Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-07-25
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 juillet 1886 25 juillet 1886
Description : 1886/07/25 (A17,N5310). 1886/07/25 (A17,N5310).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7559940d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
Dix-giîptïème année. — NI, 5310 Prix du numéro S Paris f 15 centimes — Départements : 20 centimes Dimanche 25 juillet 1886
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S'adresser 9"41 Secrétaire de la Rêdactiofi
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MM. les Souscripteurs dont Cabonne-
ment expire le 31 juillet sont priés dl-'
le renouveler avant le 29, s'ils ne veu-
lent pas éprouver de retard dans la ré-
ception du journal.
BULLETIN
La situation politique en Espagne paraît
assez troublée depuis quelques jours. La
discussion par les Gorlès de la convention
commerciale avec l'Angleterre avait ac-
cusé une certaine agitation dans le pays
et soulevé les plus vives protestations en
Catalogne.
La convention n'en a pas moins été vo-
tée par le Sénat et la Chambre des députés.
Mais, cet écueil évité, le cabinet Sagasta
est aux prises avec des difficultés d'un,
autre orfre. Une crise ministérielle est
imminente, en dépit des efforts de M. Sa-
gasta pour conjurer ce nouveau danger.
Le vote du budget paraît être le pré-
texte choisi par l'opposition pour forcer à
la retraite sinon M. Sagasta, président du
conseil, au moins ses principaux collabo-
rateurs. Il convient d'ajouter que l'oppo-
sition quI s'est formée contre le cabinet
test composée des éléments les plus hété-
rogènes. Le parti libéral, depuis qu'il est
arrivé au pouvoir, n'a pas su se soumettre
à une discipline môme relative ; première
cause d'affaiblissement pour le cabinet
qui n'a trouvé pour le soutenir qu'une
majorité hésitante, flottante et souvent
malintentionnée.
D'autre part, les conservateurs, les ul-
Iramontains et les républicains avancés
s'efforcent de faire obstacle à tout cabinet
libéral : les premiers parce qu'ils veulent
ramener le royaume à leur idéal de gou-
vernement théocratique, les autres parce
qu'ils ont comme objectif final l'émiette-
ment. du pouvoir royal et la proclamation
du régime républicain.
Le parti militaire, de son côté, est mé-
content du cabinet qui ne fait pas pour
l'armée ce qu'on attendait de M. Jovellar,
ministre de la guerre. Celui-ci était d'ail-
leurs plein de bonnes intentions ; il avait
élaboré un plan de réformes urgentes;
mais il s'est heurté contre le refus du mi-
nistre des finances qui a opposé une lin de
mon-recevoir à toute demande de crédits
nouveaux et s'est même avisé de mettre
la main sur les caisses spéciales de l'ar-
mée : caisse de rengagement, caisse de
remonte, etc., toutes richement dotées et
naguère administrées directement par l'ar-
mée elle..mêm\.
D'où vif mécontentement chez les offi-
ciers qui s'en prennent au maréchal Jo-
-vetlar de ce nouvel état de choses. Enfin
à tous ces mécontents il faut ajouter les
protectionnistes et le s agriculteurs qui ont
mené grand bruit au sujet de la conven-
-tion commerciale avec l'Angleterre, et plus
spécialement malmené M. Moret, le mi-
nistre du commerce.
Tels sont les éléments divers contre les-
quels le cabinet a à lutter.
La bataille devait s'engager sur le bud-
get: mais les assaillants, par une tactique
habile, refusent le combat, en ne votant
pas le budget avant la séparation des
Chambres.
Dans cette situation, le ministre de la
guerre harcèle le président du conseil pour
lui faire accepter sa démission; le ministre
des finances, impuissant à faire face aux
charges de l'Etat avec un budget qui se
.solde par un déficit de cinquante millions
par semestre, n'est pas moins pressé de
couper court à ces difficultés en reprenant
;sa liberté.
M. Sagasta va de .l'un à l'autre pour em-
pêcher la désagrégation du cabinet; il
n'ignore pas qu'il lui sera malaisé de re-
trouver un financier de la valeur de M. Ca-
macho. Ouant au ministre de la guerre, il
serait poijr d'autres raisons difficile à rem-
placer en ce moment. Le général Sala-
manca est suspect à l'Allemagne depuis
l'affaire des Carolines et le général Lopez
Dominguez est mal vu à la cour.
Toute la question est de savoir si M. Sa-
gasta pourra rt'ieiiir le maréchal Jovellar
et calmer l'irritation de M. Camacho.
Cela parait peu probable, quant à pré-
sent. Si M. Sagasta échoue, c'est l'existence
du cabinet tout entier qui serait compro-
mise par le départ dos deux ministres,
les plus considérables du cabinet.
Lo UIS HBNRIQUE.
—i^* —*
NFMmMS PARTICULIERES
Lettre de M. de Freycinet
On sait que M. Marmonier, député du
Rhône', a adressé il y a deux jours, à M. le
président du conseil une lettre relative à la
mission. du général Willoughby.
En réponse à cette lettre, M. de Freycinet a
fait parvenir à M. Marmonner la lettre sui-
vante:
Paris, 23 juillet.
Monsieur le député,
J'ai p ris connaissance, ce matin, de la lettre
que VOUJS m'avez fait l'honneur de m'adresser
hier, relativement aux affaires de Mada-
gascar -
Le gouvernem ent s'était déjà préoccupé des
point& sur lesqu'els vous appelez son atten-
tion, et vous pou\ 'ez être assuré que pendant
l'absence des Char, ibres, comme durant leur
présence, il ne né. ?I!gera rien pour sauve-
garder les intérêts <3L Il pays.
Agréez, monsieur h* député, les assurances
de ma haute considéra :tlon.
Sig né : DE FREYCINET.
Mouvement diplomatique -
M. Bourée, ancien ministre de France à
Copenhague, est nommé minière de France à
Bruxelles, en remplacement de M. de Monte-
bello ; V
M. de Montholon, qui faisait à C onst/ ant,i.no-
pie l'intérim d'ambassadeur pendant l'absence
de M. le duc de Noailles, est nommé ministre
de France à Athènes en remplacemeL^ db M.
de Mouy ;
M. le comte de Séguier, consul à la C,
non installé, est nommé consul à Sydney';
M. Paul Blanc, consul de seconde classa.
est nommé consul à la Canée.
Elections sénatoriales
Aujourd'hui ont lieu, dans la Meuse et dansr
la Haute-Vienne, des élections sénatoriales
pour remplacer MM. Honnoré et Ninard, décé-
dés, tous deux républicains.
Les républicains de la Meuse ont choisi
pour candidat M. Boulanger, directeur géné-
ral de l'enregistrement et des domaines.
MM. Bryon et Robert deMassy, républicain?,
qui avaient l'intention de se présenter, sh
sont désistés dn toute candidature à la suite
de la décision du congrès de Verdun de no
porter qu'un seul candidat contre M. Salmon,
réactionnaire, ancien sénateur.
Danb la Hame-Vienne, quatre républicains
sont en présence :
M. Pénicaud, ancien député, ancien maire
de Limoges (Union des Gauches) ;
M. Chamiot, ancien représentant du peuple
en 1849 (Gauche radicale), M. Sciama, ingé-
nieur, et M. Pallier, intransigeant,
Les réactionnaires, devant l'inutilité de la
lutté, ne présentent aucun candidat.
Plusieurs tours de scrutin seront néces-
saires.
Nous avons reçu de notre correspondant de
Limoges la dépêche suivante :
« Une réunion d'électeurs sénatoriaux ra-
dicaux vient d'avoir lieu. Après avoir re-
poupsé définitivement la candidature de M.
Pallier pour avoir illuminé à l'occasion d'une
fête religieuse à Bellac, les délégués ont dé-
cidé à une grande majorité de voter pour
M. Sciama. Enfin, sur la proposition de M.
Georges Perin, les délégués ont pris l'engage-
ment de voter au second tour pour le candi-
dat qui aurait obtenu le plus de voix. Le ré-
sultat est incertain. »
M Baïhaut à Nantes
M. Baïhaut, ministre des travaux publics,
accompagné de M. Rabelle, chef de cabinet,
et du chef d'exploitation des chemins de fer
d'Orléans, est parti hier matin pour Nantes.
Le monument commémoratif de la Révo-
lution.
MM. Hattat, Delhomme, Dépassé et Voisin,
représentant la cinquième commission du
conseil municipal, ont été reçus hier par M.
René Goblet, au ministère de l'instruction pu-
blique.
M. Hattat a remis au ministre le texte de la
délibération du conseil qui charge sa commis-
sion de poursuivre les négociations avec
l'Etat pour ériger d'un commun accord le mo-
nument commémoratif de la Révolution fran-
çaise.
M. Dépassé a exposé les points sur lesquels
l'attention du ministre est particulièrement
appelée : la part contributive de l'Etat ; le
choix de l'emplacement, qui, suivant la majo-
rité du conseil, ne peut être que le terrain
de l'ancien château des Tuileries ; l'appel aux
communes républicaines, qui certainement
voudront contribuer à l'érection du monu-
ment.
M. Goblet a déclaré qu'il entretiendrait ses
collègues de la question dans le conseil des
ministres qui se tiendra mardi matin.
La délégation a également été reçue par M.
Lockroy au ministère du commerce.
Les délégués ont particulièrement entre-
tenu le ministre des fêtes du centenaire dont
la cinquième commission du conseil a égale-
ment reçu mandat de s'occuper.
Les houilles françaises
Dans sa séance du 6 mai, le conseil géné-
ral du Gard a émis le vœu:
« Qu'il soit exigé dans le nouveau cahier
des charges relatif à l'adjudication des ser-
vices postaux maritimes subventionnés que
la soumission des Compagnies qui ont leur
port d'attache à la porte des houillères fran-
çaises comprenne un engagement de brû-
ler les houilles françaises pour la totalité ou
une partie de leurs consommations. »
En réponse à ce vœu, M. le préfet a reçu la
lettre suivante de M. le ministre des postes
et télégraphes :
« Paris, 17 juillet 1886.
» Monsieur le préfet,
« A la date du 10 mars dernier, j'ai eu l'hon-
neur de vous exposer tout le prix que j'atta-
cherais à seconder les vœux du conseil géné-
ral de votre département dans la question des
houilles françaises.
» Je suis heureux d'avoir à vous annoncer
que, lors des négociations récentes avec la
Compagnie des messageries maritimes, à l'oc-
casion du renouvellement de ses contrats,j'ai
pu introduire dans le nouveau cahier des
charges une clause en vertu de laquelle
l'approvisionnement en combustibles dans
les ports de France devra, à conditions égales,
être constitué exclusivement en charbons
d'origine française.
» En ce qui concerne la Compagnie trans-
atlantique dont les contrats renouvelés il y a
deux ans ne contenaient aucune disposition
obligatoire à ca sujet, j'ai fait appel à son
patriotisme. Je lui ai exposé combien était
digne d'intérêt la crise industrielle dont souf-
frent nos bassins houillers et je reçois à l'ins-
tant une lettre datée du 16 de ce mois par la-
quelle cette Compagnie m'annonce qu'elle a
déjà traité pour une certaine quantité
de charbon avec Graissessac et avec le
Grand'Combe ; elle ajoute qu'elle s'empres-
sera désormais de seconder le légitime inté-
rêt que porte le gouvernement de la Répu-
blique à la prospérité des houillères fran-
çaises pour les services de la Méditerranée
chaque fois que, même avec quelques conces-
sions de sa part, elle rencontrera des condi-
tions égales de prix et de qualité.
» Je vous prie, monsieur le préfet, de faire
part de ces résultats au conseil général du
Gard lors de la prochaine réunion.
» Agréez, monsieur le préfet.
» Le ministre des postes et télégraphes,
» Signé : GRANET. »
, ■■
QUESTIONS DU JOUR
Le scrutin du dor août
Les partis réactionnaires ont montré
rarement autant d'ardeur qu'ils en dé-
ploient pour les élections départemen-
tales de dimanche. Jamais leurs journaux
ne parlèrent avec plus d'audace. Huit
jours avant, que le scrutin soit ouvert,
ils crient victoire : auraient-ils déjà
vendu la peau de la République?
Il est curieux de remarquer toutefois
que les candidats ne se montrent pas si
fiers que la presse. Leur langage est en
général aussi hésitant et aussi timide
que les articles des écrivains qui les
soutiennent sont agressifs. Comme mo-
dèle d'homme prudent, qui ne veut à
aucun prix se compromettre, nous ad-
mirerons M. le duc d'Harcourt, dont
vous pouvez lire ci-après l'inénarrable
adresse aux électeurs d'un canton nor-
mand; nombre d'autres professions de
foi, si cela peut s'appeler ainsi, brillent
par des réticences analogues, sans at-
teindre pourtant l'originalité réjouis-
sante de la profession de foi de M. d'Har-
court. Bref, dans grand nombre de
cantons les candidats monarchistes af-
fectent e ne se donner que des opi-
nions incolores, pensant qu'ils recueil-
leront peut-être ainsi un certain nombre
de voix qui s'éloigneraient d'eux s'ils
affichaient clairement leur dessein de
combattre la République à outrance, et
ce sera toujours, se disent-ils, autant.
de gagné.
Après l'élection, bien entendu, ceux
qui auront, réussi par ce beau manège
à se faire élire ne manqueront pas de
revendiquer leur succès pour la cause
de la monarchie. Je ne sais si cela est
bien adroit; mais ce n'est assurément
ni franc ni fier. Dans tous les cas, on ne
saurait trop avertir les électeurs de ne
point tomber dans un piège d'ailleurs
aussi visible, et de n'accorder leurs suf-
frages, pour plus de sûreté, qu'aux can-
didats qui se seront déclarés républi-
cains tout net. Ceux qui auront l'air de
tergiverser, ceux qui diront : « Mais
nous ne sommes que des conserva-
teurs, » devront être écartés sans hési-
tation, car ils ne cherchent que des
dupes. Puisque les monarchistes ont
eu l'idée audacieuse et inattendue de
transformer les élections du lor août en
une sorte de plébiscite, il devient indis-
pensable de savoir au juste quel degré
de confiance méritent, au point de vue
politique, les candidats par qui l'on est
sollicité.
Si je parle de plébiscite, c'est qu on
voit percer dans la presse monarchique,
depuis quelques, jours, une intention
très marquée d'envisager le scrutin de
dimanche comme une sorte de consul-
tation directe du peuple français sur la
forme du gouvernement. C'est une ex-
traordinaire présomption, mais nos con-
frères de la Droite espèrent sans doute
qu'en se montrant si sûrs de leur suc-
cès ils produiront bien plus d'effet sur
l'opinion publique. Quoi qu'il en soit,
- tandis que la plupart des candidats
monarchistes se donnent pour de sim-
ples conservateurs, — les journaux mo-
narchistes nous annoncent qu'ils feront
le recensement non seulement des siè-
ges gagnés ou perdus par le parti de la
monarchie ou par le parti de la Républi-
que, mais aussi de la totalité respective
des suffrages exprimés dans l'un et
l'autre camp.
C'est en vue de ce dénombrement
projeté que le parti monarchique a
résolu de ne point laisser, s'il le peut,
un seul canton sans candidat; il en pré-o
sente qui ne réuniront peut-être pas
deux cents voix chacun, parce qu'il se
dit qu'il n'y a point de quantité négli-
geable, que tout compte, et que, dans
l'addition générale des suffrages monar-
chistes, opposée à celle des suffrages
républicains, le total des voix monar-
chistes se trouvera grossi d'autant.
Nous avons appris, au contraire, que
les républicains abandonnent la lutte
dans certains cantons où ils se savent
en minorité; ils devraient imiter plutôt
l'exemple que nos adversaires leur don-
nent et présenter des candidats par-
tout. Ce n'est pas un grand sacrifice, et
nous ne croyons pas qu'il manque de
bons citoyens pour s'y prêter, afin que
les républicains se comptent aussi exac-
tement crue les monarchistes le veulent
faire. Du moment où ceux-ci cherchent
dans les élections du 1er août le pré-
texte d'une démonstration contre la
République, tous les républicains doi-
vent marcher.
EUG. LIÉBERT.
:
LES FINANCES DE LA RÉPUBLIQUE
En présence des accusations incessam-
ment dirigées par les réactionnaires contre
la gestion financière de la République, le
gouvernement a pris une décision dont on
ne saurait trop le féliciter. Il a porté à la
connaissance du public, sous la forme
d'une note présentée au dernier conseil
de cabinet, un exposé sommaire de la si-
tuation financière du pays. Le gouverne-
ment ne pouvait prendre part aux polémi-
ques quotidiennes qui sont engagées sur
tous les points du territoire ni répondre
directement aux discours alarmistes pro-
noncés par les financiers de la réaction à
Caen et autres lieux. Mais il s'est souvenu
que l'une des questions traitées avec le
plus de complaisance par les candidats
réactionnaires aux élections du 4 octobre
avait été celle des dilapidations et du dé-
ficit. Le gouvernement d'alors, poussant à
l'excès le principe de non-intervention
dans les élections, n'avait rien fait pour
opposer la vérité aux allégations inexactes
ou même pour donner aux républicains
les premiers éléments d'une réfutation. Le
gouvernement actuel, instruit par cette
expérience, a pensé avec juste raison qu'il
était de son devoir de ne pas se renfermer
dans le même mutisme que son prédéces-
seur et de ne pas contribuer à accréditer
des erreurs en laissant supposer, par la
prolongation de son silence, qu'il n'avait
rien à répondre aux attaques dirigées con-
tre lui.
De l'exposé présenté par le ministre des
finances, il résulte que les moins-values
de recettes de 1886 et les crédits supplé-
mentaires votés et demandés se trouvent
dans une large mesure compensées par
des annulations de crédits sur les exerci-
ces 1884 et 1885, et que le découvert de
1886 et des deux exercices précédents, dont
la situation n'est pas encore arrêtée, dé-
passe de moins de sept millions les pré-
visions indiquées lors du dépôt du budget
de 1887.
Les moins-values sont dues à plusieurs
causes qui ne sont pas toutes défavorables
à notre commerce et a notre agriculture.
C'est ainsi que les droits de douane sur les
sucres sont inférieurs, de 27 millions et
demi aux recettes de la période correspon-
dante de l'exercice précédent. C'est la con-
séquence de la surtaxe établie par la loi
du 29 juillet 1884, — surtaxe dont les
réactionnaires ont réclamé et obtenu ré-
cemment ia prorogation. - Il semhJe qnè Ge
résultat devait être prévu. Puisqu'on de-
mandait des mesures de protection pour
l'industrie nationaie, le premier effet de
ces mesures devait être de ralentir l'im-
portation étrangère. La loi de 1884 a en
même temps accordé d'autres faveurs aux
fabricants nationaux en modifiant la Da-"I:
de l'impôt. Ces avantages ne pouvaient
leur être acquis qu'au prix d'une diminu-
tion de recettes pour le budget. Mais l'agri-
culture et l'industrie sucrières ont dû se
partager une somme équivalente à celle
que l'Etat n'a pas encaissée. Si protection- j
niste que l'on soit, on ne peut donc ni
s'étonner de ces résultats ni les regretter.
De même, les droits de douane à l'im-
portation des cérêalesont été inférieurs de
huit millions aux prévisions budgétaires.
La cause en est aussi en partie dans la
surtaxe et en partie dans l'abondance de
la récolte. L'agriculture française a encore
ici profité d'une somme égale à ceiie qui
n'est pas entrée dans les coffres de la
douane et l'on ne peut être que mal venu
à se plaindre que les mesures de protec-
tion réclamées pour fermer la porte aux
produits étrangers aient eu pour effet de
restreindre l'importation. Les protection-
nistes devraient, au contraire, être très
satisfaits de ces résultats puisqu'ils attes-
tent que les mesures de protection ont été
plus efficaces qu'ils ne le supposaient, que
l'importation s'est trouvée réduite dans
une mesure plus large qu'ils ne le pen-
saient et que, d'aulre part, leur suprême
désir ne tend à rien moins qu'à faire
tomber les droits de douane à zéro, en
mettant de nouvelles surtaxes qui s'oppo-
seraient plus efficacement encore à l'im-
portation.
- On ne peut, du reste, s'empêcher de
remarquer que la campagne électorale des
réactionnaires contre la gestion financière
de la République continue dignement les
procédés dont ils font usage à la Chambre.
Lorsqu'on discute le budget, tout leur ef-
fort consiste à montrer que le déficit
atteint des proportions gigantesques. Il
semblerait donc qu'ils dussent être les
premiers à indiquer de nouvelles sources
de revenus. Cependant toutes les proposi-
tions de loi dont ils prennent l'initiative
— et l'on sait si elles sont nombreuses -
se traduisent toujours par une augmenta-
tion de dépenses, ou par une diminution
de recettes, ou par les deux à la fois.
Pour le moment encore, ils savent bien
crier au déficit, afin de jeter l'inquiétude
parmi les électeurs. Mais quelremè le pro-
posent-ils ? Dans leurs discours parlemen-
taires, dans leurs campagnes électorales
successives, ils n'ont jamais exposé leurs
vues sur la question ifnancière, opposé leur
programmeâ celui de la République, lis ont.
parlé de dilapidation, de s.rasniitaae, sans
pouvoir jamais citer d'autres exemples que
quelques constructions scolaires ou quel-
ques tronçons de chemins de 1er. Ils veu-
lent rendre la République responsable des
moins-values. La note du ministre des fi-
nances répond fort judicieusement que
ces moins-values ne sont pas spéciales à la
France. Elles sont la conséquence de la
crise qui se produit aussi bien dans les
monarchies européennes que dans les Ré-
publiques du nouveau continent, et par-
tout la crise a pour corollaire un abaisse-
ment dans les produits des douanes et
dans les autres revenus de l'Etat.
Mais ce que les réactionnaires ne disent
pas, c'est que la République fait. pour
améliorer l'état de nos finances, les pl is
énergiques efforts; c'est que le projet de
budget pour 1887 réduit les dépenses des
ministères de 71,211,941 fr.; c'est qu'un
projet annexe propose des mesures por-
tant réduction de 73,928,500 fr. sur les dé-
penses et augmentation de 1,521,88 i fr.
sur les recettes; que l'ensemble de ces
mesures réalise environ 150 millions d'é-
conomies; que malgré ces économies et
malgré la suppression du budget extraor-
dinaire, le projet de budget déposé au
mois de mars par le gouvernement se
solde par un excédent de recettes.
La situation financière de la République
ne justifie donc pas les alarmes des réac-
tionnaires et n'est pas de nature à inspirer
des craintes au pays. Le gouvernement l'a
démontré dans la note qu'il vient de pu-
blier. Il était bon de faire cette démons-
tration et elle est complète.
LES FORTIFICATIONS DE PARIS
Il paraît assez probable que la question
de l'enceinte continue de Paris ne viendra
pas de longtemps à l'ordre du jour, à moins
qu'elle ne soit portée à la tribune en vertu
du droit d'initiative qui appartient au Par-
lement. Il n'y aurait d'ailleurs rien de
surprenant que le débat fût porté devant
les Chambres, car l'importance militaire
de Paris est de premier ordre, et l'on ad-
mettra difficilement que le tracé des défen- j
ses de la capitale ne puisse être modifié
parce qu'un comité s'y oppose, alors que
le principe en était accepté par deux des
derniers ministres de la guerre et qu'il
était encore soutenu hier par le chef de
l'armée, par le chef de l'état-major général
et par le gouverneur militaire de Paris,
c'est-à-dire par les trois officiers généraux
qui connaissent le mieux les exigences de
la mobilisation de nos forces nationales et
le plan général de la répartition de nos
troupes en cas de grande guerre.
- Lo Temps se déclare fort satisfait de
l'avis défavorable qu'a émis le comité de
défense. Nous laisserons de côté toute la
première partie de son argumentation,
soit tout ce qui concerne les logements à
bon marché et tout ce qui intéresse les !
propriétaires de terrains voisins de la zone
des servitudes actuelles. Nous n'entendons
réfuter ici que les considérations militaires
invoquéés par notre confrère.
Nous ferons remarquer en premier lieu
que le Temps laisse de côté l'achèvement
des fortifications de Paris. Nous avons dé-
pensa de grosses sommes, depuis la guerre
de 1870, pour augmenter la force défensive
de la capitale. Mais l'œuvre est notoirement
incomplète. Pour la terminer, il faudrait
demander des crédits importants. N'éhH,.il
pas plus sage, au lieu de recourir encore a
la bourse des contribuables, de sacrifier le
superflu ? Il y a là tout un côté de la ques-
tion que notre confrère n'a point aperçu.
N'est-ce pas, du reste, une faute mili-
taire d'affirmer qu'une enceinte continue
comme celle de Paris puisse être de quel-
que utilité actuellement, avec les moyens
d'action que po-sède l'assiégeant? N'est-ce
pas même aussi une erreur de préfendre
que celle muraille constitue une barrière
morale ?
« Se sou vient-on, dit à ce sujet le Temps,
que, le jour du combat de ChâUUon,
lavant-garde de l'armée prussienne faillit
pénétrer dans Paris? » Certes, nous nous
eu souvenon*, et nous ajouterons même
qu'une armée plus audacieuse aurait en-
le. é la partie sud de l'enceinte dans la
soirée du 19 septembre 1S70, car il n'y
avait personne pour la défendre après la
débandade de nos troupes et elle n'était
pas armée.
« Ce n'est pas le seul exemple de pareil-
les surprises que nous puissions chercher
dans l'histoire de la campagne de 1870,
ajoute notre confrère ; le 6 août, le soir de
la bataille de Wœrth, la cavalerie du gé-
néral de Werder ne s'arrêta qu'à une por-
tée de fusil de l'enceinte de Strasbourg. »
Qu'est-ce que cela prouve ? Est-ce que la
situation do Strasbourg, qui n'avait pas
alors un seul ouvrage avancé, peut être
comparée à celle de Paris dont l'enceinte
est précédée par deux lignes de forts déta-
chéi ? Et d'ailleurs, est-ce que dans la
campagne de 1806, en Prusse, notre cava-
lerid légère n'enlevait pas les places for-
tes ? A-t-oa donc oublié que Napoléon 1er
écrivait alors à Murât que, si les escadrons
continuaient leurs exploits, il se verrait
obligé de supprimer les sapeurs du génie
et les canons de siège?
Tout cela n'est pas sérieux. Mais ce qui
l'est encore moins, c'est de mettre plutôt
sa confiance dans la solidité de l'enceinte
continue que dans celle des ouvrages
avancés soutenus par des troupes mobiles,
comme semble l'exprimer le Temps qui ne
peut envisager de sang-froid « l'hypothèse
de la prise d'un ou de deux forts de pre-
mière ligne, et l'entrée de l'assiégeant
dans la zone comprise entre ces forts et la
capitale dépourvue de l'enceinte conti-
nue ».
Mais n'aurions-nous donc pas à Paris
quelques centaines de milliers de réser-
vistes et de territoriaux? Est-ce que ces
hommes ne combattraient pas? Est-ce
qu'ils n'élèveraient aucun ouvrage de cam-
pagne? Est-ce que ce n'est pas précisé-
ment pour permettre à cette immense gar-
nison de manœuvrer sans difficulté d'a-
bord et sans éveiller l'attention de l'en-
nemi ensuite, que l'on doit demander l'é-
loignement de l'enceinte continue et que
l'on doit s'efforcer de reporter la défense
active le plus loin possible des habitants
de Paris. Mais il faut avoir complètement
perdu de vue les événements et les ensei-
gnements du siège mémorable de septem-
bre 1870 à janvier 1871, pour soutenir que
l'enceinte de 1840 est indispensable à la
capitale 1 La vérité est qu'elle constitue un
obstacle aux opérations de la garnison et
un péril au point de vue des aggloméra-
tions, de la faim et des maladies.
Il plaît au Temps de conclure en décla-
rant « qu'on assumerait, en touchant à
l'enceinte, une grave, une terrible respon-
sabilité ». Nous sommes d'un avis tout
opposé et nous pensons que la responsa-
bilité retombe plutôt sur ceux qui ne com-
prennent pas la nécessité d'éloigner la
défense active de Paris.
—————————— ———————————
CHRONIQUE
Qui ne s'intéresse, aujourd'hui, aux
choses de la marine? Passant, ces jours-
ci, par Cherbourg, je n'ai donc pas man-
qué d'aller visiter le port. C'est un spec-
tacle tout à fait attachant que celui de
l'activité qui règne là. Après qu'on a
obtenu les autorisations nécessaires,
on pénètre dans une véritable ville à
part. Des bruits formidables de mar-
teaux, frappant, dans les chantiers, sur
des carènes de fer, retentissent. Des
corvées d'ouvriers passent, portant, à
douze ou quinze, d'énormes charpentes.
Juché sur le haut d'une immense bouée
peinte en rouge, qu'on achève, un con-
tremaître ressemble à une statue mi-
nuscule sur un piédestal gigantesque.
Tout semble avoir là des proportions
démesurées, et c'est cette impression
qui frappe tout d'abord, tandis que,
dans les nombreux canaux qui sillon-
nent cette cité en travail, des embarca-
tions légères glissent sur l'eau, avec
un clapotement rythmé par les avirons.
Ou bien c'est un torpilleur qu'on es-
saye et qui, tout à coup, passe avec une
rapidité de flèche.
On construit en ce moment un vais-
seau d'un genre nouveau, d'une masse
imposante. Ce qui est curieux, c'est de
voir cinq ou six cents hommes employés
à des ouvrages très divers, accomplis-
sant leur tâche avec une discipline si-
lencieuse. Pas un mot, pas un cri au
milieu de cette foule. Chaque escouade
de travailleurs demeure à son poste
jusqu'à l'heure fixée ou jusqu'à ce qu'un
coup de sifflet se soit fait entendre. Ce
vaisseau, le Dubourdieu, doit offrir ceci
de particulier qu'il réunira les derniers
modèles de chaque type d'appareil. On
se trompe parfois. malgré les soins
avec lesquels sont faits les calculs. Le
Dubourdieu devait contenir originaire-
ment vingt-quatre canons; on s'est aper-
çu que, dans la pratique, il n'en pour-
rait porter que douze.
C'est à Cherbourg, dont la défense
serait plus difficile que celle des autres
ports, qu'on a réuni Iç plus grand nom-
bre de batteries flottantes. Il y a là le
Tonnanty le Tonnerre, le Furieux. Un
de ees monstres, de forme bizarre, aux
canons d'une puissance destructive
inouïe, porte ce nom : le Vengeur.
Dans un coin du bassin, à côté de
deux vieux vaisseaux dont la poupe est
sculptée à l'ancienne mode, un yacht
élégant est amarré. Grandeur et déca-
dence d'un bateau 1 C'est l'Aigle, le
yacht impérial, à bord duquel de si bril-
lantes fêtes furent données. Son instal-
lation luxueuse, qu'on a gardée infactp,
n'ttollne plus que les visiteurs du port.
Le brave marin qui en montre les dé-
tails récite sa petite leçon, en désignant,
imperturbable, la chambre de l'impéra-
trice, tendue en damas d'argent ou les
autres pièces. Il n'oublie même pas un
encrier, qui se trouve sur une table
« Cet encrier, dit-il, représente « ttio-i-
» seigneur l'archevêque de Cambrai ».
On a fait assister le pauvre Fénelon,
dans le temps, à des spectacles bien
profanes !
C'est tout un monde, qu'un port mili-
taire ! C'est d'abord la direction des
constructions navales, comprenant. tous
les services d'ouvriers, charpentiers,
mécaniciens, ajusteurs, voiliers, cor-
diers, peintres, chaudronniers, que sais-
je? Il y a, parmi eux, de véritables ar-
tistes, tout comme au faubourg Saint-
Antoine, qui, pour les salons des navires-
amiraux, exécutent des armoires, des
tables, des buffets sculptés très ingé-
nieusement.
Puis, c'est la direction des mouve-
ments du port, de qui dépendent les ma-
rins-vétérans, chargés de conduire les
embarcations de service, et les pom-
piers, véritable petite armée spéciale.
Leurs occupations ne sont point une si-
nécure. Que l'on songe, en effet, que
l'on n'allume point une bougie, à bord
d'un navire du port, sans qu'un pompier
soit présent. — De vingt mètres en
vingt mètres, de grandes bailles d'eau
sont disposées. Il paraît difficile, avec
les précautions prises, qu'un incendie
puisse se propager.
C'est ensuite la direction de l'artille-
rie, avec les ouvriers d'artillerie et les
armuriers, — toute une autre légion,! —
Puis la direction de la défense mobile.
de qui relèvent les torpilleurs. Puis la
direction des « travaux hydrauliques »,
avec ses maçons. Les garde-consignes,
qui surveillent les ouvriers et les fouil-
lent à la sortie de l'arsenal, forment
encore un corps spécial.
L >. service des subsistances occupe,
de j-oti côté, un personnel considérable,
occupé à fabriquer le biscuit et le pain.
Une spécialité du service des subsistan-
ces ')c Cherbourg est ce qu'on appelle
la « graine de Normandie », composée
de saindoux et d'aromates, il y a là, pa-
raît-il, de braves gens qui, de ce ragoût
primitif, font un assaisonnement déli-
cieux. J'avoue ne lavoir 'pas gdûté !
Chaque port militaire a la fabrication de
denrées particulières : à Rochefort, par
exemple, on fait les conserves de bœuf;
à Toulon, on centralise les achats de
vin.
Joignez à ces innombrables travail-
leurs les soldats de garde, les officiers,
les commissaires, les médecins. On ima-
gine quelle animation peut présenter un
port militaire 1
Il y a là des petits coins très pitto-
resques, la « coquerie », par exemple.
C'est l'endroit où mangent les marins
des navires se trouvant dans le port. A
travers la porte, on entend de bonnes
grosses voix qui attestent de robustes
appétits. Puis c'est le « fumoir ». le seul
endroit du port où l'on puisse brûler une
cigarette ou savourer une pipe. Pour
que chacun ait son tour, on s'y rend
militairement, en rangs, et l'on n'a droit
qu'à un temps donné.
Les matelots sont seuls à avoir ce
droit. Les ouvriers des ports, eux, ne
peuvent fumer, à moins qu'ils ne sor-
tent pendant l'heure qui leur est accor-
dée pour déjeuner. Ces braves gens ont
une retraite après vingt-cinq ans de
service, mais on la leur fait bien ga-
gner! En ce moment, ils doivent le tra-
vail de six heures du matin à six heures
du soir. Comme presque tous demeu-
rent, non à Cherbourg, mais dans les
villages des environs, c souvent jusqu'à
deux ou trois lieues, on voit qu'ils n'ont
pas le temps de beaucoup vivre en fa-
mille! Ils ne sont pas non plus bien gras-
sement payés : les salaires vont de trente
sous à sept francs au plus. Peut-être
vaudrait-il mieux occuper moins d'ou-
vriers et mieux payer des hommes de
qui on serait en droit d'exiger davan-
tage.
Rien n'est plus intéressant. que la vi-
site d'un port. On sent que tout ce qui
se prépare là est grave, et le sérieux du
travail se reflète jusque sur les physio-
nomies.
PAUL GINISTY.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER
La crise ministérielle en Angleterre
Londres, 24 juillet. — Le marquis de Salis-
bury a rendu visite ce matin à lord Harting-
ton. L'entrevue a été très cordiale, mais on
ne salt rien encore de ce qui s'est passé.
Le marquis de Salisbury est parti ensuite
pour Osborne.
Lord Randolph Churchill est arrivé à Lon-
dres ce matin.
La jMSYue navale de Portsmonth
Londres, 24 juillet. — Les représentants
des Indes et des colonies, au nombre de 6CO
environ, ont assisté hier, à bord de l"'Orontest
à la revue navale passée en leQ honneur
dans la rade de Portsmouth. La partie la plus
intéressante du programme a été l'attaque
simulée du Colossus par des torpilleurs et les
expériences de mines sous-marines qui ont
eu lieu dans la baia de Stokes.
La reine a présidé à la revue à bord d&
son yacht Alberta.
Sir Charles Dilke
Londres, 24 juillet. — L'issue àllt procès?
Crawford aura pour sir Charles Dilk-e les plus;
désastreuses conséquences. Le Times consi-
dère l'ancien député de Chejaea çomtno mort
I ■ !*■ A 1 A iil Pili I ■ ffi
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REDACTION
S'adresser 9"41 Secrétaire de la Rêdactiofi
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MM. les Souscripteurs dont Cabonne-
ment expire le 31 juillet sont priés dl-'
le renouveler avant le 29, s'ils ne veu-
lent pas éprouver de retard dans la ré-
ception du journal.
BULLETIN
La situation politique en Espagne paraît
assez troublée depuis quelques jours. La
discussion par les Gorlès de la convention
commerciale avec l'Angleterre avait ac-
cusé une certaine agitation dans le pays
et soulevé les plus vives protestations en
Catalogne.
La convention n'en a pas moins été vo-
tée par le Sénat et la Chambre des députés.
Mais, cet écueil évité, le cabinet Sagasta
est aux prises avec des difficultés d'un,
autre orfre. Une crise ministérielle est
imminente, en dépit des efforts de M. Sa-
gasta pour conjurer ce nouveau danger.
Le vote du budget paraît être le pré-
texte choisi par l'opposition pour forcer à
la retraite sinon M. Sagasta, président du
conseil, au moins ses principaux collabo-
rateurs. Il convient d'ajouter que l'oppo-
sition quI s'est formée contre le cabinet
test composée des éléments les plus hété-
rogènes. Le parti libéral, depuis qu'il est
arrivé au pouvoir, n'a pas su se soumettre
à une discipline môme relative ; première
cause d'affaiblissement pour le cabinet
qui n'a trouvé pour le soutenir qu'une
majorité hésitante, flottante et souvent
malintentionnée.
D'autre part, les conservateurs, les ul-
Iramontains et les républicains avancés
s'efforcent de faire obstacle à tout cabinet
libéral : les premiers parce qu'ils veulent
ramener le royaume à leur idéal de gou-
vernement théocratique, les autres parce
qu'ils ont comme objectif final l'émiette-
ment. du pouvoir royal et la proclamation
du régime républicain.
Le parti militaire, de son côté, est mé-
content du cabinet qui ne fait pas pour
l'armée ce qu'on attendait de M. Jovellar,
ministre de la guerre. Celui-ci était d'ail-
leurs plein de bonnes intentions ; il avait
élaboré un plan de réformes urgentes;
mais il s'est heurté contre le refus du mi-
nistre des finances qui a opposé une lin de
mon-recevoir à toute demande de crédits
nouveaux et s'est même avisé de mettre
la main sur les caisses spéciales de l'ar-
mée : caisse de rengagement, caisse de
remonte, etc., toutes richement dotées et
naguère administrées directement par l'ar-
mée elle..mêm\.
D'où vif mécontentement chez les offi-
ciers qui s'en prennent au maréchal Jo-
-vetlar de ce nouvel état de choses. Enfin
à tous ces mécontents il faut ajouter les
protectionnistes et le s agriculteurs qui ont
mené grand bruit au sujet de la conven-
-tion commerciale avec l'Angleterre, et plus
spécialement malmené M. Moret, le mi-
nistre du commerce.
Tels sont les éléments divers contre les-
quels le cabinet a à lutter.
La bataille devait s'engager sur le bud-
get: mais les assaillants, par une tactique
habile, refusent le combat, en ne votant
pas le budget avant la séparation des
Chambres.
Dans cette situation, le ministre de la
guerre harcèle le président du conseil pour
lui faire accepter sa démission; le ministre
des finances, impuissant à faire face aux
charges de l'Etat avec un budget qui se
.solde par un déficit de cinquante millions
par semestre, n'est pas moins pressé de
couper court à ces difficultés en reprenant
;sa liberté.
M. Sagasta va de .l'un à l'autre pour em-
pêcher la désagrégation du cabinet; il
n'ignore pas qu'il lui sera malaisé de re-
trouver un financier de la valeur de M. Ca-
macho. Ouant au ministre de la guerre, il
serait poijr d'autres raisons difficile à rem-
placer en ce moment. Le général Sala-
manca est suspect à l'Allemagne depuis
l'affaire des Carolines et le général Lopez
Dominguez est mal vu à la cour.
Toute la question est de savoir si M. Sa-
gasta pourra rt'ieiiir le maréchal Jovellar
et calmer l'irritation de M. Camacho.
Cela parait peu probable, quant à pré-
sent. Si M. Sagasta échoue, c'est l'existence
du cabinet tout entier qui serait compro-
mise par le départ dos deux ministres,
les plus considérables du cabinet.
Lo UIS HBNRIQUE.
—i^* —*
NFMmMS PARTICULIERES
Lettre de M. de Freycinet
On sait que M. Marmonier, député du
Rhône', a adressé il y a deux jours, à M. le
président du conseil une lettre relative à la
mission. du général Willoughby.
En réponse à cette lettre, M. de Freycinet a
fait parvenir à M. Marmonner la lettre sui-
vante:
Paris, 23 juillet.
Monsieur le député,
J'ai p ris connaissance, ce matin, de la lettre
que VOUJS m'avez fait l'honneur de m'adresser
hier, relativement aux affaires de Mada-
gascar -
Le gouvernem ent s'était déjà préoccupé des
point& sur lesqu'els vous appelez son atten-
tion, et vous pou\ 'ez être assuré que pendant
l'absence des Char, ibres, comme durant leur
présence, il ne né. ?I!gera rien pour sauve-
garder les intérêts <3L Il pays.
Agréez, monsieur h* député, les assurances
de ma haute considéra :tlon.
Sig né : DE FREYCINET.
Mouvement diplomatique -
M. Bourée, ancien ministre de France à
Copenhague, est nommé minière de France à
Bruxelles, en remplacement de M. de Monte-
bello ; V
M. de Montholon, qui faisait à C onst/ ant,i.no-
pie l'intérim d'ambassadeur pendant l'absence
de M. le duc de Noailles, est nommé ministre
de France à Athènes en remplacemeL^ db M.
de Mouy ;
M. le comte de Séguier, consul à la C,
non installé, est nommé consul à Sydney';
M. Paul Blanc, consul de seconde classa.
est nommé consul à la Canée.
Elections sénatoriales
Aujourd'hui ont lieu, dans la Meuse et dansr
la Haute-Vienne, des élections sénatoriales
pour remplacer MM. Honnoré et Ninard, décé-
dés, tous deux républicains.
Les républicains de la Meuse ont choisi
pour candidat M. Boulanger, directeur géné-
ral de l'enregistrement et des domaines.
MM. Bryon et Robert deMassy, républicain?,
qui avaient l'intention de se présenter, sh
sont désistés dn toute candidature à la suite
de la décision du congrès de Verdun de no
porter qu'un seul candidat contre M. Salmon,
réactionnaire, ancien sénateur.
Danb la Hame-Vienne, quatre républicains
sont en présence :
M. Pénicaud, ancien député, ancien maire
de Limoges (Union des Gauches) ;
M. Chamiot, ancien représentant du peuple
en 1849 (Gauche radicale), M. Sciama, ingé-
nieur, et M. Pallier, intransigeant,
Les réactionnaires, devant l'inutilité de la
lutté, ne présentent aucun candidat.
Plusieurs tours de scrutin seront néces-
saires.
Nous avons reçu de notre correspondant de
Limoges la dépêche suivante :
« Une réunion d'électeurs sénatoriaux ra-
dicaux vient d'avoir lieu. Après avoir re-
poupsé définitivement la candidature de M.
Pallier pour avoir illuminé à l'occasion d'une
fête religieuse à Bellac, les délégués ont dé-
cidé à une grande majorité de voter pour
M. Sciama. Enfin, sur la proposition de M.
Georges Perin, les délégués ont pris l'engage-
ment de voter au second tour pour le candi-
dat qui aurait obtenu le plus de voix. Le ré-
sultat est incertain. »
M Baïhaut à Nantes
M. Baïhaut, ministre des travaux publics,
accompagné de M. Rabelle, chef de cabinet,
et du chef d'exploitation des chemins de fer
d'Orléans, est parti hier matin pour Nantes.
Le monument commémoratif de la Révo-
lution.
MM. Hattat, Delhomme, Dépassé et Voisin,
représentant la cinquième commission du
conseil municipal, ont été reçus hier par M.
René Goblet, au ministère de l'instruction pu-
blique.
M. Hattat a remis au ministre le texte de la
délibération du conseil qui charge sa commis-
sion de poursuivre les négociations avec
l'Etat pour ériger d'un commun accord le mo-
nument commémoratif de la Révolution fran-
çaise.
M. Dépassé a exposé les points sur lesquels
l'attention du ministre est particulièrement
appelée : la part contributive de l'Etat ; le
choix de l'emplacement, qui, suivant la majo-
rité du conseil, ne peut être que le terrain
de l'ancien château des Tuileries ; l'appel aux
communes républicaines, qui certainement
voudront contribuer à l'érection du monu-
ment.
M. Goblet a déclaré qu'il entretiendrait ses
collègues de la question dans le conseil des
ministres qui se tiendra mardi matin.
La délégation a également été reçue par M.
Lockroy au ministère du commerce.
Les délégués ont particulièrement entre-
tenu le ministre des fêtes du centenaire dont
la cinquième commission du conseil a égale-
ment reçu mandat de s'occuper.
Les houilles françaises
Dans sa séance du 6 mai, le conseil géné-
ral du Gard a émis le vœu:
« Qu'il soit exigé dans le nouveau cahier
des charges relatif à l'adjudication des ser-
vices postaux maritimes subventionnés que
la soumission des Compagnies qui ont leur
port d'attache à la porte des houillères fran-
çaises comprenne un engagement de brû-
ler les houilles françaises pour la totalité ou
une partie de leurs consommations. »
En réponse à ce vœu, M. le préfet a reçu la
lettre suivante de M. le ministre des postes
et télégraphes :
« Paris, 17 juillet 1886.
» Monsieur le préfet,
« A la date du 10 mars dernier, j'ai eu l'hon-
neur de vous exposer tout le prix que j'atta-
cherais à seconder les vœux du conseil géné-
ral de votre département dans la question des
houilles françaises.
» Je suis heureux d'avoir à vous annoncer
que, lors des négociations récentes avec la
Compagnie des messageries maritimes, à l'oc-
casion du renouvellement de ses contrats,j'ai
pu introduire dans le nouveau cahier des
charges une clause en vertu de laquelle
l'approvisionnement en combustibles dans
les ports de France devra, à conditions égales,
être constitué exclusivement en charbons
d'origine française.
» En ce qui concerne la Compagnie trans-
atlantique dont les contrats renouvelés il y a
deux ans ne contenaient aucune disposition
obligatoire à ca sujet, j'ai fait appel à son
patriotisme. Je lui ai exposé combien était
digne d'intérêt la crise industrielle dont souf-
frent nos bassins houillers et je reçois à l'ins-
tant une lettre datée du 16 de ce mois par la-
quelle cette Compagnie m'annonce qu'elle a
déjà traité pour une certaine quantité
de charbon avec Graissessac et avec le
Grand'Combe ; elle ajoute qu'elle s'empres-
sera désormais de seconder le légitime inté-
rêt que porte le gouvernement de la Répu-
blique à la prospérité des houillères fran-
çaises pour les services de la Méditerranée
chaque fois que, même avec quelques conces-
sions de sa part, elle rencontrera des condi-
tions égales de prix et de qualité.
» Je vous prie, monsieur le préfet, de faire
part de ces résultats au conseil général du
Gard lors de la prochaine réunion.
» Agréez, monsieur le préfet.
» Le ministre des postes et télégraphes,
» Signé : GRANET. »
, ■■
QUESTIONS DU JOUR
Le scrutin du dor août
Les partis réactionnaires ont montré
rarement autant d'ardeur qu'ils en dé-
ploient pour les élections départemen-
tales de dimanche. Jamais leurs journaux
ne parlèrent avec plus d'audace. Huit
jours avant, que le scrutin soit ouvert,
ils crient victoire : auraient-ils déjà
vendu la peau de la République?
Il est curieux de remarquer toutefois
que les candidats ne se montrent pas si
fiers que la presse. Leur langage est en
général aussi hésitant et aussi timide
que les articles des écrivains qui les
soutiennent sont agressifs. Comme mo-
dèle d'homme prudent, qui ne veut à
aucun prix se compromettre, nous ad-
mirerons M. le duc d'Harcourt, dont
vous pouvez lire ci-après l'inénarrable
adresse aux électeurs d'un canton nor-
mand; nombre d'autres professions de
foi, si cela peut s'appeler ainsi, brillent
par des réticences analogues, sans at-
teindre pourtant l'originalité réjouis-
sante de la profession de foi de M. d'Har-
court. Bref, dans grand nombre de
cantons les candidats monarchistes af-
fectent e ne se donner que des opi-
nions incolores, pensant qu'ils recueil-
leront peut-être ainsi un certain nombre
de voix qui s'éloigneraient d'eux s'ils
affichaient clairement leur dessein de
combattre la République à outrance, et
ce sera toujours, se disent-ils, autant.
de gagné.
Après l'élection, bien entendu, ceux
qui auront, réussi par ce beau manège
à se faire élire ne manqueront pas de
revendiquer leur succès pour la cause
de la monarchie. Je ne sais si cela est
bien adroit; mais ce n'est assurément
ni franc ni fier. Dans tous les cas, on ne
saurait trop avertir les électeurs de ne
point tomber dans un piège d'ailleurs
aussi visible, et de n'accorder leurs suf-
frages, pour plus de sûreté, qu'aux can-
didats qui se seront déclarés républi-
cains tout net. Ceux qui auront l'air de
tergiverser, ceux qui diront : « Mais
nous ne sommes que des conserva-
teurs, » devront être écartés sans hési-
tation, car ils ne cherchent que des
dupes. Puisque les monarchistes ont
eu l'idée audacieuse et inattendue de
transformer les élections du lor août en
une sorte de plébiscite, il devient indis-
pensable de savoir au juste quel degré
de confiance méritent, au point de vue
politique, les candidats par qui l'on est
sollicité.
Si je parle de plébiscite, c'est qu on
voit percer dans la presse monarchique,
depuis quelques, jours, une intention
très marquée d'envisager le scrutin de
dimanche comme une sorte de consul-
tation directe du peuple français sur la
forme du gouvernement. C'est une ex-
traordinaire présomption, mais nos con-
frères de la Droite espèrent sans doute
qu'en se montrant si sûrs de leur suc-
cès ils produiront bien plus d'effet sur
l'opinion publique. Quoi qu'il en soit,
- tandis que la plupart des candidats
monarchistes se donnent pour de sim-
ples conservateurs, — les journaux mo-
narchistes nous annoncent qu'ils feront
le recensement non seulement des siè-
ges gagnés ou perdus par le parti de la
monarchie ou par le parti de la Républi-
que, mais aussi de la totalité respective
des suffrages exprimés dans l'un et
l'autre camp.
C'est en vue de ce dénombrement
projeté que le parti monarchique a
résolu de ne point laisser, s'il le peut,
un seul canton sans candidat; il en pré-o
sente qui ne réuniront peut-être pas
deux cents voix chacun, parce qu'il se
dit qu'il n'y a point de quantité négli-
geable, que tout compte, et que, dans
l'addition générale des suffrages monar-
chistes, opposée à celle des suffrages
républicains, le total des voix monar-
chistes se trouvera grossi d'autant.
Nous avons appris, au contraire, que
les républicains abandonnent la lutte
dans certains cantons où ils se savent
en minorité; ils devraient imiter plutôt
l'exemple que nos adversaires leur don-
nent et présenter des candidats par-
tout. Ce n'est pas un grand sacrifice, et
nous ne croyons pas qu'il manque de
bons citoyens pour s'y prêter, afin que
les républicains se comptent aussi exac-
tement crue les monarchistes le veulent
faire. Du moment où ceux-ci cherchent
dans les élections du 1er août le pré-
texte d'une démonstration contre la
République, tous les républicains doi-
vent marcher.
EUG. LIÉBERT.
:
LES FINANCES DE LA RÉPUBLIQUE
En présence des accusations incessam-
ment dirigées par les réactionnaires contre
la gestion financière de la République, le
gouvernement a pris une décision dont on
ne saurait trop le féliciter. Il a porté à la
connaissance du public, sous la forme
d'une note présentée au dernier conseil
de cabinet, un exposé sommaire de la si-
tuation financière du pays. Le gouverne-
ment ne pouvait prendre part aux polémi-
ques quotidiennes qui sont engagées sur
tous les points du territoire ni répondre
directement aux discours alarmistes pro-
noncés par les financiers de la réaction à
Caen et autres lieux. Mais il s'est souvenu
que l'une des questions traitées avec le
plus de complaisance par les candidats
réactionnaires aux élections du 4 octobre
avait été celle des dilapidations et du dé-
ficit. Le gouvernement d'alors, poussant à
l'excès le principe de non-intervention
dans les élections, n'avait rien fait pour
opposer la vérité aux allégations inexactes
ou même pour donner aux républicains
les premiers éléments d'une réfutation. Le
gouvernement actuel, instruit par cette
expérience, a pensé avec juste raison qu'il
était de son devoir de ne pas se renfermer
dans le même mutisme que son prédéces-
seur et de ne pas contribuer à accréditer
des erreurs en laissant supposer, par la
prolongation de son silence, qu'il n'avait
rien à répondre aux attaques dirigées con-
tre lui.
De l'exposé présenté par le ministre des
finances, il résulte que les moins-values
de recettes de 1886 et les crédits supplé-
mentaires votés et demandés se trouvent
dans une large mesure compensées par
des annulations de crédits sur les exerci-
ces 1884 et 1885, et que le découvert de
1886 et des deux exercices précédents, dont
la situation n'est pas encore arrêtée, dé-
passe de moins de sept millions les pré-
visions indiquées lors du dépôt du budget
de 1887.
Les moins-values sont dues à plusieurs
causes qui ne sont pas toutes défavorables
à notre commerce et a notre agriculture.
C'est ainsi que les droits de douane sur les
sucres sont inférieurs, de 27 millions et
demi aux recettes de la période correspon-
dante de l'exercice précédent. C'est la con-
séquence de la surtaxe établie par la loi
du 29 juillet 1884, — surtaxe dont les
réactionnaires ont réclamé et obtenu ré-
cemment ia prorogation. - Il semhJe qnè Ge
résultat devait être prévu. Puisqu'on de-
mandait des mesures de protection pour
l'industrie nationaie, le premier effet de
ces mesures devait être de ralentir l'im-
portation étrangère. La loi de 1884 a en
même temps accordé d'autres faveurs aux
fabricants nationaux en modifiant la Da-"I:
de l'impôt. Ces avantages ne pouvaient
leur être acquis qu'au prix d'une diminu-
tion de recettes pour le budget. Mais l'agri-
culture et l'industrie sucrières ont dû se
partager une somme équivalente à celle
que l'Etat n'a pas encaissée. Si protection- j
niste que l'on soit, on ne peut donc ni
s'étonner de ces résultats ni les regretter.
De même, les droits de douane à l'im-
portation des cérêalesont été inférieurs de
huit millions aux prévisions budgétaires.
La cause en est aussi en partie dans la
surtaxe et en partie dans l'abondance de
la récolte. L'agriculture française a encore
ici profité d'une somme égale à ceiie qui
n'est pas entrée dans les coffres de la
douane et l'on ne peut être que mal venu
à se plaindre que les mesures de protec-
tion réclamées pour fermer la porte aux
produits étrangers aient eu pour effet de
restreindre l'importation. Les protection-
nistes devraient, au contraire, être très
satisfaits de ces résultats puisqu'ils attes-
tent que les mesures de protection ont été
plus efficaces qu'ils ne le supposaient, que
l'importation s'est trouvée réduite dans
une mesure plus large qu'ils ne le pen-
saient et que, d'aulre part, leur suprême
désir ne tend à rien moins qu'à faire
tomber les droits de douane à zéro, en
mettant de nouvelles surtaxes qui s'oppo-
seraient plus efficacement encore à l'im-
portation.
- On ne peut, du reste, s'empêcher de
remarquer que la campagne électorale des
réactionnaires contre la gestion financière
de la République continue dignement les
procédés dont ils font usage à la Chambre.
Lorsqu'on discute le budget, tout leur ef-
fort consiste à montrer que le déficit
atteint des proportions gigantesques. Il
semblerait donc qu'ils dussent être les
premiers à indiquer de nouvelles sources
de revenus. Cependant toutes les proposi-
tions de loi dont ils prennent l'initiative
— et l'on sait si elles sont nombreuses -
se traduisent toujours par une augmenta-
tion de dépenses, ou par une diminution
de recettes, ou par les deux à la fois.
Pour le moment encore, ils savent bien
crier au déficit, afin de jeter l'inquiétude
parmi les électeurs. Mais quelremè le pro-
posent-ils ? Dans leurs discours parlemen-
taires, dans leurs campagnes électorales
successives, ils n'ont jamais exposé leurs
vues sur la question ifnancière, opposé leur
programmeâ celui de la République, lis ont.
parlé de dilapidation, de s.rasniitaae, sans
pouvoir jamais citer d'autres exemples que
quelques constructions scolaires ou quel-
ques tronçons de chemins de 1er. Ils veu-
lent rendre la République responsable des
moins-values. La note du ministre des fi-
nances répond fort judicieusement que
ces moins-values ne sont pas spéciales à la
France. Elles sont la conséquence de la
crise qui se produit aussi bien dans les
monarchies européennes que dans les Ré-
publiques du nouveau continent, et par-
tout la crise a pour corollaire un abaisse-
ment dans les produits des douanes et
dans les autres revenus de l'Etat.
Mais ce que les réactionnaires ne disent
pas, c'est que la République fait. pour
améliorer l'état de nos finances, les pl is
énergiques efforts; c'est que le projet de
budget pour 1887 réduit les dépenses des
ministères de 71,211,941 fr.; c'est qu'un
projet annexe propose des mesures por-
tant réduction de 73,928,500 fr. sur les dé-
penses et augmentation de 1,521,88 i fr.
sur les recettes; que l'ensemble de ces
mesures réalise environ 150 millions d'é-
conomies; que malgré ces économies et
malgré la suppression du budget extraor-
dinaire, le projet de budget déposé au
mois de mars par le gouvernement se
solde par un excédent de recettes.
La situation financière de la République
ne justifie donc pas les alarmes des réac-
tionnaires et n'est pas de nature à inspirer
des craintes au pays. Le gouvernement l'a
démontré dans la note qu'il vient de pu-
blier. Il était bon de faire cette démons-
tration et elle est complète.
LES FORTIFICATIONS DE PARIS
Il paraît assez probable que la question
de l'enceinte continue de Paris ne viendra
pas de longtemps à l'ordre du jour, à moins
qu'elle ne soit portée à la tribune en vertu
du droit d'initiative qui appartient au Par-
lement. Il n'y aurait d'ailleurs rien de
surprenant que le débat fût porté devant
les Chambres, car l'importance militaire
de Paris est de premier ordre, et l'on ad-
mettra difficilement que le tracé des défen- j
ses de la capitale ne puisse être modifié
parce qu'un comité s'y oppose, alors que
le principe en était accepté par deux des
derniers ministres de la guerre et qu'il
était encore soutenu hier par le chef de
l'armée, par le chef de l'état-major général
et par le gouverneur militaire de Paris,
c'est-à-dire par les trois officiers généraux
qui connaissent le mieux les exigences de
la mobilisation de nos forces nationales et
le plan général de la répartition de nos
troupes en cas de grande guerre.
- Lo Temps se déclare fort satisfait de
l'avis défavorable qu'a émis le comité de
défense. Nous laisserons de côté toute la
première partie de son argumentation,
soit tout ce qui concerne les logements à
bon marché et tout ce qui intéresse les !
propriétaires de terrains voisins de la zone
des servitudes actuelles. Nous n'entendons
réfuter ici que les considérations militaires
invoquéés par notre confrère.
Nous ferons remarquer en premier lieu
que le Temps laisse de côté l'achèvement
des fortifications de Paris. Nous avons dé-
pensa de grosses sommes, depuis la guerre
de 1870, pour augmenter la force défensive
de la capitale. Mais l'œuvre est notoirement
incomplète. Pour la terminer, il faudrait
demander des crédits importants. N'éhH,.il
pas plus sage, au lieu de recourir encore a
la bourse des contribuables, de sacrifier le
superflu ? Il y a là tout un côté de la ques-
tion que notre confrère n'a point aperçu.
N'est-ce pas, du reste, une faute mili-
taire d'affirmer qu'une enceinte continue
comme celle de Paris puisse être de quel-
que utilité actuellement, avec les moyens
d'action que po-sède l'assiégeant? N'est-ce
pas même aussi une erreur de préfendre
que celle muraille constitue une barrière
morale ?
« Se sou vient-on, dit à ce sujet le Temps,
que, le jour du combat de ChâUUon,
lavant-garde de l'armée prussienne faillit
pénétrer dans Paris? » Certes, nous nous
eu souvenon*, et nous ajouterons même
qu'une armée plus audacieuse aurait en-
le. é la partie sud de l'enceinte dans la
soirée du 19 septembre 1S70, car il n'y
avait personne pour la défendre après la
débandade de nos troupes et elle n'était
pas armée.
« Ce n'est pas le seul exemple de pareil-
les surprises que nous puissions chercher
dans l'histoire de la campagne de 1870,
ajoute notre confrère ; le 6 août, le soir de
la bataille de Wœrth, la cavalerie du gé-
néral de Werder ne s'arrêta qu'à une por-
tée de fusil de l'enceinte de Strasbourg. »
Qu'est-ce que cela prouve ? Est-ce que la
situation do Strasbourg, qui n'avait pas
alors un seul ouvrage avancé, peut être
comparée à celle de Paris dont l'enceinte
est précédée par deux lignes de forts déta-
chéi ? Et d'ailleurs, est-ce que dans la
campagne de 1806, en Prusse, notre cava-
lerid légère n'enlevait pas les places for-
tes ? A-t-oa donc oublié que Napoléon 1er
écrivait alors à Murât que, si les escadrons
continuaient leurs exploits, il se verrait
obligé de supprimer les sapeurs du génie
et les canons de siège?
Tout cela n'est pas sérieux. Mais ce qui
l'est encore moins, c'est de mettre plutôt
sa confiance dans la solidité de l'enceinte
continue que dans celle des ouvrages
avancés soutenus par des troupes mobiles,
comme semble l'exprimer le Temps qui ne
peut envisager de sang-froid « l'hypothèse
de la prise d'un ou de deux forts de pre-
mière ligne, et l'entrée de l'assiégeant
dans la zone comprise entre ces forts et la
capitale dépourvue de l'enceinte conti-
nue ».
Mais n'aurions-nous donc pas à Paris
quelques centaines de milliers de réser-
vistes et de territoriaux? Est-ce que ces
hommes ne combattraient pas? Est-ce
qu'ils n'élèveraient aucun ouvrage de cam-
pagne? Est-ce que ce n'est pas précisé-
ment pour permettre à cette immense gar-
nison de manœuvrer sans difficulté d'a-
bord et sans éveiller l'attention de l'en-
nemi ensuite, que l'on doit demander l'é-
loignement de l'enceinte continue et que
l'on doit s'efforcer de reporter la défense
active le plus loin possible des habitants
de Paris. Mais il faut avoir complètement
perdu de vue les événements et les ensei-
gnements du siège mémorable de septem-
bre 1870 à janvier 1871, pour soutenir que
l'enceinte de 1840 est indispensable à la
capitale 1 La vérité est qu'elle constitue un
obstacle aux opérations de la garnison et
un péril au point de vue des aggloméra-
tions, de la faim et des maladies.
Il plaît au Temps de conclure en décla-
rant « qu'on assumerait, en touchant à
l'enceinte, une grave, une terrible respon-
sabilité ». Nous sommes d'un avis tout
opposé et nous pensons que la responsa-
bilité retombe plutôt sur ceux qui ne com-
prennent pas la nécessité d'éloigner la
défense active de Paris.
—————————— ———————————
CHRONIQUE
Qui ne s'intéresse, aujourd'hui, aux
choses de la marine? Passant, ces jours-
ci, par Cherbourg, je n'ai donc pas man-
qué d'aller visiter le port. C'est un spec-
tacle tout à fait attachant que celui de
l'activité qui règne là. Après qu'on a
obtenu les autorisations nécessaires,
on pénètre dans une véritable ville à
part. Des bruits formidables de mar-
teaux, frappant, dans les chantiers, sur
des carènes de fer, retentissent. Des
corvées d'ouvriers passent, portant, à
douze ou quinze, d'énormes charpentes.
Juché sur le haut d'une immense bouée
peinte en rouge, qu'on achève, un con-
tremaître ressemble à une statue mi-
nuscule sur un piédestal gigantesque.
Tout semble avoir là des proportions
démesurées, et c'est cette impression
qui frappe tout d'abord, tandis que,
dans les nombreux canaux qui sillon-
nent cette cité en travail, des embarca-
tions légères glissent sur l'eau, avec
un clapotement rythmé par les avirons.
Ou bien c'est un torpilleur qu'on es-
saye et qui, tout à coup, passe avec une
rapidité de flèche.
On construit en ce moment un vais-
seau d'un genre nouveau, d'une masse
imposante. Ce qui est curieux, c'est de
voir cinq ou six cents hommes employés
à des ouvrages très divers, accomplis-
sant leur tâche avec une discipline si-
lencieuse. Pas un mot, pas un cri au
milieu de cette foule. Chaque escouade
de travailleurs demeure à son poste
jusqu'à l'heure fixée ou jusqu'à ce qu'un
coup de sifflet se soit fait entendre. Ce
vaisseau, le Dubourdieu, doit offrir ceci
de particulier qu'il réunira les derniers
modèles de chaque type d'appareil. On
se trompe parfois. malgré les soins
avec lesquels sont faits les calculs. Le
Dubourdieu devait contenir originaire-
ment vingt-quatre canons; on s'est aper-
çu que, dans la pratique, il n'en pour-
rait porter que douze.
C'est à Cherbourg, dont la défense
serait plus difficile que celle des autres
ports, qu'on a réuni Iç plus grand nom-
bre de batteries flottantes. Il y a là le
Tonnanty le Tonnerre, le Furieux. Un
de ees monstres, de forme bizarre, aux
canons d'une puissance destructive
inouïe, porte ce nom : le Vengeur.
Dans un coin du bassin, à côté de
deux vieux vaisseaux dont la poupe est
sculptée à l'ancienne mode, un yacht
élégant est amarré. Grandeur et déca-
dence d'un bateau 1 C'est l'Aigle, le
yacht impérial, à bord duquel de si bril-
lantes fêtes furent données. Son instal-
lation luxueuse, qu'on a gardée infactp,
n'ttollne plus que les visiteurs du port.
Le brave marin qui en montre les dé-
tails récite sa petite leçon, en désignant,
imperturbable, la chambre de l'impéra-
trice, tendue en damas d'argent ou les
autres pièces. Il n'oublie même pas un
encrier, qui se trouve sur une table
« Cet encrier, dit-il, représente « ttio-i-
» seigneur l'archevêque de Cambrai ».
On a fait assister le pauvre Fénelon,
dans le temps, à des spectacles bien
profanes !
C'est tout un monde, qu'un port mili-
taire ! C'est d'abord la direction des
constructions navales, comprenant. tous
les services d'ouvriers, charpentiers,
mécaniciens, ajusteurs, voiliers, cor-
diers, peintres, chaudronniers, que sais-
je? Il y a, parmi eux, de véritables ar-
tistes, tout comme au faubourg Saint-
Antoine, qui, pour les salons des navires-
amiraux, exécutent des armoires, des
tables, des buffets sculptés très ingé-
nieusement.
Puis, c'est la direction des mouve-
ments du port, de qui dépendent les ma-
rins-vétérans, chargés de conduire les
embarcations de service, et les pom-
piers, véritable petite armée spéciale.
Leurs occupations ne sont point une si-
nécure. Que l'on songe, en effet, que
l'on n'allume point une bougie, à bord
d'un navire du port, sans qu'un pompier
soit présent. — De vingt mètres en
vingt mètres, de grandes bailles d'eau
sont disposées. Il paraît difficile, avec
les précautions prises, qu'un incendie
puisse se propager.
C'est ensuite la direction de l'artille-
rie, avec les ouvriers d'artillerie et les
armuriers, — toute une autre légion,! —
Puis la direction de la défense mobile.
de qui relèvent les torpilleurs. Puis la
direction des « travaux hydrauliques »,
avec ses maçons. Les garde-consignes,
qui surveillent les ouvriers et les fouil-
lent à la sortie de l'arsenal, forment
encore un corps spécial.
L >. service des subsistances occupe,
de j-oti côté, un personnel considérable,
occupé à fabriquer le biscuit et le pain.
Une spécialité du service des subsistan-
ces ')c Cherbourg est ce qu'on appelle
la « graine de Normandie », composée
de saindoux et d'aromates, il y a là, pa-
raît-il, de braves gens qui, de ce ragoût
primitif, font un assaisonnement déli-
cieux. J'avoue ne lavoir 'pas gdûté !
Chaque port militaire a la fabrication de
denrées particulières : à Rochefort, par
exemple, on fait les conserves de bœuf;
à Toulon, on centralise les achats de
vin.
Joignez à ces innombrables travail-
leurs les soldats de garde, les officiers,
les commissaires, les médecins. On ima-
gine quelle animation peut présenter un
port militaire 1
Il y a là des petits coins très pitto-
resques, la « coquerie », par exemple.
C'est l'endroit où mangent les marins
des navires se trouvant dans le port. A
travers la porte, on entend de bonnes
grosses voix qui attestent de robustes
appétits. Puis c'est le « fumoir ». le seul
endroit du port où l'on puisse brûler une
cigarette ou savourer une pipe. Pour
que chacun ait son tour, on s'y rend
militairement, en rangs, et l'on n'a droit
qu'à un temps donné.
Les matelots sont seuls à avoir ce
droit. Les ouvriers des ports, eux, ne
peuvent fumer, à moins qu'ils ne sor-
tent pendant l'heure qui leur est accor-
dée pour déjeuner. Ces braves gens ont
une retraite après vingt-cinq ans de
service, mais on la leur fait bien ga-
gner! En ce moment, ils doivent le tra-
vail de six heures du matin à six heures
du soir. Comme presque tous demeu-
rent, non à Cherbourg, mais dans les
villages des environs, c souvent jusqu'à
deux ou trois lieues, on voit qu'ils n'ont
pas le temps de beaucoup vivre en fa-
mille! Ils ne sont pas non plus bien gras-
sement payés : les salaires vont de trente
sous à sept francs au plus. Peut-être
vaudrait-il mieux occuper moins d'ou-
vriers et mieux payer des hommes de
qui on serait en droit d'exiger davan-
tage.
Rien n'est plus intéressant. que la vi-
site d'un port. On sent que tout ce qui
se prépare là est grave, et le sérieux du
travail se reflète jusque sur les physio-
nomies.
PAUL GINISTY.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER
La crise ministérielle en Angleterre
Londres, 24 juillet. — Le marquis de Salis-
bury a rendu visite ce matin à lord Harting-
ton. L'entrevue a été très cordiale, mais on
ne salt rien encore de ce qui s'est passé.
Le marquis de Salisbury est parti ensuite
pour Osborne.
Lord Randolph Churchill est arrivé à Lon-
dres ce matin.
La jMSYue navale de Portsmonth
Londres, 24 juillet. — Les représentants
des Indes et des colonies, au nombre de 6CO
environ, ont assisté hier, à bord de l"'Orontest
à la revue navale passée en leQ honneur
dans la rade de Portsmouth. La partie la plus
intéressante du programme a été l'attaque
simulée du Colossus par des torpilleurs et les
expériences de mines sous-marines qui ont
eu lieu dans la baia de Stokes.
La reine a présidé à la revue à bord d&
son yacht Alberta.
Sir Charles Dilke
Londres, 24 juillet. — L'issue àllt procès?
Crawford aura pour sir Charles Dilk-e les plus;
désastreuses conséquences. Le Times consi-
dère l'ancien député de Chejaea çomtno mort
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