Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1871-05-23
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 mai 1871 23 mai 1871
Description : 1871/05/23 (N709). 1871/05/23 (N709).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75363930
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/10/2012
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ItfDICTION
S'atlttéiir au Secrétaire de la Réâaetife^
De 3 à 7 heures du soir
18) KTJB BB YA&Qlt, 19' /25
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J9 aafiB&critf son iasâréB se Mreat ptp rtJlgà
ANNONCES
au Ch. LAGRANGE, CERF et Ç*
1 6, place d. la Bourae., 6".
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ADMINISTRATION
J5, EOULEVARB M03ÏMABÏE*, e
•AB®s»E»sï:vïè
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Trois mois. n t)
Six mois. 21 »
BÊP.iRTEKEiVrt -
Troïs mois.,. H 6
Six mois. 21 J
Adresser les réclamations et manuscrits
A M. ALBERT BARBIECX
t — ,■ -J" ,- : r *! .-'«Mil»'' -
PARIS
ET LA FRAN CF i
I
Voulez-vous tous rendre compte de et
'est cette ville, — Paris? Mettez-la aux
ises avec la France.
Et d'abord éclate une question. Quelle
la fille? quelle est la mère? Doute pa-
nique. Stupéfaction du penseur.
Ces deux géantes en viennent aux
ans. De quel côté est la voie de fait
pie?
Cela s'est-il donc déjà vol
Oui.
C'est même presque un fait normal.
Paris s'en va seuî, la France suit de
ce, et irritée; plus tard elle s'apaise
applaudit; c'est une des formes de
tre vie nationale.
Une diligence passe avec un drapeau;
3 vient de Paris. Le drapeau n'est plus
drapeau, c'est une flamme, et toute la
Inée de poudre humaine prend feu der-
re lui.
Vouloir toujours ; c'est le fait de Paris.
as croyez qu'il dort, non, il veut. La
onté de Paris en permanence, c"est là
dont ne se doutent pas assez les gouver-
nents de transition. Paris est toujours
état de préméditation. Il a une patience
stre mûrissant lentement un fruit. Les
âges passent sur sa fixité. Un beau
ir, c'est fait. Paris décrète un événe-
nt. La France, brusquement mise en
neure, obéit.
Cet échange d'effluves entre Paris cen-
, et la France sphère, cette lutte qui
semble à un balancement de gravita-
as, ces alternatives de résistance et
dhésion, ces accès de colère de la na-
: a contre la cité, puis ces acceptations,
t cela indique nettement que Paris,
te tête, est plus que la tête d'un peu-
Le mouvement est français, l'impul-
n est parisienne. Le jour où l'histoire,
Venue de nos jours si lumineuse, don-
na à ce fait singulier la valeur qu'il a,
verra clairement le mode d'ébranle-
- : nt universel, de quelle façon le progrès
tre en matière, sous quels prétextes la
«« ration s'attarde, et comment la masse
1 maine se désagrège en avant-garde et
, arrière-garde, de telle sorte que l'une
>> déjà à Washington, tandis que l'autre
t encore à César.
Sur ce conflit séculaire, et si fécond en
: mation, de la nation et de la cité, po-
3 la Révolution, voici ce que donne ce
,'ossiEst'ment :
> D'un côté la Convention, ;
De l'autre la Commune.
Duel titanique.
Ne reculons pas devant les mots : la
Convention incarne un fait définitif, le
Peuple ; et la Commune incarne un fait
isnsitoire, la Populace. Mais ici la Popu-
Use, personnage immense, a droit. Elle
■ 3t la Misère, et elle.a quinze siècles d'âge.
luménide vénérable. Furie auguste. Cette
- Hede Méduse a des vipères, mais des
heveux blancs.
La Commune a droit; la Convention a
lison. C'est là ce qui est superbe. D'un
ôté la Populace, mais sublimée ; de l'au-
rç, le Peuple, mais transfiguré. Et ces
ieux animosités ont un amour, le genre
tumain ; et ces deux chocs ont une résul-
ante, la Fraternité. Telle est la magnifi-
ence de notre Révolution.
Les révolutions ont un besoin de li-
terté, c'est leur but, et un besoin d'auto-
ité, c'est leur moyen. La convulsion étant
tonnée, l'autorité peut aller jusqu'à la
Uctature et la liberté jusqu'à l'anarchie.
De là un double accès despotique qui a le
:.ombre caractère de la nécessité, un ac-
tès dictatorial et un accès anarchique. Os-
cillation prodigieuse.
Blâmez si vous voulez, mais vous blâ-
mez l'élément. Ce sont des faits de stati-
que, sur lesquels vous dépensez de la co-
tère. La force des choses se gouverne par
%, plus B, et les déplacements du pendule
tiennent peu de compte de votre mécon-
teatement.
Ce double accès despotique, despotisme
d'assemblée, despotisme de fuule, cette
bataille inouïe entre le procédé à l'état
d'empirisme et le résultat à l'état d'ébau-
che, cet antagonisme inexprimable du but
et du moyen, la Convention et la Cern.
mune le représentent avec une grandeur
extraordinaire. Elles font visible la philo-
sophie de l'h iitoi re.
La Convention de France et la Garn-
is une de Paris sont deux quantités de Ré-
w~ CespRt deux valeurs, ce «mt
deux chiffres. C'est l'A plus B dont nous
parlions tout à l'heure. Des chiffres ne se
combattent pas, ils se multiplient. qchi.
miquement, ee qui lutte se combine. Ré-
volutionnairement aussi.
Ici l'avenir se bifurque et montre ses
deux têtes. Il y a plus de civilisation dans
la Convention et plus de révolution dans
la Commune. Les violences que fait la
Commune à la Convention ressemblent
aux douleurs utiles de l'enfantement.
Un nouveau genre humain, c'est quel*
que chose. Ne marchandons pas trop qui
nous donne ce résultat.
Devant l'histoire, la Révolution étant un
lever de lumiêre venu à son heure, la
Convention est une forme de la nécessité,
la Commune est l'autre; noires et subli-
mes formes vivantes debout sur l'horizon,
et, dans ee vertigineux crépuscule où il y a
tant de clarté derrière tant de ténèbres,
l'œil hésite entre les silhouettes énormes
des deux colosses.
L'un est Léviathan, l'autre est Béhé-
moth.
VICTOR HUGO.
i mi a — www
î LA GUERRE DES RUES
J, - .¡¡{J;,i.
L'horrible péripétie de cette abominable
guerre a éclaté, — plus tard qu'on ne le
croyait à Versailles, mais plus tôt qu'on
ne le croyait à Paris. Surprise ou trahi-
son, les troupes de M. Thiers ont franchi,
presque sans obstacle, les remparts. Et
maintenant voilà, dans nos tues et dans
nos maisons, la bataille entre nos citoyens
et nos soldats qui devient une boucherie,
voilà le duel qui devient un corps à corps 1
Nous qui, depuis le commencement de
l'affreuse lutte, n'avons pas cessé un jour
et une heure de conseiller, d'implorer la
paix et l'accord, que pouvons-nous dire
aujourd'hui? Recommander la concilia-
tion à Versailles ? ce serait lui demander
grâce; la recommander à Paris ? ce serait
l'affaiblir dans son courage et le blesser
dans son honneur.
Il est trop tard ! il est trop tard 1 nous
n'avons plus qu'à jeter ce cri désespéré
et à laisser en silence couler à flots le sang
de notre cher Paris, de notre pauvre pa-
trie.
-
Et cependant, s'il restait un peu de
France et d'humanité au cœur des gens
de Versailles, c'est maintenant, c'est
quand ils se sont avancés jusque là —
qu'ils devraient reculer.
Nous le savons par tous ceux qui sont
allés à Versailles, on y avait cette croyance
obstinée et cette conviction absolue : —
que le jour de l'entrée des troupes dans
Paris serait la fin de la guerre ; — que la
garde nationale ne tiendrait pas un ins-
tant derrière les barricades et s'évanoui-
rait tout de suite dans un immense sauve-
qui-peut, - et qu'en tout cas les gardes
nationaux de l'ordre se chargeraient d'ar-
rêter et de combattre eux-mêmes les gar-
des nationaux de l'insurrection
Eh bien 1 il n'en est rien. Nous avons
vu, nous avons entendu, tout le jour, les
défenseurs des barricades; ils sont plus
résolus, plus ardents, plus enthousiastes
que jamais. Pas d'emphase et pas d'ex-
travagance, ils ont un calme superbe et
terrible; ils ne parlent plus de faire sauter
Paris, ils disent simplement qu'ils veulent
vaincre ou mourir.
Il ne s'agit plus de la Commune, on ne
parle plus guère de la Commune et elle ne
fait plus guère parler d'elle. C'est bien
Paris, Paris tout entier, qui est debout,
et qui combat pour son droit et pour sa
liberté.
Commune ! Assemblée ! mais voyez
donc et frémissez ! Ce n'est plus votre pou-
voir et votre orgueil qui sont, pour vous,
en cause ; c'est, directement et véritable-
ment, Paris et la France qui sont, par
vous, en lutte !
Nous l'avons toujours dit, et nous le ré-
pétons, nous sommes contre l'Assemblée,
mais nous ne sommes pas pour la Com-
mune. Ce que nous défendons, ce que
nous aimons, ce que nous admirons, c'est
Paris.
Nous sommes pour Paris, parce que
Paris c'est aussi la France. Nous sommes
pour le citoyen, parce que le soldat est
citoyen aussi.
Nous voyions, P!).s plus tard qu'hier,
près de la mairie de Montmartre, passer
devant nous ce groupe : un garde natio-
nal avec sa femme et son petit enfant;
la femme portait fièrement, la courroie
passée sur l'épaule, le fusil dç Jh wnuy?
l'homme portait doucement dans ses bras
sa petite fille, et Us semblaient tous trois
bien heureux.
Et je me disais : Si, étranger, je tom-
bais dans quelque ville lointaine en proie
à la guerre civile, et qu'à moi, ignorant
des causes et des passions de cette guerre,
on demandât : — Pour qui voulez-vous
être ici? — je répondrais : — Je ne sais
pas, mais je suis pour le parti de ce père,
de cette femme et de ce petit enfant.
I PAUL MEURICE,
LA JOURNBp
Rentrée des Ters»Ulate«
M. Thiers annonçait samedi qu'il « n'a-
vait jamais été aussi près du succès H.
M. Thiers avait raison : il savait perti-
nemment à quoi s'en tenir, il savait que,
le lendemain, deux portes de Paris se-
raient non pas emportées d'assaut, mais
livrées. On ne peut pas répondre d'une
action militaire, mais on peut toujours
répondre d'une trahison.
Qui a ouvert ces portes? ou du moins
qui a laissé passer les Versaillais? On
nomme tel ou tel bataillon et même tel ou
tel chef; la chose est si grave que nous ne
voulons désigner et accuser personne. Mais
il est certain que dimanche, après l'héroïque
résistance des précédents jours, il n'y a pas
eu d'assaut, il n'y a pas eu de combat, et
et les redans des portes de Saint-Cloud et
d'Auteuil étaient pris par les ruraux, à la
même heure, entre cinq et six heures,
presque sans coup férir.
La surprise a amené la panique. Quand
les gardes nationaux ont vu les Versail-
lais dans la place, ils se sont crus cernés,
ils se sont vus livrés ; le désordre s'est mis
dans leurs rangs et ils n'ont plus pensé
qu'à fuir.
-
Les troupes versaillaises, lentement,
prudemment, ont occupé Billancourt et
Passy.
A Passy, elles ont fait un temps d'arrêt à
la porte de la Muette avant d'occuper les
rues, où l'on redoutait quelque retour
offensif
En même temps, les détachements qui
étaient entrés par la porte de Saint-Cloud
suivaient la rive droite de la Seine, par
l'arche du viaduc, et s'emparaient du che-
min de fer de ceinture. -
Un certain nombre de fédérés s'étaient
cependant arrêtés ou étaient revenus sur
leurs pas jusqu'à leurs barricades. Sur
plus d'un point, les ruraux ont dû à leur
tour se replier ou tourner les positions :
les chefs Versaillais ménagent la vie de
leurs soldats et aiment mie ux perdre du
temps que des hommes ; là où ils ren-
contraient une résistance sérieuse, ils
attendaient.
Ils attendaient leurs mitrailleuses et
leurs pièces de campagne, qu'on a réussi
à faire entrer par les portes si mal gar-
dées, et qui ont bientôt criblé de projec-
tiles les défenseurs des barricades.
De là ce feu violent qui, mêlé à une ar-
dente fusillade, a effrayé Paris dans une
partie de la soirée.
Après quoi, tout s'est tu ; et cette nuit-là
a été relativement beaucoup plus calme que
les autres.,
Il*
Les bruits qui s'étaient répandus le soir
dans Paris étaient tous contradictoires.
A l'état-major, le colonel Henry ne sa-
vait à quoi s'en tenir sur les récits, tous
opposés, des estafettes et des gardes natio-
naux effarés.
Le délégué de la guerre, le citoyen De-
lescluze, a pu de bonne foi enwver, à
neuf heures, aux journaux, une dépêche
rassurante, annonçant que les Versaillais
avaient essayé une nouvelle attaque, qui
avait été repoussée comme celle de la nuit
précédente.
A minuit seulement, le délégué de la
guerre, mieux renseigné par des récits
plus exacts, montait en voiture et, escorté
par quelques chasseurs de la Commune,
partait pour Passy afin de s'assurer lui-
même de la vérité.
Le reporter du Rappel nous avait ap-
porté le récit très fidèle de l'entrée des
Versaillais et de la débandade qui s'en
était suivie. Ses lignes étaient composées
et déjù mises en page, quand d'autres té-
moins très sincères vinrent nous affir-
mer que les Versaillais, craignant d'être
cernés, n'avaient pu tenir dans Paris et
avaient dû, ea hâte et en désordre, re-
prendre, au delà des remparts, leurs posi-
browski avait, selon eux, déjà repris la
Muette.
Nous arrêtions alors le tirage; aimant
mieux rester en deçà de la vérité que de
contribuer à répandre dans Paris la désas-
treuse nouvelle, si elle était exagérée ou
prématurée.
;~-
Elle n'était que trop réelle. — Dans
cette nuit noire, où se taisaient les ca-
nons, la générale battait, le tocsin son-
nait, et on sentait que ce n'était plus seu-
lement la menace, que c'était le danger.
Les Versaillais, avec des précautions
infinies, s'avançaient lentement, mais sû-
rement. Aux premières heures du jour, ils
occupaient en force toute la partie sud-
ouest de Paris, dans la zone arrondie qui
va de Montrouge à la gare Saint-Lazare.
Rive gRlIelae.
On ne saIt pas encore au juste com-
ment les Versaillais sont entrés dans Paris
sur la rive gauche. Ont-ils pu, après l'oc-
cupation du Point-du-Jemr et de Billan-
court, remonter en bateaux la Seine et
faire, par le quai non gardé, une des-
cente sans péril? ou bien, toutefois, pu
pénétrer par les portes de Versailles et de
Vanves? Les versions diffèrent sur ce
point.
Toujours est-il qu'ils ont pu tourner et
surprendre l'Ecole-Militaire, d'où l'état-
major était absent.
La résistance qu'ils y ont rencontrée ne
leur a coûté que peu de monde, et ils y
ont fait d'assez nombreux prisonniers.
Un parc d'artillerie assez important
avait été réuni à l'Ecole-Militaire. On ne
sait s'il est tombé au pouvoir des ruraux.
Le ministère de la guerre, qui n'est pas
défendable, avait dû être évacué, et son
personnel s'était transporté, avant le jour,
à l'Hôtel-de-Ville.
C'est également à l'Hôtel-de-Ville que
siège le Comité central.
Le poste de la prison du Cherche-Midi,
trop faible pour résister, s'est aussi replié
sur le centre de Paris ; les gardiens ont
pris peur, et les détenus ont pu reprendre
tous leur liberté. Faut-il ajouter que pour
la plupart ils ont passé du côté des Versail-
lais.
Les Invalides, l'Esplanade jusqu'au
ministère des affaires étrangères et la mai-
rie de Saint-Thomas-d'Aquin, sont aussi
aux ruraux.
Il va sans dire qu'ils occupent Grenelle,
Vaugirard et Montrouge.
Les fédérés sont cependant restés maî-
tres d'une partie de la rive gaucue, et se
sont empressés d'y élever ou d'y complé-
ter les barricades.
La rue du 31 octobre en a deux, l'une
à l'entrée du quai ; l'autre à la hauteur de
Saint-Germain-des-Prés.
Les carrefours : le carrefour Buci, le
carrefour de la Croix-Rouge, le carrefour
de l'Ancienne-Comédie, ont aussi leurs
barricades.
La rue Dauphine a la sienne sur le
quai.
Nous n'avons pu savoir si la résistance
avait pu s'organiser aussi activement du
côté de la Halle aux vins et du Jardin des
Plantes.
Aussi craint-on un mouvement tour-
nant des troupes de Versailles par la bar-
rière d'Italie.
La cité est bien protégée et bien gardée.
Le Pont-Neuf, le Pont-au-Change et le
Pcnt-Saint-Michel ont leurs travaux de
défense, et il est probable que l'Ile-Saint-
Louis, qui est le premier rempart de
l'Hôtel-de-Ville, a4es siennes.
Il est difficile, pour ne pas dire impos-
sible, d'avoir des renseignements précis
sur ce point. Les communications entre la
rive droite et la rive gauche, qui avaient
été déjà gênées le matin, ont été absolu-
ment interrompues dans l'après-midi.
Pu.,.. - Champs-Elysées.
Les Versaillais, avec des précautions
infinies, se sent avancés, de Huit, dans
Paris, et aux premières lueurs du jour ils
tenaient le Trocadéro.
Ils y avaient mis en position deux bat-
teries volantes, qui dominaient à la fois
les barricades des quais et celles des ave-
nues aboutissant à l'Arc-de-Triomphe.
Aussi l'Arc-de-Triomphe lui-même
était bientôt au pouvoir des ruraux, et
dès midi, on y pouvait voir flotter le dra-
peau tricolore.
Le flot de l'armée de M. Thiers a pu ga-
gner ainsi les Ternes, le boulevard de
~i~ M~, MaJJ~r~
parc Monceaux, une partie de Batignolles
et le haut du boulevard Haussmann.
Mais il s'en faut qu'ils aient gagné sans
perte tout ce terrain, où cependant ta lar-
geur des voies rendait bien difficile une
défense qu'on n'avait pas eu le temps de
préparer.
Les fédérés ne se repliaient que lente-
ment, et se retournaient pour tirer, en se
servant de tous les accidents, des bancs,
des arbres, des vespasiennes.
La fusillade a été très-vive et très-nour-
rie sur tout ce parcours. Les balles et les
éclats de mitraille arrivaient jusqu'à la rue
de la Chaussée-d'Antin. Un jeune garçon
de douze ans a été tué, et une dame griè-
vement blessée.
Cette belle résistance donnait tout au
moins le temps aux gardes nationaux de
construire des barricades au centre. Mais
elle n'a pu empêcher les Versaillais d'arri-
ver jusqu'au carrefour du b oulevard Haus-
smann et de s'emparer de la caserne de
la Pépinière, qui, du rest-j, n'a pas été dé-
fendue.
On assurait même, dans la soirée, que
la gare Saint-Lazare était en leur pouvoir.
Mais à cette extrême limite s'arrête et
doit s'arrêter leur progrès. Ils ne pour-
ront maintenant aller plus loin sans subir
des pertes sérieuses,
----
Batipolles-HontiiiaHre." )
C'est à Batignolles que le général Dom-
browski a transporté son quartier-géné-
ral.
Une formidable barricade garde l'en-
trée de la grande rue des Batignolles.
Nous voyons défiler devant la mairie
une compagnie composée uniquement de
citoyennes, presque toutes armées de fu-
-sils, et d'une allure tout à fait martiale et
résolue.
Montmartre est relativement calme. Là
les barricades étaient déjà prêtes. On
complète celle de la place Pigale par un
contrefort en retour qui bouche entière-
ment le boulevard.
Batignolles a reçu d'assez nombreux
obus dans la journée d'hier. Montmartre
n'en a eu encore pour sa part que cinq ou
six.
La batterie de Montmartre ne -cesse de
tirer. j"---" -
,,_
La nuit.
La nuit a été noire, silencieuse, sinis-
tre. Jamais, dans cet cet affreux hiver que
nous venons de traverser, Paris n'avait
été si morne et si lugubre.
Pas un passant. Des patrouilles, des
piquets, des ombres muettes s'agitant
derrière les barricades.
Dès neuf heures du soir, les laisser-
passer ne suffisaient plus ; il fallait avoir
le mot d'ordre pour circuler.
Jusqu'à trois heures du matin, pas un
coup de feu n'a été tiré.
De la rue de Valois, nous entendors
ensuite une fusillade intermittente, assez
rapprochée. Le bruit semble venir de la
place de la Concorde et des Champs-
ftysies. A
LIGUE D'UNION RlPlIBUW
,- 9ES DROITS DE PARIS* M
11 » 1 **v
La Ligue d'union républicaine a com-
pris que sa mission, loin d'être terminée,
devenait plus importante, plus nécessaire
que jamais.
Elle maintient fermement le programme
qu'elle a formulé dès le commencement
de la guerre.
Les délégués du congrès de Lyon et les
délégués de l'Hérault, présents à Paris,
délibèrent et agissent d'accord avec la
Ligue.
Elle s'est déclarée eh permanence, au
siège de la Ligue, rue Béranger, 3.
——————— « r M ——————
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE #
Liberté - Egalité - Fraternité
COMMUNE DE PARIS {
Comité de Salut Public
'::!f' Soldats de l'armée de Versailles, #
Le peuple de Paris ne croira jamars
que vous puissiez diriger contre lui vos
armes quand sa poitrine touchera les
vôtres ; nos mains reculeraient devant vu
acte qui serait un véritable fratricide
Comme nous, vous êtes prolétaires ;
comme nous, vous avez int,:rut à ne plus
laisser aux monarchiste conjurés le droit
de boire votre sa-»g comme ils boivent
vos sueurs.
é Gç qu%vous ave? J?it au 18 vous
It
»
le ferez encore, et le peuple n'aura pas la
douleur de combattre des hommes qu'il
regarde comme des frères et qu'il voudrait
voir s'asseoir avec lui au banquet civique
de la Liberté et de l'Égalité.
Venez à nous, frères, venez à nous; nos
bras vous sont ouverts 1
'Le 3 prairial an 70.
Le Comité de salut public?
AXT. ARNAUD, BEiLIOBAY, E. EUDESj
F. GAMBOY, G. BAN VIE R. -
COMMUNE PE PARIS. c.
COMITÉ DE SA LUT PUBLIC
Que tous les bons citoyens se lèvent!
Aux barricades 1 Feunemi est dans nos
murs!
Pas d'hésitations!
En avant pour la République, pour 1,;
Commune et pour la Liberté 1
A AUX -- ,-
Paris, 22 mai 1871.
- • Le Comité de salut public,
1 ÂNT. ARNAUD, EUDIS, BlLUOfe^
, F. GAJlBON, G BARVIttH.
AU PEUPLE DE PARIS
Citoyens,
Assez de militarisme, plus d'états-major
galonnés et dorés sur toutes les coutures 1
Place au peuple, aux combattants, eux
bras nus ! L'heu.e de la guerre révolue.
tionnaire a sonné. -
Le peuple ne connaît rien aux manœu-
vres savantes; mais quand il a un fusil à
la main, un pavé sous les pieds, il ne
craint pas tous les stratégistes de Fécole
monarchiste.
Aux armes; citoyens, aux armes t
s'agit, vous le saveà, de vaincre ou de
tomber dans les mains impitoyables des
réactionnaises et des cléricaux de Versail-
les, de ces misérables qui ont (de parti
pris, livré la France aux Prussiens ) et qui
nous font payer la rançon de leurs traîna
sons !
Si vous voulez que le sang généreux
qui a cbulé comme de l'eau depuis six se..
maines ne soit pas infécond ; si vous vou-
lez vivre libres, dans la France libre et
égalitaire, épargner à vos enfants et vos
douleurs et vos misères, vous vous lèverez
comme un seul homme et, devant votre
formidable résistance, l'ennemi qui sa
flatte de vous remettre au joug en sera.
pour sa honte des crimes inutiles dont il
s'est souillé depuis deux mois. -
Citoyens, vos mandataires combattront
et mourront avec vous s'il le faut; mais au
nom de cette glorieuse France, mère de
toutes les révolutions populaires, foyer
permanent des idées de justice et de soli-
darité qui doivent être et seront les lois
du monde, marchez à l'ennemi, et que
votre énergie révolutionnaire lui montre
qu'on peut vendre Paris, mais qu'en nff
peut ni le livrer ni le vaincre.
La Commune compte, sur vous; com^
tez sur la .Commune.
Le délégué civil à la guerre j
Signé : CH. DELE&CLUZS.
1 !. le Comité de salut puàHc.
1
'■ J0BlIU 0771CIU 91 Vim
4 -
(Numtra du 22.)
Le délégué civil à la guerre,
Attendu que le 7° bataillon refuse son
concours à la défense de la République et
de la Commune,
Vu le rapport du chs&tiô la légion^
Arrête :
Le 7' bataillon-est dissous.
Les hommes de 49 à 40 ana, tomfian^-
sous l'application de l'arrêté au 7 avril 1871*
seront reversés dans d'autres bataillons.
Le colonel de la 9° légion est chargs do-
l'exécution du présent arrêté.
Paris, le 21 mai 187 i.
SV. a Le
, r" CH. DELESCLVZE.
Le délégué de la Commune à ileulzei6nok
ment,
Arrête :
1 Une commission est instituée pour or-
ganiser et surveiller l'enseignement dans.
les écoles de filles.
Elle est composée des citoyennes André,
Léo, Jaclard, PérIer, Ileelus, Sapia.
Le fiUm.lite de la COlmny: d¿lcO«Î.-
à l'Cll$c'ignement, ;
JSt ".âi.i.LA.:U'.
• -
- Tous les raesaéses cle la che^hre syn3i—.
calo des nuvT>sï3 L"0'.ûc.i)gci'3 sont ecnv°'luÓt
pour jfucM. tri moi, à 4 heures du soir, salle
de la <>rdarie-da-Tc £ npîe, 6, pcarvrenoiHEisr
tous les conseils, con trGJe et r. Les
candidats qui voudront se porter. deYtvllÍ. sa
faire inscrire-d'ici ïua"di, 23 mai.
Un bureau sera ius,iliy*rour recevoir, le^
adhésious et co'usaiiQu. '.1 -
---- »
- Formation du batciJîon des J.'Rr::-'tlre"<.lrg'
de la Révolution. Euont tous les jours, à
la caserne du Chàie-^Urà iiau.
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4 prairial aa "70 N~?~
ItfDICTION
S'atlttéiir au Secrétaire de la Réâaetife^
De 3 à 7 heures du soir
18) KTJB BB YA&Qlt, 19' /25
——. { "2
J9 aafiB&critf son iasâréB se Mreat ptp rtJlgà
ANNONCES
au Ch. LAGRANGE, CERF et Ç*
1 6, place d. la Bourae., 6".
t
ADMINISTRATION
J5, EOULEVARB M03ÏMABÏE*, e
•AB®s»E»sï:vïè
"PARÎ3
Trois mois. n t)
Six mois. 21 »
BÊP.iRTEKEiVrt -
Troïs mois.,. H 6
Six mois. 21 J
Adresser les réclamations et manuscrits
A M. ALBERT BARBIECX
t — ,■ -J" ,- : r *! .-'«Mil»'' -
PARIS
ET LA FRAN CF i
I
Voulez-vous tous rendre compte de et
'est cette ville, — Paris? Mettez-la aux
ises avec la France.
Et d'abord éclate une question. Quelle
la fille? quelle est la mère? Doute pa-
nique. Stupéfaction du penseur.
Ces deux géantes en viennent aux
ans. De quel côté est la voie de fait
pie?
Cela s'est-il donc déjà vol
Oui.
C'est même presque un fait normal.
Paris s'en va seuî, la France suit de
ce, et irritée; plus tard elle s'apaise
applaudit; c'est une des formes de
tre vie nationale.
Une diligence passe avec un drapeau;
3 vient de Paris. Le drapeau n'est plus
drapeau, c'est une flamme, et toute la
Inée de poudre humaine prend feu der-
re lui.
Vouloir toujours ; c'est le fait de Paris.
as croyez qu'il dort, non, il veut. La
onté de Paris en permanence, c"est là
dont ne se doutent pas assez les gouver-
nents de transition. Paris est toujours
état de préméditation. Il a une patience
stre mûrissant lentement un fruit. Les
âges passent sur sa fixité. Un beau
ir, c'est fait. Paris décrète un événe-
nt. La France, brusquement mise en
neure, obéit.
Cet échange d'effluves entre Paris cen-
, et la France sphère, cette lutte qui
semble à un balancement de gravita-
as, ces alternatives de résistance et
dhésion, ces accès de colère de la na-
: a contre la cité, puis ces acceptations,
t cela indique nettement que Paris,
te tête, est plus que la tête d'un peu-
Le mouvement est français, l'impul-
n est parisienne. Le jour où l'histoire,
Venue de nos jours si lumineuse, don-
na à ce fait singulier la valeur qu'il a,
verra clairement le mode d'ébranle-
- : nt universel, de quelle façon le progrès
tre en matière, sous quels prétextes la
«« ration s'attarde, et comment la masse
1 maine se désagrège en avant-garde et
, arrière-garde, de telle sorte que l'une
>> déjà à Washington, tandis que l'autre
t encore à César.
Sur ce conflit séculaire, et si fécond en
: mation, de la nation et de la cité, po-
3 la Révolution, voici ce que donne ce
,'ossiEst'ment :
> D'un côté la Convention, ;
De l'autre la Commune.
Duel titanique.
Ne reculons pas devant les mots : la
Convention incarne un fait définitif, le
Peuple ; et la Commune incarne un fait
isnsitoire, la Populace. Mais ici la Popu-
Use, personnage immense, a droit. Elle
■ 3t la Misère, et elle.a quinze siècles d'âge.
luménide vénérable. Furie auguste. Cette
- Hede Méduse a des vipères, mais des
heveux blancs.
La Commune a droit; la Convention a
lison. C'est là ce qui est superbe. D'un
ôté la Populace, mais sublimée ; de l'au-
rç, le Peuple, mais transfiguré. Et ces
ieux animosités ont un amour, le genre
tumain ; et ces deux chocs ont une résul-
ante, la Fraternité. Telle est la magnifi-
ence de notre Révolution.
Les révolutions ont un besoin de li-
terté, c'est leur but, et un besoin d'auto-
ité, c'est leur moyen. La convulsion étant
tonnée, l'autorité peut aller jusqu'à la
Uctature et la liberté jusqu'à l'anarchie.
De là un double accès despotique qui a le
:.ombre caractère de la nécessité, un ac-
tès dictatorial et un accès anarchique. Os-
cillation prodigieuse.
Blâmez si vous voulez, mais vous blâ-
mez l'élément. Ce sont des faits de stati-
que, sur lesquels vous dépensez de la co-
tère. La force des choses se gouverne par
%, plus B, et les déplacements du pendule
tiennent peu de compte de votre mécon-
teatement.
Ce double accès despotique, despotisme
d'assemblée, despotisme de fuule, cette
bataille inouïe entre le procédé à l'état
d'empirisme et le résultat à l'état d'ébau-
che, cet antagonisme inexprimable du but
et du moyen, la Convention et la Cern.
mune le représentent avec une grandeur
extraordinaire. Elles font visible la philo-
sophie de l'h iitoi re.
La Convention de France et la Garn-
is une de Paris sont deux quantités de Ré-
w~ CespRt deux valeurs, ce «mt
deux chiffres. C'est l'A plus B dont nous
parlions tout à l'heure. Des chiffres ne se
combattent pas, ils se multiplient. qchi.
miquement, ee qui lutte se combine. Ré-
volutionnairement aussi.
Ici l'avenir se bifurque et montre ses
deux têtes. Il y a plus de civilisation dans
la Convention et plus de révolution dans
la Commune. Les violences que fait la
Commune à la Convention ressemblent
aux douleurs utiles de l'enfantement.
Un nouveau genre humain, c'est quel*
que chose. Ne marchandons pas trop qui
nous donne ce résultat.
Devant l'histoire, la Révolution étant un
lever de lumiêre venu à son heure, la
Convention est une forme de la nécessité,
la Commune est l'autre; noires et subli-
mes formes vivantes debout sur l'horizon,
et, dans ee vertigineux crépuscule où il y a
tant de clarté derrière tant de ténèbres,
l'œil hésite entre les silhouettes énormes
des deux colosses.
L'un est Léviathan, l'autre est Béhé-
moth.
VICTOR HUGO.
i mi a — www
î LA GUERRE DES RUES
J, - .¡¡{J;,i.
L'horrible péripétie de cette abominable
guerre a éclaté, — plus tard qu'on ne le
croyait à Versailles, mais plus tôt qu'on
ne le croyait à Paris. Surprise ou trahi-
son, les troupes de M. Thiers ont franchi,
presque sans obstacle, les remparts. Et
maintenant voilà, dans nos tues et dans
nos maisons, la bataille entre nos citoyens
et nos soldats qui devient une boucherie,
voilà le duel qui devient un corps à corps 1
Nous qui, depuis le commencement de
l'affreuse lutte, n'avons pas cessé un jour
et une heure de conseiller, d'implorer la
paix et l'accord, que pouvons-nous dire
aujourd'hui? Recommander la concilia-
tion à Versailles ? ce serait lui demander
grâce; la recommander à Paris ? ce serait
l'affaiblir dans son courage et le blesser
dans son honneur.
Il est trop tard ! il est trop tard 1 nous
n'avons plus qu'à jeter ce cri désespéré
et à laisser en silence couler à flots le sang
de notre cher Paris, de notre pauvre pa-
trie.
-
Et cependant, s'il restait un peu de
France et d'humanité au cœur des gens
de Versailles, c'est maintenant, c'est
quand ils se sont avancés jusque là —
qu'ils devraient reculer.
Nous le savons par tous ceux qui sont
allés à Versailles, on y avait cette croyance
obstinée et cette conviction absolue : —
que le jour de l'entrée des troupes dans
Paris serait la fin de la guerre ; — que la
garde nationale ne tiendrait pas un ins-
tant derrière les barricades et s'évanoui-
rait tout de suite dans un immense sauve-
qui-peut, - et qu'en tout cas les gardes
nationaux de l'ordre se chargeraient d'ar-
rêter et de combattre eux-mêmes les gar-
des nationaux de l'insurrection
Eh bien 1 il n'en est rien. Nous avons
vu, nous avons entendu, tout le jour, les
défenseurs des barricades; ils sont plus
résolus, plus ardents, plus enthousiastes
que jamais. Pas d'emphase et pas d'ex-
travagance, ils ont un calme superbe et
terrible; ils ne parlent plus de faire sauter
Paris, ils disent simplement qu'ils veulent
vaincre ou mourir.
Il ne s'agit plus de la Commune, on ne
parle plus guère de la Commune et elle ne
fait plus guère parler d'elle. C'est bien
Paris, Paris tout entier, qui est debout,
et qui combat pour son droit et pour sa
liberté.
Commune ! Assemblée ! mais voyez
donc et frémissez ! Ce n'est plus votre pou-
voir et votre orgueil qui sont, pour vous,
en cause ; c'est, directement et véritable-
ment, Paris et la France qui sont, par
vous, en lutte !
Nous l'avons toujours dit, et nous le ré-
pétons, nous sommes contre l'Assemblée,
mais nous ne sommes pas pour la Com-
mune. Ce que nous défendons, ce que
nous aimons, ce que nous admirons, c'est
Paris.
Nous sommes pour Paris, parce que
Paris c'est aussi la France. Nous sommes
pour le citoyen, parce que le soldat est
citoyen aussi.
Nous voyions, P!).s plus tard qu'hier,
près de la mairie de Montmartre, passer
devant nous ce groupe : un garde natio-
nal avec sa femme et son petit enfant;
la femme portait fièrement, la courroie
passée sur l'épaule, le fusil dç Jh wnuy?
l'homme portait doucement dans ses bras
sa petite fille, et Us semblaient tous trois
bien heureux.
Et je me disais : Si, étranger, je tom-
bais dans quelque ville lointaine en proie
à la guerre civile, et qu'à moi, ignorant
des causes et des passions de cette guerre,
on demandât : — Pour qui voulez-vous
être ici? — je répondrais : — Je ne sais
pas, mais je suis pour le parti de ce père,
de cette femme et de ce petit enfant.
I PAUL MEURICE,
LA JOURNBp
Rentrée des Ters»Ulate«
M. Thiers annonçait samedi qu'il « n'a-
vait jamais été aussi près du succès H.
M. Thiers avait raison : il savait perti-
nemment à quoi s'en tenir, il savait que,
le lendemain, deux portes de Paris se-
raient non pas emportées d'assaut, mais
livrées. On ne peut pas répondre d'une
action militaire, mais on peut toujours
répondre d'une trahison.
Qui a ouvert ces portes? ou du moins
qui a laissé passer les Versaillais? On
nomme tel ou tel bataillon et même tel ou
tel chef; la chose est si grave que nous ne
voulons désigner et accuser personne. Mais
il est certain que dimanche, après l'héroïque
résistance des précédents jours, il n'y a pas
eu d'assaut, il n'y a pas eu de combat, et
et les redans des portes de Saint-Cloud et
d'Auteuil étaient pris par les ruraux, à la
même heure, entre cinq et six heures,
presque sans coup férir.
La surprise a amené la panique. Quand
les gardes nationaux ont vu les Versail-
lais dans la place, ils se sont crus cernés,
ils se sont vus livrés ; le désordre s'est mis
dans leurs rangs et ils n'ont plus pensé
qu'à fuir.
-
Les troupes versaillaises, lentement,
prudemment, ont occupé Billancourt et
Passy.
A Passy, elles ont fait un temps d'arrêt à
la porte de la Muette avant d'occuper les
rues, où l'on redoutait quelque retour
offensif
En même temps, les détachements qui
étaient entrés par la porte de Saint-Cloud
suivaient la rive droite de la Seine, par
l'arche du viaduc, et s'emparaient du che-
min de fer de ceinture. -
Un certain nombre de fédérés s'étaient
cependant arrêtés ou étaient revenus sur
leurs pas jusqu'à leurs barricades. Sur
plus d'un point, les ruraux ont dû à leur
tour se replier ou tourner les positions :
les chefs Versaillais ménagent la vie de
leurs soldats et aiment mie ux perdre du
temps que des hommes ; là où ils ren-
contraient une résistance sérieuse, ils
attendaient.
Ils attendaient leurs mitrailleuses et
leurs pièces de campagne, qu'on a réussi
à faire entrer par les portes si mal gar-
dées, et qui ont bientôt criblé de projec-
tiles les défenseurs des barricades.
De là ce feu violent qui, mêlé à une ar-
dente fusillade, a effrayé Paris dans une
partie de la soirée.
Après quoi, tout s'est tu ; et cette nuit-là
a été relativement beaucoup plus calme que
les autres.,
Il*
Les bruits qui s'étaient répandus le soir
dans Paris étaient tous contradictoires.
A l'état-major, le colonel Henry ne sa-
vait à quoi s'en tenir sur les récits, tous
opposés, des estafettes et des gardes natio-
naux effarés.
Le délégué de la guerre, le citoyen De-
lescluze, a pu de bonne foi enwver, à
neuf heures, aux journaux, une dépêche
rassurante, annonçant que les Versaillais
avaient essayé une nouvelle attaque, qui
avait été repoussée comme celle de la nuit
précédente.
A minuit seulement, le délégué de la
guerre, mieux renseigné par des récits
plus exacts, montait en voiture et, escorté
par quelques chasseurs de la Commune,
partait pour Passy afin de s'assurer lui-
même de la vérité.
Le reporter du Rappel nous avait ap-
porté le récit très fidèle de l'entrée des
Versaillais et de la débandade qui s'en
était suivie. Ses lignes étaient composées
et déjù mises en page, quand d'autres té-
moins très sincères vinrent nous affir-
mer que les Versaillais, craignant d'être
cernés, n'avaient pu tenir dans Paris et
avaient dû, ea hâte et en désordre, re-
prendre, au delà des remparts, leurs posi-
browski avait, selon eux, déjà repris la
Muette.
Nous arrêtions alors le tirage; aimant
mieux rester en deçà de la vérité que de
contribuer à répandre dans Paris la désas-
treuse nouvelle, si elle était exagérée ou
prématurée.
;~-
Elle n'était que trop réelle. — Dans
cette nuit noire, où se taisaient les ca-
nons, la générale battait, le tocsin son-
nait, et on sentait que ce n'était plus seu-
lement la menace, que c'était le danger.
Les Versaillais, avec des précautions
infinies, s'avançaient lentement, mais sû-
rement. Aux premières heures du jour, ils
occupaient en force toute la partie sud-
ouest de Paris, dans la zone arrondie qui
va de Montrouge à la gare Saint-Lazare.
Rive gRlIelae.
On ne saIt pas encore au juste com-
ment les Versaillais sont entrés dans Paris
sur la rive gauche. Ont-ils pu, après l'oc-
cupation du Point-du-Jemr et de Billan-
court, remonter en bateaux la Seine et
faire, par le quai non gardé, une des-
cente sans péril? ou bien, toutefois, pu
pénétrer par les portes de Versailles et de
Vanves? Les versions diffèrent sur ce
point.
Toujours est-il qu'ils ont pu tourner et
surprendre l'Ecole-Militaire, d'où l'état-
major était absent.
La résistance qu'ils y ont rencontrée ne
leur a coûté que peu de monde, et ils y
ont fait d'assez nombreux prisonniers.
Un parc d'artillerie assez important
avait été réuni à l'Ecole-Militaire. On ne
sait s'il est tombé au pouvoir des ruraux.
Le ministère de la guerre, qui n'est pas
défendable, avait dû être évacué, et son
personnel s'était transporté, avant le jour,
à l'Hôtel-de-Ville.
C'est également à l'Hôtel-de-Ville que
siège le Comité central.
Le poste de la prison du Cherche-Midi,
trop faible pour résister, s'est aussi replié
sur le centre de Paris ; les gardiens ont
pris peur, et les détenus ont pu reprendre
tous leur liberté. Faut-il ajouter que pour
la plupart ils ont passé du côté des Versail-
lais.
Les Invalides, l'Esplanade jusqu'au
ministère des affaires étrangères et la mai-
rie de Saint-Thomas-d'Aquin, sont aussi
aux ruraux.
Il va sans dire qu'ils occupent Grenelle,
Vaugirard et Montrouge.
Les fédérés sont cependant restés maî-
tres d'une partie de la rive gaucue, et se
sont empressés d'y élever ou d'y complé-
ter les barricades.
La rue du 31 octobre en a deux, l'une
à l'entrée du quai ; l'autre à la hauteur de
Saint-Germain-des-Prés.
Les carrefours : le carrefour Buci, le
carrefour de la Croix-Rouge, le carrefour
de l'Ancienne-Comédie, ont aussi leurs
barricades.
La rue Dauphine a la sienne sur le
quai.
Nous n'avons pu savoir si la résistance
avait pu s'organiser aussi activement du
côté de la Halle aux vins et du Jardin des
Plantes.
Aussi craint-on un mouvement tour-
nant des troupes de Versailles par la bar-
rière d'Italie.
La cité est bien protégée et bien gardée.
Le Pont-Neuf, le Pont-au-Change et le
Pcnt-Saint-Michel ont leurs travaux de
défense, et il est probable que l'Ile-Saint-
Louis, qui est le premier rempart de
l'Hôtel-de-Ville, a4es siennes.
Il est difficile, pour ne pas dire impos-
sible, d'avoir des renseignements précis
sur ce point. Les communications entre la
rive droite et la rive gauche, qui avaient
été déjà gênées le matin, ont été absolu-
ment interrompues dans l'après-midi.
Pu.,.. - Champs-Elysées.
Les Versaillais, avec des précautions
infinies, se sent avancés, de Huit, dans
Paris, et aux premières lueurs du jour ils
tenaient le Trocadéro.
Ils y avaient mis en position deux bat-
teries volantes, qui dominaient à la fois
les barricades des quais et celles des ave-
nues aboutissant à l'Arc-de-Triomphe.
Aussi l'Arc-de-Triomphe lui-même
était bientôt au pouvoir des ruraux, et
dès midi, on y pouvait voir flotter le dra-
peau tricolore.
Le flot de l'armée de M. Thiers a pu ga-
gner ainsi les Ternes, le boulevard de
~i~ M~, MaJJ~r~
parc Monceaux, une partie de Batignolles
et le haut du boulevard Haussmann.
Mais il s'en faut qu'ils aient gagné sans
perte tout ce terrain, où cependant ta lar-
geur des voies rendait bien difficile une
défense qu'on n'avait pas eu le temps de
préparer.
Les fédérés ne se repliaient que lente-
ment, et se retournaient pour tirer, en se
servant de tous les accidents, des bancs,
des arbres, des vespasiennes.
La fusillade a été très-vive et très-nour-
rie sur tout ce parcours. Les balles et les
éclats de mitraille arrivaient jusqu'à la rue
de la Chaussée-d'Antin. Un jeune garçon
de douze ans a été tué, et une dame griè-
vement blessée.
Cette belle résistance donnait tout au
moins le temps aux gardes nationaux de
construire des barricades au centre. Mais
elle n'a pu empêcher les Versaillais d'arri-
ver jusqu'au carrefour du b oulevard Haus-
smann et de s'emparer de la caserne de
la Pépinière, qui, du rest-j, n'a pas été dé-
fendue.
On assurait même, dans la soirée, que
la gare Saint-Lazare était en leur pouvoir.
Mais à cette extrême limite s'arrête et
doit s'arrêter leur progrès. Ils ne pour-
ront maintenant aller plus loin sans subir
des pertes sérieuses,
----
Batipolles-HontiiiaHre." )
C'est à Batignolles que le général Dom-
browski a transporté son quartier-géné-
ral.
Une formidable barricade garde l'en-
trée de la grande rue des Batignolles.
Nous voyons défiler devant la mairie
une compagnie composée uniquement de
citoyennes, presque toutes armées de fu-
-sils, et d'une allure tout à fait martiale et
résolue.
Montmartre est relativement calme. Là
les barricades étaient déjà prêtes. On
complète celle de la place Pigale par un
contrefort en retour qui bouche entière-
ment le boulevard.
Batignolles a reçu d'assez nombreux
obus dans la journée d'hier. Montmartre
n'en a eu encore pour sa part que cinq ou
six.
La batterie de Montmartre ne -cesse de
tirer. j"---" -
,,_
La nuit.
La nuit a été noire, silencieuse, sinis-
tre. Jamais, dans cet cet affreux hiver que
nous venons de traverser, Paris n'avait
été si morne et si lugubre.
Pas un passant. Des patrouilles, des
piquets, des ombres muettes s'agitant
derrière les barricades.
Dès neuf heures du soir, les laisser-
passer ne suffisaient plus ; il fallait avoir
le mot d'ordre pour circuler.
Jusqu'à trois heures du matin, pas un
coup de feu n'a été tiré.
De la rue de Valois, nous entendors
ensuite une fusillade intermittente, assez
rapprochée. Le bruit semble venir de la
place de la Concorde et des Champs-
ftysies. A
LIGUE D'UNION RlPlIBUW
,- 9ES DROITS DE PARIS* M
11 » 1 **v
La Ligue d'union républicaine a com-
pris que sa mission, loin d'être terminée,
devenait plus importante, plus nécessaire
que jamais.
Elle maintient fermement le programme
qu'elle a formulé dès le commencement
de la guerre.
Les délégués du congrès de Lyon et les
délégués de l'Hérault, présents à Paris,
délibèrent et agissent d'accord avec la
Ligue.
Elle s'est déclarée eh permanence, au
siège de la Ligue, rue Béranger, 3.
——————— « r M ——————
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE #
Liberté - Egalité - Fraternité
COMMUNE DE PARIS {
Comité de Salut Public
'::!f' Soldats de l'armée de Versailles, #
Le peuple de Paris ne croira jamars
que vous puissiez diriger contre lui vos
armes quand sa poitrine touchera les
vôtres ; nos mains reculeraient devant vu
acte qui serait un véritable fratricide
Comme nous, vous êtes prolétaires ;
comme nous, vous avez int,:rut à ne plus
laisser aux monarchiste conjurés le droit
de boire votre sa-»g comme ils boivent
vos sueurs.
é Gç qu%vous ave? J?it au 18 vous
It
»
le ferez encore, et le peuple n'aura pas la
douleur de combattre des hommes qu'il
regarde comme des frères et qu'il voudrait
voir s'asseoir avec lui au banquet civique
de la Liberté et de l'Égalité.
Venez à nous, frères, venez à nous; nos
bras vous sont ouverts 1
'Le 3 prairial an 70.
Le Comité de salut public?
AXT. ARNAUD, BEiLIOBAY, E. EUDESj
F. GAMBOY, G. BAN VIE R. -
COMMUNE PE PARIS. c.
COMITÉ DE SA LUT PUBLIC
Que tous les bons citoyens se lèvent!
Aux barricades 1 Feunemi est dans nos
murs!
Pas d'hésitations!
En avant pour la République, pour 1,;
Commune et pour la Liberté 1
A AUX -- ,-
Paris, 22 mai 1871.
- • Le Comité de salut public,
1 ÂNT. ARNAUD, EUDIS, BlLUOfe^
, F. GAJlBON, G BARVIttH.
AU PEUPLE DE PARIS
Citoyens,
Assez de militarisme, plus d'états-major
galonnés et dorés sur toutes les coutures 1
Place au peuple, aux combattants, eux
bras nus ! L'heu.e de la guerre révolue.
tionnaire a sonné. -
Le peuple ne connaît rien aux manœu-
vres savantes; mais quand il a un fusil à
la main, un pavé sous les pieds, il ne
craint pas tous les stratégistes de Fécole
monarchiste.
Aux armes; citoyens, aux armes t
s'agit, vous le saveà, de vaincre ou de
tomber dans les mains impitoyables des
réactionnaises et des cléricaux de Versail-
les, de ces misérables qui ont (de parti
pris, livré la France aux Prussiens ) et qui
nous font payer la rançon de leurs traîna
sons !
Si vous voulez que le sang généreux
qui a cbulé comme de l'eau depuis six se..
maines ne soit pas infécond ; si vous vou-
lez vivre libres, dans la France libre et
égalitaire, épargner à vos enfants et vos
douleurs et vos misères, vous vous lèverez
comme un seul homme et, devant votre
formidable résistance, l'ennemi qui sa
flatte de vous remettre au joug en sera.
pour sa honte des crimes inutiles dont il
s'est souillé depuis deux mois. -
Citoyens, vos mandataires combattront
et mourront avec vous s'il le faut; mais au
nom de cette glorieuse France, mère de
toutes les révolutions populaires, foyer
permanent des idées de justice et de soli-
darité qui doivent être et seront les lois
du monde, marchez à l'ennemi, et que
votre énergie révolutionnaire lui montre
qu'on peut vendre Paris, mais qu'en nff
peut ni le livrer ni le vaincre.
La Commune compte, sur vous; com^
tez sur la .Commune.
Le délégué civil à la guerre j
Signé : CH. DELE&CLUZS.
1 !. le Comité de salut puàHc.
1
'■ J0BlIU 0771CIU 91 Vim
4 -
(Numtra du 22.)
Le délégué civil à la guerre,
Attendu que le 7° bataillon refuse son
concours à la défense de la République et
de la Commune,
Vu le rapport du chs&tiô la légion^
Arrête :
Le 7' bataillon-est dissous.
Les hommes de 49 à 40 ana, tomfian^-
sous l'application de l'arrêté au 7 avril 1871*
seront reversés dans d'autres bataillons.
Le colonel de la 9° légion est chargs do-
l'exécution du présent arrêté.
Paris, le 21 mai 187 i.
SV. a Le
, r" CH. DELESCLVZE.
Le délégué de la Commune à ileulzei6nok
ment,
Arrête :
1 Une commission est instituée pour or-
ganiser et surveiller l'enseignement dans.
les écoles de filles.
Elle est composée des citoyennes André,
Léo, Jaclard, PérIer, Ileelus, Sapia.
Le fiUm.lite de la COlmny: d¿lcO«Î.-
à l'Cll$c'ignement, ;
JSt ".âi.i.LA.:U'.
• -
- Tous les raesaéses cle la che^hre syn3i—.
calo des nuvT>sï3 L"0'.ûc.i)gci'3 sont ecnv°'luÓt
pour jfucM. tri moi, à 4 heures du soir, salle
de la <>rdarie-da-Tc £ npîe, 6, pcarvrenoiHEisr
tous les conseils, con trGJe et r. Les
candidats qui voudront se porter. deYtvllÍ. sa
faire inscrire-d'ici ïua"di, 23 mai.
Un bureau sera ius,iliy*rour recevoir, le^
adhésious et co'usaiiQu. '.1 -
---- »
- Formation du batciJîon des J.'Rr::-'tlre"<.lrg'
de la Révolution. Euont tous les jours, à
la caserne du Chàie-^Urà iiau.
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