Titre : L'Homme libre : journal quotidien du matin / rédacteur en chef, Georges Clemenceau ; directeur, Fr. Albert
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1936-03-04
Contributeur : Clemenceau, Georges (1841-1929). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 mars 1936 04 mars 1936
Description : 1936/03/04 (A24,N7164). 1936/03/04 (A24,N7164).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-230
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2014
Vingt-quatrième année. - No 7.164
25 centimes le numéro
MERCREDI 4 MARS 1936
U Homme Libre
EUGBNJI ItAUTIEB
aIiltlctew m Cfa., 1920-1938
Rédaction, Administration, Publicité :
12. mto MnTirtitiv P ARTS
GRAND JOURNAL QUOTIDIEN DU MATM
Fondateur: Georges CLEMENCEAU
& BERNIEB
Dbwctar-Adnddo&a -
Téléphone : RIChelieiigJB3-94
Après 20 heures : RlCheHêu 06-32
MANBY
le Tailleur-Couturier
EN VOGUE
ld-21, Rue Auber, 19-21
« Dictature
de la liberté»
M. Robert Aron a déjà écrit, en col-
laboration avec M. Armand Daudieu,
mort prématurément, trois remar-
quables essais : Décadence de la na-
tion française, le Cancer américain et
Révolution nécessaire. Ils ont en
outre fondé l'Ordre nouveau, courant
de pensée et d'action qui a son jour-
nal, sa revue, et aspire à devenir un
mouvement politique, plus important.
C'est dire l'intérêt de ce nouvel ouvra-
ge (1) de M. Robert Aron qui se pré-
sente sous la forme d'un essai doctri-
nal où se trouvent magistralement ex-
posés les arguments historiques et
philosophiques qui militent en faveur
de la révolution nécessaire et de l'or-
dre nouveau.
C'est une œuvre fortement pensée
où abondent les idées justes et origina-
les. Elle est, ce qui ne gâte rien, écrite
en style vigoureux, propre à emporter
la conviction du lecteur.
Nous retiendrons deux idées qui se
trouvent à la base de la doctrine, deux
idées séduisantes et de nature à sa-
tisfaire l'amour des Français pour la
logique et les solutions psychologi-
quement acceptables.
La première n'est certes pas neuve,
elle est, au contraire, tout à fait dans
la tradition, c'est la mission construc-
tive de la France, celle-ci étant consi-
dérée comme « l'institutrice » des peu-
ples et le flambeau de la civilisation.
« Ce n'est pas en se modelant sur
des systèmes étrangers que la Fran-
ce, faisant amende honorable de son
génie et de son rôle séculaire, retrou-
vera dans le monde l'audience dont
elle bénéficiait naguère. Il n'est pour
la pensée française d'autre moyen de
retrouver son prestige que de s'affir-
mer elle-même dans son rôle tradition-
nel de gardienne des valeurs humai-
nes. »
L'ordre nouveau sera donc une so-
lution française aux problèmes du
t,emps, présent - et une solution valable
pour tous les peuples. Hostile aux solu-
tions dictatoriales de facilité et de
violence, il marquera, par delà toutes
les abstractions, les tyrannies et les
systèmes, un retour à la coutume dans
ce qu'elle a de fécond, de divers : « A
égale distance de l'anarchie libérale
et de la tyrannie fasciste, il cherchera
dans l'ordre et la mesure à organiser
la liberté. »
La deuxième idée, originale celle-là,
est due au regretté Armand Daudieu
qui l'a exposée et développée dans Ré-
volution nécessaire. C'est l'adoption de
la méthode dite dichotomique. Elle
consiste à distinguer « entre les par-
ties de l'activité humaine qui peuvent
être accomplies par des automatismes,
facilitées par des outils, des machines
ou des plans, et celles où les forces
de création, d'invention et de risque
doivent se développer librement ».
L'activité humaine se trouve ainsi
divisée en deux zones : une zone
conquise où l'Etat par sa loi rè-
gne avec rigueur, où tout s'exécute
avec une discipline d'autant plus
stricte que le domaine est limité, et
(1) Dictature de la liberté, 1 volume,
éditions Grasset.
une zone de conquête, où la personne
humaine peut prendre toutes les ini-
tiatives et les développer librement,
zone où la coutume tient lieu de loi.
La délimitation de ces zones est la
fonction dichotomique : « Fonction de
clarté, fonction de séparation entre
l'outil et l'esprit, entre la routine et
la création, et dans le domaine du tra-
vail entre le travail indifférencié et
le travail qualifié. »
L'auteur tire de ces principes des
conséquences extrêmement séduisantes
parmi lesquelles il faut signaler la
suppression de la condition proléta-
rienne qui, dans l'ordre nouveau, cons-
titue un objectif destiné à se substi-
tuer aux notions de lutte de classe et
de dictature du prolétariat chères aux
marxistes. Cette suppression sera ob-
tenue en faisant exécuter le travail
indifférencié de la zone d'automatisme
par tous les citoyens astreints dans ce
but à un service civil qui apparaît
ainsi comme une rançon de la liberté.
Dans l'état actuel des choses, la du-
rée de ce service civil serait analo-
gue à celle du service militaire, mais
le progrès du machinisme la réduirait
peu à peu et il n'y aurait plus d'hom-
mes dont toute la vie est occupée par
une besogne dégradante. Le travail
: : prendrait ainsi toute sa valeur hu-
maine.
Idée généreuse, idée féconde qui
voisine avec bien'd'autres aussi ingé-
nieuses. Mais il nous est impossible
de signaler ici tous les aspects de l'or-
dre nouveau. Il suffit d'indiquer la di-
rection du nouvement :
« Dictature ou liberté, apparaît
comme un faux dilemme : la dictature
absolue, le libéralisme pur participent
d'une erreur semblable. Il faut faire
la part des deux, sans oublier que,
dans la hiérarchie humaine des va-
leurs, la dictature ne peut être qu'un
moyen subalterne et limité pour per-
mettre à la liberté de s'épanouir, et
que l'Etat doit être mis au service de
l'homme. Diètâtnre de la liberté signi-
fie aussi dictature pour la liberté. »
Nous en avons assez dit pour inci-
ter tous les esprits qu'inquiète la gra-
vité de l'heure et qui ne peuvent se ré-
signer à suivre les exemples simplistes
que nous donne l'étranger à lire l'œu-
vre de Robert Aron.
Certes, on peut craindre qu'elle
n'ait pas sur les masses la même sé-
duction que les mystiques fascistes ou
communistes. Au contraire des dog-
mes de Hitler, de Lénine ou de Mus-
solini, elle est plutôt conçue pour plai-
re à une élite. Mais même si le fait
d'être nuancée en amoindrit la portée,
il est incontestable qu'elle constitue
une solution à la fois originale et
conforme à la tradition française dont
le moins qu'on puisse dire est qu'elle
vaut d'être méditée et qu'elle mérite la
plus large audience.
Paul LOMBARD.
VOIR EN DEUXIEME PAGE :
TOUS LES JOURNAUX
Leur opinion et la nôtre
par J. DERAIN
Rien ne sert de courir.
L'opinion publique est mobi-
le : il y a un mois on entendait
réclamer des élections prochai-
nes ; aujourd'hui le vent a tour-
né : on réclame moins de hâte et quelque
répit. Il semble que ce soit maintenant qu on
ait raison. Les élections en avril seraient si-
non inopportunes du moins mal placées.
Sans doute Me Henry Torrès, de sa voix
puissante, apporte-t-il au gouvernement un
argument massif : l'intérêt matériel de tout
le monde. Mais cet argument en souffre
d'autres. Et tout bien pesé il est vraisembla-
ble que le grand avocat gagnera, cette fois,
son procès.
Régulièrement la consultation générale
devrait se faire les 19 et 26 avril. Du point
de vue constitutionnel c'est parfait. Mais la
Constitution n' a pas pu tenir compte du ca-
lendrier. Or le calendrier fixe Pâques au 12
avril et il s'ensuit que le 19 est le dimanche
de Quasimodo — c'est-à-dire ces « Pâques-
closes » qui déterminent traditionnellement
la fin des vacances de printemps. Votera-
t-on donc ce dimanche-là ? Me Henry Tor-
rès estime, non sans raison, que c'est au
moins difficile :
« Les vacances de Pâques se terminent le
20 avril, écrit-il à M. Albert Sarraut, mais
beaucoup, parmi ceux qui viennent à pareil-
le époque chaque année se reposer et se dé-
tendre à la montagne, à la campagne ou à la
mer, prolongeraient, comme ils en ont l'ha-
bitude, leur séjour, s'ils n'étaient rappelés
par la préparation des élections ou par les
élections elles-mêmes.
« Un préjudice considérable serait causé
aux hôtels, aux transports, aux commerces
locaux de toutes les stations touristiques, si,
par une date trop proche de la fin des vacan-
ces de Pâques, les visiteurs écourtaient leur
déplacement ou y renonçaient. »
Evidemment ce n'est pas le moment, alors
que la crise sévit encore, de la compliquer
et de l'aggraver. Le président du conseil le
comprendra sans doute, et d'autant plus
facilement que d'autres raisons sont — aussi
- à prendre en considération.
D' abord les candidats de gauche ne man-
queront pas de rappeler au gouvernement
une coïncidence curieuse mais jusqu'alors
sans exception : les élections d'avril ont tou-
jours été favorables aux modérés ; les élec-
tions de mai, constamment favorables aux
partis de gauche. Puisque le sort de la
consultation ne dépend que d'une date, le
gouvernement serait un grand coupable de
ne pas la choisir faste pour ses amis politi-
ques.
Mais une prolongation de deux ou trois
semaines de la session parlementaire s' im-
pose, d'autre part, obligatoirement ou pres-
que. La Chambre est loin d'avoir épuisé
son ordre du jour. Plusieurs projets d'inté-
rêt immédiat ne Dourront être votés si la ses-
sion ne dure pas au moins jusqu'à la fin de
ce mois. Qu'on ne l'interrompe pas avant -
et tout le monde sera content.
Même et surtout l' électeur.
L'électeur, en effet, après les agitations
de ces dernières semaines, a besoin d'un peu
de temps pour réfléchir, pour clarifier ses
idées, pour mettre de l'ordre dans ses préfé-
rences.
Jamais la situation n'aura été aussi confu-
se. Nous sortons du pacte soviétique. Nous
sommes en pleine réforme électorale. Nous
n'avons pas encore tout compris. Laissons
souffler et se remettre l'électeur !
LE CONFLIT ITALO-ÉTHIOPIEN
a 00 0 ——————————*
Les coups de théâtre
se succèdent à Genève
Le texte conciliateur a été adressé dès hier
aux gouvernements de Rome et d'Addis-Abeba
On n'avait pas appris sans stupeur
qu'à la tentative conciliante de M.
Flandin d'adresser à l'Italie et à
l'Ethiopie un appel en faveur de la
paix, M. Eden, tout en adhérant à cet-
te proposition, avait cependant spéci-
fié qu'en cas d'échec de la tentative, et
après un délai extrêmement bref, le
gouvernement britannique demandait
l'application des sanctions pétrolières.
C'était ce qu'on appelle un ultima-
tum.
Fort heureusement, l'esprit de né-
gociation des représentants de la Fran-
ce a pu freiner l'excès de zèle du jeu-
ne, bouillant et impétueux successeur
de sir Samuel Hoare, et ce fut un coup
de théâtre d'une portée peut-être
moindre mais d'un intérêt évident. On
a donc décidé qu'au lieu de présenter
aux belligérants la proposition de
paix sous une forme trop impérative,
on déciderait purement et simplement
de se réunir à une certaine date pour
prendre connaissance des réponses
faites par les gouvernements intéres-
sés. En outre, les belligérants ne seront
pa.s tenus de répondre par la cessation
immédiate des hostilités, ce qui est
pratiquement irréalisable quand des
pays sont en guerre. Le texte adopté
prévoit des négociations en vue d'une
cessation aussi prompte que possible
de l'état de guerre.
Ainsi, la Société des Nations a une
fois de plus rempli sa mission pacifi-
catrice et on ne peut que se réjouir de
la décision qu'elle vient de prendre.
Il est bien évident qu'un ultimatum
lancé aux belligérants dans le moment
présent aurait été inopportun.
Ce n'est pas au lendemain de victoi-
res italiennes et dans un instant où le
peuple transalpin tout entier extério-
rise sa joie naturelle qu'il aurait été
diplomate de lui poser les conditions
draconiennes que certains réclamaient.
Avec la solution adoptée en dernier
ressort un grànd espoir de paix pro-
chaine s'ouvre à Genève. Au comité
des treize de faire en sorte qu'il ne soit
pas déçu, car s'il se réalise, c'est un
surcroit de prestige pour l'organisme
de Genève et c'est également la possi-
bilité de voir rentrer l'Italie dans les
affaires européennes d'où son absence
n'a que trop duré.
Robert NADAL
Les belligérants ont huit jours pour répondre
Genève, 3 mars. — Le comité des
treize, chargé par le conseil de recher-
cher un règlement du conflit italo-éthio-
pien, s'est réuni à 15 h. 50.
Il a entendu M. Pierre-Etienne Flan-
din, Sur la proposition du ministre des
affaires étrangères de FTanée, le comité
des treize a adopte à l'unammité un pro-
jet de résolution dont voici le texte, qui
a été envoyé dans la soirée aux gouver-
nements de Rome et d'Addis-Abeba :
« Le comité des treize, agissant en
vertu du mandat que le conseil lui a
confié par sa résolution du 19 décembre,
adresse un pressant appel aux deux bel-
ligérants pour l'ouverture immédiate de
négociations dans le cadre de la Société
des Nations et dans l'esprit du pacte, e«i
vue d'une^pfornptô cesfcatiow des hoètilî-
Ms. ■ , ,'
« Le comité des treize se réunira le
10 mars pour prendre connaissance des
réponses des deux gouvernements. »
(Voir la suite en troisième page)
Importantes
déclarations
de M. Mussolini
Rome, 3 mars. — M. Mussolini a fait
une déclaration politique, au conseil des
ministres, dans laquelle il a parlé de la
victoire en Afrique orientale et d'une
prochaine réunion italo-austro-hongroi-
se à Rome, de la conférence navale et
des sanctions.
« Depuis le dernier conseil des minis-
tres, a dit M. Mussolini, jusqu'à aujour-
d'hui, nos troupes de l'Erythrée, aux or-
dres du maréchal Badoglio, ont rem-
porté une série de grandes victoires —
de celle de l'Amba-Aradam à celle du
Tembien — qui ont fait écrouler le
front éthiopien du Nord. L'occupation
de l'Amba-Aladji a fait vibrer le cœur
des Italiens qui se souviennent du sa-
crifice de Toselli et de ses hommes, sa-
crifice sublime qui, aujourd'hui, a été
pieusement vengé.
« Le conseil des ministres se faisant
l'interprète de la nation, envoie au com-
mandant et aux troupes l'expression ar-
dente de son admiration et de sa grati-
tude.
« Pendant que, au cours du mois de # fé-
vrier, nos opérations en Afrique orien-
tale accéléraient leur rythme, le Congrès
américain, après une discussion rapide
et à une majorité écrasante, a approuvé
la prorogation pure et simple de la loi
actuelle de neutralité jusqu'au 1er mai
1937. »
(Voir la suite en troisième page)
Le programme
de réarmement
de l' Angleterre
Londres, 3 mars. — Le Livre blanc ex-
posant le programme du gouvernement
en matière de défense nationale est pu-
blié aujourd'hui. Voici les principaux
points de ce document :
Le début du remplacement des unités
navales aura lieu en 1937, époque à la-
quelle deux navires de haut bord seront
mis en chantier. La modernisation des
navires de guerre actuels sera poursui-
vie. En ce qui concerne les croiseurs, le
gouvernement se propose de porter leur
nombre à soixante-dix. Cinq croiseurs se-
ront compris dans le programme naval
de 1936. Le programme de remplace-
ment graduel pour ce qui est des contre-
torpilleurs et des sous-marins est envi-
sagé et la mise en chantier des avisos et
des petites unités sera poursuivie. Un
nouveau porte-aéronefs sera mis en
chantier à une date rapprochée. Une
augmentation considérable de l'aéronau-
tique navale est prévue. Le personnel de
la flotte sera progressivement augmenté
à raison de 6.000 hommes d'ici un an.
En ce qui concerne l'armée, le gouver-
nement se propose de créer quatre nou-
veaux régiments d'infanterie. Les for-
mations militaires actuelles devront être
organisées de façon efficace et équipées
d'armes les plus modernes, de matériel et
de réserves adéquates de munitions et
d'approvisionnemertts.
(Voir la suite en troisième page)
NOTE DU JOUB.
Au sol
Tu ne monteras pas. C'est, sans inter-
jection, sans violence, sans colère, le nou-
veau commandement du nouveau dieu
américain, le « liftier ». Excusez cette
irrévérence pour une telle divinité, car le
mot n'est ni anglais, ni français, ni mê-
me américain : il désigne simplement ce
que l'on ne peut appeler d'aucun. autre
nom, c'est-à-dire, precisément. le garçon
d'ascenseur qui tient dans sa manette, et
donc dans sa main, la montée et la des-
cente, c'est-à-dire la vie même, de milliers
et de milliers de créatures pour lesquelles
il est impossible de s'accommoder d'une
existence strictement terre à terre.
On n'habite pas impunément un gratte-
ciel. Déjà le sixième est assez haut quand
on a oublié le poivre. Mais le trente-troi-
sième ! Mais le quarante-quatrième ! Nid
n'y songe sans terreur. Et même nul n'y
songe dit tout, puisqu'on, n'a même pas
jugé utile, dans certains « buildings », de
prolonger l'escalier au delà du sixième.
Si donc il n'y a pas d'ascenseur.
Or il n'y en a pas eu, avant-hier. ni
hier, dans tout New-York : les dieux
étaient en grève et avaient coupé le che-
mini du ciel. Parce que les dieux ont soif :
ils trouvent qu'on ne les paie pas suffi-
samment, qu'ils ne sont pas assez libres
de se réunir, qu'ils n'ont pas les congés
qu'ils méritent et qu'à tout prendre, à
monter et à descendre sans cesse comme
ils le font cent fois par jour, leur situa-
tion manque vraiment trop de stabilité.
Ils réclament donc un, statut. Et c'est
pour l'avoir qu'ils arrêtent le mouvement
montant et descendant de tous leurs con-
temporains.
Que faire contre cela ?
Evidemment rien. Le maire de Neiv-
Yorh lève deux bras impuissants vers le
soixantième étage. Il a bien réquisition-
né des employés municipaux, mais faute
d'habitude, ils n'ont pu faire plus de deux
ou trois ascensions..
Alors il faudra bien donner satisfac-
tion aux « liftiers ». Seulement il est à
craindre qu'ils n'abusent de la situation
s'il s'avère exact qu'il leur suffise de
rester au sol pour pouvoir dire orgueil-
leusement : « Où ne monterai-je pas ? »
Jacques BARTY.
VENDREDI, CONSEIL DES MINISTRES
Les membres du gouvernement se réu-
niront vendredi matin, en conseil, à l'E-
lysée, sous la présidence de M. Albert
Lebrun.
RAIL ET ROUTE
La coordination
devant le Sénat
J'étais seul (ou presque) l'au-
tre jour au Luxembourg ; ce n'était
encore que la coordination du rail
et de la route que l'on discutait. Des
fauteuils moyennement garnis, peu de
public, de rares profils directoriaux du
monde des chemins de fer, quelques
dames.
A la tribune, un mutilé de guerre,
M. Thoumyre. En lui deux personnes:
le conseiller général de Seine-Inférieu-
re, le sénateur. Mais le second est vi-
siblement en vacances ; l'orateur plai-
de un dossier départemental, il ne s'en
cache d'ailleurs pas : il vient au nom
de ses collègues des conseils généraux.
On les sait, nous l'avons dit souvent
ici, défavorables au plan de coordina-
tion. Cela dominera le débat.
Des idées nouvelles ? Non.* Un
ample dossier, incomplet d'ailleurs,
car le problème est immense. La plai-
doirie peut se résumer ainsi : pas de
coordination « en vase clos ». Jusqu'à
présent, seuls les transporteurs ont
eu voix au chapitre. Quelle que soit la
science de M. Dautry, « l'apôtre de la
coordination », cette dernière ne peut
se faire sans le concours d'autres élé-
ments, du Parlement en particulier.
Les intérêts généraux doivent avoir
priorité.
Entre nous, ce point étant hors de
conteste, le moyen de leur conserver
leur primauté n'est sans doute pas de
les faire dépendre de considérations
locales et électorales. Passons.
Du problème financier posé par la
coordination, rien à dire, sinon qu'on
s'étonne de voir poser le problème du
rachat des compagnies par un séna-
teur qui se déclare partisan de la li-
berté. des transports routiers. Liber-
té « coordonnée et contrôlée », ajoute-
t-il d'ailleurs, ce qui, plus raisonnable
au fond, fait perdre à ce bel oiseau un
peu fou son brillant accoutumé.
Des chiffrés atnssi : et 00s chiffres
contestables. Le trafic routier ferait
vivre 780.000 personnes, tandis que
les services de banlieue coûteraient
au rail un milliard par an. Apprécia-
tion gratuite et bien difficilement éta-
blie, à notre sens.
Enfin une grande peur pour les bud-
gets départementaux. M. Thoumyre
pense que ce seront eux qui feront les
frais de la coordination. M. Chau-
temps aura beau jeu tout à l'heure de
calmer ces craintes en rappelant le
considérable effort de la nation pre-
nant récemment à sa charge l'entre-
tien de 40.000 kms de routes départe-
mentales.
Crainte de monopole au bénéfice des
transporteurs actuels, perspective d'u-
ne mobilisation que ne pourrait assu-
rer convenablement la route seule, ap-
pel à la protection de l'industrie auto-
mobile, « industrie nationale », enfin
invitation au gouvernement à mieux
étudier le problème en accord avec le
Parlement et les conseils généraux.
Discours académique suivi aussitôt
d'une offensive diamétralement oppo-
sée de M. Laffont. La coordination est
une idée juste en soi, mais déformée
par son application. Alors commence
le classique procès des compagnies,
des hauts traitements, des filiales, desi
concours d'administrateurs , se ren-
voyant aimablement les marchés, des
emprunts, source d'énormes profits
pour les banques émettrices, etc.
Ici encore ce n'est pas par la npu-
veauté que brille l'intervention, aUt
reste ardente et fort applaudie.
Vient ensuite M. Patizel qui pleura
par avance, la perte de 82 des 98 ga-
res du département de la Marne, invo*
que la défense nationale et prend par-
ti pour les petits transporteurs contre
les mesures de coordination et de ré-
glementation des transports publics.
M. Labrousse vient défendre un
point de vue analogue. Le ministre des
travaux publics intervient à ce mo«
ment. Il estime le débat « prématuré »*
le stade de l'application de la coordi-
natipn n'étant pas encore atteint. Bien
volontiers, il accepte la coopération du
Parlement, mais entend défendre les
80 milliards de l'épargne publique qui
sont investis dans le rail.
La coordination, dit-il, est indispen-
sable ; l'automobile libre ne peut avoir,
tous les droits. Combien de transport
teurs automobiles négligeaient la sé-
curité ? Combien d'industriels cons-
tructeurs d'automobiles créaient des
filiales-transports qu'ils reprochent,
en sens inverse, aux réseaux ?
Et puis les interpellateurs vont
avoir satisfaction : le comité national
de coordination va être agrandi ; on
fera appel à des compétences élargies:
parlementaires, conseils - généraux
chers à M. Thoumyre, chambres de
commerce et d'agriculture, etc. « Tout
est suspendu. » Même des poursuites
pénales en cours contre des transpor-
teurs routiers désobéissants, mais
peut-être de bonne foi, seront mises
en sommeil. C'est la paix ; et l'attente,
car le problème subsiste et réclame une
solution.
Notons une intervention de M. La
Trocquer, le père de la convention
inappliquée de 1921, qui veut au moins
incidemment défendre sa fille, et les
transports routiers par surcroît. Il dé-
clare que l'entretien des routes coûte
3 milliards et demi et que la circula-
tion automobile rapporte annuellement
6 milliards.
Personne ne lui a fait observer que
les frais d'entretien de la voie ferrée
n'étaient pas les seules dépenses d'ex-
ploitation des réseaux ; que la routei
avait aussi son personnel, ses gendar-
mes, etc. Une comparaison correcte
eût exigé un bien plus long débat. Le
problème subsiste aussi sur ce point.
Et l'on vota. Difficilement. Deux
ordres du jour de confiance étaient
proposés par les interpellateurs : ils
s'opposaient naturellement. Le gou-
vernement ne voulait ni poser la ques-
tion de confiance, ni accepter le blâme
sous-jacent de M. Thoumyre, ni rece-
voir l'ordre d'action que lui donnait
M. Laffont.
On vota finalement l'ordre du jour
pur et simple ; et l'on partit.
25 milliards de déficit restent au
fonds commun.
A. BERTIER
Les événements de Syrie
Un difficile rétablissement
par R. OENTOft.
Nous avons dit (1) les troubles san-
glants de la Syrie. Le calme sem-
blant revenu dans le pays à la suite des
mesures de sécurité prises, des échan-
ges de vues eurent lieu entre le gouver-
nement syrien, le haut commissariat
et divers éléments plus ou moins re-
présentatifs de l'opinion syrienne, à
l'effet de permettre une reprise de l'ac-
tivité économique normale du pays
par une réouverture des souks des
principales villes syriennes.
Les conversations engagées ayant
été vite rendues impossibles, en raison
de l'esprit d'intransigeance dont firent
preuve les délégations, manœuvrées
par les opposants, qui furent reçues
par les autorités, le gouvernement du
cheikh Tageddine démissionna, sou-
haitant coopérer ainsi à un apaise-
ment des esprits.
Un nouveau ministère fut constitué
le même jour — 23 février 1936 —
par Ata el Ayoubi, ministre de la jus-
tice du cabinet démissionnaire, nota-
bilité damascaine d'une autorité mo-
rale indiscutée, esprit pondéré et im-
partial dont la modération pouvait
amener une détente. Ata bey choisit
comme collaborateurs des personnali-
tés de premier plan, éloignées depuis
longtemps de la politique active et re-
présentant aussi bien que possible les
divers élémènts du pays. Le ministre
(1) Voir L'Homme Libre des 14, 19 et
23 février 1936.
de la justice, Said Ghazzi, avocat da-
mascain de talent, apparenté à l'an-
cien leader nationaliste Fozi Ghazzi,
mort en 1929, représente l'élément le
plus avancé du cabinet. Affilié au par-
ti nationaliste depuis longtemps, il ne
participait pas activement à la politi-
que militante de ce parti. Il accepta,
non sans hésitation, le portefeuille qui
lui était offert, s'efforçant d'être plus
utile à son pays au sein d'un gouver-
nement de bonne volonté que dans
une opposition stérile.
Le ministre de l'instruction publi-
que, Mustapha Chéhabi, membre de
l'académie arabe, également de ten-
dance nationaliste, est rompu aux
détours de la politique ou de l'admi-
nistration. L'énergie de son caractère
permet de supposer qu'il saura agir
avec persuasion et fermeté envers une
jeunesse universitaire bouillonnante.
Les deux autres ministres consti-
tuent des éléments tout à fait diffé-
rents. Celui de l'économie nationale,
Mustapha Kousseiri, représente An-
tioche à la Chambre des députés ; il
est le point d'appui principal de Sou-
bhi bey Barakat — président modéré
du Parlement, passé à l'opposition —
dans sa région d'origine. Le ministre
des finances, Edmond Homsi, est le
seul chrétien et le benjamin du cabi-
net ; banquier à Alep, il n'avait pas
jusqu'ici participé à la gestion des af-
faires publiques, mais c'est un esprit
moderne dont la valeur va pouvoir
s'affirmer.
Le cabinet n'était pas plus tôt consti-
25 centimes le numéro
MERCREDI 4 MARS 1936
U Homme Libre
EUGBNJI ItAUTIEB
aIiltlctew m Cfa., 1920-1938
Rédaction, Administration, Publicité :
12. mto MnTirtitiv P ARTS
GRAND JOURNAL QUOTIDIEN DU MATM
Fondateur: Georges CLEMENCEAU
& BERNIEB
Dbwctar-Adnddo&a -
Téléphone : RIChelieiigJB3-94
Après 20 heures : RlCheHêu 06-32
MANBY
le Tailleur-Couturier
EN VOGUE
ld-21, Rue Auber, 19-21
« Dictature
de la liberté»
M. Robert Aron a déjà écrit, en col-
laboration avec M. Armand Daudieu,
mort prématurément, trois remar-
quables essais : Décadence de la na-
tion française, le Cancer américain et
Révolution nécessaire. Ils ont en
outre fondé l'Ordre nouveau, courant
de pensée et d'action qui a son jour-
nal, sa revue, et aspire à devenir un
mouvement politique, plus important.
C'est dire l'intérêt de ce nouvel ouvra-
ge (1) de M. Robert Aron qui se pré-
sente sous la forme d'un essai doctri-
nal où se trouvent magistralement ex-
posés les arguments historiques et
philosophiques qui militent en faveur
de la révolution nécessaire et de l'or-
dre nouveau.
C'est une œuvre fortement pensée
où abondent les idées justes et origina-
les. Elle est, ce qui ne gâte rien, écrite
en style vigoureux, propre à emporter
la conviction du lecteur.
Nous retiendrons deux idées qui se
trouvent à la base de la doctrine, deux
idées séduisantes et de nature à sa-
tisfaire l'amour des Français pour la
logique et les solutions psychologi-
quement acceptables.
La première n'est certes pas neuve,
elle est, au contraire, tout à fait dans
la tradition, c'est la mission construc-
tive de la France, celle-ci étant consi-
dérée comme « l'institutrice » des peu-
ples et le flambeau de la civilisation.
« Ce n'est pas en se modelant sur
des systèmes étrangers que la Fran-
ce, faisant amende honorable de son
génie et de son rôle séculaire, retrou-
vera dans le monde l'audience dont
elle bénéficiait naguère. Il n'est pour
la pensée française d'autre moyen de
retrouver son prestige que de s'affir-
mer elle-même dans son rôle tradition-
nel de gardienne des valeurs humai-
nes. »
L'ordre nouveau sera donc une so-
lution française aux problèmes du
t,emps, présent - et une solution valable
pour tous les peuples. Hostile aux solu-
tions dictatoriales de facilité et de
violence, il marquera, par delà toutes
les abstractions, les tyrannies et les
systèmes, un retour à la coutume dans
ce qu'elle a de fécond, de divers : « A
égale distance de l'anarchie libérale
et de la tyrannie fasciste, il cherchera
dans l'ordre et la mesure à organiser
la liberté. »
La deuxième idée, originale celle-là,
est due au regretté Armand Daudieu
qui l'a exposée et développée dans Ré-
volution nécessaire. C'est l'adoption de
la méthode dite dichotomique. Elle
consiste à distinguer « entre les par-
ties de l'activité humaine qui peuvent
être accomplies par des automatismes,
facilitées par des outils, des machines
ou des plans, et celles où les forces
de création, d'invention et de risque
doivent se développer librement ».
L'activité humaine se trouve ainsi
divisée en deux zones : une zone
conquise où l'Etat par sa loi rè-
gne avec rigueur, où tout s'exécute
avec une discipline d'autant plus
stricte que le domaine est limité, et
(1) Dictature de la liberté, 1 volume,
éditions Grasset.
une zone de conquête, où la personne
humaine peut prendre toutes les ini-
tiatives et les développer librement,
zone où la coutume tient lieu de loi.
La délimitation de ces zones est la
fonction dichotomique : « Fonction de
clarté, fonction de séparation entre
l'outil et l'esprit, entre la routine et
la création, et dans le domaine du tra-
vail entre le travail indifférencié et
le travail qualifié. »
L'auteur tire de ces principes des
conséquences extrêmement séduisantes
parmi lesquelles il faut signaler la
suppression de la condition proléta-
rienne qui, dans l'ordre nouveau, cons-
titue un objectif destiné à se substi-
tuer aux notions de lutte de classe et
de dictature du prolétariat chères aux
marxistes. Cette suppression sera ob-
tenue en faisant exécuter le travail
indifférencié de la zone d'automatisme
par tous les citoyens astreints dans ce
but à un service civil qui apparaît
ainsi comme une rançon de la liberté.
Dans l'état actuel des choses, la du-
rée de ce service civil serait analo-
gue à celle du service militaire, mais
le progrès du machinisme la réduirait
peu à peu et il n'y aurait plus d'hom-
mes dont toute la vie est occupée par
une besogne dégradante. Le travail
: : prendrait ainsi toute sa valeur hu-
maine.
Idée généreuse, idée féconde qui
voisine avec bien'd'autres aussi ingé-
nieuses. Mais il nous est impossible
de signaler ici tous les aspects de l'or-
dre nouveau. Il suffit d'indiquer la di-
rection du nouvement :
« Dictature ou liberté, apparaît
comme un faux dilemme : la dictature
absolue, le libéralisme pur participent
d'une erreur semblable. Il faut faire
la part des deux, sans oublier que,
dans la hiérarchie humaine des va-
leurs, la dictature ne peut être qu'un
moyen subalterne et limité pour per-
mettre à la liberté de s'épanouir, et
que l'Etat doit être mis au service de
l'homme. Diètâtnre de la liberté signi-
fie aussi dictature pour la liberté. »
Nous en avons assez dit pour inci-
ter tous les esprits qu'inquiète la gra-
vité de l'heure et qui ne peuvent se ré-
signer à suivre les exemples simplistes
que nous donne l'étranger à lire l'œu-
vre de Robert Aron.
Certes, on peut craindre qu'elle
n'ait pas sur les masses la même sé-
duction que les mystiques fascistes ou
communistes. Au contraire des dog-
mes de Hitler, de Lénine ou de Mus-
solini, elle est plutôt conçue pour plai-
re à une élite. Mais même si le fait
d'être nuancée en amoindrit la portée,
il est incontestable qu'elle constitue
une solution à la fois originale et
conforme à la tradition française dont
le moins qu'on puisse dire est qu'elle
vaut d'être méditée et qu'elle mérite la
plus large audience.
Paul LOMBARD.
VOIR EN DEUXIEME PAGE :
TOUS LES JOURNAUX
Leur opinion et la nôtre
par J. DERAIN
Rien ne sert de courir.
L'opinion publique est mobi-
le : il y a un mois on entendait
réclamer des élections prochai-
nes ; aujourd'hui le vent a tour-
né : on réclame moins de hâte et quelque
répit. Il semble que ce soit maintenant qu on
ait raison. Les élections en avril seraient si-
non inopportunes du moins mal placées.
Sans doute Me Henry Torrès, de sa voix
puissante, apporte-t-il au gouvernement un
argument massif : l'intérêt matériel de tout
le monde. Mais cet argument en souffre
d'autres. Et tout bien pesé il est vraisembla-
ble que le grand avocat gagnera, cette fois,
son procès.
Régulièrement la consultation générale
devrait se faire les 19 et 26 avril. Du point
de vue constitutionnel c'est parfait. Mais la
Constitution n' a pas pu tenir compte du ca-
lendrier. Or le calendrier fixe Pâques au 12
avril et il s'ensuit que le 19 est le dimanche
de Quasimodo — c'est-à-dire ces « Pâques-
closes » qui déterminent traditionnellement
la fin des vacances de printemps. Votera-
t-on donc ce dimanche-là ? Me Henry Tor-
rès estime, non sans raison, que c'est au
moins difficile :
« Les vacances de Pâques se terminent le
20 avril, écrit-il à M. Albert Sarraut, mais
beaucoup, parmi ceux qui viennent à pareil-
le époque chaque année se reposer et se dé-
tendre à la montagne, à la campagne ou à la
mer, prolongeraient, comme ils en ont l'ha-
bitude, leur séjour, s'ils n'étaient rappelés
par la préparation des élections ou par les
élections elles-mêmes.
« Un préjudice considérable serait causé
aux hôtels, aux transports, aux commerces
locaux de toutes les stations touristiques, si,
par une date trop proche de la fin des vacan-
ces de Pâques, les visiteurs écourtaient leur
déplacement ou y renonçaient. »
Evidemment ce n'est pas le moment, alors
que la crise sévit encore, de la compliquer
et de l'aggraver. Le président du conseil le
comprendra sans doute, et d'autant plus
facilement que d'autres raisons sont — aussi
- à prendre en considération.
D' abord les candidats de gauche ne man-
queront pas de rappeler au gouvernement
une coïncidence curieuse mais jusqu'alors
sans exception : les élections d'avril ont tou-
jours été favorables aux modérés ; les élec-
tions de mai, constamment favorables aux
partis de gauche. Puisque le sort de la
consultation ne dépend que d'une date, le
gouvernement serait un grand coupable de
ne pas la choisir faste pour ses amis politi-
ques.
Mais une prolongation de deux ou trois
semaines de la session parlementaire s' im-
pose, d'autre part, obligatoirement ou pres-
que. La Chambre est loin d'avoir épuisé
son ordre du jour. Plusieurs projets d'inté-
rêt immédiat ne Dourront être votés si la ses-
sion ne dure pas au moins jusqu'à la fin de
ce mois. Qu'on ne l'interrompe pas avant -
et tout le monde sera content.
Même et surtout l' électeur.
L'électeur, en effet, après les agitations
de ces dernières semaines, a besoin d'un peu
de temps pour réfléchir, pour clarifier ses
idées, pour mettre de l'ordre dans ses préfé-
rences.
Jamais la situation n'aura été aussi confu-
se. Nous sortons du pacte soviétique. Nous
sommes en pleine réforme électorale. Nous
n'avons pas encore tout compris. Laissons
souffler et se remettre l'électeur !
LE CONFLIT ITALO-ÉTHIOPIEN
a 00 0 ——————————*
Les coups de théâtre
se succèdent à Genève
Le texte conciliateur a été adressé dès hier
aux gouvernements de Rome et d'Addis-Abeba
On n'avait pas appris sans stupeur
qu'à la tentative conciliante de M.
Flandin d'adresser à l'Italie et à
l'Ethiopie un appel en faveur de la
paix, M. Eden, tout en adhérant à cet-
te proposition, avait cependant spéci-
fié qu'en cas d'échec de la tentative, et
après un délai extrêmement bref, le
gouvernement britannique demandait
l'application des sanctions pétrolières.
C'était ce qu'on appelle un ultima-
tum.
Fort heureusement, l'esprit de né-
gociation des représentants de la Fran-
ce a pu freiner l'excès de zèle du jeu-
ne, bouillant et impétueux successeur
de sir Samuel Hoare, et ce fut un coup
de théâtre d'une portée peut-être
moindre mais d'un intérêt évident. On
a donc décidé qu'au lieu de présenter
aux belligérants la proposition de
paix sous une forme trop impérative,
on déciderait purement et simplement
de se réunir à une certaine date pour
prendre connaissance des réponses
faites par les gouvernements intéres-
sés. En outre, les belligérants ne seront
pa.s tenus de répondre par la cessation
immédiate des hostilités, ce qui est
pratiquement irréalisable quand des
pays sont en guerre. Le texte adopté
prévoit des négociations en vue d'une
cessation aussi prompte que possible
de l'état de guerre.
Ainsi, la Société des Nations a une
fois de plus rempli sa mission pacifi-
catrice et on ne peut que se réjouir de
la décision qu'elle vient de prendre.
Il est bien évident qu'un ultimatum
lancé aux belligérants dans le moment
présent aurait été inopportun.
Ce n'est pas au lendemain de victoi-
res italiennes et dans un instant où le
peuple transalpin tout entier extério-
rise sa joie naturelle qu'il aurait été
diplomate de lui poser les conditions
draconiennes que certains réclamaient.
Avec la solution adoptée en dernier
ressort un grànd espoir de paix pro-
chaine s'ouvre à Genève. Au comité
des treize de faire en sorte qu'il ne soit
pas déçu, car s'il se réalise, c'est un
surcroit de prestige pour l'organisme
de Genève et c'est également la possi-
bilité de voir rentrer l'Italie dans les
affaires européennes d'où son absence
n'a que trop duré.
Robert NADAL
Les belligérants ont huit jours pour répondre
Genève, 3 mars. — Le comité des
treize, chargé par le conseil de recher-
cher un règlement du conflit italo-éthio-
pien, s'est réuni à 15 h. 50.
Il a entendu M. Pierre-Etienne Flan-
din, Sur la proposition du ministre des
affaires étrangères de FTanée, le comité
des treize a adopte à l'unammité un pro-
jet de résolution dont voici le texte, qui
a été envoyé dans la soirée aux gouver-
nements de Rome et d'Addis-Abeba :
« Le comité des treize, agissant en
vertu du mandat que le conseil lui a
confié par sa résolution du 19 décembre,
adresse un pressant appel aux deux bel-
ligérants pour l'ouverture immédiate de
négociations dans le cadre de la Société
des Nations et dans l'esprit du pacte, e«i
vue d'une^pfornptô cesfcatiow des hoètilî-
Ms. ■ , ,'
« Le comité des treize se réunira le
10 mars pour prendre connaissance des
réponses des deux gouvernements. »
(Voir la suite en troisième page)
Importantes
déclarations
de M. Mussolini
Rome, 3 mars. — M. Mussolini a fait
une déclaration politique, au conseil des
ministres, dans laquelle il a parlé de la
victoire en Afrique orientale et d'une
prochaine réunion italo-austro-hongroi-
se à Rome, de la conférence navale et
des sanctions.
« Depuis le dernier conseil des minis-
tres, a dit M. Mussolini, jusqu'à aujour-
d'hui, nos troupes de l'Erythrée, aux or-
dres du maréchal Badoglio, ont rem-
porté une série de grandes victoires —
de celle de l'Amba-Aradam à celle du
Tembien — qui ont fait écrouler le
front éthiopien du Nord. L'occupation
de l'Amba-Aladji a fait vibrer le cœur
des Italiens qui se souviennent du sa-
crifice de Toselli et de ses hommes, sa-
crifice sublime qui, aujourd'hui, a été
pieusement vengé.
« Le conseil des ministres se faisant
l'interprète de la nation, envoie au com-
mandant et aux troupes l'expression ar-
dente de son admiration et de sa grati-
tude.
« Pendant que, au cours du mois de # fé-
vrier, nos opérations en Afrique orien-
tale accéléraient leur rythme, le Congrès
américain, après une discussion rapide
et à une majorité écrasante, a approuvé
la prorogation pure et simple de la loi
actuelle de neutralité jusqu'au 1er mai
1937. »
(Voir la suite en troisième page)
Le programme
de réarmement
de l' Angleterre
Londres, 3 mars. — Le Livre blanc ex-
posant le programme du gouvernement
en matière de défense nationale est pu-
blié aujourd'hui. Voici les principaux
points de ce document :
Le début du remplacement des unités
navales aura lieu en 1937, époque à la-
quelle deux navires de haut bord seront
mis en chantier. La modernisation des
navires de guerre actuels sera poursui-
vie. En ce qui concerne les croiseurs, le
gouvernement se propose de porter leur
nombre à soixante-dix. Cinq croiseurs se-
ront compris dans le programme naval
de 1936. Le programme de remplace-
ment graduel pour ce qui est des contre-
torpilleurs et des sous-marins est envi-
sagé et la mise en chantier des avisos et
des petites unités sera poursuivie. Un
nouveau porte-aéronefs sera mis en
chantier à une date rapprochée. Une
augmentation considérable de l'aéronau-
tique navale est prévue. Le personnel de
la flotte sera progressivement augmenté
à raison de 6.000 hommes d'ici un an.
En ce qui concerne l'armée, le gouver-
nement se propose de créer quatre nou-
veaux régiments d'infanterie. Les for-
mations militaires actuelles devront être
organisées de façon efficace et équipées
d'armes les plus modernes, de matériel et
de réserves adéquates de munitions et
d'approvisionnemertts.
(Voir la suite en troisième page)
NOTE DU JOUB.
Au sol
Tu ne monteras pas. C'est, sans inter-
jection, sans violence, sans colère, le nou-
veau commandement du nouveau dieu
américain, le « liftier ». Excusez cette
irrévérence pour une telle divinité, car le
mot n'est ni anglais, ni français, ni mê-
me américain : il désigne simplement ce
que l'on ne peut appeler d'aucun. autre
nom, c'est-à-dire, precisément. le garçon
d'ascenseur qui tient dans sa manette, et
donc dans sa main, la montée et la des-
cente, c'est-à-dire la vie même, de milliers
et de milliers de créatures pour lesquelles
il est impossible de s'accommoder d'une
existence strictement terre à terre.
On n'habite pas impunément un gratte-
ciel. Déjà le sixième est assez haut quand
on a oublié le poivre. Mais le trente-troi-
sième ! Mais le quarante-quatrième ! Nid
n'y songe sans terreur. Et même nul n'y
songe dit tout, puisqu'on, n'a même pas
jugé utile, dans certains « buildings », de
prolonger l'escalier au delà du sixième.
Si donc il n'y a pas d'ascenseur.
Or il n'y en a pas eu, avant-hier. ni
hier, dans tout New-York : les dieux
étaient en grève et avaient coupé le che-
mini du ciel. Parce que les dieux ont soif :
ils trouvent qu'on ne les paie pas suffi-
samment, qu'ils ne sont pas assez libres
de se réunir, qu'ils n'ont pas les congés
qu'ils méritent et qu'à tout prendre, à
monter et à descendre sans cesse comme
ils le font cent fois par jour, leur situa-
tion manque vraiment trop de stabilité.
Ils réclament donc un, statut. Et c'est
pour l'avoir qu'ils arrêtent le mouvement
montant et descendant de tous leurs con-
temporains.
Que faire contre cela ?
Evidemment rien. Le maire de Neiv-
Yorh lève deux bras impuissants vers le
soixantième étage. Il a bien réquisition-
né des employés municipaux, mais faute
d'habitude, ils n'ont pu faire plus de deux
ou trois ascensions..
Alors il faudra bien donner satisfac-
tion aux « liftiers ». Seulement il est à
craindre qu'ils n'abusent de la situation
s'il s'avère exact qu'il leur suffise de
rester au sol pour pouvoir dire orgueil-
leusement : « Où ne monterai-je pas ? »
Jacques BARTY.
VENDREDI, CONSEIL DES MINISTRES
Les membres du gouvernement se réu-
niront vendredi matin, en conseil, à l'E-
lysée, sous la présidence de M. Albert
Lebrun.
RAIL ET ROUTE
La coordination
devant le Sénat
J'étais seul (ou presque) l'au-
tre jour au Luxembourg ; ce n'était
encore que la coordination du rail
et de la route que l'on discutait. Des
fauteuils moyennement garnis, peu de
public, de rares profils directoriaux du
monde des chemins de fer, quelques
dames.
A la tribune, un mutilé de guerre,
M. Thoumyre. En lui deux personnes:
le conseiller général de Seine-Inférieu-
re, le sénateur. Mais le second est vi-
siblement en vacances ; l'orateur plai-
de un dossier départemental, il ne s'en
cache d'ailleurs pas : il vient au nom
de ses collègues des conseils généraux.
On les sait, nous l'avons dit souvent
ici, défavorables au plan de coordina-
tion. Cela dominera le débat.
Des idées nouvelles ? Non.* Un
ample dossier, incomplet d'ailleurs,
car le problème est immense. La plai-
doirie peut se résumer ainsi : pas de
coordination « en vase clos ». Jusqu'à
présent, seuls les transporteurs ont
eu voix au chapitre. Quelle que soit la
science de M. Dautry, « l'apôtre de la
coordination », cette dernière ne peut
se faire sans le concours d'autres élé-
ments, du Parlement en particulier.
Les intérêts généraux doivent avoir
priorité.
Entre nous, ce point étant hors de
conteste, le moyen de leur conserver
leur primauté n'est sans doute pas de
les faire dépendre de considérations
locales et électorales. Passons.
Du problème financier posé par la
coordination, rien à dire, sinon qu'on
s'étonne de voir poser le problème du
rachat des compagnies par un séna-
teur qui se déclare partisan de la li-
berté. des transports routiers. Liber-
té « coordonnée et contrôlée », ajoute-
t-il d'ailleurs, ce qui, plus raisonnable
au fond, fait perdre à ce bel oiseau un
peu fou son brillant accoutumé.
Des chiffrés atnssi : et 00s chiffres
contestables. Le trafic routier ferait
vivre 780.000 personnes, tandis que
les services de banlieue coûteraient
au rail un milliard par an. Apprécia-
tion gratuite et bien difficilement éta-
blie, à notre sens.
Enfin une grande peur pour les bud-
gets départementaux. M. Thoumyre
pense que ce seront eux qui feront les
frais de la coordination. M. Chau-
temps aura beau jeu tout à l'heure de
calmer ces craintes en rappelant le
considérable effort de la nation pre-
nant récemment à sa charge l'entre-
tien de 40.000 kms de routes départe-
mentales.
Crainte de monopole au bénéfice des
transporteurs actuels, perspective d'u-
ne mobilisation que ne pourrait assu-
rer convenablement la route seule, ap-
pel à la protection de l'industrie auto-
mobile, « industrie nationale », enfin
invitation au gouvernement à mieux
étudier le problème en accord avec le
Parlement et les conseils généraux.
Discours académique suivi aussitôt
d'une offensive diamétralement oppo-
sée de M. Laffont. La coordination est
une idée juste en soi, mais déformée
par son application. Alors commence
le classique procès des compagnies,
des hauts traitements, des filiales, desi
concours d'administrateurs , se ren-
voyant aimablement les marchés, des
emprunts, source d'énormes profits
pour les banques émettrices, etc.
Ici encore ce n'est pas par la npu-
veauté que brille l'intervention, aUt
reste ardente et fort applaudie.
Vient ensuite M. Patizel qui pleura
par avance, la perte de 82 des 98 ga-
res du département de la Marne, invo*
que la défense nationale et prend par-
ti pour les petits transporteurs contre
les mesures de coordination et de ré-
glementation des transports publics.
M. Labrousse vient défendre un
point de vue analogue. Le ministre des
travaux publics intervient à ce mo«
ment. Il estime le débat « prématuré »*
le stade de l'application de la coordi-
natipn n'étant pas encore atteint. Bien
volontiers, il accepte la coopération du
Parlement, mais entend défendre les
80 milliards de l'épargne publique qui
sont investis dans le rail.
La coordination, dit-il, est indispen-
sable ; l'automobile libre ne peut avoir,
tous les droits. Combien de transport
teurs automobiles négligeaient la sé-
curité ? Combien d'industriels cons-
tructeurs d'automobiles créaient des
filiales-transports qu'ils reprochent,
en sens inverse, aux réseaux ?
Et puis les interpellateurs vont
avoir satisfaction : le comité national
de coordination va être agrandi ; on
fera appel à des compétences élargies:
parlementaires, conseils - généraux
chers à M. Thoumyre, chambres de
commerce et d'agriculture, etc. « Tout
est suspendu. » Même des poursuites
pénales en cours contre des transpor-
teurs routiers désobéissants, mais
peut-être de bonne foi, seront mises
en sommeil. C'est la paix ; et l'attente,
car le problème subsiste et réclame une
solution.
Notons une intervention de M. La
Trocquer, le père de la convention
inappliquée de 1921, qui veut au moins
incidemment défendre sa fille, et les
transports routiers par surcroît. Il dé-
clare que l'entretien des routes coûte
3 milliards et demi et que la circula-
tion automobile rapporte annuellement
6 milliards.
Personne ne lui a fait observer que
les frais d'entretien de la voie ferrée
n'étaient pas les seules dépenses d'ex-
ploitation des réseaux ; que la routei
avait aussi son personnel, ses gendar-
mes, etc. Une comparaison correcte
eût exigé un bien plus long débat. Le
problème subsiste aussi sur ce point.
Et l'on vota. Difficilement. Deux
ordres du jour de confiance étaient
proposés par les interpellateurs : ils
s'opposaient naturellement. Le gou-
vernement ne voulait ni poser la ques-
tion de confiance, ni accepter le blâme
sous-jacent de M. Thoumyre, ni rece-
voir l'ordre d'action que lui donnait
M. Laffont.
On vota finalement l'ordre du jour
pur et simple ; et l'on partit.
25 milliards de déficit restent au
fonds commun.
A. BERTIER
Les événements de Syrie
Un difficile rétablissement
par R. OENTOft.
Nous avons dit (1) les troubles san-
glants de la Syrie. Le calme sem-
blant revenu dans le pays à la suite des
mesures de sécurité prises, des échan-
ges de vues eurent lieu entre le gouver-
nement syrien, le haut commissariat
et divers éléments plus ou moins re-
présentatifs de l'opinion syrienne, à
l'effet de permettre une reprise de l'ac-
tivité économique normale du pays
par une réouverture des souks des
principales villes syriennes.
Les conversations engagées ayant
été vite rendues impossibles, en raison
de l'esprit d'intransigeance dont firent
preuve les délégations, manœuvrées
par les opposants, qui furent reçues
par les autorités, le gouvernement du
cheikh Tageddine démissionna, sou-
haitant coopérer ainsi à un apaise-
ment des esprits.
Un nouveau ministère fut constitué
le même jour — 23 février 1936 —
par Ata el Ayoubi, ministre de la jus-
tice du cabinet démissionnaire, nota-
bilité damascaine d'une autorité mo-
rale indiscutée, esprit pondéré et im-
partial dont la modération pouvait
amener une détente. Ata bey choisit
comme collaborateurs des personnali-
tés de premier plan, éloignées depuis
longtemps de la politique active et re-
présentant aussi bien que possible les
divers élémènts du pays. Le ministre
(1) Voir L'Homme Libre des 14, 19 et
23 février 1936.
de la justice, Said Ghazzi, avocat da-
mascain de talent, apparenté à l'an-
cien leader nationaliste Fozi Ghazzi,
mort en 1929, représente l'élément le
plus avancé du cabinet. Affilié au par-
ti nationaliste depuis longtemps, il ne
participait pas activement à la politi-
que militante de ce parti. Il accepta,
non sans hésitation, le portefeuille qui
lui était offert, s'efforçant d'être plus
utile à son pays au sein d'un gouver-
nement de bonne volonté que dans
une opposition stérile.
Le ministre de l'instruction publi-
que, Mustapha Chéhabi, membre de
l'académie arabe, également de ten-
dance nationaliste, est rompu aux
détours de la politique ou de l'admi-
nistration. L'énergie de son caractère
permet de supposer qu'il saura agir
avec persuasion et fermeté envers une
jeunesse universitaire bouillonnante.
Les deux autres ministres consti-
tuent des éléments tout à fait diffé-
rents. Celui de l'économie nationale,
Mustapha Kousseiri, représente An-
tioche à la Chambre des députés ; il
est le point d'appui principal de Sou-
bhi bey Barakat — président modéré
du Parlement, passé à l'opposition —
dans sa région d'origine. Le ministre
des finances, Edmond Homsi, est le
seul chrétien et le benjamin du cabi-
net ; banquier à Alep, il n'avait pas
jusqu'ici participé à la gestion des af-
faires publiques, mais c'est un esprit
moderne dont la valeur va pouvoir
s'affirmer.
Le cabinet n'était pas plus tôt consti-
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