien-Marcel Nicolas et Jules Peltier à
huit ans de travaux forcés. Nicolas obtient
en/outre dix ans d'interdiction de séjour, et
Peltier, dont le casier judiciaire est assez
encombré, remporta la relégation.
Les deux cambrioleurs sont également,
conjointe'nent, condamnés à rembourser les
3.800 francs volés à M. Jean Nouguès et à
un franc de dommages-intérêts.
i ; - Gaston Jollivet est mort
Gaston Jollivet vient de mourir à l'âge de
quatre-vingt-cinq ans. Il était une des der-
mères figures de ce journalisme aimable et
frondeur, qui eut sa belle époque sous le
second. Empire.
Etudiant en droit, puis jeune avocat, il
collaborait au Nain jaune et au Triboulet.
C'est vers i8So qu'il entra au Gaulois, où
lurent remarqués ses gazettes rimées. Tantôt
sous son nom, tantôt sous' le pseudonyme bal-
Gaston Jollivet
à 40 ans
(Photo Henri Manuel)
zacjen de Bixiou, n
écrivit à la Presse, à
l'Ordre, à V Eclair,
à VEcho de Paris,
au Figaro enfin, dont
il était l'un des plus
anciens collabora-
teurs.
M. Gaston Jollivet
publia, en 1884, des
portraits rimés, Nos
petits grands hom-
mes ; il écrivit, avec
Albert Millaud, une
remédie en vers,
jouée au Vaudeville,
Perdus, et avec Paul
Ferrier, une revue a
grand succès, La
Briguedondaine. Il a
consacré, en outre,
une étude au Colo-
nel Driant.
Tour dernièrement,. Gaston Jollivet avait
donné un intéressant volume de souvenus,
préfacé par M. Paul Bourget. Le vieux chro-
niqueur. y évoquait, en un style alerte, et
avec le plus vivant esprit, la société pari-
sienne de, 1860 à, 1870, - les comédiens, les
journalistes, les « boulevardiers » du Café
Anglais et de la Maison Dorée.
Les obsèques de M. Gaston Jollivet au-
ront lieu lundi, à 9 h. 45, à Saint-Augustin.
M. BERTHELOT A PRAGUE
Le 9 octobre dernier est arrivé à Prague, à 17 h. 30, M. Philippe Berthelot, am-
bassadeur, secrétaire général du ministère des A flaires étrangères français, accompagné
de M. Osuski, ministre de Tchécoslovaquie à Paris, ainsi, que de Mme Berthelot. ,".
Notre cliché représente, au premier plan, de gauche à droite : M. Benès, Mme et
M. Berthelof..
Le mari meurtrier
aux assises
Vermandé fait difficilement
le récit de son crime
Hier s'est déroulée, à Nancy, la première
audience de l'affaire Vermandé qui, ainsi
que nous le racontâmes hier, étrangla puis
brûla sa femme en mars dernier.
Grand, pâle, assez insignifiant pour mé-
riter cette réputation de « Don Juan » dont
on le gratifie volontiers, Jean Vermandé
entendit tout d'abord évoquer par le prési-
dent Baudot d'anciennes et lamentables
amours. On en vint à la pauvre femme.
—Que lui reprochiez-vous ? Allons I expliquez-
vous !
— Elle négligeait le linge et avait mauvais carac-
tère.
— Avouez qu'il y avait de quoi ; vous la trom-
piez à chaque instant.
— Mais, Vermand'é, vous avez fait pire que cela.
Vous racontiez que votre femme était infidèle. Eh
bien ! c'est faux 1 Vous l'avez calomniée lâchement.
C'est faux • et j espère que voue en éprouvez du
remords. „
Un beau jour, Vermandé raconta à sa
belle-stçur qu'« Angèle était partie empor-
tant tout l'argent de la semaine ». La fa-
mille de: la morte devait rester sans nou-
velles, Pendant ce temps, Vermandé télé-
]rïïétait ramant pour lui apprendre son infor-
tune« Il partit avec sa maîtresse.
Le président devait bientôt revenir au
crime ¡." -
';.:::.., Q»e s'est-il passé, Vermandé, dilet'-Ie nous 1
Comment l'avez-vous tuée, cette malheureuse ?
Z.~ — J'étais dans l'atelier. Elle est venue et m'a re-
proché mes relations avec Mme Windeck. Darie ma
colère, je l'ai serrée à la gorge.
- Longtemps ?
- Ah 1 ça, je ne sais pas. Je ne me souviens
pas.
— Et alors, continue le préîicent, vous avez cons-
taté que le cœur ne battait plus. Vous ave* soulevé
le cadavre. Vous l'avez hissé sur vos épaules et, le
transportant jusqu'au calorifère, vous t'avez jeté
dans le foyer, et ensuite ?
L'accusé ne répondit pas et l'accusation
dut seule établir les circonstances postérieu-
res au crime. Vermandé niant que la chau-
dière soit assez grande pour contenir un
corps, la Cour se transporta l'après-midi
sur les lieux et ne trouva aucun obstacle apte
à empêcher l'enfournement d'un cadavre.
La jeune princesse Iléana de Roumanie
(Photo Wide World)
.JJ.
La princesse Ileana
a-t-elle été enlevée!
Londres, 14 octobre. — On mande de V ieil.
ne aux journaux que la princesse Ileana, la
plus jeune fille du feu roi Ferdinand et de
la reine Marie de Roumanie, serait partie
avec un ieune officier de marine, ancien
aide de camp de son père.
La princesse est âgée de 18 ans. On peUl
croire qu'il s'agirait du dénouement brusq^6
d'un roman d'amour contrarié jusqu'ici pac
l'étiquette. La jeune princesse se trouvait cf
core, il y a huit jours, aux côtés de la reine
Marie, sa mère, et de la princesse Hèlent
mère du petit roi Michel, pour recevoir ail
château de Sinaïa les journalistes étrangerS
du Congrès de la presse latine.
Rien ne pouvait laisser supposer cette brus'
que fugue. Il est vrai que 1 on peut très biell
apprendre dans la journée que toute cette
charmante aventure ne repose sur aucune it!'
formation sérieuse. C'est la Westminster Cl
zette qui annonça la première la nouvelle.
--"'i
La température
Temps nuageux, brumeux et frais, quelques pluitS'
Vent faible Nord-Nord-Est.
FAITS - DIVERS
On arrête la « perle » de Dranem
Dranem et Mme Suzette Q' Nill avaient
engagé en mai dernier une jeune femme de
chambre, Henriette Humbett. Les deux ar-
tistes, sur la foi d'excellents certificats et
les satisfactions qu'elle leur donnait, placè-
rent bientôt toute leur confiance en la- nàu-
velle femme de chambre. «
Hélas !. Henriette Humbert s'appelait aussi
« Yeyette ». Durant l'absence de Dranem,
parti se reposer sur la Côte d'Azur, Yeyette
fit des siennes. Dranem retrouva son appar-
tement du 112, boulevard de Courcelles, à
demi cambriolé. Plusieurs de ses complets
avaient été vendus, des objets d'une grande
valeur manquaient.
Henriette Humbert. dite Y'evette. est au
Dépôt. ,
Dépôt. On perquisitionne à Nice
Au cours de la perquisition effectuée dans
les bureaux de La France de?-Nice et du
Sud-Est, organe officiel dès-antifascistes
dans le sud-est, la police a mis la main sur
une quantité innombrable de tracts, de pa-
piers et de documents. Deux camions turent
nécessaires pour transporter les pièces sair
si es.. -, -.
Pour provocation de militaires
à la désobéissance
M. Délaie, juge d'instruction, a inculpé
de provocation de militaires à la désobéis-
sance dans un but de propagande anarchiste
MM. François Gay, gérant de l'organe offi-
ciel des Soviets en France; Henri Fourcade,
gérant d'une feuille communiste, et Paul
Celton, gérant d'une publication extrémiste.
en juillet, août et septembre.
Une lampe à essence fait des victimes
Lille, 14 octobre. -. Par suite d'une mala-
dresse, M. Yvon Dhaussy, 27 ans, a été griè-
vement brûlé par l'explosion d'une lampe a
essence. Sa femme et son frère, affolés, sau-
tèrent par la fenêtre et vinrent s'écraser sur
le sol. L'état des trois malheureux est très
grave. ., ~l,
On perquisitionne à Lille
dans les milieux, communistes J
Lille, 14 octobre. — De nouvelles perqui-
sitions ont été opérées dans les milieux
communistes. Sur commission rogatoire éma-
nant du parquet de Lille M. Fairise s'est
rendu dans les locaux d'une imprimerie ou-
vrière où furent saisis plus de 2.000 èxem-
plaires d'un journal antimilitariste s'adres-
sant aux conscrits portant déjà les adresses
de personnes habitant dans la région de
Lille, Roubaix et Tourcoing. Des perquisi-
tions non moins fructueuses ont été opérées
par MM. Sales, commissaire aux délégations
judiciaires, et Piocentini, officier de paix,
dans les bureaux de la Bourse unitaire et
dans une autre imprimerie.
Un dompteur blessé par une lionne
Bordeaux, 14 octobre. — Au cours d'une
répétition dans une ménagerie installée sut
l'esplanade des Quinconces, le dompteur An-
dré Francesco a été blessé assez grièvement
à; la-tête par une lionne. Son père, M. Max
Francesco, est parvenu, à coups de barre de
fer,, à faire reculer le,fauve. Le dompteur a
été transporté à l'hôpital.
A L'ETRANGER
Chang Tso Lin est victorieux
Pékin, 14 octobre. — Les armées de Chang
Tso Lin continuent leur mouvement d'ef
cerclement des troupes du Chansi, dont
mille hommes ont été faits prisonniers pel
les soldats mandchous. D'ailleurs, le dict3'
teur de Pékin a également subi des pertci
importantes et il a déclaré lui-même à l'ap1'
bassadeur du Japon que cinq mille* de seS
hommes étaient hors de combat. e
Il parait que ..Chang Tso Lin a rempoftl
la victoire parce qu'il a suivi les conseï''
d'experts militaires français et a adopté If
tactique de Saint-Cyr qui est d'utiliser, si ;
une grande échelle, la cavalerie et l'artille1"1
et d'effectuer avec rapidité des manœuvre'
encerclant l'ennemi.
19 cas de fièvre Jaune
à bord d'un vapeur français 0
Londres, 14 octobre. — L'agent du Lier
à-Las-Palmas télégraphie que le vapeur iraJ1
çais Sybil est actuellement ancré à enîrop
150 milles au large de ce port, ayant à .bor"
dix-neuf matelots souffrant de la fiève jaUOe,
., Conflit au Reichstag
Berlin, 14 octobre. — Le conseil d'Efflp'fi
a repoussé par 37 voix contre 31 le projet »
loi scolaire.
Le projet était soutenu par les nationale
tes, le parti du centre et les populistes W
varois.
On ne suppose pas que cet incident afr
pour le moment des conséquences plus gra,
ves. On admet généralement que le gouve:,
nément décidera, conformément à la Coo.
titution, de renvoyer son projet sans modl'
fications au Reichstag.
Toutefois, la situation parlementaire
l'égard du projet de loi scolaire se trqtJ\,¡
aggravée par suite de la décision du corise,
d'Empire et il n'est pas absolument certa1
Que le Parlement soit, dans sa prochaine ®eS^
sion, en état de liquider cette question.
Mort du prince de Reuss
Berlin, 14 octobre. — Le prince de ReU' J
frère de la femme de l'ex-kaiser, la pr1^
cesse Hermine, vient de succomber à W
pneumonie, à Gretz, à l'âge de 59 ans.
Un vol » important de lettres recommandée
Le Caire (via Londres ) , 14 octobre. — 011
Le Caire (via Londres), '4 octobre. - r
s'est aperçu hier que vingt sacs de courra
débarqués à Alexandiie par le paquebot frao,
çais Champçllion avaient été ouverts pendaJ;
le voyage d'Europe. Un grand nombre
lettres recommandées ont été volées.
Assassinat du nouveau ministre d'Albanie
à Prague j
Prague, 14 octobre. — Le nouveau minis^
d'Albanie à Prague, Cena Beg, a été ass^
siné aujourd'hui, 14 octobre, à 21 h. 45, d~
le vestiaire du bar « Passago ». L'assas^
Gibiadh Rebi, jeune étudiant albanais (f
18' ans, a tiré sur lui trois coups de revolvC'
Jusqu'à présent, les détails manquent. C^.
Beg est mort pendant qu'on le transportait
l'hôpital.
[Cena Beg, qui était iîgé ée 3a ans, est flé
Djakov. Il appartient à une des plus nobles famil'V,
d'Albanie. Son père a été, en son temps, un des fi 1]
les du sultan Aldul Ilamid. Néanmoins, c'était
des bons patriotes albanais et lorsqu'en 1912 le s'ulle
n'a pas voulu satisfaire aux revendications albanai*^,
il s'était mis à la tête du mouvement albanais.]
A
FEUILLETON DE « COMŒDIA »» — 70 —
LA TOUR DE NESLE
, par HENRY DEMESSE
LXXII
MENACES
(Suite)
- Dis toute ta pensée?. répliqua Mar-
guerite, souriante. car elle devinait le sens,
très menaçant, des paroles de son interlo-
cuteur.'
- Est-ce lui qui' vous a demandé de vous
trouver, chez moi, avec lui. ce soir, après le
couvre-feu ?
— C'est lui.
- Il a besoin de vous parler ?
- J'ai accepté de me rencontrer avec lui,
chez toi, pour des raisons particulières.
- Je comprends. Et je répète qu'il est
bien impruient. car, chez moi.
- Chez toi ?.
- Il peut. ,
- Achève donc ?
- Il peut courir de grands risques 1
— Quels ?
— Ne vous suis-je pas tout dévoué?.
- Eh ! bien ?
— Qui m'empêchera d'apposter, dans ma
maison quelques hommes bien décidés.
— Après ?
— A un moment donné, ces hommes pour-
ront surgir.. tout à coup. devant lui.
-- Ap.rèsi -
— De telle sorte que s'il vous gêne. et
s'il a pu sortir indemne de la Tour de Nesle
— ce dont je doute encore, malgré votre
parole royale — il serait possible qu'il ne
sortît pas vivant, de mon logis 1. Qu'en
dites-vous ?
— Je dis que tu as raison et tort, tout à
la fois.
— Je ne comprends pas.
— Si cet homme m'a appelée chez toi. sa-
chant qu'il y peut être attaqué et abattu —
car il est aussi énergique et hardi que clair-
voyant et plein de prudence — tu dois bien
deviner qu'il se croit armé, suffisamment,
contre moi, pour que je ne puisse attenter
à sa vie. -
— C'est vrai!. Cet homme aurait barre
sur Votre Majesté?. Il serait donc bien
puissant!.
Et Orsini, en son for, se rappela les propos
de Landry, relatifs à ce capitaine, qui était
ou pouvait être. plus puissant que la ré-
gente elle-même.
— Ne t'abuse pas. répliqua la reine avec
hauteur.. Aucun être, au monde, excepté le
roi. ne peut avoir barre sur moi!.
— Pourtant.
— Un moment, je peux être obligée de
ruser. mais c'est pour mieux abattre!.
Cet homme ne m'échappera pas. Du moins,
je veux choisir l'instant où je le frapperai !.
Jusqu'à présent, personne ne m'a bravé, im-
punémeat. tu le sais. et, même, bien avant
r
que je fusse reine et toute-puissante!. Quand
l'heure de cet homme aura sonné. je ferai
un signe. un seul — et il aura vécu!.
Et, impérieusement, Marguerite dit :
— Assez de paroles!. Reçois mes ordres!.
J'entends qu'ils soient exécutés, cette fois!.
Ce soir, un peu avant le couvre-feu, tu
m'attendras, dans ta barque, sous le Louvre,
à la porte de l'eau. Tu me conduiras, en
longeant la grève, à l'endroit le plus proche
de ton logis. Tu te seras muni d'un falot
et tu m'escorteras. Ton logis sera clos, her-
métiquement. Dans une pièce secrète, tu
tiendras, cachés, six hommes résolus. bien
armés. Je resterai,- seule, dans la grande
salle de la taverne. Moi-même, j'ouvrirai
la porte au capitaine.
— Viendra-t-il seul ?
— Je n'ouvrirai la porte qu'à lui seul !.
Alors, je causerai avec lui. Personne. tu
entends?., je dis: Personne, ne pourra en-
tendre notre conversation. Peut-être rou-
vrirai-je la porte au capitaine et peut-être
sortira-t-il libre ?. J'apprécierai. Autre-
ment, je donnerai un coup de ce sifflet d'ar-
gent que je porte sur moi quand je vais à la
Tour de Nesle, et qui me sert à t'appeler.
Si tu entends les vibrations de ce sifflet,
tu accourras, immédiatement, avec tes hom-
mes. Or, vous seriez bien lâches si, à vous
sept, vous ne veniez pas à bout de ce capi-
taine, si brave, et si robuste qu'il soit !.
- Nous viendrons à bout de lui !
- J'y compte!
- Tu m'as comprise?. Ou bien je lais-
serai sortir le capitaine. ou bien, à mon
appel, tes hommes et toi, vous accourrez.
- J'ai compris.
— C'est bien.
Orsini s'inclina, respectueusement, devant
la reine, et se dirigea vers la porte de la
chambre. ",
Il-sortit. ;
- Oh !. pensa-t-il. - Mes * pressentiments
ne se justifient que trop!. L'aventure de la
nuit dernière nous sera fatale!. Notre fin
est proche !.
- Allons. se dit la reine, d'autre part.
mes mesures sont prises, et bien prises !.
Pour peu que le sort m'aide, je gagnerai la
partie !.
LXXIII
MONSEIGNEUR CHARLES DE VALOIS
.Cependant, Charlotte reparut dans la
chambre de la reine.
— Madame. dit-el]e. monseigneur Char-
les de Valois demande à voir Votre Majesté.
Marguerite eut un mouvement de mauvaise
humeur. -
— Lui!. fit-elle. Que me veut-il?. Il
m'ennuie!. Il semble porter, sur ses épaules,
tout le faideau de l'Etat, depuis que mon
beau-père, le roi Philippe, le Quatrième, a
rendu son âme à Dieu !. C'est lui qui règne
sous notre nom, depuis que mon époux, Louis,
a ceint la couronne royale!. N'as-tu pas
dit que je suis lasse. que je me repose.
que j'ai déclaré, formellement, que je ne
recevrais personne ? 1
- J'ai dit cela, madame. Mais monsei-
gneur Charles de Valois a insisté pour voir
la régente. Il s'agit, paraît-il, d'affaires
d'importance.
- Mon t époux revient demain. Son oncle
ne pouvait-il attendre que le roi fût là pour
parler, avec lui, dé ces affaires d'importance?
- Monseigneur Charles de Valois a ajouté
que ces affaires dont il veut entretenir Votre
Majesté doivent être traitées d'urgence.
— Que ennui!. Il va me parler de ques-
tions très graves, et, ce, pendant des heu-
res !. Je n'ai pas - la tête à m'occuper de
pareilles questions^aujourd'hui !.
Marguerite soupira.
— Je ne peux pas ne pas le recevoir!.
reprit-elle, après un moment de silence. Il
faut que je. le subisse!. Ah !. quel ennui !.
Quel ennui!. Allons, fais entrer monsei-
gneur Charles de Valois.
La servante salua et s'éloigna.
Un instant après, elle reparut, précédant
monseigneur de Valois, petit-fils du saint roi
Louis IX. fils du roi Philippe, le Troi-
sième, surnommé le Hardi. frère du roi
Philippe, le Quatrième, surnommé le Bel, et
oncle du roi régnant, Louis, le Dixième, sur-
nommé le Hutin, époux de très noble, très
haute et très puissante dame Marguerite de
Bourgogne.
C'était le premier personnage de France,
à cette époque. ;
Un très haut personnage, certes.
De par son père, Philippe, le Troisième, il
avait les quatre chatellenies de Çrépy, de la
Ferté-Milon, de Pierrefonds et de Bethizy
Verberie, réunies, en un corps, sous le nom
de comté de Valois.
De par son premier mariage .avec Mar-
guerite, fille de Charles II, roi de Naples,
il avait les comtés d'Anjou et du Maine.
De par son frère, Philippe, le Quatrième,
il avait les comtés d'Alençon et du Perche
— et son comté d'Anjou avait été érigé en
Pairie.
De par le pape, Boniface VIII, il était
comte de Romagne. seigneur d'Ancône —
et il portait le titre de vicaire et défenseur
de l'Eglise.
Charles de Valois était magnifiquement
vêtu d'un costume en. velours bleu chargé
de fines broderies d'or, et agrafé par des
boutons ciselés enchâssant des turquoises.
Sa lourde épée, à garde d'or ciselée, était
suspendue-à sa taille svelte, cambrée. par
une lourde chaîne, d'or également.
Il ressemblait beaucoup au roi défu^
Philippe, le Quatrième. son frère.
Même traits.. 1.
Mais non même expression. f
Jadis, quand le roi, et le prince, étaieO/
côte à côté. celui-ci vêtu avec une grapdl
richesse, couvert d'armes précieuses et dl
richissimes joyaux. celui-là habillé avec U et
grande simplicité, personne, pourtant, D'~
hésité à reconnaître, en Philippe, le rOI"-
le maître. le chef. J
La très haute intelligence de Phil!P.P
auréolait son front de penseur. faisait étJP
celer son regard profond. e
Toute sa personne semblait comme parie
par les grandes idées que portait, en soi.
monarque puissant. -
Charles de Valois avait l'air d'un sol^J |
valeureux, plein de courage et d'audace;
était brave, bien fait; il avait l'aspect C'.
gnifique; mais le hasard de la naissait J
seul, l'avait fait plus grand que les h~'
seigneurs féodaux, comme lui braves et beee
«oldats autant qu'hommes médiocre::.
LXXIV
ONCLE ET NIÈCE 4
.Le prince n'aimait guère sa nièce, Mdee,!
guerite de Bourgogne. parce qu'il avait de.
viné, en elle, une nature indépendante, hbf
fière. tJ'
Ce médiocre n'aimait que ceux qui ne pOLIr
vaient pas briller, en sa présence, par Ie
intelligence.
Or, Marguerite, très fine, très spirituel
s'amusait, souvent, au détriment du
Et puis, elle gênait, encore, Charles j
Valois, en ce sens qu'elle exerçait, q~~
elle le voulait, une action, très réelle, Vi'
l'esprit de son mari, le roi, Louis, le
xième. '4 sutvff''
xième. .4 ; j, »
- 28 ANNEE. — N° 637.
SAMEDI 15 OCTORRR 1927.
Comœdia=J ournal
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Adresser toute la correspondance sans exception
& M. le Directeur de « Comœdla »
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Adresse télégraphique: COMŒDIA 09 PARIS .¡.
Chèque postal : 826-72 Paria t
Le général Husak
La mémoire de Berthelot-
honorée Tchécoslovaquie
Notre correspondant de Prague nous ap-
prend que le ministre de l'Instruction pu-
blique et de la Culture nationale, M. le doc-
teur Milan Hodza, a envoyé ces jours-ci une
circulaire à l'enseignement primaire, secon-
daire et supérieur, ainsi qu'à l'enseignement
technique, où il invite les processeurs à faire
entre les 16-23 octobre un cours consacré a
l'importance mondiale des travaux du grand
savant français Berthelot. La France intel-
lectuelle ne restera pas certainement indif-
férente à cette nouvelle preuve de senti-
ments amicaux vis-à-vis de sa culture de la
part de l'éminent homme d'Etat, M. Hodza,
qui, comme nous l'avons déjà annonce,
viendra représenter, son gouvernement aux
fêtes du centenaire de Berthelot, en même
temps que le général Husak.
Après s'être distingué pendant la guerre
dans les rangs de la légion tchécoslovaque
de Russie, puis dans la brigade tchécoslova-
que rapatriée de Russie en France, le géné-
ral Husak fut nommé en IQI8 chef de la
maison militaire du président Saryk.
Les Chambres rentreront
le 3 novembre
M. Poincari sera entendu
par la Commission des Finances
Les ministres se sont réunis hier matin en
conseil, à l'Elysée, sous la présidence de M.
Gaston Doumergue.
Le gouvernement a fixé au jeudi 3 novem-
bre la da-te de la rentrée des Chambres.
Le Conseil, on s'en souvient, avait à choi-
sir entre trois dates pour -la rentrée des
Chambres, le 18 octobre, le 2Ç ou le 3 no-
vembre.
La date du 18 a été écartée, le temps ma-
tériel faisant défaut aux députés pour étudier
les rapports spéciaux de la commission des
finances et la balance budgétaire n'ayant pu
être communiquée à temps.
On aurait pu, à la rigueur, convoquer les
Chambres pour le 25 octobre, mais le gou-
vernement a pensé qu'en raison du Congrès
radical, qui doit se tenir à Paris les 27, 28,
29 et 30 de ce mois, il y aurait trop de vides
sur les bancs de la Chambre, et il a reporté
la rentrée au 3 novembre.
Le Parlement disposera donc de deux mois
pour la discussion du budget.
D'autre part, M. Poincaré a demandé à
être entendu par la commission des finances
au sujet de quelque dispositions qui entraî-
neront une diminution d'environ 300 millions
sur les recettes du budget. L'audition du pré-
sident du Conseil aura lieu mardi.
Voici trente ans
que le Français Ader.
Il est assez curieux de rappeler, au mo-
ment des vols de Miss Elder et de Costes
et Le Brix, qu'hier était le trentième anniver-
saire du premier grand envol de Clément
Ader.
C'est en effet le 14 octobre 1897 que l'ingé-
nieur français, devant un public de techni-
ciens, expérimentait à Satory, pour la troi-
sième fois son « Avion », machine volante
mue par la vapeur. Le 9 octobre 1890, Clé-
ment Ader, à Gretz-Armanvilliers, avait
réussi ses premiers bonds; le 12 octobre 1897,
il réussit également à décoller sur quelques
mètres; !e*i4 octobre, enfin, le grand précur-
seur volait sur une distance de 300 mètres,
ouvrant ainsi la voie aux expériences que
Santos-Dumont ne devait tenter qu'en 1905
et 1906.
f Revue de la Presse
M. Mussolini et les Italiens.
M. Georges Martin a commencé .dans le
'Petit Journal une enquête sur « L'Italie
après finq ans de fascisme ». Voici, telle que
notre confrère l'avoue, l'influence du Duce
sur ses compatriotes :
On voit M. Mussolini sur tous les murs, à pied,
à cheval, en général, en IIffiiral, en civil. Les
journaux, qui se livrent entre eux un combat d'affi-
ches d'autant plus âpre qu'ils ont tous à peu près
, le même* contenu, n'ont guère imaginé d'autres
motifs de puDicité que la figure de M. Mussolini
encore et toujours. Telle feuille agricole représente,
sur ses. placards, M. Mussolini dans Un champ de
blé. Telle revue mondaine nous le montre aux
courses. «Tel organe d'informations 'noue le fait toir
aux côiés du roi ou dans son cabinet. Autant
de portraits sur les murailles. Il y en a d'autres,'
et de plus officiels.
M. Mussolini est au-dessus du poste des miliciens,
de la bibliothèque de la gare, du débit où l'on
vend sale et tabacchi :. le gel et les tabacs de* la
régie italienne. Il sert d'enseigne au syndicat des
cheminots fascistes. Partout où il existait un pan
de muraille libre, des propagandistes 1 ont utilisé
pour peindre en noir, au pochoir, une effigie' sim-
plifiée de M. Mussolini, avec des yeux bUincs et
des rréplate décharnés, que l'on confond, de loin,
avec les têtes fort analogues — des têtes de mort,
j'en demande pardon à Son Excellence. — peintes,
de la même façon, sur les poteaux télégraphiques
et accompagnées de l'inscription : « Chi locca i
fili, muore. Qui touche Irs fils meurt »
J'jji, plus. tard, constaté que, dans les villes,
il est, de même, en tous lieux : au café, chez
l'épicier et surtout chez le libraire où le Duce
figure sur la couverture de cent livres et brochures
différents, dans-toutes les revues et sous forme
d'albvims entiers de cartes postales et de photo-
graphies. Il existe naturellement en bustes,.statuettes
et presse-papier de toutes sortes. J'ajoute que son
masque cet plus ou moins collé siir, le visage de
tous -les Italiens rrâles qui se sont fait raser la
moustache, attendu, que. M. Mussolini est 'glabre.
La Grèce, la France et 1 Allèmagnè.
M. Jean Botrot étudie,.pour les lecteurs du
Journal. les diverses' influences étrangères
qui se rencontrent depùis toujours chez nos
grands amis hellènes
On. m'objectera que la propagande française a pu
cire cffutre-balancée par certaines campagnes qui
pussent été susceptibles de diminuer notre crédit.
Constantin, roi des Hellènes, — je m'excuse d'incri-
minpr ce mort, une fois de plus — ji'a-t-ii- pas été
le meilleur agent de publicité des Hohenzollern et de
leur; partisans ? Il faut dire les choses comme elles
sont. Mais il faut également constater que le pres-
tige de l'Allemagne a désormais beaucoup diminué
aux yeux des Grecs.
Uiie querelle toute récente a porté un coup mor-
tel à ce redoutable et dangereux prestige : je veux
parler de l'affaire du Salamis. L'Allemagne, qui a
perdu le dfoit, aux termes du traité de Versailles,
de fabriquer çt d'exporter du matériel de guerre,
prélenc:" aujourd'hui livrer à la" Grèce le croiseur-
cuirassé •Salamis, commandé bien avant- le. conflit
européen par le gouvernement de Constantin, ta Ré-
publique grecque a déjà protesté auprès de la Confé-
rence des ambassadeurs, de la Commission des ré-
parations et -de la Société des Nations. Encore qùe
l'affaire rl'emeiîre sur le si a lu quo, elle n'a pas servi
les intérêts de la- «. Deutsche Republik » auprès de
l'opinion athénienne.
iVntoz bien que la Grèce n'entend nullement se
poser en adversaire de l'Allemagne. Bien qu'aucune
raison ethnographique, morale, artistique 011 litté-
raire ne la prédispose à chérir le peuple favori de
Constantin, elle n'oublie pars qu'une loyale et re'rme
entente entre toutes les nations est la formule éco-
nomique de l'avenir. Mais elle comprend aujourd'hui
qu'elle ne saurait avoir d'appui plus précieux et plus
désintéressé que celui de la France.
Dans Reims reconstruite.
• De M. Louis Forest, dans Le Matin :
Le poète Hugues Lapaire a écrit jadis une poésie it
haute émotion. Un paysan contemple sa récolte pro-
chaine : elle est admirable ; mais un nuage accourt.
La grêle passe et fauche. En quelques instants, la
moisson est perdue. La famille du paysan gémit ;
mais lui se redresse tout à COUD et crie : « J' recoin.
mencerons 1 Il
Je viens de visiter de nouveau la ville de Reims.
Elle s'efforce de renaître. Sa population et ses chefs
luttent avec acharnement pour la ranimer. Peu à
peu, leurs effbrts réussissent. La noble cité se ré-
Veille. Là dussi, des hommes se sont dressés sut
les ruines pour s'écrier : « Nous recommencerons 1 »
J'ai parcouru aussi les villes de la Champagne.
Tout y rappelle, avec l'horreur de la guerre, la
gaieté franche du vin. Mais la récolte a été désas-
treuse. C'est la troisième année que la vigne ne
donne pas. Les vignerons sont tout attristés. Que de
travaux, que de soins perdus 1 Mais tous vous ré-
pondent, d'un air farouche : On recommencera ! »
Il n'y a pas de plus beau spectacle au monde
que cetui de l'homme qui se sent faiblir devant le
malheur, mais qui, le coup reçu, se secoue, se re-
biffe et crie au destin : « On recommencera 1 »
L'impôt sur la dépense.
M. J.-L. Faure, dans l'Echo de Paris,
préconise « l'impôt sur la dépense », source,
selon lui, de nombreux revenus :
Oui, je le répète, que serait-ce si, chaque mois,
les impôts nous apportaient peut-être deux milliards
d'excédents ? — car l'impôt sur la dépense — le
sou du franc — nous les donnerait, plus d'un
milliard certainement même après suppression de
l'impôt sur le revenu, de cet impôt sur le travail,
unique par--son essence, a.bsurde par son applica-
tion .,. 'bien que le m.inistre des Finances ait eu
le bon sens et le courage de diminuer d'une façon
sérieuse les taux spoliateurs et démoralisants votés
jadis par un Parlerrent en délire.
Je ne répéterai pas ici les calculs bien simples
donnés par la comparaison avec l'impôt actuel sur
le chiffre d'affaires qui, à ■2e%, fournit actuellement
de sept à huit milliards. Le sou du franc, appliqué
aux mêmes transactions commerciales, en donnerait
plus du double, environ dix-huit milliards, auxquels
il faudrait ajouter les chiffres énormes donnés pa*
les transactions agricoles — ce qui nous conduirait
à vingt-ciifq ou trente milliards, peut-être davan-
tage 1
Cà £t là
x Les bureaux de la légion américaine ont été
transférés à l'hôtel Grillon, où M. Philip B. Stapp,
directeur des fonds de secours national de la légion,
du quartier général à Indianapolis, en assure la di-
rection.
M. Stapp annonce que les bureaux de l'Ameri-
can Lésion à Paris seront définitivement fermés le
3i octobre et prie les personnes ayant des affaires
à traiter avec elle de. bien vouloir s'arranger de fa-
çon à les'avoir terminées à cette date. Le service
des postes de la légion américaine a retourné aux
expéditeurs toutes les lettres non réclamées. Le
courrier arrivant entre le i5 et le 3o octobre sera
cinq jours avant d'être retourné.
Les bureaux ce la légion américaine à l'hôtel
Crillon tont au rez-de-chaussée, entrée rue Boissy-
d'Anglas, M. Stapp étant dans la pièce numéro 3a ;
M. Edwin W. Thorn, - directeur du bureau de Paris
de la légion américaine pendant les treize mois pas-
sés, dans la pièce numéro 3r : M. Leland' Dann,
caissier, numéro 3o, et MM. Estieu, Lonz Clements
et Mac Afee. du service des hôtels, numéro 34.
Costes et Le Brix survolent
l'Atlantique du Sud
Partis hier matin de Saint-Louis, à 6 h. 23,
ils ont passé Dakar et piquent vers Natal
Depuis hier matin, 6 h. 23 (soit 5 h. 23 du
méridien de Paris), Costes et Le Brix ont
à deux tenté la grande aventure. Un télé-
gramme de Saint-Louis nous annonce, en
effet, leur parfait décollage; une dépêche
de Dakar signale que le Nltngcsser-C oli a
survolé la ville à 7 h. 32, à une altitude de
1.500 mètres. C'est donc à une vitesse moyen-
ne de 180 kilomètres à l'heure que les deux
hardis pilotes ont accompli ce premier par-
cours terrestre de 205 kilomètres. Ces quel-
ques bases font bien augurer du @ bond mari-
time de 3.000 kilomètres qui sépare Saint-
Louis de Natal par Dakar, le Cap-Vert, l'île
Saint-Paul, l'île Fernando-Norohna et le
cap San-Roque, situé au nord de Natal. L'on
sait, en effet, que de Pinedo fut extrêmement
gêné par la mauvaise carburation dont est
cause cette région surchauffée de l'air et
qu'il faut imputer, d'autre paît, la dispari-
tion de Mouneyrès, Saint-Roman et Petit tu
même phénomène. Cette belle vitesse corn.
merciale obtenue sur les kilomètres primor-
diaux et la grande hauteur qu'avait pu pren-
dre le Bréguet-Hispano permettent donc tous
les espoirs.
Si aucun incident ne vient troubler la
marche normale de l'appareil, Costes et Le
Brix, sans avoir eu besoin de faire escale
comme Pinedo à Botonia, Cap-Vert, Fer-
nando-de-Noronha, ont dû atterrir, cette der-
nière nuit, sur le camp. extrêmement facile
de Natal où tout, d'ailleurs, "a été préparé
pour les recevoir. 7
Il n'est point besoin, sans doute, de sou.
ligner l'immense portée de ce raid. La route
aérienne déjà existante des pays latins —
Roumanie-Grèce-Italie-France-Espagne — se
trouverait donc prolongée jusqu'à l'Amérique
du Sud, sœur, par la civilisation et par les
goûts des pays méditerranéens. Enmême
temps que les échanges rapides, s,è créerait
également un marché commercial d'une
extrême importance. Il est à souhaiter que
Costes et Le Brix démontrent la facilité du
parcours et posent les bases de cette liaison.
COMMENT MISS ELDER FUT SAUVEE
Les télégrammes détaillés commencent à
nous parvenir. Voiri quelques précisions sur
l' « heureuse » traversée de Y American GirL;
Depuis mercredi, 19 heures, jusqu'au len-
demain 10 h. 30, Miss Ruth'Elder et Georg
Haldeman eurent à lutter contre la tempête.
Lorsque l'orage fut passé, les aviateurs
s'aperçurent à la fois que l'avion avait dérive
largement au sud de la route prévue et que
le tuyau d'arrivée d'essence était crevé. Crai-
gnant que le moteur ne se grippe, ils durent
voler cinq heures encore avant d'apercevoir
le Barendrecht, qui se trouvait à ce moment
à 350 milles des Açores et non près de la
Hollande, comme un télégramme erroné
l'avait annoncé tout d'abord. L'American
Girl amerrit avec succès le long du steamer.
Le sauvetage fut chose aisée. Seul l'appareil,
par la faute de son tuyau d'essence, prit feu
lorsqu'on voulut le hisser à bord.
Le point d'amérissage se trouvant à envi-
ron 800 kilomètres à l'ouest du cap Finisterie
(Espagne), on calcule qce la distance par
courue est d'environ 4.800 kilomètres, ce qui
constitue évidemment le plus long vol ac-
compli jusqu'ici au-dessus de la mer.
On annonce également' que les deux resca-
pés seront débarqués aux îles Açores et qu'un
hydravion allemand piloté par Loose a quitté
Lisbonne pour les Açores. Miss Ruth Elder
ayant décidé de venir à Paris par'n'importe
quel. moyen, il est probable que Loose ramè-
nera les deux Américains jusqu'en Europe.
Challe arrive à Bassorah
La direction générale de l'Aéronautique
nous communique le télégramme suivant :
--«, Bassorah, 14 octobre. — Capitaine
Challe arrivé Bassorah 17 heures. »
Les cambrio 6iirs de M. Jean Nougiès
Le 27 novembre 1926, vers neuf heures et
demie du matin, trois cambrioleurs péné-
traient par surprise dans l'appartement de
M. Jean Nouguès, compositeur de musique,
1, rue Bonaparte. Ils ligotèrent, sous la
menace du revolver, le valet de chambre et
le chauffeur, puis pénétrèrent dans la cham-
bre où M. Nouguès reposait et, revolver au
poing, le contraignirent à leur remettre qua-
tre mille francs. Puis, les trois malfaiteurs
prirent la fuite.
Arrêtés peu après, Adrien-Marcel Nioclas,
originaire de Belgique, se disant artiste de
cinéma, demeurant à Paris, en hôtel, rue
Saint-Martin; Jûles Peltier, garçon de res-
taurant, sans domicile, et un certain Valette
furent condamnés, le 10 février 1927, par le
tribunal- coriectionnel, les deux premiers à
cinq ans de prison et dix ans d'interdiction
de séjour ; Valette, à deux ans de prison.
Seuls, Nicolas' et Peltier ont fait appel
de ce jugement devant la Chambre des ap-
pels correctionnels et ils ont demandé à
comparaître devant les assises, en soutenant
l'incompétence du tribunal correctionnel.
Par arrêt du 16 juillet dernier, la Cour d'ap-
pel s'est déclarée incompétente et a fait droit
à leur requête.
A l'audience des assises, hier, Nicolas et
Peltier ont rejeté l'un sur l'autre les res-
ponsabilités de leur expédition.
Après une assez longue délibération, les
jurés sont revenus avec un verdict affirma-
tif. La Cour d'assises a donc copdamné
Adrien-Marcel Nicolas et Jules Peltier à
huit ans de travaux forcés. Nicolas obtient
en/outre dix ans d'interdiction de séjour, et
Peltier, dont le casier judiciaire est assez
encombré, remporta la relégation.
Les deux cambrioleurs sont également,
conjointe'nent, condamnés à rembourser les
3.800 francs volés à M. Jean Nouguès et à
un franc de dommages-intérêts.
i ; - Gaston Jollivet est mort
Gaston Jollivet vient de mourir à l'âge de
quatre-vingt-cinq ans. Il était une des der-
mères figures de ce journalisme aimable et
frondeur, qui eut sa belle époque sous le
second. Empire.
Etudiant en droit, puis jeune avocat, il
collaborait au Nain jaune et au Triboulet.
C'est vers i8So qu'il entra au Gaulois, où
lurent remarqués ses gazettes rimées. Tantôt
sous son nom, tantôt sous' le pseudonyme bal-
Gaston Jollivet
à 40 ans
(Photo Henri Manuel)
zacjen de Bixiou, n
écrivit à la Presse, à
l'Ordre, à V Eclair,
à VEcho de Paris,
au Figaro enfin, dont
il était l'un des plus
anciens collabora-
teurs.
M. Gaston Jollivet
publia, en 1884, des
portraits rimés, Nos
petits grands hom-
mes ; il écrivit, avec
Albert Millaud, une
remédie en vers,
jouée au Vaudeville,
Perdus, et avec Paul
Ferrier, une revue a
grand succès, La
Briguedondaine. Il a
consacré, en outre,
une étude au Colo-
nel Driant.
Tour dernièrement,. Gaston Jollivet avait
donné un intéressant volume de souvenus,
préfacé par M. Paul Bourget. Le vieux chro-
niqueur. y évoquait, en un style alerte, et
avec le plus vivant esprit, la société pari-
sienne de, 1860 à, 1870, - les comédiens, les
journalistes, les « boulevardiers » du Café
Anglais et de la Maison Dorée.
Les obsèques de M. Gaston Jollivet au-
ront lieu lundi, à 9 h. 45, à Saint-Augustin.
M. BERTHELOT A PRAGUE
Le 9 octobre dernier est arrivé à Prague, à 17 h. 30, M. Philippe Berthelot, am-
bassadeur, secrétaire général du ministère des A flaires étrangères français, accompagné
de M. Osuski, ministre de Tchécoslovaquie à Paris, ainsi, que de Mme Berthelot. ,".
Notre cliché représente, au premier plan, de gauche à droite : M. Benès, Mme et
M. Berthelof..
Le mari meurtrier
aux assises
Vermandé fait difficilement
le récit de son crime
Hier s'est déroulée, à Nancy, la première
audience de l'affaire Vermandé qui, ainsi
que nous le racontâmes hier, étrangla puis
brûla sa femme en mars dernier.
Grand, pâle, assez insignifiant pour mé-
riter cette réputation de « Don Juan » dont
on le gratifie volontiers, Jean Vermandé
entendit tout d'abord évoquer par le prési-
dent Baudot d'anciennes et lamentables
amours. On en vint à la pauvre femme.
—Que lui reprochiez-vous ? Allons I expliquez-
vous !
— Elle négligeait le linge et avait mauvais carac-
tère.
— Avouez qu'il y avait de quoi ; vous la trom-
piez à chaque instant.
— Mais, Vermand'é, vous avez fait pire que cela.
Vous racontiez que votre femme était infidèle. Eh
bien ! c'est faux 1 Vous l'avez calomniée lâchement.
C'est faux • et j espère que voue en éprouvez du
remords. „
Un beau jour, Vermandé raconta à sa
belle-stçur qu'« Angèle était partie empor-
tant tout l'argent de la semaine ». La fa-
mille de: la morte devait rester sans nou-
velles, Pendant ce temps, Vermandé télé-
]rïï
tune« Il partit avec sa maîtresse.
Le président devait bientôt revenir au
crime ¡." -
';.:::.., Q»e s'est-il passé, Vermandé, dilet'-Ie nous 1
Comment l'avez-vous tuée, cette malheureuse ?
Z.~ — J'étais dans l'atelier. Elle est venue et m'a re-
proché mes relations avec Mme Windeck. Darie ma
colère, je l'ai serrée à la gorge.
- Longtemps ?
- Ah 1 ça, je ne sais pas. Je ne me souviens
pas.
— Et alors, continue le préîicent, vous avez cons-
taté que le cœur ne battait plus. Vous ave* soulevé
le cadavre. Vous l'avez hissé sur vos épaules et, le
transportant jusqu'au calorifère, vous t'avez jeté
dans le foyer, et ensuite ?
L'accusé ne répondit pas et l'accusation
dut seule établir les circonstances postérieu-
res au crime. Vermandé niant que la chau-
dière soit assez grande pour contenir un
corps, la Cour se transporta l'après-midi
sur les lieux et ne trouva aucun obstacle apte
à empêcher l'enfournement d'un cadavre.
La jeune princesse Iléana de Roumanie
(Photo Wide World)
.JJ.
La princesse Ileana
a-t-elle été enlevée!
Londres, 14 octobre. — On mande de V ieil.
ne aux journaux que la princesse Ileana, la
plus jeune fille du feu roi Ferdinand et de
la reine Marie de Roumanie, serait partie
avec un ieune officier de marine, ancien
aide de camp de son père.
La princesse est âgée de 18 ans. On peUl
croire qu'il s'agirait du dénouement brusq^6
d'un roman d'amour contrarié jusqu'ici pac
l'étiquette. La jeune princesse se trouvait cf
core, il y a huit jours, aux côtés de la reine
Marie, sa mère, et de la princesse Hèlent
mère du petit roi Michel, pour recevoir ail
château de Sinaïa les journalistes étrangerS
du Congrès de la presse latine.
Rien ne pouvait laisser supposer cette brus'
que fugue. Il est vrai que 1 on peut très biell
apprendre dans la journée que toute cette
charmante aventure ne repose sur aucune it!'
formation sérieuse. C'est la Westminster Cl
zette qui annonça la première la nouvelle.
--"'i
La température
Temps nuageux, brumeux et frais, quelques pluitS'
Vent faible Nord-Nord-Est.
FAITS - DIVERS
On arrête la « perle » de Dranem
Dranem et Mme Suzette Q' Nill avaient
engagé en mai dernier une jeune femme de
chambre, Henriette Humbett. Les deux ar-
tistes, sur la foi d'excellents certificats et
les satisfactions qu'elle leur donnait, placè-
rent bientôt toute leur confiance en la- nàu-
velle femme de chambre. «
Hélas !. Henriette Humbert s'appelait aussi
« Yeyette ». Durant l'absence de Dranem,
parti se reposer sur la Côte d'Azur, Yeyette
fit des siennes. Dranem retrouva son appar-
tement du 112, boulevard de Courcelles, à
demi cambriolé. Plusieurs de ses complets
avaient été vendus, des objets d'une grande
valeur manquaient.
Henriette Humbert. dite Y'evette. est au
Dépôt. ,
Dépôt. On perquisitionne à Nice
Au cours de la perquisition effectuée dans
les bureaux de La France de?-Nice et du
Sud-Est, organe officiel dès-antifascistes
dans le sud-est, la police a mis la main sur
une quantité innombrable de tracts, de pa-
piers et de documents. Deux camions turent
nécessaires pour transporter les pièces sair
si es.. -, -.
Pour provocation de militaires
à la désobéissance
M. Délaie, juge d'instruction, a inculpé
de provocation de militaires à la désobéis-
sance dans un but de propagande anarchiste
MM. François Gay, gérant de l'organe offi-
ciel des Soviets en France; Henri Fourcade,
gérant d'une feuille communiste, et Paul
Celton, gérant d'une publication extrémiste.
en juillet, août et septembre.
Une lampe à essence fait des victimes
Lille, 14 octobre. -. Par suite d'une mala-
dresse, M. Yvon Dhaussy, 27 ans, a été griè-
vement brûlé par l'explosion d'une lampe a
essence. Sa femme et son frère, affolés, sau-
tèrent par la fenêtre et vinrent s'écraser sur
le sol. L'état des trois malheureux est très
grave. ., ~l,
On perquisitionne à Lille
dans les milieux, communistes J
Lille, 14 octobre. — De nouvelles perqui-
sitions ont été opérées dans les milieux
communistes. Sur commission rogatoire éma-
nant du parquet de Lille M. Fairise s'est
rendu dans les locaux d'une imprimerie ou-
vrière où furent saisis plus de 2.000 èxem-
plaires d'un journal antimilitariste s'adres-
sant aux conscrits portant déjà les adresses
de personnes habitant dans la région de
Lille, Roubaix et Tourcoing. Des perquisi-
tions non moins fructueuses ont été opérées
par MM. Sales, commissaire aux délégations
judiciaires, et Piocentini, officier de paix,
dans les bureaux de la Bourse unitaire et
dans une autre imprimerie.
Un dompteur blessé par une lionne
Bordeaux, 14 octobre. — Au cours d'une
répétition dans une ménagerie installée sut
l'esplanade des Quinconces, le dompteur An-
dré Francesco a été blessé assez grièvement
à; la-tête par une lionne. Son père, M. Max
Francesco, est parvenu, à coups de barre de
fer,, à faire reculer le,fauve. Le dompteur a
été transporté à l'hôpital.
A L'ETRANGER
Chang Tso Lin est victorieux
Pékin, 14 octobre. — Les armées de Chang
Tso Lin continuent leur mouvement d'ef
cerclement des troupes du Chansi, dont
mille hommes ont été faits prisonniers pel
les soldats mandchous. D'ailleurs, le dict3'
teur de Pékin a également subi des pertci
importantes et il a déclaré lui-même à l'ap1'
bassadeur du Japon que cinq mille* de seS
hommes étaient hors de combat. e
Il parait que ..Chang Tso Lin a rempoftl
la victoire parce qu'il a suivi les conseï''
d'experts militaires français et a adopté If
tactique de Saint-Cyr qui est d'utiliser, si ;
une grande échelle, la cavalerie et l'artille1"1
et d'effectuer avec rapidité des manœuvre'
encerclant l'ennemi.
19 cas de fièvre Jaune
à bord d'un vapeur français 0
Londres, 14 octobre. — L'agent du Lier
à-Las-Palmas télégraphie que le vapeur iraJ1
çais Sybil est actuellement ancré à enîrop
150 milles au large de ce port, ayant à .bor"
dix-neuf matelots souffrant de la fiève jaUOe,
., Conflit au Reichstag
Berlin, 14 octobre. — Le conseil d'Efflp'fi
a repoussé par 37 voix contre 31 le projet »
loi scolaire.
Le projet était soutenu par les nationale
tes, le parti du centre et les populistes W
varois.
On ne suppose pas que cet incident afr
pour le moment des conséquences plus gra,
ves. On admet généralement que le gouve:,
nément décidera, conformément à la Coo.
titution, de renvoyer son projet sans modl'
fications au Reichstag.
Toutefois, la situation parlementaire
l'égard du projet de loi scolaire se trqtJ\,¡
aggravée par suite de la décision du corise,
d'Empire et il n'est pas absolument certa1
Que le Parlement soit, dans sa prochaine ®eS^
sion, en état de liquider cette question.
Mort du prince de Reuss
Berlin, 14 octobre. — Le prince de ReU' J
frère de la femme de l'ex-kaiser, la pr1^
cesse Hermine, vient de succomber à W
pneumonie, à Gretz, à l'âge de 59 ans.
Un vol » important de lettres recommandée
Le Caire (via Londres ) , 14 octobre. — 011
Le Caire (via Londres), '4 octobre. - r
s'est aperçu hier que vingt sacs de courra
débarqués à Alexandiie par le paquebot frao,
çais Champçllion avaient été ouverts pendaJ;
le voyage d'Europe. Un grand nombre
lettres recommandées ont été volées.
Assassinat du nouveau ministre d'Albanie
à Prague j
Prague, 14 octobre. — Le nouveau minis^
d'Albanie à Prague, Cena Beg, a été ass^
siné aujourd'hui, 14 octobre, à 21 h. 45, d~
le vestiaire du bar « Passago ». L'assas^
Gibiadh Rebi, jeune étudiant albanais (f
18' ans, a tiré sur lui trois coups de revolvC'
Jusqu'à présent, les détails manquent. C^.
Beg est mort pendant qu'on le transportait
l'hôpital.
[Cena Beg, qui était iîgé ée 3a ans, est flé
Djakov. Il appartient à une des plus nobles famil'V,
d'Albanie. Son père a été, en son temps, un des fi 1]
les du sultan Aldul Ilamid. Néanmoins, c'était
des bons patriotes albanais et lorsqu'en 1912 le s'ulle
n'a pas voulu satisfaire aux revendications albanai*^,
il s'était mis à la tête du mouvement albanais.]
A
FEUILLETON DE « COMŒDIA »» — 70 —
LA TOUR DE NESLE
, par HENRY DEMESSE
LXXII
MENACES
(Suite)
- Dis toute ta pensée?. répliqua Mar-
guerite, souriante. car elle devinait le sens,
très menaçant, des paroles de son interlo-
cuteur.'
- Est-ce lui qui' vous a demandé de vous
trouver, chez moi, avec lui. ce soir, après le
couvre-feu ?
— C'est lui.
- Il a besoin de vous parler ?
- J'ai accepté de me rencontrer avec lui,
chez toi, pour des raisons particulières.
- Je comprends. Et je répète qu'il est
bien impruient. car, chez moi.
- Chez toi ?.
- Il peut. ,
- Achève donc ?
- Il peut courir de grands risques 1
— Quels ?
— Ne vous suis-je pas tout dévoué?.
- Eh ! bien ?
— Qui m'empêchera d'apposter, dans ma
maison quelques hommes bien décidés.
— Après ?
— A un moment donné, ces hommes pour-
ront surgir.. tout à coup. devant lui.
-- Ap.rèsi -
— De telle sorte que s'il vous gêne. et
s'il a pu sortir indemne de la Tour de Nesle
— ce dont je doute encore, malgré votre
parole royale — il serait possible qu'il ne
sortît pas vivant, de mon logis 1. Qu'en
dites-vous ?
— Je dis que tu as raison et tort, tout à
la fois.
— Je ne comprends pas.
— Si cet homme m'a appelée chez toi. sa-
chant qu'il y peut être attaqué et abattu —
car il est aussi énergique et hardi que clair-
voyant et plein de prudence — tu dois bien
deviner qu'il se croit armé, suffisamment,
contre moi, pour que je ne puisse attenter
à sa vie. -
— C'est vrai!. Cet homme aurait barre
sur Votre Majesté?. Il serait donc bien
puissant!.
Et Orsini, en son for, se rappela les propos
de Landry, relatifs à ce capitaine, qui était
ou pouvait être. plus puissant que la ré-
gente elle-même.
— Ne t'abuse pas. répliqua la reine avec
hauteur.. Aucun être, au monde, excepté le
roi. ne peut avoir barre sur moi!.
— Pourtant.
— Un moment, je peux être obligée de
ruser. mais c'est pour mieux abattre!.
Cet homme ne m'échappera pas. Du moins,
je veux choisir l'instant où je le frapperai !.
Jusqu'à présent, personne ne m'a bravé, im-
punémeat. tu le sais. et, même, bien avant
r
que je fusse reine et toute-puissante!. Quand
l'heure de cet homme aura sonné. je ferai
un signe. un seul — et il aura vécu!.
Et, impérieusement, Marguerite dit :
— Assez de paroles!. Reçois mes ordres!.
J'entends qu'ils soient exécutés, cette fois!.
Ce soir, un peu avant le couvre-feu, tu
m'attendras, dans ta barque, sous le Louvre,
à la porte de l'eau. Tu me conduiras, en
longeant la grève, à l'endroit le plus proche
de ton logis. Tu te seras muni d'un falot
et tu m'escorteras. Ton logis sera clos, her-
métiquement. Dans une pièce secrète, tu
tiendras, cachés, six hommes résolus. bien
armés. Je resterai,- seule, dans la grande
salle de la taverne. Moi-même, j'ouvrirai
la porte au capitaine.
— Viendra-t-il seul ?
— Je n'ouvrirai la porte qu'à lui seul !.
Alors, je causerai avec lui. Personne. tu
entends?., je dis: Personne, ne pourra en-
tendre notre conversation. Peut-être rou-
vrirai-je la porte au capitaine et peut-être
sortira-t-il libre ?. J'apprécierai. Autre-
ment, je donnerai un coup de ce sifflet d'ar-
gent que je porte sur moi quand je vais à la
Tour de Nesle, et qui me sert à t'appeler.
Si tu entends les vibrations de ce sifflet,
tu accourras, immédiatement, avec tes hom-
mes. Or, vous seriez bien lâches si, à vous
sept, vous ne veniez pas à bout de ce capi-
taine, si brave, et si robuste qu'il soit !.
- Nous viendrons à bout de lui !
- J'y compte!
- Tu m'as comprise?. Ou bien je lais-
serai sortir le capitaine. ou bien, à mon
appel, tes hommes et toi, vous accourrez.
- J'ai compris.
— C'est bien.
Orsini s'inclina, respectueusement, devant
la reine, et se dirigea vers la porte de la
chambre. ",
Il-sortit. ;
- Oh !. pensa-t-il. - Mes * pressentiments
ne se justifient que trop!. L'aventure de la
nuit dernière nous sera fatale!. Notre fin
est proche !.
- Allons. se dit la reine, d'autre part.
mes mesures sont prises, et bien prises !.
Pour peu que le sort m'aide, je gagnerai la
partie !.
LXXIII
MONSEIGNEUR CHARLES DE VALOIS
.Cependant, Charlotte reparut dans la
chambre de la reine.
— Madame. dit-el]e. monseigneur Char-
les de Valois demande à voir Votre Majesté.
Marguerite eut un mouvement de mauvaise
humeur. -
— Lui!. fit-elle. Que me veut-il?. Il
m'ennuie!. Il semble porter, sur ses épaules,
tout le faideau de l'Etat, depuis que mon
beau-père, le roi Philippe, le Quatrième, a
rendu son âme à Dieu !. C'est lui qui règne
sous notre nom, depuis que mon époux, Louis,
a ceint la couronne royale!. N'as-tu pas
dit que je suis lasse. que je me repose.
que j'ai déclaré, formellement, que je ne
recevrais personne ? 1
- J'ai dit cela, madame. Mais monsei-
gneur Charles de Valois a insisté pour voir
la régente. Il s'agit, paraît-il, d'affaires
d'importance.
- Mon t époux revient demain. Son oncle
ne pouvait-il attendre que le roi fût là pour
parler, avec lui, dé ces affaires d'importance?
- Monseigneur Charles de Valois a ajouté
que ces affaires dont il veut entretenir Votre
Majesté doivent être traitées d'urgence.
— Que ennui!. Il va me parler de ques-
tions très graves, et, ce, pendant des heu-
res !. Je n'ai pas - la tête à m'occuper de
pareilles questions^aujourd'hui !.
Marguerite soupira.
— Je ne peux pas ne pas le recevoir!.
reprit-elle, après un moment de silence. Il
faut que je. le subisse!. Ah !. quel ennui !.
Quel ennui!. Allons, fais entrer monsei-
gneur Charles de Valois.
La servante salua et s'éloigna.
Un instant après, elle reparut, précédant
monseigneur de Valois, petit-fils du saint roi
Louis IX. fils du roi Philippe, le Troi-
sième, surnommé le Hardi. frère du roi
Philippe, le Quatrième, surnommé le Bel, et
oncle du roi régnant, Louis, le Dixième, sur-
nommé le Hutin, époux de très noble, très
haute et très puissante dame Marguerite de
Bourgogne.
C'était le premier personnage de France,
à cette époque. ;
Un très haut personnage, certes.
De par son père, Philippe, le Troisième, il
avait les quatre chatellenies de Çrépy, de la
Ferté-Milon, de Pierrefonds et de Bethizy
Verberie, réunies, en un corps, sous le nom
de comté de Valois.
De par son premier mariage .avec Mar-
guerite, fille de Charles II, roi de Naples,
il avait les comtés d'Anjou et du Maine.
De par son frère, Philippe, le Quatrième,
il avait les comtés d'Alençon et du Perche
— et son comté d'Anjou avait été érigé en
Pairie.
De par le pape, Boniface VIII, il était
comte de Romagne. seigneur d'Ancône —
et il portait le titre de vicaire et défenseur
de l'Eglise.
Charles de Valois était magnifiquement
vêtu d'un costume en. velours bleu chargé
de fines broderies d'or, et agrafé par des
boutons ciselés enchâssant des turquoises.
Sa lourde épée, à garde d'or ciselée, était
suspendue-à sa taille svelte, cambrée. par
une lourde chaîne, d'or également.
Il ressemblait beaucoup au roi défu^
Philippe, le Quatrième. son frère.
Même traits.. 1.
Mais non même expression. f
Jadis, quand le roi, et le prince, étaieO/
côte à côté. celui-ci vêtu avec une grapdl
richesse, couvert d'armes précieuses et dl
richissimes joyaux. celui-là habillé avec U et
grande simplicité, personne, pourtant, D'~
hésité à reconnaître, en Philippe, le rOI"-
le maître. le chef. J
La très haute intelligence de Phil!P.P
auréolait son front de penseur. faisait étJP
celer son regard profond. e
Toute sa personne semblait comme parie
par les grandes idées que portait, en soi.
monarque puissant. -
Charles de Valois avait l'air d'un sol^J |
valeureux, plein de courage et d'audace;
était brave, bien fait; il avait l'aspect C'.
gnifique; mais le hasard de la naissait J
seul, l'avait fait plus grand que les h~'
seigneurs féodaux, comme lui braves et beee
«oldats autant qu'hommes médiocre::.
LXXIV
ONCLE ET NIÈCE 4
.Le prince n'aimait guère sa nièce, Mdee,!
guerite de Bourgogne. parce qu'il avait de.
viné, en elle, une nature indépendante, hbf
fière. tJ'
Ce médiocre n'aimait que ceux qui ne pOLIr
vaient pas briller, en sa présence, par Ie
intelligence.
Or, Marguerite, très fine, très spirituel
s'amusait, souvent, au détriment du
Et puis, elle gênait, encore, Charles j
Valois, en ce sens qu'elle exerçait, q~~
elle le voulait, une action, très réelle, Vi'
l'esprit de son mari, le roi, Louis, le
xième. '4 sutvff''
xième. .4 ; j, »
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