Titre : Gil Blas / dir. A. Dumont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1904-01-28
Contributeur : Dumont, Auguste (1816-1885). Directeur de publication
Contributeur : Gugenheim, Eugène (1857-1921). Directeur de publication
Contributeur : Mortier, Pierre (1882-1946). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 janvier 1904 28 janvier 1904
Description : 1904/01/28 (N8939,A26). 1904/01/28 (N8939,A26).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-209
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/08/2012
GIL BLAS. — JEUDI 28 JANVIER 19CM
proscrit ; la brochure en question aura quelque
intérêt pour les survivants — peu nombreux
hélas ! aujourd'hui — qui partagèrent l'exil de
Victor Hugo. »
-Cette fois, l'interview est terminée ; nous nous
retirons donc, emportant de l'accueil charmant
que nous fit M. Paul Meurice, un souvenir ému
et reconnaissant.
A. CHARLES VOGEL.
P. s. -M. Paul Meurice a cherché et retrouvé
les lignes inédites de Victor Hugo sur Descha-
nel et, selon sa très aimable promesse, il a bien
voulu nous les communiquer. Les voici :
« Emile Deschanel était de rUrîfversité, il fut
'destitué par un arrêté isigné Parieu et (pour les
initiés) contresigné Cousin. Motifs de cette des-
titution : fierté et talent.
« Deschanei fit son devoir au 2 Décebre. On
l'arrêta, puis on l'exila.
« A Bruxelles, comment faire pouf vivre ? Des-
chanel de professeur est devenu orateur. Il a ou-
vert un nouvel horizon a l'enseignement ; il a
créé avec un très grand succès de parole, les con-
férences, mode de propagande des idées justes
et vraies, adopté partout aujourd'hui. II est de
cette forte race d'esprits qui répliquent à la per-
sécution par la persistance et aux tenèbres par
la lumière.
« VICTOR HUGO. »
————————— *
-
f Pain de Suralimentation $
9_CM;poiirltFiua:3SlBQS JOUSERT, PAIUS.-
Le Monde
A paris M. CkIe, sur : les Ecoles proession-
Conférence : par M. Gifle, sur : les Ecoles proession-
nelles {16, rue de la Sorbonne, cinq heures].
'A l'Académie française : séance solennelle de récep-
tion de M. Frédéric Masson.
Mariages : de Mlles Scellier de Gisors avec M. Manehez
(en l'église Saint-Sulpice, à midi) ; — de Mile Clialigny
avec M. Godard-Desmarets (en l'église de la Trinité).
— Brillante matinée, dimanche, chez M. et Mme Victor
Maure], en leur hôtel de l'avenue Bugeaud. Dans lin dé-
licieux programme improvisé, le select auditoire a parti-
culièrement applaudi Mlle Dodge, une élève de l'éminent
baryton, qui a détaillé avec une exquise pureté de style
et de timbre, le grand air de l'Enlèvement au sérail, de
Mozart, et l'air d'Ophélie d'llamlet, chanté en l'honneur
de Mme Ambroise Thomas, qui se trouvait parmi les in-
cités. Un de nos plus talentueux violonistes, M. J. Du-
fresne, a exécuté avec charme la Romance, de Lalo. Mlle
du Minil, a dit, avec l'art et la grâce qui l'ont rendue cé-
lèbre, du Musset, du Murger et du SuJly-Prudhomme.
Reconnu dans l'assistance : prince Bibesco, comte
'd'Hergelcr de Mainières, M. et Mme- Camille Erfanger,
Mme et le docteur Letulle, Nlrlie Ambroise Thomas, Mme
Japy de Beaucourt, Mme et Mlle de Laversay, comtesse de
Comminges, comtesse de Frise, baronne Foule, Mme
Marris Phels, M. et Mme Lombard do Lugano, comtesse
Frisch de Fels, Mme Desfossé, MM. Jules Bois, René
noire, comte Brunetta-d'Usseaux, Mme Louis Stern, MM.
Roisset, de Guardia, Lucien Hesse, Achille Ségard, Cal-
vocoressi, docteur Sapellier, M. et Mme Barnard, baron
Neringues, docteur Thyssen, comtesse de La Rivagerie,
Mme de Kaldebourg, etc., etc.
— Le 5 mars, chez le Petit-Paillard, aura lieu le dîner
annuel des Banquiers.
Le festin sera suivi d'une soirée artistique, à laquelle
prendront part les meilleurs artistes de nos différentes
scènes. On donnera, entre autres numéros, Tout en cau-
sant, la fantaisie-revue de Montignac et de La Garde,
dans laquelle Mlle Suzanne Aumont vient d'obtenir un
si brillant succès.
— M. Alexandre Imbert, le grand antiquaire de Rome,
est arrivé à Paris, avant-hier, mandé téiécraphiauement
par le prince Louis Napoléon, qui lui a confié le soin
d'inventorier et d'estimer les tableaux, bijoux * £ t objets
d'art laissé par la princesse Mathilde.
Dès son arrivée à Paris, M. Alexandre Imbert s'est
rendu à Saint-Gratien, où il a passé un rapide inventaire
des objets qui s'y trouvent, il a examiné, hier, ceux qui
garnissent l'hôtel de la rue de Berri.
— Au Yacht Club, on vient d'admettre M. Mersier. Ses.
témoins étaient M. Glandaz et M. Clerc Rampai.
— Le marquis de Reverseaux, ambassadeur de France
en Autriche-Hongrie, est arrivé à Paris hier matin. fi
est aussitôt reparti pour Cambrai, où se trouve sa filla,
Mme Gaston ,Pageot, qui vient de donna" le jour à un
fils.
— A l'occasion de l'anniversaire de la naissance de
l'empereur Guillaume, le prince Radolin, ambassadeur
d'Allemagne à Paris,, a donné, hier, dans l'historique
hôtel qu'il habite rue de Lille, une grande réception, de
trois à cinq heures.
Le soir, un grand banquet, présidé par l'ambassadeur,
et auquel ont pris part de nombreuses personnalités de
la colonie allemande de Paris, a eu lieu à l'hôtel Conti-
nental.
Dans la matinée, un service religieux avait été célébré
dans l'église allemande de la rue Blanche.
- Nous apprenons que Mme Georges Berger, femme
du député du neuvième arrondissement, est dans un état
de santé assez alarmant.
— Mme Kireewsky a donné, hier après midi, une ma-
tinée artistique au cours de laquelle on a tour à tour
applaudi la fille de la maîtresse de maison, Mme R. de
Maupeou ; MM. Dommier, Sigéti. Caselia et Dusautoy,
dans des œuvres de Massenet, Isidor de Lara et Fonte-
nailles, ainsi que Mme Jouët et M. Vignat, qui ont inter-
prété à ravir une spirituelle saynète inédite.
— La vicomtesse de Trédern reprend.. demain, ses ré-
ceptions hebdomadaires du vendredi, dans son hôtel de
la place Vendôme.
Hors parîs
Du New-York Herald :
Mme Langham est arrivée à Nice et est descendue à
la villa Marie-Josepha.
M. Salles est attendu à Beauiieu, ainsi que Mme
Guiard.
Parmi les dernières arrivées à Nice. notons : M. Fer-
dinand Merghelynek. M. et Mme de Bermingham, le vi-
comte Maxime de Ganay.
La princesse d'Essling et ses enfants ne quitteront
Paris, pour Nice, que dans la première quinzaine du mois
prochain.
La marquise de Valori a l'intention de quitter, dans
quelques jours, le château de Beau-Soleil, en Loire-Infé-
rieure, où elle est en villégiature, chez sa sœur, la ba-
ronne Brin, pour faire un voyage dai* le Midi et visiter
successivement les principales statioxffe hivernales de la
ifcviera.
Le marquis de Fioravanti est arrivé à. Monte-Carlo.
Mme F. Russak, une des personnalités les plus con-
nues de la colonie étrangère, vient de partir pour Ospe-
daletti, uno des riantes stations de la Riviera.
Le prince Roland Bonaparte, dont l'étal de santé est
bien plus satisfaisant depuis quelque temps, prolongera
encore de quelques semaines son séjour dans le Midi
et ne rentrera que plus tard en son bel hôtel de la place
d'Iéna, qu'il occupe avec sa mère, la princesse Pierre
Bonaparte, et sa charmante fille, la princesse Marie,
d'une si haute culture intellectuelle.
Le duc et la duchesse d'Eichingen comptent se rendre
prochainement à Nice, à la villa Masséna.
|fîaringe £
Le lundi 1" février, à midi, en l'église Notre-Dame-
de-Lorette, sera célébré le double mariage de Mlles Mar-
guerite et Jeanne Petitpierre. La première épouse M. Elie
Hochart, fils de M. et Mme Ilochart ; la seconde, M. Jules
Hochart, fils de M. et de Mme Jean Pinardi.
Pinardi,
Les deux jeunes et charmantes fiancées sont les filles
de notre ami M. Ferdinand Petitpierre (Georges Price),
notre distingué secrétaire de rédaction, et de Mme Fer-
dinand Petitpierre, et petites-filles de Mme Petitpierre-
PeIlion, qui, après la cérémonie religieuse, rei^vront
dans les salons du café Riche, 1, rue Le Pelletier.
— En la cathédrale de CMlans a été célébré, avant-
hier, le mariage de Mlle Hélène de Châtelperron avec le
comte Raoul de Ligniville.
La jeune mariée est la fille du commandant Colas de
Châtelperron, chef d'état-major de la troisième division
de cavalerie, èt de Mme de Châlelperron-Barante, et l'ar-
rière-petite-fille du baron de Barante, pair de France, qui
fut membre de .l'Académie française, et du comte de
Montauzon. également pair de France.
Le comte Raoul de Ligniville. qui est lieutenant au
15" chasseurs, est le fils du comte Albert de Ligniville
déoédé, qui fut aide-de-camp de l'empereur Napoléon III
et du prince impérial, blessé grièvement sous Metz, en
1870, et de la comtesse de Lignivillc.
Les témoins étaient, pour le marié : le colonel Muteau,
commandant le 15' chasseurs, et le comte de Ligniville
son frère ; pour la mariée : le baron de Barante et lé
comte de Ribains, ses oncles.
Nécrologie
Les obsèques de M. Emile Deschanel, sénateur, pro-
cesseur au Collège de France, seront célébrées, aujour-
d'hui, jeudi, à midk
— Une correspondance dWanoï annonce la mort de
M. Letulle, administrateur de 1" classe. résident de Fran-
ce à Halphong, décédé à HanoI, le 16 décembre, après
une courte maladie.
— Les obsèques du général Jules de Benoist ont eu
lieu, hier matin, à Lunéville, au milieu d'une affluenca
considérable.
La garnison tout entière y assistait.
On remarquait, dans le cortège, quinze généraux.
Le corps est parti, à 2 h. 47, pour Thonne-les-Prés
(Meuse), où habite le frère du général, M. Albert de Be-
noist, député de Montmédy.
L'inhumation aura lieu aujourd'hui, à 11 heures, &
Thonne-les-Prés.
Baron Verly.
CABINET HÉRALDIQUE
Recherches généalogiques. Titres français et étrangers.
i05, boulevard Saint-Michel, 105
ABONNEMENT AU GOTHA FRANÇAIS
L'AFFAIRE WHITAEEE WBIGHT
La mort soudaine du financier Whitakcr-Wiright,
survenue, comme nous' l'avons annoncée, au sor-
tir du tribunal qui venait de le condamner à sept
ans de servitude pénale, provoque une vive émo-
tion à Londres, et fait l'objet de bien des commen-
taires.
Les uns pensent que cette mort est due à une
apoplexie cérébrale, les autres à un accident cardia-
que causé par la trop vive émotion. Enfin, il court
une rumeur, d'après laquelle M. Wh i tater-Wright
se serait suicidé avec un poison très puissant, don-
né par un ami qui lui serra la main après le ver-
dict.
Le Daily Express dit que, pendant lc cours des
débats, le financier prenait de temps en temps des
pastilles médicinales dans le but de calmer les souf-
france3 que lui œrasart sa moindre de CŒU'"
Après le prononcé du jugement, on le vit porter
son mouchoir à sa bouche et l'y maintenir quelques
instants; on pense qu'il peut s'être empoisonné ac-
cidentellement en prenant une dose trop considéra-
ble de médicament.
On raconte aussi qu'il avait déclaré S un de ses
amis qu'il ne sortirait pas vivant du prétoire, si on
le condamnait.
Mais l'autopsie, qui a eu lieu hier, a éclairci ce
mystère, elle a démontré que le financier s'est sui-
cidé en absorbant du cyanure de potassium.
M. Whitaker-Wright était âgé de soixante-quinze
ans. Ce financier, Anglais de naissance, avait pas-
sé la plus grande partie de sa vie en Amérique, où
il s'occupa surtout d'entreprises minières. Il s'était
marié en Angleterre et était venu s'y établir défini-
tivement en 1889.
En 1894, il créait les deux sociétés : la West Aus-
tralian et la London and Globe, dont les affaires
l'amenèrent devant le jury. On se souvient qu'au
moment de la déconfiture, il quitta l'Angleterre et
fut arrêté à New-York.
Homme d'une munificence sans limite, M. Whi-
taker-Wright avait dépensé des sommes énormes
pour la construction de son palais de Lea Park, où
il eut jusqu'à 600 ouvriers occupés en même temps.
Il avait fait paver de verre le fond d'un lac et créé
une salle des mille et une nuits sous ce plafond
inusité. Les travaux et l'ameublement du château
ne lui avaient pas coûté moins de sept millions.
Louis Peltier.
A~~
NE SOYEZ PÉTROLE OURAL
PAS pour les Soins de la Chevelure ce
e~BB~ CAltaeâ. SEUL VÉRITABLE produit
BS§~~S~~ déposé en 1897. Ne pas confondre avec un
SS0isw produit d'origine étrangère déposé en 1099.
L'ANNIVERSAIRE IMPÉRIAL
EN LORRAINE
(DE NOTRE CORRESPONDANT)
Metz, 27 janvier.
L'anniversaire' de naissance de l'empereur d'Al-
lemagne a été célébré aujourd'hui avec le cérémo-
nial ordinaire, c'est-à-dire que la fête a gardé un
caractère pour ainsi dire purement militaire et of-
ficiel, sans aucun enthousiasme visible.
Dès l'aube, la « Mule », la grasse cloche de. la ca-
thédrale, lançait de dix secondes en dix secondes
ses appels sourds, auxquels répondaient les musi-
ques militaires massées dans la cour des quartiers.
Sur tous les édifices publics flottait le drapeau
tricolore — noir, blanc et rouge — mais sur les
édifices publics seulement.
Etant donnés les derniers évén.ement.s, il était in-
téressant d'observer le mode de pavoisement adopté
par les indigènes, auxquels le choix du drapeau à
arborer est librement laissé, pourvu qu'ils en met-
tent un. En effet, tout magasin veuf de décoration
est immédiatement signalé. C'est alors une série de
vexations qui finissent par aboutir au retrait de la
patente.
Cette année, on constata une recrudescence de
drapeaux « lorrains », c'est-à-dire blanc et rouge,
ou blanc écussonné de la double croix de Lorraine.
Sur tout le parcours des grandes, artères — avenue
et rue Serpenoise, place Empereur-Guillaume, rue
du Petit-Paris — les drapeaux blancs dominaient
partout.
A la nuit close, les rues présentent un aspect as-
sez curieux. Tous les magasins tenus par des im-
migrés transforment leurs devantures en reposoirs :
au milieu, le buste de l'Empereur, entouré de fleurs
et de candélabres. Quelques-uns ont adopté les cou-
leurs prussiennes, blanc et noir, commet base de
décoration, ce qui leur donne l'apparence de vérita-
bles chapelles ardentes — ce qui ne contribue1 pas
à égayer les ruas, plutôt désertes, car il fait un froid
glacial.
Un dîner de famille a été offert, ce soir, au château
royal, à tous les personnages princiers se trouvant
à Berlin. Indépendamment du roi des Belges, on
comptait, parmi les convives;- le grand-duc et la
grande-duchesse de Bade, et le grand-duc de Mec-
klembourg-Schwerin.
J. d'A.
LES ENGELURES
Il n'est pas de douleurs plus intolérables que
celles qui résultent des engelures ; les souffrances
qu'elles occasionnent font parfois pleurer grands et
petits ; or, il est un remède simple, efficace et bon
marché : c'est la Poudre Dermophile Soyrac, qui
guérit les engelures et dont une seule1 application
suffit pour calmer instantanément les démangeai-
sons les plus vives. Prix 1 fr. 50 ; toutes pharma-
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Saint-Lazare, 26 étage. Modèle courant, 8 francs.
A rEtranger
La responsabilité des fonctionnaires
aux Etats-Unis
C'est bien, décidément, aux Etats-Unis qu'il
faut chercher l'exemple d'un peuple énergique,
épris de ses privilèges et du sentiment de la
responsabilité de ses fonctionnaires.
On se rappelle fle sinistre du Théâtre iro-
quois, à Chicago. Des centaines de personnes
y trouvèrent la mort, mettant en deuil toute
la ville.
L'enquête judiciaire, qui fut ouverte immé-
diatement, démontra qu'aucune des précau-
tions les plus élémentaires pour la sécurité du
public n'avaient été prises, et que directeurs de
théâtre et fonctionnaires municipaux avaient
rivalisé d'incurie — les uns dans un but de sor-
dide économie, les autres par négligence, par
camaraderie politique, sinon par vénalité.
En France — nous n'en avons que trop
d'exemples — dans un cas semblable, PAd-mi-
nis-tra-tion supérieure aurait couvert ses su-
bordonnés ; le Parquet n'eût poursuivi que
quelques obscurs machinistes, et le Parlement
eût voté des louanges aux pompiers, et déclaré
que le service de surveillance des théâtres avait
fait son devoir, tout son devoir, rien que son
devoir !
A Chicago, il n'en a pas été de même.
Des mandats d'arrêt ont été lancé£" non seu-
lement contre M. Davis, le directeur du théâ-
tre, mais encore contre les propriétaires, l'ar-
chitecte, les pompiers de service, le" commis-
saire des travaux publics et le maire de la ville
lui-même !
Voilà qui est agir ! C'est exactement comme
si l'on arrêtait, chez nous, le préfet de police
et le colonel des sapeurs-pompiers, à la suite
d'un sinistre dont les causes ou l'étendue résul-
teraient de la négligence de leur administra-
tion.
Je ne dis pas que de telles mesures empê-
cheraient les incendiese : mais il est certain
qu'elles engageraient Jes fonctionnaires à plus
détention et à un souci plus exact de leurs de-
voirs. Ce serait, sans doute, quelque chose.
Comte de Saint-Maurice.
Le Conflit Russo-Japonais
La réponse de la Russie se fait attendre et
les Japonais se montrent impatients. Cette po-
litique d'attente n'est pas favorable à la solu-
tion pacifique du conflit. Certains membres de
l'entourage du Mikado vont même jusqu'à pré-
tendre que le Japon dioit envisager l'éventualité
d'un ultimatum au gouvernement du Tsar.
Les financiers japonais offrent largement leur
assistance au gouvernement, qui se croit assuré
maintenant d'obtenir des sommes énormes
dans Je pays, et de ne pas dépendre, par con-
séquent, d'un emprunt étranger.
D'un autre côté, on assure que, si la Russie
tarde à remettre sa réponse, c'est parce que le
comte Lamsdorff, qui la rédige, tient essentiel-
lement à ce que sa note, tout en faisant au Ja-
pon les concessions nécessaires, ne compro-
mette aucun des intérêts essentiels de la Rus-
sie ; il veut qu'elle ne puisse être interprétée
ni comme un ultimatum, ni comme une ca-
pitulation.
Si les financiers japonais montrent grande
confiance, les commerçants russes paraissent,
en revanche, assez découragés ; les maisons de
banfiye sont devenues très défiantes, et ce n'est
qu'avec la plus grande difficulté que l'on traite
avec eflles.
Mais le proverbe assure qu'attente équivaut
à énervement — et c'est pourquoi nous per-
sistons à croire à la paix.
Port-Arthur, 27 janvier. — On dit que, depuis qua-
tre jours, 150 wagons environ transportent tous les
jours de Liao-Yang, des approvisionnements mili-
taires pour le Yalou, où la Russie a l'intention de
concentrer 8.000 hommes, qui se trouvent à présent
à Moukden et à Port-Arthur.
NOS DÉPÊCHES
ALLEMAGNE
LES ALLEMANDS DANS L'AFRIQUE AUSTRALE
Berlin, 27 janvier. — On mande de Swakopmund :
D'après les nouvelles arrivées d'Otjimbigoué, les
métis restent fidèles aux Allemands.
Suivant une information sûre d'Okahandja, le
lieutenant Zulow peut tenir pendant des semaines.
La tentative faite pour maintenir la communica-
tion avec Karibib a échoué par suite des dégâts
subis par la voie.
On annonce que seize personnes ont été massa-
crées et que soixante-dix ont disparu.
ESPAGNE
ATTENTAT MANQUÉ
Madrid, 27 janvier. — Le préfet de Madrid a dit
à des journalistes que le jour de la fête du Roi, un
gardien des jardins de la place Oriente avait trouvé
une boite en fer blanc muniE: d'lfne mèche qui était
éteinte.
On observa alors le silence, pour ne pas causer
d'alarme ; puis la boîte fut envoyée au laboratoire
de chimie,, où -elle fut examinée. Elle contenait, a
déclaré le préfet, mélangés à des débris de verre
et de plomb, 175 grammes de dynamite.
———————————<~-<~-~
EAU DE TABLE BORNALA-NICE
Cette eau n'a pas l'inconvénient des eaux gazeuses
qui dilatent l'estomac ; elle est douce, agréable, sans
fadeur — son usage vaut un brevet de .santé cons-
tante. Dépôt à Paris : 52, rue de Rome.
FAITS DIVERS
La Sorcière
La Chambre des mises en accusation de Versail-
les vient de refuser la mise en liberté provisoire de
Mme .Martin.
Aujourd'hui, Mme Martin subira un nouvel inter-
rogatoire. L'inculpée sera extraite, à deux heures,
do la prison des femmes et conduite au Palais de
Justice. L'instruction, cette fois, portera sur le fond
de l'affaire, notamment sur les pratiques d'occultis-
me auxquelles se livrait Mme Martin, dans la mai-
son de son amie, Mme Chappuis.
Le dossier réuni par M. Mangin-Bocquet s'aug-
mente chaque jour de documents précieux pour
l'accusation : c'est ainsi, par exemple, qu'il a été
possible d'établir d'une façon formelle que les deux
testaments par lesquels Mme Chappuis avait légué
à Mme Martin la totalité de "sa fortune avaient été
dictés à son amie par l'accusée.
Bien mieux, c'est Mme Martin qui s'était rendue
chez le notaire de Marly-le-Roi, afin de demander
à cet officier ministériel "de quelle façon elle devait
s'y prendre pour que les testaments fussent rédi-
gés le plus clairement et le plus nettement possible.
Des témoignages extrêmement importants ont été,
d'autre part, recueillis par le juge d'instruction, et
le mystère qui entoure la mort de « l'envoûtée »
commence à s'éclaircir.
Avant peu, maintenant, nous saurons exacte-
Avant peu, été le rôle joué par Mme Martin.
ment quel a tHé le rôle joué par Mme Martin.
LA. &EHAT MX B SOTIItS aSSÏÏKe*
Comme dans les pampas
Un cambrioleur de vingt-huit ans, Fernand Clo-
che, ayant exercé la profesion de coureur à pied (?),
était, depuis longtemps, recherché par le commis-
saire de police du quartier des Halles, pour diffé-
rents vols commis dans le quartier.
L'inspecteur Henrion était particulièrement char-
gé de le rechercher, mais, chaque fois que Cloche
l'apercevait, il se sauvait à toutes jambes. Confiant
même dans la puissance de ses jarrets, il affectait
de narguer l'agent, et parvenait toujours à s'échap-
per.
Hier, après-midi, Cloche et l'agent se trouvèrent
encore face à face, rue des Halles. Cloche fit un
pied de nez au représentant de l'autorité et prit
sa course. Mails il avait, à peine, fait quelques pas,
qu'il tombait : l'agent venait de lui lancer un lasso
dans les jambes.
Le malfaiteur fut. ramassé et conduit au com-
missariat.
Lo G«rtews.
-do-
POUR (met
N,ÊirRE PAs M!SM POUP 10,9 -solifs jwt,#?,Rliops
N'ÊTRE PAS A a & de votre Chevelara
TROMPÉ ( LE BBLLEUX Pétrole HAHN
----- -
ÇA ET LA
Une caniérence sur l'agriculture
L'association de l'Industrie et de l'Agriculture
française a inauguré, hier soir, à la salle des Ingé-
nieurs civils de France, sous. la présidence de M. Ju-
les Méline, sénateur des Vosges, la série des con-
férences économiques qu'elle organise de concert
avec la Société d'Economie politique nationale.
La conférence, faite par M. Marcel Dubois, a ob-
tenu un vif succès.
Pour les victimes d'Aalesund
L'Union des Femmes de France ouvre une sous-
cription en faveur des milliers de victimes de l'in-
œndie d'Aalesund. Elle adresse un chaleureux appel
à tous les cœurs généreux qui voudront s'associer
à son témoignage de solidarité humaine.
Les souscriptions sont reçues au isiège social, à
Paris, 29, rue de la Chaussée-d'An tin, et dans tous
les Comités de la Société en province.
D'autre part, le Cassini a reçu l'ordre de,' .se rendre
de Brest à Aalesund, où il emportera, entre autres
secours, mille couvertures, mille kilos de farine, de
la viande et des haricots.
Paul Gostard.
——————————————— .8.
a 8 R 0 p D. 0 E 0 LAT
PHÉMIQ'US du D» 0© ira
Contre SBIPPE - TOUX - BHUm-S - i!ifLUE^Ms etc.
LE, CARNET DU COUSlli PONS
Chambrée des plus parisiennes, hier, à l'Hôtel
Drouot, le dernier et le seul endroit où l'on cause
agréablement entre deux enchères, quelques bous-
culades, et dans une promiscuité tout à fait réjouis-
sante. J'ai reconnu MM. Haraucourt, baron Clercq,
comte Duchauffault, Helleu, Morot, Detti, Cosson
Egger, Hougeau parmi les nombreux amateurs et
curieux qui se pressaient à la vente de la collection
Edmond Bonnaffé. Cette seconde vacation a donné
un total de 47.400 fr., avec les enchères suivanes :
Médaille de bronze, offerte en 1533 au Dauphin, par
la ville de Lyon, œuvre de Jacques Gaupvain,
3.500 fr. Statuette en bronze de guerrier antique,
travail français de la fin du seizième siècle, attri-
bué à François Duquesnoy, 1.700 fr. Petit cabinet
à façade plaquée de fer, Italie (seizième siècle),
1.700 fr. Meuble à deux corps, en bois sculpté,
France (seizième siècle), 1.385 fr. Dressoir en bois
incrusté de pâte blanche, à dessin de rinceaux (lin
du seizième siècle), 1.850 fr. Tapisserie des Flan-
dres (seizième siècle), 4.000 fr. La séance continue
aujourd'hui.
Me Braouézec, dont les ventes sont toujours sui-
vies avec intérêt, terminait, à la salle 11, la vente
commencée hier. J'ai noté : un régulateur
Louis XIV, 895 fr.; bureau cylindre Louis XVI,
400 fr.; une chambre à coucher, 895 fr.;, une com-
mode Louis XV, 380 fr.; bronze Carrier-Belleuse,
200 fr.
A la salle n° 7, j'ai vu une très intéressante ex-
position de tableaux, que dispersera aujourd'hui
M. Gaston Neumans, le jeune expert. Voici la no-
menclature de quelques toiles qui m'ont paru di-
gnes d'être signalées : Portrait d'une Famille, épo-
que de la Révolution, attribué à Aubry ; Portrait
d'une Dame en Diane chasseresse, par Delafosse;
Gttillaume, prince d'Orange-Nassau, attribué à
Miereveld.
Parmi les modernes, j'ai beaucoup aimé Ira Por-
trait de Mme de Mormand, par Cabanel, dans la
première manière du peintre, et une Tête de Vieille
Femme, de Courbet.
J'adresserai à M. Neumans un léger reproche :
celui de nous présenter des tableaux trop fraîche-
ment vernis et trop bien nettoyés.
Je m'en voudrais de terminer cette chronique sans
prévenir mes lecteurs que la direction des Domai-
nes nous-annonce une série de ventes, qui com-
prendront, entre autres choses, des chasubles de
diverses couleurs, des ornements sacerdotaux, un
piano et un nombre respectable de bottes d'égout-
tiers. Une véritable salade russe !
J. Marchand.
Vente et achat de beaux bijoux, objets d'art, meu-
bles anciens et modernes. Mme L. Marie, 180, bou-
levard Haussmann.
$$
Expertises, inv.entaires, partages, direction de
ventes publiques, Paris et province. Marcel Cerf,
49, rue Le Peletier, Paris.
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Mme Bourdeil, 139, boulevard Haussmann. Gale-
rie de tableaux anciens et modernes. Riche collec-
tion de portraits du dix-huitième siècle.
*
* *
Mme Lefortier, 33, rue Le Peletier, recherche et
achète très cher les dentelles anciennes et les bibe-
lots artistiques de valeur.
.0490. —————————
Le Corset-Maillot Rabeau
Madame Rabeau, à qui revient l'indéniable mérite
d'avoir amené une révolution salutaire dans le cor-
set par le corset-maillot sans baleines, tient à met-
tre en garde les personnes que sa création in.téresse
contre les imitations plus ou moins hâtives et gros-
sière qu'elle a suscitées ou qu'elle peut susciter.
On ne contrefait pas l'inimitable.
Ce n'est qu'après des études approfondies basées
sur une indiscutable expérience, qui en ont fait une
œuvre de science et une œuvre d'art, que le CQTset-
maillot Rabeau a été livré au publie. Il est le type
parfait du corset rationnel, convenant aussi bien
aux personnes fortes qu'aux femmes minces.
Prendre bien note de la .seuie adresse où se
trouve le véritable corset-maillot : Maison Rabeau,
M, faubourg St-Honoré, Paris.
LE THÉATRE
Au THÉÂTRE VICTOR-HUGO. — Représentation des
Escholiers.
Nous devons de belles soirées au Cercle des
Escholiers. Sous la présidence de Robert Gan-
gnat, Georges Bourdon, Robert de Fiers et
Maurice Froyez, il a représenté une suite d'œu-
vres subtiles ou fortes : Y Enfant malade, de Ro-
main Coolus, les Demi-Sœurs, de Gaston Devo-
ré, la Fronde, de Lucien Besnard, le Plaisir de
rompre. de Jules Renard, le Ghetto, de Heijer-
mans, Danton. de Romain Roland. Pendant la
dernière saison théâtrale, les pièces que le Cer-
cle nous avait données n'avaient pas excité un
très vif intérêt. Une comédie qu'on avait répétée
longuement avait diû être abandonnée parce que
le principal interprète se trouvait tout à coup
retenu sur une scène régulière. On ne saurait
s'imaginer toutes les difficultés auxquelles on
se heurte pour monter des spectacles importants
et qui ne seront donnés que pendant deux soi-
rées : c'est la salle qu'il faut trouver, ce sont les
décors, ce sont surtout les interprètes. Géné-
ralement des artistes appartiennent à un
théâtre. Quand l'un de ces comédiens s'inté-
resse à l'œuvre, quand il a obtenu de son di-
recteur la permission de la jouer, il arrive en-
core qu'il en est empêché parce qu'une pièce
sur laquelle son théatre comptait doit quitter
brusquement l'affiche et qu'on est obligé de ré-
péter en hâte une nouvelle comédie où il tient un
rôle. Et il y a les maladies et les susceptibilités !
Soyons indulgents aux défaillances qui peuvent
se produire dans ces représentations et son-
geons aux efforts désintéressés des organisa-
teurs.
«
* #
La soirée d'hier a été fort honorable pour le
Cercle des Escholiers. On pourrait se demander
s'il était bien utile de nous révéler le petit acte
de M. Commenge, Dette de cœu,r..Mais l'auteur
est très jeune. Il se peut qu'il ait un brillant ave-
nir dramatique et il serait glorieux pour le Cer-
cle d'avoir appris son nom au public. Henri de
Golen est phtisique et fort riche. Il a été soigné
avec dévouement par son amie Lucienne Bian-
court, une jeune actrice qui ne fut pas toujours
sage. Pour lui témoigner sa reconnaissance
Henri est décidé à l'épouser : « Tu es fou, lui dit
son camarade Roger d'Armor. Tu ne causeras
pas ce chagrin à tes parents. — Ils consentent
à cette union. — Que pensera le monde ? — Voi-
là qui m'est indifférent. » Henri n'a plus qu'à an-
noncer son projet à Lucienne. Mais — tel un
héros de Marivaux — il tente auparavant l'é-
preurve classique et cruelle : « Lucienne, je me
marie. » Douleur contenue de Lucienne, puis
résignation : « Tu as raison, Henri : cela devait
arriver. » Colère du jeune et bon docteur qui a
sauvé Henri : « C'est honteux ! Tu dois à Lu-
cienne la vie et tu l'abandonnes ! — Mais non !
C'est elle que j'épouse. » Suprême délicatesse
de Lucienne : « C'est impossible. Je ne suis pas
digne de toi ! Ta famille P Le monde ! — Ces
scrupules t'honorent. Tu es ma femme. Je fais
une bonne action. Je te relève. Tu es la dame
aux camélias, mais c'est moi qui suis le poitri-
naire. »
Cette petite comédie a éfé jouée ingénument
par M. Scott, qui imite Le Bargy, par M. Davin
qui, sous prétexte d'être simple, a peut-être exa-
géré la familiarité, par M. Bouchez, qui ne man-
que pas de naturel et par Mlle Lantelme, qui
est fort agréable à regarder.
* *
La pièce en trois actes de Mme Pescherard,
Jeanne d'Ascain, aborde un sujet puissamment
dramatique: Maurice Donnay, dans l'Autre Dan-
ger, nous a montré une jeune fille qui mourra
si elle n'épouse l'amant de sa mère. Pour sau-
ver son enfant et pour lui enlever tout soup-
çon, la mère exige que ce mariage ait lieu.
C'est aussi pour sauver son enfant que Jeanne
d'Ascain devient la maîtresse de" son gendre.
Jeanne d'Ascain est une veuve jeune et sé-
duisante. Elle ne vit que pour sa fille Christine
qui a dix-huit ans. Pour se consacrer à cette
enfant, elle a refusé de se remarier — telle
Sabine Revel dans la Course du Flambeau. Mais
il a suffi que Jacques Savenay parût pour que
Christine lui donnât tout son cœur. Bien qu'elle
fût très jeune et très délicate, elle n'a pas con-
senti à ce que son mariage fût retardé: Bientôt
elle est tombée malade et, depuis quelques mois,
Jacques soigne sa femme qui semble n'être en-
core pour lui qu'une fiancée. Cependant Jac-
ques reste maintenant moins volontiers lé soir
à la maison. Il sort et ne rentre que tard dans
la nuit. Christine souffre. Elle est jalouse. Elle
soupçonne que Jacques a une maîtresse ; elle
supplie sa mère de prendre des renseignements,
d'éclaircir ses doutes. Jeanne d'Ascain ne tarde
pas à savoir que Jacques est infidèle ; mais elle
cache la vérité à sa fille et elle exige de son
gendre une explication. Jacques avoue sa trahi-
son, mais il refuse de revenir à la vie familiale.
Pressé de questions, il finit par crier à Jeanne
p.'Ascain qu'il l'aime : c'est pour la fuir qu'il
abandonne chaque soir le foyer et se réfugie
chez une fille : « S'il en est ainsi, je partirai,
dit Jeanne. — Je vous suivrai, riposte Jacques,
et votre fille en mourra. » Codant à ce chantage
d'un nouvel ordre, Jeanne consent à demeurer
auprès de Christine et de Jacques. Elle devra
écouter quotidiennement les mots de tendresse
que lui murmure son gendre.
Chaque soir, après le dîner, ils restent seuls,
dans le salon. La musique est la complice de
Jacques. Peu à peu, dans ces tête-à-tête, Jeanne
se trouble et résiste mal au désir qui l'enve-
loppe. Elle céderait plus tôt si elle ne se trou-
vait auprès de sa fille, dans une atmosphère
de maladie. Mais elle s'abandonne enfin. Elle
expiera sa faute en se dévouant à une œuvre
anglaise qui a pour but de soigner les malades
au.% colonies,. Elle s'éloigne pour toujours, lais-
sant Christine, qui est sauvée et qui se résignera
bientôt à cette séparation, dans les bras de Jac-
ques qui est amoureux de sa jeunesse et de son
innocence.
Cette comédie impitoyable contient des scè-
nes douloureuses et violentes qui ont profon-
dément ému le public. Le succès aurait sans
doute été plus complet si le rôle de Jacques
Savenay avait été tenu par un acteur plus adroit.
Mais la pièce a été défendue avec talent et avec
ardeur par Mlle Henriette Roggers, qui tenait
le rôle de Jeanne d'Ascain. Elle a une admira-
ble voix, un visage de passion, un corps souple,
aux belles attitudes. Elle dit juste et simple et
son émotion, si sobre, se communique aux spec-
tateurs. Auprès d'elle, Mlle Berge s'est montrée
fort touchante, mais un peu artificielle sous les
traits de Christine Savenay. Il faut féliciter tout
particulièrement Mlle Béryl qui a remplace au
pied levé une de ses camarades et a appris en
un après-midi un rôle assez long et ingrat. M.
Nertann, dans un personnage de vieux docteur,
a soulevé les acclamations de la salle. On ne
saurait être plus vrai ni plus simple. Quel admi-
rable artiste !
Sans doute il y eut, dans l'interprétation, des
défectuosités. Sans doute la mise en scène avait
été mal réglée et les mouvements des acteurs
étaient incertains et flottants. Mais est-ce seule-
ment pour ces causes que la comédie de Mme
Pescherard n'a obtenu qu'un demi-succès ? Il
me semble que ce beau sujet aurait dû être traité
plus franchement. Pourquoi faire intervenir la
maladie, dans Y Autre Danger aussi bien d'ail-
leurs que dans Jeanne dascain ? Pourquoi
abaisser l'amant en le rendant coupable d'un
vilain chantage, en l'obligeant à menacer la
mère de la mort de sa fille si elle ne lui cède ?.
Pourquoi ne pas mettre loyalement en présen-
ce, la mère, le gendre et la fille et ne pas faire
éclater simplement entre eux un effroyable dra-
me d'amour ? Il est évident que la mère et le
gendre n'arriveraient que lentement à des aveux
monstrueux. Mais quand la situation serait
fixée, la mère et la fille se dresseraient l'une
contre l'autre ; l'homme combattrait sa femme
pour satisfaire son désir. Ce serait une mêlée
affreuse d'égoïsmes et la seule excuse de ces
incestes, de ces luttes impies, ce serait l'amour,
l'inconscience, la fatalité qui mène l'antique tra-
gédie.
NOZIÈRE..
EDELWEISS DE LA TZARINE
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Victor VAISSIER, hors concours, Paris 1900.
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Paris la Nuit
« Mam'zelle Chichi » à la Scala
L'opérette ira se trouve vraiment dans son cadre,
à l'heure actuelle, qu'au music-hall, où on peut la
monter avec un luxe de décors et de mise en scène
que permettent les recettes certaines, et où Ion
trouve, pour les costumes, un bataillon de jolie?
femmes comme un théâtre mettrait longtemps avant
de Is'.en procurer.
Mam'zelle Chichi, la nouvelle opérette en sept ta-
bleaux, de M. Charles Esquier, dont c'était hier la
première à la Scala, a prouvé une fois de plus cette
vérité.
Les aventures fabuleuses d'un marmiton qu une
chanteuse d'opérette .prend pour un prince, et qui
nous transportent dans les milieux les plus pari-
siens, depuis les cuisines d'un restaurant a la mode,
les coulissas d'un théâtre, le pavillon d'Arme.non-
ville jusqu'au grand- escalier de Versa h les, d'où
descendent, dans un défilé qui est une merveille,
toutes les grandes favorites, depuis Agnès Sorel
jusqu'à nos jours ; le second acte nous transporte
dans un pays fantastique, non loin du Caucase, où
l'action devient d'un leste qui ferait rougir la mer,
Noire, qui est voisine.
Quand je vous aurai dit que Mam'zelle Chichi c'est
MaTguerite Deval, la trépidante et vibrante divette,
vous comprendrez combien cette opérette est mou-
vementée, spirituelle et parisienne ; Beval chantant
les couplets de la voix du sang ou ceux du béguin,,
ou se grimant en chinoise, c'est toute la gamme du
comique fin jusqu'à la petite note émue, et la char-
mante comédienne, qui n'avait jamais trouvé uns
rôle plus dans. ses cordes, à obtenu un triomphe.
A côté d'elbe, Morton, en marmiton fantomatique,,
s'est révélé un artiste de premier ordre, discret dans
la charge et comique jusque dans ses silences ;
FEUILLETON DE GIL BLAS »
Jeudi 28 ianvier 1904 45
--.-.--.--..- .---.--.----
La Commune
PAR
PAUL ET VICTOR MARGUERITTE
TROISIÈME PARTIE
Caïn
-
CHAPITRE in
P-GINTS DE VUE
(Suite)
Chaque jour, Bersheim arrêtait une date de
départ, aussitôt remise. L'ennui de laisser sa
'femme s'éterniser là-bas, le chagrin de sépa-
rer Anine de son fiancé, l'espoir improbable
de voir surgir quelque fait nouveau, une solu-
tion heureuse, le ballottaient. Cette fois, son
parti était pris; la semaine prochaine, il s'en
irait.
En un mois, il aurait réglé ses intérêts les
plus importants ; il pourrait revenir. D'ici
là cette abominable guerre serait terminée
sans doute. Au moins, à Metz, il n'entendrait
plus ce bruit du canon, qui lui répondait a.u
cœur, et auquel, comme ensorcelé, toujours il
tendait l'oreille. Quel navrement, alors qu'il
avait tant besoin de se rattacher à la grande
patrie, de la voir se déchirer aux entrailles, en
furieuse, sans plus songer même à la plaie ou-
verte de son flanc, aux provinces amputées' !
De Versailles à Paris et de Paris à Versailles,
errait son âme en désarroi, son dépaysement
ide Lorrain inutile, presque gênant., et dont
personne ne se souciait. Le fait accompli, la
coupure, qui donc, sauf ceux qui en restaient
aanglants, y pensait à cette heure 2
Même la consolation de voir son fils ne l'avait
pas réconforté. Maurice, revenu de Cologne,
avait passé quelques jours près d'eux. Ne vou-
lait-on pas, sur son désir formel de continuer
à servir, son option franche, le replacer com-
me sous-Jieutenant de ligne, dans le 4° corps,
que, de Cambrai, Douay était sur le point d'a-
mener contre Paris?
Mais Bersheim s'était, révolté : son fils ne se
refaisait pas Français pour se battre contre des
Français ! Grâce à Du Breuil, Maurice avait été
désigné pour un des régiments dVvlgérie ; il
(prendrait part à la campagne contre l'insurrec-
tion kabyle. Courtes heures de réunion incom-
plète, triste plaisir à se retrouver, à goûter une
chaleur d'affSction,- d'autant plus vive qu'ils
pensaient aux absents, la mère, la grand'mère
dans la maison déserte, le frère couché danq
quelque champ perdu, à Morsbronn. Encore
pâli, mal remis d'une bronchite, Maurice s'était
éloigné avec soulagement. Il avait hâte, après
les premières effusions, d'échapper à ce cauche-
mar, qui était comme la continuation de l'autre,
d'aller faire son aventureux métier de soldat,
sous un ciel nouveau, à l'ardent soleif d'Afrique.
Ils longeaient les murs verdis de l'Orangerie
et, détournant leurs regards des grandes por-
tes derrière lesquelles s'entassaient des prison-
niers, ils contemplèrent, à fleur droite, la vaste
découverte de la pièce d'eau des Suisses, pa-
reille à un immense miroir posé à plats entre
les hautes avenues séculaires, sous lesquelles
des lignes de tentes et de faisceaux s'allon-
geaient, au milieu d'un va-et-vient de bivouacs.
Par delà l'eau bleue, moirée d'or, les ambres
montaient en hémicycle autour de la statue du
cavalier Bernin, blancheur lointaine, escala-
daient le. coteau, barrant de leur masse aux
verts frais l'azur éblouissant. Du Bceuil, à la pen-
sée du départ proche, savoura plus intensément
la présence d'Anine. Au rythme de la marche,
leurs bras se frôlèrent. Il en éprouva un trou-
ble délicieux ; le corps blanc, qu'évoquaient la
neige rose du cou, la chair si douce des poi-
gnets, se précisa dans une brève et fulgurante
splendeur. Anine perçut l'effleurement du dé-
sir ; ses yeux se foncèrent, violettes plus som-
bres ; une langueur adoucit le fier visage. Ils
se sourirent.
Les cloches sonnaient dans l'afr léger. Les
habitants endimanchés, des femmes en toilette
claire, des officiers en grande tenue, toute une
foule, aux abords de la cathédrale, fourmillait.
Sur les degrés de Saint-Louis, des groupes se
formaient, causaient entre la haie compacte
des curieux, la presse des fidèles. C'était la sor-
tie de la grand'messe. Des paroissiens à tran-
che d'or s'étalaient dans toutes les mains. Du
Breuil jeta sur les passants, qui parlaient haut,
sans plus rien de recueilli, un regard paisible.
Depuis la guerre il ne pratiquait plus, avait re.
noncé à une religion dont, sous l'Empire, il
n'observait que les formes, la parade militaire
des messes.
D'esprit critique, d'âme élevée, il avait, dans
la tourmenta dans les heures solitaires de la
captivité, achevé de perdre la superstition d'un
Dieu-Providence, au spectacle de toutes les mi-
sères et de toutes les injustices, du mal éternel
qui flagellait les hommes et les choses. Com-
ment concilier l'existence d'une mansuétude
divine avec les effroyables calamités humai-
nes Il demeurait sous le coup des visions qui,
depuis Metz, s'étaient. succédé : le croupisse-
ment, l'agoni^ la mort de toute une armée
splendide, sacrifiée à l'horrible égoïsme cRID
seul, aux séniles ambitions de quelques-uns ;
Paris déchaîné, entrevu dans ses profondeurs
commç un océan aux monstrueux dessous, le
calvaire de la rue des Rosiers ; ici les prison-
niers sous les crachats, le vent de haine qui
soufflait, et l'étonnant démenti que ces chré-
tiens, catholiques comme lui, donnaient, par
leurs fureurs sauvages, à leurs principes de
charité,de pardon des injures. Ou, alors, qu'était
ce Dieu sanguinaire et sournois, ce Moloch dé-,
vorateur ? Comment des êtres raisonnables en
pouvaient-ils subir la tyrannie, dans, leur or*
gueil, comme dans leur huirvftiié ? Sans doute,
parmi l'es croyants il y avait des âmes d'élite,
de nobles vies vouées aux vertus qu'enseignent
les textes ; mais trop ne s'en couvraient que
comme i.f'U.n manteau commode, jeté sur leurs
posions et leurs vices. Réduite aux apparences
du culte, la religion ne lui paraissait plus qu'un
simulacre indigne d'une conscience libre. De
plus en plus, il mettait sa foi dans une concep-
tion morale de l'humanité, perfectible dans le
sens du beau et du bien, dans un fdéal de ius-
tice, c'est-à-dire d'un peu moins de souffrance
pour tous. Une telle philosophie s'alliait aux
idées de Bersheim et d'Anine, protestants sans
étroitesse. Le matin, comme tous les diman-
ches, elle était allée au Temple, y avait, dans la
simplicité méditative du lieu, pensé, avec un
bonheur concentré, à cette mâle croyance de son
fiancé, en harmonie avec ses propres convic-
tions intimes.
Bersheim échangeait un coup de chapeau
avec le comte de La Mûre. La comtesse, ronde
et courte, secouait, au milieu d'un cercle d'élé-
gantes, son chapeau orné d'une plume blanche.
Longue et plate, sa fille dressait au-dessus d'elle
son visage exsangue, inexpressif. Les caquets
allaient bon train. Doucement, avec des mines
confites, sel et sucre, ces dames se confiaient
les dernières « abominations » de Paris, ren-
chérissaient. Le crâne de La Mûre, à chaque
salut, — il congratulait de la voix, du geste,
force députés au passage — brillait comme un
œuf d'autruche.
Les trois quarts de l'Assemblée étaient là. Du
Breuil reconnut vingt personnes. Presque tous
les grands chefs militaires que ne retenaient
poo louTO ftommandomcnla, te personnel des
états-majors" étaient là. Il porta la main à la
visière de son képi. Le général Chenot, qui le
coudoyait, lui adressa un petit bonjour. Tou-
jours gros et rouge, avec son regard fin entre
les paupières lourdes. Qu'est-ce qu'il avait donc
de changé ? Tiens ! ses moustaches. Au lieu
des pointes droites, de l'impériale cirée, un dou-
ble croc et une barbiche en virgule, à la d'Au-
male. Courtisan bourru, mais avisé, il était ami
des amis des prihees, ne cachait pas un orléa-
nisme tricolore, pr$t à tourner au blanc, si
Chambord.
Mais Anine s'avançait, d'un joli mouvement
spontané, au-devant des daigts de Grandpré. La
douairière, en robe de soie noire,avait grand air,
avec ses cheveux blancs, la maliee indulgente
de sa vieille figure ridée. Sa fille, qui lui ressem-
blait ainsi qu'une effigie moins nette, montrait,
dans son corsage de taffetas crème, sa jupe à
volants, un charme de distinction et de jeunesse.
Elle accaparait sa cousine, ranimée dans sa vie
dormante, sans une affection d'enfants, par le
ravonnemént communicatif d'Anine, ce feu de
l'amour où toutes les femmes, comme avec une
secrète envie, se plaisent à se réchauffer. Im-
peccable et glacé, M. de Grandpré n'était que le
plus correct des maris.
Il serrait les mains de Bersheim et de Du
Breuil, qu'au même moment abordait d'Avol,
le déjeuner devait les réunir tous, dans la gran-
de salle à manger aux boiseries Louis XVI du
vieil hôtel, rue d'Anjou. Lentement, ils s'ache.
minèrent. Ils jouissaient de l'éclat du jour, à
travers les rues moisies, presque gaies sous le
soleil, très haut; de beaux nuages glissaient mol-
lement dans le bleu limpide.
Bersheim et Grandpré s'en allaient devant,
reprenant leur discussion éternelle. Ils finis-
saient par y prendre goût, trouvaient dans la
contradiction, un stimulant, la joie d'enfoncer,
comme-un clou, leurs certitudes opposées.
— Eh bien ? dit M. de GranUpré, relançant son
adversaire, ces messieurs de la Commune sont
en train de s'adjoindre quelques nouveaux col-
lègues.. Il n'y avait point assez de canailles à
l'Hôtel de Ville.
Bersheim hocha la tête, c'étaient aujourd'hui
les élections complémentaires :
, — Il y aura moins de votants que la première
fois.
— Et pour cause ! ricana Grandpré, Quand on
pense que ces chienlits nient la légalité de l'As-
semblée, osent mettre en balance leur gouver-
nement de saturnales !. En vérité, il y a des
jours où j'estime, avec la majorité, que M. Thiers
est trop bon. Promettre la vie sauve aux insur-
gés qui n'auraient pas à répondre de délits de
droit commun ! Avez-vous lu l'excellent article
paru dans le Journal de Versailles ? Son auteur
a raison : pas de pitié, ou ceux que nous aurons
épargnés par sensiblerie humanitaire, un jour,
ne nous épargnerons pas ! Nous jouons la Fran-
ce. Pas de prisonniers ! S'il se trouvait parmi
eux quelque honnête homme entraîné de force,
on le reconnaîtrait, dans ce -monde-là, à son au-
réole 1 Il faut que nos braves soldats, dans la
rage de l'action, aient la liberté de venger leurs
camarades, de faire ce que, de sang-froid, ils ne
voudraient pas faire le lendemain. Feu !
Il abattit sa garnie, d'un coup sec. Ib parlait
d'une voix blanche et mesurée, une rage a froid
dans ses yeux gris. Bersheim lui jeta un regard
peiné. Dire que cet homme était ce qu'on appelle
un modère ! Il avait 1 intelligence vive, une cer*
taine culture ! Chaque jour Bersheim entendait
de semblables propos, et de plus virulents enco"
re. La droite de l'Assemblée, c'est-à-dire l'As""
semblée presque entière, le monde-qui gravitait
autour d'elle, famille, amis, le public des jour-,
nalistes et des gens d'affaires, s'exaltaient dans1
une irritation contagieuse, ne voyant plus dans
Paris, qu'un ramassis de déments et de scélérats"
le criaient sur tous les tons. Bersheim évoqua le!
tapage des couloirs quand, jeudi, Jean Brunet
avait demandé à interpeller le gouvernement
sur ses intentions : continuation de la guerre ou.
conclusion de la paix avec Paris. De quoi se
mêlait ce fol ? Ajourné à un mois ! D'ici là, l'af-
faire serait faite. En attendant, la majorité ne
rêvait qu'escalade immédiate : la Commission
des quinze harcelaft Thiers, voulait sa part de
direction.
Grandpré, amer, haussa les épaules. Les der-
niers actes de la Commune exaspéraient son es"
prit d'ordre, son système d'une société bien équi-
librée, puisqu'il s'en trouvait heureux. Il avaib
en horreur la plèbe, suffoqué par son odeur de:
crasse, sa sueur aigre, son haleine de vin. Qu'at-
tendre de ces goujats, sinon le vol et le meurtre?,
Qu'on lui parlât des mains blanches ! Il ne pen.;
sait pas qu'elles pussent se salir jamais, gar*
dées, par leur propreté même, contre toute ab-w
jecte besogne. Et si une défaillance. Sans bien
se l'avouer, il leur trouvait d'avance mille cir-
constances atténuantes, doux à tous les crimes
en marge du Code, pourvu que fût respecté cet
autre Code, aussi barbare et suranné : l'honneur.
mondain ; que restât sauve, sous son vernis;
menteur, la façade. Depuis le décret, sur la Co-
lonne et les récentes lettres de l'archevêque, ils
ne décolérait pas.
— Croiriez-vous, dit-il que Rigault et ses aco-
lytes ont circonvenu Mgr iDarboy, au point dei
persuader à ce vénérable prélat que nous fusil-
lions les prisonniers et que nous achevions les
blessés sur le champ de bataille ? Le curé de
Montmartre est venu l'autre semaine, envoya
par la Commune, nous porter — il disait nous,.
en s'adjoignant à M. Thiers — une missive de
l'archevêque et une autre de l'abbé Deguerry",
protestant contre les exécutions.
1A suivre-}
proscrit ; la brochure en question aura quelque
intérêt pour les survivants — peu nombreux
hélas ! aujourd'hui — qui partagèrent l'exil de
Victor Hugo. »
-Cette fois, l'interview est terminée ; nous nous
retirons donc, emportant de l'accueil charmant
que nous fit M. Paul Meurice, un souvenir ému
et reconnaissant.
A. CHARLES VOGEL.
P. s. -M. Paul Meurice a cherché et retrouvé
les lignes inédites de Victor Hugo sur Descha-
nel et, selon sa très aimable promesse, il a bien
voulu nous les communiquer. Les voici :
« Emile Deschanel était de rUrîfversité, il fut
'destitué par un arrêté isigné Parieu et (pour les
initiés) contresigné Cousin. Motifs de cette des-
titution : fierté et talent.
« Deschanei fit son devoir au 2 Décebre. On
l'arrêta, puis on l'exila.
« A Bruxelles, comment faire pouf vivre ? Des-
chanel de professeur est devenu orateur. Il a ou-
vert un nouvel horizon a l'enseignement ; il a
créé avec un très grand succès de parole, les con-
férences, mode de propagande des idées justes
et vraies, adopté partout aujourd'hui. II est de
cette forte race d'esprits qui répliquent à la per-
sécution par la persistance et aux tenèbres par
la lumière.
« VICTOR HUGO. »
————————— *
-
f Pain de Suralimentation $
9_CM;poiirltFiua:3SlBQS JOUSERT, PAIUS.-
Le Monde
A paris M. CkIe, sur : les Ecoles proession-
Conférence : par M. Gifle, sur : les Ecoles proession-
nelles {16, rue de la Sorbonne, cinq heures].
'A l'Académie française : séance solennelle de récep-
tion de M. Frédéric Masson.
Mariages : de Mlles Scellier de Gisors avec M. Manehez
(en l'église Saint-Sulpice, à midi) ; — de Mile Clialigny
avec M. Godard-Desmarets (en l'église de la Trinité).
— Brillante matinée, dimanche, chez M. et Mme Victor
Maure], en leur hôtel de l'avenue Bugeaud. Dans lin dé-
licieux programme improvisé, le select auditoire a parti-
culièrement applaudi Mlle Dodge, une élève de l'éminent
baryton, qui a détaillé avec une exquise pureté de style
et de timbre, le grand air de l'Enlèvement au sérail, de
Mozart, et l'air d'Ophélie d'llamlet, chanté en l'honneur
de Mme Ambroise Thomas, qui se trouvait parmi les in-
cités. Un de nos plus talentueux violonistes, M. J. Du-
fresne, a exécuté avec charme la Romance, de Lalo. Mlle
du Minil, a dit, avec l'art et la grâce qui l'ont rendue cé-
lèbre, du Musset, du Murger et du SuJly-Prudhomme.
Reconnu dans l'assistance : prince Bibesco, comte
'd'Hergelcr de Mainières, M. et Mme- Camille Erfanger,
Mme et le docteur Letulle, Nlrlie Ambroise Thomas, Mme
Japy de Beaucourt, Mme et Mlle de Laversay, comtesse de
Comminges, comtesse de Frise, baronne Foule, Mme
Marris Phels, M. et Mme Lombard do Lugano, comtesse
Frisch de Fels, Mme Desfossé, MM. Jules Bois, René
noire, comte Brunetta-d'Usseaux, Mme Louis Stern, MM.
Roisset, de Guardia, Lucien Hesse, Achille Ségard, Cal-
vocoressi, docteur Sapellier, M. et Mme Barnard, baron
Neringues, docteur Thyssen, comtesse de La Rivagerie,
Mme de Kaldebourg, etc., etc.
— Le 5 mars, chez le Petit-Paillard, aura lieu le dîner
annuel des Banquiers.
Le festin sera suivi d'une soirée artistique, à laquelle
prendront part les meilleurs artistes de nos différentes
scènes. On donnera, entre autres numéros, Tout en cau-
sant, la fantaisie-revue de Montignac et de La Garde,
dans laquelle Mlle Suzanne Aumont vient d'obtenir un
si brillant succès.
— M. Alexandre Imbert, le grand antiquaire de Rome,
est arrivé à Paris, avant-hier, mandé téiécraphiauement
par le prince Louis Napoléon, qui lui a confié le soin
d'inventorier et d'estimer les tableaux, bijoux * £ t objets
d'art laissé par la princesse Mathilde.
Dès son arrivée à Paris, M. Alexandre Imbert s'est
rendu à Saint-Gratien, où il a passé un rapide inventaire
des objets qui s'y trouvent, il a examiné, hier, ceux qui
garnissent l'hôtel de la rue de Berri.
— Au Yacht Club, on vient d'admettre M. Mersier. Ses.
témoins étaient M. Glandaz et M. Clerc Rampai.
— Le marquis de Reverseaux, ambassadeur de France
en Autriche-Hongrie, est arrivé à Paris hier matin. fi
est aussitôt reparti pour Cambrai, où se trouve sa filla,
Mme Gaston ,Pageot, qui vient de donna" le jour à un
fils.
— A l'occasion de l'anniversaire de la naissance de
l'empereur Guillaume, le prince Radolin, ambassadeur
d'Allemagne à Paris,, a donné, hier, dans l'historique
hôtel qu'il habite rue de Lille, une grande réception, de
trois à cinq heures.
Le soir, un grand banquet, présidé par l'ambassadeur,
et auquel ont pris part de nombreuses personnalités de
la colonie allemande de Paris, a eu lieu à l'hôtel Conti-
nental.
Dans la matinée, un service religieux avait été célébré
dans l'église allemande de la rue Blanche.
- Nous apprenons que Mme Georges Berger, femme
du député du neuvième arrondissement, est dans un état
de santé assez alarmant.
— Mme Kireewsky a donné, hier après midi, une ma-
tinée artistique au cours de laquelle on a tour à tour
applaudi la fille de la maîtresse de maison, Mme R. de
Maupeou ; MM. Dommier, Sigéti. Caselia et Dusautoy,
dans des œuvres de Massenet, Isidor de Lara et Fonte-
nailles, ainsi que Mme Jouët et M. Vignat, qui ont inter-
prété à ravir une spirituelle saynète inédite.
— La vicomtesse de Trédern reprend.. demain, ses ré-
ceptions hebdomadaires du vendredi, dans son hôtel de
la place Vendôme.
Hors parîs
Du New-York Herald :
Mme Langham est arrivée à Nice et est descendue à
la villa Marie-Josepha.
M. Salles est attendu à Beauiieu, ainsi que Mme
Guiard.
Parmi les dernières arrivées à Nice. notons : M. Fer-
dinand Merghelynek. M. et Mme de Bermingham, le vi-
comte Maxime de Ganay.
La princesse d'Essling et ses enfants ne quitteront
Paris, pour Nice, que dans la première quinzaine du mois
prochain.
La marquise de Valori a l'intention de quitter, dans
quelques jours, le château de Beau-Soleil, en Loire-Infé-
rieure, où elle est en villégiature, chez sa sœur, la ba-
ronne Brin, pour faire un voyage dai* le Midi et visiter
successivement les principales statioxffe hivernales de la
ifcviera.
Le marquis de Fioravanti est arrivé à. Monte-Carlo.
Mme F. Russak, une des personnalités les plus con-
nues de la colonie étrangère, vient de partir pour Ospe-
daletti, uno des riantes stations de la Riviera.
Le prince Roland Bonaparte, dont l'étal de santé est
bien plus satisfaisant depuis quelque temps, prolongera
encore de quelques semaines son séjour dans le Midi
et ne rentrera que plus tard en son bel hôtel de la place
d'Iéna, qu'il occupe avec sa mère, la princesse Pierre
Bonaparte, et sa charmante fille, la princesse Marie,
d'une si haute culture intellectuelle.
Le duc et la duchesse d'Eichingen comptent se rendre
prochainement à Nice, à la villa Masséna.
|fîaringe £
Le lundi 1" février, à midi, en l'église Notre-Dame-
de-Lorette, sera célébré le double mariage de Mlles Mar-
guerite et Jeanne Petitpierre. La première épouse M. Elie
Hochart, fils de M. et Mme Ilochart ; la seconde, M. Jules
Hochart, fils de M. et de Mme Jean Pinardi.
Pinardi,
Les deux jeunes et charmantes fiancées sont les filles
de notre ami M. Ferdinand Petitpierre (Georges Price),
notre distingué secrétaire de rédaction, et de Mme Fer-
dinand Petitpierre, et petites-filles de Mme Petitpierre-
PeIlion, qui, après la cérémonie religieuse, rei^vront
dans les salons du café Riche, 1, rue Le Pelletier.
— En la cathédrale de CMlans a été célébré, avant-
hier, le mariage de Mlle Hélène de Châtelperron avec le
comte Raoul de Ligniville.
La jeune mariée est la fille du commandant Colas de
Châtelperron, chef d'état-major de la troisième division
de cavalerie, èt de Mme de Châlelperron-Barante, et l'ar-
rière-petite-fille du baron de Barante, pair de France, qui
fut membre de .l'Académie française, et du comte de
Montauzon. également pair de France.
Le comte Raoul de Ligniville. qui est lieutenant au
15" chasseurs, est le fils du comte Albert de Ligniville
déoédé, qui fut aide-de-camp de l'empereur Napoléon III
et du prince impérial, blessé grièvement sous Metz, en
1870, et de la comtesse de Lignivillc.
Les témoins étaient, pour le marié : le colonel Muteau,
commandant le 15' chasseurs, et le comte de Ligniville
son frère ; pour la mariée : le baron de Barante et lé
comte de Ribains, ses oncles.
Nécrologie
Les obsèques de M. Emile Deschanel, sénateur, pro-
cesseur au Collège de France, seront célébrées, aujour-
d'hui, jeudi, à midk
— Une correspondance dWanoï annonce la mort de
M. Letulle, administrateur de 1" classe. résident de Fran-
ce à Halphong, décédé à HanoI, le 16 décembre, après
une courte maladie.
— Les obsèques du général Jules de Benoist ont eu
lieu, hier matin, à Lunéville, au milieu d'une affluenca
considérable.
La garnison tout entière y assistait.
On remarquait, dans le cortège, quinze généraux.
Le corps est parti, à 2 h. 47, pour Thonne-les-Prés
(Meuse), où habite le frère du général, M. Albert de Be-
noist, député de Montmédy.
L'inhumation aura lieu aujourd'hui, à 11 heures, &
Thonne-les-Prés.
Baron Verly.
CABINET HÉRALDIQUE
Recherches généalogiques. Titres français et étrangers.
i05, boulevard Saint-Michel, 105
ABONNEMENT AU GOTHA FRANÇAIS
L'AFFAIRE WHITAEEE WBIGHT
La mort soudaine du financier Whitakcr-Wiright,
survenue, comme nous' l'avons annoncée, au sor-
tir du tribunal qui venait de le condamner à sept
ans de servitude pénale, provoque une vive émo-
tion à Londres, et fait l'objet de bien des commen-
taires.
Les uns pensent que cette mort est due à une
apoplexie cérébrale, les autres à un accident cardia-
que causé par la trop vive émotion. Enfin, il court
une rumeur, d'après laquelle M. Wh i tater-Wright
se serait suicidé avec un poison très puissant, don-
né par un ami qui lui serra la main après le ver-
dict.
Le Daily Express dit que, pendant lc cours des
débats, le financier prenait de temps en temps des
pastilles médicinales dans le but de calmer les souf-
france3 que lui œrasart sa moindre de CŒU'"
Après le prononcé du jugement, on le vit porter
son mouchoir à sa bouche et l'y maintenir quelques
instants; on pense qu'il peut s'être empoisonné ac-
cidentellement en prenant une dose trop considéra-
ble de médicament.
On raconte aussi qu'il avait déclaré S un de ses
amis qu'il ne sortirait pas vivant du prétoire, si on
le condamnait.
Mais l'autopsie, qui a eu lieu hier, a éclairci ce
mystère, elle a démontré que le financier s'est sui-
cidé en absorbant du cyanure de potassium.
M. Whitaker-Wright était âgé de soixante-quinze
ans. Ce financier, Anglais de naissance, avait pas-
sé la plus grande partie de sa vie en Amérique, où
il s'occupa surtout d'entreprises minières. Il s'était
marié en Angleterre et était venu s'y établir défini-
tivement en 1889.
En 1894, il créait les deux sociétés : la West Aus-
tralian et la London and Globe, dont les affaires
l'amenèrent devant le jury. On se souvient qu'au
moment de la déconfiture, il quitta l'Angleterre et
fut arrêté à New-York.
Homme d'une munificence sans limite, M. Whi-
taker-Wright avait dépensé des sommes énormes
pour la construction de son palais de Lea Park, où
il eut jusqu'à 600 ouvriers occupés en même temps.
Il avait fait paver de verre le fond d'un lac et créé
une salle des mille et une nuits sous ce plafond
inusité. Les travaux et l'ameublement du château
ne lui avaient pas coûté moins de sept millions.
Louis Peltier.
A~~
NE SOYEZ PÉTROLE OURAL
PAS pour les Soins de la Chevelure ce
e~BB~ CAltaeâ. SEUL VÉRITABLE produit
BS§~~S~~ déposé en 1897. Ne pas confondre avec un
SS0isw produit d'origine étrangère déposé en 1099.
L'ANNIVERSAIRE IMPÉRIAL
EN LORRAINE
(DE NOTRE CORRESPONDANT)
Metz, 27 janvier.
L'anniversaire' de naissance de l'empereur d'Al-
lemagne a été célébré aujourd'hui avec le cérémo-
nial ordinaire, c'est-à-dire que la fête a gardé un
caractère pour ainsi dire purement militaire et of-
ficiel, sans aucun enthousiasme visible.
Dès l'aube, la « Mule », la grasse cloche de. la ca-
thédrale, lançait de dix secondes en dix secondes
ses appels sourds, auxquels répondaient les musi-
ques militaires massées dans la cour des quartiers.
Sur tous les édifices publics flottait le drapeau
tricolore — noir, blanc et rouge — mais sur les
édifices publics seulement.
Etant donnés les derniers évén.ement.s, il était in-
téressant d'observer le mode de pavoisement adopté
par les indigènes, auxquels le choix du drapeau à
arborer est librement laissé, pourvu qu'ils en met-
tent un. En effet, tout magasin veuf de décoration
est immédiatement signalé. C'est alors une série de
vexations qui finissent par aboutir au retrait de la
patente.
Cette année, on constata une recrudescence de
drapeaux « lorrains », c'est-à-dire blanc et rouge,
ou blanc écussonné de la double croix de Lorraine.
Sur tout le parcours des grandes, artères — avenue
et rue Serpenoise, place Empereur-Guillaume, rue
du Petit-Paris — les drapeaux blancs dominaient
partout.
A la nuit close, les rues présentent un aspect as-
sez curieux. Tous les magasins tenus par des im-
migrés transforment leurs devantures en reposoirs :
au milieu, le buste de l'Empereur, entouré de fleurs
et de candélabres. Quelques-uns ont adopté les cou-
leurs prussiennes, blanc et noir, commet base de
décoration, ce qui leur donne l'apparence de vérita-
bles chapelles ardentes — ce qui ne contribue1 pas
à égayer les ruas, plutôt désertes, car il fait un froid
glacial.
Un dîner de famille a été offert, ce soir, au château
royal, à tous les personnages princiers se trouvant
à Berlin. Indépendamment du roi des Belges, on
comptait, parmi les convives;- le grand-duc et la
grande-duchesse de Bade, et le grand-duc de Mec-
klembourg-Schwerin.
J. d'A.
LES ENGELURES
Il n'est pas de douleurs plus intolérables que
celles qui résultent des engelures ; les souffrances
qu'elles occasionnent font parfois pleurer grands et
petits ; or, il est un remède simple, efficace et bon
marché : c'est la Poudre Dermophile Soyrac, qui
guérit les engelures et dont une seule1 application
suffit pour calmer instantanément les démangeai-
sons les plus vives. Prix 1 fr. 50 ; toutes pharma-
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Saint-Lazare, 26 étage. Modèle courant, 8 francs.
A rEtranger
La responsabilité des fonctionnaires
aux Etats-Unis
C'est bien, décidément, aux Etats-Unis qu'il
faut chercher l'exemple d'un peuple énergique,
épris de ses privilèges et du sentiment de la
responsabilité de ses fonctionnaires.
On se rappelle fle sinistre du Théâtre iro-
quois, à Chicago. Des centaines de personnes
y trouvèrent la mort, mettant en deuil toute
la ville.
L'enquête judiciaire, qui fut ouverte immé-
diatement, démontra qu'aucune des précau-
tions les plus élémentaires pour la sécurité du
public n'avaient été prises, et que directeurs de
théâtre et fonctionnaires municipaux avaient
rivalisé d'incurie — les uns dans un but de sor-
dide économie, les autres par négligence, par
camaraderie politique, sinon par vénalité.
En France — nous n'en avons que trop
d'exemples — dans un cas semblable, PAd-mi-
nis-tra-tion supérieure aurait couvert ses su-
bordonnés ; le Parquet n'eût poursuivi que
quelques obscurs machinistes, et le Parlement
eût voté des louanges aux pompiers, et déclaré
que le service de surveillance des théâtres avait
fait son devoir, tout son devoir, rien que son
devoir !
A Chicago, il n'en a pas été de même.
Des mandats d'arrêt ont été lancé£" non seu-
lement contre M. Davis, le directeur du théâ-
tre, mais encore contre les propriétaires, l'ar-
chitecte, les pompiers de service, le" commis-
saire des travaux publics et le maire de la ville
lui-même !
Voilà qui est agir ! C'est exactement comme
si l'on arrêtait, chez nous, le préfet de police
et le colonel des sapeurs-pompiers, à la suite
d'un sinistre dont les causes ou l'étendue résul-
teraient de la négligence de leur administra-
tion.
Je ne dis pas que de telles mesures empê-
cheraient les incendiese : mais il est certain
qu'elles engageraient Jes fonctionnaires à plus
détention et à un souci plus exact de leurs de-
voirs. Ce serait, sans doute, quelque chose.
Comte de Saint-Maurice.
Le Conflit Russo-Japonais
La réponse de la Russie se fait attendre et
les Japonais se montrent impatients. Cette po-
litique d'attente n'est pas favorable à la solu-
tion pacifique du conflit. Certains membres de
l'entourage du Mikado vont même jusqu'à pré-
tendre que le Japon dioit envisager l'éventualité
d'un ultimatum au gouvernement du Tsar.
Les financiers japonais offrent largement leur
assistance au gouvernement, qui se croit assuré
maintenant d'obtenir des sommes énormes
dans Je pays, et de ne pas dépendre, par con-
séquent, d'un emprunt étranger.
D'un autre côté, on assure que, si la Russie
tarde à remettre sa réponse, c'est parce que le
comte Lamsdorff, qui la rédige, tient essentiel-
lement à ce que sa note, tout en faisant au Ja-
pon les concessions nécessaires, ne compro-
mette aucun des intérêts essentiels de la Rus-
sie ; il veut qu'elle ne puisse être interprétée
ni comme un ultimatum, ni comme une ca-
pitulation.
Si les financiers japonais montrent grande
confiance, les commerçants russes paraissent,
en revanche, assez découragés ; les maisons de
banfiye sont devenues très défiantes, et ce n'est
qu'avec la plus grande difficulté que l'on traite
avec eflles.
Mais le proverbe assure qu'attente équivaut
à énervement — et c'est pourquoi nous per-
sistons à croire à la paix.
Port-Arthur, 27 janvier. — On dit que, depuis qua-
tre jours, 150 wagons environ transportent tous les
jours de Liao-Yang, des approvisionnements mili-
taires pour le Yalou, où la Russie a l'intention de
concentrer 8.000 hommes, qui se trouvent à présent
à Moukden et à Port-Arthur.
NOS DÉPÊCHES
ALLEMAGNE
LES ALLEMANDS DANS L'AFRIQUE AUSTRALE
Berlin, 27 janvier. — On mande de Swakopmund :
D'après les nouvelles arrivées d'Otjimbigoué, les
métis restent fidèles aux Allemands.
Suivant une information sûre d'Okahandja, le
lieutenant Zulow peut tenir pendant des semaines.
La tentative faite pour maintenir la communica-
tion avec Karibib a échoué par suite des dégâts
subis par la voie.
On annonce que seize personnes ont été massa-
crées et que soixante-dix ont disparu.
ESPAGNE
ATTENTAT MANQUÉ
Madrid, 27 janvier. — Le préfet de Madrid a dit
à des journalistes que le jour de la fête du Roi, un
gardien des jardins de la place Oriente avait trouvé
une boite en fer blanc muniE: d'lfne mèche qui était
éteinte.
On observa alors le silence, pour ne pas causer
d'alarme ; puis la boîte fut envoyée au laboratoire
de chimie,, où -elle fut examinée. Elle contenait, a
déclaré le préfet, mélangés à des débris de verre
et de plomb, 175 grammes de dynamite.
———————————<~-<~-~
EAU DE TABLE BORNALA-NICE
Cette eau n'a pas l'inconvénient des eaux gazeuses
qui dilatent l'estomac ; elle est douce, agréable, sans
fadeur — son usage vaut un brevet de .santé cons-
tante. Dépôt à Paris : 52, rue de Rome.
FAITS DIVERS
La Sorcière
La Chambre des mises en accusation de Versail-
les vient de refuser la mise en liberté provisoire de
Mme .Martin.
Aujourd'hui, Mme Martin subira un nouvel inter-
rogatoire. L'inculpée sera extraite, à deux heures,
do la prison des femmes et conduite au Palais de
Justice. L'instruction, cette fois, portera sur le fond
de l'affaire, notamment sur les pratiques d'occultis-
me auxquelles se livrait Mme Martin, dans la mai-
son de son amie, Mme Chappuis.
Le dossier réuni par M. Mangin-Bocquet s'aug-
mente chaque jour de documents précieux pour
l'accusation : c'est ainsi, par exemple, qu'il a été
possible d'établir d'une façon formelle que les deux
testaments par lesquels Mme Chappuis avait légué
à Mme Martin la totalité de "sa fortune avaient été
dictés à son amie par l'accusée.
Bien mieux, c'est Mme Martin qui s'était rendue
chez le notaire de Marly-le-Roi, afin de demander
à cet officier ministériel "de quelle façon elle devait
s'y prendre pour que les testaments fussent rédi-
gés le plus clairement et le plus nettement possible.
Des témoignages extrêmement importants ont été,
d'autre part, recueillis par le juge d'instruction, et
le mystère qui entoure la mort de « l'envoûtée »
commence à s'éclaircir.
Avant peu, maintenant, nous saurons exacte-
Avant peu, été le rôle joué par Mme Martin.
ment quel a tHé le rôle joué par Mme Martin.
LA. &EHAT MX B SOTIItS aSSÏÏKe*
Comme dans les pampas
Un cambrioleur de vingt-huit ans, Fernand Clo-
che, ayant exercé la profesion de coureur à pied (?),
était, depuis longtemps, recherché par le commis-
saire de police du quartier des Halles, pour diffé-
rents vols commis dans le quartier.
L'inspecteur Henrion était particulièrement char-
gé de le rechercher, mais, chaque fois que Cloche
l'apercevait, il se sauvait à toutes jambes. Confiant
même dans la puissance de ses jarrets, il affectait
de narguer l'agent, et parvenait toujours à s'échap-
per.
Hier, après-midi, Cloche et l'agent se trouvèrent
encore face à face, rue des Halles. Cloche fit un
pied de nez au représentant de l'autorité et prit
sa course. Mails il avait, à peine, fait quelques pas,
qu'il tombait : l'agent venait de lui lancer un lasso
dans les jambes.
Le malfaiteur fut. ramassé et conduit au com-
missariat.
Lo G«rtews.
-do-
POUR (met
N,ÊirRE PAs M!SM POUP 10,9 -solifs jwt,#?,Rliops
N'ÊTRE PAS A a & de votre Chevelara
TROMPÉ ( LE BBLLEUX Pétrole HAHN
----- -
ÇA ET LA
Une caniérence sur l'agriculture
L'association de l'Industrie et de l'Agriculture
française a inauguré, hier soir, à la salle des Ingé-
nieurs civils de France, sous. la présidence de M. Ju-
les Méline, sénateur des Vosges, la série des con-
férences économiques qu'elle organise de concert
avec la Société d'Economie politique nationale.
La conférence, faite par M. Marcel Dubois, a ob-
tenu un vif succès.
Pour les victimes d'Aalesund
L'Union des Femmes de France ouvre une sous-
cription en faveur des milliers de victimes de l'in-
œndie d'Aalesund. Elle adresse un chaleureux appel
à tous les cœurs généreux qui voudront s'associer
à son témoignage de solidarité humaine.
Les souscriptions sont reçues au isiège social, à
Paris, 29, rue de la Chaussée-d'An tin, et dans tous
les Comités de la Société en province.
D'autre part, le Cassini a reçu l'ordre de,' .se rendre
de Brest à Aalesund, où il emportera, entre autres
secours, mille couvertures, mille kilos de farine, de
la viande et des haricots.
Paul Gostard.
——————————————— .8.
a 8 R 0 p D. 0 E 0 LAT
PHÉMIQ'US du D» 0© ira
Contre SBIPPE - TOUX - BHUm-S - i!ifLUE^Ms etc.
LE, CARNET DU COUSlli PONS
Chambrée des plus parisiennes, hier, à l'Hôtel
Drouot, le dernier et le seul endroit où l'on cause
agréablement entre deux enchères, quelques bous-
culades, et dans une promiscuité tout à fait réjouis-
sante. J'ai reconnu MM. Haraucourt, baron Clercq,
comte Duchauffault, Helleu, Morot, Detti, Cosson
Egger, Hougeau parmi les nombreux amateurs et
curieux qui se pressaient à la vente de la collection
Edmond Bonnaffé. Cette seconde vacation a donné
un total de 47.400 fr., avec les enchères suivanes :
Médaille de bronze, offerte en 1533 au Dauphin, par
la ville de Lyon, œuvre de Jacques Gaupvain,
3.500 fr. Statuette en bronze de guerrier antique,
travail français de la fin du seizième siècle, attri-
bué à François Duquesnoy, 1.700 fr. Petit cabinet
à façade plaquée de fer, Italie (seizième siècle),
1.700 fr. Meuble à deux corps, en bois sculpté,
France (seizième siècle), 1.385 fr. Dressoir en bois
incrusté de pâte blanche, à dessin de rinceaux (lin
du seizième siècle), 1.850 fr. Tapisserie des Flan-
dres (seizième siècle), 4.000 fr. La séance continue
aujourd'hui.
Me Braouézec, dont les ventes sont toujours sui-
vies avec intérêt, terminait, à la salle 11, la vente
commencée hier. J'ai noté : un régulateur
Louis XIV, 895 fr.; bureau cylindre Louis XVI,
400 fr.; une chambre à coucher, 895 fr.;, une com-
mode Louis XV, 380 fr.; bronze Carrier-Belleuse,
200 fr.
A la salle n° 7, j'ai vu une très intéressante ex-
position de tableaux, que dispersera aujourd'hui
M. Gaston Neumans, le jeune expert. Voici la no-
menclature de quelques toiles qui m'ont paru di-
gnes d'être signalées : Portrait d'une Famille, épo-
que de la Révolution, attribué à Aubry ; Portrait
d'une Dame en Diane chasseresse, par Delafosse;
Gttillaume, prince d'Orange-Nassau, attribué à
Miereveld.
Parmi les modernes, j'ai beaucoup aimé Ira Por-
trait de Mme de Mormand, par Cabanel, dans la
première manière du peintre, et une Tête de Vieille
Femme, de Courbet.
J'adresserai à M. Neumans un léger reproche :
celui de nous présenter des tableaux trop fraîche-
ment vernis et trop bien nettoyés.
Je m'en voudrais de terminer cette chronique sans
prévenir mes lecteurs que la direction des Domai-
nes nous-annonce une série de ventes, qui com-
prendront, entre autres choses, des chasubles de
diverses couleurs, des ornements sacerdotaux, un
piano et un nombre respectable de bottes d'égout-
tiers. Une véritable salade russe !
J. Marchand.
Vente et achat de beaux bijoux, objets d'art, meu-
bles anciens et modernes. Mme L. Marie, 180, bou-
levard Haussmann.
$$
Expertises, inv.entaires, partages, direction de
ventes publiques, Paris et province. Marcel Cerf,
49, rue Le Peletier, Paris.
*
* *
Mme Bourdeil, 139, boulevard Haussmann. Gale-
rie de tableaux anciens et modernes. Riche collec-
tion de portraits du dix-huitième siècle.
*
* *
Mme Lefortier, 33, rue Le Peletier, recherche et
achète très cher les dentelles anciennes et les bibe-
lots artistiques de valeur.
.0490. —————————
Le Corset-Maillot Rabeau
Madame Rabeau, à qui revient l'indéniable mérite
d'avoir amené une révolution salutaire dans le cor-
set par le corset-maillot sans baleines, tient à met-
tre en garde les personnes que sa création in.téresse
contre les imitations plus ou moins hâtives et gros-
sière qu'elle a suscitées ou qu'elle peut susciter.
On ne contrefait pas l'inimitable.
Ce n'est qu'après des études approfondies basées
sur une indiscutable expérience, qui en ont fait une
œuvre de science et une œuvre d'art, que le CQTset-
maillot Rabeau a été livré au publie. Il est le type
parfait du corset rationnel, convenant aussi bien
aux personnes fortes qu'aux femmes minces.
Prendre bien note de la .seuie adresse où se
trouve le véritable corset-maillot : Maison Rabeau,
M, faubourg St-Honoré, Paris.
LE THÉATRE
Au THÉÂTRE VICTOR-HUGO. — Représentation des
Escholiers.
Nous devons de belles soirées au Cercle des
Escholiers. Sous la présidence de Robert Gan-
gnat, Georges Bourdon, Robert de Fiers et
Maurice Froyez, il a représenté une suite d'œu-
vres subtiles ou fortes : Y Enfant malade, de Ro-
main Coolus, les Demi-Sœurs, de Gaston Devo-
ré, la Fronde, de Lucien Besnard, le Plaisir de
rompre. de Jules Renard, le Ghetto, de Heijer-
mans, Danton. de Romain Roland. Pendant la
dernière saison théâtrale, les pièces que le Cer-
cle nous avait données n'avaient pas excité un
très vif intérêt. Une comédie qu'on avait répétée
longuement avait diû être abandonnée parce que
le principal interprète se trouvait tout à coup
retenu sur une scène régulière. On ne saurait
s'imaginer toutes les difficultés auxquelles on
se heurte pour monter des spectacles importants
et qui ne seront donnés que pendant deux soi-
rées : c'est la salle qu'il faut trouver, ce sont les
décors, ce sont surtout les interprètes. Géné-
ralement des artistes appartiennent à un
théâtre. Quand l'un de ces comédiens s'inté-
resse à l'œuvre, quand il a obtenu de son di-
recteur la permission de la jouer, il arrive en-
core qu'il en est empêché parce qu'une pièce
sur laquelle son théatre comptait doit quitter
brusquement l'affiche et qu'on est obligé de ré-
péter en hâte une nouvelle comédie où il tient un
rôle. Et il y a les maladies et les susceptibilités !
Soyons indulgents aux défaillances qui peuvent
se produire dans ces représentations et son-
geons aux efforts désintéressés des organisa-
teurs.
«
* #
La soirée d'hier a été fort honorable pour le
Cercle des Escholiers. On pourrait se demander
s'il était bien utile de nous révéler le petit acte
de M. Commenge, Dette de cœu,r..Mais l'auteur
est très jeune. Il se peut qu'il ait un brillant ave-
nir dramatique et il serait glorieux pour le Cer-
cle d'avoir appris son nom au public. Henri de
Golen est phtisique et fort riche. Il a été soigné
avec dévouement par son amie Lucienne Bian-
court, une jeune actrice qui ne fut pas toujours
sage. Pour lui témoigner sa reconnaissance
Henri est décidé à l'épouser : « Tu es fou, lui dit
son camarade Roger d'Armor. Tu ne causeras
pas ce chagrin à tes parents. — Ils consentent
à cette union. — Que pensera le monde ? — Voi-
là qui m'est indifférent. » Henri n'a plus qu'à an-
noncer son projet à Lucienne. Mais — tel un
héros de Marivaux — il tente auparavant l'é-
preurve classique et cruelle : « Lucienne, je me
marie. » Douleur contenue de Lucienne, puis
résignation : « Tu as raison, Henri : cela devait
arriver. » Colère du jeune et bon docteur qui a
sauvé Henri : « C'est honteux ! Tu dois à Lu-
cienne la vie et tu l'abandonnes ! — Mais non !
C'est elle que j'épouse. » Suprême délicatesse
de Lucienne : « C'est impossible. Je ne suis pas
digne de toi ! Ta famille P Le monde ! — Ces
scrupules t'honorent. Tu es ma femme. Je fais
une bonne action. Je te relève. Tu es la dame
aux camélias, mais c'est moi qui suis le poitri-
naire. »
Cette petite comédie a éfé jouée ingénument
par M. Scott, qui imite Le Bargy, par M. Davin
qui, sous prétexte d'être simple, a peut-être exa-
géré la familiarité, par M. Bouchez, qui ne man-
que pas de naturel et par Mlle Lantelme, qui
est fort agréable à regarder.
* *
La pièce en trois actes de Mme Pescherard,
Jeanne d'Ascain, aborde un sujet puissamment
dramatique: Maurice Donnay, dans l'Autre Dan-
ger, nous a montré une jeune fille qui mourra
si elle n'épouse l'amant de sa mère. Pour sau-
ver son enfant et pour lui enlever tout soup-
çon, la mère exige que ce mariage ait lieu.
C'est aussi pour sauver son enfant que Jeanne
d'Ascain devient la maîtresse de" son gendre.
Jeanne d'Ascain est une veuve jeune et sé-
duisante. Elle ne vit que pour sa fille Christine
qui a dix-huit ans. Pour se consacrer à cette
enfant, elle a refusé de se remarier — telle
Sabine Revel dans la Course du Flambeau. Mais
il a suffi que Jacques Savenay parût pour que
Christine lui donnât tout son cœur. Bien qu'elle
fût très jeune et très délicate, elle n'a pas con-
senti à ce que son mariage fût retardé: Bientôt
elle est tombée malade et, depuis quelques mois,
Jacques soigne sa femme qui semble n'être en-
core pour lui qu'une fiancée. Cependant Jac-
ques reste maintenant moins volontiers lé soir
à la maison. Il sort et ne rentre que tard dans
la nuit. Christine souffre. Elle est jalouse. Elle
soupçonne que Jacques a une maîtresse ; elle
supplie sa mère de prendre des renseignements,
d'éclaircir ses doutes. Jeanne d'Ascain ne tarde
pas à savoir que Jacques est infidèle ; mais elle
cache la vérité à sa fille et elle exige de son
gendre une explication. Jacques avoue sa trahi-
son, mais il refuse de revenir à la vie familiale.
Pressé de questions, il finit par crier à Jeanne
p.'Ascain qu'il l'aime : c'est pour la fuir qu'il
abandonne chaque soir le foyer et se réfugie
chez une fille : « S'il en est ainsi, je partirai,
dit Jeanne. — Je vous suivrai, riposte Jacques,
et votre fille en mourra. » Codant à ce chantage
d'un nouvel ordre, Jeanne consent à demeurer
auprès de Christine et de Jacques. Elle devra
écouter quotidiennement les mots de tendresse
que lui murmure son gendre.
Chaque soir, après le dîner, ils restent seuls,
dans le salon. La musique est la complice de
Jacques. Peu à peu, dans ces tête-à-tête, Jeanne
se trouble et résiste mal au désir qui l'enve-
loppe. Elle céderait plus tôt si elle ne se trou-
vait auprès de sa fille, dans une atmosphère
de maladie. Mais elle s'abandonne enfin. Elle
expiera sa faute en se dévouant à une œuvre
anglaise qui a pour but de soigner les malades
au.% colonies,. Elle s'éloigne pour toujours, lais-
sant Christine, qui est sauvée et qui se résignera
bientôt à cette séparation, dans les bras de Jac-
ques qui est amoureux de sa jeunesse et de son
innocence.
Cette comédie impitoyable contient des scè-
nes douloureuses et violentes qui ont profon-
dément ému le public. Le succès aurait sans
doute été plus complet si le rôle de Jacques
Savenay avait été tenu par un acteur plus adroit.
Mais la pièce a été défendue avec talent et avec
ardeur par Mlle Henriette Roggers, qui tenait
le rôle de Jeanne d'Ascain. Elle a une admira-
ble voix, un visage de passion, un corps souple,
aux belles attitudes. Elle dit juste et simple et
son émotion, si sobre, se communique aux spec-
tateurs. Auprès d'elle, Mlle Berge s'est montrée
fort touchante, mais un peu artificielle sous les
traits de Christine Savenay. Il faut féliciter tout
particulièrement Mlle Béryl qui a remplace au
pied levé une de ses camarades et a appris en
un après-midi un rôle assez long et ingrat. M.
Nertann, dans un personnage de vieux docteur,
a soulevé les acclamations de la salle. On ne
saurait être plus vrai ni plus simple. Quel admi-
rable artiste !
Sans doute il y eut, dans l'interprétation, des
défectuosités. Sans doute la mise en scène avait
été mal réglée et les mouvements des acteurs
étaient incertains et flottants. Mais est-ce seule-
ment pour ces causes que la comédie de Mme
Pescherard n'a obtenu qu'un demi-succès ? Il
me semble que ce beau sujet aurait dû être traité
plus franchement. Pourquoi faire intervenir la
maladie, dans Y Autre Danger aussi bien d'ail-
leurs que dans Jeanne dascain ? Pourquoi
abaisser l'amant en le rendant coupable d'un
vilain chantage, en l'obligeant à menacer la
mère de la mort de sa fille si elle ne lui cède ?.
Pourquoi ne pas mettre loyalement en présen-
ce, la mère, le gendre et la fille et ne pas faire
éclater simplement entre eux un effroyable dra-
me d'amour ? Il est évident que la mère et le
gendre n'arriveraient que lentement à des aveux
monstrueux. Mais quand la situation serait
fixée, la mère et la fille se dresseraient l'une
contre l'autre ; l'homme combattrait sa femme
pour satisfaire son désir. Ce serait une mêlée
affreuse d'égoïsmes et la seule excuse de ces
incestes, de ces luttes impies, ce serait l'amour,
l'inconscience, la fatalité qui mène l'antique tra-
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« Mam'zelle Chichi » à la Scala
L'opérette ira se trouve vraiment dans son cadre,
à l'heure actuelle, qu'au music-hall, où on peut la
monter avec un luxe de décors et de mise en scène
que permettent les recettes certaines, et où Ion
trouve, pour les costumes, un bataillon de jolie?
femmes comme un théâtre mettrait longtemps avant
de Is'.en procurer.
Mam'zelle Chichi, la nouvelle opérette en sept ta-
bleaux, de M. Charles Esquier, dont c'était hier la
première à la Scala, a prouvé une fois de plus cette
vérité.
Les aventures fabuleuses d'un marmiton qu une
chanteuse d'opérette .prend pour un prince, et qui
nous transportent dans les milieux les plus pari-
siens, depuis les cuisines d'un restaurant a la mode,
les coulissas d'un théâtre, le pavillon d'Arme.non-
ville jusqu'au grand- escalier de Versa h les, d'où
descendent, dans un défilé qui est une merveille,
toutes les grandes favorites, depuis Agnès Sorel
jusqu'à nos jours ; le second acte nous transporte
dans un pays fantastique, non loin du Caucase, où
l'action devient d'un leste qui ferait rougir la mer,
Noire, qui est voisine.
Quand je vous aurai dit que Mam'zelle Chichi c'est
MaTguerite Deval, la trépidante et vibrante divette,
vous comprendrez combien cette opérette est mou-
vementée, spirituelle et parisienne ; Beval chantant
les couplets de la voix du sang ou ceux du béguin,,
ou se grimant en chinoise, c'est toute la gamme du
comique fin jusqu'à la petite note émue, et la char-
mante comédienne, qui n'avait jamais trouvé uns
rôle plus dans. ses cordes, à obtenu un triomphe.
A côté d'elbe, Morton, en marmiton fantomatique,,
s'est révélé un artiste de premier ordre, discret dans
la charge et comique jusque dans ses silences ;
FEUILLETON DE GIL BLAS »
Jeudi 28 ianvier 1904 45
--.-.--.--..- .---.--.----
La Commune
PAR
PAUL ET VICTOR MARGUERITTE
TROISIÈME PARTIE
Caïn
-
CHAPITRE in
P-GINTS DE VUE
(Suite)
Chaque jour, Bersheim arrêtait une date de
départ, aussitôt remise. L'ennui de laisser sa
'femme s'éterniser là-bas, le chagrin de sépa-
rer Anine de son fiancé, l'espoir improbable
de voir surgir quelque fait nouveau, une solu-
tion heureuse, le ballottaient. Cette fois, son
parti était pris; la semaine prochaine, il s'en
irait.
En un mois, il aurait réglé ses intérêts les
plus importants ; il pourrait revenir. D'ici
là cette abominable guerre serait terminée
sans doute. Au moins, à Metz, il n'entendrait
plus ce bruit du canon, qui lui répondait a.u
cœur, et auquel, comme ensorcelé, toujours il
tendait l'oreille. Quel navrement, alors qu'il
avait tant besoin de se rattacher à la grande
patrie, de la voir se déchirer aux entrailles, en
furieuse, sans plus songer même à la plaie ou-
verte de son flanc, aux provinces amputées' !
De Versailles à Paris et de Paris à Versailles,
errait son âme en désarroi, son dépaysement
ide Lorrain inutile, presque gênant., et dont
personne ne se souciait. Le fait accompli, la
coupure, qui donc, sauf ceux qui en restaient
aanglants, y pensait à cette heure 2
Même la consolation de voir son fils ne l'avait
pas réconforté. Maurice, revenu de Cologne,
avait passé quelques jours près d'eux. Ne vou-
lait-on pas, sur son désir formel de continuer
à servir, son option franche, le replacer com-
me sous-Jieutenant de ligne, dans le 4° corps,
que, de Cambrai, Douay était sur le point d'a-
mener contre Paris?
Mais Bersheim s'était, révolté : son fils ne se
refaisait pas Français pour se battre contre des
Français ! Grâce à Du Breuil, Maurice avait été
désigné pour un des régiments dVvlgérie ; il
(prendrait part à la campagne contre l'insurrec-
tion kabyle. Courtes heures de réunion incom-
plète, triste plaisir à se retrouver, à goûter une
chaleur d'affSction,- d'autant plus vive qu'ils
pensaient aux absents, la mère, la grand'mère
dans la maison déserte, le frère couché danq
quelque champ perdu, à Morsbronn. Encore
pâli, mal remis d'une bronchite, Maurice s'était
éloigné avec soulagement. Il avait hâte, après
les premières effusions, d'échapper à ce cauche-
mar, qui était comme la continuation de l'autre,
d'aller faire son aventureux métier de soldat,
sous un ciel nouveau, à l'ardent soleif d'Afrique.
Ils longeaient les murs verdis de l'Orangerie
et, détournant leurs regards des grandes por-
tes derrière lesquelles s'entassaient des prison-
niers, ils contemplèrent, à fleur droite, la vaste
découverte de la pièce d'eau des Suisses, pa-
reille à un immense miroir posé à plats entre
les hautes avenues séculaires, sous lesquelles
des lignes de tentes et de faisceaux s'allon-
geaient, au milieu d'un va-et-vient de bivouacs.
Par delà l'eau bleue, moirée d'or, les ambres
montaient en hémicycle autour de la statue du
cavalier Bernin, blancheur lointaine, escala-
daient le. coteau, barrant de leur masse aux
verts frais l'azur éblouissant. Du Bceuil, à la pen-
sée du départ proche, savoura plus intensément
la présence d'Anine. Au rythme de la marche,
leurs bras se frôlèrent. Il en éprouva un trou-
ble délicieux ; le corps blanc, qu'évoquaient la
neige rose du cou, la chair si douce des poi-
gnets, se précisa dans une brève et fulgurante
splendeur. Anine perçut l'effleurement du dé-
sir ; ses yeux se foncèrent, violettes plus som-
bres ; une langueur adoucit le fier visage. Ils
se sourirent.
Les cloches sonnaient dans l'afr léger. Les
habitants endimanchés, des femmes en toilette
claire, des officiers en grande tenue, toute une
foule, aux abords de la cathédrale, fourmillait.
Sur les degrés de Saint-Louis, des groupes se
formaient, causaient entre la haie compacte
des curieux, la presse des fidèles. C'était la sor-
tie de la grand'messe. Des paroissiens à tran-
che d'or s'étalaient dans toutes les mains. Du
Breuil jeta sur les passants, qui parlaient haut,
sans plus rien de recueilli, un regard paisible.
Depuis la guerre il ne pratiquait plus, avait re.
noncé à une religion dont, sous l'Empire, il
n'observait que les formes, la parade militaire
des messes.
D'esprit critique, d'âme élevée, il avait, dans
la tourmenta dans les heures solitaires de la
captivité, achevé de perdre la superstition d'un
Dieu-Providence, au spectacle de toutes les mi-
sères et de toutes les injustices, du mal éternel
qui flagellait les hommes et les choses. Com-
ment concilier l'existence d'une mansuétude
divine avec les effroyables calamités humai-
nes Il demeurait sous le coup des visions qui,
depuis Metz, s'étaient. succédé : le croupisse-
ment, l'agoni^ la mort de toute une armée
splendide, sacrifiée à l'horrible égoïsme cRID
seul, aux séniles ambitions de quelques-uns ;
Paris déchaîné, entrevu dans ses profondeurs
commç un océan aux monstrueux dessous, le
calvaire de la rue des Rosiers ; ici les prison-
niers sous les crachats, le vent de haine qui
soufflait, et l'étonnant démenti que ces chré-
tiens, catholiques comme lui, donnaient, par
leurs fureurs sauvages, à leurs principes de
charité,de pardon des injures. Ou, alors, qu'était
ce Dieu sanguinaire et sournois, ce Moloch dé-,
vorateur ? Comment des êtres raisonnables en
pouvaient-ils subir la tyrannie, dans, leur or*
gueil, comme dans leur huirvftiié ? Sans doute,
parmi l'es croyants il y avait des âmes d'élite,
de nobles vies vouées aux vertus qu'enseignent
les textes ; mais trop ne s'en couvraient que
comme i.f'U.n manteau commode, jeté sur leurs
posions et leurs vices. Réduite aux apparences
du culte, la religion ne lui paraissait plus qu'un
simulacre indigne d'une conscience libre. De
plus en plus, il mettait sa foi dans une concep-
tion morale de l'humanité, perfectible dans le
sens du beau et du bien, dans un fdéal de ius-
tice, c'est-à-dire d'un peu moins de souffrance
pour tous. Une telle philosophie s'alliait aux
idées de Bersheim et d'Anine, protestants sans
étroitesse. Le matin, comme tous les diman-
ches, elle était allée au Temple, y avait, dans la
simplicité méditative du lieu, pensé, avec un
bonheur concentré, à cette mâle croyance de son
fiancé, en harmonie avec ses propres convic-
tions intimes.
Bersheim échangeait un coup de chapeau
avec le comte de La Mûre. La comtesse, ronde
et courte, secouait, au milieu d'un cercle d'élé-
gantes, son chapeau orné d'une plume blanche.
Longue et plate, sa fille dressait au-dessus d'elle
son visage exsangue, inexpressif. Les caquets
allaient bon train. Doucement, avec des mines
confites, sel et sucre, ces dames se confiaient
les dernières « abominations » de Paris, ren-
chérissaient. Le crâne de La Mûre, à chaque
salut, — il congratulait de la voix, du geste,
force députés au passage — brillait comme un
œuf d'autruche.
Les trois quarts de l'Assemblée étaient là. Du
Breuil reconnut vingt personnes. Presque tous
les grands chefs militaires que ne retenaient
poo louTO ftommandomcnla, te personnel des
états-majors" étaient là. Il porta la main à la
visière de son képi. Le général Chenot, qui le
coudoyait, lui adressa un petit bonjour. Tou-
jours gros et rouge, avec son regard fin entre
les paupières lourdes. Qu'est-ce qu'il avait donc
de changé ? Tiens ! ses moustaches. Au lieu
des pointes droites, de l'impériale cirée, un dou-
ble croc et une barbiche en virgule, à la d'Au-
male. Courtisan bourru, mais avisé, il était ami
des amis des prihees, ne cachait pas un orléa-
nisme tricolore, pr$t à tourner au blanc, si
Chambord.
Mais Anine s'avançait, d'un joli mouvement
spontané, au-devant des daigts de Grandpré. La
douairière, en robe de soie noire,avait grand air,
avec ses cheveux blancs, la maliee indulgente
de sa vieille figure ridée. Sa fille, qui lui ressem-
blait ainsi qu'une effigie moins nette, montrait,
dans son corsage de taffetas crème, sa jupe à
volants, un charme de distinction et de jeunesse.
Elle accaparait sa cousine, ranimée dans sa vie
dormante, sans une affection d'enfants, par le
ravonnemént communicatif d'Anine, ce feu de
l'amour où toutes les femmes, comme avec une
secrète envie, se plaisent à se réchauffer. Im-
peccable et glacé, M. de Grandpré n'était que le
plus correct des maris.
Il serrait les mains de Bersheim et de Du
Breuil, qu'au même moment abordait d'Avol,
le déjeuner devait les réunir tous, dans la gran-
de salle à manger aux boiseries Louis XVI du
vieil hôtel, rue d'Anjou. Lentement, ils s'ache.
minèrent. Ils jouissaient de l'éclat du jour, à
travers les rues moisies, presque gaies sous le
soleil, très haut; de beaux nuages glissaient mol-
lement dans le bleu limpide.
Bersheim et Grandpré s'en allaient devant,
reprenant leur discussion éternelle. Ils finis-
saient par y prendre goût, trouvaient dans la
contradiction, un stimulant, la joie d'enfoncer,
comme-un clou, leurs certitudes opposées.
— Eh bien ? dit M. de GranUpré, relançant son
adversaire, ces messieurs de la Commune sont
en train de s'adjoindre quelques nouveaux col-
lègues.. Il n'y avait point assez de canailles à
l'Hôtel de Ville.
Bersheim hocha la tête, c'étaient aujourd'hui
les élections complémentaires :
, — Il y aura moins de votants que la première
fois.
— Et pour cause ! ricana Grandpré, Quand on
pense que ces chienlits nient la légalité de l'As-
semblée, osent mettre en balance leur gouver-
nement de saturnales !. En vérité, il y a des
jours où j'estime, avec la majorité, que M. Thiers
est trop bon. Promettre la vie sauve aux insur-
gés qui n'auraient pas à répondre de délits de
droit commun ! Avez-vous lu l'excellent article
paru dans le Journal de Versailles ? Son auteur
a raison : pas de pitié, ou ceux que nous aurons
épargnés par sensiblerie humanitaire, un jour,
ne nous épargnerons pas ! Nous jouons la Fran-
ce. Pas de prisonniers ! S'il se trouvait parmi
eux quelque honnête homme entraîné de force,
on le reconnaîtrait, dans ce -monde-là, à son au-
réole 1 Il faut que nos braves soldats, dans la
rage de l'action, aient la liberté de venger leurs
camarades, de faire ce que, de sang-froid, ils ne
voudraient pas faire le lendemain. Feu !
Il abattit sa garnie, d'un coup sec. Ib parlait
d'une voix blanche et mesurée, une rage a froid
dans ses yeux gris. Bersheim lui jeta un regard
peiné. Dire que cet homme était ce qu'on appelle
un modère ! Il avait 1 intelligence vive, une cer*
taine culture ! Chaque jour Bersheim entendait
de semblables propos, et de plus virulents enco"
re. La droite de l'Assemblée, c'est-à-dire l'As""
semblée presque entière, le monde-qui gravitait
autour d'elle, famille, amis, le public des jour-,
nalistes et des gens d'affaires, s'exaltaient dans1
une irritation contagieuse, ne voyant plus dans
Paris, qu'un ramassis de déments et de scélérats"
le criaient sur tous les tons. Bersheim évoqua le!
tapage des couloirs quand, jeudi, Jean Brunet
avait demandé à interpeller le gouvernement
sur ses intentions : continuation de la guerre ou.
conclusion de la paix avec Paris. De quoi se
mêlait ce fol ? Ajourné à un mois ! D'ici là, l'af-
faire serait faite. En attendant, la majorité ne
rêvait qu'escalade immédiate : la Commission
des quinze harcelaft Thiers, voulait sa part de
direction.
Grandpré, amer, haussa les épaules. Les der-
niers actes de la Commune exaspéraient son es"
prit d'ordre, son système d'une société bien équi-
librée, puisqu'il s'en trouvait heureux. Il avaib
en horreur la plèbe, suffoqué par son odeur de:
crasse, sa sueur aigre, son haleine de vin. Qu'at-
tendre de ces goujats, sinon le vol et le meurtre?,
Qu'on lui parlât des mains blanches ! Il ne pen.;
sait pas qu'elles pussent se salir jamais, gar*
dées, par leur propreté même, contre toute ab-w
jecte besogne. Et si une défaillance. Sans bien
se l'avouer, il leur trouvait d'avance mille cir-
constances atténuantes, doux à tous les crimes
en marge du Code, pourvu que fût respecté cet
autre Code, aussi barbare et suranné : l'honneur.
mondain ; que restât sauve, sous son vernis;
menteur, la façade. Depuis le décret, sur la Co-
lonne et les récentes lettres de l'archevêque, ils
ne décolérait pas.
— Croiriez-vous, dit-il que Rigault et ses aco-
lytes ont circonvenu Mgr iDarboy, au point dei
persuader à ce vénérable prélat que nous fusil-
lions les prisonniers et que nous achevions les
blessés sur le champ de bataille ? Le curé de
Montmartre est venu l'autre semaine, envoya
par la Commune, nous porter — il disait nous,.
en s'adjoignant à M. Thiers — une missive de
l'archevêque et une autre de l'abbé Deguerry",
protestant contre les exécutions.
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