Titre : Gil Blas / dir. A. Dumont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1884-01-11
Contributeur : Dumont, Auguste (1816-1885). Directeur de publication
Contributeur : Gugenheim, Eugène (1857-1921). Directeur de publication
Contributeur : Mortier, Pierre (1882-1946). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344298410
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 53031 Nombre total de vues : 53031
Description : 11 janvier 1884 11 janvier 1884
Description : 1884/01/11 (A6,N1515). 1884/01/11 (A6,N1515).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7526185g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-209
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/07/2012
5
r , 'e,ilj BLAS. - Vendredi *1 Jan~~XS~~
A TRAVERS LA POLITIQUE
Le Temps et les autres journaux du
feoir annoncent que les bureaux des grou-
pes de la gauche se sont réunis hier pour
s'entendre relativement aux élections d'au-
jourd'hui. Rien de plus naturel, de plus
logique et de plus loyal : tous les groupes
républicains sont appelés à s'entendre
pour répartir les sièges en dehors du
siège présidentiel. Oui, cela est naturel,
logique et loyal; mais il faut compter
avec l'extrême gauche. On ne connaît pas
assez l'extrême gauche. Elle a beaucoup
de défauts ; elle en a un - qui écrase tous
les autres ; elle ne veut pas qu'on gou-
verne la République. Pour elle, la Répu-
blique c'est le mouvement perpétuel vers
un but inconnu. M. Naquet, qui a quel-
ques cases saines dans le cerveau, a aussi
des cases absolument perturbées par des
microbes politiques sociaux. Il a un jour
développé, 'avec sa verve ordinaire, la
théorie de l'instabilité. Ce jour-là il eût
fait moins de mal à la République en pré-
conisant les coups d'Etat. La France est
le pays du monde qui a la plus grande
soif de stabilité. Elle est composée pour
une majorité considérable de petits pro-
priétaires, et il faut être bête comme les
intransigeants pour croire qu'ils ont la
France devant eux quand sept ou huit
cents boit-sans-soif demandent la sociale.
Revenons à l'extrême gauche. Son bu-
reau, bien élevé, nous le reconnaissons,
s'est donc rendu à l'invitation qu'il a re-
eue. Il a écouté, pris des notes et déclaré
qu'il ne pouvait prendre aucun engage-
ment avant d'en avoir référé à son grou-
: pe. Ce n'est pas un bureau cela, c'est un
Commissionnaire. Comment, avant de ve-
nir à une réunion de tous les groupes ré-
publicains, ces messieurs n'ont pas pris
l'avis de leurs électeurs. Ils ne peuvent
pirendre une décision sans en référer.
Mais alors ils sont venus pour savoir ce
( qu'on disait, pour le rapporter, pour pren-
di e attitude suivant les déclarations des
jtos et des autres. Cela peut être très ha-
-bilp, très malin; cela n'est pas loyal.
L'extrême gauche votera très probable-
ment, si elle vote, contre les candidats ré-
publicains; elle fera, comme elle l'a fait
vingt fois, le jeu de la droite; pourquoi
n'a-t.elle pas envoyé son bureau à.l ex-
trême droite? Elle eût trouvé à qui parler
et nous aurions vu se reproduire un de ces
spectacles touchants dont nous avons eu
déjà plus d'une représentation.
Nous espérons que la République vi-
vra ; nous en avons même la conviction ;
mais il faut, comme on dit, qu'elle ait
l'âme chevillée dans le corps. Résister aux
monarchistes, c'est une plaisanterie ; mais
il y a les intransigeants, et, ceux-là, ce
sont les pires ennemis de la République.
Ils ne la comprennent qu'entre leurs mains
comme instrument de désordre et de des-
potisme.
Le Sage.
i ii i i —— J 1
LES AFFAIRES DE PARIS
TRAMWAYS
Je me demande pourquoi les journaux pres.
que réactionnaires, qui sont si heureux de
pouvoirjdire du mal du conseil municipal qu'ils
ne manquent jamais la plus petite occasion
qui s'offre à eux, ne voient pas, par compen-
sation, les feuilles plus honnêtes rendre cette
justice au conseil — justice que cependant
peu de personnes osent lui dénier — qu'il fait
bien les affaires de la noble cité de Paris.
Les conseillers, sans exception il faut le
croire, sont même extrêmement pointilleux
quand il s'agit « d'affaires »,. et dès que, en
quelque prtiposition, on croit voir anguille se
musser sous roche, la proposition est sûre
d'un enterrement de première classe.
Dernièrement, une belle Société est venue
demander à se substituer à une Compagnie
de tramways dont la déconfiture est assez
accentuée. Cette Société possédait, si je suis
exactement informé, la somme colossale de
250,Û00 francs,- mais elle avait du papier en
montagaes. Elle entendait distribuer aux
obligataires» en échange de leur vieux pa-
pier pour lequel Rabelais n'aurait pas été
géné de trouver un nom, du papier neuf qui
aurait été bon que pour le même usage ;
mais pendant quelques jours, je le suppose,
Pu aurait émis des actions nouvelles, qui se
seraient payées en bon argent, lequel argent,
vraisemblablement, n'eût pas glissé entre les
doigts de tout le monde.
Eh bien, dès que le conseil a été appelé à
délibérer là-dessus, ça été rasé de la bonne
manière, malgré l'administration qui, je ne
sais. pourquoi, s'y intéressait. La Société a
bien eu dix voix pour elle.
Je ne vois pas à quoi sert de mener tant
de train, et pourquoi ces va-et-vient de com-
binaisons et de Sociétés. Le public ne sera
iservi à souhait qu'au moment où on permet-
tra à la Compagnie des Omnibus, qui rend
tant de services à la population, de repren-
dre ces Sociétés dont les affaires ne roulent
pas mieux que leur matériel mal entretenu.
Déjà, l'on s'est aperçu que c'était une bê-
tise de ne pas donner, à la Compagnie des
Omnibus la prolongation des lignes qu'elle
'hessert; on va revenir sur le vote émis l'an
dernier, et on aura joliment raison.
C'est très- beau de crier contre le mono-
pôle, l'affreux, l'abominable monopole ; mais
quand le monopole est nécessaire pour avoir
des services publies sur des parcours où on
ne-gagne pas d'argent, quand ce coquin de
inonopole rend à toute une population des
services inappréciables, le monopole est bon,
et il le faut louer.
LE IRANC-BOURGEOIS.
■ "ijft ■ ■
lN FORMATIONS
c. M. Méline, ministre de l'agriculture, est
Centré à Paris hier matin.
Le Gaulois a publié hier des renseignements
fâcheux sur la santé du président de la Ré-
publique qui, d'après lui, « aurait eu une as-
sez fortejsyncope suivie d'un assoupissement
prolongé », etc.
Inutile de dire que cette information du
Gaulois est absolument inexacte.
Contrairement à ce que plusieurs journaux
ont annoncé, M. Poubelle, préfet de la Seine,
n'a pas été indisposé ces jours derniers.
Le ministre de la marine a reçu de l'ami-
ral Courbet le télégramme suivant, daté de
Hong-Kong, le 9 janvier, à midi et demi, et
de Hanoï, les 27 et 31 décembre :
Aujourd'hui 27 décembre, les magasins de l'ar-
tillerie, à.Hanoï, ont éprouvé un commencement
d'incendie. Les pertes de matériel sont peu con-
sidérables, et seront remplacées, sous quinze
jours, par des "envois de Saïgon apportés par
l'Aveyron.
Des renseignements précis portent à plus de
quatre cents tués et- six cents blessés tes pertes
de l'ennemi à la prise de Son-Tay.
Liou-Vinh-Phuoc et son lieutenant sont parmi
les blessés.
r Plusieurf officiers chinois ont été tués.
t Nos blessas sont généralement bien, la tempé-
ïïfeîê-étant fa3$f§,bl<à à leur guérison.
L'ennemi a laissé entre nos mains 89 pièces
de canon en bronze ou en fonte, dont 7 rayées;
400 kilogrammes de dynamite et 150,000 cartou-
ches pour Remington et. Winchester.
Le chapitre et le clergé paroissial de La
Rochelle viennent d'adresser une lettre au
nouce à Paris, pour protester contre l'éléva-
tion probable de M. l'abbé Bourdé, aumô-
nier du collège de Saintes, au siège épisco-
pal de La Rochelle, en remplacement de M.
Thomas, nommé au siège arehiépiscopal de
Rouen. - -
Le Temps dit à ce propos que la nouvelle
de la nomination de M. Bourdé est inexacte.
Le gouvernement n'a pas arrêté son choix
définitif ; il hésite entre deux candidats dont
aucun n'est M. Bourdé.
Toutefois, le mouvement dans le personnel
épiscopal, retardé jusqu'à ce jour par l'hési-
tation de M, Meignan, évêque d'Arras, à ac-
cepter le poste d'archevêque de Tours, pa-
raîtra prochainement, M. Meignan s'étant
décidé à accepter la succession de M. Colet,
à Tours.
L'Eæercito, journal militaire de Rôme, pu-
blie une lettre écrite le 26 décembre par M.
Decrais au colonel du 78 régiment de tirail-
leurs pour le prier de remercier chaudement
le capitaine Lodiet le lieutenant Montant, du
dévouement qu'ils ont montré en procédant
au sauvetage de plusieurs Français lors du
désastre de Casamicciola.
X 7
Six mille pèlerins sont arrivés à Rome
pour prendre part à la manifestation en l'hon-
neur de Victor-Emmanuel. Quatre mille au-
tres sont attendus aujourd'hui. (Les colonies
italiennes de Lugano, Salonique, Bucarest,
Trieste, Marseille, Paris et du Chili sont re-
présentées. D'autres colonies ont envoyé des
couronnes et des drapeaux. Plus de soixante
corps de musique sont arrivés.
X
Lundi dernier, le pape a déclaré à la con-
grégation des cardinaux qu'il a déposé aux
archives secrètes du Vatican un compte
rendu détaillé de la conversation qu'il a
eue avec le prince impérial d'Allemagne.
Léon XIII a exposé en même temps aux car-
dinaux les motifs qui l'ont déterminé à trans-
mettre à la postérité la relation d'un événe-
ment dont les conséquences futures pourront
être importantes.
X
Le Moniteur de Rome dément la nouvelle
publiée par le Standard de la reprise officielle
des relations diplomatiques entre l'Angle-
terre et le Vatican. Ce journal fait remarquer
que M. Erriogton n'a pas été reçu par le
pape, à l'occasion du nouvel an, avec les
membres du corps diplomatique.
On télégraphie du Caire que Nubar-Pacha
a pris hier possession de jsôn poste de prési-
dent du conseil.
Le nouveau cabinet est composé ainsi
qu'il suit :
Nubar, affaires étrangères et justice;
Sabit, intérieur ;
Mahmoud, travaux publics ;
Abd-el-Kader, guerre;
Mustapha Fehmi, finances.
Le projet d'expédition de troupes nègres,
sous le commandement de Zuber-Pacha, est
abandonné.
Aucune décision n'a été prise au sujet du
rappel de l'expédition de Baker-Pacha.
Il sera créé, sous la présidence du général
Wood, une commission qui sera chargée
d'étudier les mesures à prendre pour opérer
l'évacuation du Soudan. Dans les cercles
compétents, on croit qu'il faudra une année
pour effectuer, l'évacuation complète des pro-
vinces équatoriales.
X
On mande du Caire au Standard que le
beau-frère du Mahdi a été capturé à Esneh et
amené au Caire.
Il affirme que le Mahdi ne combattra ja-
mais contre les troupes turques, mais qu'il
fera cause commune avec elles, afin d'expul-
ser de l'Egypte tous les étrangers.
Il a déclaré aussi que l'action du Mahdi n'a
pas exclusivement un caractère religieux, et
que, s il a levé l'étentard de la révolte, c'est
surtout à cause des impôts exorbitants qui
sont imposés au pays, et à la suite de l'inter-
diction de la traite dea-esclaves, qui a réduit
le Soudan à la misère.
X
L'Italie a des nouvelles des prisonniers
qui se trouvent au camp du Mahdi, dans la
Haute-Egypte, prisonniers parmi lesquels se
trouvent quelques religieuses et missionnai.
res italiens.
La manière dont ils ont été traités jusqu'à
présent par le faux prophète n'est pas de na-
ture à inspirer des inquiétudes. Des tentes
ont été fournies à ces prisonniers; ils sont
respectés par suite de la haute protection
que leur accorde le Mahdi; et les menace que
leur adressent quelques fanatiques tombent
devant cette protection. -.
Ils sont nourris comme tous ceux qui sui-
vent le faux prophète, qui a donné des ordres
sévères pour empêcher tout mauvais traite-
ment à leur égard.
Tout récemment, les-religieuses et les mis-
sionnaires ayant montré quelques inquiétu-
des sur le sort des enfants baptisés et re-
cueillis par eux (environ cent cinquante) qui
se trouvaient abandonnés, le Mahdi a or-
donné que ces enfants soient conduits au
camp et confiés à. la garde de leurs maîtres
et maîtresses.
Ces nouvelles ont été apportées au Caire
par un missionnaire qui a réussi à fuir de la
Haute-Egypte et qui dit les tenir de source
certaine.
Georqn Duree.
LES COULISSES DE LA FINANCE
Les cours sont en légère réaction sur
hier. Ce n'est pas dôla baisse; tout au
plus un temps d'arrêt pour permettre au
marché de respirer. La spéculation à la
hausse paraît vouloir tenir bon.
Quelques faux-frères réalisent, tant il
leur parait peu naturel qu'on puisse aller
longtemps do ce train-là.
Mais on sait d'avance qu'il faut compter
sur des défaillances de la part des ache-
teurs de la première heures. Leur faibles-
se ma foi, est bien excusable.
rensez au nombre de liquidations dé-
sastreuses qu'ils ont subies depuis deux
ans ! aux sacrifices qu'ils ont dû faire pour
se procurer l'argent nécessaire à l'éclai-
rage des différences! Il n'est pas étonnant
que les marchands de ruolz fassent de
belles affaires; presque toute l'argenterie
de la dynastie des échangeurs de ferme
contre prime, voire même. d'un certain
nombre de descendants des Croisés, sont
au clou.
Si la baisse avait continué, le strass
aurait atteint .des prix fous, le diamant
n'étant plus porté dans le monde de la
haute et basse finance. On m'a désigné
des administrateurs de Sociétés de crédit,
dont je me garderai bien de citer les
noms-, qui ont échangé leurs lunettes en
or contre des bésicles en aluminium, et ne
portent plus qu'un gant à la fois, le se-
cond étant chez la revendeuse, parce que
les gants se payent au comptant. S'ils
sont correctement vêtus, c'est qu'il est
facile d'obtenir de larges .crédits chez les
tailleurs.
Pardon! je m'éloigne de mon sujet.
Mais, véritablement, ces gens-là me font
de la peine. Songez donc à ce qu'ils ga-
gnaient, il y a trois ou quatre ans, dans
les syndicats et les émissions à prime,
dans des constitutions de Sociétés dont
ils fabriquaient eux-mêmes les apports en
deux temps et trois mouvements.
Une écaille d'huîtres représentait alors,
pour un administrateur intelligent, nn ca-
pital émettable de dix millions au moins et
quatre millions à cinq millions de primes
réalisables. Avec une idéequelconque,
cellp, par exemple, d'assurer lai. yeux des
noctambules contre le serein, — n'impri-
mez pas le souscripteur, ami compositeur,
- on pouvait fabriquer rôngt millions de
capital au moins. ,,(:,
N'a-t-on pas vu dévorer vingt millions
de francs pour installer, au bas des omni-
bus, quatre ou cinq cents petites boîtes do
sapin, valant environ quarante sous, fer-
rure comprise ?
Et cette Société fantastique créée à je
ne sais plus combien de millions pour la
recherche d'une vis, qui devait faire mon-
ter une machine fabriquant de la dentelle
fine et qui liquide, après trois ans de re-
cherches inutiles ayant tout englouti, sans
qu'il reste un mètre de dentelle valant
douze sous.
Et la Métropole, émise à prime, pour
assurer justement les immeubles qui de-
vaient brûler.
Et la Pouponnière, cette mère-nourrice
qui devait soustraire un si grand nombre
de bébés à la mortalité qui frappe les en-
fants à Paris, et qui n'a servi qu'à rui-
ner les parents. Et le. la.
; *
Voilà que je m'écarte encore de mon
sujet, sans trop m'en éloigner cependant;
car si vous vous souvenez, d'après quel-
ques économistes, que la peste les étoufie !
— la reprise doit avoir pour résultat de
favoriser de nouvelles émissions du genre
de celles que je viens de citer. Eh bien !
si cela était, je préférerais encore de la
baisse et toujours de la baisse.
Mais au fait, je ne suis pas le seul à la
demander, cette baisse. Un organe puis-
sant, — tout ce qui fait beaucoup de bruit
est puissant aujourd'hui, — la prêche,
cette baisse, la demande à genoux et vou-
drait que le feu du ciel dévorât les haus-
siers.
Il veut la réaction, parce qu'il ne s'agit
pas d'«une hausse de bon aloi », mais bien
d'une « manœuvre de la spéculation ». Il
désirait une période d' «accalmie» pouvant
exciter (sic) l'épargne à de nouveaux pla-
cements » (s'agirait-il encore de Galions de
Vigo?)
Pendant qu'on eût ainsi chaatouillé
l'épargne pour l' « exciter » peut-être de
gros vendeurs, dont on dit la situation
fort menacée, eussent pu se racheter.
Tandis qu'avec l' « étranglement » qu'on
prépare, enfer et damnation ! il va falloir
allonger l'argent qu'on avait et peut-être
faire des billets pour le reste.
Oyez-les, ces bons apôtres, et vous sau-
rez que cela va de mal en pis. Au Tonkin
nous sommes menacés. de quoi? les
économistes n'en savent ri-en, mais nous
sommes menacés tout de même.
A l'intérieur nous sommes encore bien
plus menacés. de quoi ? Eh ! pardieu de
la banqueroute! M. Tirard va faire un
emprunt. donc, nous nous endettons et
nous marchons à la faillite.
— Vous ditos ?
— Ah ! que M. Tirard ne fera pas i'em-
prunt ? Mais alors nous sommes en bien
plus grand danger î
- Pourquoi?
-*■ Vous n'en savez rien ? Moi non
plus,mais les économistes nous l'affirment,
et quand un économiste a fait une décla-
ration quelconque, c'est comme si le no-
taire y avait passé. Contestez l'infaillibi-
lité du Pape, mais ne mettez pas en doute
celle d'un économiste distingué, ils sont
tous distingués ces cocos-là.
Allons, bon, voilà que je m'éloigne en-
core. Mais non, pas tant que vous
croyez, cette fois. Au contraire, j'y suis
en plein. Il est évident que si l'on n'avait
pas eu à faire courir une poste à de gros
vendeurs, nous n'aurions pas monté avec
autant de rapidité, mais nous aurions
monté tout de même.
N'a-t-on pas escompté tous les évé-
nements, toutes les discussions, tous les
incidents diplomatiques qui devaient éven-
tuellement surgir ? Or, quand des inci-
dents prévus ne surgissent pas, on doit
forcément revenir au point de départ.
Exemple :
Dernièrement un groupe de haussiers
trop pressés ont escompté la prise de Bac-
Ninh par un mouvement de vingt sous.
On n'a pas pris Bac-Ninh et il s'en
est suivi une dégringolade. Mais du mo-
ment où l'on a baissé de cent sous sur la
probabilité d'un débarquement des Chi-
nois au terre-plein du Pont-Neuf et que
les Chinois n'embarquent même pas, on
conviendra qu'il était possible de rega-
gner une partie des six francs perdus sur
la rente. On nous a parlé, pendant six
mois, de coalition des puissances, de la
guerre au printemps; on a mis, dans les
feuilles économiques, l'Europe à feu et
à sang. Or, s'il n'y a pas coalition, s'il n'y
a pas guerre, si l'on ne fait du feu que
dans les cheminées, et si le sang ne coule
que dans les abattoirs, il faut en con-
clure. au fait, concluez vous-mêmes.
On me reproche de n'avoir pas tenu
compte, dans mes calculs sur le revenu
des obligations Bône à Guelma, de la
prime .d'amortissement de ces titres.
Je" suis prêt à réparer cette omission.
Les obligations de Bône à Guelma étant
remboursables dans une période de 91
ans, d'ici là les administrateurs, les sous-
cripteurs et moi seront dans un piètre
état, — la prime d'amortissement repré-
sente. -,
Surtout ne croyez pas que je plaisante,
ou je vous renvoie à la table des loga-
rithmes.
Cette prime représente une bonifica-
tion annuelle de quarante centimes.
Quarante centimes, huit sous !
Juste de quoi fumer un quart de ha.
vane passable.
Réjouissez-vous, ô obligataires !
Don Caprice.
——————.
LE SÉNATEUR DESCELLÉ
On mène grand bruit, autour do certaine
mésaventure anacréontique, dont certain sé-
nateur du Midi est le héros.
Le Midi nous envahit depuis quelque
temps! 1*
Donc, le susdit sénateur aurait été misseus
scellés chez une gente et galante dame du
quartier Bréda.
Je connaissais l'aventure, qui ne date pas
d'hier, et qui n'a qu'une importance secon-
daire. Néanmoins J'ai voulu aller aux infor-
mations.
Eh bien, je dois, tout d'abord, rassurer les
électeurs sénatoriaux du Midi,. et les nom-
breux comités qui ne peuvent manquer de
surveiller les membres delà Chambre haute 1
M. C.; l'honorable dont on parle tant, a
pu échapper à la vengeance qui, le poursui-
vait. Et cela, sans forfaire aux lois qu'il est
censé confectionner; car, dans toute cette
histoire, il y a plus de fumée que de feu, et
la cire des fameux scellés dont parlent deux
,~ *03 confrères est encore à fondre
Voici, en effet, les résultats de mes inves-
tigations.
i Au numéro 31 de la rue LaBruyère, domi-
cile présumé de la susdite dame* une cou-
t cierge accorte m'accueille eu minaudant,
- Ah 1 mon bon monsieur, je fais pour qui
et pourquoi vous venez 1 Mais ça n'est pas
ici, c'est en face!.. Ah! nous le connaissons
très bien, le sénateur. Un bel bpmme» allez,
j et comme il faut ! Allez en face — et deman-
i desz Mme Abadie -1 une blonde ébouriffée,
j maie d'un pschutt, d'un v'lan étourdissants !
Dare-dare je traverse la rue.
Numéro 30. Maison de belle apparence.
L'escalier est confortable. A tous les étages,
des banquettes! Attention délicate!. Au
second, je sonne.
Une servante, une abominable mégère, ri-
dée comme une vieille pomme, apparaît.
Madame Abadie ?.
— C'est ici, mais elle n'y est pas*;
- - Quand y sera-t-elle ?
- Etes-vous de la police?
- Maritorne !.
- Assez et revenez ce soir, sur le coup de
six heures, on verra.
Aimable fille w et bien capable de perpé-
tuer les traditions des caméristes, à la mine
friponne du dix-huitième siècle !.
Mais le métier a de cruelles exigences et
les reporters ne vont pas voir les femmes
comme les sénateurs — pour la bagatelle.
:' A six heures, je monte discrètement l'es-
calier.
Colloque nouveau avec la sérvante.
— Madame n'est pas là! Mais il n'y a rien
eu. Pauvre chatte, c'est l'innocence même!
Oui, le Sénat tout entier pourrait avoir con-
fiance en elle. Ce n'est point une femme à
compromettre un membre de la Chambre
haute !
Navré, je descends. Au fond, je savais bien
ce qu'il y avait de vrai dans l'histoire, mais
j'aurais voulu voir « la dame ».
Mais il y a un dieu pour les reporters,
Comme je descendais, une jeune femme,
svelte, assez distinguée, aux cheveux d'un
blond èendré, s'adressait à la cerbère :
— Pas de lettres pour Mme Abadie ?
Je m'interpose..
— Alors, Madame Abadie c'est vous ?
- Hélas !
— Comment, hélas! Mais vous êtes celle
que je cherche. Oh ! ne cherchez pas à fuir,
ce serait inutile, car vous êtes bien la Dulci-
née de ce sénateur qui est en train de réha-
biliter 1e Sénat qu'on avait représenté jus-
qu'ici comme composé d'impuissants.
— Certes.
— La vérité, la vérité tout entière ? Il me
la faut !.
— J'ai bien reçu la visite d'un commissaire
de police, alors que je faisais un délicieux
voyage à Cythère avec Ernest, qui était bien
réellement, le pauvre chéri, dans le costume
d'Adam — après la chute. Ernest, c'est le
prénom de mon gros loulou de sénateur 1
Mais ce qui est faux, archi-faux, c'est cette
fameuse histoire de scellés et l'odeur de
cire fondue qui aurait chatouillé désagréable-
ment les nerfs olfactifs de celui qui peutêtre
amovible en politique, mais qui sera toujours
inamovible en amour.
Sous la conduite de la maîtresse de céans,
j'inspecte les portes. Pas la moindre trace de
cire, pas la moindre trace de feu! — En
effet, tout s'est passé comme on me l'avait
dit. Il n'y a eu qu'une visite du commissaire
de police, visite qui restera d'autant plus sans
effet que le trop amoureux sénateur est se.
paré depuis longtemps de sa femme.
Quant au juge de paix, néant !.
.Pourtant, si les commissaires de police se
mêlent des amours attardées — et pourtant
viriles encore - des pères conscrits, nous
pourrions bien eh apprendre de belles 1.
Caveant consules!.
Pour être sénateur, on n'en est pas moins
homme.
Fernand Xau.
——I. M ■» ■!■■■! ■ M
ËMILE BEN ASSIT
Je voudrais dire deux mots du peintre
Emile Benassit, qui est atteint, comme on
sait, de paralysie, et au profit duquel une
tombola est organisée par ses camarades.
Je suis allé voir le pauvre artiste; il mar-
che péniblement et peut à peine se servir de
sa main gauche, — pour écrire, mais non
pour poindre.
Dans son petit appartement du troisième
étage de la rue Lepic les journées lui pa-
raissent longues et tristes.
Pourtant quelques amis viennent lui ser-
rer la main et lui apporter leurs conso-
lations. Les plus fidèles sont Monselet,le com-
te II. O'Héguerty et notre ami Paul Arène.
Emile Benassit est né à Londres do parents
français — et il est resté Français de cœur et
d'esprit.
Son premier tableau fut exposé en 1859.
Lorsqu'il eut dévoré son patrimoine, il fit
de l'illustration — pour vivre.
De là datent ses lithographies; ses eaux-
fortes et ses dessins. Quelques-uns dè ces
derniers, qui furent publiés dans le Boule-
vard, de Carjat, obtinrent un réel suecès.Tefa
par exemple les dessins, quelque peu allégo-
riques, de l'Absinthe, du Vin et de VEau-de-
Vie, que Baudelaire et Murger déclarèrent de
purs chefs-d'œuvre.
Quand la vie parut plus facile à Benassit,
il quitta le crayon et le burin pour lo pin-
ceau. Et depuis ce temps, il a broëséplus de
quatre cents tableaux qui ont fait la fortune
de beaucoup de spéculateurs — sans jamais
grossir la sienne.
Le plus triste est que la. paralysie est venue
glacer sa main au moment où Durand-Ruel
avait réussi à faire atteindra à ses toiles des
prix forts -qui n'étaient, en somme, que des
prix raisonnables.
Benassit a toujours préféré la société des
gens de lettres à celle des peintres.
C'est peut-être pour cela qu'il rencontre
tant de sympathies dans la presse et tant
d'antipathie chez les barbouilleurs mécon-
nus.
Ami de Glatigny, de Delvau, de Murger,
de Monselet, de Paul Arène, puis de tous
les jeunes, souvent il fit" des mots qui portè-
rent et lança des traits qui blessèreat. De là
certaines inimitiés.
Ses Fables, parodies fines et gauloises des
œuvres du « Bonhomme »• eurent un réel
succès dans le Nain Jaune où Scholl les pu-
blia jadis. Beaucoup sont restées légendaires
parmi les a scies d'atelier ».
Du reste, Benassit se propose de les pu-
blier au premier jour, ainsi que la mémora-
ble histoire « de Jean-Baptiste Chaudeton,
peintre français »,
Bonnat, Henner, Feyen-Perrin, Tony Fabre,
Jacquet, Karl Daubigny, Cousin, Edmon Yon,
Heilbuth, O'Hagueirsty, Appian, Beyle, Chai-
gneau, Cottin, Victor Cousin, Guillemet, Dra-
mard, Jules Lefebvre, Henri Pille, Saintin,
etc., ont offert à la vente des toiles qui sont
exposées dans la galerie de l'Art, avenue de
rOpéra.
Il y a là des oeuvres intéressantes et très
dignes d'ailleurs d'attirer l'attention du pu-
blic. Mais il n'y a pas qu'une bonne affaire à
réaliser, il y a une bonne action à faire. Il
faut donc espérer que les louis pieuvront
dans l'escarcelle du pauvre artiste.
F. J.
- e
LE CONSEIL QUOTIDIEN
Pour blanchir les dents immédiatement, il
suffit de les frotter pendant cinq minutes aveo
un linge trempé dans un mélange de dix par-
ties d'eau distillée et de trois parties d eau
oxygénée.
Cotte pratique, répétée.à des intervalles
éloignés, ne présente pas d'inconvéniéllts
notables,
- Octave Sullu.
- - t - -,-,.' -,..r
Gil Blas vient d'ouvrir dans sa salle d'ex-
position un bureau de location pour le
Théâtre-Italien. Le public pourra, dès
aujourd'hui, s'y procurer des loges, ainsi
que des fauteuils de balcon et des fau-
teuils d'orchestre numérotés. -.
-——————.
UNE MACHINE TOUJOURS EN MARCHE
Il semblait qu'après la prodigieuse activité
de la période du Jour de l'An, après l'im-
mense va-et-vient des clients que les
étrennes ont amenés à la Ménagère, celle-ci
dût avoir quelques jours de calme plat, ou
tout au moins de repos relatif. Ahl bien,
oui !. Comme une formidable machine qui
ne s'arrêterait jamais, la Ménagère continue
incessamment son œuvre, et voici que ses
rayons spéciaux attirent de nouveau la foule
l'occasion des termes du 8 et du 15 janvier. La
galerie d'ameublement et toutes les sections
des articles de ménage sont encombrées de
visiteurs.
Rappelons qu'à partir du 16 janvier, le
rayoa des articles de voyage, absorbant le
Dock du campement, continuera l'œuvre du
Dock en même temps que la sienne propre.
—————————$ :
LES FAITS _DU JOUR
OBSERVATOIRE GRUBY (Buttes-Montmartre}
Directeur : E. CASSÉ
Altitude: 114m5 — Longitude : 0* - Latitude: 49.
OBSERVATIONS DU 9 JANVIER 1884
Paris, temps moyen
Midi 7 h. soir.
Midi J 7 h. soir.
Baromètre. 764.3 765.1
Thermomètre. + 9.3 + 8.0
direction S.-W. S.-W.
Vent 1 sa vitesse à l'heure. 7kmO 9b-3
Etat hygrométrique de l'air : 83.0.
i maxima + 9.4
Température t minima + 4.6
TEMPS PROBABLE POUR AUJOURD'HUI
Couvert. - Brumeux. — Température douce.
Monaco (7 h. mat.). 766m/m9 + 9.1 Beau.
Le «Irame de la rue de Turenne
(épilogue). — On n'a pas oublié le tragique
événement dont la rue de Turenne fut der-
nièrement le théâtre. Le jour de son mariage
un libraire avait été assassiné par son an-
cienne maîtresse, Mlle Alice Verdier, qui
s'était suicidée ensuite.
Les deux acteurs de ce drame ayant suc-
combé à leurs blessures, l'affaire a été clas-
sée par le parquet.
Il résulte de nouveaux renseignements
qu'Alice Verdier, dont les relations avec.
Weiss remontaient à cinq ans, avait eu
de lui un entant âgé aujourd'hui de quatre
ans. Les parents de la fiancée de Weiss
et elle-même ignoraient ce fait. Or, depuis
qu'elle en a connaissance; la jeune fille
paraît s'être absolument consolée de' la perte
de son fiancé. Elle est, d'ailleurs, complète-
ment remise de la forte secousse qu'elle
avait ressentie à la nouvelle du drame.
Strafcagèmo d'un filou. — Hier, dans
l'après-midi, un individu d'une allure élé-
gatite,vêtu selon toutes les règles du «pschutt»
le plus scrupuleux, se présentait chez une
eharmante personne, qui habite un coquet
appartement, rue Mosnier, 18, au deuxième
étage.
Ce visiteur, dès le début de la conversa-
tion, se montra tellement empressé, - telle-
ment galant, que son hôtesse fut enchantée
de lui.
Il ne pouvait malheureusement consacrer à
la chère belle que quelques instants ce jour-
là. Mais il lui proposa de passer ensemble la
journée du lendemain. Il viendrait la prendre
pour la conduire au Bois, puis ils iraient au
théâtre après le djner.
Impossible de résister à cette offre gra-
cieuse, aussi la dame accepta-t-elle immé-
diatement.
Le visiteur, enchanté, se leva alors et prit
congé en priant sa nouvelle amie de ne point
se donner la peine de le reconduire.
Il avait ses raisons pour cela. En effet, en
partant, il avisa un écrin sur un guéridon, le
saisit et s'esquiva précipitamment.
L'écrin renfermait un bracelet orné de bril-
lants de valeur.
La dame l'avait vu, par malheur.
Elle courut derrière lui en criant : Au vo-
leur !
Il se précipita dans les escaliers, qu'il des-
cendit quatre à quatre, mais il fit un faux
pas et, perdant l'équilibre, dégringola du pre-
mier étage plus vite qu'il ne le désirait.
Le concierge, sorti de sa loge à l'appel de
sa locataire, arriva juste pour relever le vo-
leur.
Ce galant indélicat a été envoyé au Dépôt.
Tentative d'assassinat. - On nous
rapporte qu'une tentative d'assassinat a été
commise, hier soir, au bureau des postes de
Bois-Colombes.
Un individu a présenté à la buraliste un
mandat, en demandant qu'on lui en soldât le
montant.
La buraliste lui dit qu'elle ne pouvait payer,
sans qu'il eût justifié de son identité.
Il reprit alors son mandat et se retira.
Mais, quelque temps après, il revint et il
en réclama de nouveau le payement.
La buraliste lui ayant renouvelé la même
observation, il tira de sa poche un revolver
et en déchargea un coup sur l'employée, heu-
reusement sans l'atteindre.
Il a été arrêté et conduit au commissariat
d'Àsnières.
L'incendie de Sa rue des Dames, -
Une famille d'ouvriers emménageait avant-
hier, rue des Dames numéro 43, au sixième
étage. Les meubles n'étaient pas encore en
place dans le logement, les paquets de linge
étaient jetés çà et là.
La nuit venue, oa alluma une lampe à pé-
trole, et on s'appliqua à mettre tout -en or-
dre. Mais, en rangeant, on fit tomber la lampe
et le pétrole enflammé se répandit, commu-
niquant le feu à tous les objets qu'il rencon-
trait.
Literie, linge, meubles, tout a été brûlé
dans le logement. Les pauvres gens qui s'y
installaient 'sont dans le dénuement le plus
complet.. On n'a aucun accident de personnes
à déplorer.
Encore un caissier infidèle. — Tout
marche par série. Dans notre numéro d'hier,
nous racontions, la triste épopée d'un teneur
de livres d'une grande maison de tissus de
la rue du Sentier.
Aujourd'hui, c'est le caissier d'une maison
de la rue de Cléry qui est parti depuis huit
jours, laissant un déficit de près de cent
mille francs.
On s'est aperçu du vol hier seulement. Le
caissier, sur la probité duquel on n'avait au-
cun soupçon, avait demandé un congé de
quinze jours.
C'est le caissier intérimaire qui a décou-
vert le vol.
Plainte à été portée par la maison à la po-
lice avec le signalement de l'inculpé, qui va
être recherché.
Explosion à Romainville. — Au mo-
ment où, un bougeoir à la main, M. Terrier,
restaurateur à Romainville, pénétrait hier
.matin dans sa boutique pour en ouvrir les vo.
lets, une formidable détonation se fit en-
tendre.
Attirés par le bruit, des employés de l'oc-
troi de la porte de Romainville accoururent
aussitôt pour porter secours. Ils se mirent en
devoir d'éteindre le commencement d'incendie
auquel l'explosion avait donné naissance,
puis, après s'en être rendus maîtres, ils pé-
nétrèrent dans l'établissement.
M. Terrier, le visage et la main profondé-
ment brûlés, était à demi ensevèli sous un
monceau de plâtras et de débris de boise-
ries. ,
, Le choc produit pa £ l'explosion avâit ét £
f si violent que les comptoirs avaient été sou-
levés du plancher. !
^idés de plusieurs voisins qui s'étaient:
levéa à la hâte, ils dégagèrent le malheureux1
traiteu" et le transportèrent dans une phar-
macie voîsio0 d'où, après avoir reçu des
soins, il a été dirigé sur l'hôpital.
Une enquête a été ouverte par M. Rous
seau, commissaire de police de la localité.
On pense que t?et accident est dû à l'impru)
dence d'un garçoir qui le soir, en partant
aura négligemment laissé plusieurs becs da
gaz ouverts.
lia grève des coebers. — Une non..
velle réunion a eu lieu h.ier, à deux heures,
à la salle Chaynes, rue d'Allemagne.
On n'y a rien dit de bien nouveau à pro.'
pos des revendications des grévistes, mais
l'assemblée a présenté une l"éeIl.:} importance
au point de vue de la tactique qu'ils comp-
tent employer contre la Compagnie l'Ur-
baine.
Ils ont d'abord décidé la prolongation de
la grève, favorisés qu'ils sont par la difficulté
qu'éprouve la Compagnie à leur recruter des
remplaçants.
On sait que. la préfecture de police a re*
fusé, et avec juste raison, d'autoriser à con-
duire les cochers inexpérimentés qu'on vou-
lait prendre.
— La préfecture a opposé son veto, a dit
le cocher Fouc, en face des malheureux
qu'on lui. présentait. Elle n'a pas voulu de
cochers à la manque.
- Vive la préfecture de police ! a crié ,
l'assemblée enthousiasmée.
C'est bien la première fois que douze ceb.
cochers disent du bien de la préfecture do
police !
Les confrères des autres Compagnies quI
travaillent toujours soutiennent de leurs sub-
sides les grévistes.
Ceux-ci ont fait une démarche auprès d'un
banquier, dans l'espoir de constituer une
Compagnie fédérative, et de façon à ruiner
ainsi d'un seul coup l'Urbaine, mais leur ton-
tatve a échoué. - ,
Quant aux actionnaire de l'Urbaine, ils ne
semblent pas ravis de la tournure que pren-
nent les choses. Les actions, émises à 517 et
530, sont tombées à 30 fr. en présence de la
situation actuelle. Ce n'est pas fait pour ras-
surer ces messieurs.
Bref, la continuation de la grève a été votée
d'acclamation.
-- Un journal du matin publie le réett
d'une violation de domicile qui aurait été
opérée avec une brutalité révoltante par des
policiers allemands aidés de policiers fran-
çais.
Voici la vérité sur ce fait :
M. Ladislas Wresnewski, demeurant, 16r
avenue Carnot, avait dernièrement donné
l'hospitalité à une dame âgée, arrivant d'Al.
lemagne, accompagnée d'un tout jeune en-
fant, son petit-fils.
Cette personne est la mère d'une jeune da-
me qui, en vertu d'un jugement du tribunal
de Cologne, est-séparée de son mari. D'après
le jugement, l'enfant devait être confié au
père; mais la grand'mère, sans autorisation,
prit le petit garçon avec elle et vint se réfu
gier à Paris. C'est alors que le père fit pres-
crire des recherches.
Ayant découvert la retraite de sa belles
mère, il alla trouver M. le président Au..
bépin, et obtint une ordonnance de ré-
féré que M. Noury de Mauny, commissaire
de police, fut chargé de mettre à exécution
C'est sans y être légalement autorisés qu
d'autres individus se sont, à l'instigation d.
père de l'enfant, présentés au domicile de M
Wresnewski et qu'ils ont même tenté d'j
opérer une perquisition.
Ajoutons que la descente de M. Noury d'
Mauny est restée sans résultat. La belle
mère de M. X., prévoyant les poursuites
dont elle allait être l'objet, avait de nouveau
pris la fuite avec l'enfant.
La crémation. -« La Société pour ta
propagation de la crémation a tenu hier soir
son assemblée générale à la mairie du huitiè-
me arrondissement, sous la présidence de M.
Kœchlin-Schwartz.
On sait que cette Société a subi cette an-
née un grave échec devant le conseil d'hy*
giène. C'est là ce qui a fourni matière à la
discussion.
Un des membres *de la Société a réfuté l'o-
pinion du Comité d'hygiène qui prétend que
la crémation offre des inconvénients nom-
breux. Il a affirmé qu'au contraire la créma-
tion ne présentait que des avantages au point
de vue de la salubrité publique.
Pendant qu'il parlait, nous examinions la
pièce dans laquelle se tenait la séance. C'é-
tait la salle des mariages avec sa galerie eu
bois sculpté, contre laquelle sont alignées les
chaises où s'assirent les futurs époux et leurs
témoins. Le cadre pouvait paraître bizarre,
pour une réunion de ce genre. -
A la fin de la séance l'inventeur d'un appa-
reil crématoire est venu expliquer son système,
mais les expériences n'ont pas, comme on le
conçoit, été décisives, les « sujets » man-
quant toujours.
Pierre Fertare.
ê .-
par le Dentifrice au Cresson
Martial, 119, r. Montmartre-
Petites Nouvelles
— La cercle républicain du Loiret convoque
ses adhérents et tous les originaires du départe-
ment, à son assemblée générale, qui aura lieu
le lundi 14 janvier,: au café de la Redoute, 14, rua
J.-J. Rousseau,
- MM. les anciens officiers; sous-officiers et
clairons, disposés à faire partie de la Société de
Tir du dix-huitième arrondissement, comme ins-
tructeurs ou seulement comme membres titulai-
res., sont invités à se faire inscrire au siège so-
cial, rue Foyatier, école communale, place SU
Pierre, Montmartre. , ,.
— Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Médite
tetranée.- Exposition internationale de Nice. —
Train de plaisir de Paris à Marseille et à Niçe.
Un jour à Marseille, six jours à Nice. — Prix
(aller et retour) : 2" classe : 80 francs ; 38 classe :
60 francs.
Aller : Départ de Paris, le 10 janvier, à midi
10 fïiinutes ; arrivée à Marseille, lô 11, à 1 h. tfi.
du soir.
Départ de Marseille, le 12, à 11 h. 20 soir; ar.
rivée à Nice, le 13, à 6 h. 15 matin.
Retour : Départ de Nice, le 19, à 1 h. 25 soir,
arrivée à Paris, le 20, à 6 h. 55, soir.
On peut se procurer des billets à la gare de Paris
dans les bureaux succursales de la Compagnie; à
l'agence Lubin, boulevard Haussmann, 36; à
l'agence Cook et fils, rue Scribe, 9; place du
Havre, 15, et Grand-Hôtel, bouleyard des Capu-
cines ; à l'agence des Wagons-lits, rue Scribe, 2
à l'agence H. Gaze et fils, rue Duphot, 8 ; à l'a;
gence Caygill, 15, avenue de l'Opéra, et à l'agencé
G. Bordèse, rue de la Chaussée-d'Antin, 22.
.——————— ————————.—. (
LE TOUR DU MONDE
Lille, 9janvier. - Un crime atroce a été
découvert à Monchaux.
Une femme, nommée Lagache, qui était
presque idiote, a été trouvée assassinée dans
sa maison.
L'assassin, avant de consommer son crime,
avait odieusement abusé de sa victime.
La gendarmerie a commencé une enquêta*
en attendant l'arrivée-du parquet de Lille qui
se transportera aujourd'hui à Mondiaux.
Dunkerque, 9 janvier. — Le vapeur
anglais Devonia, venaut de Taganrog, a
abordé la jetée est et a heurté la drague
Maasmound.
Le vapeur et la drague ont subi des avaries
sérieuses. -
pontarUer. 9 janvier. — M. Tricard,
propriétaire à Pontarlier, regagnait tranquil-i «
lement, vers dix heures et demie du soir, son'
domicile. A peine s'était-il engagé sur la pro.
menade du cours qu'un individu s'élança sur
lui, lui plongea son couteau dans la région;
du cœur et prit la fuite.
L'état de la victime ést désespéré.
I/asSassin, un nommé François Brocher
r , 'e,ilj BLAS. - Vendredi *1 Jan~~XS~~
A TRAVERS LA POLITIQUE
Le Temps et les autres journaux du
feoir annoncent que les bureaux des grou-
pes de la gauche se sont réunis hier pour
s'entendre relativement aux élections d'au-
jourd'hui. Rien de plus naturel, de plus
logique et de plus loyal : tous les groupes
républicains sont appelés à s'entendre
pour répartir les sièges en dehors du
siège présidentiel. Oui, cela est naturel,
logique et loyal; mais il faut compter
avec l'extrême gauche. On ne connaît pas
assez l'extrême gauche. Elle a beaucoup
de défauts ; elle en a un - qui écrase tous
les autres ; elle ne veut pas qu'on gou-
verne la République. Pour elle, la Répu-
blique c'est le mouvement perpétuel vers
un but inconnu. M. Naquet, qui a quel-
ques cases saines dans le cerveau, a aussi
des cases absolument perturbées par des
microbes politiques sociaux. Il a un jour
développé, 'avec sa verve ordinaire, la
théorie de l'instabilité. Ce jour-là il eût
fait moins de mal à la République en pré-
conisant les coups d'Etat. La France est
le pays du monde qui a la plus grande
soif de stabilité. Elle est composée pour
une majorité considérable de petits pro-
priétaires, et il faut être bête comme les
intransigeants pour croire qu'ils ont la
France devant eux quand sept ou huit
cents boit-sans-soif demandent la sociale.
Revenons à l'extrême gauche. Son bu-
reau, bien élevé, nous le reconnaissons,
s'est donc rendu à l'invitation qu'il a re-
eue. Il a écouté, pris des notes et déclaré
qu'il ne pouvait prendre aucun engage-
ment avant d'en avoir référé à son grou-
: pe. Ce n'est pas un bureau cela, c'est un
Commissionnaire. Comment, avant de ve-
nir à une réunion de tous les groupes ré-
publicains, ces messieurs n'ont pas pris
l'avis de leurs électeurs. Ils ne peuvent
pirendre une décision sans en référer.
Mais alors ils sont venus pour savoir ce
( qu'on disait, pour le rapporter, pour pren-
di e attitude suivant les déclarations des
jtos et des autres. Cela peut être très ha-
-bilp, très malin; cela n'est pas loyal.
L'extrême gauche votera très probable-
ment, si elle vote, contre les candidats ré-
publicains; elle fera, comme elle l'a fait
vingt fois, le jeu de la droite; pourquoi
n'a-t.elle pas envoyé son bureau à.l ex-
trême droite? Elle eût trouvé à qui parler
et nous aurions vu se reproduire un de ces
spectacles touchants dont nous avons eu
déjà plus d'une représentation.
Nous espérons que la République vi-
vra ; nous en avons même la conviction ;
mais il faut, comme on dit, qu'elle ait
l'âme chevillée dans le corps. Résister aux
monarchistes, c'est une plaisanterie ; mais
il y a les intransigeants, et, ceux-là, ce
sont les pires ennemis de la République.
Ils ne la comprennent qu'entre leurs mains
comme instrument de désordre et de des-
potisme.
Le Sage.
i ii i i —— J 1
LES AFFAIRES DE PARIS
TRAMWAYS
Je me demande pourquoi les journaux pres.
que réactionnaires, qui sont si heureux de
pouvoirjdire du mal du conseil municipal qu'ils
ne manquent jamais la plus petite occasion
qui s'offre à eux, ne voient pas, par compen-
sation, les feuilles plus honnêtes rendre cette
justice au conseil — justice que cependant
peu de personnes osent lui dénier — qu'il fait
bien les affaires de la noble cité de Paris.
Les conseillers, sans exception il faut le
croire, sont même extrêmement pointilleux
quand il s'agit « d'affaires »,. et dès que, en
quelque prtiposition, on croit voir anguille se
musser sous roche, la proposition est sûre
d'un enterrement de première classe.
Dernièrement, une belle Société est venue
demander à se substituer à une Compagnie
de tramways dont la déconfiture est assez
accentuée. Cette Société possédait, si je suis
exactement informé, la somme colossale de
250,Û00 francs,- mais elle avait du papier en
montagaes. Elle entendait distribuer aux
obligataires» en échange de leur vieux pa-
pier pour lequel Rabelais n'aurait pas été
géné de trouver un nom, du papier neuf qui
aurait été bon que pour le même usage ;
mais pendant quelques jours, je le suppose,
Pu aurait émis des actions nouvelles, qui se
seraient payées en bon argent, lequel argent,
vraisemblablement, n'eût pas glissé entre les
doigts de tout le monde.
Eh bien, dès que le conseil a été appelé à
délibérer là-dessus, ça été rasé de la bonne
manière, malgré l'administration qui, je ne
sais. pourquoi, s'y intéressait. La Société a
bien eu dix voix pour elle.
Je ne vois pas à quoi sert de mener tant
de train, et pourquoi ces va-et-vient de com-
binaisons et de Sociétés. Le public ne sera
iservi à souhait qu'au moment où on permet-
tra à la Compagnie des Omnibus, qui rend
tant de services à la population, de repren-
dre ces Sociétés dont les affaires ne roulent
pas mieux que leur matériel mal entretenu.
Déjà, l'on s'est aperçu que c'était une bê-
tise de ne pas donner, à la Compagnie des
Omnibus la prolongation des lignes qu'elle
'hessert; on va revenir sur le vote émis l'an
dernier, et on aura joliment raison.
C'est très- beau de crier contre le mono-
pôle, l'affreux, l'abominable monopole ; mais
quand le monopole est nécessaire pour avoir
des services publies sur des parcours où on
ne-gagne pas d'argent, quand ce coquin de
inonopole rend à toute une population des
services inappréciables, le monopole est bon,
et il le faut louer.
LE IRANC-BOURGEOIS.
■ "ijft ■ ■
lN FORMATIONS
c. M. Méline, ministre de l'agriculture, est
Centré à Paris hier matin.
Le Gaulois a publié hier des renseignements
fâcheux sur la santé du président de la Ré-
publique qui, d'après lui, « aurait eu une as-
sez fortejsyncope suivie d'un assoupissement
prolongé », etc.
Inutile de dire que cette information du
Gaulois est absolument inexacte.
Contrairement à ce que plusieurs journaux
ont annoncé, M. Poubelle, préfet de la Seine,
n'a pas été indisposé ces jours derniers.
Le ministre de la marine a reçu de l'ami-
ral Courbet le télégramme suivant, daté de
Hong-Kong, le 9 janvier, à midi et demi, et
de Hanoï, les 27 et 31 décembre :
Aujourd'hui 27 décembre, les magasins de l'ar-
tillerie, à.Hanoï, ont éprouvé un commencement
d'incendie. Les pertes de matériel sont peu con-
sidérables, et seront remplacées, sous quinze
jours, par des "envois de Saïgon apportés par
l'Aveyron.
Des renseignements précis portent à plus de
quatre cents tués et- six cents blessés tes pertes
de l'ennemi à la prise de Son-Tay.
Liou-Vinh-Phuoc et son lieutenant sont parmi
les blessés.
r Plusieurf officiers chinois ont été tués.
t Nos blessas sont généralement bien, la tempé-
ïïfeîê-étant fa3$f§,bl<à à leur guérison.
L'ennemi a laissé entre nos mains 89 pièces
de canon en bronze ou en fonte, dont 7 rayées;
400 kilogrammes de dynamite et 150,000 cartou-
ches pour Remington et. Winchester.
Le chapitre et le clergé paroissial de La
Rochelle viennent d'adresser une lettre au
nouce à Paris, pour protester contre l'éléva-
tion probable de M. l'abbé Bourdé, aumô-
nier du collège de Saintes, au siège épisco-
pal de La Rochelle, en remplacement de M.
Thomas, nommé au siège arehiépiscopal de
Rouen. - -
Le Temps dit à ce propos que la nouvelle
de la nomination de M. Bourdé est inexacte.
Le gouvernement n'a pas arrêté son choix
définitif ; il hésite entre deux candidats dont
aucun n'est M. Bourdé.
Toutefois, le mouvement dans le personnel
épiscopal, retardé jusqu'à ce jour par l'hési-
tation de M, Meignan, évêque d'Arras, à ac-
cepter le poste d'archevêque de Tours, pa-
raîtra prochainement, M. Meignan s'étant
décidé à accepter la succession de M. Colet,
à Tours.
L'Eæercito, journal militaire de Rôme, pu-
blie une lettre écrite le 26 décembre par M.
Decrais au colonel du 78 régiment de tirail-
leurs pour le prier de remercier chaudement
le capitaine Lodiet le lieutenant Montant, du
dévouement qu'ils ont montré en procédant
au sauvetage de plusieurs Français lors du
désastre de Casamicciola.
X 7
Six mille pèlerins sont arrivés à Rome
pour prendre part à la manifestation en l'hon-
neur de Victor-Emmanuel. Quatre mille au-
tres sont attendus aujourd'hui. (Les colonies
italiennes de Lugano, Salonique, Bucarest,
Trieste, Marseille, Paris et du Chili sont re-
présentées. D'autres colonies ont envoyé des
couronnes et des drapeaux. Plus de soixante
corps de musique sont arrivés.
X
Lundi dernier, le pape a déclaré à la con-
grégation des cardinaux qu'il a déposé aux
archives secrètes du Vatican un compte
rendu détaillé de la conversation qu'il a
eue avec le prince impérial d'Allemagne.
Léon XIII a exposé en même temps aux car-
dinaux les motifs qui l'ont déterminé à trans-
mettre à la postérité la relation d'un événe-
ment dont les conséquences futures pourront
être importantes.
X
Le Moniteur de Rome dément la nouvelle
publiée par le Standard de la reprise officielle
des relations diplomatiques entre l'Angle-
terre et le Vatican. Ce journal fait remarquer
que M. Erriogton n'a pas été reçu par le
pape, à l'occasion du nouvel an, avec les
membres du corps diplomatique.
On télégraphie du Caire que Nubar-Pacha
a pris hier possession de jsôn poste de prési-
dent du conseil.
Le nouveau cabinet est composé ainsi
qu'il suit :
Nubar, affaires étrangères et justice;
Sabit, intérieur ;
Mahmoud, travaux publics ;
Abd-el-Kader, guerre;
Mustapha Fehmi, finances.
Le projet d'expédition de troupes nègres,
sous le commandement de Zuber-Pacha, est
abandonné.
Aucune décision n'a été prise au sujet du
rappel de l'expédition de Baker-Pacha.
Il sera créé, sous la présidence du général
Wood, une commission qui sera chargée
d'étudier les mesures à prendre pour opérer
l'évacuation du Soudan. Dans les cercles
compétents, on croit qu'il faudra une année
pour effectuer, l'évacuation complète des pro-
vinces équatoriales.
X
On mande du Caire au Standard que le
beau-frère du Mahdi a été capturé à Esneh et
amené au Caire.
Il affirme que le Mahdi ne combattra ja-
mais contre les troupes turques, mais qu'il
fera cause commune avec elles, afin d'expul-
ser de l'Egypte tous les étrangers.
Il a déclaré aussi que l'action du Mahdi n'a
pas exclusivement un caractère religieux, et
que, s il a levé l'étentard de la révolte, c'est
surtout à cause des impôts exorbitants qui
sont imposés au pays, et à la suite de l'inter-
diction de la traite dea-esclaves, qui a réduit
le Soudan à la misère.
X
L'Italie a des nouvelles des prisonniers
qui se trouvent au camp du Mahdi, dans la
Haute-Egypte, prisonniers parmi lesquels se
trouvent quelques religieuses et missionnai.
res italiens.
La manière dont ils ont été traités jusqu'à
présent par le faux prophète n'est pas de na-
ture à inspirer des inquiétudes. Des tentes
ont été fournies à ces prisonniers; ils sont
respectés par suite de la haute protection
que leur accorde le Mahdi; et les menace que
leur adressent quelques fanatiques tombent
devant cette protection. -.
Ils sont nourris comme tous ceux qui sui-
vent le faux prophète, qui a donné des ordres
sévères pour empêcher tout mauvais traite-
ment à leur égard.
Tout récemment, les-religieuses et les mis-
sionnaires ayant montré quelques inquiétu-
des sur le sort des enfants baptisés et re-
cueillis par eux (environ cent cinquante) qui
se trouvaient abandonnés, le Mahdi a or-
donné que ces enfants soient conduits au
camp et confiés à. la garde de leurs maîtres
et maîtresses.
Ces nouvelles ont été apportées au Caire
par un missionnaire qui a réussi à fuir de la
Haute-Egypte et qui dit les tenir de source
certaine.
Georqn Duree.
LES COULISSES DE LA FINANCE
Les cours sont en légère réaction sur
hier. Ce n'est pas dôla baisse; tout au
plus un temps d'arrêt pour permettre au
marché de respirer. La spéculation à la
hausse paraît vouloir tenir bon.
Quelques faux-frères réalisent, tant il
leur parait peu naturel qu'on puisse aller
longtemps do ce train-là.
Mais on sait d'avance qu'il faut compter
sur des défaillances de la part des ache-
teurs de la première heures. Leur faibles-
se ma foi, est bien excusable.
rensez au nombre de liquidations dé-
sastreuses qu'ils ont subies depuis deux
ans ! aux sacrifices qu'ils ont dû faire pour
se procurer l'argent nécessaire à l'éclai-
rage des différences! Il n'est pas étonnant
que les marchands de ruolz fassent de
belles affaires; presque toute l'argenterie
de la dynastie des échangeurs de ferme
contre prime, voire même. d'un certain
nombre de descendants des Croisés, sont
au clou.
Si la baisse avait continué, le strass
aurait atteint .des prix fous, le diamant
n'étant plus porté dans le monde de la
haute et basse finance. On m'a désigné
des administrateurs de Sociétés de crédit,
dont je me garderai bien de citer les
noms-, qui ont échangé leurs lunettes en
or contre des bésicles en aluminium, et ne
portent plus qu'un gant à la fois, le se-
cond étant chez la revendeuse, parce que
les gants se payent au comptant. S'ils
sont correctement vêtus, c'est qu'il est
facile d'obtenir de larges .crédits chez les
tailleurs.
Pardon! je m'éloigne de mon sujet.
Mais, véritablement, ces gens-là me font
de la peine. Songez donc à ce qu'ils ga-
gnaient, il y a trois ou quatre ans, dans
les syndicats et les émissions à prime,
dans des constitutions de Sociétés dont
ils fabriquaient eux-mêmes les apports en
deux temps et trois mouvements.
Une écaille d'huîtres représentait alors,
pour un administrateur intelligent, nn ca-
pital émettable de dix millions au moins et
quatre millions à cinq millions de primes
réalisables. Avec une idéequelconque,
cellp, par exemple, d'assurer lai. yeux des
noctambules contre le serein, — n'impri-
mez pas le souscripteur, ami compositeur,
- on pouvait fabriquer rôngt millions de
capital au moins. ,,(:,
N'a-t-on pas vu dévorer vingt millions
de francs pour installer, au bas des omni-
bus, quatre ou cinq cents petites boîtes do
sapin, valant environ quarante sous, fer-
rure comprise ?
Et cette Société fantastique créée à je
ne sais plus combien de millions pour la
recherche d'une vis, qui devait faire mon-
ter une machine fabriquant de la dentelle
fine et qui liquide, après trois ans de re-
cherches inutiles ayant tout englouti, sans
qu'il reste un mètre de dentelle valant
douze sous.
Et la Métropole, émise à prime, pour
assurer justement les immeubles qui de-
vaient brûler.
Et la Pouponnière, cette mère-nourrice
qui devait soustraire un si grand nombre
de bébés à la mortalité qui frappe les en-
fants à Paris, et qui n'a servi qu'à rui-
ner les parents. Et le. la.
; *
Voilà que je m'écarte encore de mon
sujet, sans trop m'en éloigner cependant;
car si vous vous souvenez, d'après quel-
ques économistes, que la peste les étoufie !
— la reprise doit avoir pour résultat de
favoriser de nouvelles émissions du genre
de celles que je viens de citer. Eh bien !
si cela était, je préférerais encore de la
baisse et toujours de la baisse.
Mais au fait, je ne suis pas le seul à la
demander, cette baisse. Un organe puis-
sant, — tout ce qui fait beaucoup de bruit
est puissant aujourd'hui, — la prêche,
cette baisse, la demande à genoux et vou-
drait que le feu du ciel dévorât les haus-
siers.
Il veut la réaction, parce qu'il ne s'agit
pas d'«une hausse de bon aloi », mais bien
d'une « manœuvre de la spéculation ». Il
désirait une période d' «accalmie» pouvant
exciter (sic) l'épargne à de nouveaux pla-
cements » (s'agirait-il encore de Galions de
Vigo?)
Pendant qu'on eût ainsi chaatouillé
l'épargne pour l' « exciter » peut-être de
gros vendeurs, dont on dit la situation
fort menacée, eussent pu se racheter.
Tandis qu'avec l' « étranglement » qu'on
prépare, enfer et damnation ! il va falloir
allonger l'argent qu'on avait et peut-être
faire des billets pour le reste.
Oyez-les, ces bons apôtres, et vous sau-
rez que cela va de mal en pis. Au Tonkin
nous sommes menacés. de quoi? les
économistes n'en savent ri-en, mais nous
sommes menacés tout de même.
A l'intérieur nous sommes encore bien
plus menacés. de quoi ? Eh ! pardieu de
la banqueroute! M. Tirard va faire un
emprunt. donc, nous nous endettons et
nous marchons à la faillite.
— Vous ditos ?
— Ah ! que M. Tirard ne fera pas i'em-
prunt ? Mais alors nous sommes en bien
plus grand danger î
- Pourquoi?
-*■ Vous n'en savez rien ? Moi non
plus,mais les économistes nous l'affirment,
et quand un économiste a fait une décla-
ration quelconque, c'est comme si le no-
taire y avait passé. Contestez l'infaillibi-
lité du Pape, mais ne mettez pas en doute
celle d'un économiste distingué, ils sont
tous distingués ces cocos-là.
Allons, bon, voilà que je m'éloigne en-
core. Mais non, pas tant que vous
croyez, cette fois. Au contraire, j'y suis
en plein. Il est évident que si l'on n'avait
pas eu à faire courir une poste à de gros
vendeurs, nous n'aurions pas monté avec
autant de rapidité, mais nous aurions
monté tout de même.
N'a-t-on pas escompté tous les évé-
nements, toutes les discussions, tous les
incidents diplomatiques qui devaient éven-
tuellement surgir ? Or, quand des inci-
dents prévus ne surgissent pas, on doit
forcément revenir au point de départ.
Exemple :
Dernièrement un groupe de haussiers
trop pressés ont escompté la prise de Bac-
Ninh par un mouvement de vingt sous.
On n'a pas pris Bac-Ninh et il s'en
est suivi une dégringolade. Mais du mo-
ment où l'on a baissé de cent sous sur la
probabilité d'un débarquement des Chi-
nois au terre-plein du Pont-Neuf et que
les Chinois n'embarquent même pas, on
conviendra qu'il était possible de rega-
gner une partie des six francs perdus sur
la rente. On nous a parlé, pendant six
mois, de coalition des puissances, de la
guerre au printemps; on a mis, dans les
feuilles économiques, l'Europe à feu et
à sang. Or, s'il n'y a pas coalition, s'il n'y
a pas guerre, si l'on ne fait du feu que
dans les cheminées, et si le sang ne coule
que dans les abattoirs, il faut en con-
clure. au fait, concluez vous-mêmes.
On me reproche de n'avoir pas tenu
compte, dans mes calculs sur le revenu
des obligations Bône à Guelma, de la
prime .d'amortissement de ces titres.
Je" suis prêt à réparer cette omission.
Les obligations de Bône à Guelma étant
remboursables dans une période de 91
ans, d'ici là les administrateurs, les sous-
cripteurs et moi seront dans un piètre
état, — la prime d'amortissement repré-
sente. -,
Surtout ne croyez pas que je plaisante,
ou je vous renvoie à la table des loga-
rithmes.
Cette prime représente une bonifica-
tion annuelle de quarante centimes.
Quarante centimes, huit sous !
Juste de quoi fumer un quart de ha.
vane passable.
Réjouissez-vous, ô obligataires !
Don Caprice.
——————.
LE SÉNATEUR DESCELLÉ
On mène grand bruit, autour do certaine
mésaventure anacréontique, dont certain sé-
nateur du Midi est le héros.
Le Midi nous envahit depuis quelque
temps! 1*
Donc, le susdit sénateur aurait été misseus
scellés chez une gente et galante dame du
quartier Bréda.
Je connaissais l'aventure, qui ne date pas
d'hier, et qui n'a qu'une importance secon-
daire. Néanmoins J'ai voulu aller aux infor-
mations.
Eh bien, je dois, tout d'abord, rassurer les
électeurs sénatoriaux du Midi,. et les nom-
breux comités qui ne peuvent manquer de
surveiller les membres delà Chambre haute 1
M. C.; l'honorable dont on parle tant, a
pu échapper à la vengeance qui, le poursui-
vait. Et cela, sans forfaire aux lois qu'il est
censé confectionner; car, dans toute cette
histoire, il y a plus de fumée que de feu, et
la cire des fameux scellés dont parlent deux
,~ *03 confrères est encore à fondre
Voici, en effet, les résultats de mes inves-
tigations.
i Au numéro 31 de la rue LaBruyère, domi-
cile présumé de la susdite dame* une cou-
t cierge accorte m'accueille eu minaudant,
- Ah 1 mon bon monsieur, je fais pour qui
et pourquoi vous venez 1 Mais ça n'est pas
ici, c'est en face!.. Ah! nous le connaissons
très bien, le sénateur. Un bel bpmme» allez,
j et comme il faut ! Allez en face — et deman-
i desz Mme Abadie -1 une blonde ébouriffée,
j maie d'un pschutt, d'un v'lan étourdissants !
Dare-dare je traverse la rue.
Numéro 30. Maison de belle apparence.
L'escalier est confortable. A tous les étages,
des banquettes! Attention délicate!. Au
second, je sonne.
Une servante, une abominable mégère, ri-
dée comme une vieille pomme, apparaît.
Madame Abadie ?.
— C'est ici, mais elle n'y est pas*;
- - Quand y sera-t-elle ?
- Etes-vous de la police?
- Maritorne !.
- Assez et revenez ce soir, sur le coup de
six heures, on verra.
Aimable fille w et bien capable de perpé-
tuer les traditions des caméristes, à la mine
friponne du dix-huitième siècle !.
Mais le métier a de cruelles exigences et
les reporters ne vont pas voir les femmes
comme les sénateurs — pour la bagatelle.
:' A six heures, je monte discrètement l'es-
calier.
Colloque nouveau avec la sérvante.
— Madame n'est pas là! Mais il n'y a rien
eu. Pauvre chatte, c'est l'innocence même!
Oui, le Sénat tout entier pourrait avoir con-
fiance en elle. Ce n'est point une femme à
compromettre un membre de la Chambre
haute !
Navré, je descends. Au fond, je savais bien
ce qu'il y avait de vrai dans l'histoire, mais
j'aurais voulu voir « la dame ».
Mais il y a un dieu pour les reporters,
Comme je descendais, une jeune femme,
svelte, assez distinguée, aux cheveux d'un
blond èendré, s'adressait à la cerbère :
— Pas de lettres pour Mme Abadie ?
Je m'interpose..
— Alors, Madame Abadie c'est vous ?
- Hélas !
— Comment, hélas! Mais vous êtes celle
que je cherche. Oh ! ne cherchez pas à fuir,
ce serait inutile, car vous êtes bien la Dulci-
née de ce sénateur qui est en train de réha-
biliter 1e Sénat qu'on avait représenté jus-
qu'ici comme composé d'impuissants.
— Certes.
— La vérité, la vérité tout entière ? Il me
la faut !.
— J'ai bien reçu la visite d'un commissaire
de police, alors que je faisais un délicieux
voyage à Cythère avec Ernest, qui était bien
réellement, le pauvre chéri, dans le costume
d'Adam — après la chute. Ernest, c'est le
prénom de mon gros loulou de sénateur 1
Mais ce qui est faux, archi-faux, c'est cette
fameuse histoire de scellés et l'odeur de
cire fondue qui aurait chatouillé désagréable-
ment les nerfs olfactifs de celui qui peutêtre
amovible en politique, mais qui sera toujours
inamovible en amour.
Sous la conduite de la maîtresse de céans,
j'inspecte les portes. Pas la moindre trace de
cire, pas la moindre trace de feu! — En
effet, tout s'est passé comme on me l'avait
dit. Il n'y a eu qu'une visite du commissaire
de police, visite qui restera d'autant plus sans
effet que le trop amoureux sénateur est se.
paré depuis longtemps de sa femme.
Quant au juge de paix, néant !.
.Pourtant, si les commissaires de police se
mêlent des amours attardées — et pourtant
viriles encore - des pères conscrits, nous
pourrions bien eh apprendre de belles 1.
Caveant consules!.
Pour être sénateur, on n'en est pas moins
homme.
Fernand Xau.
——I. M ■» ■!■■■! ■ M
ËMILE BEN ASSIT
Je voudrais dire deux mots du peintre
Emile Benassit, qui est atteint, comme on
sait, de paralysie, et au profit duquel une
tombola est organisée par ses camarades.
Je suis allé voir le pauvre artiste; il mar-
che péniblement et peut à peine se servir de
sa main gauche, — pour écrire, mais non
pour poindre.
Dans son petit appartement du troisième
étage de la rue Lepic les journées lui pa-
raissent longues et tristes.
Pourtant quelques amis viennent lui ser-
rer la main et lui apporter leurs conso-
lations. Les plus fidèles sont Monselet,le com-
te II. O'Héguerty et notre ami Paul Arène.
Emile Benassit est né à Londres do parents
français — et il est resté Français de cœur et
d'esprit.
Son premier tableau fut exposé en 1859.
Lorsqu'il eut dévoré son patrimoine, il fit
de l'illustration — pour vivre.
De là datent ses lithographies; ses eaux-
fortes et ses dessins. Quelques-uns dè ces
derniers, qui furent publiés dans le Boule-
vard, de Carjat, obtinrent un réel suecès.Tefa
par exemple les dessins, quelque peu allégo-
riques, de l'Absinthe, du Vin et de VEau-de-
Vie, que Baudelaire et Murger déclarèrent de
purs chefs-d'œuvre.
Quand la vie parut plus facile à Benassit,
il quitta le crayon et le burin pour lo pin-
ceau. Et depuis ce temps, il a broëséplus de
quatre cents tableaux qui ont fait la fortune
de beaucoup de spéculateurs — sans jamais
grossir la sienne.
Le plus triste est que la. paralysie est venue
glacer sa main au moment où Durand-Ruel
avait réussi à faire atteindra à ses toiles des
prix forts -qui n'étaient, en somme, que des
prix raisonnables.
Benassit a toujours préféré la société des
gens de lettres à celle des peintres.
C'est peut-être pour cela qu'il rencontre
tant de sympathies dans la presse et tant
d'antipathie chez les barbouilleurs mécon-
nus.
Ami de Glatigny, de Delvau, de Murger,
de Monselet, de Paul Arène, puis de tous
les jeunes, souvent il fit" des mots qui portè-
rent et lança des traits qui blessèreat. De là
certaines inimitiés.
Ses Fables, parodies fines et gauloises des
œuvres du « Bonhomme »• eurent un réel
succès dans le Nain Jaune où Scholl les pu-
blia jadis. Beaucoup sont restées légendaires
parmi les a scies d'atelier ».
Du reste, Benassit se propose de les pu-
blier au premier jour, ainsi que la mémora-
ble histoire « de Jean-Baptiste Chaudeton,
peintre français »,
Bonnat, Henner, Feyen-Perrin, Tony Fabre,
Jacquet, Karl Daubigny, Cousin, Edmon Yon,
Heilbuth, O'Hagueirsty, Appian, Beyle, Chai-
gneau, Cottin, Victor Cousin, Guillemet, Dra-
mard, Jules Lefebvre, Henri Pille, Saintin,
etc., ont offert à la vente des toiles qui sont
exposées dans la galerie de l'Art, avenue de
rOpéra.
Il y a là des oeuvres intéressantes et très
dignes d'ailleurs d'attirer l'attention du pu-
blic. Mais il n'y a pas qu'une bonne affaire à
réaliser, il y a une bonne action à faire. Il
faut donc espérer que les louis pieuvront
dans l'escarcelle du pauvre artiste.
F. J.
- e
LE CONSEIL QUOTIDIEN
Pour blanchir les dents immédiatement, il
suffit de les frotter pendant cinq minutes aveo
un linge trempé dans un mélange de dix par-
ties d'eau distillée et de trois parties d eau
oxygénée.
Cotte pratique, répétée.à des intervalles
éloignés, ne présente pas d'inconvéniéllts
notables,
- Octave Sullu.
- - t - -,-,.' -,..r
Gil Blas vient d'ouvrir dans sa salle d'ex-
position un bureau de location pour le
Théâtre-Italien. Le public pourra, dès
aujourd'hui, s'y procurer des loges, ainsi
que des fauteuils de balcon et des fau-
teuils d'orchestre numérotés. -.
-——————.
UNE MACHINE TOUJOURS EN MARCHE
Il semblait qu'après la prodigieuse activité
de la période du Jour de l'An, après l'im-
mense va-et-vient des clients que les
étrennes ont amenés à la Ménagère, celle-ci
dût avoir quelques jours de calme plat, ou
tout au moins de repos relatif. Ahl bien,
oui !. Comme une formidable machine qui
ne s'arrêterait jamais, la Ménagère continue
incessamment son œuvre, et voici que ses
rayons spéciaux attirent de nouveau la foule
l'occasion des termes du 8 et du 15 janvier. La
galerie d'ameublement et toutes les sections
des articles de ménage sont encombrées de
visiteurs.
Rappelons qu'à partir du 16 janvier, le
rayoa des articles de voyage, absorbant le
Dock du campement, continuera l'œuvre du
Dock en même temps que la sienne propre.
—————————$ :
LES FAITS _DU JOUR
OBSERVATOIRE GRUBY (Buttes-Montmartre}
Directeur : E. CASSÉ
Altitude: 114m5 — Longitude : 0* - Latitude: 49.
OBSERVATIONS DU 9 JANVIER 1884
Paris, temps moyen
Midi 7 h. soir.
Midi J 7 h. soir.
Baromètre. 764.3 765.1
Thermomètre. + 9.3 + 8.0
direction S.-W. S.-W.
Vent 1 sa vitesse à l'heure. 7kmO 9b-3
Etat hygrométrique de l'air : 83.0.
i maxima + 9.4
Température t minima + 4.6
TEMPS PROBABLE POUR AUJOURD'HUI
Couvert. - Brumeux. — Température douce.
Monaco (7 h. mat.). 766m/m9 + 9.1 Beau.
Le «Irame de la rue de Turenne
(épilogue). — On n'a pas oublié le tragique
événement dont la rue de Turenne fut der-
nièrement le théâtre. Le jour de son mariage
un libraire avait été assassiné par son an-
cienne maîtresse, Mlle Alice Verdier, qui
s'était suicidée ensuite.
Les deux acteurs de ce drame ayant suc-
combé à leurs blessures, l'affaire a été clas-
sée par le parquet.
Il résulte de nouveaux renseignements
qu'Alice Verdier, dont les relations avec.
Weiss remontaient à cinq ans, avait eu
de lui un entant âgé aujourd'hui de quatre
ans. Les parents de la fiancée de Weiss
et elle-même ignoraient ce fait. Or, depuis
qu'elle en a connaissance; la jeune fille
paraît s'être absolument consolée de' la perte
de son fiancé. Elle est, d'ailleurs, complète-
ment remise de la forte secousse qu'elle
avait ressentie à la nouvelle du drame.
Strafcagèmo d'un filou. — Hier, dans
l'après-midi, un individu d'une allure élé-
gatite,vêtu selon toutes les règles du «pschutt»
le plus scrupuleux, se présentait chez une
eharmante personne, qui habite un coquet
appartement, rue Mosnier, 18, au deuxième
étage.
Ce visiteur, dès le début de la conversa-
tion, se montra tellement empressé, - telle-
ment galant, que son hôtesse fut enchantée
de lui.
Il ne pouvait malheureusement consacrer à
la chère belle que quelques instants ce jour-
là. Mais il lui proposa de passer ensemble la
journée du lendemain. Il viendrait la prendre
pour la conduire au Bois, puis ils iraient au
théâtre après le djner.
Impossible de résister à cette offre gra-
cieuse, aussi la dame accepta-t-elle immé-
diatement.
Le visiteur, enchanté, se leva alors et prit
congé en priant sa nouvelle amie de ne point
se donner la peine de le reconduire.
Il avait ses raisons pour cela. En effet, en
partant, il avisa un écrin sur un guéridon, le
saisit et s'esquiva précipitamment.
L'écrin renfermait un bracelet orné de bril-
lants de valeur.
La dame l'avait vu, par malheur.
Elle courut derrière lui en criant : Au vo-
leur !
Il se précipita dans les escaliers, qu'il des-
cendit quatre à quatre, mais il fit un faux
pas et, perdant l'équilibre, dégringola du pre-
mier étage plus vite qu'il ne le désirait.
Le concierge, sorti de sa loge à l'appel de
sa locataire, arriva juste pour relever le vo-
leur.
Ce galant indélicat a été envoyé au Dépôt.
Tentative d'assassinat. - On nous
rapporte qu'une tentative d'assassinat a été
commise, hier soir, au bureau des postes de
Bois-Colombes.
Un individu a présenté à la buraliste un
mandat, en demandant qu'on lui en soldât le
montant.
La buraliste lui dit qu'elle ne pouvait payer,
sans qu'il eût justifié de son identité.
Il reprit alors son mandat et se retira.
Mais, quelque temps après, il revint et il
en réclama de nouveau le payement.
La buraliste lui ayant renouvelé la même
observation, il tira de sa poche un revolver
et en déchargea un coup sur l'employée, heu-
reusement sans l'atteindre.
Il a été arrêté et conduit au commissariat
d'Àsnières.
L'incendie de Sa rue des Dames, -
Une famille d'ouvriers emménageait avant-
hier, rue des Dames numéro 43, au sixième
étage. Les meubles n'étaient pas encore en
place dans le logement, les paquets de linge
étaient jetés çà et là.
La nuit venue, oa alluma une lampe à pé-
trole, et on s'appliqua à mettre tout -en or-
dre. Mais, en rangeant, on fit tomber la lampe
et le pétrole enflammé se répandit, commu-
niquant le feu à tous les objets qu'il rencon-
trait.
Literie, linge, meubles, tout a été brûlé
dans le logement. Les pauvres gens qui s'y
installaient 'sont dans le dénuement le plus
complet.. On n'a aucun accident de personnes
à déplorer.
Encore un caissier infidèle. — Tout
marche par série. Dans notre numéro d'hier,
nous racontions, la triste épopée d'un teneur
de livres d'une grande maison de tissus de
la rue du Sentier.
Aujourd'hui, c'est le caissier d'une maison
de la rue de Cléry qui est parti depuis huit
jours, laissant un déficit de près de cent
mille francs.
On s'est aperçu du vol hier seulement. Le
caissier, sur la probité duquel on n'avait au-
cun soupçon, avait demandé un congé de
quinze jours.
C'est le caissier intérimaire qui a décou-
vert le vol.
Plainte à été portée par la maison à la po-
lice avec le signalement de l'inculpé, qui va
être recherché.
Explosion à Romainville. — Au mo-
ment où, un bougeoir à la main, M. Terrier,
restaurateur à Romainville, pénétrait hier
.matin dans sa boutique pour en ouvrir les vo.
lets, une formidable détonation se fit en-
tendre.
Attirés par le bruit, des employés de l'oc-
troi de la porte de Romainville accoururent
aussitôt pour porter secours. Ils se mirent en
devoir d'éteindre le commencement d'incendie
auquel l'explosion avait donné naissance,
puis, après s'en être rendus maîtres, ils pé-
nétrèrent dans l'établissement.
M. Terrier, le visage et la main profondé-
ment brûlés, était à demi ensevèli sous un
monceau de plâtras et de débris de boise-
ries. ,
, Le choc produit pa £ l'explosion avâit ét £
f si violent que les comptoirs avaient été sou-
levés du plancher. !
^idés de plusieurs voisins qui s'étaient:
levéa à la hâte, ils dégagèrent le malheureux1
traiteu" et le transportèrent dans une phar-
macie voîsio0 d'où, après avoir reçu des
soins, il a été dirigé sur l'hôpital.
Une enquête a été ouverte par M. Rous
seau, commissaire de police de la localité.
On pense que t?et accident est dû à l'impru)
dence d'un garçoir qui le soir, en partant
aura négligemment laissé plusieurs becs da
gaz ouverts.
lia grève des coebers. — Une non..
velle réunion a eu lieu h.ier, à deux heures,
à la salle Chaynes, rue d'Allemagne.
On n'y a rien dit de bien nouveau à pro.'
pos des revendications des grévistes, mais
l'assemblée a présenté une l"éeIl.:} importance
au point de vue de la tactique qu'ils comp-
tent employer contre la Compagnie l'Ur-
baine.
Ils ont d'abord décidé la prolongation de
la grève, favorisés qu'ils sont par la difficulté
qu'éprouve la Compagnie à leur recruter des
remplaçants.
On sait que. la préfecture de police a re*
fusé, et avec juste raison, d'autoriser à con-
duire les cochers inexpérimentés qu'on vou-
lait prendre.
— La préfecture a opposé son veto, a dit
le cocher Fouc, en face des malheureux
qu'on lui. présentait. Elle n'a pas voulu de
cochers à la manque.
- Vive la préfecture de police ! a crié ,
l'assemblée enthousiasmée.
C'est bien la première fois que douze ceb.
cochers disent du bien de la préfecture do
police !
Les confrères des autres Compagnies quI
travaillent toujours soutiennent de leurs sub-
sides les grévistes.
Ceux-ci ont fait une démarche auprès d'un
banquier, dans l'espoir de constituer une
Compagnie fédérative, et de façon à ruiner
ainsi d'un seul coup l'Urbaine, mais leur ton-
tatve a échoué. - ,
Quant aux actionnaire de l'Urbaine, ils ne
semblent pas ravis de la tournure que pren-
nent les choses. Les actions, émises à 517 et
530, sont tombées à 30 fr. en présence de la
situation actuelle. Ce n'est pas fait pour ras-
surer ces messieurs.
Bref, la continuation de la grève a été votée
d'acclamation.
-- Un journal du matin publie le réett
d'une violation de domicile qui aurait été
opérée avec une brutalité révoltante par des
policiers allemands aidés de policiers fran-
çais.
Voici la vérité sur ce fait :
M. Ladislas Wresnewski, demeurant, 16r
avenue Carnot, avait dernièrement donné
l'hospitalité à une dame âgée, arrivant d'Al.
lemagne, accompagnée d'un tout jeune en-
fant, son petit-fils.
Cette personne est la mère d'une jeune da-
me qui, en vertu d'un jugement du tribunal
de Cologne, est-séparée de son mari. D'après
le jugement, l'enfant devait être confié au
père; mais la grand'mère, sans autorisation,
prit le petit garçon avec elle et vint se réfu
gier à Paris. C'est alors que le père fit pres-
crire des recherches.
Ayant découvert la retraite de sa belles
mère, il alla trouver M. le président Au..
bépin, et obtint une ordonnance de ré-
féré que M. Noury de Mauny, commissaire
de police, fut chargé de mettre à exécution
C'est sans y être légalement autorisés qu
d'autres individus se sont, à l'instigation d.
père de l'enfant, présentés au domicile de M
Wresnewski et qu'ils ont même tenté d'j
opérer une perquisition.
Ajoutons que la descente de M. Noury d'
Mauny est restée sans résultat. La belle
mère de M. X., prévoyant les poursuites
dont elle allait être l'objet, avait de nouveau
pris la fuite avec l'enfant.
La crémation. -« La Société pour ta
propagation de la crémation a tenu hier soir
son assemblée générale à la mairie du huitiè-
me arrondissement, sous la présidence de M.
Kœchlin-Schwartz.
On sait que cette Société a subi cette an-
née un grave échec devant le conseil d'hy*
giène. C'est là ce qui a fourni matière à la
discussion.
Un des membres *de la Société a réfuté l'o-
pinion du Comité d'hygiène qui prétend que
la crémation offre des inconvénients nom-
breux. Il a affirmé qu'au contraire la créma-
tion ne présentait que des avantages au point
de vue de la salubrité publique.
Pendant qu'il parlait, nous examinions la
pièce dans laquelle se tenait la séance. C'é-
tait la salle des mariages avec sa galerie eu
bois sculpté, contre laquelle sont alignées les
chaises où s'assirent les futurs époux et leurs
témoins. Le cadre pouvait paraître bizarre,
pour une réunion de ce genre. -
A la fin de la séance l'inventeur d'un appa-
reil crématoire est venu expliquer son système,
mais les expériences n'ont pas, comme on le
conçoit, été décisives, les « sujets » man-
quant toujours.
Pierre Fertare.
ê .-
par le Dentifrice au Cresson
Martial, 119, r. Montmartre-
Petites Nouvelles
— La cercle républicain du Loiret convoque
ses adhérents et tous les originaires du départe-
ment, à son assemblée générale, qui aura lieu
le lundi 14 janvier,: au café de la Redoute, 14, rua
J.-J. Rousseau,
- MM. les anciens officiers; sous-officiers et
clairons, disposés à faire partie de la Société de
Tir du dix-huitième arrondissement, comme ins-
tructeurs ou seulement comme membres titulai-
res., sont invités à se faire inscrire au siège so-
cial, rue Foyatier, école communale, place SU
Pierre, Montmartre. , ,.
— Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Médite
tetranée.- Exposition internationale de Nice. —
Train de plaisir de Paris à Marseille et à Niçe.
Un jour à Marseille, six jours à Nice. — Prix
(aller et retour) : 2" classe : 80 francs ; 38 classe :
60 francs.
Aller : Départ de Paris, le 10 janvier, à midi
10 fïiinutes ; arrivée à Marseille, lô 11, à 1 h. tfi.
du soir.
Départ de Marseille, le 12, à 11 h. 20 soir; ar.
rivée à Nice, le 13, à 6 h. 15 matin.
Retour : Départ de Nice, le 19, à 1 h. 25 soir,
arrivée à Paris, le 20, à 6 h. 55, soir.
On peut se procurer des billets à la gare de Paris
dans les bureaux succursales de la Compagnie; à
l'agence Lubin, boulevard Haussmann, 36; à
l'agence Cook et fils, rue Scribe, 9; place du
Havre, 15, et Grand-Hôtel, bouleyard des Capu-
cines ; à l'agence des Wagons-lits, rue Scribe, 2
à l'agence H. Gaze et fils, rue Duphot, 8 ; à l'a;
gence Caygill, 15, avenue de l'Opéra, et à l'agencé
G. Bordèse, rue de la Chaussée-d'Antin, 22.
.——————— ————————.—. (
LE TOUR DU MONDE
Lille, 9janvier. - Un crime atroce a été
découvert à Monchaux.
Une femme, nommée Lagache, qui était
presque idiote, a été trouvée assassinée dans
sa maison.
L'assassin, avant de consommer son crime,
avait odieusement abusé de sa victime.
La gendarmerie a commencé une enquêta*
en attendant l'arrivée-du parquet de Lille qui
se transportera aujourd'hui à Mondiaux.
Dunkerque, 9 janvier. — Le vapeur
anglais Devonia, venaut de Taganrog, a
abordé la jetée est et a heurté la drague
Maasmound.
Le vapeur et la drague ont subi des avaries
sérieuses. -
pontarUer. 9 janvier. — M. Tricard,
propriétaire à Pontarlier, regagnait tranquil-i «
lement, vers dix heures et demie du soir, son'
domicile. A peine s'était-il engagé sur la pro.
menade du cours qu'un individu s'élança sur
lui, lui plongea son couteau dans la région;
du cœur et prit la fuite.
L'état de la victime ést désespéré.
I/asSassin, un nommé François Brocher
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Auteurs similaires Dumont Auguste Dumont Auguste /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Dumont Auguste" or dc.contributor adj "Dumont Auguste")Gugenheim Eugène Gugenheim Eugène /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Gugenheim Eugène" or dc.contributor adj "Gugenheim Eugène") Mortier Pierre Mortier Pierre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Mortier Pierre" or dc.contributor adj "Mortier Pierre")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7526185g/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7526185g/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7526185g/f2.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7526185g/f2.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7526185g
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7526185g
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7526185g/f2.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest