Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1919-07-14
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326819451
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 57453 Nombre total de vues : 57453
Description : 14 juillet 1919 14 juillet 1919
Description : 1919/07/14 (Numéro 194). 1919/07/14 (Numéro 194).
Description : Note : deuxième édition. Note : deuxième édition.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k760205c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
DOUZIEME ATCNES. — M» 194
DEUXIEME ÉDITION
LUNDI 14 JUILLET 1919
offttcreu/fs pourtpuea
LÉON OAUOet
CHARLES MAURRAS
ORGAMÊ OU NATIONALISME INTÉGRAL
10 CENTIMES
rOOTUTBtft
KônH tfAUGEQfS
« /Î7U/ ce est national est'nôtres
t« Due «'ORLÉANS ,
tlêriSfer des Quarante rtois qui en mille «ns firent la France.
tm • ««■ r-r-tttm» .
fUirl • Amuiv
, «8 » «Sa* .. t m
i •
«O» it» «•
Manda» t H. I M oi I ii I mnimv.
.REDACTION «t ADMINISTRATION î W Rue ûo Rom« tau* f8«*Télêp.tou»M 80 *48 «t 26*60 lAprla éh Muré* «v«ota>)C mtut 8 4*0 fi
On est bon Français dans
la mesure oit l'on aime le
soldat.
L'Abbé APPERT.
Curé de SalntmRlartin-d'AIgny (Marna}
Pour fêtes* la Victoire
La eoIIaboratiOD le M et Meiinii
Cette grande journée de la Fête de la
Victoire, placée sous l'invocation de tous
nos morts, est due principalement à la
collaboration de deux hommes : un
militaire qui est H maréchal Foch, un
politique qui est Georges Clemenceau.
: L'Histoire associera leurs noms. Elle
ajoutera que; s'ils l'emportèrent finale
ment sur un ennemi redoutable, ce fut
malgré les institutions républicaines,,
représentées, avant eux, par quatre pré
sidents du conseil incapables, Viviani,
Briand, Ribot, Painlevé, manœuvrés
eux-mêmes par la trahison double de
Caillaux, .ancien président du conseil, et
de Malvy, ministre inamovible de l'Inté
rieur. Clemenceau, en arrêtant Caillaux
après avoir dénoncé Malvy, a brisé
la manœuvre allemande à l'intérieur.
Moyennant quoi Foch a pu briser les
armées allemandes, grâce à son génie
militaire.
Le maître livre sur l'action de Clemen
ceau a été écrit par Gustave Geffroy,
président de l'Académie Goncourt. son
-ami depuis plus de trente ans. J'ai dit
ici ce que je pensais du beaii livre de
Geffroy, dont le succès est considérable
et mérité. Il y aura dans huit jours (le
22 juillet) deux ans que Clemenceau,
providentiellement inspiré, encore qu'il
ne croie guère à la Providence, pronon
ça au.Sénat le discours vengeur Qui de
vait rompre le cercle de trahison dans
lequel la France se débattait, malgré nos
avertissements désespérés et réitérés.
Quand j'ai lu ce discours en province,
par le soir d'une belle journée lumi
neuse et chaude, j'ai dit aux miens :
« la France est sauvée 1 » Peu nous im
portait que ce fût un vieux républicain
qui dénonçât ainsi l'un des deux maî
tres de la pourriture d'assemblée, de là
pourriture consubstantielle au régime.
L'important était que le crime fût enfin
démasqué». A partir de ce moment, les
"événements 'se précipilèrènt -et. un , an
plus tard, jour pour jour, 22 juillet 1918,
s'effondrait le suprême effort militaire
de l'ennemi, privé chez nous de ses
auxiliaires politiques les plus impor
tants.
Le 22. mars 1917, Malvy, agent alle
mand, entre au comité de guerre.
Le 17 avril 1917. commence l'offensive
Nivelle aussitôt livrée à l'ennemi par
le journal de Malvy, le Bonnet rouge,
aussitôt entravée par le ministre de la
guerre Painlevé, sur l'ordre de Caillaux
et des politiciens.
Le 23 mai 1917 éclatent les mutineries
militaires. Pétain les réduit vers la An
de juin. Ces mutineries avaient leur
point de départ au ministère de l'Inté
rieur r— voir les deux dépositions du
lieutenant Bruyant — et au Bonnet
rouge.
Le maître livre sur l'action de Foch,
"depuis la première bataille de la Marne
en septembre 1914 "jusqu'à l'armistice,
a été écrit par Raymond Recouly, cor
respondant de guerre du journal le
Temps, sous le titre : Foch± le vain
queur de ta guerre. C'est un ouvrage
complet, sobre, précis, documentaire,
simplement et noblement écrit. J'aime
rais qu'il fût adopté par.les écoles de la
Ville de Paris et par tous les lycées et
' collèges, comme un récit excellent et
• fortifiant, comme un manuel de patrio
tisme. Justice'y est rendue à Joffre, qui
est à Foch ce que Poincaré est à Cle
menceau. un ouvreuf de grandes possi
bilités. La France ne ménagera sa re
connaissance ni à Joffre, ni à Poincaré,
qui, eux aussi, ont permis à nos armées
de supporter 1-e premier choc et de le
refouler, malgré les institutions républi
caines. J'ai établi dans VAvant -Guerre,
publiée à ses risques et périls par notre
ami et collaborateur le. lieutenant Va
lois, le 4 février 1913, que l'envahisse
ment allemand, prélude de l'invasion
imminente, était le fait du régime répu
blicain. Dix-huit mois plus tard, l'évé-
... nement confirmai! mon dire de point en
point. Maurras, sur le plan de la
politique "générale, avait fait la même
démonstration dans Kiel et Tanger.
Bien entendu, Raymond Recouly ne
pouvait faire dans son livre qu'une lé
gère allusion {page i77) aux intrigues
politiques criminelles qui mirent Foch
« à deux doigts de la.disgrâCe », vers la
fin de l'année 1916, les mêmes qui de
vaient, au printemps de 1917, priver les
armées françaises dn général Mangin.
Ces intrigues seront dévoilées en temps
et lieu, en même temps que leurs origi
nes exactes. Mais, pour aujourd'hui,
soyons tout à la joie de la victoire !
Le consciencieux travail de Recouly
nous montre le génie de Foch — fait de
pénétration, de science et de ténacité —
s'exerçant à tous les tournants critiques
de la guerre. Son intelligence illumine
le champ de bataille, quelle que soit sa
dimension. Son caractère possède cette
trempe qui permet, non seulement de
surmonter l'adversité, mais de prendre
la fortune adverse comme point d'appui
de i'eiïort qui, demain, la retournera. La
collaboration directe de Clemenceau, en
lui conférant le commandement unique,
en |e libérant de la pression des politi
ciens, lui permit de donner toute sa
mesure à partir dû 22 mars 1918. Ainsi
Ludendorff creusa la poche redoutable
qui, par contre-coup, devait amener sa
propre perte. Il ressort dç' l'étude de.
Recouly que la victoire finale" a été ga
gnée par le développement, sans inter
ruption, d'une gigantesque contre-offen
sive à coups de boutoir successifs. Inu
tile d'ajouter que la puissante et rapide
coopération américaine a permis de
nourrir ces coups de boutoij".
Maintenant que la paix est signée, il
va être possible dlécrire. une histoire
véritable de la guerre, appuyée sur des
documents authentiques et officiels qui,
jusqu'ici, sont demeurés secrets. Ces
documents prouvent jusqu'à l'évidence
que le « politique d'abord » est la, règle
du temps de guerre, comme il est la
régie du temps de paix. Au moment de
la déclaration de guèrre, le parti" poli
tique de Caillaux et de Malvy, c'est-à-
dire le clan allemand, était puissant en
France où il venait de faire les effroya
bles élections de 1914, avec le concours
d'Almereyda. L'influence personnelle de
Poincaré, l'exode des parlementaires à
Bordeaux, la fermeture de la Chambre,
la dictature militaire de Joffre et de Gal-
lieni ont permis, de remporter la pre
mière victoire de la Marne et d'arrêter
les Allemands sur l'Yser. Suivent trois
ans. de stagnation au cours desquels —
l'offensive de Verdun mise à part —
l'envahisseur mène surtout la . guerre
d'arrière-front, la guerre de dissociation
intérieure, à l'aide de ses. agents politi
ques, chez nous, en Italie et en Russie.
La défection 1 russe lui permet alors,
mais.trop tard, de reprendre une offen
sive finalement brisée, elle, aussi sur la
Marne, l'an dernier, à pareille époque,
^3ans les.conditions que l'on sait. .
Au résumé, il y .a deux édifices qu'il
importerait d'illuminer ce soir ; car ils
ont contribué chacun, bien que d'une
façon différente, à la victoire finale :
le premier est l'Ecole de Guerre, le se
cond la prison de la Santé'; et il y a
quelqu'un qui aurait tous les. droits
à .-défiler, -sous -M-Fc^de-iîribmphe, en
compagnie dés chefs "les plus fameux :
ce quelqu'un est le capilaine Bouehar-
don. LEON DAUDET
mau
i milieu ils l 'agoUtéose
Jusqu'en cette journée de fête et de dé
tente des esprits opprimés par une longue
horreur, il faut demander aux Français de
consacrer quelques . moments à un retour
sur le passé et à une méditation sur l'avenir.
Là gigantesque aventure qui finit par une
apothéose a eu ceci de prodigieux que les
peuples vainqueurs sont ceux qui ne pen
saient pas à la guerre, et qui la croyaient
même impossible. Les Allemands ont déso
béi au précepte de Bismarck. Ils ont agité
ce qui était tranquille. Ils ont détruit de
leurs mains un état de choses dont ils étaient
les bénéficiaires. Les amateurs de guerre
civile pourront s'instruire de l'exemple. Ils
jouent avec la révolution. Ils avertissent la
Françe par des provocations, successives.
Telle a été la méthode de l'Allemagne entre
1905 et 1914, grâce à quoi, le jour décisif,
notre mobilisation s'est faite admirablement.
De même le bolchevisme réveille chez nous
le chat qui dort. v
Il n'en est pas moins vrai que l'Alle
magne nous a attaqués, envahis, qu'elle a
occupé de longs mois une vaste partie de
notre territoire et que nous avons échappé
à des périls mortels. La victoire d'aujour
d'hui répare, la défaite de 1870, mais à quel
prix! Et dans l'un comme dans l'autre cas,
c'est l'ennemi qui a médité et entrepris
l'agression. La France est un pays que la
guerre vient chercher. Voilà la vérité qui
crève les yeux.
Serons-nous mieux abrités dans l'avenir
contre les répercussions de la politique
européenne devenue universelle? La France
avait pris l'alliance russe pour une garantie
de la paix, et c'est ; par l'alliance russe
qu'est arrivée la guerre. Après cela, on
peut être sceptique. L'enchaînement des
effets et des causes a trop.de mystères pour
qu'on se fie, en politique, à une précaution
conçue comme devant dérouler sans fin ses
bienfaisantes conséquences.
Lorsqu'approcha le fatal été de 1914, on
découvrit par quel mécanisme la guerre
allait s'engager. En appuyant sur le ressort
serbe, l'Allemagne mettait en mouvement
la Russie et l'alliance franco-russe. Heureu
sement, par l'invasion de la Belgique, elle
a complété elle-même la chaîne de nos al
liances. Il n'en est pas moins vrai que si la
menace russe avait empêché Bismarck de
nous attaquer en 1875, c'est à travers la
Russie, beaucoup moins redoutée en 1914.
que ses successeurs ont engagé le fer avec
le peuple français.
Nous avions aperçu et décrit ce danger,
les collections de l Action française et de
sa revue en font foi. Elles font toi égale
ment que nous nous rejusions à soutenir
les querelles slaves, à exciter le pansla
visme ou la slavjphilie. EhI bien, pour:
éviter les orages de l'avenir, il faudra en
core essayer dé voir clair. I! faudra aussi
se garder de prendre pour une assurance
infaillible de tranquillité ce qui peut devenir
le principe de complications nouvelles. Dès
le lendemain des fêtes, la vie des peuples
retrouvera ses droits. Elle sera comme tou
jours pleine de passions et d'incertitudes.
Mais rarement, pour la France, la matière
de la politique n'aura été plus vaste et plus
ténébreuse» . . „
Jacques BAJSVILLE'
II
Le Gliaii de la Mire
C'est mol, peuple... Je suis ton splendide visage.
Dans mes yeux grands ouverts tu peux te regarder. !
Tu fus fort, tu fus sage,
Brûlante . intelligence, indomptable courage.
Tu fus ce que le monde, ô mon peuple, attendait.
Tu fus la France...
Comme Minerve tient la lance,
Moi je tiens ton esprit, tu vois.î
0 douce terre de la vigne,.
O pays des plus nobles, rois,
Douce terre du blé, des nourrissantes lois
Et de Ja raison ia plus, joigne,
Couronne de cités, mon front
Te porte en pleurs dans la lumière,
En pensant à tes morLs vers tes fils qui naîtront.
Mon cœur bat comme une prière.
0 fleur du genre humain,
Je te tiens dans ma main.
Mais j'entends les clairons, du sommet à ia base
Le grand Arc à nos pieds palpite dans l'extase,
Et les morts sont vivants.
Qu'on-ôte de mon front ce linceul qui l'écrase,
Des siècles commencés j'achèverai la phrase^ .
Je serai le matin de tous ces yeux levants.
, Du fond des cœurs, du fond des âges,
Marée immense de visages,
Suis-je à Verdun ? suis-je à Poitiers 1 ,
. Que me crient donc toutes ces bouches,
Que mè veulent ces poings farouches.
Toutes ces fois, tous ces métiers î :
Morts et vivants, croulant dans la fournaise noire,
De tranchée en tranchée, ivres, serrant les dents.
Quel calice enfiévré ces. saints voulaient-ils boire ?
Sombre, je ruisselais dans les drapeaux ardents..
Aux torrents, de l'assaut, sur l'écume des charges.
Père, reconnaiç-tu ce casque grimaçant ?
-Sois fier... -Devant. Arras, aux -pentes.des .Epargës, . -.
•Au soleil de Soissons, c.'fetêfit foi, c'est ton sang.
Dans ce couchant d'hiver, broyé par cette roue,
Ce visage en lambeaux sous ce saule fiévreux, .
Entre cés' cils souillés, cette larme de boue..,-
Mère, ne pleure pas : ton enfant est heureux.
Il est heureux:... Morts et vivants, armes, lumières,
Les voici, millions de coeurs battant en un,
Les Maîtres, les Sauveurs, les sanglantes frontières, -
Les hommes de la Marne et les dieux de Verdun*
Et je ne suis plus rien que leur âme battante.
Que leur passé de gloire et leur mâle avenir.
Et je'ne suis plus rien-que la France haletante,
Que le monde sauvé... Ma sœnr„ tu peux vemr.
Tu peux venir de l'Empyrée,
0 Paix française qui. me suis.
Sur ta terre enfin délivrée
Le plus beau, jour du monde luit.
Et voici la lance fleurie,
Je te la tends dans la splendeur.
. Ypici l'esprit de la Patrie... :
Sois juste et forte, ô Paix, m a sœur.
JOACHIM GASQUET.
LA POLITIQUE
Il •
CONTRE L'Of\ BOLCHEVIK
Le million de la défe nse sociale
Versés s franGs
A l'heure où les fumées et les lumières
de l'enthousiasme et du deuil doivent mon
ter de la terre au ciel et déployer au tour de •
l'Arc,de l'Etoile leur draper.e aérienne,
chargée des profondes indécisions et des
saintes espérances du cœur français,
VAction française s'unit de toute son âme
au. culte général des héros de la France,
mais ne peut s'empêcher de réserver la
part la plu» secrète de sa pensée à ceti:.
d'entre ces sacrifiés glorieux, -qui étaient
pleins, de- sa doctrine et de sa* volonté,
animés de son souffle, enivrés de ses
vérités, que la vie confirme et renouvelle,
que le mouvement' .rajeunit:. D'être ces
morts, au nombre dj plus de 2.500, notre
courrier de la semaine a salué par
leurs noms, ou par leur catégorie locale et
sociale, René de Moniigny, le3 64 nobles
enfanta de Vignacourt, tombés au champ
d'honneur, le capitaine René de Bour-
mont, Jules Delporte, Jean de Lassalle,
Georges Bonnafont, Givani, lés membres
des sections d'A. F. de Marseille, Paul de
Brissac, le lieutenant Louis .de Varaz,
Pierre Dupouey, le lieutenant-aviateur
Guy de la Rochefordière, Marcel Jourhom-
ine, les 52 élèves de l'école tics Mines de
Saint-Etienne, morts au champ d'honneur;
Gabriel Bach, Henri de Lestang du Rus-
quec. commandant au 52 e d'infanterie ;
Joseph Collet, le lieutenant vaisseau
Prosper Lambert, le sous-lieutenant de
Montfort, Louis Gavard, le capitaine Oc
tave de Sampigny, le sous-lieutenant d In-
guimbert, le sous-lieutenant Henri de Gas-
quet, !e commandant De'pech de Frayssi-
net, le sous lieutenant. Pierre Anthoine,
Auguste Bertrand et Adolphe Nicolas,
l'abbé Boismard. tous tués ù 1 ennemi ou
morts pour la France.
Nous donnerons après-demain la nécro
loge, de nos sections. Et nos lecteurs au
ront en même temps le détail des dons
nombreux et splendides qui, en urie se
maine, ont élevé notre souscription de
421.000 francs au-dessus de 500-000.
Hère et douloureuse énumération, nous
voudrions ajouter un vaste choix des belles
lettres qui gonflent nos dossiers, pour
scander les pas du triomphe et montrer
l'avenir dans ce splendide et jeune passl
Faute d'espace il faut réduire au minimum
cette exposition des confiances, des espé
rances, de toutes les vertus civiques de
nos amis.
Un chef de famille bourguignon nous
dit :
Au nom de mes neuf enfants vivants et
du dixième attendu, je vous remets sous ce
pli 200 francs pour contribuer à la réalisa
tion du deuxième million. Malgré mes lour
des charges, je vous ferai d'ici quelques
mois un nouvel envoi et plus important,
celte fois, si'la souscription languissait
ce qui me semble parfaitement inadmissi
ble.
Que Dieu bénisse votre œuvre !
..Un Français, qui vit de son travail, com
me tant d'autres de nos amis les plus 1
chers,.écrit comment, venu à nos idées en
toute liberté d'esprit, il sut les afficher et
les propager :
Dans l'usine où je travaillais en 1913, j'eus
le bonheur de « prendre » à vos idées une
vingtaine de « camarades » de couleurs* ai
verses.
Héfurmé,' je m'engageai en mai 1916, alors
qui depuis deux ans je ne lisais plus le
journal que par « bonne fortune » et au
hasard, comme infirmier volontaire dans
un hôpital temporaire (ci X n" .93) avec l'in
tention de répandre vos idées si logiques et
bienfaisantes pour le vays. Après quelques
semaines ae séjour, je trouvai le mo'icn de
remplacer le distributeur de journaux, aux
poilus, chaque matin. C'était au moment
du « complot » et procès ridicule d'Action
française. Le journal, à mon arrivée, était
inconnu ; (c'est incroyable !) En un mois X.
eii vendait un nombre déjà important : une
cinquantaine ! et tout l'hôpital le lisait, en
(eu v
cinq
se u
se te faisant passer.
À cetto nojjyelJe hç.urejise A surtpst à cette \tUre la suitç m deuxièmes iaeçL
/. Aux victorieux protecteurs
« Puisque la gloire est le larldge de la
France, so .yez-en comblés, vous qui la lui
avez acquise.
« En ce jour inoubliable où l'âme de la
France vous entourera, nous pous souvien
drons de vos souffrances el de vos sacrifi
ces héroiquss. -
« C'est du fond du cœur, glorieux héros,
que nous vous disons merci pour nous
avoir sauvés, et pour la gloire immortelle
que vous avez donnée à la France... »
' D'où nous vient ce salut aux victorieux
et aux protecteurs V II m'aurait semblé
convenable et juste de .laisser parier et
chanter les poètes, je me serais donc abste
nu de rien aiouter au sonore coup d'aile de
Joachim Gasquet, si je n'avais reçu pres
que au dernier moment, ces trois versets
vibrants signés ; un groupe . de Fran
çaises ». Que ces. patriotes soient donc les
bienvenues dans les colonnes de leur jour
nal / Elles me priaient de remettre leur
acclamation écrite, comme un placet, aux
triomphateurs : elle n'eût été lue jue de
quelques-uns ; imprimée ici toute chaude,
elle a chance d'être reçue et conservée par
un plus grand nombre de nos héros. Un
cri des femmes, des mères et des filles sau
vées de l'invasion et de la barbarie, c'est, je
crois, l'expression la plus directe de tous
les justes symboles de: la patrie. Elles au
raient le plus souffert de l'ennemi. Elles
sont les tronhées, les. joyaux et, en quelque
manière, les drapeaux vivants du salut
public. Plus que tous les autres trésors de
la race, ne fjat-ce pas oour les garder, elles,
que fut tracée la première enceinte de la
'■e-rtu et leur grâce suscitèrent
ce premier boulevard de, la liberté. Il n'est
que juste qu'elle le décorent de fleurs,
d'inscriptions et de cris d'amour.
II. Grèves de magnificence
Pendant ce temps, la conspiration se
poursuit, une pincée de politiciens de car
rière travaillent à consommer le crime
d'Etat. En s'appliquant non seulement â
resserrer un peu plus autour de notre
pays le lacet de ia vie chère et de ses hor
reurs, sur lesquelles on compte parce
qu'elles sont mères des révolutions, mais
aussi, mais surtout peut-être à réduire no
tre production nationale pour ..accentuer
-notre.-retord .économique-et nous placer,
plus complètement Sous le joug dés étran
gers amis et des étrangers ennemis, de
ceux qui ont vaincu avec nous ou qui sont,
au moins nominativement, nos vaincus.
Car, n'oublions jamais qu'il suffit de
gratter l'Internationale révolutionnaire,
ses naïvetés, ses ambitions, ses intrigues à
la' Longuet, pour trouver cêKIe qui en
profite et qui l'alimente : cette internatio
nale financière qui considère notre pays
comme un territoire de colonisation, d'ex
ploitation et, à mettre les choses au mieux,
d'expérience... '
H est vrai d'ajouter que les ouvriers
français commencent à se sentir las de ser-
vir de.sujets d'expérience. Cela nous est dit
• et écrit de toute part. Nous n'en voulons
plus,- répètent-ils. Ces grèves de magnifi
cence les ruinent avant même que d'avoir
ruiné le pays. Un lecteur nous dit :
J'ai saisi hier, en passant, ■ lès bribes
d'une conversation entre postiers : « Les
revendications r professionnelles, parfaite
ment!... mais quant aux politiques, je ne
marche pas. » C'est, je crois, l'expression
de la majorité de la classe laborieuse.
Nous souhaitons qu'il, se forme dans la
majorité de cette classe une élite capable
de lui donner des conseils et.des direc
tions. Les .majorités livrées à elles-mêmes
savent parfois résister, rarement ou jamais
agir. Acceptons comme un bon augure, les
déclarations faites par le présfdent de
l'Association fraternelle des employés et
ouvriers des chemins de fer français, M.
Lacoste : elles tendent à douter que les che
minots puissent consentir « à se mettre à-
lâ remorque d'une poignée de meneurs
impatients de jouer aux satrapes bolche-
vistes ». Ils ne se croiseront pas les bras,
« afin de travailler pour le roi de Prusse ».
M. Lacoste ajoute '•
Laissons donc à ceux qui vivent de dé
sordre et qui ne considèrent comme digne
de leur sollicitude que tout ce qui n'est pas
fr;.:içais la charge et la responsabilité des
actes qu'Us veulent nous faire commettre,
quittes à se dérober, le cas échéant, aux
dan étions qui pourraient en résulter.
Bref, c'est la réaction du bon sens fran
çais qui dit trois choses : pas de tfavail,
pas de diminution du coût de la vie; pas
d organisation nationale du travail, point
d'avenir pour le travail des individus et des
professions ; chacun son métier (la politi
que étrangère n'est certainement pas ta
fort de M. Léon Jouhaux), et l'avoir de
chacun et de tous sera bien gardé.
III. Chez nos étudiants
Hier, pour la première fois depuis là
guerre, nous nous sommes assis au , ban
quet des Etudiants d'Action française qui
n'avait pas eu lieu depuis le 28 juin 1914,
au jour et à l'heure où fut annoncé à Paris
le drame de Sera je vo.
Depuis plusieurs mois, Bainvilie redi
sait qu'il, faisait par toute l'Europe 1111
« temps bismarckien » Notre attention
avait été portée sur un voyage fait à Ham
bourg, repaire de sa flotte de commerce,
par ''empereur Guillaume II : il avait' été
reçu par le bourgmestre gui l'avait salué
de « Majesté » et qu'il avait traité de
« Magnificence ». Devant nos étudiants as
semblés, nous soulignions, il y a cinq ans
cet échange de politesses et faisions
remarquer J . ce que cette pomne enfer
mait de force, de menaces et de périls.
Voilà la pompe au fond de l'eau, avec-la
majesté et 4a magnificence. Mais comment
se fait-il que les menaces subsistent et que
les (périls ne soient pas dissipés? IL n'y a
plus de péria a lemaoïd ni de menaces alle
mandes pour l'Angleterre. L'un et l'autre
subsistent presque entiers pour nous, dimi
nués certes en un sens mais aggravés dans
l'autre, et il ne semble pas que la pré
cieuse amitié anglo-saxonne s'en rende un
oompte^ exact. Elie aurait même un 1 - ten
dance à nous traiter un peu comme nous
craignions d'être traités par elle au len
demain de Fachoda. Cela composerait à
nos jours de -fête un fond de scène assez
sombre s'il n'y avait un rayon d'aube :
c'est la conscience que nous prenons, die ces
pièges de l'avenir.
.. Il se forme un esprit public; Créature dfe
la "douleuri oêuvre directe de l'épreuve, ~ aé "
sentiment du mai, ce désir du mieux, et du
bien, jadis ^réduit à une élite semblent s'é
tendre et, pour ainsi dire, se vatior.se' par
mi toutes les profondeurs du pays. Voilà
désormais l'espérance.. Mais pour en éten
dre le rayon bienfaisant pour en réaliser
les hautes promesses; il faut que l'intelli
gence frança se se mette 101%,entière aul
service du cœur français. Noué ne ferons
rien sans labeur, et ce labeur doit être
réglé par l'expérience et par la raison. Ce»
deux lumières ont présidé à l'élaboration
des doctrines de l'Action française, dont
les prévisions étaient sûres et qui n'ont pas
trompé. Sans libertés, locales, sans chef
personnel, responsable, traditionnè] et non
élu, la France a subi très précisément
dans la mesure où nous les annoncions les
épreuves dont elle sort triomphante mais
affaiblie, jusqu'à l'épuisement. Avec dea 1
libertés locales, avec un chef unique héré
ditaire et responsable l'Allemagne, pen
dant quatre ans, a tenu tenu tête au monde
entier. Déchirées par les lenteurs et les
incohérences de notre administration, nô'S
provinces libérées du Nord et de l'Est de-
mandent à grands cris par leurs Etats gé
néraux des libertés locales et une.sorte de
vice-roi qu'elles saluent du nom de gouver
neur général. Avec un roi, coordonnant
l'autorité, avec les libertés locales et profes
sionnelles qui sont dans la tradition de
, nos rois, que ne pourrait notre France vic
torieuse !
CHARLES MAURRAS.
Il nous est impossib!e de publier
anjoiirà'Imi à sa place habituelle
l 'article de Maurice PuJo « En Ar-
gonne ». Nos lecteurs le trouveront à
ia 2 e page.
IDemain sux* nos tombeaux
Les blés seront plus beaux
(Chant d'assaut des Camelots du Roi 0
. En cetle veillée des Morts et avant qu'éclatent les fanfares du Triomphe
t Action française vient s'incliner sur ses plus glorieux tombeaux. : '
A Versailles, samedi, le maréchal Foch disait : « La plus belle page de l'histoire
guerrière est celle qui contient les citations de nos héros » De ce s citations■ voici
un bouquet qu'assemblent les liens de la douleur kl de'la fierté. Cette douleur est
immense, mais la lier té est la plus grande, d'avoir aux temps de l'avant-guerre
réuni autour de l'action menée ici pareille couronne de vertus françaises. Et nous
ne pouvons détacher noire pensée de la phrase si souvent lue et relue, celle qui
s'échappait quotidiennement des tranchées de première ligne pour venir échouer sur
nos tables : « L'Action française aide à faire son devoir. »
MILLE-SOIXANTE-SEIZIEME LISTE
II faut réunir, ici dans un même hom
mage de reconnaissance et d admiration
tenant au 23 e d'infanterie, et Jean Dinet,
d'escadrons de cavaierie de réserve et "le
ses deux fils, Paul-Noël Dinet, sous-lieu
tenant au 23° d'infanterie, et Jean Dinet,
sous-lieutenant au 569° d'infanterie, tous
les trois morts pouT la France.
Les deux frères étaient, à l'école Saint-
Cvr, de la promotion de la Croix du Dra-,
peau.
L'aîné, Paul-Noël Dinet, avait transcrit
sur la première page -de son journal
d'école cette parole de Montluc : « Nos
vies et nos biens sont à nos unis. ; l'âme
est à Dieu et l'honneur est à nous ; car
sur mon honneur le P.oi ne peut rien. »
Le 9 actif 1913, il écrivait à sa mère: « Mou
rir, le visage tourné vers la plaine d'Al
sace, en rendant ce nays.à la Fr.ance t suf
firait à mon bonheur... ». Ce vœu sublima
devait s'accomplir au jour anniversaire où
il avait ma prononcé : l'héroïque jeun$
homrn» tombait devant Mulhouse, lo 9 août
1914. La ci f ati.op suivante, à l'ordre "e la
l rf armée, en a consacré là mémoire
[Journal officiel, au 3 février 1915)..;. V
S'est fait remarquer par son courage et
sou entrain. A donné à hommes le plus
bet exemr.e d héroïsme' dont puisse- faire
preuve un jeune officier. A été tué en enle
vant ses hommes à la baïonnette.
Jean Dinet, blessé d'abord dans lés cbm^
bats qui «irvirent la première victoire dç
la Marne, tombait à son tour, le 14 no
vembre 1914, en Lorrains un bois.Lé-Prfi»
tre, ainsi qu'en 0 témoigné cette citation,
publiée au Journal officiel du 25 décem
bre : ■ ....v...;-..
Le 14 novembre, blessé mortellement en
enlevant sa section dans un combat sous bo-is,
n'a pas voulu être emporté a l'ambulance.
Avait déià été blessé .deux (ois 1«6 3% et £3 seo-
DEUXIEME ÉDITION
LUNDI 14 JUILLET 1919
offttcreu/fs pourtpuea
LÉON OAUOet
CHARLES MAURRAS
ORGAMÊ OU NATIONALISME INTÉGRAL
10 CENTIMES
rOOTUTBtft
KônH tfAUGEQfS
« /Î7U/ ce est national est'nôtres
t« Due «'ORLÉANS ,
tlêriSfer des Quarante rtois qui en mille «ns firent la France.
tm • ««■ r-r-tttm» .
fUirl • Amuiv
, «8 » «Sa* .. t m
i •
«O» it» «•
Manda» t H. I M oi I ii I mnimv.
.REDACTION «t ADMINISTRATION î W Rue ûo Rom« tau* f8«*Télêp.tou»M 80 *48 «t 26*60 lAprla éh Muré* «v«ota>)C mtut 8 4*0 fi
On est bon Français dans
la mesure oit l'on aime le
soldat.
L'Abbé APPERT.
Curé de SalntmRlartin-d'AIgny (Marna}
Pour fêtes* la Victoire
La eoIIaboratiOD le M et Meiinii
Cette grande journée de la Fête de la
Victoire, placée sous l'invocation de tous
nos morts, est due principalement à la
collaboration de deux hommes : un
militaire qui est H maréchal Foch, un
politique qui est Georges Clemenceau.
: L'Histoire associera leurs noms. Elle
ajoutera que; s'ils l'emportèrent finale
ment sur un ennemi redoutable, ce fut
malgré les institutions républicaines,,
représentées, avant eux, par quatre pré
sidents du conseil incapables, Viviani,
Briand, Ribot, Painlevé, manœuvrés
eux-mêmes par la trahison double de
Caillaux, .ancien président du conseil, et
de Malvy, ministre inamovible de l'Inté
rieur. Clemenceau, en arrêtant Caillaux
après avoir dénoncé Malvy, a brisé
la manœuvre allemande à l'intérieur.
Moyennant quoi Foch a pu briser les
armées allemandes, grâce à son génie
militaire.
Le maître livre sur l'action de Clemen
ceau a été écrit par Gustave Geffroy,
président de l'Académie Goncourt. son
-ami depuis plus de trente ans. J'ai dit
ici ce que je pensais du beaii livre de
Geffroy, dont le succès est considérable
et mérité. Il y aura dans huit jours (le
22 juillet) deux ans que Clemenceau,
providentiellement inspiré, encore qu'il
ne croie guère à la Providence, pronon
ça au.Sénat le discours vengeur Qui de
vait rompre le cercle de trahison dans
lequel la France se débattait, malgré nos
avertissements désespérés et réitérés.
Quand j'ai lu ce discours en province,
par le soir d'une belle journée lumi
neuse et chaude, j'ai dit aux miens :
« la France est sauvée 1 » Peu nous im
portait que ce fût un vieux républicain
qui dénonçât ainsi l'un des deux maî
tres de la pourriture d'assemblée, de là
pourriture consubstantielle au régime.
L'important était que le crime fût enfin
démasqué». A partir de ce moment, les
"événements 'se précipilèrènt -et. un , an
plus tard, jour pour jour, 22 juillet 1918,
s'effondrait le suprême effort militaire
de l'ennemi, privé chez nous de ses
auxiliaires politiques les plus impor
tants.
Le 22. mars 1917, Malvy, agent alle
mand, entre au comité de guerre.
Le 17 avril 1917. commence l'offensive
Nivelle aussitôt livrée à l'ennemi par
le journal de Malvy, le Bonnet rouge,
aussitôt entravée par le ministre de la
guerre Painlevé, sur l'ordre de Caillaux
et des politiciens.
Le 23 mai 1917 éclatent les mutineries
militaires. Pétain les réduit vers la An
de juin. Ces mutineries avaient leur
point de départ au ministère de l'Inté
rieur r— voir les deux dépositions du
lieutenant Bruyant — et au Bonnet
rouge.
Le maître livre sur l'action de Foch,
"depuis la première bataille de la Marne
en septembre 1914 "jusqu'à l'armistice,
a été écrit par Raymond Recouly, cor
respondant de guerre du journal le
Temps, sous le titre : Foch± le vain
queur de ta guerre. C'est un ouvrage
complet, sobre, précis, documentaire,
simplement et noblement écrit. J'aime
rais qu'il fût adopté par.les écoles de la
Ville de Paris et par tous les lycées et
' collèges, comme un récit excellent et
• fortifiant, comme un manuel de patrio
tisme. Justice'y est rendue à Joffre, qui
est à Foch ce que Poincaré est à Cle
menceau. un ouvreuf de grandes possi
bilités. La France ne ménagera sa re
connaissance ni à Joffre, ni à Poincaré,
qui, eux aussi, ont permis à nos armées
de supporter 1-e premier choc et de le
refouler, malgré les institutions républi
caines. J'ai établi dans VAvant -Guerre,
publiée à ses risques et périls par notre
ami et collaborateur le. lieutenant Va
lois, le 4 février 1913, que l'envahisse
ment allemand, prélude de l'invasion
imminente, était le fait du régime répu
blicain. Dix-huit mois plus tard, l'évé-
... nement confirmai! mon dire de point en
point. Maurras, sur le plan de la
politique "générale, avait fait la même
démonstration dans Kiel et Tanger.
Bien entendu, Raymond Recouly ne
pouvait faire dans son livre qu'une lé
gère allusion {page i77) aux intrigues
politiques criminelles qui mirent Foch
« à deux doigts de la.disgrâCe », vers la
fin de l'année 1916, les mêmes qui de
vaient, au printemps de 1917, priver les
armées françaises dn général Mangin.
Ces intrigues seront dévoilées en temps
et lieu, en même temps que leurs origi
nes exactes. Mais, pour aujourd'hui,
soyons tout à la joie de la victoire !
Le consciencieux travail de Recouly
nous montre le génie de Foch — fait de
pénétration, de science et de ténacité —
s'exerçant à tous les tournants critiques
de la guerre. Son intelligence illumine
le champ de bataille, quelle que soit sa
dimension. Son caractère possède cette
trempe qui permet, non seulement de
surmonter l'adversité, mais de prendre
la fortune adverse comme point d'appui
de i'eiïort qui, demain, la retournera. La
collaboration directe de Clemenceau, en
lui conférant le commandement unique,
en |e libérant de la pression des politi
ciens, lui permit de donner toute sa
mesure à partir dû 22 mars 1918. Ainsi
Ludendorff creusa la poche redoutable
qui, par contre-coup, devait amener sa
propre perte. Il ressort dç' l'étude de.
Recouly que la victoire finale" a été ga
gnée par le développement, sans inter
ruption, d'une gigantesque contre-offen
sive à coups de boutoir successifs. Inu
tile d'ajouter que la puissante et rapide
coopération américaine a permis de
nourrir ces coups de boutoij".
Maintenant que la paix est signée, il
va être possible dlécrire. une histoire
véritable de la guerre, appuyée sur des
documents authentiques et officiels qui,
jusqu'ici, sont demeurés secrets. Ces
documents prouvent jusqu'à l'évidence
que le « politique d'abord » est la, règle
du temps de guerre, comme il est la
régie du temps de paix. Au moment de
la déclaration de guèrre, le parti" poli
tique de Caillaux et de Malvy, c'est-à-
dire le clan allemand, était puissant en
France où il venait de faire les effroya
bles élections de 1914, avec le concours
d'Almereyda. L'influence personnelle de
Poincaré, l'exode des parlementaires à
Bordeaux, la fermeture de la Chambre,
la dictature militaire de Joffre et de Gal-
lieni ont permis, de remporter la pre
mière victoire de la Marne et d'arrêter
les Allemands sur l'Yser. Suivent trois
ans. de stagnation au cours desquels —
l'offensive de Verdun mise à part —
l'envahisseur mène surtout la . guerre
d'arrière-front, la guerre de dissociation
intérieure, à l'aide de ses. agents politi
ques, chez nous, en Italie et en Russie.
La défection 1 russe lui permet alors,
mais.trop tard, de reprendre une offen
sive finalement brisée, elle, aussi sur la
Marne, l'an dernier, à pareille époque,
^3ans les.conditions que l'on sait. .
Au résumé, il y .a deux édifices qu'il
importerait d'illuminer ce soir ; car ils
ont contribué chacun, bien que d'une
façon différente, à la victoire finale :
le premier est l'Ecole de Guerre, le se
cond la prison de la Santé'; et il y a
quelqu'un qui aurait tous les. droits
à .-défiler, -sous -M-Fc^de-iîribmphe, en
compagnie dés chefs "les plus fameux :
ce quelqu'un est le capilaine Bouehar-
don. LEON DAUDET
mau
i milieu ils l 'agoUtéose
Jusqu'en cette journée de fête et de dé
tente des esprits opprimés par une longue
horreur, il faut demander aux Français de
consacrer quelques . moments à un retour
sur le passé et à une méditation sur l'avenir.
Là gigantesque aventure qui finit par une
apothéose a eu ceci de prodigieux que les
peuples vainqueurs sont ceux qui ne pen
saient pas à la guerre, et qui la croyaient
même impossible. Les Allemands ont déso
béi au précepte de Bismarck. Ils ont agité
ce qui était tranquille. Ils ont détruit de
leurs mains un état de choses dont ils étaient
les bénéficiaires. Les amateurs de guerre
civile pourront s'instruire de l'exemple. Ils
jouent avec la révolution. Ils avertissent la
Françe par des provocations, successives.
Telle a été la méthode de l'Allemagne entre
1905 et 1914, grâce à quoi, le jour décisif,
notre mobilisation s'est faite admirablement.
De même le bolchevisme réveille chez nous
le chat qui dort. v
Il n'en est pas moins vrai que l'Alle
magne nous a attaqués, envahis, qu'elle a
occupé de longs mois une vaste partie de
notre territoire et que nous avons échappé
à des périls mortels. La victoire d'aujour
d'hui répare, la défaite de 1870, mais à quel
prix! Et dans l'un comme dans l'autre cas,
c'est l'ennemi qui a médité et entrepris
l'agression. La France est un pays que la
guerre vient chercher. Voilà la vérité qui
crève les yeux.
Serons-nous mieux abrités dans l'avenir
contre les répercussions de la politique
européenne devenue universelle? La France
avait pris l'alliance russe pour une garantie
de la paix, et c'est ; par l'alliance russe
qu'est arrivée la guerre. Après cela, on
peut être sceptique. L'enchaînement des
effets et des causes a trop.de mystères pour
qu'on se fie, en politique, à une précaution
conçue comme devant dérouler sans fin ses
bienfaisantes conséquences.
Lorsqu'approcha le fatal été de 1914, on
découvrit par quel mécanisme la guerre
allait s'engager. En appuyant sur le ressort
serbe, l'Allemagne mettait en mouvement
la Russie et l'alliance franco-russe. Heureu
sement, par l'invasion de la Belgique, elle
a complété elle-même la chaîne de nos al
liances. Il n'en est pas moins vrai que si la
menace russe avait empêché Bismarck de
nous attaquer en 1875, c'est à travers la
Russie, beaucoup moins redoutée en 1914.
que ses successeurs ont engagé le fer avec
le peuple français.
Nous avions aperçu et décrit ce danger,
les collections de l Action française et de
sa revue en font foi. Elles font toi égale
ment que nous nous rejusions à soutenir
les querelles slaves, à exciter le pansla
visme ou la slavjphilie. EhI bien, pour:
éviter les orages de l'avenir, il faudra en
core essayer dé voir clair. I! faudra aussi
se garder de prendre pour une assurance
infaillible de tranquillité ce qui peut devenir
le principe de complications nouvelles. Dès
le lendemain des fêtes, la vie des peuples
retrouvera ses droits. Elle sera comme tou
jours pleine de passions et d'incertitudes.
Mais rarement, pour la France, la matière
de la politique n'aura été plus vaste et plus
ténébreuse» . . „
Jacques BAJSVILLE'
II
Le Gliaii de la Mire
C'est mol, peuple... Je suis ton splendide visage.
Dans mes yeux grands ouverts tu peux te regarder. !
Tu fus fort, tu fus sage,
Brûlante . intelligence, indomptable courage.
Tu fus ce que le monde, ô mon peuple, attendait.
Tu fus la France...
Comme Minerve tient la lance,
Moi je tiens ton esprit, tu vois.î
0 douce terre de la vigne,.
O pays des plus nobles, rois,
Douce terre du blé, des nourrissantes lois
Et de Ja raison ia plus, joigne,
Couronne de cités, mon front
Te porte en pleurs dans la lumière,
En pensant à tes morLs vers tes fils qui naîtront.
Mon cœur bat comme une prière.
0 fleur du genre humain,
Je te tiens dans ma main.
Mais j'entends les clairons, du sommet à ia base
Le grand Arc à nos pieds palpite dans l'extase,
Et les morts sont vivants.
Qu'on-ôte de mon front ce linceul qui l'écrase,
Des siècles commencés j'achèverai la phrase^ .
Je serai le matin de tous ces yeux levants.
, Du fond des cœurs, du fond des âges,
Marée immense de visages,
Suis-je à Verdun ? suis-je à Poitiers 1 ,
. Que me crient donc toutes ces bouches,
Que mè veulent ces poings farouches.
Toutes ces fois, tous ces métiers î :
Morts et vivants, croulant dans la fournaise noire,
De tranchée en tranchée, ivres, serrant les dents.
Quel calice enfiévré ces. saints voulaient-ils boire ?
Sombre, je ruisselais dans les drapeaux ardents..
Aux torrents, de l'assaut, sur l'écume des charges.
Père, reconnaiç-tu ce casque grimaçant ?
-Sois fier... -Devant. Arras, aux -pentes.des .Epargës, . -.
•Au soleil de Soissons, c.'fetêfit foi, c'est ton sang.
Dans ce couchant d'hiver, broyé par cette roue,
Ce visage en lambeaux sous ce saule fiévreux, .
Entre cés' cils souillés, cette larme de boue..,-
Mère, ne pleure pas : ton enfant est heureux.
Il est heureux:... Morts et vivants, armes, lumières,
Les voici, millions de coeurs battant en un,
Les Maîtres, les Sauveurs, les sanglantes frontières, -
Les hommes de la Marne et les dieux de Verdun*
Et je ne suis plus rien que leur âme battante.
Que leur passé de gloire et leur mâle avenir.
Et je'ne suis plus rien-que la France haletante,
Que le monde sauvé... Ma sœnr„ tu peux vemr.
Tu peux venir de l'Empyrée,
0 Paix française qui. me suis.
Sur ta terre enfin délivrée
Le plus beau, jour du monde luit.
Et voici la lance fleurie,
Je te la tends dans la splendeur.
. Ypici l'esprit de la Patrie... :
Sois juste et forte, ô Paix, m a sœur.
JOACHIM GASQUET.
LA POLITIQUE
Il •
CONTRE L'Of\ BOLCHEVIK
Le million de la défe nse sociale
Versés s franGs
A l'heure où les fumées et les lumières
de l'enthousiasme et du deuil doivent mon
ter de la terre au ciel et déployer au tour de •
l'Arc,de l'Etoile leur draper.e aérienne,
chargée des profondes indécisions et des
saintes espérances du cœur français,
VAction française s'unit de toute son âme
au. culte général des héros de la France,
mais ne peut s'empêcher de réserver la
part la plu» secrète de sa pensée à ceti:.
d'entre ces sacrifiés glorieux, -qui étaient
pleins, de- sa doctrine et de sa* volonté,
animés de son souffle, enivrés de ses
vérités, que la vie confirme et renouvelle,
que le mouvement' .rajeunit:. D'être ces
morts, au nombre dj plus de 2.500, notre
courrier de la semaine a salué par
leurs noms, ou par leur catégorie locale et
sociale, René de Moniigny, le3 64 nobles
enfanta de Vignacourt, tombés au champ
d'honneur, le capitaine René de Bour-
mont, Jules Delporte, Jean de Lassalle,
Georges Bonnafont, Givani, lés membres
des sections d'A. F. de Marseille, Paul de
Brissac, le lieutenant Louis .de Varaz,
Pierre Dupouey, le lieutenant-aviateur
Guy de la Rochefordière, Marcel Jourhom-
ine, les 52 élèves de l'école tics Mines de
Saint-Etienne, morts au champ d'honneur;
Gabriel Bach, Henri de Lestang du Rus-
quec. commandant au 52 e d'infanterie ;
Joseph Collet, le lieutenant vaisseau
Prosper Lambert, le sous-lieutenant de
Montfort, Louis Gavard, le capitaine Oc
tave de Sampigny, le sous-lieutenant d In-
guimbert, le sous-lieutenant Henri de Gas-
quet, !e commandant De'pech de Frayssi-
net, le sous lieutenant. Pierre Anthoine,
Auguste Bertrand et Adolphe Nicolas,
l'abbé Boismard. tous tués ù 1 ennemi ou
morts pour la France.
Nous donnerons après-demain la nécro
loge, de nos sections. Et nos lecteurs au
ront en même temps le détail des dons
nombreux et splendides qui, en urie se
maine, ont élevé notre souscription de
421.000 francs au-dessus de 500-000.
Hère et douloureuse énumération, nous
voudrions ajouter un vaste choix des belles
lettres qui gonflent nos dossiers, pour
scander les pas du triomphe et montrer
l'avenir dans ce splendide et jeune passl
Faute d'espace il faut réduire au minimum
cette exposition des confiances, des espé
rances, de toutes les vertus civiques de
nos amis.
Un chef de famille bourguignon nous
dit :
Au nom de mes neuf enfants vivants et
du dixième attendu, je vous remets sous ce
pli 200 francs pour contribuer à la réalisa
tion du deuxième million. Malgré mes lour
des charges, je vous ferai d'ici quelques
mois un nouvel envoi et plus important,
celte fois, si'la souscription languissait
ce qui me semble parfaitement inadmissi
ble.
Que Dieu bénisse votre œuvre !
..Un Français, qui vit de son travail, com
me tant d'autres de nos amis les plus 1
chers,.écrit comment, venu à nos idées en
toute liberté d'esprit, il sut les afficher et
les propager :
Dans l'usine où je travaillais en 1913, j'eus
le bonheur de « prendre » à vos idées une
vingtaine de « camarades » de couleurs* ai
verses.
Héfurmé,' je m'engageai en mai 1916, alors
qui depuis deux ans je ne lisais plus le
journal que par « bonne fortune » et au
hasard, comme infirmier volontaire dans
un hôpital temporaire (ci X n" .93) avec l'in
tention de répandre vos idées si logiques et
bienfaisantes pour le vays. Après quelques
semaines ae séjour, je trouvai le mo'icn de
remplacer le distributeur de journaux, aux
poilus, chaque matin. C'était au moment
du « complot » et procès ridicule d'Action
française. Le journal, à mon arrivée, était
inconnu ; (c'est incroyable !) En un mois X.
eii vendait un nombre déjà important : une
cinquantaine ! et tout l'hôpital le lisait, en
(eu v
cinq
se u
se te faisant passer.
À cetto nojjyelJe hç.urejise A surtpst à cette \tUre la suitç m deuxièmes iaeçL
/. Aux victorieux protecteurs
« Puisque la gloire est le larldge de la
France, so .yez-en comblés, vous qui la lui
avez acquise.
« En ce jour inoubliable où l'âme de la
France vous entourera, nous pous souvien
drons de vos souffrances el de vos sacrifi
ces héroiquss. -
« C'est du fond du cœur, glorieux héros,
que nous vous disons merci pour nous
avoir sauvés, et pour la gloire immortelle
que vous avez donnée à la France... »
' D'où nous vient ce salut aux victorieux
et aux protecteurs V II m'aurait semblé
convenable et juste de .laisser parier et
chanter les poètes, je me serais donc abste
nu de rien aiouter au sonore coup d'aile de
Joachim Gasquet, si je n'avais reçu pres
que au dernier moment, ces trois versets
vibrants signés ; un groupe . de Fran
çaises ». Que ces. patriotes soient donc les
bienvenues dans les colonnes de leur jour
nal / Elles me priaient de remettre leur
acclamation écrite, comme un placet, aux
triomphateurs : elle n'eût été lue jue de
quelques-uns ; imprimée ici toute chaude,
elle a chance d'être reçue et conservée par
un plus grand nombre de nos héros. Un
cri des femmes, des mères et des filles sau
vées de l'invasion et de la barbarie, c'est, je
crois, l'expression la plus directe de tous
les justes symboles de: la patrie. Elles au
raient le plus souffert de l'ennemi. Elles
sont les tronhées, les. joyaux et, en quelque
manière, les drapeaux vivants du salut
public. Plus que tous les autres trésors de
la race, ne fjat-ce pas oour les garder, elles,
que fut tracée la première enceinte de la
'■e-rtu et leur grâce suscitèrent
ce premier boulevard de, la liberté. Il n'est
que juste qu'elle le décorent de fleurs,
d'inscriptions et de cris d'amour.
II. Grèves de magnificence
Pendant ce temps, la conspiration se
poursuit, une pincée de politiciens de car
rière travaillent à consommer le crime
d'Etat. En s'appliquant non seulement â
resserrer un peu plus autour de notre
pays le lacet de ia vie chère et de ses hor
reurs, sur lesquelles on compte parce
qu'elles sont mères des révolutions, mais
aussi, mais surtout peut-être à réduire no
tre production nationale pour ..accentuer
-notre.-retord .économique-et nous placer,
plus complètement Sous le joug dés étran
gers amis et des étrangers ennemis, de
ceux qui ont vaincu avec nous ou qui sont,
au moins nominativement, nos vaincus.
Car, n'oublions jamais qu'il suffit de
gratter l'Internationale révolutionnaire,
ses naïvetés, ses ambitions, ses intrigues à
la' Longuet, pour trouver cêKIe qui en
profite et qui l'alimente : cette internatio
nale financière qui considère notre pays
comme un territoire de colonisation, d'ex
ploitation et, à mettre les choses au mieux,
d'expérience... '
H est vrai d'ajouter que les ouvriers
français commencent à se sentir las de ser-
vir de.sujets d'expérience. Cela nous est dit
• et écrit de toute part. Nous n'en voulons
plus,- répètent-ils. Ces grèves de magnifi
cence les ruinent avant même que d'avoir
ruiné le pays. Un lecteur nous dit :
J'ai saisi hier, en passant, ■ lès bribes
d'une conversation entre postiers : « Les
revendications r professionnelles, parfaite
ment!... mais quant aux politiques, je ne
marche pas. » C'est, je crois, l'expression
de la majorité de la classe laborieuse.
Nous souhaitons qu'il, se forme dans la
majorité de cette classe une élite capable
de lui donner des conseils et.des direc
tions. Les .majorités livrées à elles-mêmes
savent parfois résister, rarement ou jamais
agir. Acceptons comme un bon augure, les
déclarations faites par le présfdent de
l'Association fraternelle des employés et
ouvriers des chemins de fer français, M.
Lacoste : elles tendent à douter que les che
minots puissent consentir « à se mettre à-
lâ remorque d'une poignée de meneurs
impatients de jouer aux satrapes bolche-
vistes ». Ils ne se croiseront pas les bras,
« afin de travailler pour le roi de Prusse ».
M. Lacoste ajoute '•
Laissons donc à ceux qui vivent de dé
sordre et qui ne considèrent comme digne
de leur sollicitude que tout ce qui n'est pas
fr;.:içais la charge et la responsabilité des
actes qu'Us veulent nous faire commettre,
quittes à se dérober, le cas échéant, aux
dan étions qui pourraient en résulter.
Bref, c'est la réaction du bon sens fran
çais qui dit trois choses : pas de tfavail,
pas de diminution du coût de la vie; pas
d organisation nationale du travail, point
d'avenir pour le travail des individus et des
professions ; chacun son métier (la politi
que étrangère n'est certainement pas ta
fort de M. Léon Jouhaux), et l'avoir de
chacun et de tous sera bien gardé.
III. Chez nos étudiants
Hier, pour la première fois depuis là
guerre, nous nous sommes assis au , ban
quet des Etudiants d'Action française qui
n'avait pas eu lieu depuis le 28 juin 1914,
au jour et à l'heure où fut annoncé à Paris
le drame de Sera je vo.
Depuis plusieurs mois, Bainvilie redi
sait qu'il, faisait par toute l'Europe 1111
« temps bismarckien » Notre attention
avait été portée sur un voyage fait à Ham
bourg, repaire de sa flotte de commerce,
par ''empereur Guillaume II : il avait' été
reçu par le bourgmestre gui l'avait salué
de « Majesté » et qu'il avait traité de
« Magnificence ». Devant nos étudiants as
semblés, nous soulignions, il y a cinq ans
cet échange de politesses et faisions
remarquer J . ce que cette pomne enfer
mait de force, de menaces et de périls.
Voilà la pompe au fond de l'eau, avec-la
majesté et 4a magnificence. Mais comment
se fait-il que les menaces subsistent et que
les (périls ne soient pas dissipés? IL n'y a
plus de péria a lemaoïd ni de menaces alle
mandes pour l'Angleterre. L'un et l'autre
subsistent presque entiers pour nous, dimi
nués certes en un sens mais aggravés dans
l'autre, et il ne semble pas que la pré
cieuse amitié anglo-saxonne s'en rende un
oompte^ exact. Elie aurait même un 1 - ten
dance à nous traiter un peu comme nous
craignions d'être traités par elle au len
demain de Fachoda. Cela composerait à
nos jours de -fête un fond de scène assez
sombre s'il n'y avait un rayon d'aube :
c'est la conscience que nous prenons, die ces
pièges de l'avenir.
.. Il se forme un esprit public; Créature dfe
la "douleuri oêuvre directe de l'épreuve, ~ aé "
sentiment du mai, ce désir du mieux, et du
bien, jadis ^réduit à une élite semblent s'é
tendre et, pour ainsi dire, se vatior.se' par
mi toutes les profondeurs du pays. Voilà
désormais l'espérance.. Mais pour en éten
dre le rayon bienfaisant pour en réaliser
les hautes promesses; il faut que l'intelli
gence frança se se mette 101%,entière aul
service du cœur français. Noué ne ferons
rien sans labeur, et ce labeur doit être
réglé par l'expérience et par la raison. Ce»
deux lumières ont présidé à l'élaboration
des doctrines de l'Action française, dont
les prévisions étaient sûres et qui n'ont pas
trompé. Sans libertés, locales, sans chef
personnel, responsable, traditionnè] et non
élu, la France a subi très précisément
dans la mesure où nous les annoncions les
épreuves dont elle sort triomphante mais
affaiblie, jusqu'à l'épuisement. Avec dea 1
libertés locales, avec un chef unique héré
ditaire et responsable l'Allemagne, pen
dant quatre ans, a tenu tenu tête au monde
entier. Déchirées par les lenteurs et les
incohérences de notre administration, nô'S
provinces libérées du Nord et de l'Est de-
mandent à grands cris par leurs Etats gé
néraux des libertés locales et une.sorte de
vice-roi qu'elles saluent du nom de gouver
neur général. Avec un roi, coordonnant
l'autorité, avec les libertés locales et profes
sionnelles qui sont dans la tradition de
, nos rois, que ne pourrait notre France vic
torieuse !
CHARLES MAURRAS.
Il nous est impossib!e de publier
anjoiirà'Imi à sa place habituelle
l 'article de Maurice PuJo « En Ar-
gonne ». Nos lecteurs le trouveront à
ia 2 e page.
IDemain sux* nos tombeaux
Les blés seront plus beaux
(Chant d'assaut des Camelots du Roi 0
. En cetle veillée des Morts et avant qu'éclatent les fanfares du Triomphe
t Action française vient s'incliner sur ses plus glorieux tombeaux. : '
A Versailles, samedi, le maréchal Foch disait : « La plus belle page de l'histoire
guerrière est celle qui contient les citations de nos héros » De ce s citations■ voici
un bouquet qu'assemblent les liens de la douleur kl de'la fierté. Cette douleur est
immense, mais la lier té est la plus grande, d'avoir aux temps de l'avant-guerre
réuni autour de l'action menée ici pareille couronne de vertus françaises. Et nous
ne pouvons détacher noire pensée de la phrase si souvent lue et relue, celle qui
s'échappait quotidiennement des tranchées de première ligne pour venir échouer sur
nos tables : « L'Action française aide à faire son devoir. »
MILLE-SOIXANTE-SEIZIEME LISTE
II faut réunir, ici dans un même hom
mage de reconnaissance et d admiration
tenant au 23 e d'infanterie, et Jean Dinet,
d'escadrons de cavaierie de réserve et "le
ses deux fils, Paul-Noël Dinet, sous-lieu
tenant au 23° d'infanterie, et Jean Dinet,
sous-lieutenant au 569° d'infanterie, tous
les trois morts pouT la France.
Les deux frères étaient, à l'école Saint-
Cvr, de la promotion de la Croix du Dra-,
peau.
L'aîné, Paul-Noël Dinet, avait transcrit
sur la première page -de son journal
d'école cette parole de Montluc : « Nos
vies et nos biens sont à nos unis. ; l'âme
est à Dieu et l'honneur est à nous ; car
sur mon honneur le P.oi ne peut rien. »
Le 9 actif 1913, il écrivait à sa mère: « Mou
rir, le visage tourné vers la plaine d'Al
sace, en rendant ce nays.à la Fr.ance t suf
firait à mon bonheur... ». Ce vœu sublima
devait s'accomplir au jour anniversaire où
il avait ma prononcé : l'héroïque jeun$
homrn» tombait devant Mulhouse, lo 9 août
1914. La ci f ati.op suivante, à l'ordre "e la
l rf armée, en a consacré là mémoire
[Journal officiel, au 3 février 1915)..;. V
S'est fait remarquer par son courage et
sou entrain. A donné à hommes le plus
bet exemr.e d héroïsme' dont puisse- faire
preuve un jeune officier. A été tué en enle
vant ses hommes à la baïonnette.
Jean Dinet, blessé d'abord dans lés cbm^
bats qui «irvirent la première victoire dç
la Marne, tombait à son tour, le 14 no
vembre 1914, en Lorrains un bois.Lé-Prfi»
tre, ainsi qu'en 0 témoigné cette citation,
publiée au Journal officiel du 25 décem
bre : ■ ....v...;-..
Le 14 novembre, blessé mortellement en
enlevant sa section dans un combat sous bo-is,
n'a pas voulu être emporté a l'ambulance.
Avait déià été blessé .deux (ois 1«6 3% et £3 seo-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 74.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 74.96%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"
- Auteurs similaires Action française Action française /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Action française" or dc.contributor adj "Action française")Vaugeois Henri Vaugeois Henri /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Vaugeois Henri" or dc.contributor adj "Vaugeois Henri") Daudet Léon Daudet Léon /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Daudet Léon" or dc.contributor adj "Daudet Léon") Maurras Charles Maurras Charles /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Maurras Charles" or dc.contributor adj "Maurras Charles")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k760205c/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k760205c/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k760205c/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k760205c/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k760205c
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k760205c
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k760205c/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest