Titre : Gil Blas / dir. A. Dumont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-03-29
Contributeur : Dumont, Auguste (1816-1885). Directeur de publication
Contributeur : Gugenheim, Eugène (1857-1921). Directeur de publication
Contributeur : Mortier, Pierre (1882-1946). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344298410
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 mars 1911 29 mars 1911
Description : 1911/03/29 (N12463,A33). 1911/03/29 (N12463,A33).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-209
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/10/2012
33e ANNEE.— NUMERO 12.463, LE NUMERO 10 CENTIMES
MERCREDI 29 MARS «vosil'a
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PARIS
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LE GIL -
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LITTÉRAIRE ET POLITIQUE
Amuser les gms qui passent, leur plaire aujourd'hui
€$recommencer le lendemain.
J. JANIN, préface de GIL BLAS.
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et aux Bureaux du Journal
Rivoli
ACTE IV. - (Fragment)
Voici l'une des plus émouvantes scènes du
Rivoli, de M. René Fauchois, représenté hier soir
à l'Odéon et salué de chaleureux applaudisse-
ments. Bonaparte, sur le plateau de Rivoli, a la
visiov de Jules César qui lui apparaît dans la
nuit i
Des tambours qui cherchent des échos dans la
montagne ont crié le nom de César,
BONAPARTE
Ils ont lancé ce grand nom militaire
Dans la nuit, au hasa.rd, pour rire; tout mon coeur
L'a reçu !. Que c'est beau d'avoir été vainqueur!.
L'histoire a de ces noms qui vous remplissent l'âme
De lumière!. Pourquoi m'as-tu trahi, ma femme !.,.•
Ah ! pour qu'un nom crié par un pauvre soldat
Jette encore après tant de siècles tant d'éclat
Quel rêve a donc nourri la volonté vivante
Du héros qui porta ce nom sans épouvante ?.
J'ai faim, Marmont L..,
MARMONT
Parbleu !.
BONAPARTE
,Tu n'as rien dans ton sac ?
MARMONT 4
Oh ! f ai de quoi calmer un peu votre estomac ]
Du pain dur.
BONAPARTE
»
- Bon !.
MARMONT
Des noix.
BONAPARTE
Parfait !.
MARMONT
Et quatre figues !.:
BONAPARTE
Assez pour affronter de nouvelles fatigues 1.
MARMONT
Si vous avez soif.., '-
BONAPARTE
Non !. J'avais faim seulement!
(Un temps)
Marmont.,.
MARMONT
Mon général !.
BONAPARTE
Dis-moi ton sentiment..,
Crois-tu que ces •guerriers fameux de qui l'épéè
Illumine les temps d'un reflet d'épopée
Nous ressemblaient ?. César, Alexandre, Annibal
Etaient-ils, comme nous, des hommes que le mal
Faisait crier, pleurer, souffrir ?. Ces capitaines
Dont l'Histoire nous lègue en des fresques hautaines
Les exploits, et les mots touchants ou solennels
Mangeaient-ils du pain sec avec leurs colonels ?
Comprends-moi !. Nous savons que leur gloire fut
[grande
Mais leur cœur fut-il grand ? Dis ? Je te le demande?
MARMONT
Pour moi..*
BONAPARTE
Réfléchissez 'davantage, mon eh'er.-
Vous répondez- toujours trop vite. Par le fer
Et la flamme,ils ont mis leur sceau sur un beau livre
Certe, ils ont su ne pas mourir!. Ont-ils su vivre?
César répudia sa femme. Il eut raison..-.,
Un amant découvert dans sa propre maison
Tustifiait assez sa rigueur. Mais Plutarque
Sur César amoureux ne fait nulle remarque.-
Lorsque ses légions campaient devant Clermont
Etait-il, comme moi, cette nuit, sur ce mont ?
Ses licteurs ont-ils lu sur son front volontaire
La secrète douleur que sa bouche a dû taire ?
Que je voudrais savoir si César a pleuré 1
0 larmes de César, lourd chagrin ignoré
Des Annales. regrets qui sur sa rude épaule
Penchiez sa tête au fond des campagnes de Gaule.
Vous êtes descendus avec lui dans la mort 1.
L'histoire n'en sait rien, Marmont. Tu .dors ?.
iMarmont s'est endormi centre un arbre, debout)..
Il dort !
L'OMBRE
T'étais soldat, l'Histoire a regardé mes armes :
Tout est bien ! Je n'ai rien conquis avec mes larmes.
Le sang noir qui jaillit des cuirasses d'airain
Seul a mouillé sur moi mon "glaive souverain.
Sur les mains du guerrier les larmes font des taches.
J'ai passé, rude et brusque, entre l'éclair des haches.
T'étais soldat ; devant mon dur profil lauré
L'avenir ne doit pas savoir si j'ai pleuré !.
Toi, qu'un grand deuil, ce soir, avait choisi pour
"=- [cible,
Demain, sur l'étrier, ferme et droit, impassible
Au-dessus du choc rouge et noir des régiments,
Tu jetteras ton cœur dans tes commandements !.
BONAPARTE
Soit ! Je renfermerai ma peine en moi !. Personne
Ne saura de queètfroid incessant je frissonne !.:
Aurai-je la victoire au moins ?.;
L'OMBRE
Tu l'as déjà T
Celui que la laideur d'un jour triste outragea
•** t qui n'a pas permis au mal qui vint le mordre
De répandre, autre part qu'en lui seul, son désordre,
Qui, malgré sa douleur, imposa ses instincts
Grondants,selon ses vœux voit marcher ses destins !.
Toutes les passions qui meurtrissent la terre
Sont en nous. Le héros, lucide et solitaire,
Les jugule d'abord dans sa poitrine, puis
Il va combattre - et toi. Victoire, tu le suis II
BONAPARTE
Pourquoi lutter ?.
L'OMBRE
Pour vaincre I
BONAPARTE
Ah ! je vaincrai sans joie,
Désormais.
L'OMBRE
Le vainqueur offre sa vie en proie
Aux victoires ! Plus rien n'éblouira ses yeux 1
Et la pâleur des morts ceint les fronts glorieux.:
Bientôt, tu traîneras cette amertume noire
Qui roulait sur mon cœur aux grands soirs de
[victoire.
Tu, ne voudras plus rien..« Tu vaincras. Tu
[vaincras.
Et ta gloire sera si lourde sur tes bras
Qu'un jour, ô malheureux.- Malheureux L.,
(L'ombre s'évanouit).
H BONAPARTE
Parle encore !.
Ah ! ie rêvais debout. La fièvre me dévore.
Et ce n'est qu'un laurier sur qui la lune luit
Que j'ai pris pour un spectre auguste dans la nuit..a
René Faucher
— I I I ■■ ■ I I «--—«■ ■■■—
YATINALE
Le petit Parisien
Il ne s'agit pas du journal que dirige lll. Jean
Dupuy. le veux parler du petit garçon qui était né
à la Villette et que ses parents emmenèrent aux
environs de Paris. L'histoire date d'hier. Ce jeune
Parisien s'ennuyait violemment à la campagne. Il
songeait, non sans mélancolie, aux gamins qui
avaient le bonheur de jouer là-bas, dans les ruelles
ou sur le boulevard extérieur.. Certes, il avait ren-
contré à Aulnay-sous-Bois des enfants. Mais ils
n appartenaient pas à la race de Gavroche. Ils n'é-
taient pas les fleurs de notre pavé et de notre trot-
toir. Ils ne fredonnaient pas les refrJns de M.
li/aval ou de M. Dranem. Notre malheureux héros
avait le sentiment d'être déchu ou, du moins, dér
classé. Il étouffait dans une société qu'il jugeait
médiocre. Il connut la tristesse gui fit soupirer
Mme Bovrny.
Quand il faisait jour, il prenait son mal en pa-
tience. Mais le soir est morne dans les villages et
dans les bourgs. Les demeures sont mal éclairées y
les jardinets deviennent sinistres quand l'ombre les
gagne. Les rues ne sont pas égayées par les lumières
des boutiques. Sur les routes et sur les chemins
tremblent les flammes pâles d'anciens reverbères.
C'est alors que nous regrettons la féerie des cré-
puscules parisiens. Ce 'garçon, qui n'a pas douze
ans, était sans force contre la séduction de la cité
perdue. Il pensait à elle comme à une maîtresse
abandonnée qu'on sent tout près de soi et qu'on vou-
drait revoir. Il allait vers elle, malgré lui ; tout
naturellement il lui sacrifiait sa famille.
Il allait, fiévreux. Le voyage était long. 'Qu'im-
porte ! Il se disait quil allait revoir l'avenue po-
puleuse, les vitrines aux magasins connus, l'éclat
des comptoirs de ziric qu'on aperçoit par les portes
entrouvertes des bars et des cabarets. Il souriait
déjà aux compagnons retrouvés.
- Tiens 1 C'est toi /,
— Mais oui ! le ne peux vivre loin du quartier 1
C'est l'émoi de Perdicara qui revient dans le
pays natal et qui prononce de jolies phrases sur la
patrie, sur le coin de terre pour lequel l'homme est
né. Et puis, enchantement suprème, il y avait le
cinématograPlze qui déroule devant les yeux charmés
de belles images, qui montre à ses habitués des scè-
nes d'une irrésistible bouffonnerie, des drames attew
drissants et des pays miraculeux.
Le petit garçon est arrivé à temps. Il assista à la
représentation. Il put suivre avec passion les
films poursuites, et son imagination fut exci-
tée Par les aventures burlesques et tragiques. Il était
heureux, si heureux qu'il se cacha dans la salle de
spectacle. Il goûta cette ivresse de dormir dans le
temple de la fantaisie. Il n'avait pas peur ; il n'a-,
vait pas froid ; il se sentait mieux que dans sa
chambre tiède et dans son bon Ut. Mais tout a une
Un. Cendrillon est exposée aux pires catastrophes
Parce qu'elle est emmenée trop tard au bal. Ainsi
l'amoureux de Paris retomba bientôt dans la plate
réalité. On le découvrit, on le conduisit au poste et
il dut rentrer ClU bercail.
Il faut souhaiter qu'il devienne sage. Mais j'a-
voue que j'ai de la sympathie pour ce gamin kui.
aime si ardemment son quartier. Un jour viendra,
sans doute, où il adorera une femme et il pourra
chanter la vieille chanson :
Si le roi m'avait donné
Paris, sa 'grande ville.
Et qu'il me fallut quitter
L'amour de ma mie, rJi,
Je dirais au roi Henri :
« Reprenez votre Paris !
J'aime mieux ma mie, o gué j
J'aime mieux ma. mie 1 ,»
Du moins, quand il lancera 'ce couplet, l'amantt
Pour qui il renoncera à la grand'ville, sentira toute
la valeur de ce sacrifia.
- - Nozière.
Echos
Les courses.
LE TREMBLAY, mercredi 29 mars, a 2 Reurd
Pronostics du Gil Blas 5
Prix Marcion. — Madrigal II, 7«1.1
Prix Perdita. >— Gay Duchess, Herzégovine II.
Prix Vesuvian. — Tonton- Emille, Defender.
Prix Royal Hampton.— Le Prioldy, Gil Blas IV.*.
Prix Ladas. ■— Templier III, Ave, Cesqr"
Prix Ayrshire. — Uriel, Antithèse«
x-
LA PETITE FLUTB
o gai T
,Que sur le petit navire
Qui porte ce nom: Gilda,
Monsieur Briand vire vire,
Je le comprends bien, oui-da J
La mer Méditerranée
iVous a des charmes si grands
A ce moment de l'année
Que, oui-da ! je le comprends.
Que sur cette mer exquise,
Le cerveau libre et léger,
Pour gouverner à sa guise,
Lutaud vogue vers Alger,
La chose étant nécessaire,
Il faut bien le dire ici.
Je l'admets d'un cœur sincère,
Et je la comprends aussi.
Que devers des Argentines
Cinglent nos joyeux acteurs
Et nos actrices mutines,
Pour jouer nos bons auteurs.,
Et se faire un gros pécule
Et nombre d'autres amis,
Ce n'est pas si ridicule,
Et, ma foi, c'est bien permis.
Et je les applaudis, certes !
Mais, pour moi, lorsque je vois
Que de jeunes feuilles vertes
Se pare encor notre Bois;
Lorsque nos belles, prisées
Déjà par le renouveau,
Le long des Champs-Elysées
Vont en élégant troupeau,
Je me dis que c'est un leurre
Autre part de naviguer. *
Et je pense qu'à cette heure,
J'aime mieux Paris, ô gai!
- Georges Docquois.
Les leçons du pouvoir.
Nous avons signalé les premiers, il y a trois
jours — et parceque notre règle d'indépendance
est absolue — la rancune que M. Briand manifes-
tait à ses amis (qui sont parfois les nôtres), touchant
le procédé d'un ministre actuel. Et nous citions ces
mots de l'ancien président du Conseil :
— S avez-vous ce que fit le collègue qui m'avait
recommandé les sœurs Ursulines de Bazas ?
— Eh bien ?
— Il m'accusa de cléricalisme, et vota contre
moi !
- Et ce collègue, c'est ?..*
'— Un ministre d'aujourd'hui.
En réalité, ce ministre qua nous avions la dis-
crétion de ne pas nommer, cest M. Emile Cons-
tant, sous-secrétaire d'Etat à. l'Intérieur et député
de la Gironde.
La note que nous avons publiée ayant été com-
mencée, M. Bouyssou, député des Landes, a avisé
hier M. Monis qu'il l'interpellerait à ce sujet. « Je
vous demanderai, dit-il, si vous comptez exécuter
strictement la législation relative aux associations
religieuses, même dans" les circonscriptions repré-
sentées par certains membres du gouvernement. »
Tout de suite, M. Emile Constant a répondu par
une note officieuse où il est dit :
« Le conseil municipal républicain de Bazas a
voté un crédit de 120.000 fraies, pour l'acquisition
et la transformation en collège laïque de l'école
congréganiste de filles tenue par les Ursulines.
« Le sénateur Courréjelongues a demandé qu'on
attendit pour fermer l'établissement congréganiste
que le collège laïque pût fonctionner et M. Cons-
tant a exposé les faits dans une lettre à M. Dou-
mergue, alors ministre de l'instruction publique,
en se plaçant au point de vue républicain. Ceci
d'ailleurs en vertu de la loi de 1904 qui a donné
un délai de dix ans — c'est-à-dire jusqu'en 1914
pour achever la fermeture des écoles congréga-
nistes. »
Ainsi apparaît, avouée, l'intervention de M.
Emile Constant. Est-elle blâmable ? Nous sommes
trop respectueux de la tolérance et trop désireux
d'apaisement pour la condamner par principe,
mais nous ne saurions nous empêcher d'observer,
une fois encore, que M. Emile Constant et ses amis
ont renversé M. Briand pour une faute identique.
De quoi nous concilierons que, s'il est facile
d'avoir du génie et du succès dans l'opposition, il
est malaisé de montrer simplement au pouvoir de
la conscience et du libéralisme.
— x —
La question Violleite.
L'un des inconvénients essentiels 'du régime par-
lementaire est apparu hier aux moins prévenus :
M. Viollette, rapporteur des colonies, a dû rétrac-
ter devant ses collègues de la commission du bud-
get, le meilleur de son rapport, véritable document
d'accusation rédigé par lui dans la plus pure inten-
tion, sans doute, et la plus louable sincérité, mais
avec une insuffisante connaissance des questions
qu'ils traitent."Il le dût avouer devant MM. Klo-
bukowski et Mettetal, ancien maire-adjoint de Ha-
noî : son opinion fut fondée sur des documents apo-
cryphes et des racontars d?office.
La politique haineuse et absurde de café n'a que
trop égaré le ;bon sens public. La commission du
budget, à cette heure, reconnaît — nous avons vu
plusieurs de ses membres les pïus autorisés — que
son rapporteur s'est candidement fourvoyé. Et
elle semble fort marrie de l'aventure où chacun
se sent engagé. Il faut espérer que les témoins
échangés entre le gouverneur général de l'Indo-
chine et le rapporteur, arrangeront à l'amiable ce
fâcheux incident. Mais il importe de rappeler aux
députés qu'il ne siea pas a leur considération de
parler et d'écrire ainsi pour des polémistes de sous-
préfecture, et c'est une bonne leçon que leur donne
-M. Viollette, dont le nom nous permettait d'espé-
rer plus de sage discrétion.
— x —
Derniers préparatifs.
Une très (grande animation règne au premier Sa-
Ion de la Société des Dessinateurs humoristes. On
y travaille ferme et l'accrochage s'effectue de la
façon la plus gaie du monde. On est cependant
très sévère dans la réception des envois. Les orga-
nisateurs prétendent donner à cette manifestation ar-
tistique une tenue irréprochable. Ils ne veulent pas
avoir l'air de monter un magasin de jouets. C'est
au Salon de l'Humour qu'ils convient le public.
Comme l'a dit spirituellement Willette, une rose
elle-même, .une simple rose, peut être humoristique.
La reprise inutile..
Mme Marthe Régnier jouera-t-elle l'Infidèle, de
M. Georges de Porto-Riche ? Elle le désire et s'ef-
force d'y réussir, mais elle est pensionnaire de M.
Tarride, à la Renaissance, et M. Tarride, qui fut
son mari, ne veut pas plus jouer l'Infidèle que
toute autre pièce de son auteur.
On discute donc de l'événement, et M. Tarride
a écrit aux journaux :
— Comme il a raison, disait, hier, la spirituelle
comédienne, de ne plus vouloir -jouer cette comédie
au théâtre 1 Ne l'avons nous pas trop jouée à la
ville ?
— x —
Un bon exemple.
Londres est en pleine .semaine « purement bri-
tannique ». C'est une fort curieuse invention que
celle-là ! Durant une semaine, les magasins ne
contiennent dans les vitrines et sur les rayons que
des marchandises purement britanniques, par ma-
tières premières, par main-d'œuvre et par façon.
Le lord-maire de Londres a expliqué, pour dissi-
per tout malentendu, que l'idée n'est nullement
xénophobe, mais purement patriotique. Elle est, en
tous cas, fort originale. Si wous l'adoptions, à Paris?
Nous verrions alors l'embarras comique de nos né-
gociants en comestibles, de nos marchands drapiers
de toutes sortes, =— et même de nos bons directeurs
de théâtres les plus nationaux !
—x —
Fraîche et ardente paysanne normande, Laurence
Feuillant se révèle grande cantatrice. Grisé par ses
baisers, Landelin, poète connu, mondain blasé, se
résigne au rôle sans prestige de « mari d'étoile D.
Tel est le sujet de Tout l'Amour, de Lucie Dela-
rue-Mardrus, roman original et hardi que publie
l'éditeur Fasquelle.
— x —
Au théâtre. Derrière la toile 1
— D'où viens-tu ?
- De Reims.
■— Et tu as réussi ?
>— On voulait me sacrer.
Le Diable boiteux.
iffi iffl) foi m
SUR UN VERS DE M. RENE FAUGHOÏ3
Peaux et drapeaux
Dans Rivoli, le nouveau mélodrame - mi-prose,
mi-vers — de M. René Fauchois, "à l'Odéon, un
vers a fait sensation.
« Sur ma peau
Républicaine, Eros plante un petit drapeau D.
Le poète a mis ces paroles mémorables dans la
bouche du capitaine Charles.
Il parle bien , Charles !
Les spectateurs de la répétition générale, sans
distinction de parti, ont accueilli ce vers sous tou-
tes réserves, en s entreregardant pour voir si, réelle-
ment, la peau reflétait une nuance politique. Or, il
était impossible de distinguer les « peaux républi-
caines f. Et, pourtant, il y en avait dans la salle!
Nous étions pâJes, nous étions rouges, nous étions
jaunes, mais nous n'étions pas tricolores.
Le poète a posé là une question troublante. Peut-
on reconnaître le parti d'un homme à la couleur de
sa peau ? Si profondes qu'elles soient, nos convic-
tions ont-elles une influence sur notre teint ?
Ce serait possible, à la rigueur, pour les nuances
unies. Le socialiste unifié et alcoolique est souvent
rouge comme .son drapeau. Et encore !. J'ai connu
un rouge, très franchement rouge, qui fut atteint
d'une jaunisse très caractérisée, sans, pour cela,
avoir trahi son parti.
Mais, à moins d'être atteint d'une maladie bi-
zarre, je ne m imagine pas une peau qui soit à la
fois bleue, blanche et rouge, comme le voudrait le
sentiment républicain.
On a beau avoir Marianne dans la peau, cela ne
se voit pas.
Il est vrai que l'on pourrait se maquiller. Com-
bien de nuances politiques ne sont que des maquil-
lages de circonstance ! Un député qui se présente-
rait à ses électeurs avec un visage aux couleurs de
son programme aurait un joli prestige ! Ce serait,
en tout cas, ingénieux, et les longs discours pour-
raient ainsi être évités. On saurait tout de suite à
quoi s'en tenir.
D'autre part, si nous avions la « peau républi-
caine », nous en serions souvent fort embarrassés.
Supposez, enfin, qu'un camelot du Toi épouse une
camelote de la République et que, le soir de la noce,
le mari voie sa femme arborer les trois couleurs.
Car, s'il faut en croire M. Fauchois, quand on se-
rait en bannière, on déploierait son drapeau !
Les jeunes époux seraient gênés. Ils ne sauraient
quelle contenance avoir l'un vis-à-vis de l'autre
pour rester fidèles à leur propre drapeau. Et puis,
quelle serait la peau de l'enfant ?
Vous voyez d'ici les conséquences désastreuses
d'un mariage dan.s ces conditions.
Mais, heureusement, M. Fauchois est un poète,
et il ne faut attacher aucune importance à son beau
vers.
Jean Baruy.
Le Gil Blas prie ses abonnés et amis de vouloir
bien honorer de leur présence l'exposition des aqua-
relles de Letcurtre, qui se fait dans ses salons, 30, «
rue Louis-le-Grand, tous les jours, de trois à six
'hlurtS.
L'AUBE EN RÉVOLUTION
On se bat autour du drapeau rouge
Puis, on retire la troupe, -
l'effervescence tombe
Soudain la situation s'est aggravée dans
l'Aube et les événements se sont précipités.
L'agitatio-n des vignerons, qui paraissait être
localisée et ne pas devoir dépasser les limites
de quelques communes, s'est subitement
translormée en révolte ouverte de tout un dé-i
parlement contre les pouvoirs publics. Les
laits dont nous avons reçu hier, heure par.
heure, la relation télégraphique, prennent des
proportions considérables qui donnent à ca
mouvement un caractère inquiétant.
Naus l'avions, ici même, prédit' et redouté.
A plusieurs reprises nous avons signalé l'atti-
tude obstinément hostile des vignerons contra
les propositions de transaction qui se scût pro..
duites. Nous avons répété qu'ils ne se conten-
teraient pas d'une demi-satisfaction, et que:
tous les avertissements de prudence, les con-
seils de ca/lme et de patience, resteraient sans
effet utile sur ces cervaux exaltés et avides
de réalisations immédiates.
Laissez faire la commission, leur disaitron ;
ayez confiance en elle ; vous obtiendrez des.
résultats heureux. Mais les promesses offi-
cielles furent si souvent trompeuses et démen-
ties par l'expérience, que 'les paysans, après
quelques jours d'apaisement apparent et trou-
vant sans doute que. la commission n'allait pas
assez vite en besogne, se sont laissés subite-
ment entraîner par leur colère. Le moindre
incident devait la déchaîner.
***
Sur un ordre du gouvernement, -le sous-
préfet actuel de Bar-sur-Aube, M. Causeret.
et son prédécesseur, M. Chautemps, avaient
fait appeler les membres CÏ12 comité de dé-
lense pour les inviter à' user de leur influence
afin de faire disparaître les drapeaux, les em-
blèmes et les inscriptions, à signification sub-
versive, qui planaient sur les édifices corn*
munaux.
Les délégués répondirent qu'il n'était pas
ten leur pouvoir de faire une pareMle démar-
che. Enlever le drapeau rouge et le drapeau
noir qui flottaient au sommet du beffroi de
l'Hôtel de Ville leur semblait une mesure pro-
pre plutôt à exaspérer des esprits déjà très
surexcités.
Les délégués conseillèrent aux deux sous-
préfetr de ne pas exécuter un tel ordre, qui,.
en ce moment, serait- des plus maladroits.
— J'ai reçu des ordres à ce sujet, répliqua
M. Causeret, et je les ferai exécuter.
Devant la volonté du représentant du gou-
vernement, les membres du comité de défense
insistaient, répétant qu'ils ne voulaient pas
prendre sur eux la lourde responsabilité d'évé-
nements qui pouvaient devenir graves.
— Vous pouvez en. rendre compte au prési-
dent du conseil des ministres, ajoutèrent-ils *
nous vous laissons tout le poids de la mesure
que vous allez prendre.
Et ils quittèrent la sous-préfecture sur ces
dernières paroles. -
La nuit d avant-hier fut calme car on espé-
rait que M.,Causeret se rendrait aux pruden-
tes exhortations des membres du comité et
qu'il n'aggraverait pas une situation déjà si
difficile, par un geste au moins imprudent.
La décision était pourtant bien prise. E:t ce
fut l'étincelle qui alluma le feu couvant sous
la cendre.
Hier matin, dès la première heure, un ou-
vrier en bâtiment., réquisitionné, dût, sous la:
protection de quarante gendarmes, monter au
sommet du beIfrûi, endever le drapeau rouge
et le drapeau noir qui claquaient au vent et
arracher également la bande de calicot sur la-
quelle était libellé le texte de l'article 35 de la
déclaration des Droits de l'Homme et du Ci-
toyen, disant : « Quand le gouvernement viole
les droits du peuple, l'insurrection est pour
■le peuple le plus sacré des droits et le plus in-
dispensable des devoirs. »
Cette opération, bien que très matinale, fut
vite connue de la population et :le -bruit s'en
répandit comme une traînée de poudre dans
les communes environnantes, où il déchaîna
les colères les plus violentes.
Aussitôt, des rassemblements se forment.
C'est une provocation ! s'écrient les uns. Nous
saurons y répondre ! clament les autres. La"
fièvre vient de gagner tous les esprits. Le mo-
ment est grave. Les événements se précipitent
avec une rapidité extraordinaire.
Malgré les promesses faites par le sous-pré-
fet de ne pas faire venir les troupes si les dra-
peaux rouges étaient retirés des fenêtres, dès
midi une compagnie du 27° d'infanterie arri-
vait en gare de Bar-sur-Aube est, de suite, pre-
nait ses cantonnements dans l'un des bâti-
meJds.
La nouvelle de l'arrivée des soldais se ré-
pandit instantanément dans toute la ville el
dans les campagnes. Et, comme par enchan-
tement, les drapeaux qui avaient été enlevés
furent remis.
Roulés autour des hampes, ils ne laissèrent
de nouveau voir que le rouge.
Les rues, les cafés regorgent de monde.
L'émotion est à son comble; lorsque l'on ap-
prend que le drapeau tricolore vient d'être ar-
raché par les manifestants de la grille de la
sous-préfecture et remplacé, malgré les gen-
darmes, pa.r le drapeau rouge. Les portes de
l'édifice ont été enfoncées.
Un porc, qui venait d'être tué, a été traîné
en voiture par des manifestants, avec une
pancarte portant cette inscription : « Obsèques
de Monis 1 »
Des groupes parcourent Bar-sur-Aube en
chantant Yllymnc de l'Aube et l'Internationa-
le. Devant lé café du Commerce, à quatre héu-
res, une violente bagarre se produit : les gen-
darme.s interviennent, l'un d'eux est pris X
partie, sa situation devient critique. -
Il peut enfin être dégagé et sous des cris di-
vers, sous les coups et les menaces, ses cama-
rades le conduisent en lien sûr.
A quatre heures et demie, au mHiea de l'.
MERCREDI 29 MARS «vosil'a
A, DVMCNT, Fondateur
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PARIS
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LITTÉRAIRE ET POLITIQUE
Amuser les gms qui passent, leur plaire aujourd'hui
€$recommencer le lendemain.
J. JANIN, préface de GIL BLAS.
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et aux Bureaux du Journal
Rivoli
ACTE IV. - (Fragment)
Voici l'une des plus émouvantes scènes du
Rivoli, de M. René Fauchois, représenté hier soir
à l'Odéon et salué de chaleureux applaudisse-
ments. Bonaparte, sur le plateau de Rivoli, a la
visiov de Jules César qui lui apparaît dans la
nuit i
Des tambours qui cherchent des échos dans la
montagne ont crié le nom de César,
BONAPARTE
Ils ont lancé ce grand nom militaire
Dans la nuit, au hasa.rd, pour rire; tout mon coeur
L'a reçu !. Que c'est beau d'avoir été vainqueur!.
L'histoire a de ces noms qui vous remplissent l'âme
De lumière!. Pourquoi m'as-tu trahi, ma femme !.,.•
Ah ! pour qu'un nom crié par un pauvre soldat
Jette encore après tant de siècles tant d'éclat
Quel rêve a donc nourri la volonté vivante
Du héros qui porta ce nom sans épouvante ?.
J'ai faim, Marmont L..,
MARMONT
Parbleu !.
BONAPARTE
,Tu n'as rien dans ton sac ?
MARMONT 4
Oh ! f ai de quoi calmer un peu votre estomac ]
Du pain dur.
BONAPARTE
»
- Bon !.
MARMONT
Des noix.
BONAPARTE
Parfait !.
MARMONT
Et quatre figues !.:
BONAPARTE
Assez pour affronter de nouvelles fatigues 1.
MARMONT
Si vous avez soif.., '-
BONAPARTE
Non !. J'avais faim seulement!
(Un temps)
Marmont.,.
MARMONT
Mon général !.
BONAPARTE
Dis-moi ton sentiment..,
Crois-tu que ces •guerriers fameux de qui l'épéè
Illumine les temps d'un reflet d'épopée
Nous ressemblaient ?. César, Alexandre, Annibal
Etaient-ils, comme nous, des hommes que le mal
Faisait crier, pleurer, souffrir ?. Ces capitaines
Dont l'Histoire nous lègue en des fresques hautaines
Les exploits, et les mots touchants ou solennels
Mangeaient-ils du pain sec avec leurs colonels ?
Comprends-moi !. Nous savons que leur gloire fut
[grande
Mais leur cœur fut-il grand ? Dis ? Je te le demande?
MARMONT
Pour moi..*
BONAPARTE
Réfléchissez 'davantage, mon eh'er.-
Vous répondez- toujours trop vite. Par le fer
Et la flamme,ils ont mis leur sceau sur un beau livre
Certe, ils ont su ne pas mourir!. Ont-ils su vivre?
César répudia sa femme. Il eut raison..-.,
Un amant découvert dans sa propre maison
Tustifiait assez sa rigueur. Mais Plutarque
Sur César amoureux ne fait nulle remarque.-
Lorsque ses légions campaient devant Clermont
Etait-il, comme moi, cette nuit, sur ce mont ?
Ses licteurs ont-ils lu sur son front volontaire
La secrète douleur que sa bouche a dû taire ?
Que je voudrais savoir si César a pleuré 1
0 larmes de César, lourd chagrin ignoré
Des Annales. regrets qui sur sa rude épaule
Penchiez sa tête au fond des campagnes de Gaule.
Vous êtes descendus avec lui dans la mort 1.
L'histoire n'en sait rien, Marmont. Tu .dors ?.
iMarmont s'est endormi centre un arbre, debout)..
Il dort !
L'OMBRE
T'étais soldat, l'Histoire a regardé mes armes :
Tout est bien ! Je n'ai rien conquis avec mes larmes.
Le sang noir qui jaillit des cuirasses d'airain
Seul a mouillé sur moi mon "glaive souverain.
Sur les mains du guerrier les larmes font des taches.
J'ai passé, rude et brusque, entre l'éclair des haches.
T'étais soldat ; devant mon dur profil lauré
L'avenir ne doit pas savoir si j'ai pleuré !.
Toi, qu'un grand deuil, ce soir, avait choisi pour
"=- [cible,
Demain, sur l'étrier, ferme et droit, impassible
Au-dessus du choc rouge et noir des régiments,
Tu jetteras ton cœur dans tes commandements !.
BONAPARTE
Soit ! Je renfermerai ma peine en moi !. Personne
Ne saura de queètfroid incessant je frissonne !.:
Aurai-je la victoire au moins ?.;
L'OMBRE
Tu l'as déjà T
Celui que la laideur d'un jour triste outragea
•** t qui n'a pas permis au mal qui vint le mordre
De répandre, autre part qu'en lui seul, son désordre,
Qui, malgré sa douleur, imposa ses instincts
Grondants,selon ses vœux voit marcher ses destins !.
Toutes les passions qui meurtrissent la terre
Sont en nous. Le héros, lucide et solitaire,
Les jugule d'abord dans sa poitrine, puis
Il va combattre - et toi. Victoire, tu le suis II
BONAPARTE
Pourquoi lutter ?.
L'OMBRE
Pour vaincre I
BONAPARTE
Ah ! je vaincrai sans joie,
Désormais.
L'OMBRE
Le vainqueur offre sa vie en proie
Aux victoires ! Plus rien n'éblouira ses yeux 1
Et la pâleur des morts ceint les fronts glorieux.:
Bientôt, tu traîneras cette amertume noire
Qui roulait sur mon cœur aux grands soirs de
[victoire.
Tu, ne voudras plus rien..« Tu vaincras. Tu
[vaincras.
Et ta gloire sera si lourde sur tes bras
Qu'un jour, ô malheureux.- Malheureux L.,
(L'ombre s'évanouit).
H BONAPARTE
Parle encore !.
Ah ! ie rêvais debout. La fièvre me dévore.
Et ce n'est qu'un laurier sur qui la lune luit
Que j'ai pris pour un spectre auguste dans la nuit..a
René Faucher
— I I I ■■ ■ I I «--—«■ ■■■—
YATINALE
Le petit Parisien
Il ne s'agit pas du journal que dirige lll. Jean
Dupuy. le veux parler du petit garçon qui était né
à la Villette et que ses parents emmenèrent aux
environs de Paris. L'histoire date d'hier. Ce jeune
Parisien s'ennuyait violemment à la campagne. Il
songeait, non sans mélancolie, aux gamins qui
avaient le bonheur de jouer là-bas, dans les ruelles
ou sur le boulevard extérieur.. Certes, il avait ren-
contré à Aulnay-sous-Bois des enfants. Mais ils
n appartenaient pas à la race de Gavroche. Ils n'é-
taient pas les fleurs de notre pavé et de notre trot-
toir. Ils ne fredonnaient pas les refrJns de M.
li/aval ou de M. Dranem. Notre malheureux héros
avait le sentiment d'être déchu ou, du moins, dér
classé. Il étouffait dans une société qu'il jugeait
médiocre. Il connut la tristesse gui fit soupirer
Mme Bovrny.
Quand il faisait jour, il prenait son mal en pa-
tience. Mais le soir est morne dans les villages et
dans les bourgs. Les demeures sont mal éclairées y
les jardinets deviennent sinistres quand l'ombre les
gagne. Les rues ne sont pas égayées par les lumières
des boutiques. Sur les routes et sur les chemins
tremblent les flammes pâles d'anciens reverbères.
C'est alors que nous regrettons la féerie des cré-
puscules parisiens. Ce 'garçon, qui n'a pas douze
ans, était sans force contre la séduction de la cité
perdue. Il pensait à elle comme à une maîtresse
abandonnée qu'on sent tout près de soi et qu'on vou-
drait revoir. Il allait vers elle, malgré lui ; tout
naturellement il lui sacrifiait sa famille.
Il allait, fiévreux. Le voyage était long. 'Qu'im-
porte ! Il se disait quil allait revoir l'avenue po-
puleuse, les vitrines aux magasins connus, l'éclat
des comptoirs de ziric qu'on aperçoit par les portes
entrouvertes des bars et des cabarets. Il souriait
déjà aux compagnons retrouvés.
- Tiens 1 C'est toi /,
— Mais oui ! le ne peux vivre loin du quartier 1
C'est l'émoi de Perdicara qui revient dans le
pays natal et qui prononce de jolies phrases sur la
patrie, sur le coin de terre pour lequel l'homme est
né. Et puis, enchantement suprème, il y avait le
cinématograPlze qui déroule devant les yeux charmés
de belles images, qui montre à ses habitués des scè-
nes d'une irrésistible bouffonnerie, des drames attew
drissants et des pays miraculeux.
Le petit garçon est arrivé à temps. Il assista à la
représentation. Il put suivre avec passion les
films poursuites, et son imagination fut exci-
tée Par les aventures burlesques et tragiques. Il était
heureux, si heureux qu'il se cacha dans la salle de
spectacle. Il goûta cette ivresse de dormir dans le
temple de la fantaisie. Il n'avait pas peur ; il n'a-,
vait pas froid ; il se sentait mieux que dans sa
chambre tiède et dans son bon Ut. Mais tout a une
Un. Cendrillon est exposée aux pires catastrophes
Parce qu'elle est emmenée trop tard au bal. Ainsi
l'amoureux de Paris retomba bientôt dans la plate
réalité. On le découvrit, on le conduisit au poste et
il dut rentrer ClU bercail.
Il faut souhaiter qu'il devienne sage. Mais j'a-
voue que j'ai de la sympathie pour ce gamin kui.
aime si ardemment son quartier. Un jour viendra,
sans doute, où il adorera une femme et il pourra
chanter la vieille chanson :
Si le roi m'avait donné
Paris, sa 'grande ville.
Et qu'il me fallut quitter
L'amour de ma mie, rJi,
Je dirais au roi Henri :
« Reprenez votre Paris !
J'aime mieux ma mie, o gué j
J'aime mieux ma. mie 1 ,»
Du moins, quand il lancera 'ce couplet, l'amantt
Pour qui il renoncera à la grand'ville, sentira toute
la valeur de ce sacrifia.
- - Nozière.
Echos
Les courses.
LE TREMBLAY, mercredi 29 mars, a 2 Reurd
Pronostics du Gil Blas 5
Prix Marcion. — Madrigal II, 7«1.1
Prix Perdita. >— Gay Duchess, Herzégovine II.
Prix Vesuvian. — Tonton- Emille, Defender.
Prix Royal Hampton.— Le Prioldy, Gil Blas IV.*.
Prix Ladas. ■— Templier III, Ave, Cesqr"
Prix Ayrshire. — Uriel, Antithèse«
x-
LA PETITE FLUTB
o gai T
,Que sur le petit navire
Qui porte ce nom: Gilda,
Monsieur Briand vire vire,
Je le comprends bien, oui-da J
La mer Méditerranée
iVous a des charmes si grands
A ce moment de l'année
Que, oui-da ! je le comprends.
Que sur cette mer exquise,
Le cerveau libre et léger,
Pour gouverner à sa guise,
Lutaud vogue vers Alger,
La chose étant nécessaire,
Il faut bien le dire ici.
Je l'admets d'un cœur sincère,
Et je la comprends aussi.
Que devers des Argentines
Cinglent nos joyeux acteurs
Et nos actrices mutines,
Pour jouer nos bons auteurs.,
Et se faire un gros pécule
Et nombre d'autres amis,
Ce n'est pas si ridicule,
Et, ma foi, c'est bien permis.
Et je les applaudis, certes !
Mais, pour moi, lorsque je vois
Que de jeunes feuilles vertes
Se pare encor notre Bois;
Lorsque nos belles, prisées
Déjà par le renouveau,
Le long des Champs-Elysées
Vont en élégant troupeau,
Je me dis que c'est un leurre
Autre part de naviguer. *
Et je pense qu'à cette heure,
J'aime mieux Paris, ô gai!
- Georges Docquois.
Les leçons du pouvoir.
Nous avons signalé les premiers, il y a trois
jours — et parceque notre règle d'indépendance
est absolue — la rancune que M. Briand manifes-
tait à ses amis (qui sont parfois les nôtres), touchant
le procédé d'un ministre actuel. Et nous citions ces
mots de l'ancien président du Conseil :
— S avez-vous ce que fit le collègue qui m'avait
recommandé les sœurs Ursulines de Bazas ?
— Eh bien ?
— Il m'accusa de cléricalisme, et vota contre
moi !
- Et ce collègue, c'est ?..*
'— Un ministre d'aujourd'hui.
En réalité, ce ministre qua nous avions la dis-
crétion de ne pas nommer, cest M. Emile Cons-
tant, sous-secrétaire d'Etat à. l'Intérieur et député
de la Gironde.
La note que nous avons publiée ayant été com-
mencée, M. Bouyssou, député des Landes, a avisé
hier M. Monis qu'il l'interpellerait à ce sujet. « Je
vous demanderai, dit-il, si vous comptez exécuter
strictement la législation relative aux associations
religieuses, même dans" les circonscriptions repré-
sentées par certains membres du gouvernement. »
Tout de suite, M. Emile Constant a répondu par
une note officieuse où il est dit :
« Le conseil municipal républicain de Bazas a
voté un crédit de 120.000 fraies, pour l'acquisition
et la transformation en collège laïque de l'école
congréganiste de filles tenue par les Ursulines.
« Le sénateur Courréjelongues a demandé qu'on
attendit pour fermer l'établissement congréganiste
que le collège laïque pût fonctionner et M. Cons-
tant a exposé les faits dans une lettre à M. Dou-
mergue, alors ministre de l'instruction publique,
en se plaçant au point de vue républicain. Ceci
d'ailleurs en vertu de la loi de 1904 qui a donné
un délai de dix ans — c'est-à-dire jusqu'en 1914
pour achever la fermeture des écoles congréga-
nistes. »
Ainsi apparaît, avouée, l'intervention de M.
Emile Constant. Est-elle blâmable ? Nous sommes
trop respectueux de la tolérance et trop désireux
d'apaisement pour la condamner par principe,
mais nous ne saurions nous empêcher d'observer,
une fois encore, que M. Emile Constant et ses amis
ont renversé M. Briand pour une faute identique.
De quoi nous concilierons que, s'il est facile
d'avoir du génie et du succès dans l'opposition, il
est malaisé de montrer simplement au pouvoir de
la conscience et du libéralisme.
— x —
La question Violleite.
L'un des inconvénients essentiels 'du régime par-
lementaire est apparu hier aux moins prévenus :
M. Viollette, rapporteur des colonies, a dû rétrac-
ter devant ses collègues de la commission du bud-
get, le meilleur de son rapport, véritable document
d'accusation rédigé par lui dans la plus pure inten-
tion, sans doute, et la plus louable sincérité, mais
avec une insuffisante connaissance des questions
qu'ils traitent."Il le dût avouer devant MM. Klo-
bukowski et Mettetal, ancien maire-adjoint de Ha-
noî : son opinion fut fondée sur des documents apo-
cryphes et des racontars d?office.
La politique haineuse et absurde de café n'a que
trop égaré le ;bon sens public. La commission du
budget, à cette heure, reconnaît — nous avons vu
plusieurs de ses membres les pïus autorisés — que
son rapporteur s'est candidement fourvoyé. Et
elle semble fort marrie de l'aventure où chacun
se sent engagé. Il faut espérer que les témoins
échangés entre le gouverneur général de l'Indo-
chine et le rapporteur, arrangeront à l'amiable ce
fâcheux incident. Mais il importe de rappeler aux
députés qu'il ne siea pas a leur considération de
parler et d'écrire ainsi pour des polémistes de sous-
préfecture, et c'est une bonne leçon que leur donne
-M. Viollette, dont le nom nous permettait d'espé-
rer plus de sage discrétion.
— x —
Derniers préparatifs.
Une très (grande animation règne au premier Sa-
Ion de la Société des Dessinateurs humoristes. On
y travaille ferme et l'accrochage s'effectue de la
façon la plus gaie du monde. On est cependant
très sévère dans la réception des envois. Les orga-
nisateurs prétendent donner à cette manifestation ar-
tistique une tenue irréprochable. Ils ne veulent pas
avoir l'air de monter un magasin de jouets. C'est
au Salon de l'Humour qu'ils convient le public.
Comme l'a dit spirituellement Willette, une rose
elle-même, .une simple rose, peut être humoristique.
La reprise inutile..
Mme Marthe Régnier jouera-t-elle l'Infidèle, de
M. Georges de Porto-Riche ? Elle le désire et s'ef-
force d'y réussir, mais elle est pensionnaire de M.
Tarride, à la Renaissance, et M. Tarride, qui fut
son mari, ne veut pas plus jouer l'Infidèle que
toute autre pièce de son auteur.
On discute donc de l'événement, et M. Tarride
a écrit aux journaux :
— Comme il a raison, disait, hier, la spirituelle
comédienne, de ne plus vouloir -jouer cette comédie
au théâtre 1 Ne l'avons nous pas trop jouée à la
ville ?
— x —
Un bon exemple.
Londres est en pleine .semaine « purement bri-
tannique ». C'est une fort curieuse invention que
celle-là ! Durant une semaine, les magasins ne
contiennent dans les vitrines et sur les rayons que
des marchandises purement britanniques, par ma-
tières premières, par main-d'œuvre et par façon.
Le lord-maire de Londres a expliqué, pour dissi-
per tout malentendu, que l'idée n'est nullement
xénophobe, mais purement patriotique. Elle est, en
tous cas, fort originale. Si wous l'adoptions, à Paris?
Nous verrions alors l'embarras comique de nos né-
gociants en comestibles, de nos marchands drapiers
de toutes sortes, =— et même de nos bons directeurs
de théâtres les plus nationaux !
—x —
Fraîche et ardente paysanne normande, Laurence
Feuillant se révèle grande cantatrice. Grisé par ses
baisers, Landelin, poète connu, mondain blasé, se
résigne au rôle sans prestige de « mari d'étoile D.
Tel est le sujet de Tout l'Amour, de Lucie Dela-
rue-Mardrus, roman original et hardi que publie
l'éditeur Fasquelle.
— x —
Au théâtre. Derrière la toile 1
— D'où viens-tu ?
- De Reims.
■— Et tu as réussi ?
>— On voulait me sacrer.
Le Diable boiteux.
iffi iffl) foi m
SUR UN VERS DE M. RENE FAUGHOÏ3
Peaux et drapeaux
Dans Rivoli, le nouveau mélodrame - mi-prose,
mi-vers — de M. René Fauchois, "à l'Odéon, un
vers a fait sensation.
« Sur ma peau
Républicaine, Eros plante un petit drapeau D.
Le poète a mis ces paroles mémorables dans la
bouche du capitaine Charles.
Il parle bien , Charles !
Les spectateurs de la répétition générale, sans
distinction de parti, ont accueilli ce vers sous tou-
tes réserves, en s entreregardant pour voir si, réelle-
ment, la peau reflétait une nuance politique. Or, il
était impossible de distinguer les « peaux républi-
caines f. Et, pourtant, il y en avait dans la salle!
Nous étions pâJes, nous étions rouges, nous étions
jaunes, mais nous n'étions pas tricolores.
Le poète a posé là une question troublante. Peut-
on reconnaître le parti d'un homme à la couleur de
sa peau ? Si profondes qu'elles soient, nos convic-
tions ont-elles une influence sur notre teint ?
Ce serait possible, à la rigueur, pour les nuances
unies. Le socialiste unifié et alcoolique est souvent
rouge comme .son drapeau. Et encore !. J'ai connu
un rouge, très franchement rouge, qui fut atteint
d'une jaunisse très caractérisée, sans, pour cela,
avoir trahi son parti.
Mais, à moins d'être atteint d'une maladie bi-
zarre, je ne m imagine pas une peau qui soit à la
fois bleue, blanche et rouge, comme le voudrait le
sentiment républicain.
On a beau avoir Marianne dans la peau, cela ne
se voit pas.
Il est vrai que l'on pourrait se maquiller. Com-
bien de nuances politiques ne sont que des maquil-
lages de circonstance ! Un député qui se présente-
rait à ses électeurs avec un visage aux couleurs de
son programme aurait un joli prestige ! Ce serait,
en tout cas, ingénieux, et les longs discours pour-
raient ainsi être évités. On saurait tout de suite à
quoi s'en tenir.
D'autre part, si nous avions la « peau républi-
caine », nous en serions souvent fort embarrassés.
Supposez, enfin, qu'un camelot du Toi épouse une
camelote de la République et que, le soir de la noce,
le mari voie sa femme arborer les trois couleurs.
Car, s'il faut en croire M. Fauchois, quand on se-
rait en bannière, on déploierait son drapeau !
Les jeunes époux seraient gênés. Ils ne sauraient
quelle contenance avoir l'un vis-à-vis de l'autre
pour rester fidèles à leur propre drapeau. Et puis,
quelle serait la peau de l'enfant ?
Vous voyez d'ici les conséquences désastreuses
d'un mariage dan.s ces conditions.
Mais, heureusement, M. Fauchois est un poète,
et il ne faut attacher aucune importance à son beau
vers.
Jean Baruy.
Le Gil Blas prie ses abonnés et amis de vouloir
bien honorer de leur présence l'exposition des aqua-
relles de Letcurtre, qui se fait dans ses salons, 30, «
rue Louis-le-Grand, tous les jours, de trois à six
'hlurtS.
L'AUBE EN RÉVOLUTION
On se bat autour du drapeau rouge
Puis, on retire la troupe, -
l'effervescence tombe
Soudain la situation s'est aggravée dans
l'Aube et les événements se sont précipités.
L'agitatio-n des vignerons, qui paraissait être
localisée et ne pas devoir dépasser les limites
de quelques communes, s'est subitement
translormée en révolte ouverte de tout un dé-i
parlement contre les pouvoirs publics. Les
laits dont nous avons reçu hier, heure par.
heure, la relation télégraphique, prennent des
proportions considérables qui donnent à ca
mouvement un caractère inquiétant.
Naus l'avions, ici même, prédit' et redouté.
A plusieurs reprises nous avons signalé l'atti-
tude obstinément hostile des vignerons contra
les propositions de transaction qui se scût pro..
duites. Nous avons répété qu'ils ne se conten-
teraient pas d'une demi-satisfaction, et que:
tous les avertissements de prudence, les con-
seils de ca/lme et de patience, resteraient sans
effet utile sur ces cervaux exaltés et avides
de réalisations immédiates.
Laissez faire la commission, leur disaitron ;
ayez confiance en elle ; vous obtiendrez des.
résultats heureux. Mais les promesses offi-
cielles furent si souvent trompeuses et démen-
ties par l'expérience, que 'les paysans, après
quelques jours d'apaisement apparent et trou-
vant sans doute que. la commission n'allait pas
assez vite en besogne, se sont laissés subite-
ment entraîner par leur colère. Le moindre
incident devait la déchaîner.
***
Sur un ordre du gouvernement, -le sous-
préfet actuel de Bar-sur-Aube, M. Causeret.
et son prédécesseur, M. Chautemps, avaient
fait appeler les membres CÏ12 comité de dé-
lense pour les inviter à' user de leur influence
afin de faire disparaître les drapeaux, les em-
blèmes et les inscriptions, à signification sub-
versive, qui planaient sur les édifices corn*
munaux.
Les délégués répondirent qu'il n'était pas
ten leur pouvoir de faire une pareMle démar-
che. Enlever le drapeau rouge et le drapeau
noir qui flottaient au sommet du beffroi de
l'Hôtel de Ville leur semblait une mesure pro-
pre plutôt à exaspérer des esprits déjà très
surexcités.
Les délégués conseillèrent aux deux sous-
préfetr de ne pas exécuter un tel ordre, qui,.
en ce moment, serait- des plus maladroits.
— J'ai reçu des ordres à ce sujet, répliqua
M. Causeret, et je les ferai exécuter.
Devant la volonté du représentant du gou-
vernement, les membres du comité de défense
insistaient, répétant qu'ils ne voulaient pas
prendre sur eux la lourde responsabilité d'évé-
nements qui pouvaient devenir graves.
— Vous pouvez en. rendre compte au prési-
dent du conseil des ministres, ajoutèrent-ils *
nous vous laissons tout le poids de la mesure
que vous allez prendre.
Et ils quittèrent la sous-préfecture sur ces
dernières paroles. -
La nuit d avant-hier fut calme car on espé-
rait que M.,Causeret se rendrait aux pruden-
tes exhortations des membres du comité et
qu'il n'aggraverait pas une situation déjà si
difficile, par un geste au moins imprudent.
La décision était pourtant bien prise. E:t ce
fut l'étincelle qui alluma le feu couvant sous
la cendre.
Hier matin, dès la première heure, un ou-
vrier en bâtiment., réquisitionné, dût, sous la:
protection de quarante gendarmes, monter au
sommet du beIfrûi, endever le drapeau rouge
et le drapeau noir qui claquaient au vent et
arracher également la bande de calicot sur la-
quelle était libellé le texte de l'article 35 de la
déclaration des Droits de l'Homme et du Ci-
toyen, disant : « Quand le gouvernement viole
les droits du peuple, l'insurrection est pour
■le peuple le plus sacré des droits et le plus in-
dispensable des devoirs. »
Cette opération, bien que très matinale, fut
vite connue de la population et :le -bruit s'en
répandit comme une traînée de poudre dans
les communes environnantes, où il déchaîna
les colères les plus violentes.
Aussitôt, des rassemblements se forment.
C'est une provocation ! s'écrient les uns. Nous
saurons y répondre ! clament les autres. La"
fièvre vient de gagner tous les esprits. Le mo-
ment est grave. Les événements se précipitent
avec une rapidité extraordinaire.
Malgré les promesses faites par le sous-pré-
fet de ne pas faire venir les troupes si les dra-
peaux rouges étaient retirés des fenêtres, dès
midi une compagnie du 27° d'infanterie arri-
vait en gare de Bar-sur-Aube est, de suite, pre-
nait ses cantonnements dans l'un des bâti-
meJds.
La nouvelle de l'arrivée des soldais se ré-
pandit instantanément dans toute la ville el
dans les campagnes. Et, comme par enchan-
tement, les drapeaux qui avaient été enlevés
furent remis.
Roulés autour des hampes, ils ne laissèrent
de nouveau voir que le rouge.
Les rues, les cafés regorgent de monde.
L'émotion est à son comble; lorsque l'on ap-
prend que le drapeau tricolore vient d'être ar-
raché par les manifestants de la grille de la
sous-préfecture et remplacé, malgré les gen-
darmes, pa.r le drapeau rouge. Les portes de
l'édifice ont été enfoncées.
Un porc, qui venait d'être tué, a été traîné
en voiture par des manifestants, avec une
pancarte portant cette inscription : « Obsèques
de Monis 1 »
Des groupes parcourent Bar-sur-Aube en
chantant Yllymnc de l'Aube et l'Internationa-
le. Devant lé café du Commerce, à quatre héu-
res, une violente bagarre se produit : les gen-
darme.s interviennent, l'un d'eux est pris X
partie, sa situation devient critique. -
Il peut enfin être dégagé et sous des cris di-
vers, sous les coups et les menaces, ses cama-
rades le conduisent en lien sûr.
A quatre heures et demie, au mHiea de l'.
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