Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-10-15
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 octobre 1906 15 octobre 1906
Description : 1906/10/15 (A15,N5128). 1906/10/15 (A15,N5128).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7627228b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/11/2014
QUINZIEME ANNEE. — N° 5128 HUIT PAGES - Le Numéro quotidien (Parts et Départements) - CINQ CENTIMES JS^NDT 15 OCTOBRE (906
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Un an Sixmo's "ftohnaî»
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ACIreSM télégrapkiqt» : JOURMA^^jR]^B£X«XEU - PARIS
Les mamucrtU non intérêt je toni pas reHUI
La Crise
,.., religieuse
Les Chambres vont se réunir. Le dif-
férend qui a suivi la. loi de séparation et
la publication de l'Encyclique n'est pas
encore réglé. Une intervention de l'épis-
copat français qui avait été annoncée ne
s est pas proaune.
On eût pu croire, un moment, qu'un
certain rapprochement s'effectuait. L'in-
terview du pape, celles de M. Briand,
l'affirmation si nette de M. Clemen-
ceau : « Les Eglises ne seront pas fer-
mées, » les lettres pastorales de certains
évêques et les paroles de Mgr de Cabriè-
J'es, tout portait à penser que l'on mar-
chait vers un accommodement, et c'est
pe sentiment que je traduisais ici même,
il y a quelques semaines, en écrivant
,< On négocie M.
i Négocie-t-on encore ? C'est le secret
Ides dieux. Cependant le temps passe, et
quand Les passions se seront échauffées
dans un débat public, il sera trop tard.
On pèche aussi par abstention, messei-1
jgneurs ! r,' .if
r Le pape exige, assure-t-on, une modi-
fication « légale a apportée par le Parle-
ment aux articles 4 et 8 de la loi. Le mi-
nistère accorderait, semble-t-il, une in-
terprétation de jurisprudence établie par
ile Conseil d'Etat jugeant au conten-
yUieux. D'une part, on réclame un désa-
veu ; d'autre part, on proclame l'intan-
gibilité d'un texte devenu sacro-saint
depuis qu'il a été voté au hasard de
l'amendement. C'est pour une question
de procédure qu'on romprait !.
! Quoi qu'il en soit, l'éventualité du
conflit est de plus en plus probable.
Personne n'y gagnera, l'Eglise encore
(moins que l'Etat : il serait facile de le
démontrer.
.Ce n'est pas seulement par la gravité
fie ses dissentiments avec le pouvoir ci-
vil, en France, en Espagne et ailleurs,
que l'Eglise est exposée. Ellf subit une
crise intérieure sur laquelle : elle vou-
drait, en vain, fermer les., yeux et qui la
met dans un état d'infériorité marquée
au moment où elle paraît voulbir enga-
ger la lutte avec les puissances. Dans la
fameuse prophétie de Malachie, le règne
)du pape Pie X est rubriqué : Ignis ar-
idens (le feu dévorant), et celui de son
successeur : Religio depopulata (la re-
ligion sans ûdèles). Aujourd'hui, « une
!flévre ardente » court, en effet, dans le
corps du catholicisme : évolution salu-
taire ou funeste, c'est ce qu'on ne peut
dire encore,
1 En France, par les lois récentes, l'E-
glise a été prise au dépourvu : elle dor-
mait sur le mol oreiller du Concordat.
A peine réveillée, elle sent une agitation
nouvelle en son sein. Les souffrances
sont internes non moins qu'externes :
l6i on ne le sait pas là-bas, c'est
qu'on est mal renseigné. Mais on le
sait. Seulement, on voudrait taire, ca-
iller, ^eter un voile. Vains efforts, en
cette époque de lumière, de publicité,
,d'indiscrétion absolues. Tout le monde
parle, sans compter ceux qui crient.
Il ne s'agit pas seulement de cette dé-
saffection îûdéniable des populations à
l'égard de la religion. Un prêtre écri-
vait : « Nous, chrétiens, nous formons
une société, un peuple à part qui n'est
plus en communauté d'idées avec l'im-
mense société qui nous entoure. » Mgr
id'Hulst, plus précis : « Il y avait, autre-
fois, des mœurs chrétiennes ; il n'y a
plus que des pratiques chrétiennes » ;
et M. Fôuillée, enfin : « La France offre
l'exemple presque unique d'un peuple
qui, en somme et en masse, est libre-
censeur. »
; Après trente ans de polémique hardie,
pénétrante, violente, qui ne craint rien
et ne respecte rien, ce « mal du siècfe »
t envahi l'Eglise elle-même, sous une
lorme moins apparente, mars avec des
s, effets d'autant plus redoutables qu'ils
.lOot plus proches du sanctuaire. Les
catholiques accordent encore à Rome
* l'obéissance », la « soumission » ; mais
ide quel air résigné et contraint! Per-
sonne n'ignore que la grande majorité
du clergé français était favorable à l'ac-
sceptation de la loi de séparation. Qui a
f oublié la pétition respectueuse mais très
tferme des vingt-trois?
Rome a parlé : on s'incline, c'est en-
tendu ; toutefois, il y a la manière.
41. Brunetière n'écrivait-il pas — même
tprès la publication de l'Encyclique —
l'Agence Fournier : « Qu'est-ce que de-
fnande exactement le Souverain Pon-
tife quand il demande que la hiérarchie
catholique soit légalement reconnue?
Çst-ce que la loi américaine la recon-
naît ? Par quels moyens veut-il que l'on
farantisse à l'Eglise la propriété des
iens ecclésiastiques et des édifices du
culte ?. Ce sont toutes ces questions
et combien d'autres encore, de la solu-
tion desquelles dépendent mes senti-
ments sur les événements de l'heure
f présente. » Obéissance, oui, mais sans
enthousiasme et jusqu'à plus ample in-
formé.
Et encore, c'est là ce qui est dit tout
fcaut par des hommes qui ont la maîtri-
ie de leur signature. Mais tout bas ?
yrre oreille fine entendrait un murmure
j'émotion douloureuse, même sans
l'appuyer sur la terre. Nos curés ne ca-
ihent pas leur peine à ceux qui les écou-
tent. Ils ne devinent plus rien de leur
venir. Ils sont comme devant un mur.
ils appréhendent des difficultés presque
isolubles, et, d'abord, la « difficulté
d'être ». Beaucoup cherchent, déjà 'e
moyen de vivre. J'en sais qui appren-
nent quelque métier manuel pouvant se
pratiquer sans bruit ; j'en sais qui se
séparent de leurs vieux parents, charge
devenue trop lourde ; j'en sais qui envi-
sagent d'autres destinées. Il y aura
des héros ; mais il y a les âmes faibles.
Ah ! si on confessait les confesseurs !
Ne quittons pas les sommets. Aux
plus hautes régions de la croyance, une
mterrogation véhémente s'adresse à la
leçon traditionnelle et ce sont des fidè-
les, des prêtres non suspects qui la for-
mulent. Ni l'Unité ni la hiérarchie ne
pont en cause. Pourtant l'édifice dogma-
tique élevé jjar saint Thomas, consolida
au Concile de Trente, amplifié au Con-
cile du Vatican, est fortement secoué.
Employons les expressions adoucies et
un peu ambiguës chères à ces néo-ca-
tholiques : ce n'est pas une « réforme »
qu'ils réclament, mais une « restaura-
tion », une a rénovation s.
La thèse nouvelle présente les aspects
les plus variés. Elle a recueilli l'héri-
tage des Monta lembert et des Lamen-
nais, des Lacordaire et des Manning.
Elle prête l'oreille aux bruits du siècle.
Un évêque disait, ces jours derniers, en
prenant possession de son siège : (f Je
suis de mon pays et de mon temps. »
Pour beaucoup, cela veut dire beau-
coup.
L évolution est d abord scientifique ;
elle tient compte des résultats indénia-
bles obtenus par l'investigation moder-
ne, en géologie, en astronomie, en ar-
chéologie, en histoire naturelle. Les
vieilles légendes bibliques s'élargissent
pour se prêter aux plus complaisantes
interprétations ; mais, si élastiques
qu'elles soient, elles ne suffisent pas
toujours. On préférerait laisser ce ba-
gage encombrant à un passé révolu et
définitivement clos.
L'évolution est aussi historique et cri-
tique. La vigoureuse attaque des Re-
nan, des Strauss et des Harnack a ébran-
lé plus d'un esprit, même parmi ceux
qui se croyaient mandatés pour la re-
pousser. Une exégèse plus libre s'est
constituée peu à peu. Récemment, les
thèses de l'abbé Loisy ont failli produire
un grand scandale. Tout s'est apaisé.
Mais l'épine reste dans la blessure : les
émollients ne pourront ni la fermer ni la
guérir. * 1
On ne peut nier, non plus, les ferven-
tes aspirations sociales qui se sont ma-
nifestées, soudain, dans une partie du
monde catholique et du clergé. « Place
aux pauvres » : mais c'est la parole du
Christ ! Le socialisme chrétien est né à
cet appel. Le comte de Mun a été, en
France, chef d'école. Derrière lui, après
lui, sans lui, des œuvres se créent et
projettent des racines puissantes dans
fe sol remué : j'ai nommé le Stllon, les
Semaines sociales, etc.
Enfin, la crise est politique. Elle est
politique en ce sens qu'elle brisa les
liens rattachant l'Eglise de France, aux
vieux partis et qu'elle la rapproche du
peuple et des foules. Avec une souplesse
surprenante, cette transformation se
lait sous les yeux a adversaires encore
chauds des vieux combats et qui visent
l'ennemi où il n'est plus déjà. A ten-
dance démocratique, en France, la for-
mule prochaine se teinte fortement de
"nationalisme. Mais prenons les mots
dans leur sens profond : les raisons qui
ont déterminé le choix du dernier Con-
clave, les directions suivies par Rome
dans les affaires internationales récen-
tes n'échappent à personne. Ici encore,
cm se tait/ MïîîS Sî des fautes graves se
multipliaient, si on refusait à l'Eglise de
France ce qu'on accorde à d'autres
moins antiques et moins sûres, si on lui
déniait surtout le droit de vivre hono-
rablement et dignement à l'abri des lois,
on pourrait bien récolter des fruits
amers sur une terre qui a prodigué
longtemps d'abondantes moissons.
Personne, au dehors de l'Eglise, n'est
qualifié, il est vrai, pour lui donner de
tels avertissements : aussi est-ce auprès
des siens qu'elle est en mesure de les
recueillir. Saura-t-on les entendre ?
Hier encore, VOsservatore Romano qua-
lifiait de « supplique-complot » la lettre
d'un groupe de catholiques à Pie X. On
y voit la main de M. Paul Sabatier et on
croit y reconnaître « l'intrigue protes-
tante H. Quajifiera-t-on de même les ini-
tiatives beaucoup plus réservées, il est
vrai, mais bien fortes encore, du De-
main, de la Semaine Sociale, les dis-
cours de M. Imbart de la Tour, les écrits
de M. Pierre Jay, de M. Berthonnière et
de tant d'autres ? On a condamné l'abbé
Loisy, on a condamné Fogazzaro dont
Il Santo tentait, dans la forme romanes-
que, d'indiquer les voies nouvelles. Va-t-
on condamner également toute cette in-
téressante école de Lyon avec les pa-
trons illustres qu'elle s'est donnés? Va-
tron condamner l'étonnant programma
néo-catholique de M. de Kralik. Où
s'arrêtera-t-on.?
C'est un monde qui se lève, une au-
rore qui enflamme le ciel, ignis ardens.
Pense-t-on qu'il suffira d'un geste pour
l'éteindre ou la refouler ? Ou bien, un
esprit de sagesse, de prévision et de
prudence n'aidera-t-il pas à la naissance
des jours futurs dans la concorde et
dans la paix ?
GABRIEL HANOTAUX.
Nouvel attentat ■ ~lL"! 11 '■
d la poudriére
de Verdun
Plusieurs coups de feu sont tirés sur une
sentinelle qui n'est, heureusement,
pas atteinte. !
VERDUN, 14 octobre. (Par uépêche de no.
tre correspondant partieuLiem) — Des coups
de feu ont été tirés sur la sentinelle en fac-
tion à la poudrière située n loin de la
rue des Remparts et de la r Ozomont. La
sentinelle n'a pas été atteinte. La ronde
faite aussitôt par le poste n'a rien fait dé-
couvrir.
L'auteur de. cet attentat s'est caché, pour
tirer, dans un fossé avoisinant l'endroit
où se trouve la sentinelle.
Une enquête est ouverte.
Demain, nous commencerons en
feuilleton < w*
IE SCIIDUE DE U RUE BMSSIÈRE
roman humoristique inédit, écrit spécia-
lement pour les lecteurs du Journal par
ALBERT BOISSIÈRE
r
le brillant écrivain de la Tragique Aven-
ture du Mime Properce, de Clara Bill,
danseuse, et de tant de livres à succès.
f EN -ROISIEUR PAGE : v
LA CONFIANCE EN SOI
PAR
- CHARLBS.HEMRY mascjg
,. i
DneCatistrophe^orlOnest
NEUF MORTS
TRENTE-CINQ BLESSÉS
Un train de voyageurs est pris en écharpé
par une locomotive, entre les stations
de Maintenon et de Rambouillet.
Les secours.
Une foule angoissée se pressait, hier soir,
aux abords de la gare Montparnasse ; les
salles d'attente, les quais conduisant aux li-
gnes de la Bretagne, étaient encombrés de
nombreuses familles inquiètes. Depuis six
heures, les trains n'arrivaient plus.
C'est qu'une effroyable catastrophe, dont on
essayait en vain de cacher la nouvelle aux
plus anxieux, venait de se produire sur la
ligne de Chartres, près d'Epernon, entre les
stations de Maintenon et de Rambouillet.
Déjà, dans les bureaux du service mé-
dical de la gare, sont arrivés MM. Barthou,
ministre des travaux publics, et son chef de
cabinet ; de Selves, préfet de la Seine ; Lé-
pine, préfet de police, qui s'entretiennent
avec M-de Larminat, la sympathique di-
recteur de la Compagnie des chemins de fer
de l'Ouest, des terribles conséquences de cet
accident.
Les cours de la grande gare TermInus
sont encombrées de voitures d'ambulances,
mandées à la hâte dans tous les hôpitaux
de Paris.
Un Haut fonctionnaire dé la Compagnie,
que j'interroge, veut bien me donner les pre-
miers détails qu'on va lire :
— Les causes de l'accident ne sost *vvf,
encore nettement établies. Voicf cependant
ce qui s'est produit, d'après les renseigne-
ments qui nous sont parvenus jusqu'ici.
» Un train de voyageurs, le numéro 510,
venant de la Brohinière, et qui doit arriver
à Paris à 5 heures 50 exactement, était ar-
chibondé, exceptionnellement, aujourd'hui,
en raison sans doute de la fin des villégia-
tures et des retours en masse dans la capi-
tale.
» Ce train avait un retard considérable,
et on dut, pour arriver à rétablir la marche
régulière du convoi, le dédoubler à Chartres.
» Toutefois, comme la première partie du
convoi arrivait à la petite station d'Ëpernon,
sans avoir pu regagner , son retard, le chef
de gare, dans le but de laisser la voie libre
à l'express de Brest qui arrive à Paris à
6 heures 5, fit ranger le train omnibus sur
une voie intermédiaire.
La collision
» C'est tout aussitôt, poursuivit mon in-
terlocuteur, que l'épouvantable malheur est
arrivé.
» Le chef de gare d'Epernon ayant donné
l'ordre au mécanicien du train omnibus de
reprendre sa marche. vers Paris, celui-ci
fit machine en arrière. Déjà il allait fran-
chir l'aiguille, lorsqu'une locomotive qui
sortait « haut-le-pied » d un hangar prit en
écharpe le convoi par le milieu. »
Les détails manquent sur cet effroyable
choc : tout ce que l'on a pu savoir, \c'est
que quatre wagons ont été réduits en miet-
tes, tandis que le reste du train était pro-
jeté hors des rails et culbuté avec les
voyageurs.
Les victimes
M. de Larminat vient d'être avisé que le
nombre des victimes est considérable.
On compte neuf morts et trente-cinq bles-
sés, dont quinze grièvement et deux qui ne
survivront pas à leurs blessures.
Les premières victimes ont été retirées
des wagons brisés : elles n'avaient plus
forme humaine et leurs cadavres sont dé-
posés dans la salle d'attente de la gare
d'Epernon, où doit se transporter d'une
minute à l'autre le Parquet.
Dès la nouvelle de la catastrophe, quatre
trains de secours sont partis de la gare
de Chartres pour procéder au sauvetage
des victimes et rétablir la libre circulation
des voies.
Mais les travaux, en dépit du zèle et du
dévouement dont fait preuve le personnel
de la Compagnie, présentent les plus glan-
des difficultés.
Quelques blessés ont pu être ramenés à
Paris. Quelques-uns ont été dirigés sur
l'hôpital Laennec ; d'autres -e sont fait re-
conduire à leur domicile respectif.
Parmi les blessés, on cite:
, M. Eugène Decoudé, manœuvre, avenue
de Vaugirard, 30.
M. Julea Giverne, journalier, rue Fran-
quet, 6.
M. Haneau. employé de commerce à Me-
lun ;
M. Jouin, sa femme- et sa fille ;
M. Venard, clerc de notaire, rue Tholozé ;
Mme Venard, rue Rouvel.
Mme Niguet, employée de commerce, bou-
levard de l'Hôpital, 26 ;
M. Jean Daude, soldat du service de san-
té aux Invalides, qui regagnait le domicile
de ses parents, avenue Parmentier, 100.
Mme Bleynie, femme d'un ingenieur, et
sa fille, rue 'Pelouze, 12.
Les blessés transportables seront, selon
leur état, conduits dans les hôpitaux pari-
siens, dès leur arrivée à la gare Montpar-
nasse. Quant aux malheureuses victimes qui
ont péri dans cette douloureuse catastrophe,
et dont l'identité n'a pu être établie, elles
vont être amenées à la Morgue, aux fins de
reconnaissance.
M. Barthou à Épernon -
Le ministre des travaux publics est parti
à onze heures vingt-cinq, par train spécial
avec son chef de cabinet et M. de Larminat,
sur les lieux de la catastrophe, pour visiter
les blessés et aviser aux mesures à pren-
dre. — A. D.
ECHOS
L
a reine mère d'Italie est partie hier matin
de Dijon, à neuf heures, en automobile,
pour se rendre à Beaune, où elle assistera à
la messe et visitera l'hôpital.
La reine a l'intention d'aller de là à Aix-
les-Bains où elle espère arriver assez tôt pour
y,déjeuner.
Une cinquantaine de personnes l'ont saluée
à son départ de Dijon.
N
ouvelle frappe de nickel.
Il n'est pas question de la frappe en
nickel de pièces à 5 et à 10 centimes, dont
on a parlé récemment. Cette transmutation
de billon en nickel a, d'ailleurs, été démentie
par le ministre des finances.
Mais il s'agit d'une nouvelle édition de
pièces à 25 centimes. Une loi avait prévu la
frappe de 10 millions de francs de ces piè-
ces, soit 40 millions de pièces dont l'appari-
tion fut sujette aux critiques que l'on sait.
Or, ces pièces, après avoir été tant décriées,
âpuiraient en ce moment d'une popularité telle,,
que, sur la demande du haut commerce: la
Monnaie a été invitée à en préparer une nou-
velle édition de 4 millions, c'est-à-dire pour
un'million de francs.
Cette frappe est prévue au budget des
finances de 1907. Elle aura lieu dans le pre-
mier semestre de l'année prochaine. C'est, na-
turellement, le modèle à pans - le plus en
faveur — qui sera exécuté.
E
vocation.
Un point de î'itinéraira du lord-maire
sera particulièrement intéressant lorsque, II,
boulevard de la Madeleine, le cortège de gala
défilera devant la perspective splendide des
salons Louis XIV A la Marqmsù de Séviglté.
Quelque palette de peintre amoureux du
Grand Siècle ne fixera-t-elle pas cette circons-
tance unique ?
C'est pour la vente à Paris du Chocolat
de Royat et des Confiseries d'Auvergne de
A. Rouzaud qu'a été créée cette merveille, où,
pour la vue comme pour le goût, on a l'occa-
sion de se délecter à l'infini.
L
a suppression des crachoirs dans les bu-
reaux de poste.
On vient de supprimer officiellement les
crachoirs dans les bureaux de poste. A vrai
dire, on n'eh voyait plus guère depuis long-
temps et on avait oublié la circulaire de M.
Mougeot, qui fit quelque bruit jadis, et qui
prescrivait d'installer ces objets dans tous les
bureaux. l
L
e lord-maire et le commerce parisien.
Parmi les nombreuses invitations qui
ont été adressées au lord-maire, il en est une
qui attirera particulièrement son attention 1
elMt telle que lui a faite la maison Rocher
frères, de venir déguster dans ses ravissants
salons style Empire, z, rue Halévy, les ex-
quises liqueurs — Cherry brandy et Curaçao
—, appréciées depuis si longtemps déjà en An-
gleterre.
p
armi les distinctions parues à l'Officiel,
nous relevons avec plaisir la nomination
au grade de chevalier de la Lésion d'hon-
neur de M. Benoiston, le négociait indus-
triel parisien, qui, depuis longtemps déjà,
jouit dans sa spécialité d'une notoriété bien
connue.
AU LORD-MAIRE
COMPLIMENT
Vous qui venez de l'Angleterre,
Et qui visitez Paris, si
Ghautard. était moins terre à terre,
U vous conduirait chez Fursy :
Vous y verriez maint pamphlétaire
ntsauter, lui-dôme, sa ctianeon
Et vous ne le foriez pas taire,
Oar voms ririez — Angio-salm! -
De l'entendre. pour vous complaire,
Donner ce conseil à. vas pions,
Qui vous présentent des mégères,
Au lieu de gracieux tendions:
e Laissez les enfants au lord-mairfl
» Jit leurs mères à la maison !. D
- --- V. H.
u
ne très curieuse brochure, traitant de la
neurasthénie, anémie cérébrale, épuise-
ment, et donnant les moyens de se guérir en
huit jours, est envoyée gratis, sur demande.
Pharmacie Vidal, 8, rue Molière, Paris.
L
e 28 numéro de la grande revue politique
et littéraire Le Censeur, que dirhre vail-
lamment l'éminent critique J.-Ernest Charles
est en ventç. Cette revue a triomphé et triom-
phera dans le public cultivé, .parce qwelleest
aussi libre et vivante que bon marché. lire
Ze Censeur. 1.
p
our installer : serres, jardie d'hiver, jar-
dinières, etc., voir les meubles en rotin
souple, très riches, en bambou naturel, les
sièges confortables et' originaux créés par
Perret-Vibert, 33, rue du 4-Septembre (Mai-
son des Bambous, Société anonyme.)
T
toutes les maladies d'estomac et d'intes-
tins sont radicalement guéries par le vé-
ritable lait caillé bulgare Yoghourt, qu'on
trouve à la Maya, 3, Chaussée d'Antin.
JOINVILLE.
Carnet d'un Sauvage
On connaît la jolie définition de l'égoïste :
L'égoïste, c'est celui qui ne s'occupe pas
de moi. Et on lui en veut pour cela- Comme
on a tort !
L'égoïste n'est pas dangereux. Il ne pense
qu'à lui. Il ne vous embête pas. L'homme
insupportable, c'est celui qui s'occupe de
vous, qui veut faire votre bonheur, et qui
gâte toute votre vie, parce qu'il veut l'ar-
ranger à sa guise. La Fontaine disait qu'il
fallait préférer un sage ennemi à un mala-
droit ami; et moi, je vous dis que ce qu'il
faut demander aux hommes, ce n'est pas
qu'ils vous fassent du bien. Tenez-vous
pour fortunés, et bénissez le Seigneur,
pourvu qu'ils ne vous fassent pas de mal.
Je vous demande un peu quelle rage ont
les gens de se mêler de ce qui ne les re-
garde pas. Voici le prince Albert de Prusse
qui a l'idée d'épouser une comédienne.
Qu'est-ce que cela peut vous faire ? Rien
du tout. Ni à moi non plus. Eh bien ! il y a
autour de lui une foule de personnes à qui
cela ne devrait pas faire davantage, et qui
s'agitent désespérément pour l'en empê-
cher. « Elle est plus âgée que vous ; ce n'est
pas votre affaire ; elle n'est pas jolie ; elle
n'a pas. de talent ; cette mésalliance n'a
pas d'excuse. » De quoi diable se mêle tout
ce monde ? Pour ma part, si j'avais un con-
seil à donner à ce prince, ce serait qu'il
agit à sa fantaisie. Je suis de ravis de Mo-
lière, et crois que sur cette terre il se faut
contenter, car on a si peu d'occasions d'y
être content, que c'est presque péché que
d'en manquer une.
C'est toujours cela de pris, doit-il répon-
dre avec la chanson à tous ceux qui lui
font envisager un avenir que demain la
mort peut interrompre. Qui sait lequel de
nous sera vivant dans quinze jours Y Le
prince, là la vérité, est déshérité, et n'a plus
que dix-neuf pauvres petits minions ; mais
avec cela, on peut encore vivoter.
Voyez ce malheureux petit jeune homme
qui vient de se faire écraser volontaire-
ment parce que ses parents refusaient de
l'unir à celle qu'il aimait. Evidemment à
lui aussi on avait prédit toutes sortes d'in-
fortunes, s'il persistait dans son dessem.
Eh ! que pouvait-il lui arriver de pis ?
Quand donc les hommes comprendront-
ils que le meilleur moyen de se rendre uti-
les les uns aux autres, c'est de se ficher
mutuellement la paix?
'"--------- .-.. - Henry Maret.,
;' L'ÉMEUTE A LONGCHAMPS
-
L'Incendie et le Pillage
e au Champ de Courses
A la suite d'un mauvais départ, les parieurs mècom
_: tents manifestent; la foule envahit le pesage.
ÑM.,: dépouille les caissiers du Pari mutuel et
~~-. -~. met le feu aux baraques.
Après le passage des émeutiers. - U* barrières du peMfJe arraebéau.
-&>~ i,
CômiWe on le verra par le récit qui va sui-
vre, la révolution a été maîtresse, hier, pen-
dant quelques heures, à Longchamps.
Le léger service d'ordre habituel du champ
de coursas ne pouvait songer un instant à
lutter contre l'émeute grandissante ; e ce
n'est que deux longues heures après les pre-
miers incidents que dès renforts sont arri-
vés ; .rœuvœ, de destruction et de pillage
vêtait à peu près consommée.
Il a fallu cet événement pour constater
un grave défaut d'organisation, de la sécu-
rité publiques sur lequel nous appelons l'at-
tention du préfet de police..
.M. Lépine, qui a déjà eu tant d'heureuses
initiatives, qui a créé les agents cyclistes,
la. brigade fluviale, etc., etc., doit aujour-
d'hui créer un service de transport rapide
de la force publique. Pourquoi deux ou trois
automobiles ne seraient-elles pas en perma-
nence à la préfecture de police, prêtes à
transporte^ sur un point où des troubles se-
raient signalés un certain nombre de gar-
diens de la paix ? Avec la franchise de vi-
tesse dont jouiraient ces voitures spéciales,
lés renforts nécessaires pourraient arriver
en temps utile et réprimer l'émeute nais-
sfitnte.
Maintenant, qu'il nous soit permis de dire
que les graves troubles d'hier auraient peut-
être pu être évités; Les commissaires des
courses, qui avaient vu le mauvais départ
et l'impression produite -sur le public, au-
raient pu mettre moins de hâte à proclamer
la validité de la course, et devant la mani-
festation grandissante, trouver un moyen
de calmer la fureur publique.
C'est du reste aussitôt après l'affichage
des résultats au tableau que le méconten-
tement populaire, à peine manifesté, a dé-
généré en émeute, avec la rapidité de l'é-
clair, et rien alors n'eût pu arrêter l'élan
d-î cette masse où, au milieu de parieurs mé-
contents, se trouvaient un certain nombre
d'individus louches qui fréquentent les hip-
podroIra..
« L'ÉMEUTE
Des faits d'une gravité exceptionnelle se
sont passés, hier, sur l'hippodrome de Long-
champs. A la suite d'un départ mal donné
dans la troisième épreuve de la réunion,
une véritable émeute, accompagnée de, pd-
lage et d'incendie, a éclaté, obligeant les
commissaires de la Société d'encourage-
ment, fait sans précédent dans les annales
du turf, à supprimer la tin de la réunion.
Mais procédons par ordre.
Dix concurrents, Monsieur Périchon,
Amalécite, Storm, Pois Rouges, .Kazbek,
Saint Léonard, Betlisaïda, Mlle Margue-
rite, Japonais et Red Pôle, devaient disputer
le Handicap libre, la troisième épreuve ins-
crite au programme. Les chevaux, rangés
devant les rubans de la starting gâte, at-
tendaient que Bishop, l'aide starter, qui
remplaçait Figes, juge au départ habituel
de la Société, donnât le signal. Au moment
où les rubans se sont levés, la moitié des
concurrents, dont Les deux favoris, Storm
et Saint Léonard, n'ont pas bougé ; les au-
tres sont partis à la débandade, plusieurs
jockeys hésitant, ne sachant pas si le dé-
part était bon. Monsieur Périchon, le che-
val de M. Champion, était parti en tête,
conservant sa grande avance jusqu'au
poteau. Storm et Pois Rouges avaient aban-
donné la partie dès le début, leurs jockeys
ayant, cru inutile d'insister devant le grand
désavantage qui leur avait été donné et
étaient rentrés au pesage.
C'est à l'issue de cette course que les cho-
ses ont commuée à se gâter. Le publia, #9
voyant afficher les résultats, s'est tout à
fait fâche. En un clijn d'œil, les turfistes det
la pelonse traversèrent la piste et pénétré*
rent au pelage, escgjadant "et arrachant led
gnuete.
4 la pelouse, comme au pavillon., com4
me au pesage, les .manifestants unissaient
le'urs protestations, s'encourageaient part
o.es signes et par des gestes, à mesure
1 orage grossissait. Les gardiens de la pajxJ
en trop petit nombre, étaient impuissants;
pour arrêter l'invasion du pesage, qui,sej
poursuivait menaçante, au milieu des vocifé^
rations de la foute criant: « Rembourser1
ment ! Au voeur ! Au voleur. ,
Tandis que M. Oescaves demandait d
renfort à la préfecture de police, aux pos-j
tes 1ea plus proches. l'émeute grandissait, 1
clôture séparant le pavillon de l'enceinte due
pelage était brisés, de même que la porto
donnant accès aux chevaux sur la piste c
des centaines de chaises jonchaient le solii
les poteaux étaient arrachés. ï
.Les agents des réserves qui, dès la pre*
miere effervescence, voulurent mettre la
main. sur les énergumènes dont les exploita
dépassaient. toute proportion, furent fort'
malmenés ; on leur arrachait des mains
leurs prisonniers on les jetait à terpe eu
leur faisant des crocs-en-jambe.
ues-gard-çjs municipaux à cheval, vingt-cina
en tout, Essayèrent de déblayer la piste;
mais, là, encore, leurs efforts furent vains.
Tout à coup, des manifestants se préci-
pitèrent aux guichets du Mutuel, ou les
caiç<ées furent pillées. Un certain nombra
a employés du Pari mutuel, menacés, rem-
boursaient hâtivement tous LE» tickets qu'oU
leur présentait.
Mais des individus se jetèrent sur eux et
leur arrachèrent leurs sacoches, qui laissè"
rent chofr sur le sol des pièces de cinq
francs, de dix francs, de vingt francs, pan
véritables poignées. On se battait pour s'emt
parer de cet or. •. t.
Non contents de ces exploits, quelqueff
énergumènes s'étaient emparés dès bidons
de pétrole trouvés sur les voitures antomo'\
bilcss stationnant aux alentours du ohamp de
course et en versaient le contenu sur les ba-
raques du Pari mutuel. Un vaste incendie
fut de suite allumé.
On assista alors à de véritables scès
nés 0k vandalisme Pour activer l'action dé*
vastatrice du feu, des chaises furent jetées ,
sur les baraques enflammées, le pavillon
central prit feu à son tour au milieu des
,Cb qui reste 1» oofeano CalBduta^ ---iXc» inra(ium di» M UMM MMVUIM* « incendtto^
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Les mamucrtU non intérêt je toni pas reHUI
La Crise
,.., religieuse
Les Chambres vont se réunir. Le dif-
férend qui a suivi la. loi de séparation et
la publication de l'Encyclique n'est pas
encore réglé. Une intervention de l'épis-
copat français qui avait été annoncée ne
s est pas proaune.
On eût pu croire, un moment, qu'un
certain rapprochement s'effectuait. L'in-
terview du pape, celles de M. Briand,
l'affirmation si nette de M. Clemen-
ceau : « Les Eglises ne seront pas fer-
mées, » les lettres pastorales de certains
évêques et les paroles de Mgr de Cabriè-
J'es, tout portait à penser que l'on mar-
chait vers un accommodement, et c'est
pe sentiment que je traduisais ici même,
il y a quelques semaines, en écrivant
,< On négocie M.
i Négocie-t-on encore ? C'est le secret
Ides dieux. Cependant le temps passe, et
quand Les passions se seront échauffées
dans un débat public, il sera trop tard.
On pèche aussi par abstention, messei-1
jgneurs ! r,' .if
r Le pape exige, assure-t-on, une modi-
fication « légale a apportée par le Parle-
ment aux articles 4 et 8 de la loi. Le mi-
nistère accorderait, semble-t-il, une in-
terprétation de jurisprudence établie par
ile Conseil d'Etat jugeant au conten-
yUieux. D'une part, on réclame un désa-
veu ; d'autre part, on proclame l'intan-
gibilité d'un texte devenu sacro-saint
depuis qu'il a été voté au hasard de
l'amendement. C'est pour une question
de procédure qu'on romprait !.
! Quoi qu'il en soit, l'éventualité du
conflit est de plus en plus probable.
Personne n'y gagnera, l'Eglise encore
(moins que l'Etat : il serait facile de le
démontrer.
.Ce n'est pas seulement par la gravité
fie ses dissentiments avec le pouvoir ci-
vil, en France, en Espagne et ailleurs,
que l'Eglise est exposée. Ellf subit une
crise intérieure sur laquelle : elle vou-
drait, en vain, fermer les., yeux et qui la
met dans un état d'infériorité marquée
au moment où elle paraît voulbir enga-
ger la lutte avec les puissances. Dans la
fameuse prophétie de Malachie, le règne
)du pape Pie X est rubriqué : Ignis ar-
idens (le feu dévorant), et celui de son
successeur : Religio depopulata (la re-
ligion sans ûdèles). Aujourd'hui, « une
!flévre ardente » court, en effet, dans le
corps du catholicisme : évolution salu-
taire ou funeste, c'est ce qu'on ne peut
dire encore,
1 En France, par les lois récentes, l'E-
glise a été prise au dépourvu : elle dor-
mait sur le mol oreiller du Concordat.
A peine réveillée, elle sent une agitation
nouvelle en son sein. Les souffrances
sont internes non moins qu'externes :
l6i on ne le sait pas là-bas, c'est
qu'on est mal renseigné. Mais on le
sait. Seulement, on voudrait taire, ca-
iller, ^eter un voile. Vains efforts, en
cette époque de lumière, de publicité,
,d'indiscrétion absolues. Tout le monde
parle, sans compter ceux qui crient.
Il ne s'agit pas seulement de cette dé-
saffection îûdéniable des populations à
l'égard de la religion. Un prêtre écri-
vait : « Nous, chrétiens, nous formons
une société, un peuple à part qui n'est
plus en communauté d'idées avec l'im-
mense société qui nous entoure. » Mgr
id'Hulst, plus précis : « Il y avait, autre-
fois, des mœurs chrétiennes ; il n'y a
plus que des pratiques chrétiennes » ;
et M. Fôuillée, enfin : « La France offre
l'exemple presque unique d'un peuple
qui, en somme et en masse, est libre-
censeur. »
; Après trente ans de polémique hardie,
pénétrante, violente, qui ne craint rien
et ne respecte rien, ce « mal du siècfe »
t envahi l'Eglise elle-même, sous une
lorme moins apparente, mars avec des
s, effets d'autant plus redoutables qu'ils
.lOot plus proches du sanctuaire. Les
catholiques accordent encore à Rome
* l'obéissance », la « soumission » ; mais
ide quel air résigné et contraint! Per-
sonne n'ignore que la grande majorité
du clergé français était favorable à l'ac-
sceptation de la loi de séparation. Qui a
f oublié la pétition respectueuse mais très
tferme des vingt-trois?
Rome a parlé : on s'incline, c'est en-
tendu ; toutefois, il y a la manière.
41. Brunetière n'écrivait-il pas — même
tprès la publication de l'Encyclique —
l'Agence Fournier : « Qu'est-ce que de-
fnande exactement le Souverain Pon-
tife quand il demande que la hiérarchie
catholique soit légalement reconnue?
Çst-ce que la loi américaine la recon-
naît ? Par quels moyens veut-il que l'on
farantisse à l'Eglise la propriété des
iens ecclésiastiques et des édifices du
culte ?. Ce sont toutes ces questions
et combien d'autres encore, de la solu-
tion desquelles dépendent mes senti-
ments sur les événements de l'heure
f présente. » Obéissance, oui, mais sans
enthousiasme et jusqu'à plus ample in-
formé.
Et encore, c'est là ce qui est dit tout
fcaut par des hommes qui ont la maîtri-
ie de leur signature. Mais tout bas ?
yrre oreille fine entendrait un murmure
j'émotion douloureuse, même sans
l'appuyer sur la terre. Nos curés ne ca-
ihent pas leur peine à ceux qui les écou-
tent. Ils ne devinent plus rien de leur
venir. Ils sont comme devant un mur.
ils appréhendent des difficultés presque
isolubles, et, d'abord, la « difficulté
d'être ». Beaucoup cherchent, déjà 'e
moyen de vivre. J'en sais qui appren-
nent quelque métier manuel pouvant se
pratiquer sans bruit ; j'en sais qui se
séparent de leurs vieux parents, charge
devenue trop lourde ; j'en sais qui envi-
sagent d'autres destinées. Il y aura
des héros ; mais il y a les âmes faibles.
Ah ! si on confessait les confesseurs !
Ne quittons pas les sommets. Aux
plus hautes régions de la croyance, une
mterrogation véhémente s'adresse à la
leçon traditionnelle et ce sont des fidè-
les, des prêtres non suspects qui la for-
mulent. Ni l'Unité ni la hiérarchie ne
pont en cause. Pourtant l'édifice dogma-
tique élevé jjar saint Thomas, consolida
au Concile de Trente, amplifié au Con-
cile du Vatican, est fortement secoué.
Employons les expressions adoucies et
un peu ambiguës chères à ces néo-ca-
tholiques : ce n'est pas une « réforme »
qu'ils réclament, mais une « restaura-
tion », une a rénovation s.
La thèse nouvelle présente les aspects
les plus variés. Elle a recueilli l'héri-
tage des Monta lembert et des Lamen-
nais, des Lacordaire et des Manning.
Elle prête l'oreille aux bruits du siècle.
Un évêque disait, ces jours derniers, en
prenant possession de son siège : (f Je
suis de mon pays et de mon temps. »
Pour beaucoup, cela veut dire beau-
coup.
L évolution est d abord scientifique ;
elle tient compte des résultats indénia-
bles obtenus par l'investigation moder-
ne, en géologie, en astronomie, en ar-
chéologie, en histoire naturelle. Les
vieilles légendes bibliques s'élargissent
pour se prêter aux plus complaisantes
interprétations ; mais, si élastiques
qu'elles soient, elles ne suffisent pas
toujours. On préférerait laisser ce ba-
gage encombrant à un passé révolu et
définitivement clos.
L'évolution est aussi historique et cri-
tique. La vigoureuse attaque des Re-
nan, des Strauss et des Harnack a ébran-
lé plus d'un esprit, même parmi ceux
qui se croyaient mandatés pour la re-
pousser. Une exégèse plus libre s'est
constituée peu à peu. Récemment, les
thèses de l'abbé Loisy ont failli produire
un grand scandale. Tout s'est apaisé.
Mais l'épine reste dans la blessure : les
émollients ne pourront ni la fermer ni la
guérir. * 1
On ne peut nier, non plus, les ferven-
tes aspirations sociales qui se sont ma-
nifestées, soudain, dans une partie du
monde catholique et du clergé. « Place
aux pauvres » : mais c'est la parole du
Christ ! Le socialisme chrétien est né à
cet appel. Le comte de Mun a été, en
France, chef d'école. Derrière lui, après
lui, sans lui, des œuvres se créent et
projettent des racines puissantes dans
fe sol remué : j'ai nommé le Stllon, les
Semaines sociales, etc.
Enfin, la crise est politique. Elle est
politique en ce sens qu'elle brisa les
liens rattachant l'Eglise de France, aux
vieux partis et qu'elle la rapproche du
peuple et des foules. Avec une souplesse
surprenante, cette transformation se
lait sous les yeux a adversaires encore
chauds des vieux combats et qui visent
l'ennemi où il n'est plus déjà. A ten-
dance démocratique, en France, la for-
mule prochaine se teinte fortement de
"nationalisme. Mais prenons les mots
dans leur sens profond : les raisons qui
ont déterminé le choix du dernier Con-
clave, les directions suivies par Rome
dans les affaires internationales récen-
tes n'échappent à personne. Ici encore,
cm se tait/ MïîîS Sî des fautes graves se
multipliaient, si on refusait à l'Eglise de
France ce qu'on accorde à d'autres
moins antiques et moins sûres, si on lui
déniait surtout le droit de vivre hono-
rablement et dignement à l'abri des lois,
on pourrait bien récolter des fruits
amers sur une terre qui a prodigué
longtemps d'abondantes moissons.
Personne, au dehors de l'Eglise, n'est
qualifié, il est vrai, pour lui donner de
tels avertissements : aussi est-ce auprès
des siens qu'elle est en mesure de les
recueillir. Saura-t-on les entendre ?
Hier encore, VOsservatore Romano qua-
lifiait de « supplique-complot » la lettre
d'un groupe de catholiques à Pie X. On
y voit la main de M. Paul Sabatier et on
croit y reconnaître « l'intrigue protes-
tante H. Quajifiera-t-on de même les ini-
tiatives beaucoup plus réservées, il est
vrai, mais bien fortes encore, du De-
main, de la Semaine Sociale, les dis-
cours de M. Imbart de la Tour, les écrits
de M. Pierre Jay, de M. Berthonnière et
de tant d'autres ? On a condamné l'abbé
Loisy, on a condamné Fogazzaro dont
Il Santo tentait, dans la forme romanes-
que, d'indiquer les voies nouvelles. Va-t-
on condamner également toute cette in-
téressante école de Lyon avec les pa-
trons illustres qu'elle s'est donnés? Va-
tron condamner l'étonnant programma
néo-catholique de M. de Kralik. Où
s'arrêtera-t-on.?
C'est un monde qui se lève, une au-
rore qui enflamme le ciel, ignis ardens.
Pense-t-on qu'il suffira d'un geste pour
l'éteindre ou la refouler ? Ou bien, un
esprit de sagesse, de prévision et de
prudence n'aidera-t-il pas à la naissance
des jours futurs dans la concorde et
dans la paix ?
GABRIEL HANOTAUX.
Nouvel attentat ■ ~lL"! 11 '■
d la poudriére
de Verdun
Plusieurs coups de feu sont tirés sur une
sentinelle qui n'est, heureusement,
pas atteinte. !
VERDUN, 14 octobre. (Par uépêche de no.
tre correspondant partieuLiem) — Des coups
de feu ont été tirés sur la sentinelle en fac-
tion à la poudrière située n loin de la
rue des Remparts et de la r Ozomont. La
sentinelle n'a pas été atteinte. La ronde
faite aussitôt par le poste n'a rien fait dé-
couvrir.
L'auteur de. cet attentat s'est caché, pour
tirer, dans un fossé avoisinant l'endroit
où se trouve la sentinelle.
Une enquête est ouverte.
Demain, nous commencerons en
feuilleton < w*
IE SCIIDUE DE U RUE BMSSIÈRE
roman humoristique inédit, écrit spécia-
lement pour les lecteurs du Journal par
ALBERT BOISSIÈRE
r
le brillant écrivain de la Tragique Aven-
ture du Mime Properce, de Clara Bill,
danseuse, et de tant de livres à succès.
f EN -ROISIEUR PAGE : v
LA CONFIANCE EN SOI
PAR
- CHARLBS.HEMRY mascjg
,. i
DneCatistrophe^orlOnest
NEUF MORTS
TRENTE-CINQ BLESSÉS
Un train de voyageurs est pris en écharpé
par une locomotive, entre les stations
de Maintenon et de Rambouillet.
Les secours.
Une foule angoissée se pressait, hier soir,
aux abords de la gare Montparnasse ; les
salles d'attente, les quais conduisant aux li-
gnes de la Bretagne, étaient encombrés de
nombreuses familles inquiètes. Depuis six
heures, les trains n'arrivaient plus.
C'est qu'une effroyable catastrophe, dont on
essayait en vain de cacher la nouvelle aux
plus anxieux, venait de se produire sur la
ligne de Chartres, près d'Epernon, entre les
stations de Maintenon et de Rambouillet.
Déjà, dans les bureaux du service mé-
dical de la gare, sont arrivés MM. Barthou,
ministre des travaux publics, et son chef de
cabinet ; de Selves, préfet de la Seine ; Lé-
pine, préfet de police, qui s'entretiennent
avec M-de Larminat, la sympathique di-
recteur de la Compagnie des chemins de fer
de l'Ouest, des terribles conséquences de cet
accident.
Les cours de la grande gare TermInus
sont encombrées de voitures d'ambulances,
mandées à la hâte dans tous les hôpitaux
de Paris.
Un Haut fonctionnaire dé la Compagnie,
que j'interroge, veut bien me donner les pre-
miers détails qu'on va lire :
— Les causes de l'accident ne sost *vvf,
encore nettement établies. Voicf cependant
ce qui s'est produit, d'après les renseigne-
ments qui nous sont parvenus jusqu'ici.
» Un train de voyageurs, le numéro 510,
venant de la Brohinière, et qui doit arriver
à Paris à 5 heures 50 exactement, était ar-
chibondé, exceptionnellement, aujourd'hui,
en raison sans doute de la fin des villégia-
tures et des retours en masse dans la capi-
tale.
» Ce train avait un retard considérable,
et on dut, pour arriver à rétablir la marche
régulière du convoi, le dédoubler à Chartres.
» Toutefois, comme la première partie du
convoi arrivait à la petite station d'Ëpernon,
sans avoir pu regagner , son retard, le chef
de gare, dans le but de laisser la voie libre
à l'express de Brest qui arrive à Paris à
6 heures 5, fit ranger le train omnibus sur
une voie intermédiaire.
La collision
» C'est tout aussitôt, poursuivit mon in-
terlocuteur, que l'épouvantable malheur est
arrivé.
» Le chef de gare d'Epernon ayant donné
l'ordre au mécanicien du train omnibus de
reprendre sa marche. vers Paris, celui-ci
fit machine en arrière. Déjà il allait fran-
chir l'aiguille, lorsqu'une locomotive qui
sortait « haut-le-pied » d un hangar prit en
écharpe le convoi par le milieu. »
Les détails manquent sur cet effroyable
choc : tout ce que l'on a pu savoir, \c'est
que quatre wagons ont été réduits en miet-
tes, tandis que le reste du train était pro-
jeté hors des rails et culbuté avec les
voyageurs.
Les victimes
M. de Larminat vient d'être avisé que le
nombre des victimes est considérable.
On compte neuf morts et trente-cinq bles-
sés, dont quinze grièvement et deux qui ne
survivront pas à leurs blessures.
Les premières victimes ont été retirées
des wagons brisés : elles n'avaient plus
forme humaine et leurs cadavres sont dé-
posés dans la salle d'attente de la gare
d'Epernon, où doit se transporter d'une
minute à l'autre le Parquet.
Dès la nouvelle de la catastrophe, quatre
trains de secours sont partis de la gare
de Chartres pour procéder au sauvetage
des victimes et rétablir la libre circulation
des voies.
Mais les travaux, en dépit du zèle et du
dévouement dont fait preuve le personnel
de la Compagnie, présentent les plus glan-
des difficultés.
Quelques blessés ont pu être ramenés à
Paris. Quelques-uns ont été dirigés sur
l'hôpital Laennec ; d'autres -e sont fait re-
conduire à leur domicile respectif.
Parmi les blessés, on cite:
, M. Eugène Decoudé, manœuvre, avenue
de Vaugirard, 30.
M. Julea Giverne, journalier, rue Fran-
quet, 6.
M. Haneau. employé de commerce à Me-
lun ;
M. Jouin, sa femme- et sa fille ;
M. Venard, clerc de notaire, rue Tholozé ;
Mme Venard, rue Rouvel.
Mme Niguet, employée de commerce, bou-
levard de l'Hôpital, 26 ;
M. Jean Daude, soldat du service de san-
té aux Invalides, qui regagnait le domicile
de ses parents, avenue Parmentier, 100.
Mme Bleynie, femme d'un ingenieur, et
sa fille, rue 'Pelouze, 12.
Les blessés transportables seront, selon
leur état, conduits dans les hôpitaux pari-
siens, dès leur arrivée à la gare Montpar-
nasse. Quant aux malheureuses victimes qui
ont péri dans cette douloureuse catastrophe,
et dont l'identité n'a pu être établie, elles
vont être amenées à la Morgue, aux fins de
reconnaissance.
M. Barthou à Épernon -
Le ministre des travaux publics est parti
à onze heures vingt-cinq, par train spécial
avec son chef de cabinet et M. de Larminat,
sur les lieux de la catastrophe, pour visiter
les blessés et aviser aux mesures à pren-
dre. — A. D.
ECHOS
L
a reine mère d'Italie est partie hier matin
de Dijon, à neuf heures, en automobile,
pour se rendre à Beaune, où elle assistera à
la messe et visitera l'hôpital.
La reine a l'intention d'aller de là à Aix-
les-Bains où elle espère arriver assez tôt pour
y,déjeuner.
Une cinquantaine de personnes l'ont saluée
à son départ de Dijon.
N
ouvelle frappe de nickel.
Il n'est pas question de la frappe en
nickel de pièces à 5 et à 10 centimes, dont
on a parlé récemment. Cette transmutation
de billon en nickel a, d'ailleurs, été démentie
par le ministre des finances.
Mais il s'agit d'une nouvelle édition de
pièces à 25 centimes. Une loi avait prévu la
frappe de 10 millions de francs de ces piè-
ces, soit 40 millions de pièces dont l'appari-
tion fut sujette aux critiques que l'on sait.
Or, ces pièces, après avoir été tant décriées,
âpuiraient en ce moment d'une popularité telle,,
que, sur la demande du haut commerce: la
Monnaie a été invitée à en préparer une nou-
velle édition de 4 millions, c'est-à-dire pour
un'million de francs.
Cette frappe est prévue au budget des
finances de 1907. Elle aura lieu dans le pre-
mier semestre de l'année prochaine. C'est, na-
turellement, le modèle à pans - le plus en
faveur — qui sera exécuté.
E
vocation.
Un point de î'itinéraira du lord-maire
sera particulièrement intéressant lorsque, II,
boulevard de la Madeleine, le cortège de gala
défilera devant la perspective splendide des
salons Louis XIV A la Marqmsù de Séviglté.
Quelque palette de peintre amoureux du
Grand Siècle ne fixera-t-elle pas cette circons-
tance unique ?
C'est pour la vente à Paris du Chocolat
de Royat et des Confiseries d'Auvergne de
A. Rouzaud qu'a été créée cette merveille, où,
pour la vue comme pour le goût, on a l'occa-
sion de se délecter à l'infini.
L
a suppression des crachoirs dans les bu-
reaux de poste.
On vient de supprimer officiellement les
crachoirs dans les bureaux de poste. A vrai
dire, on n'eh voyait plus guère depuis long-
temps et on avait oublié la circulaire de M.
Mougeot, qui fit quelque bruit jadis, et qui
prescrivait d'installer ces objets dans tous les
bureaux. l
L
e lord-maire et le commerce parisien.
Parmi les nombreuses invitations qui
ont été adressées au lord-maire, il en est une
qui attirera particulièrement son attention 1
elMt telle que lui a faite la maison Rocher
frères, de venir déguster dans ses ravissants
salons style Empire, z, rue Halévy, les ex-
quises liqueurs — Cherry brandy et Curaçao
—, appréciées depuis si longtemps déjà en An-
gleterre.
p
armi les distinctions parues à l'Officiel,
nous relevons avec plaisir la nomination
au grade de chevalier de la Lésion d'hon-
neur de M. Benoiston, le négociait indus-
triel parisien, qui, depuis longtemps déjà,
jouit dans sa spécialité d'une notoriété bien
connue.
AU LORD-MAIRE
COMPLIMENT
Vous qui venez de l'Angleterre,
Et qui visitez Paris, si
Ghautard. était moins terre à terre,
U vous conduirait chez Fursy :
Vous y verriez maint pamphlétaire
ntsauter, lui-dôme, sa ctianeon
Et vous ne le foriez pas taire,
Oar voms ririez — Angio-salm! -
De l'entendre. pour vous complaire,
Donner ce conseil à. vas pions,
Qui vous présentent des mégères,
Au lieu de gracieux tendions:
e Laissez les enfants au lord-mairfl
» Jit leurs mères à la maison !. D
- --- V. H.
u
ne très curieuse brochure, traitant de la
neurasthénie, anémie cérébrale, épuise-
ment, et donnant les moyens de se guérir en
huit jours, est envoyée gratis, sur demande.
Pharmacie Vidal, 8, rue Molière, Paris.
L
e 28 numéro de la grande revue politique
et littéraire Le Censeur, que dirhre vail-
lamment l'éminent critique J.-Ernest Charles
est en ventç. Cette revue a triomphé et triom-
phera dans le public cultivé, .parce qwelleest
aussi libre et vivante que bon marché. lire
Ze Censeur. 1.
p
our installer : serres, jardie d'hiver, jar-
dinières, etc., voir les meubles en rotin
souple, très riches, en bambou naturel, les
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Perret-Vibert, 33, rue du 4-Septembre (Mai-
son des Bambous, Société anonyme.)
T
toutes les maladies d'estomac et d'intes-
tins sont radicalement guéries par le vé-
ritable lait caillé bulgare Yoghourt, qu'on
trouve à la Maya, 3, Chaussée d'Antin.
JOINVILLE.
Carnet d'un Sauvage
On connaît la jolie définition de l'égoïste :
L'égoïste, c'est celui qui ne s'occupe pas
de moi. Et on lui en veut pour cela- Comme
on a tort !
L'égoïste n'est pas dangereux. Il ne pense
qu'à lui. Il ne vous embête pas. L'homme
insupportable, c'est celui qui s'occupe de
vous, qui veut faire votre bonheur, et qui
gâte toute votre vie, parce qu'il veut l'ar-
ranger à sa guise. La Fontaine disait qu'il
fallait préférer un sage ennemi à un mala-
droit ami; et moi, je vous dis que ce qu'il
faut demander aux hommes, ce n'est pas
qu'ils vous fassent du bien. Tenez-vous
pour fortunés, et bénissez le Seigneur,
pourvu qu'ils ne vous fassent pas de mal.
Je vous demande un peu quelle rage ont
les gens de se mêler de ce qui ne les re-
garde pas. Voici le prince Albert de Prusse
qui a l'idée d'épouser une comédienne.
Qu'est-ce que cela peut vous faire ? Rien
du tout. Ni à moi non plus. Eh bien ! il y a
autour de lui une foule de personnes à qui
cela ne devrait pas faire davantage, et qui
s'agitent désespérément pour l'en empê-
cher. « Elle est plus âgée que vous ; ce n'est
pas votre affaire ; elle n'est pas jolie ; elle
n'a pas. de talent ; cette mésalliance n'a
pas d'excuse. » De quoi diable se mêle tout
ce monde ? Pour ma part, si j'avais un con-
seil à donner à ce prince, ce serait qu'il
agit à sa fantaisie. Je suis de ravis de Mo-
lière, et crois que sur cette terre il se faut
contenter, car on a si peu d'occasions d'y
être content, que c'est presque péché que
d'en manquer une.
C'est toujours cela de pris, doit-il répon-
dre avec la chanson à tous ceux qui lui
font envisager un avenir que demain la
mort peut interrompre. Qui sait lequel de
nous sera vivant dans quinze jours Y Le
prince, là la vérité, est déshérité, et n'a plus
que dix-neuf pauvres petits minions ; mais
avec cela, on peut encore vivoter.
Voyez ce malheureux petit jeune homme
qui vient de se faire écraser volontaire-
ment parce que ses parents refusaient de
l'unir à celle qu'il aimait. Evidemment à
lui aussi on avait prédit toutes sortes d'in-
fortunes, s'il persistait dans son dessem.
Eh ! que pouvait-il lui arriver de pis ?
Quand donc les hommes comprendront-
ils que le meilleur moyen de se rendre uti-
les les uns aux autres, c'est de se ficher
mutuellement la paix?
'"--------- .-.. - Henry Maret.,
;' L'ÉMEUTE A LONGCHAMPS
-
L'Incendie et le Pillage
e au Champ de Courses
A la suite d'un mauvais départ, les parieurs mècom
_: tents manifestent; la foule envahit le pesage.
ÑM.,: dépouille les caissiers du Pari mutuel et
~~-. -~. met le feu aux baraques.
Après le passage des émeutiers. - U* barrières du peMfJe arraebéau.
-&>~ i,
CômiWe on le verra par le récit qui va sui-
vre, la révolution a été maîtresse, hier, pen-
dant quelques heures, à Longchamps.
Le léger service d'ordre habituel du champ
de coursas ne pouvait songer un instant à
lutter contre l'émeute grandissante ; e ce
n'est que deux longues heures après les pre-
miers incidents que dès renforts sont arri-
vés ; .rœuvœ, de destruction et de pillage
vêtait à peu près consommée.
Il a fallu cet événement pour constater
un grave défaut d'organisation, de la sécu-
rité publiques sur lequel nous appelons l'at-
tention du préfet de police..
.M. Lépine, qui a déjà eu tant d'heureuses
initiatives, qui a créé les agents cyclistes,
la. brigade fluviale, etc., etc., doit aujour-
d'hui créer un service de transport rapide
de la force publique. Pourquoi deux ou trois
automobiles ne seraient-elles pas en perma-
nence à la préfecture de police, prêtes à
transporte^ sur un point où des troubles se-
raient signalés un certain nombre de gar-
diens de la paix ? Avec la franchise de vi-
tesse dont jouiraient ces voitures spéciales,
lés renforts nécessaires pourraient arriver
en temps utile et réprimer l'émeute nais-
sfitnte.
Maintenant, qu'il nous soit permis de dire
que les graves troubles d'hier auraient peut-
être pu être évités; Les commissaires des
courses, qui avaient vu le mauvais départ
et l'impression produite -sur le public, au-
raient pu mettre moins de hâte à proclamer
la validité de la course, et devant la mani-
festation grandissante, trouver un moyen
de calmer la fureur publique.
C'est du reste aussitôt après l'affichage
des résultats au tableau que le méconten-
tement populaire, à peine manifesté, a dé-
généré en émeute, avec la rapidité de l'é-
clair, et rien alors n'eût pu arrêter l'élan
d-î cette masse où, au milieu de parieurs mé-
contents, se trouvaient un certain nombre
d'individus louches qui fréquentent les hip-
podroIra..
« L'ÉMEUTE
Des faits d'une gravité exceptionnelle se
sont passés, hier, sur l'hippodrome de Long-
champs. A la suite d'un départ mal donné
dans la troisième épreuve de la réunion,
une véritable émeute, accompagnée de, pd-
lage et d'incendie, a éclaté, obligeant les
commissaires de la Société d'encourage-
ment, fait sans précédent dans les annales
du turf, à supprimer la tin de la réunion.
Mais procédons par ordre.
Dix concurrents, Monsieur Périchon,
Amalécite, Storm, Pois Rouges, .Kazbek,
Saint Léonard, Betlisaïda, Mlle Margue-
rite, Japonais et Red Pôle, devaient disputer
le Handicap libre, la troisième épreuve ins-
crite au programme. Les chevaux, rangés
devant les rubans de la starting gâte, at-
tendaient que Bishop, l'aide starter, qui
remplaçait Figes, juge au départ habituel
de la Société, donnât le signal. Au moment
où les rubans se sont levés, la moitié des
concurrents, dont Les deux favoris, Storm
et Saint Léonard, n'ont pas bougé ; les au-
tres sont partis à la débandade, plusieurs
jockeys hésitant, ne sachant pas si le dé-
part était bon. Monsieur Périchon, le che-
val de M. Champion, était parti en tête,
conservant sa grande avance jusqu'au
poteau. Storm et Pois Rouges avaient aban-
donné la partie dès le début, leurs jockeys
ayant, cru inutile d'insister devant le grand
désavantage qui leur avait été donné et
étaient rentrés au pesage.
C'est à l'issue de cette course que les cho-
ses ont commuée à se gâter. Le publia, #9
voyant afficher les résultats, s'est tout à
fait fâche. En un clijn d'œil, les turfistes det
la pelonse traversèrent la piste et pénétré*
rent au pelage, escgjadant "et arrachant led
gnuete.
4 la pelouse, comme au pavillon., com4
me au pesage, les .manifestants unissaient
le'urs protestations, s'encourageaient part
o.es signes et par des gestes, à mesure
1 orage grossissait. Les gardiens de la pajxJ
en trop petit nombre, étaient impuissants;
pour arrêter l'invasion du pesage, qui,sej
poursuivait menaçante, au milieu des vocifé^
rations de la foute criant: « Rembourser1
ment ! Au voeur ! Au voleur. ,
Tandis que M. Oescaves demandait d
renfort à la préfecture de police, aux pos-j
tes 1ea plus proches. l'émeute grandissait, 1
clôture séparant le pavillon de l'enceinte due
pelage était brisés, de même que la porto
donnant accès aux chevaux sur la piste c
des centaines de chaises jonchaient le solii
les poteaux étaient arrachés. ï
.Les agents des réserves qui, dès la pre*
miere effervescence, voulurent mettre la
main. sur les énergumènes dont les exploita
dépassaient. toute proportion, furent fort'
malmenés ; on leur arrachait des mains
leurs prisonniers on les jetait à terpe eu
leur faisant des crocs-en-jambe.
ues-gard-çjs municipaux à cheval, vingt-cina
en tout, Essayèrent de déblayer la piste;
mais, là, encore, leurs efforts furent vains.
Tout à coup, des manifestants se préci-
pitèrent aux guichets du Mutuel, ou les
caiç<ées furent pillées. Un certain nombra
a employés du Pari mutuel, menacés, rem-
boursaient hâtivement tous LE» tickets qu'oU
leur présentait.
Mais des individus se jetèrent sur eux et
leur arrachèrent leurs sacoches, qui laissè"
rent chofr sur le sol des pièces de cinq
francs, de dix francs, de vingt francs, pan
véritables poignées. On se battait pour s'emt
parer de cet or. •. t.
Non contents de ces exploits, quelqueff
énergumènes s'étaient emparés dès bidons
de pétrole trouvés sur les voitures antomo'\
bilcss stationnant aux alentours du ohamp de
course et en versaient le contenu sur les ba-
raques du Pari mutuel. Un vaste incendie
fut de suite allumé.
On assista alors à de véritables scès
nés 0k vandalisme Pour activer l'action dé*
vastatrice du feu, des chaises furent jetées ,
sur les baraques enflammées, le pavillon
central prit feu à son tour au milieu des
,Cb qui reste 1» oofeano CalBduta^ ---iXc» inra(ium di» M UMM MMVUIM* « incendtto^
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