Titre : Gil Blas / dir. A. Dumont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-11-03
Contributeur : Dumont, Auguste (1816-1885). Directeur de publication
Contributeur : Gugenheim, Eugène (1857-1921). Directeur de publication
Contributeur : Mortier, Pierre (1882-1946). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 novembre 1906 03 novembre 1906
Description : 1906/11/03 (N9876,A27). 1906/11/03 (N9876,A27).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-209
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/10/2012
-ott BCAS. - SAMEDI 3 -O\rE.'fBRE 1006
après leur rentrée dans le rang, on est seule-
ment surpris qu'ils aient jamais pu en sortir.
Aujourd'hui, l'état des esprits n'est plus le
même, ni au Parlement, ni dans la foule.
En choisissant sès collaborateurs, M. Cle-
menceau ne- leur laissa aucune illusion sur
les difficultés de la tâche, sur l'effort qu'il at-
tendait d'eux, et suw la. porte de ce cabinet
égayé par la décoration claire, les dorures frat-
ves, il eût pu tracer ces mots : « Ici, c'est l'im-
possible médiocrité. »
Eugène Destez..
Le Monde
Paria.
Aujourd'hui l'ambassadeur du Japon à Paris et
Mme Kurino donneront une grande réception à l'oc-
casion de l'anniversaire de l'empereur du Japon.
- Le comte de KhevenhüUer-Me-stch, ambassa-
deur d'Autriehe-llongrie, est de retour à Paris hier
et a. repris aussitôt ia direction des services de
l'ambassade.
: - Le vendredi 9 novembre, à quatre heures et
demie, aux Galeries de la Charité, rue Pierre-Char-
ron, M. Cheysson, de l'Institut, fera, sous la prési-
dence de M. Georges Picot, une conférence sur
« L'Union familiale, œuvre de paix et d'hygiène so-
ciale. »
Cette cfmference sera agrêmentee de protections
électriques. ,
L'équipage de la duchesse d Uzès ne chassera
plus le jeudi, mais le mardi et le samedi de chaque
semaine. Rallye-Vallière chassera aujourd'hui
samedi. Du 6 novembre au 18 décembre, il ne se
réunira plus que le mardi en forêt d'Ermenonville,
tîbrs £ aris
- Une dépêche de Londres nous apprend que M.
Léoeoid de Rothschild, qui revenait d'une partie de
chasse chez lord Rothschild, a fait une chute de
cheval et a été blessé à l'une des clavicules.
Nôcrclogls.
Hier à midi, a Saint-Philippe-du-Roule, ont , éé
célébrées les obsèques de M. André Babmet, ingé-
nieur en chef des ponts et chaussées, fils de M. Ba.
binet, président de chambre honoraire à la Cour de
de cassation et gendre de M. Boule, inspecteur gé-
néral des poitfs et chaussées.
M. Barthou, ministre des travaux publics, était
représenté par M. NormaTKk
Le deuil était conduit par M. Pierre Babmet, son
fils M. Charles Babinet, son père, M. Augustin
Boulé, son beau-père ; MM. Louis Baïnnet, a
à la Cour d'appel, et Henri Babinet, d®3
eaux et forêts, ses frères, le colonel Babmet et M.
Lutcicn Gailot, ses oncles..
Dans la très nombreuse assistance :
M et Mme d'Arcosse, M. Fossé d'Arcosse, M. F.
de r-erville, M. Ballot-Beaupré, M. et Mme Jules
Ogier, Mme Botoy de la appelle, M. Gustave Olive,
Mme G du Bousquet, M. et Mme Léon Bertrand,
M. Edgar Valin M. A. Lemercier, etc.
L'inhumation a eu lieu au cimetière Montpar-
nassc. De Tanville.
tr ■ n -
Fil ES DELICES HGUBIB&NTÎ swlosoré
» -
I. Fallièrss
à l'Exposition de Chrysanthèmes
m —
L'inaugu ration, par le président -de la Répu-
blique, de l'Exposition de Chrysanthèmes, qui
devait se faire aujourd'hui à dix heures aux
serres du Cours-la-Reine, a été avancée pres-
que d'un jour et a eu lieu hier à deux heures
et demie..
Ces vingt heures de moins et la pluie persis-
tante transformant en marécages les parties
découvertes du Palais ont rendu de méchante
humeur nombre d'exposants peu habitués.. jus-
qu'ici à semblables mésaventures.
Et cependant, grâce au concours de tous, au
dévouement de chacun - Ouvriers et patrons
— grâce aussi à l'intelligente direction de la
commission d'organisation età l'énergie de son
président, tout était prêt à l'heure : tout ou
presque tout.
Mais pourquoi, puisque le samedi est consa-
cré à la réunion du conseil des ministres et
qu'on ne peut véritablement pas demander à
M. Pallières de modiller, pour l'agrément ou la
commodité de quelques-uns, si intéressants
soient-ils, cet ordre de choses, pourquoi, dis-
je, ne pas fixer dorénavant, à un vendredi l'i-
nauguration de cette ratissante exposition ?
Que l'on ne m'objecte pas que vingt-quatre
heures de plus, dans la durée de ce concours,
seraient nuisibles à cause de l'état des fleurs
déjà bien défraîchies le huitième jour. La rai-
son, certes, est valable, mais ce neuvième
jour n'existe-t-ill pas quand même pursque la
visite présidentielle a lieu le vendredi et qu'il
en sera vraisemblablement ainsi dans la suite ?
Ne serait-il pas possible de changer les
fleurs fanées dans la matinée du cinquième au
sixième jour (je ne parle point des plantes) 7
J'émets cette idée, non comme un avis ou
un conseil, mais seulement comme un soufrait
pouvant peut-être satisfaire tous les desiderata.
Et, malgré le suroroit- de dépenses que cette
opération leur imposerait, est-il beaucoup d'ex-
posants qui se refuseraient à la subir pour
donner plus de relief à leur exposition et ilajs-
ser ainsi, jusqu'au bout, à l'Exposition de
chrysanthèmes, toute son éclatante beauté ?
Je ne le crois pas.
Maintenant, est-ce faisable ? La réponse est
aux intéressés.
Bien que le concours actuei n'offre pas l'ad-
mirable richesse de Feucpesitiorc florale de mai,
il nous faut reconnaître que par la variété et
la nature des sujets, leurs dimensions et les
nuances du coloris, elle est digne en tous
points des succès qu'elle remporte annuelle-
ment.
L'exposition ne le cède en rien à ses devan-
cières, au éontraire. Chaque année, d'heureu-
ses transformations modifient la forme des
massifs et plates-bandes, faisant mieux ressor-
tir la valeur, la beauté et l'élégance de ces poé-
tiques fleurs. L'année qui suit ne ressemble
en rien à l'année qui procède, et l'on se de-
mande comment on peut arriver à produire
sans cesse du nouveau dans cet art si difficile,
illustré par Le Nqtre.
Si la société dliorticulTure a si bien pros-
péré sous l'habile et intelligente direction de
son président, M. Viger, il est juste de recon-
naître que le succès de ses expositions revient
en partie à M. Vacherot, l'aimable président
de la commission d'organisation, auteur de
tous ces plans et dessins auxquels le's connais-
seurs et les profanes ne ménagent point. l'éloge.
Cette année, les fruits sont exposés dans la
première rotonde et sur les grands côtés des
deux serres où se trouvent amoncelées toutes
les variétés de chrysanthèmes, coupées de
qu-edques massifs d'œillets et de bégonias.
La galerie couverte a subi de grandes modi-
fications : la partie médiane est occupée, dans
son entier, par la splendide exposition de
chrysanthèmes de la maison Vilmorin-An-
drieux et Cie. Parmi les variétés nouvelles, si-
gnalons : Ouragan, très grande fleur en forme
de houppe, couleur beurre frais — Mousson
grande fleur, fond blanc recouvert de rose ten-
dre - Aquilon, jaune - Eole, belle fleur de
couleur blanche aux reflets rose satiné. et
combien d'autres qu'il faudrait citer.
- IDerrière cette exposition se trouvent le buf-
fet, Forchestre et le théâtre des chrysanthèmes
où Mlle Martel, dira des poésies consacrées
aux fleurs.
Aux deux extrémités 3e la galerie, figurent
')cs salons des orchidées et des raisins.
Face à l'exposition Vilmorin-Andrieux, sur
une large estrade occupée par le salon des
fleuristes, signalons de suite l'originale ins-
tallation de la maison Edouard Debrie, de la
rue Volney. Ici encore nous trouvons du nou-
veau, toujours du nouveau. Fort intellierçni-
mcnÊ l'exposant a jugé que, puis/^ fon fêtait
le chrysau thème, un ensemble japonais s'im-
posait. Aussi nous ffiÕntre-t-il un décor inspi-
ré de Yokohama où les bambous entrelacés de
fleurs de chrysanthèmes, aux couleurs cha-
toyantes, forment le cadre d'un panneau, déli-
catement peint, représentant la mer sur la-
quelle planent, des oiseaux exotiques. C'est
d'un effet ravissant
L'exposition des légumes dans laquelle la
maison Vilmorin-Andrieux et Cie figure pour
la plus grande partie, a été installée, comme
les années précédentes, dans les dessous, sur
la berge, et sur les gradins de l'escalier cen-
tral. La variété des produits, toute la gamme
des légumes et le volume invraisemblable de
chacun d'eux étonne et fixe l'attention.
Le président de fa. République, accompagné
de M. Jean Lanes et du colonel Ebener est ar-
rivé à deux heures et demie aux serres du
Cours-la-Reine avec Mme et Mlle Fallières. Il
a été reçu par M. Ruau ministre de l'agricul-
ture, M. Viger président de la Société d'horti»
culture, Jules Vacherot président de la com-
mission d'organisation. M. de Selves, préfet de
la Seine et un grand nombre de notabilités
parlementaires.
Guidé par M. Viger, le Président a parcouru,
assez rapidement, l'exposition de chrysanthèr
mes, s'arrêtant souvent devant les produits
exposés, notamment. au salon des raisins et
exposés, à l'exposition de la maison Vilmorin-
surtout à l'exposition de la maison Vilmorin-
Andrieux dont il Q, grandement admiré l'élé-
gante insfàllation et pour laquelle il a vive-
ment complimenté M. Philippe Vilmorin.
Après un court séjour au salon de peinture;
le Président s'est retiré à trois heures et demie
adressant à M. Viger et à tous les organisa-
teurs du concours ses plus chaleureuses féli-
citations.
Léon Estor.
■ »
IAIIMIN DE LA SALETTE
ET FROHSBORF
Le Cil Blas du 28 octobre dernier nous ap-
prend que M. le vicomte de Reiset, dans son
article Le Testament flu comte de Chambord
et la question NaundoTll, conteste la venue a
Frohsderf « du célèbre berger Maximin, le
voyant de la Salette ». Il ajoute : « L'auteur
de l'article de la Légitimité n'hésite pas à cer-
tifier cette visite, mais il néglige de nous ap-
prendre sur quelles preuves ou quels témoi-
gnages il base sa conviction. »
L'auteur de « l'article de la Légitimité incri-
miné, c'est moi. Cet article a paru dans la
Légitimité de mars 1000, p. 482.
Je m'adresse à la courtoisie bien connue du
Gil Elas, en lui demandant l'hos.pitalité de
ses colonnes pour répondre brièvement ce qui
suit :
La contestation de ladite visite de Maximin
est basée sur une lettre que M. de Reiset au-
rait reçue de M. le comte René de Monti, où
ce dernier dit : « Jamais, à ma connaissance,
Maximin n'est ven.u à, Frohsdorf, etc. » Et
il ajoute : « En admettant que ni moi ni mon
frère, qui, pourtant, faisions partie de la mai-
son, n'en ayons pas été avertis, il est impossi-
son,
ble qu'il en ait été de même pour mon oncle,
le comte Alexandre de Monti, qui possédait à
un si haut degré la confiance de Monseigneur,
et mon oncle ne nous aurait pas laissé ignorer
de pareils propos. »
Eh bien, messieurs, j'ai si peu « négligé de
vous apprendre sur quelles preuves ou quels
témoignages je basais ma conviction » que
voici ce qu'il vous sera facile de lire dans le
numéro de la Légitimité précité : « Je suis en
mestire d'affirmer que Maximin s'est rendu à
Frohsdorf, ou IL A EU UNE ENTREVUE AVEC Mgr
LE COMTE DE CHAMBORD. Je tiens ce fait pour
CERTAIN, parce qu'il a été révélé par M. le comte
Alexandre de Mpnti de Rézé, d'abord à sa fille,
Mme la baronne d'Izarn, et aussi à un très vé-
nérable ecclésiastique de Nantes, M. l'abbé
T., connu de tous les Nantais, mais dont je
dois taire le nom, sur sa demande expresse.
(Mme la baronne d'izarn le connaît bien.) Tous
tes deux m'ont certifie son exactitude. »
J'aime à croire que, dorénavant, M. de Reiset
avant de me contredire, voudra bien lire avec
plus d'attention ce que j'avance, quand je parle
d'un lait historique que je garantis être cer-
tain. D'un autre côté,. M. René de Monti cons-
tatera, peut-être avec étonnement, que si son
oncle M. le comte Alexandre de Monti de Reze
qui « possédait à un si haut degré la confiance
de Monseigneur » avait jugé devoir faire une
révélation importante à sa propre fille et à M.
l'abbé T., il ne s'était nullement cru obligé
de la confier à son neveu.
COMTE DE CORNTJLIER-LUCINTÈRE,
Général de division, en retraite.
j. m
i Informations politiques
UN INCIDENT PROFESSIONNEL
Mercredi soir, à l'issue du conseil de cabinet,
se produisait un incident auquel nous n'avions
pas cru devoir faire allusion parce qu'il ren-
trait simplement dans l'espèce des mésaven-
tures professionnelles dont nous devons nous
garer soigneusement, dans l'intérêt de nos
lecteurs d'abord, dans le nôtre ensuite : les
« ratages ». On désigne ainsi l'oubli d'un évé-
nement ou d'un document.
A la sortie du conseil de cabinét, M. Briand
et M1. Clemenceau nous informaient que les
agences nous communiqueraient dans la soirée
le texte de la délibération du conseil d'Etat sur
les associations cultuelles. La soirée se passa,
le document n'arriva pas et, à notre grande
surprise, il ne figurait, jeudi matin, que dans
deux journaux de Paris.
Jeudi soir, notre confrère- Georges Aubry,
président de l'Association des journalistes par-
lementaires, reçut nos doléances et s'efforça
de recueillir quelques renseignements.
Un sous-ordre de M. Briand avait interdit
aux agences de communiquer le document du
conseil'd'Etat à la presse parisienne. M.
Briand, informé du fait, nous affirma n'avoir
jamais donné pareille consigne et promit d'ou-
vrir une enquête. 1
A la suite de ses investigations, le ministre
des cultes a adressé la lettre suivante au prési-
dent de l'Association des journalistes parle-
mentaires .:
Paris, le 2 novembre 1906.
Mon cher président,
Vous avez bien voulu me confirmer par écrit
la protestation dont vous m'aviez saisi au sujet de
l'incident auquel a donné lieu la communication de
•l'avis (Ju Conseil d'Etat d'avant-hier.
Vous avez eu raison de penser qu'en cette cir-
constance, comme dans toutes les autres, je ne
me suis départi en rien de la courtoisie que j'ai tou-
jours tenu à observer dans mes rapports avec les
membres de la presse, sans distinction entre les
journaux, et que je n'ai pas été oublieux des liens
de solidarité confraternelle auxquels vous faites al-
lusion.
J'avais donné les instructions nécessaires pour
que l'avis du Conseil d'Etat fût communiqué à tous
les journaux et si, néanmoins, ie représentant de
l'Agence Havas a été prié de n'en donner le texte
qu'aux journaux des départements, c'est par suite
d'une méprise regrettable sur la portée de mes or-
dres. A mon cabinet on a eu le tort de supposer,
en présence du grand nombre d'informateurs qui
s'étaient rendus rue de Grenelle, que tous les jour-
naux de Paris y étaient représentés et d'en con-
clure que .la communication de l'avis à des jour-
naux par l'Agence Havàs devenait inutile.
C'est môme poussés par le désir de ne pas em-
piéter sur les attributions des informateurs que mes
collaborateurs ont cru devoir inviter cette Agence
à ne pas communiquèr aux journaux de Paris.
J'espère que vous voudrez bien excuser mes colla-
borateurs de l'erreur commise ; ils ont d'ailleurs
reçu des instructions formelles pour que pareil fait
ne se renouvelle pas.
Je vous prie, mon cher président, d'agréer l'as-
surance de mes meilleurs sentiments.
Aristide BRIAND.
L'incident est clos, et nous eussions été bien
surpris de rencontrer autre chose que la cour-
toisie la plus parfaite chez M. Briand, et on
peut être Certain que si quelqu'un en a man-
qué dans son entourage, c'est .absolument à
son insu. — E. D,
Une circulaire du garde des sceau-
™^ï.Guyot-I)essâigne, garde des sceaux, vient d'a-
dresser aux procureurs généraux près tke cours
d'appel, la circulaire suivante :
« Les diverses provocations et apofogies répm-
mées par l'article 23 de ia loi du- 29 juillet 1881 et
par les articles 24, 25 de la même loi modifiés par
la ici œ 12 décembre 1893, lM diffamations et in-
jures envers les amnées de terre et. de mer, pré-
vMa ffl les articles 30, 33 de la loi sur la pre.s.sel
donnent-souvent lieu, au point de- vue de l'exercice
de la poursuite, à des difficultés qu'il importé d'é-
vitetr à l'avenir. En effet, lorsque ces faits sont,
commis par la voie de la presse, de l'affichage ou
,enfm par la distribution d'imprimés, il est rare
que leur perpétration ne s'effectue pas simultané-
ment sur différents points du territoire, en sorte
qu'un certain nombre de parquets, ont, au même
titre, compétence pour en oonoiiaitre. Plusieurs
d'eaxtre eux peuvent alors exorcer en même temps,
devant des juridictions différentes, des poursuites
qui pourtant n'ont trait qu'à des faits délictueux
layant une origine unique.
« Aussi bien il importe à la bonne administra-
tion de la justice d'assurer l'uniformité des pour-
suites, et il est nécessaire pour arriver à ce résul-
tat que les parquets ne prennent pas l'initiative
d'engager l'action publique dans les affaires de ce
genre sans qu'il en ait été préalablement référé
à ma chancellerie..
« En conséquence, vous voudrez bien inviter vos
substituts à vous signaler sans aucun retard toutes
les infractions de cette nature dès qu'elles seront
tportées à leur connaissance.
« En mie communiquant les documents incrimi-
nés et les procès-verbaux, yous m'adresserez im-
médiatement un rapport circonstancié en sollicitant
les instructions de ma chancellerie.
« Je vous prie de vouloir, bien m'accuser récep-
tion de la présente cireulilire, qui remplacera les
instructions qui vous ont été données les 15 février
et Il août derniers.
« Signé: ED. GUYOT-DESSAIGNE. »
Relations commerciales franco-espagnoles
Nous rappelons que c'est aujourd'hui samedi à
2 heures qu'a lieu, dans le local de l'association gé-
nérale du Commerce et d'e l'Industrie des Tissus et
Matières textiles, 6, rue d'Aboukir, la réunion orga-
nisée par l'Union pour l'amélioration des Conven-
tions commerciales entre la France et l'Espagne,
sous la présidence de M. Lourties, vice-président
du Sénat.
Au ministère des travaux publics
M. Louis Barthou, ministre des travaux publics,
avait convoqué hier matin la délégation des gré-
vistes des tramways de la riive gauche, qui était
accompagnée de M. Coûtant, député. Le directeur
de la Compagnie avait été également convoqué.
Après des pourparlers qui ont duré deux heures
et demie, le ministre a réussi à mettre d'accord les
grévistes et la Compagnie.
Le travail reprendra aujourd'hui.
- Le monument Garibaldi
M. Raqueni, secrétaire général de la Ligue fran-
co-italienne, a été reçu par M. Pichon, ministre
des affaires étrangères, qui a accepté de faire par-
tie du comité d'honneur du monument Garibaldi et
promis de demander aussi son adhésion à M. Cle-
menceau, président du conseil.
Rappel démenti
Un journal du rnaVn se dit en mesure d'annon-
cer le rappel de M. Lagarde, ministre de France
en Abyesinie. Cette nouvelle est inexacte ; M. La-
garde dc~ prochainement prendre un congé, de
môme que son collègue le ministre d'Angleterre à
la oour de Ménélik.
La Banque d'Etat marocaine
Le comité spéciGJ, institué par l'article 57 de
l'acte d'Algésiras pour élaborer les statuts de la
banque d'Etat du Maroc, se réunit à nouveau à
Paris lundi 5 novembre, à La Banque de France,
SOUS la présidence, du gouverneur, pour établir le
règlement prévu par l'article 42 de l'acte d'Algé-
siras, règlement qui a pour but de préciser les rap-
ports de La banque d'Etat du Maroc avec le gou-
vernement mairocair*
LES VICTIMES DU "LUTIN
Les obsèques à Marseille. — Emouvante cérémonie.
Marseille, 2 novembre. — Par suite du mauvais
temps, le paquebot Saint-Augustin, transportant
les viotimes du Lutin, qui était attendu à 7 heures,
n'est arrivé dans le port de La Joliette qu'à midi
itireshte.
Le service des pompes funèbres a procédé aus-
sitôt au débarquement des qeize cercueils placés
dans le faux pont du paquebot.
Recouverts de drapeaux tricolores, ils sont trans-
portés dans la chapelle ardente dressée sur un
ponton de La Compagnie transatlantique et placés
sur un immense catafalque recouvert de dra.p noir
et orné de drapeaux.
De magnifiques couronnes, des bouquets de chry-
santhèmes et des fleurs sont déposés sur le cata-
falque et devant la chapelle ardente.
Cette première cérémonie a lieu en présence
de toutes les autorités, des officiers généraux, des
armées de terre et de mer et d'une foule nom-
breuse et respectueusement recueillie.
La garde d'honneur a été confiée au 10" régi-
ment d'infa-nterie.
Le service d'ordre est assuré par le 9° hussards
et le 14e de ligne.
A deux heures, le cortège se forme. Seize pro-
longes d'artillerie entièrement recouvertes de draps
noirs et ornées de nombreux écussons, de tro-
phées de drapeaux, viennent se ranger sur le quai -
devant la chapelle ardente.
Les bières sont transportées sur les prolonges,
pendant que les tambours battent lugubrement.
Le deuil est conduit par quelques parents des
victimes du Lutin, parmi lesquels MM. Carrière,
beau-père du commandant Fépoux, suivi par le
vice-arnimh Marquis, préfet maritime, ayant à
ses côtés M. Mastier, préfet des Bouches-du-Rhône;
M. ChalIlot, maire de Marseille ; le général Mathis,
commandant le 158 corps d'armée, et M. Thourel,
représentant le président du conseil général.
Suivent immédiatement les consuls d'Angleterre
et de Russie, les membres du Conseil général et
du Conseil municipal, les autorités civiles, mili-
taires et maritimes de la ville et de nombreuses
délégations.
L'émotion est très grande dans la foule.
Les discours. — L'amiral Marquis, M. Chanot, M.
Thourel adressent un dernier adieu.
Au milieu du grand recueillement, l'amiral Mar-
quis, représentant le ministre de la marine, s'a-
vance, et d'une voix ferme prononce l'éloge funè-
bre des malheureuses victimes du Lutin.
Après avoir remercié la population marseillaise
d'avoir assisté tout entière et dans une attitude
respectueuse, à ces obsèques, il indique que cette
triste et émouvante manifestation prouve une fois
de plus qu'en France tous les cœurs battent à l'u-
ni s son devant le danger comme devant le malheur.
M. Chanot, maire de Marseille, prend ensuite la
pcurole. #
M. Thourel, représentant le président du Con-
seil général, apporte, au nom de celte assemblée,
un suprême hommage et dernier adieu aux seize
des plus vaillants défenseurs de la marine, que
la France pleure dans un deuil général. « La
France, dit-il, admire ces hommes qui poussent le
culte du devoir jusqu'à l'agération, afin de se
(mieux préparer pour les luttes supvôinés ! »
A 3 h. 1/2, la triste cérémonie prend fin. Les
seize cercueils sont dirigés vers le hangar des Mes-
sageries et placés prs' l s soins des pompes funè-
bres, dans les fourgons plombés, qui les transpor-
teront vers leurs destinations respectives.
e » ■
PRlNCIA NOUVEAU PARFUM
VIOLET
2, Bo:J/4des ltalisfllJ,PARIS.
I" .umKammaH m i r i i
Déposition, inédite
Dili
li/L. dUL Paty de Clam
devant la Cour de Cassation, au cours de l'enquête de la révision Dreyfus
„ ■» O» ■■■
CHAMBRE CRIMINELLE
Séance du 11 Juin 1904
Troisième déposition de M. 'du Paty de Clam
(Suite)
Le 'témoin. — Je ne sais pas assez l'italien
pour vous donner une traduction pure, mais
je puis vous donner une traduction approchée.
Il y aurait eu :
Arrêté capitaine Dreyfus. Ministère de la. guerre
a eu dénonciation (si vous voulez pour le mot
prove) d'offres de révélations (ou des révélations
offertes) à l'Allemagne. La cause est instruite dans
le plus grand secret (et puis alors, trois mots dou-
teux), l'émissaire demeure prevenu.
M0 Mornard. — Eh bien, je voudrais savoir
quelle preuve de culpabilité contre Dreyfus on
fait résulter de ce texte-là ?
R. - je n'en infère aucune preuve de culpa-
bilité replie ; je dis tout simplement et je main-
tiens que ce texte a été falsifié au ministère
des affaires étrangères pour en substituer un
autre. e
M0 Mornard. — Quel intérêt avait le minis-
tère des affaires étrangères"?
R. — Je n'apprécie pas. Je dis ceci : ce texte
est arrivé au ministère de la guerre, mais il a
été falsifié, on lui en a substitué un autre, et
la chose a été connue et comprise et du colo-
nel Sandherr et d'autres officiers. Je signale
simplement un texte qui a été falsifié ; voilà
une question de fait. Quant à la question d'ap-
préeiation, c'est une autre affaire : je n'en sais
rien, je ne discute pas le texte. Le premier
texte est arrivé au ministère de la guerre ; il
a été vu par moi, il a été vu par d'autres ; j'ai
encore dans l'œil la manière dont il était écrit,
le graphisme de ce quart de papier écolier, et
une dizaine de jours après est arrivé un autre
texte qui était complètement différent et d'une
écriture autre.
Me Mornard. — Le texte que vous considé-
rez comme authentique, c'est le premier ?
Le témoin. — Oui, oui, je viens de le dire.
Me Mornard. - Mais vous reconnaissez que
vous ne voyez pas la preuve de culpabilité qu'on
en peut tirer contre Dreyfus ?
R. — Je dois dire que le premier texte ne
donnerait peut-être pas une preuve de culpa-
bilité, mais le texte, du second écarte complè-
tement Dreyfus. Voilà la différence qui est déjà
très grosse.
(Après lecture de .sa déposition, le témoin ajoute
la note complémentaire suivante :)
Je crois devoir ajouter ceci :
Pendant ma déposition, M. le procureur gé-
néral m'a interrompu plusieurs fois en disant :
« nous discuterons ».
Or, je crois devoir faire observer que je ne se-
rai pas admis à discuter personnellement ni par
mandataire. Devant les chambres réunies, le
débat sera unilatéraL
D'un côté il y aura M. l'avocat, défenseur
de Dreyfus par fonctions, et M. le procureur
général, défenseur de Dreyfus comme repré-
sentant les intérêts supérieurs de la politique
gouvernementale actuelle. >
De rautre côté, personne. ,
Si donc, on trouve un procédé pour échap-
per aux risques d'un troisième conseil de
guerre, les témoins à charge pourront, être
attaqués dans le débat final sans plus avoir
aucun moyen légal de réfuter des erreurs dont
l'expérience acquise au cours de mes déposi-
tions m'a permis de mesurer la gravité.
C'est pourquoi je m'élève aujourd'hui, tandis
que je le puis encore, contre les procédés par
lesquels on tenterait de discréditer mon témoi-
gnage.
A. -1 A plusieurs reprises, M. le procureur
général a cherché à me comprendre au nombre
des bénéficiaires de l'amnistie. Je ne suis pas
bénéficiaire de l'amnistie, car tous les faits
qui m'ont été injustement reproehés, y compris
le fameux chef d'accusation « faits à décou-
vrir », ont été l'objet d'une enquête longue et
minutieuse et sont Couverts par un arrêt de
justice contre tegtïéi n'est i&temnu w fait
nouveau lui enlevant son caractère légal de
chose jugée.
J'ai indiqué, tant au cours de l'instruction
sur l'affaire Humbert qu'ici même, quelles sont
les véritables catégories de bénéficiaires de
l'amnistie, savoir :
1° Les auteurs et complices de la falsifica-
tion du télégramme de l'agent B. en date du.
2 novembre 19W, dont le texte chiffré authen-
tique a été transformé en texte chiffré apocry-
phe, au ministère des affaires étrangères, à
l'aide de manœuvres qui ne sont pas toutes
couvertes par la loi d'amnistie, mais que l'in-
térêt supérieur de la politique gouvernemen-
tale pourrait faire couvrir de la prescription
décennale par prolongation de la présente en-
quête si elle s'étendait jusqu'au mois de no-
vembre prochain, et si aucun acte interruptif
ne venait à s'y opposer ;
2° Les auteurs et complices des manœuvres
criminelles faites depuis 1894 pour substituer
à Dreyfus d'autres personnalités, manœuvres
qui ont été la cause de l'acte payé de sa vie
par le colonel Henry ;
30 Les auteurs et complices de la produc-
tion des documents apocryphes signés Ester-
hazy, lesquels portent des dates antérieures à
celles de la saisie du bordereau en 1894, ont
été écrits postérieurement à cette date en se
servant comme modèle d'écriture d'un mau-
vais fac-similé du bordereau et présentant des
tares et particularités existantes sur le fac-
similé mais non sur le bordereau original ;
40 Le magistrat que j'ai dénoncé devant tou-
tes les juridictions et contre lequel j'ai formé
une plainte écrite pour avoir introduit sciem-
ment, dans une ordonnance judiciaire, des
faits faux et dont la fausseté a été officielle-
ment constatée dans un arrêt de la chambre
des mises en accusations, crime prévu et puni
des travaux forcés à perpétuité par l'article 146
du Code pénal, crime qui a valu à son auteur,
M. Bertulus, alors juge d'instruction, un avan-
cement de carrière et ici même une exclama-
tion apitoyée de M. le procureur général.
Tels sont les principaux actes criminels qui
ont été couverts et par l'amnistie et par l'inté-
rêt supérieur de la politique gouvernementale
qui a suspendu pour eux l'action des justes
lois : je pourrais en indiquer d'autres.
B. — Lors de ma première déposition, M. le
procureur général a dit, en s'appuyant sur des
textes incomplets, que j'avais refusé de m'ex-
pliquer sur certains faits devant le capitaine
Tavernier, rapporteur près le deuxième con-
seil de guerre de Paris. Je me rappelle que,
quelques jours après, j'ai produit les textes
complétés, démontrant péremptoirement que
je me suis formellement expliqué, pendant
deux séances entières sur tous les faits sur
lesquels le rapporteur a jugé à propos de m'in-
terroger.
En conséquence, M. le procureur général
était mal fondé, et serait encore aujourd'hui
mal fondé à prétendre que j'ai refusé de m'ex-
pliquer. Il n'a qu'à se reporter aux interroga-
toires finaux de l'enquête Tavernier.
Si je n'ai pas jugé à propos de reprendre le
récit des faits exposés ailleurs en détail, c'est
pour ne pas me prêter à une diversion qui au-
rait ea pour objet de noyer la partie essentielle
de ma déposition dans un flot de détails étran-
gers à l'instance en cours sur les faits dits nou-
veaux.
Quand M. le procureur général m'a posé la
question « avez-vous écrit tel ou tel docu-
ment ? », il ne pouvait ignorer que des exper-
tises répétées ont démontré que ni moi, ni per-
sonne de mon entourage ne pouvions être ac-
cusés de les avoir écrits. Il a entre les mains
les conclusions du capitaine Tavernier et les
rapports d'experts, et ces experts ont été dési-
gnés sur la proposition d'un homme qui ne
saurait être suspect de partialité en ma faveur,
M. Paul Meyer. -- - -
La stricte équité eùt votilii, il pie semble,
que la question me fût posée ainsi :
Vans avez été accusé par le colonel Picquart, à
telle époque, d'avoir éer/c tel ou tel document. Ces
accusations ont été reprises ultérieurement par le
[■ commandant t:.'drghêt. dans un intérêt qu'il n'y a
rpaslleu iscuter quant à présent. L'foiajiité de
E G"ÓS _45û.sÍiOM a été démontrée par une enquête
judiciaire régulièrement conduite. Savez-vous qui
est l'auteur des documents ?
Seulement en posant ainsi la question, on
faisait ressortir qui était le calomniateur ini-
ti.al et on établissait, par une procédure anté-
rieure, l'inanité de la calomnie, les manœu-
vres du calomniateur.
Actuellement, pour éviter de faire dévier un
débat qui, légalement, est limité aux faits nou-
veaux de nature à établir l'innocence du con-
damné, Dreyfus, je m'abstiens d'exposer la
cause initiale de ces calomnies et les manœu-
vres coupables qu'elles avaient pour but de
masquer. Cet exposé trouvera sa place ailleurs
dans un débat de fond, s'il y a lieu.
C. — Le commentaire secret établi par moi,
d'après les ordres et avec la collaboration du
colonel Sandherr, en 1894, renfermait la copie
d'une lettre de l'agent B. à l'agent A., dont
voici un extrait :
J'ai écrit encore au coionel Davignon, et c'est
pour ça que je vous prie, si vous avez l'occasion
de vous occuper de cette question avec votre ami,
de le faire particulièrement, en façon que Davi-
gnon vient pas à Le savoir.
Les recommandations faites par l'agent B.
au sujet du colonel Davignon, sous-chef du
deuxième bureau ne s'expliquent pas si l'ami
de l'agent A. appartient aux premier, troisième
ou quatrième bureaux et travaille par consé-
quent dans un autre corps de bâtiment, tandis
que les précautions sont logiques s'il s'agit
d'un officier placé au deuxième bureau, sous
les ordres directs du colonel Davignon et dont
celui-ci peut contrôler, fortuitement ou non,
les occupations et les travaux.
Dans le commentaire secret, il est dit à ce
sujet :
Résumé. — 1° L'agent A, en février dernier, a
un ami initié aux travaux confidentiels du premier
bureau.
(La question visée était du ressort de ce bureau.)
2° Cet ami est à ce moment dans l'orbite du
colonel Davignon.
Les termes de la lettre et ceux du commen-
taire sont bien nets : l'expression « ami » s'ap-
plique à la personne qui renseigne l'agent A.
Hé bien ! quand le colonel Davignon, aujour-
d'hui général, vient témoigner, M. le procu-
reur général lui pose une question aux termes
de laquelle c'est lui Davignon qui, dane- la
nentatre scure, est l'ami et l'ami de qui ?
De Dreyfus ! Naturellement le général Davi-
gnon proteste : le commentaire dont on lui a
communiqué les termes en les dénaturant de-
vient, dans l'esprit de ce témoin, un galima-
tias incompréhensible et il le dit. On conçoit
mes craintes. Plus tard, la déposition du géné-
ral Davignon sera commentée publiquement
sans recours possible de ma part, tandis que
le commentaire secret restera secret, com-
menté lui-même par le lieutenant-colonel Pic-
quart de façon à frapper les esprits des mem-
bres-de la cour non initiée au fonctionnement
des bureaux de l'état-major en i894, que ce
commentaire, dis-je, est une œuvre mons-
trueuse.
Bien plus, comme j'ai été avec l'autorisation
de mes chefs bien entendu, l'un des convives
de deux dîners où figura.it aussi l'agent A., on
insinuera (voir les dépositions et articles de
presse du lieutenant-colonel Picquart) que c'est
moi l'ami de l'agent A. et, par suite, l'officier
qui gravite dans l'orbite du colonel Davignon,
le traître dénoncé en avril 1894 par M. de V.
On se gardera bien d'ajouter que les deux
fameux dîners auxquels j'ai pris part, autorisé
par mes chefs, sont postérieurs à la lettre de
l'agent B. de février 1894 et qu'à cette époque,
c'est-à-dire au commencement de 1894, les rela-
tions courtoises criées par des raisons de service
entre l'agent A. et moi avaient été interrom-
pues par les circonstances pendant plusieurs
années. ".;"
Mais n'importe ! L'insinuation est lancée,
elle ferait son chemin ; pas bien loin, il est
vrai, parce qu'il faudrait s'expliquer, mais
juste assez pour qu'il en restât quelque chose.
(Fin des dépositions de M. du Paty de Clam.)
Demain, nous publierons la déposition- de
M. le lieutenant-colonel Hartmann.
Ili Cimon
A l'Etranger
Les automobiles au Congo
L'on me pardonnera, je pense sans difficulté,
de quitter un moment les questions de pure
politique — d'ailleurs je m'en occupe le moins
possible —1 po-ur indiquer à nos commerçants,
et particulièrement à nos constructeurs d'auto-
mobiles, les débouchés qu'ils pourraient trou-
ver au Congo belge.
Le département de l'Etat indépendant du
Congo, vient de faire terminer à Seraing des
expériences qui doivent guider cette adminis-
tration dans le choix de camions automobiles
qui assureraient le transport des marchandises
au Congo. On a essayé des moteurs à l'alcool,
à l'électricité et à la vapeur. Après de nom-
breuses tentatives, les autorités de l'Etat du
Congo se sont prononcées pour l'adoption d'une
voiture légère de 1.500 kilogs environ, action-
née par la vapeur à chaudière tubulaire à val
porisation instantanée.
Cette voiture doit pouvoir se chauffer au
bois. Le bois et l'eau se trouvant partout au
Congo, il n'est donc pas à craindre que les
voitures soient jamais privées en Afrique d'ali-
mentation. Les voitures à essence exigeaient,
en effet, l'envoi au Congo de ravitaillements
dispendieux.
Un des éléments principaux de la traction
automobile en Afrique, c'est l'élasticité indis-
pensable pour éviter la détérioration du ca-
mion. Ce point a été également longuement
,étudié. On fit d'abord des essais avec des roues
en fer. Le roulement était trop dur, et les
organes du véhicule étaient ébranlés. Il se pro-
sit souvent des ruptures entre les tubes de
conduite de vapeur de la chaudière, et le mé-
canisme était également parfois faussé. On ex-
périmenta alors l'adaptation de pneumatiques
aux roues du camion. Les résultats furent ex-
cellents, mais il était à craindre que les pneu-
matiques ne résistassent pas longtemps sous
les tropiques. On mit alors à l'essai des roues
de caoutchouc plein. On a pu constater qu'a-
vec ce système l'élasticité était bonne.
On a mis définitivement à l'épreuve trois voi-
tures du dernier type adopté par l'Etat du
Congo. L'essai a été couronné d'un plein suc-
sès. La première voiture éprouvée, a fait 28
kilomètres sans arrêt, à la vitesse de 14 kilo-
mètres à l'heure. Pas un accroc n'a été cons-
taté. Par suite du manque de temps, la durée
de l'expérience a dû être réduite pour les deux
autres voitures, mais, elles non plus, n'ont
donné lieu à aucune constatation défectueuse.
Les voitures étaient chargées, comme elles
le seront en Afrique, d'un poids d'une tonne ;
la pression dans la chaudière s'est parfaite-
ment maintenue ; la machine fonctionnait très
bien, et les voitures se laissaient diriger avec
une grande aisance.
Aux constructions françaises à se mettre à
rœuvre maintenant pour remporter victorieu-
sement les commandes sur les plans que ces
épreuves auront fixés.
Comte de Saint-Maurice.
La situation au Maroc
Protestation du corps diplomatique
Tanger 2 novembre. — Le cÕrps diplomatique
a protesté hier contre l'insuffisance des mesures
prises par les autorités chérificnnes pour assurer
Ta sécurité des Européens.
Le pacha de Tanger a réuni autour de sa maison
toutes les troupes disponible eo vue djxssurer sa
| iéQurité p'erBOllnell
Paniques à Tanger. — Les agissements de Raisouli
• -et -de ses soldats.
Tanger, 2 novembre. - Une quasi-panique s'est
produite aujourd'hui à Tanger quand on a appris
que les montagnards attaquaient les villages voi-
sins. Des hommes armés parcourent les rues, tan-
dis que les paysans, réunis dans la ville, s'enfuient.!
Une grande partie de la population est massée sur!
la place.
Les Andjeras se rassemblent sur les hauteurs',;
à 4 milles de Tanger, et razzient les -bestiaux de;
la tribu des Fahs.
Les habitants des villages dépendant de Raisouli -
se préparent pour une attaque.
Quoiqu'aucun danger n'existe pour les Européens,,'
on ne peut appeler ordre l'état de choses existant.,
Un conflit entre les gardes de la ville et les sol-
dats de Raisouli a déterminé une autre panique en
ville.
Les gens de Raisouli voulaient conduire à leutt
chef un voleur qu'ils venaient d'arrêter à Tanger.)
Les gardes des portes de Tanger s'y opposèrent, al-
léguant que cette affaire était une affaire purement;
locale et qu'elle devait être transmise au gouver-
neur.
Néanmoins, le voleur fut amené à Raisouli, qui
est maintenant en tliain de le faire fustiger d'une
façon brutale dans le marché extérieur, en présencer
du public.
Sur la frontière marocaine
Colomb-Béchar, 1er novembre. — Un troupeau dff
vingt chameaux en pâturage a été enlevé par un
djich, dans la journée du 28 octobre. Les malfai-
teurs ont emmené avec eux les deux enfants qui
gardaient le troupeau et ne les ont relâchés qu'à,
une distance suffisante pour qu'ils ne puissent pas
donner l'alarme. Dans ces conditions, te vol ne put
être signalé aux autorités militaires de Colomb-Bé-
char que dans la journée du 29 octobre.
Des détachements furent aussitôt envoyés dan9
toutes les directions, et l'un d'eux put retrouver lai
trace des ravisseurs. Comme toujours, le djich ve-
nait du Tafilalet où il retourne. Bien qu'il ait pris
une avance considérable, ion peut espérer qu'il
sera rejoint par nos cavaliers, qui ont été autorisés
à le poursuivre aussi loin que cela sera nécear
saire.
—■«— 8 MU M II M ■ J.
EN RUSSIE
Un nouvel emprunt russe
Saint-Pétersbourg, 2 novembre. — On annonce
de source autorisée qu'un projet d'emprunt à J'é.
tranger existe réellement et qu\m. agent officieux
du ministère des finances est attendu prochaine,
ment à Paris.
Une forteresse transformée en prison
—SLaint^Péier s bout-g, 1- t\r(J; — L'adminis-
tration centrale des prisons a décidé de convertir
la forteresse de Schlusselbourg, récemment trans-
férée par les autorités militaires au département
de la justice, en prison pouvant recevoir 350 déte-
nus. Les travaux de transformation commenceront
au printemps prochain.
Une grève de marins
Odessa, 2' •hbvembre. — Près de 3.000 marina
appartenant au commerce feront la grève demain
parce que les autorités ont refusé de reconnaître
leur syndicat.
L'Alliance des trois empereurs
Berlin, 1er novembre. — La National Zeitung,
s'occupe du récent séjour à Berlin de M. Iswolsky,
et de l'arrivée prochaine du baron d'/Ehrenthal, et
elle se demande ce que vaut le mot qiu on entend
maintenant répéter souvent à Berlin : l'alliance des
trois empereurs. La Russie et l'Autriche peuvent
ne pas nous revenir cher, mais mêiions-àious des
occasions ; au moment où notre diplomatie parait
prête à faire une tournée aux étalages, rappelons-
lui qu'il est des occasions qui coûtent toujours trop
cher.
De Vienne, on télégraphie qu'une dépêche dé -
Berlin à la Zeit répète la nouvelle que donnait ré-
cemment un journal de Budapest qu'il se prépare
un retour à l'alliance des trois empereurs, Russie,
Allemagne et Autriche, projet auquel M. d,Eliron-
thal serait gagné et se serait môme déjà employé
pendant son séjour à Saint-Pétersbourg. On na
veut pourtant pas y attacher grande créance, sur-
tout si cette alliance devait poursuivre son ancien
objectif contre l'ennemi intérieur.
En Autriche-Hongrie, où le souverain vient des
mettre en mouvement de sa propre initiative l'ini
troduction du suffrage universel dans les deux par-
ties de la monarohiej^ une alliance èms souverains
contre les aspirations constitutionnelles serait un
anachronisme inexplicable.
Les mémoires
du prince de Hohenlohe
Berlin. lor novembre. — Le professeur DelbrucK
croit pouvoir compléter le passage des mémoires
du prince de Hohenlohe où celui-ci mentionne l'op-
position de 1 empereur à la politique énergique que
Bismarck voulait inaugurer contre les socialistes:
à l'occasion des lois sociales. L'empereur, y est-il
dit, se révoltait et déclarait qu'il ne voulait pas
inaugurer son règne en tirant sur son peuple. M.,
Delbruck assure dans ses Preuszische Jahrbucher.
qu'il ne s'agissait de rien moins, dans l'idée de Bis-
marck, -que de supprimer le suffrage universel. Il
se prétend documenté par deux personnes qui tien-
nent leur information de la bouche même de Bis-
marck. Le chancelier estimait, d'après cette ver-,
sion, que les princes allemands qui avaient fondé
l'empire avaient aussi le droit de dissoudre le pacte
pour le reconstituer sur des bases nouvelles. C'é-
tait donc un coup d'Etat que projetait Bismarck et
qui n'a été empcéhé que par l'énergie de Guillau-
me II.
Le pasteur Stœcker se porte garant dans le
Reich de l'exactitude de cette révélation du profes-
seur Delbruck et il @ ajoute que la lettre de démis-
sion de Bismarck n'a jamais été publiée en entier,,
parce qu'elle contenait le développement de ce plan
bismarckien. Le Berliner Tageblatt conteste cette
version et qualifie de pures combinaisons fantaisis-
tes le complément que le professeur Delbruck et
M. Stœcker croient devoir apporter aux révélations
du prince de Hohenlohe.
I
Gazette Judiciaire
L'héritage du duc de Brunswick
Devant la première chambre du tribunal
présidée par M. Boudoux, est venu hier an
intéressant procès en « réclamation de mater-
nité ». qui vient donner un regain d'actualité
à ce fameux procès de la succession du duc
de Brunswick, plaidé en 1896 et en 1897, par,
M0 Waldéck-Rousseau.
Les héritiers, au nombre de cinq, avaient
obtenu à cette époque un jugement condam-
nant la ville de Genève à leur faire délivrance
de la somme de 180 millions dépendant de
l'héritage. Mais l'exequatur n'a pas été accor-
dé par la justice suisse.
Entre temps, mourut Tune des héritières,.
Marie-Thérèse Blanche de Civry. Or, celle-ci
aurait laissé une fille naturelle, Marie-Elisa.:
beth-Emma de Barizien, veuve Fournier, qui.
revendique aujourd'hui sa filiation devant la
lre chambre du tribunal.
M0 Ganniche s'est présenté nour elle, et le
jugement sera rendu à huitaine.
La nomination des magistrats
On critiquait ferme hier au Palais la- réso-,
lution prise par la chancellerie de proroger de*;
trois mois l'application des nouvelles règlesi
concernant la nomination et l'avancement des
magistrats; on prétendait que le gouverne-
ment n'avait eu en vue que de continuer à usée
plus longtemps du pouvoir arbitraire de nom'
mer les membres des cours et tribunaux.
La raison de cette prorogation du délai d'ap-
plication du décret du 8 août 1906 est boouOOUI:Y.'
plus simple. -
Il est bien vrai que les dispositions du décret
devaient être appliquées à partir du 16 novem-
bre prochain ; mais il fallait, pour qu'il en fûf!'.
ainsi, que le tableau d'avancement ait pu être*,
établi. Or, la commission chargée de ce soinfc
n'a été que récemment complétée : d'abord pan:,
le décret du 12 octobre courant désignant leS¡
quatre conseillers à la Cour de cassation qui
en font partie ; puis, par le décret du 16 du mê",,
me mois nommant le nouveau directeur deg;
affaires criminelles, gui en est également mem-
bre. -.. *- t~ ~tt
Cette commission s'est reunie aes le -=.u v,«
s'est, selon l'usage de toutes les commission
qui se respectent, divisée aussitôt en quatre
sous-commissions ; ce qui est plus curieuxÍ
c'est que les quatre sous-commissions se sont
mises au travail. Or, il est facile de compren
dre que, lorsqu'il s'agit de dresser, pour laf>
première fois, un tableau d'avancement noïjî
après leur rentrée dans le rang, on est seule-
ment surpris qu'ils aient jamais pu en sortir.
Aujourd'hui, l'état des esprits n'est plus le
même, ni au Parlement, ni dans la foule.
En choisissant sès collaborateurs, M. Cle-
menceau ne- leur laissa aucune illusion sur
les difficultés de la tâche, sur l'effort qu'il at-
tendait d'eux, et suw la. porte de ce cabinet
égayé par la décoration claire, les dorures frat-
possible médiocrité. »
Eugène Destez..
Le Monde
Paria.
Aujourd'hui l'ambassadeur du Japon à Paris et
Mme Kurino donneront une grande réception à l'oc-
casion de l'anniversaire de l'empereur du Japon.
- Le comte de KhevenhüUer-Me-stch, ambassa-
deur d'Autriehe-llongrie, est de retour à Paris hier
et a. repris aussitôt ia direction des services de
l'ambassade.
: - Le vendredi 9 novembre, à quatre heures et
demie, aux Galeries de la Charité, rue Pierre-Char-
ron, M. Cheysson, de l'Institut, fera, sous la prési-
dence de M. Georges Picot, une conférence sur
« L'Union familiale, œuvre de paix et d'hygiène so-
ciale. »
Cette cfmference sera agrêmentee de protections
électriques. ,
L'équipage de la duchesse d Uzès ne chassera
plus le jeudi, mais le mardi et le samedi de chaque
semaine. Rallye-Vallière chassera aujourd'hui
samedi. Du 6 novembre au 18 décembre, il ne se
réunira plus que le mardi en forêt d'Ermenonville,
tîbrs £ aris
- Une dépêche de Londres nous apprend que M.
Léoeoid de Rothschild, qui revenait d'une partie de
chasse chez lord Rothschild, a fait une chute de
cheval et a été blessé à l'une des clavicules.
Nôcrclogls.
Hier à midi, a Saint-Philippe-du-Roule, ont , éé
célébrées les obsèques de M. André Babmet, ingé-
nieur en chef des ponts et chaussées, fils de M. Ba.
binet, président de chambre honoraire à la Cour de
de cassation et gendre de M. Boule, inspecteur gé-
néral des poitfs et chaussées.
M. Barthou, ministre des travaux publics, était
représenté par M. NormaTKk
Le deuil était conduit par M. Pierre Babmet, son
fils M. Charles Babinet, son père, M. Augustin
Boulé, son beau-père ; MM. Louis Baïnnet, a
à la Cour d'appel, et Henri Babinet, d®3
eaux et forêts, ses frères, le colonel Babmet et M.
Lutcicn Gailot, ses oncles..
Dans la très nombreuse assistance :
M et Mme d'Arcosse, M. Fossé d'Arcosse, M. F.
de r-erville, M. Ballot-Beaupré, M. et Mme Jules
Ogier, Mme Botoy de la appelle, M. Gustave Olive,
Mme G du Bousquet, M. et Mme Léon Bertrand,
M. Edgar Valin M. A. Lemercier, etc.
L'inhumation a eu lieu au cimetière Montpar-
nassc. De Tanville.
tr ■ n -
Fil ES DELICES HGUBIB&NTÎ swlosoré
» -
I. Fallièrss
à l'Exposition de Chrysanthèmes
m —
L'inaugu ration, par le président -de la Répu-
blique, de l'Exposition de Chrysanthèmes, qui
devait se faire aujourd'hui à dix heures aux
serres du Cours-la-Reine, a été avancée pres-
que d'un jour et a eu lieu hier à deux heures
et demie..
Ces vingt heures de moins et la pluie persis-
tante transformant en marécages les parties
découvertes du Palais ont rendu de méchante
humeur nombre d'exposants peu habitués.. jus-
qu'ici à semblables mésaventures.
Et cependant, grâce au concours de tous, au
dévouement de chacun - Ouvriers et patrons
— grâce aussi à l'intelligente direction de la
commission d'organisation età l'énergie de son
président, tout était prêt à l'heure : tout ou
presque tout.
Mais pourquoi, puisque le samedi est consa-
cré à la réunion du conseil des ministres et
qu'on ne peut véritablement pas demander à
M. Pallières de modiller, pour l'agrément ou la
commodité de quelques-uns, si intéressants
soient-ils, cet ordre de choses, pourquoi, dis-
je, ne pas fixer dorénavant, à un vendredi l'i-
nauguration de cette ratissante exposition ?
Que l'on ne m'objecte pas que vingt-quatre
heures de plus, dans la durée de ce concours,
seraient nuisibles à cause de l'état des fleurs
déjà bien défraîchies le huitième jour. La rai-
son, certes, est valable, mais ce neuvième
jour n'existe-t-ill pas quand même pursque la
visite présidentielle a lieu le vendredi et qu'il
en sera vraisemblablement ainsi dans la suite ?
Ne serait-il pas possible de changer les
fleurs fanées dans la matinée du cinquième au
sixième jour (je ne parle point des plantes) 7
J'émets cette idée, non comme un avis ou
un conseil, mais seulement comme un soufrait
pouvant peut-être satisfaire tous les desiderata.
Et, malgré le suroroit- de dépenses que cette
opération leur imposerait, est-il beaucoup d'ex-
posants qui se refuseraient à la subir pour
donner plus de relief à leur exposition et ilajs-
ser ainsi, jusqu'au bout, à l'Exposition de
chrysanthèmes, toute son éclatante beauté ?
Je ne le crois pas.
Maintenant, est-ce faisable ? La réponse est
aux intéressés.
Bien que le concours actuei n'offre pas l'ad-
mirable richesse de Feucpesitiorc florale de mai,
il nous faut reconnaître que par la variété et
la nature des sujets, leurs dimensions et les
nuances du coloris, elle est digne en tous
points des succès qu'elle remporte annuelle-
ment.
L'exposition ne le cède en rien à ses devan-
cières, au éontraire. Chaque année, d'heureu-
ses transformations modifient la forme des
massifs et plates-bandes, faisant mieux ressor-
tir la valeur, la beauté et l'élégance de ces poé-
tiques fleurs. L'année qui suit ne ressemble
en rien à l'année qui procède, et l'on se de-
mande comment on peut arriver à produire
sans cesse du nouveau dans cet art si difficile,
illustré par Le Nqtre.
Si la société dliorticulTure a si bien pros-
péré sous l'habile et intelligente direction de
son président, M. Viger, il est juste de recon-
naître que le succès de ses expositions revient
en partie à M. Vacherot, l'aimable président
de la commission d'organisation, auteur de
tous ces plans et dessins auxquels le's connais-
seurs et les profanes ne ménagent point. l'éloge.
Cette année, les fruits sont exposés dans la
première rotonde et sur les grands côtés des
deux serres où se trouvent amoncelées toutes
les variétés de chrysanthèmes, coupées de
qu-edques massifs d'œillets et de bégonias.
La galerie couverte a subi de grandes modi-
fications : la partie médiane est occupée, dans
son entier, par la splendide exposition de
chrysanthèmes de la maison Vilmorin-An-
drieux et Cie. Parmi les variétés nouvelles, si-
gnalons : Ouragan, très grande fleur en forme
de houppe, couleur beurre frais — Mousson
grande fleur, fond blanc recouvert de rose ten-
dre - Aquilon, jaune - Eole, belle fleur de
couleur blanche aux reflets rose satiné. et
combien d'autres qu'il faudrait citer.
- IDerrière cette exposition se trouvent le buf-
fet, Forchestre et le théâtre des chrysanthèmes
où Mlle Martel, dira des poésies consacrées
aux fleurs.
Aux deux extrémités 3e la galerie, figurent
')cs salons des orchidées et des raisins.
Face à l'exposition Vilmorin-Andrieux, sur
une large estrade occupée par le salon des
fleuristes, signalons de suite l'originale ins-
tallation de la maison Edouard Debrie, de la
rue Volney. Ici encore nous trouvons du nou-
veau, toujours du nouveau. Fort intellierçni-
mcnÊ l'exposant a jugé que, puis/^ fon fêtait
le chrysau thème, un ensemble japonais s'im-
posait. Aussi nous ffiÕntre-t-il un décor inspi-
ré de Yokohama où les bambous entrelacés de
fleurs de chrysanthèmes, aux couleurs cha-
toyantes, forment le cadre d'un panneau, déli-
catement peint, représentant la mer sur la-
quelle planent, des oiseaux exotiques. C'est
d'un effet ravissant
L'exposition des légumes dans laquelle la
maison Vilmorin-Andrieux et Cie figure pour
la plus grande partie, a été installée, comme
les années précédentes, dans les dessous, sur
la berge, et sur les gradins de l'escalier cen-
tral. La variété des produits, toute la gamme
des légumes et le volume invraisemblable de
chacun d'eux étonne et fixe l'attention.
Le président de fa. République, accompagné
de M. Jean Lanes et du colonel Ebener est ar-
rivé à deux heures et demie aux serres du
Cours-la-Reine avec Mme et Mlle Fallières. Il
a été reçu par M. Ruau ministre de l'agricul-
ture, M. Viger président de la Société d'horti»
culture, Jules Vacherot président de la com-
mission d'organisation. M. de Selves, préfet de
la Seine et un grand nombre de notabilités
parlementaires.
Guidé par M. Viger, le Président a parcouru,
assez rapidement, l'exposition de chrysanthèr
mes, s'arrêtant souvent devant les produits
exposés, notamment. au salon des raisins et
exposés, à l'exposition de la maison Vilmorin-
surtout à l'exposition de la maison Vilmorin-
Andrieux dont il Q, grandement admiré l'élé-
gante insfàllation et pour laquelle il a vive-
ment complimenté M. Philippe Vilmorin.
Après un court séjour au salon de peinture;
le Président s'est retiré à trois heures et demie
adressant à M. Viger et à tous les organisa-
teurs du concours ses plus chaleureuses féli-
citations.
Léon Estor.
■ »
IAIIMIN DE LA SALETTE
ET FROHSBORF
Le Cil Blas du 28 octobre dernier nous ap-
prend que M. le vicomte de Reiset, dans son
article Le Testament flu comte de Chambord
et la question NaundoTll, conteste la venue a
Frohsderf « du célèbre berger Maximin, le
voyant de la Salette ». Il ajoute : « L'auteur
de l'article de la Légitimité n'hésite pas à cer-
tifier cette visite, mais il néglige de nous ap-
prendre sur quelles preuves ou quels témoi-
gnages il base sa conviction. »
L'auteur de « l'article de la Légitimité incri-
miné, c'est moi. Cet article a paru dans la
Légitimité de mars 1000, p. 482.
Je m'adresse à la courtoisie bien connue du
Gil Elas, en lui demandant l'hos.pitalité de
ses colonnes pour répondre brièvement ce qui
suit :
La contestation de ladite visite de Maximin
est basée sur une lettre que M. de Reiset au-
rait reçue de M. le comte René de Monti, où
ce dernier dit : « Jamais, à ma connaissance,
Maximin n'est ven.u à, Frohsdorf, etc. » Et
il ajoute : « En admettant que ni moi ni mon
frère, qui, pourtant, faisions partie de la mai-
son, n'en ayons pas été avertis, il est impossi-
son,
ble qu'il en ait été de même pour mon oncle,
le comte Alexandre de Monti, qui possédait à
un si haut degré la confiance de Monseigneur,
et mon oncle ne nous aurait pas laissé ignorer
de pareils propos. »
Eh bien, messieurs, j'ai si peu « négligé de
vous apprendre sur quelles preuves ou quels
témoignages je basais ma conviction » que
voici ce qu'il vous sera facile de lire dans le
numéro de la Légitimité précité : « Je suis en
mestire d'affirmer que Maximin s'est rendu à
Frohsdorf, ou IL A EU UNE ENTREVUE AVEC Mgr
LE COMTE DE CHAMBORD. Je tiens ce fait pour
CERTAIN, parce qu'il a été révélé par M. le comte
Alexandre de Mpnti de Rézé, d'abord à sa fille,
Mme la baronne d'Izarn, et aussi à un très vé-
nérable ecclésiastique de Nantes, M. l'abbé
T., connu de tous les Nantais, mais dont je
dois taire le nom, sur sa demande expresse.
(Mme la baronne d'izarn le connaît bien.) Tous
tes deux m'ont certifie son exactitude. »
J'aime à croire que, dorénavant, M. de Reiset
avant de me contredire, voudra bien lire avec
plus d'attention ce que j'avance, quand je parle
d'un lait historique que je garantis être cer-
tain. D'un autre côté,. M. René de Monti cons-
tatera, peut-être avec étonnement, que si son
oncle M. le comte Alexandre de Monti de Reze
qui « possédait à un si haut degré la confiance
de Monseigneur » avait jugé devoir faire une
révélation importante à sa propre fille et à M.
l'abbé T., il ne s'était nullement cru obligé
de la confier à son neveu.
COMTE DE CORNTJLIER-LUCINTÈRE,
Général de division, en retraite.
j. m
i Informations politiques
UN INCIDENT PROFESSIONNEL
Mercredi soir, à l'issue du conseil de cabinet,
se produisait un incident auquel nous n'avions
pas cru devoir faire allusion parce qu'il ren-
trait simplement dans l'espèce des mésaven-
tures professionnelles dont nous devons nous
garer soigneusement, dans l'intérêt de nos
lecteurs d'abord, dans le nôtre ensuite : les
« ratages ». On désigne ainsi l'oubli d'un évé-
nement ou d'un document.
A la sortie du conseil de cabinét, M. Briand
et M1. Clemenceau nous informaient que les
agences nous communiqueraient dans la soirée
le texte de la délibération du conseil d'Etat sur
les associations cultuelles. La soirée se passa,
le document n'arriva pas et, à notre grande
surprise, il ne figurait, jeudi matin, que dans
deux journaux de Paris.
Jeudi soir, notre confrère- Georges Aubry,
président de l'Association des journalistes par-
lementaires, reçut nos doléances et s'efforça
de recueillir quelques renseignements.
Un sous-ordre de M. Briand avait interdit
aux agences de communiquer le document du
conseil'd'Etat à la presse parisienne. M.
Briand, informé du fait, nous affirma n'avoir
jamais donné pareille consigne et promit d'ou-
vrir une enquête. 1
A la suite de ses investigations, le ministre
des cultes a adressé la lettre suivante au prési-
dent de l'Association des journalistes parle-
mentaires .:
Paris, le 2 novembre 1906.
Mon cher président,
Vous avez bien voulu me confirmer par écrit
la protestation dont vous m'aviez saisi au sujet de
l'incident auquel a donné lieu la communication de
•l'avis (Ju Conseil d'Etat d'avant-hier.
Vous avez eu raison de penser qu'en cette cir-
constance, comme dans toutes les autres, je ne
me suis départi en rien de la courtoisie que j'ai tou-
jours tenu à observer dans mes rapports avec les
membres de la presse, sans distinction entre les
journaux, et que je n'ai pas été oublieux des liens
de solidarité confraternelle auxquels vous faites al-
lusion.
J'avais donné les instructions nécessaires pour
que l'avis du Conseil d'Etat fût communiqué à tous
les journaux et si, néanmoins, ie représentant de
l'Agence Havas a été prié de n'en donner le texte
qu'aux journaux des départements, c'est par suite
d'une méprise regrettable sur la portée de mes or-
dres. A mon cabinet on a eu le tort de supposer,
en présence du grand nombre d'informateurs qui
s'étaient rendus rue de Grenelle, que tous les jour-
naux de Paris y étaient représentés et d'en con-
clure que .la communication de l'avis à des jour-
naux par l'Agence Havàs devenait inutile.
C'est môme poussés par le désir de ne pas em-
piéter sur les attributions des informateurs que mes
collaborateurs ont cru devoir inviter cette Agence
à ne pas communiquèr aux journaux de Paris.
J'espère que vous voudrez bien excuser mes colla-
borateurs de l'erreur commise ; ils ont d'ailleurs
reçu des instructions formelles pour que pareil fait
ne se renouvelle pas.
Je vous prie, mon cher président, d'agréer l'as-
surance de mes meilleurs sentiments.
Aristide BRIAND.
L'incident est clos, et nous eussions été bien
surpris de rencontrer autre chose que la cour-
toisie la plus parfaite chez M. Briand, et on
peut être Certain que si quelqu'un en a man-
qué dans son entourage, c'est .absolument à
son insu. — E. D,
Une circulaire du garde des sceau-
™^ï.Guyot-I)essâigne, garde des sceaux, vient d'a-
dresser aux procureurs généraux près tke cours
d'appel, la circulaire suivante :
« Les diverses provocations et apofogies répm-
mées par l'article 23 de ia loi du- 29 juillet 1881 et
par les articles 24, 25 de la même loi modifiés par
la ici œ 12 décembre 1893, lM diffamations et in-
jures envers les amnées de terre et. de mer, pré-
vMa ffl les articles 30, 33 de la loi sur la pre.s.sel
donnent-souvent lieu, au point de- vue de l'exercice
de la poursuite, à des difficultés qu'il importé d'é-
vitetr à l'avenir. En effet, lorsque ces faits sont,
commis par la voie de la presse, de l'affichage ou
,enfm par la distribution d'imprimés, il est rare
que leur perpétration ne s'effectue pas simultané-
ment sur différents points du territoire, en sorte
qu'un certain nombre de parquets, ont, au même
titre, compétence pour en oonoiiaitre. Plusieurs
d'eaxtre eux peuvent alors exorcer en même temps,
devant des juridictions différentes, des poursuites
qui pourtant n'ont trait qu'à des faits délictueux
layant une origine unique.
« Aussi bien il importe à la bonne administra-
tion de la justice d'assurer l'uniformité des pour-
suites, et il est nécessaire pour arriver à ce résul-
tat que les parquets ne prennent pas l'initiative
d'engager l'action publique dans les affaires de ce
genre sans qu'il en ait été préalablement référé
à ma chancellerie..
« En conséquence, vous voudrez bien inviter vos
substituts à vous signaler sans aucun retard toutes
les infractions de cette nature dès qu'elles seront
tportées à leur connaissance.
« En mie communiquant les documents incrimi-
nés et les procès-verbaux, yous m'adresserez im-
médiatement un rapport circonstancié en sollicitant
les instructions de ma chancellerie.
« Je vous prie de vouloir, bien m'accuser récep-
tion de la présente cireulilire, qui remplacera les
instructions qui vous ont été données les 15 février
et Il août derniers.
« Signé: ED. GUYOT-DESSAIGNE. »
Relations commerciales franco-espagnoles
Nous rappelons que c'est aujourd'hui samedi à
2 heures qu'a lieu, dans le local de l'association gé-
nérale du Commerce et d'e l'Industrie des Tissus et
Matières textiles, 6, rue d'Aboukir, la réunion orga-
nisée par l'Union pour l'amélioration des Conven-
tions commerciales entre la France et l'Espagne,
sous la présidence de M. Lourties, vice-président
du Sénat.
Au ministère des travaux publics
M. Louis Barthou, ministre des travaux publics,
avait convoqué hier matin la délégation des gré-
vistes des tramways de la riive gauche, qui était
accompagnée de M. Coûtant, député. Le directeur
de la Compagnie avait été également convoqué.
Après des pourparlers qui ont duré deux heures
et demie, le ministre a réussi à mettre d'accord les
grévistes et la Compagnie.
Le travail reprendra aujourd'hui.
- Le monument Garibaldi
M. Raqueni, secrétaire général de la Ligue fran-
co-italienne, a été reçu par M. Pichon, ministre
des affaires étrangères, qui a accepté de faire par-
tie du comité d'honneur du monument Garibaldi et
promis de demander aussi son adhésion à M. Cle-
menceau, président du conseil.
Rappel démenti
Un journal du rnaVn se dit en mesure d'annon-
cer le rappel de M. Lagarde, ministre de France
en Abyesinie. Cette nouvelle est inexacte ; M. La-
garde dc~ prochainement prendre un congé, de
môme que son collègue le ministre d'Angleterre à
la oour de Ménélik.
La Banque d'Etat marocaine
Le comité spéciGJ, institué par l'article 57 de
l'acte d'Algésiras pour élaborer les statuts de la
banque d'Etat du Maroc, se réunit à nouveau à
Paris lundi 5 novembre, à La Banque de France,
SOUS la présidence, du gouverneur, pour établir le
règlement prévu par l'article 42 de l'acte d'Algé-
siras, règlement qui a pour but de préciser les rap-
ports de La banque d'Etat du Maroc avec le gou-
vernement mairocair*
LES VICTIMES DU "LUTIN
Les obsèques à Marseille. — Emouvante cérémonie.
Marseille, 2 novembre. — Par suite du mauvais
temps, le paquebot Saint-Augustin, transportant
les viotimes du Lutin, qui était attendu à 7 heures,
n'est arrivé dans le port de La Joliette qu'à midi
itireshte.
Le service des pompes funèbres a procédé aus-
sitôt au débarquement des qeize cercueils placés
dans le faux pont du paquebot.
Recouverts de drapeaux tricolores, ils sont trans-
portés dans la chapelle ardente dressée sur un
ponton de La Compagnie transatlantique et placés
sur un immense catafalque recouvert de dra.p noir
et orné de drapeaux.
De magnifiques couronnes, des bouquets de chry-
santhèmes et des fleurs sont déposés sur le cata-
falque et devant la chapelle ardente.
Cette première cérémonie a lieu en présence
de toutes les autorités, des officiers généraux, des
armées de terre et de mer et d'une foule nom-
breuse et respectueusement recueillie.
La garde d'honneur a été confiée au 10" régi-
ment d'infa-nterie.
Le service d'ordre est assuré par le 9° hussards
et le 14e de ligne.
A deux heures, le cortège se forme. Seize pro-
longes d'artillerie entièrement recouvertes de draps
noirs et ornées de nombreux écussons, de tro-
phées de drapeaux, viennent se ranger sur le quai -
devant la chapelle ardente.
Les bières sont transportées sur les prolonges,
pendant que les tambours battent lugubrement.
Le deuil est conduit par quelques parents des
victimes du Lutin, parmi lesquels MM. Carrière,
beau-père du commandant Fépoux, suivi par le
vice-arnimh Marquis, préfet maritime, ayant à
ses côtés M. Mastier, préfet des Bouches-du-Rhône;
M. ChalIlot, maire de Marseille ; le général Mathis,
commandant le 158 corps d'armée, et M. Thourel,
représentant le président du conseil général.
Suivent immédiatement les consuls d'Angleterre
et de Russie, les membres du Conseil général et
du Conseil municipal, les autorités civiles, mili-
taires et maritimes de la ville et de nombreuses
délégations.
L'émotion est très grande dans la foule.
Les discours. — L'amiral Marquis, M. Chanot, M.
Thourel adressent un dernier adieu.
Au milieu du grand recueillement, l'amiral Mar-
quis, représentant le ministre de la marine, s'a-
vance, et d'une voix ferme prononce l'éloge funè-
bre des malheureuses victimes du Lutin.
Après avoir remercié la population marseillaise
d'avoir assisté tout entière et dans une attitude
respectueuse, à ces obsèques, il indique que cette
triste et émouvante manifestation prouve une fois
de plus qu'en France tous les cœurs battent à l'u-
ni s son devant le danger comme devant le malheur.
M. Chanot, maire de Marseille, prend ensuite la
pcurole. #
M. Thourel, représentant le président du Con-
seil général, apporte, au nom de celte assemblée,
un suprême hommage et dernier adieu aux seize
des plus vaillants défenseurs de la marine, que
la France pleure dans un deuil général. « La
France, dit-il, admire ces hommes qui poussent le
culte du devoir jusqu'à l'agération, afin de se
(mieux préparer pour les luttes supvôinés ! »
A 3 h. 1/2, la triste cérémonie prend fin. Les
seize cercueils sont dirigés vers le hangar des Mes-
sageries et placés prs' l s soins des pompes funè-
bres, dans les fourgons plombés, qui les transpor-
teront vers leurs destinations respectives.
e » ■
PRlNCIA NOUVEAU PARFUM
VIOLET
2, Bo:J/4des ltalisfllJ,PARIS.
I" .umKammaH m i r i i
Déposition, inédite
Dili
li/L. dUL Paty de Clam
devant la Cour de Cassation, au cours de l'enquête de la révision Dreyfus
„ ■» O» ■■■
CHAMBRE CRIMINELLE
Séance du 11 Juin 1904
Troisième déposition de M. 'du Paty de Clam
(Suite)
Le 'témoin. — Je ne sais pas assez l'italien
pour vous donner une traduction pure, mais
je puis vous donner une traduction approchée.
Il y aurait eu :
Arrêté capitaine Dreyfus. Ministère de la. guerre
a eu dénonciation (si vous voulez pour le mot
prove) d'offres de révélations (ou des révélations
offertes) à l'Allemagne. La cause est instruite dans
le plus grand secret (et puis alors, trois mots dou-
teux), l'émissaire demeure prevenu.
M0 Mornard. — Eh bien, je voudrais savoir
quelle preuve de culpabilité contre Dreyfus on
fait résulter de ce texte-là ?
R. - je n'en infère aucune preuve de culpa-
bilité replie ; je dis tout simplement et je main-
tiens que ce texte a été falsifié au ministère
des affaires étrangères pour en substituer un
autre. e
M0 Mornard. — Quel intérêt avait le minis-
tère des affaires étrangères"?
R. — Je n'apprécie pas. Je dis ceci : ce texte
est arrivé au ministère de la guerre, mais il a
été falsifié, on lui en a substitué un autre, et
la chose a été connue et comprise et du colo-
nel Sandherr et d'autres officiers. Je signale
simplement un texte qui a été falsifié ; voilà
une question de fait. Quant à la question d'ap-
préeiation, c'est une autre affaire : je n'en sais
rien, je ne discute pas le texte. Le premier
texte est arrivé au ministère de la guerre ; il
a été vu par moi, il a été vu par d'autres ; j'ai
encore dans l'œil la manière dont il était écrit,
le graphisme de ce quart de papier écolier, et
une dizaine de jours après est arrivé un autre
texte qui était complètement différent et d'une
écriture autre.
Me Mornard. — Le texte que vous considé-
rez comme authentique, c'est le premier ?
Le témoin. — Oui, oui, je viens de le dire.
Me Mornard. - Mais vous reconnaissez que
vous ne voyez pas la preuve de culpabilité qu'on
en peut tirer contre Dreyfus ?
R. — Je dois dire que le premier texte ne
donnerait peut-être pas une preuve de culpa-
bilité, mais le texte, du second écarte complè-
tement Dreyfus. Voilà la différence qui est déjà
très grosse.
(Après lecture de .sa déposition, le témoin ajoute
la note complémentaire suivante :)
Je crois devoir ajouter ceci :
Pendant ma déposition, M. le procureur gé-
néral m'a interrompu plusieurs fois en disant :
« nous discuterons ».
Or, je crois devoir faire observer que je ne se-
rai pas admis à discuter personnellement ni par
mandataire. Devant les chambres réunies, le
débat sera unilatéraL
D'un côté il y aura M. l'avocat, défenseur
de Dreyfus par fonctions, et M. le procureur
général, défenseur de Dreyfus comme repré-
sentant les intérêts supérieurs de la politique
gouvernementale actuelle. >
De rautre côté, personne. ,
Si donc, on trouve un procédé pour échap-
per aux risques d'un troisième conseil de
guerre, les témoins à charge pourront, être
attaqués dans le débat final sans plus avoir
aucun moyen légal de réfuter des erreurs dont
l'expérience acquise au cours de mes déposi-
tions m'a permis de mesurer la gravité.
C'est pourquoi je m'élève aujourd'hui, tandis
que je le puis encore, contre les procédés par
lesquels on tenterait de discréditer mon témoi-
gnage.
A. -1 A plusieurs reprises, M. le procureur
général a cherché à me comprendre au nombre
des bénéficiaires de l'amnistie. Je ne suis pas
bénéficiaire de l'amnistie, car tous les faits
qui m'ont été injustement reproehés, y compris
le fameux chef d'accusation « faits à décou-
vrir », ont été l'objet d'une enquête longue et
minutieuse et sont Couverts par un arrêt de
justice contre tegtïéi n'est i&temnu w fait
nouveau lui enlevant son caractère légal de
chose jugée.
J'ai indiqué, tant au cours de l'instruction
sur l'affaire Humbert qu'ici même, quelles sont
les véritables catégories de bénéficiaires de
l'amnistie, savoir :
1° Les auteurs et complices de la falsifica-
tion du télégramme de l'agent B. en date du.
2 novembre 19W, dont le texte chiffré authen-
tique a été transformé en texte chiffré apocry-
phe, au ministère des affaires étrangères, à
l'aide de manœuvres qui ne sont pas toutes
couvertes par la loi d'amnistie, mais que l'in-
térêt supérieur de la politique gouvernemen-
tale pourrait faire couvrir de la prescription
décennale par prolongation de la présente en-
quête si elle s'étendait jusqu'au mois de no-
vembre prochain, et si aucun acte interruptif
ne venait à s'y opposer ;
2° Les auteurs et complices des manœuvres
criminelles faites depuis 1894 pour substituer
à Dreyfus d'autres personnalités, manœuvres
qui ont été la cause de l'acte payé de sa vie
par le colonel Henry ;
30 Les auteurs et complices de la produc-
tion des documents apocryphes signés Ester-
hazy, lesquels portent des dates antérieures à
celles de la saisie du bordereau en 1894, ont
été écrits postérieurement à cette date en se
servant comme modèle d'écriture d'un mau-
vais fac-similé du bordereau et présentant des
tares et particularités existantes sur le fac-
similé mais non sur le bordereau original ;
40 Le magistrat que j'ai dénoncé devant tou-
tes les juridictions et contre lequel j'ai formé
une plainte écrite pour avoir introduit sciem-
ment, dans une ordonnance judiciaire, des
faits faux et dont la fausseté a été officielle-
ment constatée dans un arrêt de la chambre
des mises en accusations, crime prévu et puni
des travaux forcés à perpétuité par l'article 146
du Code pénal, crime qui a valu à son auteur,
M. Bertulus, alors juge d'instruction, un avan-
cement de carrière et ici même une exclama-
tion apitoyée de M. le procureur général.
Tels sont les principaux actes criminels qui
ont été couverts et par l'amnistie et par l'inté-
rêt supérieur de la politique gouvernementale
qui a suspendu pour eux l'action des justes
lois : je pourrais en indiquer d'autres.
B. — Lors de ma première déposition, M. le
procureur général a dit, en s'appuyant sur des
textes incomplets, que j'avais refusé de m'ex-
pliquer sur certains faits devant le capitaine
Tavernier, rapporteur près le deuxième con-
seil de guerre de Paris. Je me rappelle que,
quelques jours après, j'ai produit les textes
complétés, démontrant péremptoirement que
je me suis formellement expliqué, pendant
deux séances entières sur tous les faits sur
lesquels le rapporteur a jugé à propos de m'in-
terroger.
En conséquence, M. le procureur général
était mal fondé, et serait encore aujourd'hui
mal fondé à prétendre que j'ai refusé de m'ex-
pliquer. Il n'a qu'à se reporter aux interroga-
toires finaux de l'enquête Tavernier.
Si je n'ai pas jugé à propos de reprendre le
récit des faits exposés ailleurs en détail, c'est
pour ne pas me prêter à une diversion qui au-
rait ea pour objet de noyer la partie essentielle
de ma déposition dans un flot de détails étran-
gers à l'instance en cours sur les faits dits nou-
veaux.
Quand M. le procureur général m'a posé la
question « avez-vous écrit tel ou tel docu-
ment ? », il ne pouvait ignorer que des exper-
tises répétées ont démontré que ni moi, ni per-
sonne de mon entourage ne pouvions être ac-
cusés de les avoir écrits. Il a entre les mains
les conclusions du capitaine Tavernier et les
rapports d'experts, et ces experts ont été dési-
gnés sur la proposition d'un homme qui ne
saurait être suspect de partialité en ma faveur,
M. Paul Meyer. -- - -
La stricte équité eùt votilii, il pie semble,
que la question me fût posée ainsi :
Vans avez été accusé par le colonel Picquart, à
telle époque, d'avoir éer/c tel ou tel document. Ces
accusations ont été reprises ultérieurement par le
[■ commandant t:.'drghêt. dans un intérêt qu'il n'y a
rpaslleu iscuter quant à présent. L'foiajiité de
E G"ÓS _45û.sÍiOM a été démontrée par une enquête
judiciaire régulièrement conduite. Savez-vous qui
est l'auteur des documents ?
Seulement en posant ainsi la question, on
faisait ressortir qui était le calomniateur ini-
ti.al et on établissait, par une procédure anté-
rieure, l'inanité de la calomnie, les manœu-
vres du calomniateur.
Actuellement, pour éviter de faire dévier un
débat qui, légalement, est limité aux faits nou-
veaux de nature à établir l'innocence du con-
damné, Dreyfus, je m'abstiens d'exposer la
cause initiale de ces calomnies et les manœu-
vres coupables qu'elles avaient pour but de
masquer. Cet exposé trouvera sa place ailleurs
dans un débat de fond, s'il y a lieu.
C. — Le commentaire secret établi par moi,
d'après les ordres et avec la collaboration du
colonel Sandherr, en 1894, renfermait la copie
d'une lettre de l'agent B. à l'agent A., dont
voici un extrait :
J'ai écrit encore au coionel Davignon, et c'est
pour ça que je vous prie, si vous avez l'occasion
de vous occuper de cette question avec votre ami,
de le faire particulièrement, en façon que Davi-
gnon vient pas à Le savoir.
Les recommandations faites par l'agent B.
au sujet du colonel Davignon, sous-chef du
deuxième bureau ne s'expliquent pas si l'ami
de l'agent A. appartient aux premier, troisième
ou quatrième bureaux et travaille par consé-
quent dans un autre corps de bâtiment, tandis
que les précautions sont logiques s'il s'agit
d'un officier placé au deuxième bureau, sous
les ordres directs du colonel Davignon et dont
celui-ci peut contrôler, fortuitement ou non,
les occupations et les travaux.
Dans le commentaire secret, il est dit à ce
sujet :
Résumé. — 1° L'agent A, en février dernier, a
un ami initié aux travaux confidentiels du premier
bureau.
(La question visée était du ressort de ce bureau.)
2° Cet ami est à ce moment dans l'orbite du
colonel Davignon.
Les termes de la lettre et ceux du commen-
taire sont bien nets : l'expression « ami » s'ap-
plique à la personne qui renseigne l'agent A.
Hé bien ! quand le colonel Davignon, aujour-
d'hui général, vient témoigner, M. le procu-
reur général lui pose une question aux termes
de laquelle c'est lui Davignon qui, dane- la
nentatre scure, est l'ami et l'ami de qui ?
De Dreyfus ! Naturellement le général Davi-
gnon proteste : le commentaire dont on lui a
communiqué les termes en les dénaturant de-
vient, dans l'esprit de ce témoin, un galima-
tias incompréhensible et il le dit. On conçoit
mes craintes. Plus tard, la déposition du géné-
ral Davignon sera commentée publiquement
sans recours possible de ma part, tandis que
le commentaire secret restera secret, com-
menté lui-même par le lieutenant-colonel Pic-
quart de façon à frapper les esprits des mem-
bres-de la cour non initiée au fonctionnement
des bureaux de l'état-major en i894, que ce
commentaire, dis-je, est une œuvre mons-
trueuse.
Bien plus, comme j'ai été avec l'autorisation
de mes chefs bien entendu, l'un des convives
de deux dîners où figura.it aussi l'agent A., on
insinuera (voir les dépositions et articles de
presse du lieutenant-colonel Picquart) que c'est
moi l'ami de l'agent A. et, par suite, l'officier
qui gravite dans l'orbite du colonel Davignon,
le traître dénoncé en avril 1894 par M. de V.
On se gardera bien d'ajouter que les deux
fameux dîners auxquels j'ai pris part, autorisé
par mes chefs, sont postérieurs à la lettre de
l'agent B. de février 1894 et qu'à cette époque,
c'est-à-dire au commencement de 1894, les rela-
tions courtoises criées par des raisons de service
entre l'agent A. et moi avaient été interrom-
pues par les circonstances pendant plusieurs
années. ".;"
Mais n'importe ! L'insinuation est lancée,
elle ferait son chemin ; pas bien loin, il est
vrai, parce qu'il faudrait s'expliquer, mais
juste assez pour qu'il en restât quelque chose.
(Fin des dépositions de M. du Paty de Clam.)
Demain, nous publierons la déposition- de
M. le lieutenant-colonel Hartmann.
Ili Cimon
A l'Etranger
Les automobiles au Congo
L'on me pardonnera, je pense sans difficulté,
de quitter un moment les questions de pure
politique — d'ailleurs je m'en occupe le moins
possible —1 po-ur indiquer à nos commerçants,
et particulièrement à nos constructeurs d'auto-
mobiles, les débouchés qu'ils pourraient trou-
ver au Congo belge.
Le département de l'Etat indépendant du
Congo, vient de faire terminer à Seraing des
expériences qui doivent guider cette adminis-
tration dans le choix de camions automobiles
qui assureraient le transport des marchandises
au Congo. On a essayé des moteurs à l'alcool,
à l'électricité et à la vapeur. Après de nom-
breuses tentatives, les autorités de l'Etat du
Congo se sont prononcées pour l'adoption d'une
voiture légère de 1.500 kilogs environ, action-
née par la vapeur à chaudière tubulaire à val
porisation instantanée.
Cette voiture doit pouvoir se chauffer au
bois. Le bois et l'eau se trouvant partout au
Congo, il n'est donc pas à craindre que les
voitures soient jamais privées en Afrique d'ali-
mentation. Les voitures à essence exigeaient,
en effet, l'envoi au Congo de ravitaillements
dispendieux.
Un des éléments principaux de la traction
automobile en Afrique, c'est l'élasticité indis-
pensable pour éviter la détérioration du ca-
mion. Ce point a été également longuement
,étudié. On fit d'abord des essais avec des roues
en fer. Le roulement était trop dur, et les
organes du véhicule étaient ébranlés. Il se pro-
sit souvent des ruptures entre les tubes de
conduite de vapeur de la chaudière, et le mé-
canisme était également parfois faussé. On ex-
périmenta alors l'adaptation de pneumatiques
aux roues du camion. Les résultats furent ex-
cellents, mais il était à craindre que les pneu-
matiques ne résistassent pas longtemps sous
les tropiques. On mit alors à l'essai des roues
de caoutchouc plein. On a pu constater qu'a-
vec ce système l'élasticité était bonne.
On a mis définitivement à l'épreuve trois voi-
tures du dernier type adopté par l'Etat du
Congo. L'essai a été couronné d'un plein suc-
sès. La première voiture éprouvée, a fait 28
kilomètres sans arrêt, à la vitesse de 14 kilo-
mètres à l'heure. Pas un accroc n'a été cons-
taté. Par suite du manque de temps, la durée
de l'expérience a dû être réduite pour les deux
autres voitures, mais, elles non plus, n'ont
donné lieu à aucune constatation défectueuse.
Les voitures étaient chargées, comme elles
le seront en Afrique, d'un poids d'une tonne ;
la pression dans la chaudière s'est parfaite-
ment maintenue ; la machine fonctionnait très
bien, et les voitures se laissaient diriger avec
une grande aisance.
Aux constructions françaises à se mettre à
rœuvre maintenant pour remporter victorieu-
sement les commandes sur les plans que ces
épreuves auront fixés.
Comte de Saint-Maurice.
La situation au Maroc
Protestation du corps diplomatique
Tanger 2 novembre. — Le cÕrps diplomatique
a protesté hier contre l'insuffisance des mesures
prises par les autorités chérificnnes pour assurer
Ta sécurité des Européens.
Le pacha de Tanger a réuni autour de sa maison
toutes les troupes disponible eo vue djxssurer sa
| iéQurité p'erBOllnell
Paniques à Tanger. — Les agissements de Raisouli
• -et -de ses soldats.
Tanger, 2 novembre. - Une quasi-panique s'est
produite aujourd'hui à Tanger quand on a appris
que les montagnards attaquaient les villages voi-
sins. Des hommes armés parcourent les rues, tan-
dis que les paysans, réunis dans la ville, s'enfuient.!
Une grande partie de la population est massée sur!
la place.
Les Andjeras se rassemblent sur les hauteurs',;
à 4 milles de Tanger, et razzient les -bestiaux de;
la tribu des Fahs.
Les habitants des villages dépendant de Raisouli -
se préparent pour une attaque.
Quoiqu'aucun danger n'existe pour les Européens,,'
on ne peut appeler ordre l'état de choses existant.,
Un conflit entre les gardes de la ville et les sol-
dats de Raisouli a déterminé une autre panique en
ville.
Les gens de Raisouli voulaient conduire à leutt
chef un voleur qu'ils venaient d'arrêter à Tanger.)
Les gardes des portes de Tanger s'y opposèrent, al-
léguant que cette affaire était une affaire purement;
locale et qu'elle devait être transmise au gouver-
neur.
Néanmoins, le voleur fut amené à Raisouli, qui
est maintenant en tliain de le faire fustiger d'une
façon brutale dans le marché extérieur, en présencer
du public.
Sur la frontière marocaine
Colomb-Béchar, 1er novembre. — Un troupeau dff
vingt chameaux en pâturage a été enlevé par un
djich, dans la journée du 28 octobre. Les malfai-
teurs ont emmené avec eux les deux enfants qui
gardaient le troupeau et ne les ont relâchés qu'à,
une distance suffisante pour qu'ils ne puissent pas
donner l'alarme. Dans ces conditions, te vol ne put
être signalé aux autorités militaires de Colomb-Bé-
char que dans la journée du 29 octobre.
Des détachements furent aussitôt envoyés dan9
toutes les directions, et l'un d'eux put retrouver lai
trace des ravisseurs. Comme toujours, le djich ve-
nait du Tafilalet où il retourne. Bien qu'il ait pris
une avance considérable, ion peut espérer qu'il
sera rejoint par nos cavaliers, qui ont été autorisés
à le poursuivre aussi loin que cela sera nécear
saire.
—■«— 8 MU M II M ■ J.
EN RUSSIE
Un nouvel emprunt russe
Saint-Pétersbourg, 2 novembre. — On annonce
de source autorisée qu'un projet d'emprunt à J'é.
tranger existe réellement et qu\m. agent officieux
du ministère des finances est attendu prochaine,
ment à Paris.
Une forteresse transformée en prison
—SLaint^Péier s bout-g, 1- t\r(J; — L'adminis-
tration centrale des prisons a décidé de convertir
la forteresse de Schlusselbourg, récemment trans-
férée par les autorités militaires au département
de la justice, en prison pouvant recevoir 350 déte-
nus. Les travaux de transformation commenceront
au printemps prochain.
Une grève de marins
Odessa, 2' •hbvembre. — Près de 3.000 marina
appartenant au commerce feront la grève demain
parce que les autorités ont refusé de reconnaître
leur syndicat.
L'Alliance des trois empereurs
Berlin, 1er novembre. — La National Zeitung,
s'occupe du récent séjour à Berlin de M. Iswolsky,
et de l'arrivée prochaine du baron d'/Ehrenthal, et
elle se demande ce que vaut le mot qiu on entend
maintenant répéter souvent à Berlin : l'alliance des
trois empereurs. La Russie et l'Autriche peuvent
ne pas nous revenir cher, mais mêiions-àious des
occasions ; au moment où notre diplomatie parait
prête à faire une tournée aux étalages, rappelons-
lui qu'il est des occasions qui coûtent toujours trop
cher.
De Vienne, on télégraphie qu'une dépêche dé -
Berlin à la Zeit répète la nouvelle que donnait ré-
cemment un journal de Budapest qu'il se prépare
un retour à l'alliance des trois empereurs, Russie,
Allemagne et Autriche, projet auquel M. d,Eliron-
thal serait gagné et se serait môme déjà employé
pendant son séjour à Saint-Pétersbourg. On na
veut pourtant pas y attacher grande créance, sur-
tout si cette alliance devait poursuivre son ancien
objectif contre l'ennemi intérieur.
En Autriche-Hongrie, où le souverain vient des
mettre en mouvement de sa propre initiative l'ini
troduction du suffrage universel dans les deux par-
ties de la monarohiej^ une alliance èms souverains
contre les aspirations constitutionnelles serait un
anachronisme inexplicable.
Les mémoires
du prince de Hohenlohe
Berlin. lor novembre. — Le professeur DelbrucK
croit pouvoir compléter le passage des mémoires
du prince de Hohenlohe où celui-ci mentionne l'op-
position de 1 empereur à la politique énergique que
Bismarck voulait inaugurer contre les socialistes:
à l'occasion des lois sociales. L'empereur, y est-il
dit, se révoltait et déclarait qu'il ne voulait pas
inaugurer son règne en tirant sur son peuple. M.,
Delbruck assure dans ses Preuszische Jahrbucher.
qu'il ne s'agissait de rien moins, dans l'idée de Bis-
marck, -que de supprimer le suffrage universel. Il
se prétend documenté par deux personnes qui tien-
nent leur information de la bouche même de Bis-
marck. Le chancelier estimait, d'après cette ver-,
sion, que les princes allemands qui avaient fondé
l'empire avaient aussi le droit de dissoudre le pacte
pour le reconstituer sur des bases nouvelles. C'é-
tait donc un coup d'Etat que projetait Bismarck et
qui n'a été empcéhé que par l'énergie de Guillau-
me II.
Le pasteur Stœcker se porte garant dans le
Reich de l'exactitude de cette révélation du profes-
seur Delbruck et il @ ajoute que la lettre de démis-
sion de Bismarck n'a jamais été publiée en entier,,
parce qu'elle contenait le développement de ce plan
bismarckien. Le Berliner Tageblatt conteste cette
version et qualifie de pures combinaisons fantaisis-
tes le complément que le professeur Delbruck et
M. Stœcker croient devoir apporter aux révélations
du prince de Hohenlohe.
I
Gazette Judiciaire
L'héritage du duc de Brunswick
Devant la première chambre du tribunal
présidée par M. Boudoux, est venu hier an
intéressant procès en « réclamation de mater-
nité ». qui vient donner un regain d'actualité
à ce fameux procès de la succession du duc
de Brunswick, plaidé en 1896 et en 1897, par,
M0 Waldéck-Rousseau.
Les héritiers, au nombre de cinq, avaient
obtenu à cette époque un jugement condam-
nant la ville de Genève à leur faire délivrance
de la somme de 180 millions dépendant de
l'héritage. Mais l'exequatur n'a pas été accor-
dé par la justice suisse.
Entre temps, mourut Tune des héritières,.
Marie-Thérèse Blanche de Civry. Or, celle-ci
aurait laissé une fille naturelle, Marie-Elisa.:
beth-Emma de Barizien, veuve Fournier, qui.
revendique aujourd'hui sa filiation devant la
lre chambre du tribunal.
M0 Ganniche s'est présenté nour elle, et le
jugement sera rendu à huitaine.
La nomination des magistrats
On critiquait ferme hier au Palais la- réso-,
lution prise par la chancellerie de proroger de*;
trois mois l'application des nouvelles règlesi
concernant la nomination et l'avancement des
magistrats; on prétendait que le gouverne-
ment n'avait eu en vue que de continuer à usée
plus longtemps du pouvoir arbitraire de nom'
mer les membres des cours et tribunaux.
La raison de cette prorogation du délai d'ap-
plication du décret du 8 août 1906 est boouOOUI:Y.'
plus simple. -
Il est bien vrai que les dispositions du décret
devaient être appliquées à partir du 16 novem-
bre prochain ; mais il fallait, pour qu'il en fûf!'.
ainsi, que le tableau d'avancement ait pu être*,
établi. Or, la commission chargée de ce soinfc
n'a été que récemment complétée : d'abord pan:,
le décret du 12 octobre courant désignant leS¡
quatre conseillers à la Cour de cassation qui
en font partie ; puis, par le décret du 16 du mê",,
me mois nommant le nouveau directeur deg;
affaires criminelles, gui en est également mem-
bre. -.. *- t~ ~tt
Cette commission s'est reunie aes le -=.u v,«
s'est, selon l'usage de toutes les commission
qui se respectent, divisée aussitôt en quatre
sous-commissions ; ce qui est plus curieuxÍ
c'est que les quatre sous-commissions se sont
mises au travail. Or, il est facile de compren
dre que, lorsqu'il s'agit de dresser, pour laf>
première fois, un tableau d'avancement noïjî
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