Titre : Gil Blas / dir. A. Dumont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-01-22
Contributeur : Dumont, Auguste (1816-1885). Directeur de publication
Contributeur : Gugenheim, Eugène (1857-1921). Directeur de publication
Contributeur : Mortier, Pierre (1882-1946). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344298410
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 janvier 1903 22 janvier 1903
Description : 1903/01/22 (N8569,A25). 1903/01/22 (N8569,A25).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7546388z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-209
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/10/2012
256 AXXEE. — NUMERO 8569
JEUDI 22 JANVIER 1003
A. PÉRIVIER-P. OLLENDORFF
DIRECTEURS
BUREAUX
11, Boulevard des Italiens 11
Z. AIT1
TÉLÉPHONE : 102-74
PARIS
Les Manuscrits non insérès ne sont pas rendus
LE NUMERO
PARIS
DÉPARTEMENTS. CENTIMES
PRIX des ABONNEMENTS
3 Mois 6 MOIS Un an
SEINE, SEIE-F.T-OISE 13.50 26 Il 50 1»
DÉPARTEMENTS. 15 » 28 » 54 »
UNIO POSTALE. 18 Il 35 » 64 »
On s'abonne dans tous les Bureaux de Poste
ALLO l'BI ALtO a
Appel. Attente. Rappel. Attente. Ta-
rentelle de l'index sur l'appareil. Enfin;
guère plus de dix minutes après le pre-
mier signal, réponse du grelot ayortIs-
seur.
Et, monologue.
— Allô ! Allô !. Mademoiselle. Al-
lô !. Voudriez-vous me donner.
Allô ! Allô !. me donner le. Allô !.:.o
le numéro 102-99 ?
Silence, sauf que, dans le récepteur,
s'-éveillent de lointains crépitements.
Recours au timbre encore une fois :
- Allô !. Mademoiselle. Allô !. le
102-99, s'il vous plaît. !
Ici, intervention d'une, voix qui paraît
toujours céleste.
— Vous demandez, Madame 'P
*— Le 102-99, Mademoiselle.
- VoilÙ, Madame, le 102.
Le reste se perd dans une recrudes-
cence. de, bruit.
Attente. Longue attente. Un léger
eneryement commence à vous gagner.
Car (j'omettais de le dire), on est très
presse. Heureusement, l'avertisseur re-
tentit comme on se disposait à repiano-
ler.
— Madame, vous avez le numéro qua-
tre.
Merci, Mademoiselle !
Ce merci-là esL plutôt- grommelé. On
recoiffe l'appareil de ses plaques de Fri-
sonne, sans aucune sorte de ménage-
ments. Et on se promène de long en
large devant l'appareil, rageusement.
Que faire d'autre, ? On court après son
temps, comme les joueurs après leur ar-
gent.
temps, S'éloigner serait risquer de per-
dre le fruit, de la patience dépensée, des
minutes perdues. Quant à se livrer à un
travail intellectuel quclconquc, sous me-
nace d'interruption, dans l'attente du
sursaut que provoque la sonnerie, bien-
heureux les placides capables de telle
maîtrise !
I LUS, il y a détente. On se sent vaincu,
on s assied.On réfléchit vaguement à des
choses profondes, au néant du progrès,
etc., etc,
--Dre lin, din, din, din, din, din, din.
-— Allô î Allô !
- VoilÙ, Madame, vous avez la. com-
munication.
— Merci Mademoiselle, Allô I
Une tempête dans le récepteur ! Des
grincements, des gémissements, des ri-
res, voilés ou aigus, des plaintes et des
jurons, des appels qui se croisent, un
charivari infernal !
« Alors, tu le diras à ta sœur ?. Oui,
mon chéri. Mais, nom d'un chien, voi-
la six fois que j'appelle !. Oui, Madame,
le godiveau pour huit heures. C'est em-
bêtant, cette baisse, achcfc~7r t.Tc.i1 rtTSpa-
gnoJ.N'oublie pas la purgo d'Edmond!..
Ali ! que c'est loin, dimanche, ma bien-
aimée !. »
On appelle au secours. Alors, soudain,
la cacophonie fond en un bruit uni-
forme : une « friture » intense, trépi-
dante, sans arrêt ; l'orchestre des machi-
nes dans la galerie de l'Exposition 1
- AlJô ! Allô ! Allô!
Du fond, du fin fond de ce tumulte, une
voix masculine (mais, combien faible !)
répond en écho plaintif :
— Allô ! Allô !
- Je n'entends rien. M'entendez-
vous?.Allô I
- AllÓ l
Subitement, calme plat, sérénité.
■— Allô !
•— Allô, Madame.
- Veuillez dire au docteur.
--- Ouel docteur ?
- C'est bien au 102-99 que jei télé-
phone ?
-Mais pas du tout.C'est au bar russe !
Effondrement ou épilepsie, suivant les
caractères. Puis, comme on ne veut pas
en avoir le démenti, on redemande la
communication. On l'a — et dès qu'on
l a, elle est coupée. Après, ce. serait folie
que do songer à l'obtenir encore.
Le tout n'a pas pris plus de quarante
minutes.
*
* *
Tel est. très exactement. — j'en appelle
à tous les abonnés ! — lo recto de la ques-
tion ; ce que tout ICI monde reconnaît, et
ce dont tout le monde souffre.
Je. n'a i pas forcé le tableau, je ne l'ai
point poussé au noir ; j'ai omis même de
noter le: désagrément dû l'éveil nocturne
el brutal, par suite d'erreur, de toutes
corporations obligées de no pas suspen-
dre l'appel, de rester à la disposition du
public, les médecins, pharmaciens sa-
ges-femmes. etc.
D'où il résulte, de façon presque una.-
nime. une exaspération folle contre le
personnel téléphonique, et que les em-
ployées d'icelui sont en train do conqué-
rir une popularité pour le moins égale
ù celle des cochers de flGcrcl.
C'est tout dire.
Où que l'on soit, dès que Ici mot, de té-
Ïephone est prononcé, s'élève une cla-
meur de haro, un concert, d'anathèmes.
Chacun puise dans son répertoire d'a-
necdotes, dans son vocabulaire d'impré-
cations, l'exemple, enrichi de commen-
taires énergiques, à l'appui du mécon-
tentement général.
Il n'est pas d'épithètes désobligeantes
dont on no crible, dont on n'accable —
fût-ce directement — les préposées aux
rapports oraux., Une association mémo
s'est fondée récemment, ie ne dirai pas
contre elles, mais en quelque sorte à
propos d'elles : la Ligue pour la défense
des abonnés au téléphone, fondateur M.
Tissot, médecin-pharmacien,
Est-ce mente ! Si vous le; voulez bien
(et sans entrer dans plus de détails tech-
niques qu'il n'importe), nous allons exa-
miner raisonnablement, sans parti pris,
le verso de la. question, ce revers insoup-
çonné dont un simple aperçu modifierait
singulièrement l'opinion.
El. tout d'abord, il qui la, faute ?
Pas à M. Bérnrd. bien sur ! Celui-là no
se contente pas d'être un parlementaire
avisé et influent, ni l'érudit, le fin leltré,
signalé à l'attention des historiens
comme des littérateurs par tant d'études
savantes non moins qu'intéressantes —
Les Invasions de 1814 et de 1815 dans le
département de VAin, LAbbaye d'Am-
bronay, Les Vaudois, La Convention et
les Deux Chambres ; et cette très émou-
vante Cypris (chronique: de l'iledci Chv
; pre au Morcn-Age) la dernière en date ;
et tout ce que j'oublie ! — M. Alexandre
Bérard n'est pas qu'un politique et qu'un
écrivain, c'est un brave homme dans
l'acception la plus élevée et la. plus sin-
cère du terme, infiniment pitoyable, à
toutes les détresses humaines. -
Ce que je dis ne le vise donc en rien,
pas plus que son prédécesseur. Us ont
trouvé la situation telle quelle, ils y ont
remédié de leur mieux, avec les pallia-
tifs dont ils pouvaient disposer, mais la
totale guérison ne fut, jamais à leur
merci.
Le. sous-secrétaire d'Etat actuel ne se
dissimule ni l'étendue, ni la, gravité du
mal — et son cœur en est affligé,
Relisez plutôt ces bribes d'une récente
interview, à propos justement des télé-
phonistes :
— Et si vous connaissiez la dureté de
leur service !. Il y a de certaines heu-
res où elles sont abominablement bous-
culées. Et elles sont mal payées, nous
en convenons. Ah ! si nous obtenions
des crédits et. que nous puissions dou-
bler les services !.
Ainsi parle-t-il, et essaic-t-il d'agir, bon
berger de ce troupeau où il pressent, hé-
las ! nombre de victimes",
*
Il ne se trompe pas. En même temps
que leurs compagnes de la Poste, elles
viennent d'exprimer leurs doléances ; do
laisser voir quelle amertume désespérée
à la fin s'est emparée d'elles.
Comment en serait-il autrement ?
Lorsqu'on réfléchit qu'une pauvre en-
fant peut avoir à répondre en même
temps à 150 (je dis cent cinquante) abon-
nés pressés, nerveux, hargneux même
do par les exigences de leurs occupations
personnelles, on demeure confondu
qu'elle y parvienne, fût-ce aussi impar-
faitement, qu'aujourd'hui.
Et dans quelles conditions !
J'ai reçu, à cet égard, nombre de let-
tres provenant do mères de famille qui,
peu heureuses en tant qu'ouvrières, pro-
fesseurs, etc (les carrières ouvertes à la
femme sont encore si peu nombreuses !)
s'étaient saignées aux quatrcveines pour
faire,, do leurs filles, des petites fonc-
tionnaires à retraite assurée.
Aujourd'hui rien ne saurait trans-
crire leur angoisse, devant le surme-
nage, l'énervement poussé jusqu'à la
maladie de leurs enfants. Il y a là, je
vous assure, une question d'humanité :
tout un personnel féminin atteint dans
sa santé, menacé dans sa vie.
La surveillance, parfois maternelle et
protectrice d'autrefois, mal exercée,
ajoute encore à ces maux.
L'installation, sa.iif cn de rares bu-
reaux, est défectueuse — pas d'ai P. E ii été,
c'est le supplice: jusqu'à l'évanouisse-
ment.. Et, la convalescente, à sa rentrée,
doit payer, en service supplémentaire,
(alors qu'elle est. encore si débile 1) le
temps qu'elle dut se soigner.
Et le poids du casquel sur la tête, qui
étreint les tempes, donn0 des vertiges,
des nausées. une sensation, de torture
moyenâgeuse, un avant-gont d'électro-
cution !
Puis, enfin, la durée du travail dou-
blé triplé, à peine, et bien courte, la
trêve du sommeil !
Nous voilà loin do la proposition Ro-
binet en 1885. au 'Conseil municipal de
Paris, alors que Cornélius Hertz sollici-
tait l'exploitation du téléphone. Journée
de: sept heures.
Il y faudra revenir — sous peine de
voir décimer ce pauvre peuple féminin !
SEVERINE.
—■— ■ H—1—■ .| .1 - -, ■■
Choses du Jour
La jurisprudence n'est pas mère de la
clarté. Témoin les deux belles lettres de
M. Chaumié et de Mlle Brandès.
Cujas et Barlhole eussent pu les si-
gner. Les vieux magistrats s'en pourlé-
cheront longtemps les lèvres. Mais, tant
de science juridique déroute le public.
Il s'embrouille ait milieu des lois invo-
quées de chaque part. Une traduction en
langage courant serait presque néces-
saire.
Pour la lettre de Mlle Brandès) elle
donnerait à peu près ceci :
« Monsieur le ministre, voilà des an-
nées que la Comédie-Française me doit
une part, entière, et que je n'arrive pas à
me faire payer. Elle me la devait un peu
après les Tenaii.lles, beaucoup après fE-
nigme, passionnément après le Passé.
Et, maintenant, elle ergote, se défile, mo
fait « des offres réelles ». Assez de délais
et do renouvellements, comme ça ! Plus
d'acompte ! L'heure de l'échéance a son-
né. Qu'on me paie mon dû, tout mon dû,
ou je pars. »
A quoi, la. réponse de M. Chaumié
pourrait se traduire ainsi :
« Mon Dieu, Mademoiselle, la. bonne
foi me commande de reconnaître que le
Théâtre-Français a. contracté envers vous
une assez forte dette qui demeure im-
payée. Malheureusement, je ne dispose
d'aucun moyen pour contraindre votre
débiteur à régler son « ardoise H. Tout,
ce que je p°.ux faire pour vous, c'est de
vous promettre des poursuites soignées,
si vous vous en allez. »
Réduit ù ce ton familier, le débat perd
en ampleur, mais gagne en limpidité.
Nous y retrouvons la vieille et tradi-
tionnelle querelle entre débiteur et
créancier, avec pourtant cette innova-
tion curieuse, que, pour la première fois
dans nos annales judiciaires, c'est le dé-
biteur qui veut mettre le créancier sous
clef.
Anomalie trop brusque., pour no pas
choquer nos -mœurs et influer sur le pro-
cès !
Rien que pour l'étrangeté du fait, je
parierais que c'est Mlle Brandès qui ga-
gnera. — F. V.
- Echos
La Température.
Pour la première fois que je rédige ici ces
almanachs, ma science est en défaut. J'lano-
re le temps qu'il fera aujourd'hui. D'ailleurs,
qu'importe ? Ces pronostics n'ont que la va-
leur qu'on leur accorde. Qu'il pleuve, qu'il
neige, qu'il fasse beau temps ou que le ciel
soit gris, la fournée ne s'écoulera pas moins,
heureuse pour les uns, mélancolique pour
les autrcs, Il faut savoir se réslaner.
Le véritable soleil, à y bien songer, n'est
pas là-haut : il est dans le sOHrire, dans les
yeux profonds et tendres de celle que nous
avais élue. C'est elle seule qui dispense la
lumière et la joie, et qui fait nos journées
heureuses.
Il peut pleuvoir sur la ville. Fermons la
fenêtre et lirons le rideau. Le printemps sera
dans la chambre, si elle l'illumine de son
clair regard.
WWWWV
L'hôtel de Rambouillet.
Les lettres sont en deuil : Mme la ba-
ronne de Baye a fermé son salon.
Ce salon était littéraire et l'Académie
y fréquentait. Y fréquentaient aussi
maintes poétesses connues, la duchesse
de Rohan, la duchesse des Cars, la com-
tesse de Montgomery et M. Auguste Dor-
chain.
On y voyait encore le vicomte de Bor-
relh et le vicomte de Guerne" et le prince
do Tarent et le comte Colomia.Et beau-
coup de barons et pas mal de marquis,
Et aussi M. Jean Rameau.
Les Muses affligées par cette brusque
iermeture errent maintenant par la ville
et cherchent en vain un nouveau refuge.
Mme de Baye n'en veut plus. C'est, do
l'ingratitude. Les Muses lui furent, pour-
tant clémentes, dans la mesure où elles
accueillent celui qui vient à elles d'un
cœur pur et d'une pensée sincère
Nous n'entendrons plus M. Dore ha in.
Mme do Baye lui a supprimé ses lau-
riers.
wwww
Coïncidence.
Le premier boulet tiré par les Alle-
mands sur Porto-Cabillo est tombé -
par hasard — sur un fort, que le gouver-
nement vénézuélien avait assuré, quel-
ques jours auparavant, à une compagnie
allemande.
Le second boulet, heureusement, a
éclaté ailleurs. Les Allemands, prévenus
a temps, rectifièrent leur tir.
wwvww
Un heureux gentleman.
On peut dire de M. Cecil Ayston que
c'est un heureux gentleman — un tout, à
fait heureux gentleman. Dans une seule
partie de cartes — laquelle a duré. il est
viTnrrtrujy jwr^ t, t deux nuits, la. fortune
lui a été à tel point favorable qu'il a ga-
gné onze millions cent vingt-cinq mille
francs.
Les perdants sont cinq des plus qua-
lifiés clubmen de Londres. Deux d'entre
eux sont complètement ruinés,
Le plus curieux est que, la partie ter-
minée, M. Cecil Ayston a juré de ne plus
toucher une carte avant qu'il ait « utile-
ment » dépensé son gain. Il a aussitôt
établi son calcul et il a estimé pouvoir
dépenser environ 625.000 francs par
mois.
Ce que nous voudrions connaître, c'est
la façon dont M. Ayston dépensera « uti-
lement » 625.000 francs par mois.
Lui.
Ce passage des mémoires inédits de
Mlle George, qui seront publiés prochai-
nement :
Au milieu de n'importe queUe scène, le com-
missaire de police arrivait sur le Micatre, son
cehnrpe en ceinture: on portai deux bougies.
On lisait le Bulletin de Victoire au milieu d'une
émotion, d'un élan palriolique et d'un enthou-
siasme que l'on ne peut croire quand on n'en a
pas été témoin.
Il n'y a pas de livre qui vaille ces sim-
ples lignes.
'\l\I\l\I\I\I\I
Courtoisie et électricité.
Le Métropolitain, à midi, aux Champs-
Elysées :
Quelques femmes, do tout âge, restent
debout, pressées.
Plusieurs jeunes gens, vissés sur leurs
banquettes, les jambes croisées, les con-
sidèrent et les dévisagent.
La France fut, jadis, pays do cour-
toisie.
Ilélas ! M. de: Coislin est niorL et n'a
point fait école.
'\I\I\I\.IV\IV\
Vieille querelle.
Lo duc d'Orléans a été reçu officielle-
ment, au palais do Buokingham, par le
roi Edouard d'Angleterre. Ainsi finit une
vieille querelle qui valut au prince, dans
le temps, la. rancune: du beau monde bri-
tannique.
On se souvient, en effet, qu'une lettre
du Prétendant, adressée au dessinateur
Willette et publiée à l'époque par les
journaux anglais, provoqua, en Angle-
terre, une grosse émotion. Le prince y
malmenait durement l'ennemi hérédi-
taire et regrettait les temps du camp de
Boulogne et du blocus continental.
Le roi d'Angleterre sait, lui aussi, ou-
blier les injures faites au prince de Gal-
les.
'WVWWW
Les deux branches.
Deux services religieux ont. été célé-
brés hier à la mémoire de Louis. XVI.
L'un — côté officiel — était organisé, à
Saint-Germain-l'Auxcrrois, par le prési-
dent des comités royalistes de France,
et les personnalités connues du parti
y assistaient.
L'autre — côté des dissidents — était
organisé à Saint-Roch, par les partisans
de Naundorff. Les chefs du parti régu-
lier n'étaient point à Saint-Germain-
l'Auxerrois — et pour cause. Mais ceux
du parti des Naundorff étaient présents
à l'office. On connaît mieux le duc d'Or-
léans que le prince Jean, qui est l'autre
héritier. Le prince Jean, souffrant ce ma-
tin, n'assistait pas à la cérémonie ; mais
il avait délégué la princesse héritière et
le dauphin Henry, un joli petit gamin
de trois ans auquel son père a coutume
de dire : « Mon fils, tu régneras ».
Les deux frères du prince étaient par-
mi les fidèles : le prince Charl-es et le
prmce Louis ,qui vient d'Algérie — où
il sert dans la légion étrangère sous le
nom de M. de Lisbaz — pour tenir son
rang aujourd'hui parmi les siens. Et
.après la cérémonie, les descendants des
Naundorff nt tenu leur cour un instant
— sous le porche de l'Eglise. --
WVWWW
M. Octave Mirbeau et son chien.
M. Octave 'Mirbeau est d'accueil cour-
tois. -
Il possède un fox, mis au point.
Quelques paroles, à peine échangées,
gentiment, sans douleur, en chien bien
élevé, il vous mordille Les doigts, vous
faisant comprendre que l'entretien a
suffisamment duré.
M. Octave Mirbeau est un de nos maî-
tres de l'Ironie.
TALLEMANT DES REAUX.
'VWWWWVW
Léoni, le célèbre chanteur mondain,
dont le succès a été si considérable à
Londres, se fera entendre dans son ré-
pertoire, accompagné par le virtuose. Ma-
thé, à partir d'aujourd'hui, aux « Sou-
pers artistiques » du restaurant, Julien.
Cette nouvelle attraction fera certaine-
ment courir Tout-Paris.
— <>
Mariages à l'essai
Des observateurs dignes de fol ont constaté
que It plupart des mauvais ménages se com-
posent d'époux, qui se sont unis sans avoir eu
le temps d'apprécier leurs degrés d'affinités
réciproques.
Or, cette connaissance de leurs caractères
respectifs, les futurs conjoints ne peuvent l'ac-
quérir qu'en cessant d'être « futurs » pour
devenir simplement « conjoints », attendu
qu'on se pénètre moins durant des mois de
fiançailles qu'en quinze jours de vie à deux,
quinze jours de tête à tête, ou, si je puis m'ex-
primer ainsi, de corps à corps.
Pour se marier, il faut se connaître à fond;
pour se connaître à fond, il faut se marier.
C'est là un cercle si vicieux que M. Lépine.
doit songer à le clore.
Par fortune, le génie pratique des Améri-
cains vient d'instituer des « mariages à l'es-
sai ». C'est comme j'ai l'honneur de vous le
dire : la loi Weckes promulgue que, pour
s'unir valablement, il suffit aux aspirants-
époux de « manifester, devant deux témoins,
la volonté de contracter un mariage qui ne de-
vient définitif que s'il est officiellement enre-
gistré six mois plus tard ».
Où se fait-on naturaliser Américain? Où
donc, que j'y coure? Heureux les couples d'ou-
tre-mer! Apres six mois œ xoiiaoîtaaotî, si
les époux-essayistes reconnaissent qu'ils ne
peuvent faire de bonne musique de chambre,
qu'ils ne chanteront jamais d'accord leurs
duos d'amour, bref qu'ils ont réciproquement
soupé de leurs violes, il leur suffit de ne pas
faire enregistrer leur acte de mariage, et bon-
soir ! Madame rentre chez sa mère, Monsieur
chez sa maîtresse, il n'y a rien de changé dans
les Etats de l'Union (de l'Union libre), il n'y
a qu'une jeune fille de moins et, souvent, ur
petit Yankee de plus, en préparation. — Mais
c'est là un détail. puéril.
Le Cakewalk Herald assure que le premier
citoyen ayant étrenné cette délicieuse loi ma-
trimoniale est employé dans une Compagnie
transatlantique. Tout de même, si ce transat-
lantique était un a bateau. s
WELLY.
i , ■ ^5^
Prime gratuite du "Gil Blas
AU PAYS DE LA MODE
Il ne sert de rien d'être jeune sans être
belle, ni d'être. belle sans être élégante,
Partant de cet axiome, Gil Blas, pour
plaire aux femmes, a voulu se montrer
galant., et il leur offre en prime, le plus
beau, le plus chic, le. mieux fait de tous
les journaux de nI ocl el : L'Art et la Mode,
qui, vu son prix élevé (l'abonnement
coûte GO francs par an), n'est, pas acces-
sible à toutes les bourses. Gil Blas fait à
ses lectrices un véritable cadeau, il leur
rembourse de la sorte l'intégralité de
leur abonnement annuel.
Prôner VArt el la Mode serait super-
flu, qu'il nous suffise seulcment. de rap-
peler que ce journal, fondé il y a vingt-
quatre ans, est, très habilement dirigé
par M. Charles Chantel, qui, grâce
à sa volonté, à son intelligence éclairée
des choses mondaines, à ses goûts fins et
élégants, a fait de l'Art et la Mode une
publication d'un réel mérite artistique.
D'autres journaux do moCi ont essayé de.
l'imiter, mais n'ont jamais réussi à faire
aussi bien.
* *
L'A Tl el la Mode est. le ssul journal eu-
ropéen qui soit en même temps féminin,
mondain, artistique et littéraire: il con-
tient des gravures en couleur fort. artis-
tiques, gravures qui seront encartées
dans les numéros offerts par Gil Blas.
Il est mondain, car il raconte les l'êtes
des salons, des théâtres, des sports ; il
fait d'ailleurs mieux que de les raconter,
il les dessine. Artistique, car tous les
grands peintres, tels Jules Lefebvre,
Geoffroy, LhermiUe, Fantin Latour,
Kaemerer, Mucha. Léandre. Pointelin,
Roch ogresse, Jean Beraud, Madeleine Le-
maire, Louise Abbema, y collaborent.
Littéraire, car G. Ohnet., Léo Claretie,
do Tinseau, Marcel Prévoit, Mary Flo-
ran, Pierre Maël, Xanrof, etc., y font. de
charmantes nouvelles.
Egalement soigné, au point de vue de
ses élégances parisiennes, ce journal do
la vie mondaine compte au nombre do
ses collaboratrices : Frivoline, qui se
charge du texte de la mode et Nada et
Lucy, qui en font les dessins. Leur gé-
nie inventif a d'ailleurs si peu de bornes
que nos grands faiseurs, pour ne citer
que les principaux : Hedfcrn, Paquin,
Worth, Doucet, Rouff, Laferrière,
Dœuillet, Virot, Roboux, Carlier, le con-
sultent. journellement.
L'Arl el la Mode est d'ailleurs répan-
du dans le monde entier et compte au
nombre de ses abonnés fidèles toutes les
souveraines.
Et maintenant vous toutes, les amies
du G^ il Blas nouveau, grâce à nous, à no-
tre cadeau , flirtez avec les élégances fé-
minines, fait es-vous helles, inventez de
jolies toilettes, en vous voyant passer,
fêtées, adulées, nous serons largement
payés de nos sacrifices.
SCARABEE.
————■—"
LES ATOMES CROCHUS -
MARTHE BRANDÈS
Les femmes modernes ayant- lu dans les li-
vres do graphologie que les écritures hautes
étaient distinguées, on a vu les écritures de
nos mondaines s'allonger d'une façon vrai-
ment comique. -Cela ne trompe pas, en effet,
l'oeil exercé du graphologue..
Voyez, ô pâles imitatrices, la signature de
Marthe Brandès, et vous comprendrez ce
qu'est une écriture naturellement distinguée.
L'M de Marthe a trois jambages : le pre-
mier, représentant la personne qui écrit.
écrase le second, image de la personne à qui
l'on écrit, et lui-même domine le troisième,
symbole de la personne de qui l'on écrit.
(Lectrices, retenez le secret des trois jamba-
ges de l'M.)
Mlle Brandès a donc, d'elle-même, la hau-
te opinion partagée par ses nombreux admi-
rateurs, et indispensable à la manifestation
du génie théâtral. Si elle joue la satisfaction
et l'optimisme (écriture montante) à la ville
comme au théâtre, elle a de petits accès de
découragement et de lassitude attristée qu'el-
le réserve soigneusement pour son intimité
(N pointus). L'A de Marthe est fermé et celui
de Brandès est ouvert, il y a donc do la dis-
crétion par accès : la volonté a une tendance
à se muer facilement en colère au moindre
obstacle ; enfin, il y a trois croix dans la si-
gnature (premier jambage de l'M, première
partie du B et commencement du para-
phe), cela indique une belle éclosion de sen-
timents mystiques et religieux. Pour équili-
brer de si hautes qualités, il ne sera pas
trop de la grâce acquise de M. Crozier, de
l'affabilité de M. Abel Combarieu et de la
tendre bonhomie de M. L. Danbé.
PAPUS-
- -
Les Arts de Désagrément
Ils empiètent sur la liberté humaine, sur
la liberté du silence, de la rêverie, de la mé-
ditation; ils s'installent autour de,vous, au-
dessus, au-dessous,chez vous; ils vous tyran-
nisent dans la rue, dans le salon, et jusque
dans nos provinces les plus reculées ; ils
montrent à quel point l'homme sait abuser
des meilleures choses.
La chose ici, c'est la musique; l'abus, c'est
le piano, le violon, le chant lui-même, c'est le
concert mondain qui sévit et vous étreint au
moment le plus inattendu, quand vous avez
bien dîné, quand vous sentez votre esprit dé-
cuplé par la présence de causeurs aimables,
que vous aspirez de tous vos cinq sens et de
votre sixième sens à jouir de ce délice qui
s'appelle une bonne conversation.
Il faut se résigner, écouter ou avoir l'air
d'écouter, applaudir avec ses doigts, sinon
avec son esprit. Tout le monde n'a pas l'au-
torité et la bonhomie ironique de l'excellent
Eugène Labiche qui, après avoir subi pen-
dante trois quarts :d'heurc la lutte frénétique
d'un jeune pianiste contre des morceaux
très absconses, s'approche de l'instrument de
torture, et, tapotant la tête de son bourreau,
lance en guise de compliment : « Petit tapa-
geur ! »
Tout le monde n'a pas non plus la naïveté,
voulue peut-être, de cet empereur d'Autri-
che qui, après avoir entendu Kalkbrenner
se livrer à une gymnastique musicale éper-
due, lui dit ensuite : « Je n'ai jamais vu per-
sonne suer autant que vous ».
Oui, le piano est un ennemi social, et je
ne comprends-point qu'on n'ait pas encore
fait contre lui la Déclaration des Droits de
l'homme el dit citoyen. N'est-il pas bien na-
turel qu'un grand nombre de parents veuil-
lent à tout prix marier leurs filles ? Songez
qu'elles ont fait des gammes à domicile, une
heure, deux heures par jour, pendant dix,
quinze ans ! Quelle satisfaction de pouvoir
passer la main à un autre !
Quelques-uns, plus courageux ou plus
clairvoyants, bravent le préjugé séculaire ;
un de ces derniers disait fort sérieusement
à un ami qui voulait l'aider à marier sa fille :
« Elle réalise le carré de l'hypothénusc con-
jugale : beauté, famille, bon caractère, san-
té: que dis-je, elle a encore une dot con-
venable et elle ne joue pas du piano ! »
Elle ne joue pas du piano ! L'argument de-
vient, aux yeux d'un grand nombre de can
didats, une formule magique.
Il y a des exceptions, de nombreuses ex-
ceptions qui confirment la règle : la prin-
cesse Brancovan, Planté,Rubinstein, sont ou
étaient de merveilleux enchanteurs, sous les
doigts éloquents desquels les touches sem-
blent saigner : selon les heures et la dispo
sition d'esprit, on peut, avec bien moins de
talent, charmer, évoquer les souvenirs les
plus profonds du passé, car-la musique, elle
aussi, est une résurrection.
De même il existe de. maisons où l'on va,
avec joie, entendre d'excellente musique, des
maisons qui sont de véritables chapelles de
la Notre-Dame musicale : Mme Gallet, la
marquise de Bron, Mmes Diémer, Gabrielle
Fouquier, Kyrésvski, Krauss, Sulzbach,
comtesse de Maupeou, quelques autres en-
core, Mais pour une chapelle, que de guin-
guettes ! Un sur dix mille, disait Proudhon,
les autres sont des bipèdes. Un sur cinquan-
te, pourrait-on dire aussi ; les quarante-neuf
autres sont de l'ennui, de la médiocrité à la
quatrième puissance.
Autre rndnit de l'art de désagrément : il
favorise l'indiscrétion ingénieuse de certai-
nes maîtresses de maison, et cela ne date pas *
d'hier.
Les étoiles les plus brillantes chanteront'
gratis chez Mme de C. mais elle prÓncr3.'
leurs concerts, placera leurs billets, et ses
invités recevront la fusillade en pleine poix
trine. Ils ne se sont pas amusés chez elle,,
ils avaient chaud, ils étaient debout, no
voyaient rien, entendaient peu. se trouvaient..
comme dit Donnay, préposés aux embrasu-
Tes des portes; ils auraient voulu causer avec:
quelques jolies femmes, mais celles-ci, à
leur tour, gémissaient tout bas d'être par-
quées, entourées d'autres femmes qui for-
maient un rempart infranchissable.
Allez donc faire comprendre à la dame do
céans qu'un concert doit rester l'accessoire.
non le principal, ne pas se prolonger jusque
une heure du matin, -qu'il faudrait plutôt imi.
ter Nestor Roqueplan qui, chez lui, nei
permettrait jamais plus de cinq minutes de
musique.
Bref, vous pesiez encore contre cette scia
harmonieuse, lorsque vous recevez une invi-
[ i tation pour le concert .û bénéfice du célèbre
maestro; si vous en êtes quitte pour vingt
francs, vous pouvez vous frotter les mains.
Le tour est joue : vous payez la fête que vous-
a offerte Mme de C.
Je souhaiterais aux artistes trop exploités
de montrer parfois les dents comme Chopin.
une dame fort commune avait réussi à ub.
tenir la présence du compositeur à un dîner
de vanité: on avait à peine servi le café
qu'elle s'avance vers le maestro et le prie,,
comme chose due, de se mettre au piano
« Madame, répond-il humblement, avec une
profonde révérence, j'ai si peu dîné ! » Etv
pi enant son clwpcmt,il s'esquive. N'est-ce pas/
aussi Chopin qui, à l'invitation d'un fumiste
enrichi, lequel soulignait celle attraction :
On fera de la musique, répliquait par une
autre invitation annonçant ce programm' e^
laconique : On ramonera ?
V. DE LAUNAY.
L'Hulllonr Américain
ET
ls Général H. Porter
La grande et puissante République des
Etats-Unis s'est fait représenter chez
nous, non seulement par un fin et cour-
tois diplomate, mais par un de ses plus
aimables et plus spirituels citoyens, et en
humour passé maître.
Que d anecdotes désopilantes je lui ai
entendu raconter au dessert à New-York!
Avec quel art fini il sait les raconter ! Le
général Horace Porter est le joaillier de,
l'éloquenco comme Loo Delibes et Gus-,
lave Droz étaient respectivement ceux de
la musique et de la littérature.
Et, sur son compte que de jolies histoï
res 1 ■
En voici une : -.. -- -..
Il y a quelques années de cela, le gène7-
raI traversait l'Atlantique, de New-York
a Liverpool. A bord se trouvait un de ses
amis, le fameux sénateur Chauncey De-
pew, l'un des orateurs les plus spirituels
et les plus populaires do New-York et
l'homme le plus banqueté des Etats-Unis.,
La veille du jour où l'on, devait débar-
quer, on organisa à bord, selon l'habi-
tude, un concert au profit de l'Orphelinat
des marins. Naturellement" on pria ces
deux messieurs de vouloir bien permet.
tre que leurs noms parussent au pro-i
gramme.
Quand le général Horace Porter oui flnii
son petit discours, ce fut au sénateur à
prendre la, parole.
« Mesdames et. messieurs », dit-il, rr je
me trouve dans un embarras des plus
grands. J'avais préparé un discours,,
mais, à ma grande surprise, le général
vient de le prononcer mot pour mot. Je
n'ose trop chercher à éclairc-ir ce mys-
tère. Il occupe une cabine voisine do I
mienne, et, sans vouloir affirmer qu'il
m'ait, soulevé mes notes, j'ai cepeiit
dant. »
Il ne put continuer. L'auditoire se te-
nait les côtes.
Mais ce qui mit le combJe à l'hilarité
générale fut. la remarque qu'on entclldi
faire à un Anglais : « Vous pouvez dire
ce que vous voudrez », fit-il, « ce n'est
pas là l'acte d'un gentleman ».
CeL Anglais n'avait pas en lui un mil
ligramme d'humour.
A la première conférence que je fis
aux Etats-Unis (c'était à New-York, en
1887), je fus présenté à l'auditoire par la
général Horace Porter. J'allais faire la
causerie en anglais..
« Mesdames et Messieurs, dit-il, je
réclame votre indulgence en faveur dui
conférencier. Il va nous faire une cause-
rie dans une langue qui n'est pas la
sienne (en clignant de l'œil), qui est li
peine la vôtre. De plus, il ne possède
pas ce talent éminemment américain)
qui consiste à reposer la gorge en par-,
lant du nez ». Personne ne s'offensa do
cette amusante boutade sur la façon dont'
les Américains parlent l'anglais ; bienj
au contraire, on se mit'à rire, et je trou-,
vai ainsi le terraiu bien préparé eL monl
public prêt à rire et à s'amuser.
- Il existe aux Etats-Unis des clubs appe-
lIés gridiron clubs. Non seulement ce
sont des écoles de bonne camaraderie
pour les membres qui en font partie,,
mais ce sont des institutions qui se per-
mettent do rabattre le caquet des cllébri
les qu'on invite à des banquets pour se
livrer à mille impertinences à leur,
égard. Des présidents des Etats-Unis on
accepté l'hospitalité de ces clubs, et soi.
sont soumis à l'épreuve de la meillcuro.
humeur du monde.
Pour vous montrer comment les chOJ.
ses se passent à ces banquets, je vais:
vous donner un compte rendu de celui
auquel j'assistai à Philadelphie en fé;"!
vrier 1888.
Le banquet était princier, le menu des
plus rccherchés, Les plats les plus choi-i
sis se succédèrent, arrosés des meincursf
vins. Pendant le drsscrt, les visages!
commencèrent à s'illuminer, et l'on putt
voir les convives repasser dans leur mé""
moire les discours qu'ils allaient êtr(j
appelés à prononcer, c t les membres dul
JEUDI 22 JANVIER 1003
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guère plus de dix minutes après le pre-
mier signal, réponse du grelot ayortIs-
seur.
Et, monologue.
— Allô ! Allô !. Mademoiselle. Al-
lô !. Voudriez-vous me donner.
Allô ! Allô !. me donner le. Allô !.:.o
le numéro 102-99 ?
Silence, sauf que, dans le récepteur,
s'-éveillent de lointains crépitements.
Recours au timbre encore une fois :
- Allô !. Mademoiselle. Allô !. le
102-99, s'il vous plaît. !
Ici, intervention d'une, voix qui paraît
toujours céleste.
— Vous demandez, Madame 'P
*— Le 102-99, Mademoiselle.
- VoilÙ, Madame, le 102.
Le reste se perd dans une recrudes-
cence. de, bruit.
Attente. Longue attente. Un léger
eneryement commence à vous gagner.
Car (j'omettais de le dire), on est très
presse. Heureusement, l'avertisseur re-
tentit comme on se disposait à repiano-
ler.
— Madame, vous avez le numéro qua-
tre.
Merci, Mademoiselle !
Ce merci-là esL plutôt- grommelé. On
recoiffe l'appareil de ses plaques de Fri-
sonne, sans aucune sorte de ménage-
ments. Et on se promène de long en
large devant l'appareil, rageusement.
Que faire d'autre, ? On court après son
temps, comme les joueurs après leur ar-
gent.
temps, S'éloigner serait risquer de per-
dre le fruit, de la patience dépensée, des
minutes perdues. Quant à se livrer à un
travail intellectuel quclconquc, sous me-
nace d'interruption, dans l'attente du
sursaut que provoque la sonnerie, bien-
heureux les placides capables de telle
maîtrise !
I LUS, il y a détente. On se sent vaincu,
on s assied.On réfléchit vaguement à des
choses profondes, au néant du progrès,
etc., etc,
--Dre lin, din, din, din, din, din, din.
-— Allô î Allô !
- VoilÙ, Madame, vous avez la. com-
munication.
— Merci Mademoiselle, Allô I
Une tempête dans le récepteur ! Des
grincements, des gémissements, des ri-
res, voilés ou aigus, des plaintes et des
jurons, des appels qui se croisent, un
charivari infernal !
« Alors, tu le diras à ta sœur ?. Oui,
mon chéri. Mais, nom d'un chien, voi-
la six fois que j'appelle !. Oui, Madame,
le godiveau pour huit heures. C'est em-
bêtant, cette baisse, achcfc~7r t.Tc.i1 rtTSpa-
gnoJ.N'oublie pas la purgo d'Edmond!..
Ali ! que c'est loin, dimanche, ma bien-
aimée !. »
On appelle au secours. Alors, soudain,
la cacophonie fond en un bruit uni-
forme : une « friture » intense, trépi-
dante, sans arrêt ; l'orchestre des machi-
nes dans la galerie de l'Exposition 1
- AlJô ! Allô ! Allô!
Du fond, du fin fond de ce tumulte, une
voix masculine (mais, combien faible !)
répond en écho plaintif :
— Allô ! Allô !
- Je n'entends rien. M'entendez-
vous?.Allô I
- AllÓ l
Subitement, calme plat, sérénité.
■— Allô !
•— Allô, Madame.
- Veuillez dire au docteur.
--- Ouel docteur ?
- C'est bien au 102-99 que jei télé-
phone ?
-Mais pas du tout.C'est au bar russe !
Effondrement ou épilepsie, suivant les
caractères. Puis, comme on ne veut pas
en avoir le démenti, on redemande la
communication. On l'a — et dès qu'on
l a, elle est coupée. Après, ce. serait folie
que do songer à l'obtenir encore.
Le tout n'a pas pris plus de quarante
minutes.
*
* *
Tel est. très exactement. — j'en appelle
à tous les abonnés ! — lo recto de la ques-
tion ; ce que tout ICI monde reconnaît, et
ce dont tout le monde souffre.
Je. n'a i pas forcé le tableau, je ne l'ai
point poussé au noir ; j'ai omis même de
noter le: désagrément dû l'éveil nocturne
el brutal, par suite d'erreur, de toutes
corporations obligées de no pas suspen-
dre l'appel, de rester à la disposition du
public, les médecins, pharmaciens sa-
ges-femmes. etc.
D'où il résulte, de façon presque una.-
nime. une exaspération folle contre le
personnel téléphonique, et que les em-
ployées d'icelui sont en train do conqué-
rir une popularité pour le moins égale
ù celle des cochers de flGcrcl.
C'est tout dire.
Où que l'on soit, dès que Ici mot, de té-
Ïephone est prononcé, s'élève une cla-
meur de haro, un concert, d'anathèmes.
Chacun puise dans son répertoire d'a-
necdotes, dans son vocabulaire d'impré-
cations, l'exemple, enrichi de commen-
taires énergiques, à l'appui du mécon-
tentement général.
Il n'est pas d'épithètes désobligeantes
dont on no crible, dont on n'accable —
fût-ce directement — les préposées aux
rapports oraux., Une association mémo
s'est fondée récemment, ie ne dirai pas
contre elles, mais en quelque sorte à
propos d'elles : la Ligue pour la défense
des abonnés au téléphone, fondateur M.
Tissot, médecin-pharmacien,
Est-ce mente ! Si vous le; voulez bien
(et sans entrer dans plus de détails tech-
niques qu'il n'importe), nous allons exa-
miner raisonnablement, sans parti pris,
le verso de la. question, ce revers insoup-
çonné dont un simple aperçu modifierait
singulièrement l'opinion.
El. tout d'abord, il qui la, faute ?
Pas à M. Bérnrd. bien sur ! Celui-là no
se contente pas d'être un parlementaire
avisé et influent, ni l'érudit, le fin leltré,
signalé à l'attention des historiens
comme des littérateurs par tant d'études
savantes non moins qu'intéressantes —
Les Invasions de 1814 et de 1815 dans le
département de VAin, LAbbaye d'Am-
bronay, Les Vaudois, La Convention et
les Deux Chambres ; et cette très émou-
vante Cypris (chronique: de l'iledci Chv
; pre au Morcn-Age) la dernière en date ;
et tout ce que j'oublie ! — M. Alexandre
Bérard n'est pas qu'un politique et qu'un
écrivain, c'est un brave homme dans
l'acception la plus élevée et la. plus sin-
cère du terme, infiniment pitoyable, à
toutes les détresses humaines. -
Ce que je dis ne le vise donc en rien,
pas plus que son prédécesseur. Us ont
trouvé la situation telle quelle, ils y ont
remédié de leur mieux, avec les pallia-
tifs dont ils pouvaient disposer, mais la
totale guérison ne fut, jamais à leur
merci.
Le. sous-secrétaire d'Etat actuel ne se
dissimule ni l'étendue, ni la, gravité du
mal — et son cœur en est affligé,
Relisez plutôt ces bribes d'une récente
interview, à propos justement des télé-
phonistes :
— Et si vous connaissiez la dureté de
leur service !. Il y a de certaines heu-
res où elles sont abominablement bous-
culées. Et elles sont mal payées, nous
en convenons. Ah ! si nous obtenions
des crédits et. que nous puissions dou-
bler les services !.
Ainsi parle-t-il, et essaic-t-il d'agir, bon
berger de ce troupeau où il pressent, hé-
las ! nombre de victimes",
*
Il ne se trompe pas. En même temps
que leurs compagnes de la Poste, elles
viennent d'exprimer leurs doléances ; do
laisser voir quelle amertume désespérée
à la fin s'est emparée d'elles.
Comment en serait-il autrement ?
Lorsqu'on réfléchit qu'une pauvre en-
fant peut avoir à répondre en même
temps à 150 (je dis cent cinquante) abon-
nés pressés, nerveux, hargneux même
do par les exigences de leurs occupations
personnelles, on demeure confondu
qu'elle y parvienne, fût-ce aussi impar-
faitement, qu'aujourd'hui.
Et dans quelles conditions !
J'ai reçu, à cet égard, nombre de let-
tres provenant do mères de famille qui,
peu heureuses en tant qu'ouvrières, pro-
fesseurs, etc (les carrières ouvertes à la
femme sont encore si peu nombreuses !)
s'étaient saignées aux quatrcveines pour
faire,, do leurs filles, des petites fonc-
tionnaires à retraite assurée.
Aujourd'hui rien ne saurait trans-
crire leur angoisse, devant le surme-
nage, l'énervement poussé jusqu'à la
maladie de leurs enfants. Il y a là, je
vous assure, une question d'humanité :
tout un personnel féminin atteint dans
sa santé, menacé dans sa vie.
La surveillance, parfois maternelle et
protectrice d'autrefois, mal exercée,
ajoute encore à ces maux.
L'installation, sa.iif cn de rares bu-
reaux, est défectueuse — pas d'ai P. E ii été,
c'est le supplice: jusqu'à l'évanouisse-
ment.. Et, la convalescente, à sa rentrée,
doit payer, en service supplémentaire,
(alors qu'elle est. encore si débile 1) le
temps qu'elle dut se soigner.
Et le poids du casquel sur la tête, qui
étreint les tempes, donn0 des vertiges,
des nausées. une sensation, de torture
moyenâgeuse, un avant-gont d'électro-
cution !
Puis, enfin, la durée du travail dou-
blé triplé, à peine, et bien courte, la
trêve du sommeil !
Nous voilà loin do la proposition Ro-
binet en 1885. au 'Conseil municipal de
Paris, alors que Cornélius Hertz sollici-
tait l'exploitation du téléphone. Journée
de: sept heures.
Il y faudra revenir — sous peine de
voir décimer ce pauvre peuple féminin !
SEVERINE.
—■— ■ H—1—■ .| .1 - -, ■■
Choses du Jour
La jurisprudence n'est pas mère de la
clarté. Témoin les deux belles lettres de
M. Chaumié et de Mlle Brandès.
Cujas et Barlhole eussent pu les si-
gner. Les vieux magistrats s'en pourlé-
cheront longtemps les lèvres. Mais, tant
de science juridique déroute le public.
Il s'embrouille ait milieu des lois invo-
quées de chaque part. Une traduction en
langage courant serait presque néces-
saire.
Pour la lettre de Mlle Brandès) elle
donnerait à peu près ceci :
« Monsieur le ministre, voilà des an-
nées que la Comédie-Française me doit
une part, entière, et que je n'arrive pas à
me faire payer. Elle me la devait un peu
après les Tenaii.lles, beaucoup après fE-
nigme, passionnément après le Passé.
Et, maintenant, elle ergote, se défile, mo
fait « des offres réelles ». Assez de délais
et do renouvellements, comme ça ! Plus
d'acompte ! L'heure de l'échéance a son-
né. Qu'on me paie mon dû, tout mon dû,
ou je pars. »
A quoi, la. réponse de M. Chaumié
pourrait se traduire ainsi :
« Mon Dieu, Mademoiselle, la. bonne
foi me commande de reconnaître que le
Théâtre-Français a. contracté envers vous
une assez forte dette qui demeure im-
payée. Malheureusement, je ne dispose
d'aucun moyen pour contraindre votre
débiteur à régler son « ardoise H. Tout,
ce que je p°.ux faire pour vous, c'est de
vous promettre des poursuites soignées,
si vous vous en allez. »
Réduit ù ce ton familier, le débat perd
en ampleur, mais gagne en limpidité.
Nous y retrouvons la vieille et tradi-
tionnelle querelle entre débiteur et
créancier, avec pourtant cette innova-
tion curieuse, que, pour la première fois
dans nos annales judiciaires, c'est le dé-
biteur qui veut mettre le créancier sous
clef.
Anomalie trop brusque., pour no pas
choquer nos -mœurs et influer sur le pro-
cès !
Rien que pour l'étrangeté du fait, je
parierais que c'est Mlle Brandès qui ga-
gnera. — F. V.
- Echos
La Température.
Pour la première fois que je rédige ici ces
almanachs, ma science est en défaut. J'lano-
re le temps qu'il fera aujourd'hui. D'ailleurs,
qu'importe ? Ces pronostics n'ont que la va-
leur qu'on leur accorde. Qu'il pleuve, qu'il
neige, qu'il fasse beau temps ou que le ciel
soit gris, la fournée ne s'écoulera pas moins,
heureuse pour les uns, mélancolique pour
les autrcs, Il faut savoir se réslaner.
Le véritable soleil, à y bien songer, n'est
pas là-haut : il est dans le sOHrire, dans les
yeux profonds et tendres de celle que nous
avais élue. C'est elle seule qui dispense la
lumière et la joie, et qui fait nos journées
heureuses.
Il peut pleuvoir sur la ville. Fermons la
fenêtre et lirons le rideau. Le printemps sera
dans la chambre, si elle l'illumine de son
clair regard.
WWWWV
L'hôtel de Rambouillet.
Les lettres sont en deuil : Mme la ba-
ronne de Baye a fermé son salon.
Ce salon était littéraire et l'Académie
y fréquentait. Y fréquentaient aussi
maintes poétesses connues, la duchesse
de Rohan, la duchesse des Cars, la com-
tesse de Montgomery et M. Auguste Dor-
chain.
On y voyait encore le vicomte de Bor-
relh et le vicomte de Guerne" et le prince
do Tarent et le comte Colomia.Et beau-
coup de barons et pas mal de marquis,
Et aussi M. Jean Rameau.
Les Muses affligées par cette brusque
iermeture errent maintenant par la ville
et cherchent en vain un nouveau refuge.
Mme de Baye n'en veut plus. C'est, do
l'ingratitude. Les Muses lui furent, pour-
tant clémentes, dans la mesure où elles
accueillent celui qui vient à elles d'un
cœur pur et d'une pensée sincère
Nous n'entendrons plus M. Dore ha in.
Mme do Baye lui a supprimé ses lau-
riers.
wwww
Coïncidence.
Le premier boulet tiré par les Alle-
mands sur Porto-Cabillo est tombé -
par hasard — sur un fort, que le gouver-
nement vénézuélien avait assuré, quel-
ques jours auparavant, à une compagnie
allemande.
Le second boulet, heureusement, a
éclaté ailleurs. Les Allemands, prévenus
a temps, rectifièrent leur tir.
wwvww
Un heureux gentleman.
On peut dire de M. Cecil Ayston que
c'est un heureux gentleman — un tout, à
fait heureux gentleman. Dans une seule
partie de cartes — laquelle a duré. il est
viTnrrtrujy jwr^ t, t deux nuits, la. fortune
lui a été à tel point favorable qu'il a ga-
gné onze millions cent vingt-cinq mille
francs.
Les perdants sont cinq des plus qua-
lifiés clubmen de Londres. Deux d'entre
eux sont complètement ruinés,
Le plus curieux est que, la partie ter-
minée, M. Cecil Ayston a juré de ne plus
toucher une carte avant qu'il ait « utile-
ment » dépensé son gain. Il a aussitôt
établi son calcul et il a estimé pouvoir
dépenser environ 625.000 francs par
mois.
Ce que nous voudrions connaître, c'est
la façon dont M. Ayston dépensera « uti-
lement » 625.000 francs par mois.
Lui.
Ce passage des mémoires inédits de
Mlle George, qui seront publiés prochai-
nement :
Au milieu de n'importe queUe scène, le com-
missaire de police arrivait sur le Micatre, son
cehnrpe en ceinture: on portai deux bougies.
On lisait le Bulletin de Victoire au milieu d'une
émotion, d'un élan palriolique et d'un enthou-
siasme que l'on ne peut croire quand on n'en a
pas été témoin.
Il n'y a pas de livre qui vaille ces sim-
ples lignes.
'\l\I\l\I\I\I\I
Courtoisie et électricité.
Le Métropolitain, à midi, aux Champs-
Elysées :
Quelques femmes, do tout âge, restent
debout, pressées.
Plusieurs jeunes gens, vissés sur leurs
banquettes, les jambes croisées, les con-
sidèrent et les dévisagent.
La France fut, jadis, pays do cour-
toisie.
Ilélas ! M. de: Coislin est niorL et n'a
point fait école.
'\I\I\I\.IV\IV\
Vieille querelle.
Lo duc d'Orléans a été reçu officielle-
ment, au palais do Buokingham, par le
roi Edouard d'Angleterre. Ainsi finit une
vieille querelle qui valut au prince, dans
le temps, la. rancune: du beau monde bri-
tannique.
On se souvient, en effet, qu'une lettre
du Prétendant, adressée au dessinateur
Willette et publiée à l'époque par les
journaux anglais, provoqua, en Angle-
terre, une grosse émotion. Le prince y
malmenait durement l'ennemi hérédi-
taire et regrettait les temps du camp de
Boulogne et du blocus continental.
Le roi d'Angleterre sait, lui aussi, ou-
blier les injures faites au prince de Gal-
les.
'WVWWW
Les deux branches.
Deux services religieux ont. été célé-
brés hier à la mémoire de Louis. XVI.
L'un — côté officiel — était organisé, à
Saint-Germain-l'Auxcrrois, par le prési-
dent des comités royalistes de France,
et les personnalités connues du parti
y assistaient.
L'autre — côté des dissidents — était
organisé à Saint-Roch, par les partisans
de Naundorff. Les chefs du parti régu-
lier n'étaient point à Saint-Germain-
l'Auxerrois — et pour cause. Mais ceux
du parti des Naundorff étaient présents
à l'office. On connaît mieux le duc d'Or-
léans que le prince Jean, qui est l'autre
héritier. Le prince Jean, souffrant ce ma-
tin, n'assistait pas à la cérémonie ; mais
il avait délégué la princesse héritière et
le dauphin Henry, un joli petit gamin
de trois ans auquel son père a coutume
de dire : « Mon fils, tu régneras ».
Les deux frères du prince étaient par-
mi les fidèles : le prince Charl-es et le
prmce Louis ,qui vient d'Algérie — où
il sert dans la légion étrangère sous le
nom de M. de Lisbaz — pour tenir son
rang aujourd'hui parmi les siens. Et
.après la cérémonie, les descendants des
Naundorff nt tenu leur cour un instant
— sous le porche de l'Eglise. --
WVWWW
M. Octave Mirbeau et son chien.
M. Octave 'Mirbeau est d'accueil cour-
tois. -
Il possède un fox, mis au point.
Quelques paroles, à peine échangées,
gentiment, sans douleur, en chien bien
élevé, il vous mordille Les doigts, vous
faisant comprendre que l'entretien a
suffisamment duré.
M. Octave Mirbeau est un de nos maî-
tres de l'Ironie.
TALLEMANT DES REAUX.
'VWWWWVW
Léoni, le célèbre chanteur mondain,
dont le succès a été si considérable à
Londres, se fera entendre dans son ré-
pertoire, accompagné par le virtuose. Ma-
thé, à partir d'aujourd'hui, aux « Sou-
pers artistiques » du restaurant, Julien.
Cette nouvelle attraction fera certaine-
ment courir Tout-Paris.
— <>
Mariages à l'essai
Des observateurs dignes de fol ont constaté
que It plupart des mauvais ménages se com-
posent d'époux, qui se sont unis sans avoir eu
le temps d'apprécier leurs degrés d'affinités
réciproques.
Or, cette connaissance de leurs caractères
respectifs, les futurs conjoints ne peuvent l'ac-
quérir qu'en cessant d'être « futurs » pour
devenir simplement « conjoints », attendu
qu'on se pénètre moins durant des mois de
fiançailles qu'en quinze jours de vie à deux,
quinze jours de tête à tête, ou, si je puis m'ex-
primer ainsi, de corps à corps.
Pour se marier, il faut se connaître à fond;
pour se connaître à fond, il faut se marier.
C'est là un cercle si vicieux que M. Lépine.
doit songer à le clore.
Par fortune, le génie pratique des Améri-
cains vient d'instituer des « mariages à l'es-
sai ». C'est comme j'ai l'honneur de vous le
dire : la loi Weckes promulgue que, pour
s'unir valablement, il suffit aux aspirants-
époux de « manifester, devant deux témoins,
la volonté de contracter un mariage qui ne de-
vient définitif que s'il est officiellement enre-
gistré six mois plus tard ».
Où se fait-on naturaliser Américain? Où
donc, que j'y coure? Heureux les couples d'ou-
tre-mer! Apres six mois œ xoiiaoîtaaotî, si
les époux-essayistes reconnaissent qu'ils ne
peuvent faire de bonne musique de chambre,
qu'ils ne chanteront jamais d'accord leurs
duos d'amour, bref qu'ils ont réciproquement
soupé de leurs violes, il leur suffit de ne pas
faire enregistrer leur acte de mariage, et bon-
soir ! Madame rentre chez sa mère, Monsieur
chez sa maîtresse, il n'y a rien de changé dans
les Etats de l'Union (de l'Union libre), il n'y
a qu'une jeune fille de moins et, souvent, ur
petit Yankee de plus, en préparation. — Mais
c'est là un détail. puéril.
Le Cakewalk Herald assure que le premier
citoyen ayant étrenné cette délicieuse loi ma-
trimoniale est employé dans une Compagnie
transatlantique. Tout de même, si ce transat-
lantique était un a bateau. s
WELLY.
i , ■ ^5^
Prime gratuite du "Gil Blas
AU PAYS DE LA MODE
Il ne sert de rien d'être jeune sans être
belle, ni d'être. belle sans être élégante,
Partant de cet axiome, Gil Blas, pour
plaire aux femmes, a voulu se montrer
galant., et il leur offre en prime, le plus
beau, le plus chic, le. mieux fait de tous
les journaux de nI ocl el : L'Art et la Mode,
qui, vu son prix élevé (l'abonnement
coûte GO francs par an), n'est, pas acces-
sible à toutes les bourses. Gil Blas fait à
ses lectrices un véritable cadeau, il leur
rembourse de la sorte l'intégralité de
leur abonnement annuel.
Prôner VArt el la Mode serait super-
flu, qu'il nous suffise seulcment. de rap-
peler que ce journal, fondé il y a vingt-
quatre ans, est, très habilement dirigé
par M. Charles Chantel, qui, grâce
à sa volonté, à son intelligence éclairée
des choses mondaines, à ses goûts fins et
élégants, a fait de l'Art et la Mode une
publication d'un réel mérite artistique.
D'autres journaux do moCi ont essayé de.
l'imiter, mais n'ont jamais réussi à faire
aussi bien.
* *
L'A Tl el la Mode est. le ssul journal eu-
ropéen qui soit en même temps féminin,
mondain, artistique et littéraire: il con-
tient des gravures en couleur fort. artis-
tiques, gravures qui seront encartées
dans les numéros offerts par Gil Blas.
Il est mondain, car il raconte les l'êtes
des salons, des théâtres, des sports ; il
fait d'ailleurs mieux que de les raconter,
il les dessine. Artistique, car tous les
grands peintres, tels Jules Lefebvre,
Geoffroy, LhermiUe, Fantin Latour,
Kaemerer, Mucha. Léandre. Pointelin,
Roch ogresse, Jean Beraud, Madeleine Le-
maire, Louise Abbema, y collaborent.
Littéraire, car G. Ohnet., Léo Claretie,
do Tinseau, Marcel Prévoit, Mary Flo-
ran, Pierre Maël, Xanrof, etc., y font. de
charmantes nouvelles.
Egalement soigné, au point de vue de
ses élégances parisiennes, ce journal do
la vie mondaine compte au nombre do
ses collaboratrices : Frivoline, qui se
charge du texte de la mode et Nada et
Lucy, qui en font les dessins. Leur gé-
nie inventif a d'ailleurs si peu de bornes
que nos grands faiseurs, pour ne citer
que les principaux : Hedfcrn, Paquin,
Worth, Doucet, Rouff, Laferrière,
Dœuillet, Virot, Roboux, Carlier, le con-
sultent. journellement.
L'Arl el la Mode est d'ailleurs répan-
du dans le monde entier et compte au
nombre de ses abonnés fidèles toutes les
souveraines.
Et maintenant vous toutes, les amies
du G^ il Blas nouveau, grâce à nous, à no-
tre cadeau , flirtez avec les élégances fé-
minines, fait es-vous helles, inventez de
jolies toilettes, en vous voyant passer,
fêtées, adulées, nous serons largement
payés de nos sacrifices.
SCARABEE.
————■—"
LES ATOMES CROCHUS -
MARTHE BRANDÈS
Les femmes modernes ayant- lu dans les li-
vres do graphologie que les écritures hautes
étaient distinguées, on a vu les écritures de
nos mondaines s'allonger d'une façon vrai-
ment comique. -Cela ne trompe pas, en effet,
l'oeil exercé du graphologue..
Voyez, ô pâles imitatrices, la signature de
Marthe Brandès, et vous comprendrez ce
qu'est une écriture naturellement distinguée.
L'M de Marthe a trois jambages : le pre-
mier, représentant la personne qui écrit.
écrase le second, image de la personne à qui
l'on écrit, et lui-même domine le troisième,
symbole de la personne de qui l'on écrit.
(Lectrices, retenez le secret des trois jamba-
ges de l'M.)
Mlle Brandès a donc, d'elle-même, la hau-
te opinion partagée par ses nombreux admi-
rateurs, et indispensable à la manifestation
du génie théâtral. Si elle joue la satisfaction
et l'optimisme (écriture montante) à la ville
comme au théâtre, elle a de petits accès de
découragement et de lassitude attristée qu'el-
le réserve soigneusement pour son intimité
(N pointus). L'A de Marthe est fermé et celui
de Brandès est ouvert, il y a donc do la dis-
crétion par accès : la volonté a une tendance
à se muer facilement en colère au moindre
obstacle ; enfin, il y a trois croix dans la si-
gnature (premier jambage de l'M, première
partie du B et commencement du para-
phe), cela indique une belle éclosion de sen-
timents mystiques et religieux. Pour équili-
brer de si hautes qualités, il ne sera pas
trop de la grâce acquise de M. Crozier, de
l'affabilité de M. Abel Combarieu et de la
tendre bonhomie de M. L. Danbé.
PAPUS-
- -
Les Arts de Désagrément
Ils empiètent sur la liberté humaine, sur
la liberté du silence, de la rêverie, de la mé-
ditation; ils s'installent autour de,vous, au-
dessus, au-dessous,chez vous; ils vous tyran-
nisent dans la rue, dans le salon, et jusque
dans nos provinces les plus reculées ; ils
montrent à quel point l'homme sait abuser
des meilleures choses.
La chose ici, c'est la musique; l'abus, c'est
le piano, le violon, le chant lui-même, c'est le
concert mondain qui sévit et vous étreint au
moment le plus inattendu, quand vous avez
bien dîné, quand vous sentez votre esprit dé-
cuplé par la présence de causeurs aimables,
que vous aspirez de tous vos cinq sens et de
votre sixième sens à jouir de ce délice qui
s'appelle une bonne conversation.
Il faut se résigner, écouter ou avoir l'air
d'écouter, applaudir avec ses doigts, sinon
avec son esprit. Tout le monde n'a pas l'au-
torité et la bonhomie ironique de l'excellent
Eugène Labiche qui, après avoir subi pen-
dante trois quarts :d'heurc la lutte frénétique
d'un jeune pianiste contre des morceaux
très absconses, s'approche de l'instrument de
torture, et, tapotant la tête de son bourreau,
lance en guise de compliment : « Petit tapa-
geur ! »
Tout le monde n'a pas non plus la naïveté,
voulue peut-être, de cet empereur d'Autri-
che qui, après avoir entendu Kalkbrenner
se livrer à une gymnastique musicale éper-
due, lui dit ensuite : « Je n'ai jamais vu per-
sonne suer autant que vous ».
Oui, le piano est un ennemi social, et je
ne comprends-point qu'on n'ait pas encore
fait contre lui la Déclaration des Droits de
l'homme el dit citoyen. N'est-il pas bien na-
turel qu'un grand nombre de parents veuil-
lent à tout prix marier leurs filles ? Songez
qu'elles ont fait des gammes à domicile, une
heure, deux heures par jour, pendant dix,
quinze ans ! Quelle satisfaction de pouvoir
passer la main à un autre !
Quelques-uns, plus courageux ou plus
clairvoyants, bravent le préjugé séculaire ;
un de ces derniers disait fort sérieusement
à un ami qui voulait l'aider à marier sa fille :
« Elle réalise le carré de l'hypothénusc con-
jugale : beauté, famille, bon caractère, san-
té: que dis-je, elle a encore une dot con-
venable et elle ne joue pas du piano ! »
Elle ne joue pas du piano ! L'argument de-
vient, aux yeux d'un grand nombre de can
didats, une formule magique.
Il y a des exceptions, de nombreuses ex-
ceptions qui confirment la règle : la prin-
cesse Brancovan, Planté,Rubinstein, sont ou
étaient de merveilleux enchanteurs, sous les
doigts éloquents desquels les touches sem-
blent saigner : selon les heures et la dispo
sition d'esprit, on peut, avec bien moins de
talent, charmer, évoquer les souvenirs les
plus profonds du passé, car-la musique, elle
aussi, est une résurrection.
De même il existe de. maisons où l'on va,
avec joie, entendre d'excellente musique, des
maisons qui sont de véritables chapelles de
la Notre-Dame musicale : Mme Gallet, la
marquise de Bron, Mmes Diémer, Gabrielle
Fouquier, Kyrésvski, Krauss, Sulzbach,
comtesse de Maupeou, quelques autres en-
core, Mais pour une chapelle, que de guin-
guettes ! Un sur dix mille, disait Proudhon,
les autres sont des bipèdes. Un sur cinquan-
te, pourrait-on dire aussi ; les quarante-neuf
autres sont de l'ennui, de la médiocrité à la
quatrième puissance.
Autre rndnit de l'art de désagrément : il
favorise l'indiscrétion ingénieuse de certai-
nes maîtresses de maison, et cela ne date pas *
d'hier.
Les étoiles les plus brillantes chanteront'
gratis chez Mme de C. mais elle prÓncr3.'
leurs concerts, placera leurs billets, et ses
invités recevront la fusillade en pleine poix
trine. Ils ne se sont pas amusés chez elle,,
ils avaient chaud, ils étaient debout, no
voyaient rien, entendaient peu. se trouvaient..
comme dit Donnay, préposés aux embrasu-
Tes des portes; ils auraient voulu causer avec:
quelques jolies femmes, mais celles-ci, à
leur tour, gémissaient tout bas d'être par-
quées, entourées d'autres femmes qui for-
maient un rempart infranchissable.
Allez donc faire comprendre à la dame do
céans qu'un concert doit rester l'accessoire.
non le principal, ne pas se prolonger jusque
une heure du matin, -qu'il faudrait plutôt imi.
ter Nestor Roqueplan qui, chez lui, nei
permettrait jamais plus de cinq minutes de
musique.
Bref, vous pesiez encore contre cette scia
harmonieuse, lorsque vous recevez une invi-
[ i tation pour le concert .û bénéfice du célèbre
maestro; si vous en êtes quitte pour vingt
francs, vous pouvez vous frotter les mains.
Le tour est joue : vous payez la fête que vous-
a offerte Mme de C.
Je souhaiterais aux artistes trop exploités
de montrer parfois les dents comme Chopin.
une dame fort commune avait réussi à ub.
tenir la présence du compositeur à un dîner
de vanité: on avait à peine servi le café
qu'elle s'avance vers le maestro et le prie,,
comme chose due, de se mettre au piano
« Madame, répond-il humblement, avec une
profonde révérence, j'ai si peu dîné ! » Etv
pi enant son clwpcmt,il s'esquive. N'est-ce pas/
aussi Chopin qui, à l'invitation d'un fumiste
enrichi, lequel soulignait celle attraction :
On fera de la musique, répliquait par une
autre invitation annonçant ce programm' e^
laconique : On ramonera ?
V. DE LAUNAY.
L'Hulllonr Américain
ET
ls Général H. Porter
La grande et puissante République des
Etats-Unis s'est fait représenter chez
nous, non seulement par un fin et cour-
tois diplomate, mais par un de ses plus
aimables et plus spirituels citoyens, et en
humour passé maître.
Que d anecdotes désopilantes je lui ai
entendu raconter au dessert à New-York!
Avec quel art fini il sait les raconter ! Le
général Horace Porter est le joaillier de,
l'éloquenco comme Loo Delibes et Gus-,
lave Droz étaient respectivement ceux de
la musique et de la littérature.
Et, sur son compte que de jolies histoï
res 1 ■
En voici une : -.. -- -..
Il y a quelques années de cela, le gène7-
raI traversait l'Atlantique, de New-York
a Liverpool. A bord se trouvait un de ses
amis, le fameux sénateur Chauncey De-
pew, l'un des orateurs les plus spirituels
et les plus populaires do New-York et
l'homme le plus banqueté des Etats-Unis.,
La veille du jour où l'on, devait débar-
quer, on organisa à bord, selon l'habi-
tude, un concert au profit de l'Orphelinat
des marins. Naturellement" on pria ces
deux messieurs de vouloir bien permet.
tre que leurs noms parussent au pro-i
gramme.
Quand le général Horace Porter oui flnii
son petit discours, ce fut au sénateur à
prendre la, parole.
« Mesdames et. messieurs », dit-il, rr je
me trouve dans un embarras des plus
grands. J'avais préparé un discours,,
mais, à ma grande surprise, le général
vient de le prononcer mot pour mot. Je
n'ose trop chercher à éclairc-ir ce mys-
tère. Il occupe une cabine voisine do I
mienne, et, sans vouloir affirmer qu'il
m'ait, soulevé mes notes, j'ai cepeiit
dant. »
Il ne put continuer. L'auditoire se te-
nait les côtes.
Mais ce qui mit le combJe à l'hilarité
générale fut. la remarque qu'on entclldi
faire à un Anglais : « Vous pouvez dire
ce que vous voudrez », fit-il, « ce n'est
pas là l'acte d'un gentleman ».
CeL Anglais n'avait pas en lui un mil
ligramme d'humour.
A la première conférence que je fis
aux Etats-Unis (c'était à New-York, en
1887), je fus présenté à l'auditoire par la
général Horace Porter. J'allais faire la
causerie en anglais..
« Mesdames et Messieurs, dit-il, je
réclame votre indulgence en faveur dui
conférencier. Il va nous faire une cause-
rie dans une langue qui n'est pas la
sienne (en clignant de l'œil), qui est li
peine la vôtre. De plus, il ne possède
pas ce talent éminemment américain)
qui consiste à reposer la gorge en par-,
lant du nez ». Personne ne s'offensa do
cette amusante boutade sur la façon dont'
les Américains parlent l'anglais ; bienj
au contraire, on se mit'à rire, et je trou-,
vai ainsi le terraiu bien préparé eL monl
public prêt à rire et à s'amuser.
- Il existe aux Etats-Unis des clubs appe-
lIés gridiron clubs. Non seulement ce
sont des écoles de bonne camaraderie
pour les membres qui en font partie,,
mais ce sont des institutions qui se per-
mettent do rabattre le caquet des cllébri
les qu'on invite à des banquets pour se
livrer à mille impertinences à leur,
égard. Des présidents des Etats-Unis on
accepté l'hospitalité de ces clubs, et soi.
sont soumis à l'épreuve de la meillcuro.
humeur du monde.
Pour vous montrer comment les chOJ.
ses se passent à ces banquets, je vais:
vous donner un compte rendu de celui
auquel j'assistai à Philadelphie en fé;"!
vrier 1888.
Le banquet était princier, le menu des
plus rccherchés, Les plats les plus choi-i
sis se succédèrent, arrosés des meincursf
vins. Pendant le drsscrt, les visages!
commencèrent à s'illuminer, et l'on putt
voir les convives repasser dans leur mé""
moire les discours qu'ils allaient êtr(j
appelés à prononcer, c t les membres dul
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