Titre : Gil Blas / dir. A. Dumont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-06-05
Contributeur : Dumont, Auguste (1816-1885). Directeur de publication
Contributeur : Gugenheim, Eugène (1857-1921). Directeur de publication
Contributeur : Mortier, Pierre (1882-1946). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 juin 1907 05 juin 1907
Description : 1907/06/05 (A28,N10090). 1907/06/05 (A28,N10090).
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-209
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2012
GIL BLAS. — MiEiROREOI 5 JlJÎN 1907
maintenant, on l'invoque contre nous et,
quand nous voulons nous appuyer sur elle,
on nous l'oppose.
« On nous parle sans cesse de la régénéra-
tion de notre marine marchande, et j'estime
qu'elle ne serait pas si difficile qu'on le croit
à accomplir ; mais, royez-vous qu elle ne soit
possible, quand des actes de ce genre inexpli-
cables, illogiques, irréfléchis, nous font per-
dre en trois jours le résultat acquis par trois
années d'efforts ? --.,
« Je ne sais quelle tournure vont prendre
•les événements, mais, pour mon compte, si la
situation doit- se prolonger dans les mêmes
conditions, je suis prêt à donner ma démis-
sion au comité des armateurs.
Et M. Charles Roux s'éloigne pour aller
rejoindre M. Brindeau, député du Havre, qui
sort de la salle des séances.
,iii.
Le côU dangereux de cette grève, si courte
soit-elle, c'est qu'elle ouvre le champ à la
concurrence étrangère et menace la confiance
que, jusqu'ici on témoignait à nos moyens de
transport.
Les Compagnies étrangères sont, depuis
longtemps, à l'affût : de Cherbourg partent
des lignes allemandes, les Messageries Mari-
times et les, Chargeurs Réunis verront leur
trafic se partager, pour l'Amérique du Sud,
entre les Compagnies Pacific Steam Naviga-
tion, Roijal Mail et Hamburg Amerika ; au-
jourd'hui mercredi 5 juin, la White Star, une
Compaignie anglaise, ouvre un service entre
Cheribourg et New-York, et ses navires : Ma-
jesrtc, Teutonic, Oceanic et Adriatic sont d'u-
ne puissance et d'un luxe d'aménagement de
nature à inquiéter notre trafic.
C'est là le côtô dangereux de. la question, et
il ne faudrait pas que des conflits du genre de
celui qui prend fin se renouvellent souvent
pour porter à notre marine marchande des
coups dont elle ne se relèverait pas, en dépit
des efforts tentés pour la défendre.
- Eugène Destez.
11 ■ « • —• ■
La urève des inscrits maritimes
La grève et le commerce extérieur
Les « Rois de la commission n. - De la maison
Fould à la firme Borgfeldt
Nous avons traduit, avant-hier, l'impression
des administrateurs de nos grandes Compa-
gnies de navigation, au sujet de la malencon-
treuse grève ; nous avons dit, hier, ce qu'en
pensent les Agences Maritimes, et nous avons
recueilli les doléances des producteurs d'Algé-
rie, des expéditeurs de Normandie ; nous don-
nons, aujourd'hui, l'opinion des représentants
les plus autorisés de notre commerce exté-
rieur. des « Rois de la commission », en un
mot.
Maison Fould
La maison Fould, 30, rue d'Hauteville, est
une des plus importantes, sinon la plus impor-
tante, de la place. Elle « vaut » au moins
30.000 tonnes, de marchandises par an 1 30 mil-
lions de kilogrammes 1 -
Le chef de la maison, qui est en même
temps administrateur de la Compagnie des
Chargeurs -Réuiiis- - croit devoir, en tant
qu'armateur, observer la plus grande réserve
au sujet de la grève ; mais, en tant que com-
missionnaire. il veut bien nous donner son
impression. La maison Fould fait surtout asec
l'Amérique du Sud et l'Extrême-Orient.
« tNous n'avions pas de gros départs à assu-
rer pour la semaine dernière, nous dit M.
Fould, c'est pourquoi nous n'avons pas encore
très souffert de cette malheureuse grève. Tou-
tefois, la saison commence, et, avec elle nos
, fortes expéditions ; si la grève durait, nous se-
rions obligés de nous adresser aux ports d'An-
vers, de Hambourg même et c'est ainsi qu'on
nous forcera à favoriser la concurrence étran-
gère. a -
— Croyez-vous, monsieur, à la durée de la
grève ?
— Je n'ai, là-dessus, aucune espèce dôpi-
nion. La parole est au gouvernement, mais sa
tâche ne paraît pas facile. D'un côté les 30 mil-
lions qu'il faudrait trouver pour satisfaire aux
exigences des grévistes ; d'un autre côté, c'est
l'arrêt forcé de notre commerce maritime :
quelle intolérable situation !.
Maison Elie Weill
La maison Elie Weill tient, avec la maison
Fould, la tête de la commission parisienne et
française.
M. Weill nous accueille très aimablement et
ne nous cache pas qu'il considère la situation
- comme grave, extrêmement grave.
— Je n'ai pas été" jusqu'ici, dit M. Weill, gê-
né par l'arrêt brusque de notre navigation. J'ai
bien des marchandises à bord de la Provence
et restées en souffrance au Havre, mais j'es-
père ibien qu'elles n'y resteront pas trop long-
temps. Au reste, j'expédie tout autant par An-
vers que par le Havre. La Compagnie générale
Transatlantique est, en effet, trop à cheval sur
certains règlements désuets ; elle s'enferme
dans ces règlement parfois ridicules, et elle
veut y enfermer ses clients avec elle. Or, ce
n'est pas ainsi qu'on fait des affaires dans la
commission et c'est peut-être parce que les
Compagnies étrangères sont moins rigoristes
qu'elles trouvent plus facilement à charger.
En tout cas, cette grève est infiniment regret-
table, elle peut causer à tout le commerce fran-
çais des pertes incalculables. Qui nous donne-
ra donc un gouvernement qui s'occupe des af-
faires et non pas uniquement de politique.
Tout cela. est malheureux, bien malheureux.
Maison Schloss
M. Adolphe Schloss, chef de la maison
Schloss, 4, rue Martel, semble moins alarmé.
Il n'a pas été jusqu'ici gêné par la. grève. Si
elle continue, il fera ses expéditions par navi-
res anglais, mais il espère que ça ne continue-
ra pas. M. Schlo&s nous fait remarquer que la
&aison ne fait que commeneer,,c'est. pourquoi
les expéditions ne sont pas encore très impor-
tantes, mais si elle durait quinze jours encore,
elle aurait les conséquences les plus graves
pour la commission de Paris et de France.
M. Friedmann, chef de l'importante maison
Lévy Friedmann et Cie; 23.rue Bleue, nous ex-
prime à peu près la même opinion et nous fait
remarquer que les commerces anglais et alle-
mand vont, de par la grève, prendre une nou-
velle avance sur les marchés de l'Amérique
du Sud où le commerce français est déjà si
fortement maltraitée:
Maison Alexander
Une grosse maison de commission pour
l'Amérique du Nord. M. Alexander a de gros
chargements en souffrace sur la Provence ; et
la grève actuelle lui semble d'autant plus mal-
encontreuse..
—. J'ai déjà dû, nous déclare M. Alexander
prévoir que la grève durera et examiner com-
ment je pourrais assurer le transport de mes
expéditions par des compagnies anglaises ou
américaines. Je serai forcé de m'adresser —
et avant peu — à la White Star line ou à
YAmerican line : c'est autant que perdra la na-
vigation française. Et comme mes confrères
devront en faire autant, jugez cé que perdront
nos Compagnies maritimes. 1?uig, il y aura
forcément des retards dans les envois,et il faut
craindre qu'un certain nombre de clients du
commerce français ne prennent l'haibitude de
s'adresser ailleurs : les Anglais et les Alle-
mands vont gagner tout ce que nous perdrons.
Et pourtant, ça allait bien depuis plusieurs an-
nées.
Maison Borgfeldt
Une très importante maison franco-améri-
caine pour les- Etats-Unis et le Canada.
M. Tweyffort, directeur de la maison, nous
explique que la grève ne l'a pas jusqu'ici gêné.
, - Nous avons pris fhabitude, dit M. Tweyf-
fort, d'expédier le moins possible'par les ports
français, nous y avons été forcés et nous l'a-
vons bien regretté, car toutes nos sympathies
sont pour la France et les Français. Autrefois
nous expédiions surtout par Marseille et le
Havre, mais les diverses grèves qui ont éclaté,
.{f""puis plusieurs années dans ces ports, nous
ecausé un tort si considérable que nous
avons -dû nous adresser ailleurs et que nous
n expédions plus presque rien par les ports et
les bateaux français. Nous le regrettons, je le
répète, mais on ne fait pas des affaires avec du
sentiment.
Nous terminerons sur ces mots ; de ces In-
terviews prises aux sources les plus autori-
sées, nos lecteurs pourront tirer la conclu-
sion .qui s'impose : un peu moins de politique,
mais un peu plus d'affaires. — G. Ho.
Le sort des officiers
On croit qu'il n'y aura pas de victimes. — Des-
On croit qu'il n'y aura p de victimes. - De~
sanctions rigoureuses auraient des consé-
quences déplorables.
iM. Thomson a promis d'intervenir auprès
des Compagnies pour assurer la réintégration
des officiers sous cette condition qu'ils se re-
mettraient immédiatement au service des en-
treprises qu'ils avaient abandonnées.
Dans plusieurs ports les états-majors étaient
{.éjà considérés oomme démissionnaires et
des capitaines furent accueillis froidement —
môme un peu maladroitsment — par une bu-
reaucratie trop zélée.
En d'autre villes les états-majors sont, au-
jourd'hui encore, dans l'impossibilité absolue
de reprendre tout de suite la mer. Les inscrits
non .gradés ont une attitude menaçante, et il
y aurait un danger réel pour les officiers à
regagner les navires tandis que leurs troupes
se disposent, par tous les moyens, à en défen-
dre l'acès.
Verrons-nous, pour ces raisons, des car-
rières brisées ? Sera-t-on impitoyable dans .les
milieux dirigeants de la navigation ?
— Non, répondent délibérément ceux qui
sont bien placés pour savoir.
Il est certain au surplus que 'Ion ne rem-
placerait pas aisément ceux qui assurent avec
tant d'autorité le commandement de notre ma-
rine marchande.
Un délégué, tout particulièrement intéressé
dans la question, nous déclarait hier :
* — Les Compagnies et les armateurs ont
l'impérieux devoir de se montrer d'une gran-
de libéralité à notre égard, que nous soyons
à la tête ou dans le rang. Le mouverpent n'a
pas été dirigé contre les Compagnies ni contre
les armateurs. Il s'est produit, spontanément,
dans un but de solidarité, pour une cause col-
lective, en faveur d'une revendication légiti-
me.
« Nous ne sommes pas des perturbateurs.
Nous n'avons jamais eu le désir de créer à
notre pays une situation désavantageuse.
Nous avons entendu faire une manifestation
grandiose au profit d'un droit incontesté.
« Nous ne nous sommes livrés à aucun ex-
cès. En dépit de certaines excitations, .nous
nous sommes maintenus dans la légalité, stric-
tement. Nous ne regrettons pas ce que nous
avons fait. Nu) ne saurait nous en tenir ri-
gueur. On créerait un double péril en nous
frappant. »
Ir - Un double péril
- Oui, car, d'abord, on provoquerait un
soulèvement nouveau, peut-être plus redouta-
ble, parce que plus duraible, que le précé-
dent. Deux tiers au moins de nos camarades
déserteraient le bord, jusqu'à la victoire, si de
fâcheuses sanetions causaient des détresses
parmi nouFt La situation ne serait pas seule-
ment inquiétante, comme au premier jour de
la grève : elle le serait dix fois plus. L'immen-
se majorité des équipages marcherait avec les
chefs. Le conflit s'éterniserait.
« D'autre part, la marine française s'en
trouverait, même après la bataille, sérieuse-'
ment mutilée, amoindrie. Nos états-majors se
verraient dans l'obligation d'examiner les of-
fres de plusieurs Compagnies étrangè-
res, toutes disposées, croyez-le, à nous faire
des propositions ».
Nous sommes persuadés que l'on n'en arri-
vera pas là. Des pourparlers ont eu lieu, dans
l'après-midi d'hier, qui promettent une solu-
tion satisfaisante pour tout le monde. De nom-
breux officiers sont avertis, que leurs pestes
leur seront rendus,aux uns d'ici deux ou trois
jours, aux autres d'ici deux ou trois semaine?.
Il est à souhaiter que ces promesses suffi-
sent aux états-majors. Il est indispsnsanle
qu'elles soient intégralement tenues. — L. B.
Grève partielle
1 Les équipages reprennent la mer
"—-
Une autre4 phase du conflit. — Les chefs retour-
nent à bord. — Quelques ports récalci- - !
trants. Les pêcheurs
pèchent
, Il y a encore une grève dans les ports. Il
n'y a plus de grève générale des inscrits ma-
ritimes. Nous pouvions intituler l'article de
vendredi dernier « la mer sans marins ».
Nous intitulerons peut-être l'article de ven-
dredi prochain « La grève sans grévistes ».
• Quelle quantité reste-t-il de combattants ?
Un nombre inférieur comparativement à ce-
lui qui fut enregistré le deuxième jour du
mois, un nombre dérisoire par rapport à ce
que les promoteurs du mouvement .e::,comp-
taient.
Le conflit, au surplus, a changé de physio-
nomie, complètement. La lutte n'a pas conser-
vé son caractère d'unanimité dans les grades ;
elle a perdu sa principale raison d'être : cette
questiondes six cents francs de retraite solu-
tionnée au petit bonheur, avec des phrases
prometteuses et l'on ne sait au juste quels ex-
pédients miraculeux, permettant de couper la
poire en deux : un tout petit quartier pour les
marins et le gros morceau pour le gouverne-
ment.
Dès à présent, les états-majors ont signé la
paix avec les Compagnies ou se proposent de
le faire aussitôt que l'on se prêtera à une con-
versation. Les délégués, ceux-ci avec empres-
sement, ceux-là. à contre-cœur, ont, comme
nous l'avons annoncé les premiers, conseillé
télégraphiquement le retour à bord.
Il y a, cela va de soi, dans une aventure de
ce genre, des récalcitrants, des grévistes quand
même. -
II y a donc encore une grève dans les ports.
-_ la suite du soulèvement qui- se produisit, poui
beaucoup, sur un prétexte, et que des agita-
teurs prolongeront jusqu'à l'extrême limite.
Mais il n'y a plus d'inquiétude à concevoir
quant au transport des voyageurs, des dépê-
ches et des marchandises. On redoute — on
ne saurait trop redouter — des incidents iso-
lés, car la défaite est, comme la peur, mau-
vaise conseillère. On ne redoute plus — on
ne saurait plus redouter — l'interruption des
services indispensables à rindustrie, au com-
merce et au plaisir de la France.
Officiers et équipages avouent généralement
une certaine déception, et récriminent. Le
contraire étonnerait !.
- La lutte a été mal engagée, nous déclarait
hier soir un des visiteurs de M. Thomson.
Nous avons été « lâch-és -», dès le commen-
-cement, par ceux dont le concours nous était
le plus nécessaire et nous semblait le plus na-
turel.
« Il en résultera, croyez-le bien, de nou-
veaux et prochains différends. »
Nous nous en étions douté.
Le chômage actuel ne saurait durer que
dans quatre ou cinq ports et en perdant pro-
gressivement de son importance. La crise re-
deviendrait grave seulement si les états-ma-
jors, traités impitoyablement, se trouvaient
contraints d'éterniser la rebellion. Mais cette
!hypothèse mérite à peine d'être envisaJgée. Les
officiers, déliés de leur engagement par- les dé-
pêches expédiées lundi soir après l'entretien
nie Royale, sont, dans l'ensemble, disposés
à se contenter des vagues satisfactions accor-
dées (en paroles) par la commission parlemen-
taire.
En ce qui concerne les pêcheurs, nous som-
mes à même d'affirmer, en dehors des rensei-
gnements d'agences, qu'ils considèrent la grè-
ve comme finie et qu'ils ont tendu leurs filets,
à la récente marée, partout où l'intimidation
n'a pas empêché de délier les amarres.
De source autorisée également, nous tenons
que les réunions où fut votée, malgré l'avis
venu de Paris, la continuation de la grève,
« la grève à outrance H, ne comprenaient qu'un
auditoire assez restreint.
Toulon, le Havre, Bordeaux et Nantes* pa-
raissent plus difficles à apaiser que les au-
tres ports. L agitation y est entretenue de lon-
gue main. La résistance des équipages n'a
rien qui puisse surprendre. Mais les officiers
ont vraisemblablement pris une détermination
conciliante, à l'heure où paraissent ces lignes.
Et cela pare à tout danger.
Louis Besse..
Les délégués des inscrits maritimes
i : - à la Chambre
Les délégués des inscrits maritimes se sont
rendus hier après-midi à la Chambre, où ils
ont été reçus par M. Le Bail, rapporteur de
commission de la marine. Ils lui ont remis les
tarifs de pensions transactionnels qu'ils ont
adqptés dans la réunion tenue le matin.
Plusieurs délégués ont reçu des syndicats
qu'ils représentent des dépêches leur deman-
dant quelle-conduite ils devaient tenir. Ils ont
tous répondu qu'ils confirmaient les instruc-
tions données lundi par dépêche, conseillant
la reprise immédiate du travail sous la seule
réserve qu'il n'y ait aucune mesure prise par
les compagnies contre les grévistes officiers ou
inscrits.
Dans les ports
L'avis d'avoir à cesser la grève télégraphié di-
manche par les délégués des inscrits maritimes, a
étédivers-ement accueilli dans les ports.
A Marseille, au moment du départ du paquebot
Isly pour Bizerte et Tunis avec son état-major et
des marins de l'Etat, un groupe d'inscrits mariti-
mes a tenté de monter à bord pour demander le
débarquement de quelques hommes d'équipage,
mais la police est intervenue et a fait circuler les
inscrits.
Aux Messageries Maritimes les états-majors sont
au complet et les travaux de manipulation des mar-
chandises s'exécutent comme par le passé.
En sortantDunois, qui portait à Tunis le courrier postal, s'est
échoué, mais a pu se dégager peu de temps après,
avec le concours de remorqueurs de l'Etat. Les sca-
phandriers ont constaté qu'il n'avait aucune ava-
rie. Le torpilleur a repris sa route.
Le paquebot la Russie, de la Société générale des
transports maritimes, a effectué son départ régu-
lier pour Oran avec son état-major et son équi-
page composé des navires de l'Etat.
Le transport de l'Etat Shamrock est arrivé hier
soir à Marseillé.
*
A Toulon, les inscrits ne sont nullement déci-
dés à reprendre le travail et hier matin encore, ils
ont tenu une réunion au cours de laquelle ils ont
voté la grève à outrance. Ils ont déclaré qu'ils
étaient décidés à empêcher énergiquement tout dé-
(part de bateau.
A La Rochelle, hier matin, les grévistes ont tendu
des câbles à l'entrée du port empêchant ainsi la
sortie des vapeurs des lies de Ré* et d'Oléron et des
bateaux de pêche.
A Nantes, la Compagnie des Messageries Mari-
times qui assure le service de Nantes avec les
diverses localités qui se trouvent sur la Loire entre
Nantes et Saint-Nazairex a dû arrêter son service
hier matin, tous les équipages ayant débarqué.
Au Havre, la grève continue.
Les quais, les tentes des compagnies et la pois-
sonnerie sont gardés par l'infanterie et la gendar-
merie. r
L'autorité qui assume le service d'ordre, au lieu
de faire garder la nuit les ponts qui font communi-
quer la çille avec les quartiers maritimes, les a ou-
verts. Cette mesure a occasionné un douloureux
accident. En effet, lundi soir, un officier de port, M.
Leveux, qui allait prendre son service, trompé par
l'obscurité, ne voyant pas.le pont ouvert, est tom-
bé dans le canal de Tancarville et s'est, noyé.
A Dunkerque, les capitaines, officiers mécani-
ciens ont voté la reprise du travail. La gendar-
merie occupe les quais. Les lamaneurs ont arrêté
le travail.
?
« ■ ♦ m m
1 Le Mondé
a
Pari».
Un auditoire restreint mais fort select a eu la
bonne fortune d'entendre hier chez M. et Mime de
Montry la grande artiste Litvinne, qui s'est mon-
trée égale à elle-même dans des genres différents
et des langues diverses. Tour à tour dans des mé-
lodies de Raynaldo Ha-hn, dans le Réveil de la
Walkyrie de Heyer, puis dans les pages de Beethfi-
ven in questa tomba oscura, chantées en italien, et
enfin dans la Mort d Y seuil, -en allemand, elle a
montré la diversité de son art, la souplesse de sa
voix et la parfaite unité de sa-merveilleuse dic-
tion
Deux ténors russes : Ml\LWI'OThSky et Koubitzky,
dont le dernier fait partie de la troupe des con-
certs russes, ont tenu magistralement leur place
à côté de la grande artiste. M. Wronsky, à la voix
puissante et chaude, a chanté des airs d'.4ïda, de la
Tosca et Agile héréditaire de Guillaume Tell, qui
ont fait valoir toute la beauté de son organe, et
M. Koubitzky a interprété avec une mélancolie
poignante des mélodies slaves très orlgmales, dont
il a su rendre le caractère intéressant.
Enfin Mlle Thérèse Duroziez, impeccable accom-
pagnatrice et virtuose de grand talent, a donné la
mesure de sa valeur dans l'exécution du Carnaral
de Grieyg et du Caprice espagnol de Markowsky.
— Le comte de Khevenhuller, ambassadeur
d'Autriche donnera samedi prochain, dans son hô-
tel de la rue de Varenne, un grand dîner diplo-
matique et mondain suivi d'un tour de valse.,
— Five o'clock avant-hier, chez le comte et la
comtesse de Geoffre de Chabrignuc, en leur hôtel
de la rue Léotnard-de-Vinci. On a applaudi le baron
Grouvcl et Mme Lefèvre des Loges. Le piano était
tenu par M. du Sautoy. ,
Héconnu : comtesse de La Teillais, vicomtesse de
Saint-Georges, vicomte et vicomtesse de Forgemol
de Bostquénard, Mme Pierre de Vallée, vicomtesse
Vilain XIIII, Mme MassLng, comtesse de Caumont
de Marivault, Mme et Mlle Péan, Mme Jeanniot"
Mme Robert Vallier, Mme Back de Surany, Mme
et Mlle Ferrari, marquis de Rochegude, M. Roze
de Villereau.
- Tour de valse de neuf heures à minuit chez
la duchesse d'Estissac en son hôtel de la rue Saint-
Dominique.
Parmi les jeunes filles : Mlles de La Rochefou-
cauld, de Mérode, de Lévis-Mirepoix, de Partz, de
Talhouëtjde 8aporta,de LUf-Saluces, de La Forest-
Divonne, de Kergorlay, Amelot, de Balorre, de
Virieu, de Montesquiou.
Parmi les habits noirs : comte de Mérode, comtes
L. H. et G. de La Rochefoucauld, marquis de Lé-
vis, comte de Saint-Phalle, vicomte de Merlemont,
marquis de Croix,comte d'Audiffret-Pasquier,comte
J. de Nicolay, comte J. de La Rochc-Aymon, comte
de Lambertye, comte de Moustier.
Le cotillon était mené par Mlles de La Rochjefou-
cauld et M. de Fouquières.
— La fête annuelle des Guides a eu lieu hier
dans le parc du château de la Marche. Elle a été
favorisée par un temps relativement beau.
Le rendez-vous était fixé à deux heures ai l'entrée
de l'avenue du Bois. Le parcours était idéal : tra-
versée du Bois, porté de Boulogne, route du Bord
de l'eau, traversée du parc de Saint-Cloud, Mar-
nes et Vaucresson.
Sur un théâtre de verdure aménagé dans l'un
des endroits les plus pittoresques du parc, a eu
lieu une représentation artistique très intéressante.
Le programme comportait : Surprise au Bain, co-
médi.e en un acte de M. Ernest Depré, jouée par
Mlle Alice Bonheur et M. Legallo ; Octave, fantai-
sie de MM. Yves Mirande et Géroule, interprétée
par Mlle Renée C-orciade, MM. Legallo, Cazalis et
Champel. Très applaudie aussi Mlle Pomponnctte
dans ses da/nses 1830 et modernes.
Sept coachmen étaient présents : duc de Brissac,
M. Joseph Pastré, comte Henri d'Yanville, baron
de iZuylen de Nyvelt, M. Le Roux de Villers, ba-
ron Carlo de Marchi, et M. G. Pauwels.
Reconnu au hasard sur les voitures :
Baron et baronne E. de l'Espée, baron et baron-
ne de Graffenried-Villars, comtesse de Saint-BIan-
quat, vicomte Henry de Trédern, Mme Sickles,
marquis et marquise de Broc, M. et Mme Ancel,
baron et baronne de Vaufreland, M. de Blanpré,
comte et comtesse Karl de Beaumont, M. et Mme
J,. de Largentaye, prince et princesse O. de Bro-
glie, comte- et comtesse Sebran de Rohan-Chabot,
comte et comtesse Le Pontois, M. et Mme Nagels-
mackers, comte de Zogheb, comte de la Mazelière,
vicomtesse de Vanssay, comtesse de Lignac, comte
et comtesse de Reverseaux, Mme Alistair Hny,
comte H. de Bernis, comte R. d'.Yanville, vicomte
et vicomtesse G. de Bagneux, vicomte et vicomtes-
se de Beaufort, comte et comtesse de Ranchicourt,
comte et comtesse de Naussay, M. P. de Vienne,
comte et comtesse de Terves, comte et comtesse
Antonetti, M. R. Harnoir, Mme G. Pauwels, etc..
- Sont arrivés à Paris et descendus à, l'Hôtel
Continental :
M. et Mme John Kane et leur famille, de New.
York ; marquis et marquise de Patrizi, de Rome ;•
M. et Mme P. Carissimo, de Roubaix ; M. et Mme
Hauptman, comte d'Oultremont, de New-York ;
M. et Mme H. Scott, Mme et Mlle Pilkington, de
Londres ; M. et Mme Beaumont, de Douvres ; M.
et Mme Colleye, de Bruxelles ; M. et Mlle E. Zaisst
de New-York.
Charité
La vente annuelle au profit de la Société de Chtr-
rité maternelle aue préside avec tant de 'dévoue-
ment la duchesse de Mouchy, a eu lieu hier. et a
été très réussie. La recette a dépassé les nrévl-
sions les plus optimistes.
Reconnu parmi les dames vendeuses :
Princesse Murât, comtesse Murât, princesse de
Poix, comtesse de Berulle, Mme Busson-Billault,
Mme Maurice Bischoffsheim, Mmes A. Evette,
Gaston Germain, Paul Lebaudy, Moore, comtesse
H. de Noailles, W.-K. Vanderbilt, vicomtesse Vi-
gier, comtesse et Mlle Benedetti, marquise de Ga-
nay, comtesse Paul de Pourtalès, baronne de Sou-
beyran, comtesse de Saint-Sauveur, Mme Léonce
Lafarge, Mme de Saint-Sinoch, comtesse Maupéou,
Mme Henri Schneider, duchesse de Trevise, ba-
ronne de Balorre, marquise de Brantés, Mme Mau-
rice Brémarcf, etc.
Mariages
Hier, 'en l'église Saint-Roch, a été célébré le ma-
riage de Mlle Henriette Ducaruge, fille de M. Du-
caruge avoué près la cour d'appel de Paris, avec
le .vicomte de la Laurencie, lieutenant au 21e chas-
seurs.
- Les témoins du marié étaient le colonel Four-
cade, commandant, le 218 chasseurs, et le vicomte
Paul de la Laurencie, lieutenant au 346 d'artillerie ;
ceux de la mariée étaient le' baron Abel de Taver-
nost, capitaine au 20e dragons et M. Henry de la
Ilamayde, son beau-frère.
La quête a été faite par Mlles JRécopé et Jacque-
line Mahler, accompagnées des lieutenants 'de Gui-
ringaud et d'Aurelle. "-
Dans le cortège et l'assistance :
Baron et baronne Abel de Tavernost, vicomte et
vicomtesse Paul de la Laurencie, vicomte et vicom-
tesse Jean de la Laurencie, comte et comtesse de
Moré, comte et comtesse Récopé, M. et Mme Loo-
nen, M. et Mme F. Mahler, M. et Mme Georges
Mahler, comte et comtesse de Jumilhac, comte et
comtesse de Livron, Mme G. Ducarugc, baron et
baronne A. de Nexon, baron et baronne Pierre de
Tavernost, MM. André et Jean Récopé, Mme de la
Hamayde. baron N. Gourgaud, M. et Mme Alfred
Lacaze, marquis et marquise de Solages, baronne
de Nexon, Mme Vallée, Mme Loonen, comte
et comtesse d'Hespel, général et Mme Sabatié, vi
comte et vicomtesse de Dionne, Mme Filhos, M. et
Mme Van de Walle, vicomte et vicomtesse Pau* de
Cu-rel, baron et baronne Antoine de Tavernost, M.
et Mme Clauzel, M. J. Delapahne, marquis et mar-
quise d'Ussel, vicomte et vicomtesse de Rochasl
comte et comtesse Dcligny, baron et baronne Mer-
lin, M. et Mme F. de Lander, comte et romt.w.e
Guv rfo Cordon, lieutenant d'Aurel, M. et Mme Japy
de T^nncourt. vicomtesse de Spoelberch, comtesse
de Mouchy, etc.
Anrès la cérémonie, M. Ducaruge a donné une
'-'l'ente réception dans ses salons de la rue de
Rivoli.
- On vient de célébrer au château d'Amenon,
dans la Sarthe, le mariage de M. Tony Chalus,
fils de M. Joseph Chalus le banquier bien connu
avec Mlle Elisabeth de la Guillonnière, fille du co-
lonel de la Guillonnière, démissionnaire, ancien
commandant le 36° d'artillerie.
Les témoins du marié étaient M. Maurice Chalus
et le baron de Langlade, ses oncles ; pour la ma-
riée : le comte de La Briffe, intendant général en
retraite et M. Gaston -die la Guillonnière.
ftècroiogie.
UusEuuts DU GÉNÉRAL BILLOT. - Les obsèques du
général Billot, ancien ministre de la guerre, séna-
teur inamovible, ont eu lieú hier, à lllidi, à l'église
baml-i< rançois-Xavier.
Les trouves qui ont rendu les honneurs étaient :
deux bataillons du 102° régiment d'inianterie, avec-
tête de colonne, drapeau et musique, un escadron
du 2e cuirassiers et une batterie du lao régiment
d'artillerie, sous le commandement du général
Uoëlle, commandant la 13e brigade d'inlanierie.
Déjà un grand nombre d'homme^ politiques, de
généraux et d officiers de tous grades et de toutes
armes étaient venus saluer la famille qui se tenait
devant la chapelle ardente dressée à l'entrée du n°
15 de l'avenue de Tourville. Peu de temps après
trois voitures amenèrent les délégués du Sénat,
conduits par M. Peytral, vice-président.
Le colonel Ebener, représentant le président de
la République, arrive en voiture avec M. Jean La-
nes, secrétaire général de la présidence. Mme Fal-
lières, qui vient assister également aux obsèques,
est dans -une' seconde voiture.
A midi, les tambours et les clairons battent et
sonnent aux champs. Le cercueil du général Billot
est transporté sur le corbillard de Z* classe qui
stationnait devant la maison mortuaire. Sur la biè-
re, on a déposé la tunique, et le chapeau à plumes
blanches du défunt ; les insignes de grand-croix de
la Légion d'honneur et la médaille militaire se dé-
tachent sur un coussin de velours. Le cheval de
bataille du général est conduit par une ordonnance,
derrière le corbillard. -
Les cordons du poêle sont tenus par M. Méline,
sénateur, ancien président du conseil ; le général
Florentin, grand-chancelier de la Légion d'honneur;
les généraux Brugère et Metzinger et Je comte de
Muntlort,séHatcur, ancien officier d'ordonnance du
général Billot. Le deuil est conduit par MM. Louis
Billot, lieutenant au 15e régiment de chasseurs, fils
du général ; le docteur Malherbe, son gendre, et
M. Pierre Dufay, son beau-frère.
Parmi les nombreuses notabilités politiques et
militaires qui suivaient le convoi, nous avons re-
marqué MM. Brisson, président de la Chambre des
députés ; Guérin, vice-président du Sénat ; Emile
Loubet, ancien président, de la République, et son
fils Paul Loubet ; Ribot, Cochery, Doumer, André
Leban, Chaumié, Darian, Berteaux, anciens minis-
tres ; de nombreux sénateurs et députés : MM.
Magnin, Ranson, Dérenger, Prevet, etc ; les géné-
raux Dalsfein, gouverneur de Paris, Hagron, Mer-
cier, Négrier, Zurlindcn, Famin, Pisor, Gonse ; le
vice-amiral Gervais, les vice-amiraux Bienaimé, de
la JailJc, Jauréguiberry ; le médecin inspecteur
Strauss, directeur du service de santé au minis-
tère de la guerre ; les préfets de la Seine et de po-
lice.
Le 158 chasseurs, le régiment où est incorporé le
lieutenant Louis Billot, avait envoyé une délégation
de quatre lieutenants.
1 Un catafalque orné-de faisceaux de drapeaux
avait été dressé au milieu de la nef de l'église
Saint-François-Xavier. Un service funèbre avec
chant et musique a été célébré par le premier vi-
caire de la paroisse ; l'absoute a été donnée par
M. Gréa, curé.
La. cérémonie religieuse terminée, le corps a été
replacé sur le corbillard et les troupes ont défilé,
le général Boëlle en fête.
Le cercueil a été ensuite déposé dans un caveau
de l'église. L'inhumation provisoire aura lieu ce
matin au cimetière Montparnasse ; le corps sera
transporté dans cinq ou six jours à Chaumeil (Cor-
rèze), où il sera inhumé.
— Les obsèques d'Armand de Castéja, fils du
comte de Castéja et de la comtesse, née Monte-
1 |'Jo, ont eu lieu hier matin à dix heures en l'église
Sa? nt-Pi orre-de-Ch a i Ilot.
Un grand nombre d'amis étaient venus apporter
aux familles » de Castéja et de Montebello leurs
condoléances émues.
, - On annonce la mort de :
Mme veuve Lamy, mère de M. Etienne Lnmy,
membre de l'Académie française, décédée, 3, place
d'Iéna ; -
La marquise du Liscoct, née du Martroy, décé-
dée à l'âge de cinquante-trois ans, à Ncuilly-sur-
Seine.
M. Henri Levaux. avoué honoraire près la Cour
d'appel" décédé à l'âge de quatre-vingt-huit ans. >
De Tan ville.
— -■ ..» ♦ ♦ » —"
La Réforme du Mariage
Le Comité de réforme du mariage a tenu, se-
medi, sa réunion chez son président, Me Henri
Coulon.
On a adressé des félicitations à la Chambre pour
le vote des lois permettant le mariage entre beau-
frère et belle-sœur et réduisant les délais de viduitâ
en matière de divorce, réformes préconisées par le
Comité.. -
Puis on a abordé la question de la puissance pa-
rentale. A cette occasion, le Comité, entendant
protester contre la situation confessionnelle créée
arbitrairement aux Français dès l'âge de l'incon-
science et qui les oblige souvent à des apostasies
dont ils souffrent, consacre cette protestation par
le vote de l'article suivant :
Il Aucune religion n'étant reconnue par la loi,
V enfant de Tun ou l'autre sexe pourra à dix-huit
ans, seul et librement, déclarer par un acte public
s'il entend appartenir ou non à un culte quelcon-
que, quel que soit celui qu'on lui ait fait pratiquer
jusqu'alors. »
Ont pris part à la discussion : Mme Oddo-Deflou,
MM. Henri Coulon, Sébastien-Charles-Leconte, Ju-
les Bois, Léopold Laoour et René de Chavagnes.
Informations politiques
Conseil des ministres
Le Conseil dies mini&tres s'est réuni, hier rnatin,à
l'Elysée, sous la présidence de M. Fallières.
M. Thomson, ministre de la marine, a entretenu
le Conseil, de la grève des inscrits maritimes qu'on
peut considérer comme touchant à sa 'fin.
Le Conseil s'est ensuite occupé de la crise viti-
cole. Le gouvernement se mettra à la disposition de
la Chambre pour discuter aussi promptement que
celle-ci le désirera, le projet de loi destiné à répri-
mer les fraudes par mouillage ou sucrage, dont ce
rapport veut inaugurer le débat par les interpella-
tions déjà déposées au sujet des fraudes, le gou-
vernement acceptera la discussion de ces interpel-
lations, pour après-demain jeudi.
Le Conseil à" décidé de demander à la Chambre
de joi. £ ure les interpellations de MM, Denys Co-,
Juin et de C-astelnaw relativee aux papiers Mon-
tagnini à la discussion des conclusions du rap-
port de la commission d'enquête.
Le' ministre de la guerre a communiqué au Con-
seil les résultats de l'enquête ordonnée pour recher-
cher s'il était exact que des réservistes de la gar-
nison d'Agde eussent participé, dimanche dernier,
à la manifestation des viticulteurs, à Nîmes.
Il résulte des informations recueillies par le "géné-
ral Picquart, qu'il a, en effet, été accordé, dimanche
dernier, des permissions à 154 réservistes de la
garnison d'Agde. Mais aucun de ces permission-
naires n'a reçu, ajoute-t-on, l'autorisation ae se ren-
dre à Nîmes. S'il était établi qu'un certain nombre
d'entre eux sont néanmoins allés à Nîmes, ils se-
ront l'objet de mesures disciplinaires.
Les ministres se réuniront demain jeudi, en Con-
seil de cabinet, au ministère de l'intérieur, sous la
présidence de M. Clemenceau.
Le président du Conseil a quitté la Chambre, pour
rentrer chez lui se reposer.
Le voyage du roi de Danemark
Cherbourg, 4 juin. — D'après les nouvelles ins-
tructions sur le voyage présidentiel, - M. Fallières
arrivera à Cherbourg le 14 juin vers 7 heures du
matin. Il sera accompagné des présidents de la
Chambre et du Sénat, de MM. Clemenceau, Thom-
son et Pichon.
Après la visile de l'Hôtel-Dieu, il se rendra à
l'arsenal et s'embarquera sur l'Elan pour aller at-
tendre sur rade l'arrivée du yacht royal, attendu
à 9 heures.
M. Fallières montera à bord et passera avec le
souverain danois la revue navale, puis il rentrera à
l'arsenal pour le déjeuner à dix heures et demie.
Le déport pour Paris aura lieu h 11- h. 30.
La réorganisation de la magistrature
La commission de la réforme judiciaire, après
avoir entendu M. Magnaud sur sa proposition de
réorganisation de la magistrature, s'est prononcée,
par 7 voix contre 2 et une abstention, contre le prin-
cipe de l'élection des juges.
Elle a adopté ensuite le principe du concours
pour entrer dans la magistrature.
Crédits supplémentaires
i La Chambre a été saisie, hier, d'un cahier de
crédits supplémentaires qui font peser, compte te-
nu des annulations de crédits, une charge de 40 mil-
lions 344.728 francs sur l'exercice 1907.
Parmi les crédits demandés, signalons :
30.000 francs pour transformer en légation l'a-
gence diplomatique et consulaire de Bangkok.
80.000 francs pour l'envoi, à Addis-Ababa, d'une
mission française à l'effet de régler avec l'empe-
reur Menelick, la question des chemins de fer éthio-
piens. Cette mission, composée de cinq personnes,
a quitté la France au mois d'avril et doit arriver à
Addis-Ababa, vers la fin de juin.
218.000 francs, pour construction d'un hôtel con-
sulaire à Alexandrie.
200.000 francs pour l'installation des services du
cabinet du ministre des affaires étrangères.
120.000 francs pour participation de la France à
la conférence de La Haye.
620.000 francs pour la réception du roi et de la
reine de Norvège ; du roi et de la reine de Dane-
mark : « frais d'aménagement du ministère des
affaires étrangères, illumination et décoration des
monuments publics, dépenses de la présidence de la
République et des divers ministères ».
450.810 francs pour la création, à Paris, à la di-
rection de "la Sûreté générale, d' « un contrôle gé-
néral des services de recherches dans les départe-
ments .» et la création de 12 brigades régionales de
police mobiles, composées chacune de 3 commis-
saires et de 10 inspecteurs. Ces services doivent
fonctionner à partir du 1er juillet.
15.707.435 francs, pour matériel d'artillerie de
campagne, 3.302.225 pour armement des places,
981.697 pour armes portatives.
85.000 francs pour indemnités (pertes d'effets, de
matériel, de cours, etc.), résultant de l'incendie de
l'Alflésiras et de l'explosion de YJéna.
45.000 francs pour célébrer le,256 anniversaire de
1 ouverture du premier lycée de filles.
275.000 francs pour installer le chauffage à la va-
peur dans les ministères de l'intérieur et des affai-
res étrangères.
728.500 francs pour aménager l'ancien archevêché
de Paris en ministère du travail.
596.000 francs pour effectuer des réparations à
l'Opéra, avant l'installation de la nouvelle direc-
tion.
778.000 francs pour transfert du musée du Lu-
xembourg à l'ancien séminaire de Saint-Sulpice.
EN L'HONNEUR DES MINISTRES DU CANADA. — Profi-
tant de la présence à Paris de sir Wilfrid Laurier,
premier ministre ; sir W. F. Fielding, ministre des
-finances ; sir L. P. Brodeur, ministre de la marine
du Canada ; le conseil de direction du Comité
Républicain du Commerce, de l'Industrie et de
1 Agriculture, a décidé de leur offrir, le lundi 24
juin, sous la présidence de M. Gaston Doumerguef
ministre du commerce, dans les salons du Grand-
Hôtel, un banquet auquel les dames seront admises.
DUEL DE PRESSE. — Bordeaux, 4 juin. — Ce ma-
tin, aux environs de Bordeaux a eu lieu un duel à
l'épée entre MM. Lucien-Victor Meunier, rédacteur
en chef de la France de Bordeaux, et Barrère ré-
dacteur à la Petite Gironde.
A la première reprise, M. Lucien-Victor Meu-
nier a été atteint au bras droit d'une blessure de
trois centimètres. qui a mis fin au combat.
Cette rencontre avait été motivée par une polé-
ÏÏiomme0 presse sur la Ligue des droits de
l'homme.
La Chambre
Il y a des gens qui se disent espagnols et
qui ne sont pas espagnols ; et il y a des gens
qui prétendent savoir l'italien et qui ne savent
,pas l'italien. Ceci n'a d'importance que quand
ces gens se chargent de traduire des lettres
italiennes.
On sait du reste que c'est ce qui est arrivé
pour la traduction des papiers Montagnini.
Cet incident serait très important s'il n'en
était de même chaque fois qu'on a une pièce
à traduire.
En outre, le numérotage des pièces du dos-
sier a été fait avec quelque néglieelice.,
La commission des papiers Montagnini s'en
est émue ; puis elle a décidé que les irrégu-
larités n'avaient aucune influence sur la por-
tée politique de l'affaire ; et il me semble
qu'elle a sagement décidé car qui donc croi-
rait que, toutes les traductions fussent-elles
reconnues fausses, on rappellerait M. Mon-
tagnini.,
Mais MM. Denya Cochin et de Castelnau,
lumières de la droite, ne sont pas de cet avis,
et ils ont' cru qu'il était bon d'interpeller le
gouvernement sur ces sauts de puce.
C'est ce que M. Cruppi, qui présidait, a an-
noncé au début de la séance d'hier. Mais le
gouvernement, représenté, par M, Guyot-Des-
saigne, a émis l'avis que le monde pouvait
vivre sans que cette interpellation ait été dis-
cutée, et il a proposé de ia joindre au dÓbat
qui aura lieu à propos du rapport de la com-
mission des papiers Montagnini.
Aussitôt, M. de Castelnau bondit. M. de
Castelnau est un torrent qui roule un flot de
paroles qui rebondissent comme les eaux sur
les cailloux d'un gave. 1
Ce flot, autant qu'on peut le deviner, affir-
me que l'opinion publique s'est vivement
émue. Le flot continue en rappelant les cam-
pagnes de M. Clemenceau en faveur de la li-
berté individuelle.
— Nul n'a protesté aussi énergiquement que
lui, continue le flot, contre les saisies et les
perquisitions arbitraires. Il a ainsi jugé sé-
vèrement Paffaire Montagnini 1
Sur cette flèche du Parthe, le flot rentre
dans son lit, et ses admirateurs (M. de Cas-
telnau a des admirateurs) s'empressent de lui
serrer la main — si toutefois un flot a une
main.
M. Clemenceau n'a pas l'air ému, ce qui le
'distingue de l'opinion publique.
Il ne s'émeut même pas quand M. Denys
Cochin vient apporter l'affluent de son élo-
quence lénitive au torrent Castelnau.
Il déibute par un trait, soigneusement ai-
guisé : -
— On a anis beaucoup de temps à faire des
traductions fausses ; on mettra peut-être ell-
,core plus de temps à faire des traductions
vraies (oh !. ah ! eh ! que c'est joli 1 dit la
douairière). On livre ainsi à l'opinion publi-
que (pauvre opinion 1) des pièces faussement
traduites où les pensées et les paroles d'ad-
versaires politiques sont travesties. C'ejt sur
des pièces pareilles qu'on juge ceux-ci (oh î
dit la douairière).
Et voici une nouvelle flèche barbelée qui
fait littéralement pâmer la bonne douairière. :
— M. Clemenceau a protesté avec éloquence
contre ces procédés policiers !. Vos articles
pour la liberté sont les considérants sur les-
quels vous avez appuyé une loi de despotis-
me. Vous me rappelez Napoléon l
La douairière glousse d'admiration.
Mais M. Clemenceau répond simplement :
—? Tout cela est fort bien, mais il faudra, ap-
porter des faits danS' la discussion..
Ett aux applaudissement de la gauche, l'in-
terpellation est jointe à la future discussion du
rapport.
La Chambre a alors abordé les choses sérieux
ses.
1° Eille a refusé l'autorisation de poursuites
demandée contre MM. Biétry, Basly, et Leroy**'
Beaulieu.
2° Elle a adopté une proposition de loi vo«
tée par le Sénat et modifiant la loi de 18711
sur les conseils généraux. Cette proposition;
mettra, paraît-il, beaucoup plus de clarté dans
les budgets départementaux, ce qui les dis-
tinguera de la discussion, car, à part le rap-
porteur, M. Bonnevay, le commissaire du gou*
vernement, M. Bruman, et M. Bepmale, per*
sonne n'avait l'air de savoir de quoi i] retour-?
nait ; et pourtant presque tous les députés r
sont conseillers généraux 1 -
3° La Chambre a supprimé les économats
patronaux. à
On sait de quoi il s'agit. Dans le principe,*
pour faciliter à leurs ouvriers l'achat des den-
rées ^nécessaires à la vie, pour leur faire réa-
liser des économies, certains patrons organi-
sèrent des bureaux et magasins de vente où
les travailleurs trouvaient à meilleur compte
une foule de choses.C'étaient des manières de
coopératives de consommation, dont le patron
faisait les fonds. Mais cette institution s'est
corrompue. Dans certaines industries, elle est
devenue un moyen de coercition- morale des
ouvriers. Dans certaines autres, une source de
bénéfices pour les patrons.
On voit le système : l'ouvrier n'est pas forcé
de se fournir à l'économat, mais quiconque ne -
s'y fournit pas est mal vu et risque sa place.,
Quant à celui qui s'y fournit, il doit payer les
prix qu'on lui impose. Il y a même des pa-
trons qui paient une partie des salaires en je-
tons, avec lesquels on peut acheter de la mar-
chandise dans les économats. Ces jetons, on
les appelle monnaie de Cayenne; et quand les
ouvriers veulent en réaliser la valeur en ar-
gent, les commerçants du yillage les-leur ra-
chètent à raison de 80 centimes pour un franc.
On cite le cas de certaine compagnie qui n'a
d'autre bénéfice que celui qu'elle tire de son
économat.
Ce système est la cause de nombreuses grè*
ves et de celles qui prennent le plus d'âpreté.'
Aussi, beaucoup d'économistes le condarrM *
nent, même feu Léon Say et Paul Leroy-Beau-
lieu. ■
Pour le supprimer, on voit marcher la main
dans la main, M. Coutant d'h ry, socialiste
chevelu, et M. Flayelle, progressiste modéré,
successeur de M. Mëline.
M. Coûtant a déclaré, en secouant sa cheve-
lure, que, « par les économats, les patrons
voulaient rétablir le servage. » -- , ,•
M. Flayelle a ajouté que, même en dehors
de tout esprit de lucre, « l'institution a un
caractère immoral ». s
Le rapporteur, M. Zévaès, a dit :
— En votant la suppression des économats,
la Chambre fera œuvre de paix socfàîe, de
,justice et d'équité.
Toute la Chambre a applaudi les trois ora-
teurs.
Néanmoins, M. de Villebois-Mareuil - un
homme à belle barbe — a eu le courage de
déclarer que, s'il y a de mauvais économats,
il en est de bons, et qu'il ne faut pas suppri-
mer ceux-ci en même temps que ceux-lù.
Il a cité l'exemple de l'économat de la Com-
pagnie d'Orléans, dont la plupart des ouvriers,
a ajouté M. Saumande, demandant le main.,
tien.
En conséquence, M. de Villebois-Mareuil
propose de maintenir les économats, mais en
leur interdisant tout bénéfice.
— C'est la ruine du petit commerce 1 s'écrie
M. Coûtant.
Et l'amendement de M. Villebois-Mareuil est
repoussé.
Tous les économats patronaux devront donc
être supprimés dans un délai de cinq années.
Le détail des articles donne lieu à une dis-
cussion tellement longue et confuse qu'lH fau6
renvoyer l'examen de cette loi sur laquelle
presque tout le monde est d'accord, à demain.
> Puis, oh se bat pour l'ordre du jour. Il y a
lutte entre les vins du Midi et les Conseils de
guerre.
P, aut-il d'abord remédier à la crise viticüle.
Faut-il d'abord supprimer les conseils de
guerre ? Faut-il mêler les deux discussions au
risque de décider par exemple que les juges
militaires seront condamnés à boire tout le via
du Midi ? 1 „
! Il faut une heure, plusieurs scrutins et
infiniment de paroles pour déeder :
* 1° Que jeudi on achèvera les économats et on
commencera l'examen de la question viticole ;
2° Que vendredi matin on continuera la ques-
tion des vins jusqu'à solution.
3° Ensuite, viendra la suppression des con..
seils de guerre.
Le Sénat >
f -
t M. Antonin. Dubost a prononcé l'oraîsoir
funèbre du général Billot. <,
- Antonin, cessa d'enterrer, ou je cesse d'é-
crire !
Puis, ces vieux messieurs se srnt. occupé
d'une question fort importante : la prostitution
des mineures.
• Une première proposition de loi a déjà été
examinée le 30 mars 1906. Mais en présence
des difficultés qu'elle présentait. < elle fut ren-
voyée à la Commission.
Hier, la Commission présentait un nouveau
texte. Et M. Bérenger a longuement expliqué'
que ce n'était pas encore l'idéal. On peut bien
arrêter les mineures qui scngent à tirer parti
de leurs charmes, mais comment ensuite les.
ramener à la vertu ? Grave problème 1 II faut
être bien naïf pour se flatter de la résoudre.
Le meilleur moyen serait encore d'assurer à
chaque jeune fille qui aime la vie facile" qui a
horreur de l'atelier,, qui préfère les jolies robes
aux autres, le moyen de satisfaire ses goûts.
Et qui donc affirmerait qu'il n'en resterait pas
encore, et beaucoup, pour n'être pas contentes,,
et conserver aussi un faible pour les sentiers:
du vice, ces sentiers seraient-ifs boueux ?
Quoi qu'il en soit, l'effort de la Commissiorii,
est louable, et on a aimé à entendre M. Béren-
ger avouer qu'elle ne croyait pas avoir aiteinfc
la perfection. ",',
Cette modestie est rare chez les moralistes eft
les philanthropes.
La proposition prohibe les arrestations par-
la police pour le seul fait de prostitutiou, car,
dit le commissaire du gouvernement, la pros-
titution n'est pas un délit.
Ele prescrit que les prostituées mifteurest
seront recueillies dans des établissements de
refuge où on devra leur apprendre un métier*
Mais, comme ces , établissements seront
qu'on le veuille ou non, des prisons,ne craint-
on pas que le métier appris là ne laisse qUel
le souvenir de la coereition" de l'impossibilité
de sortir à son gré ?
Le Sénat continuera cette discussion une au-4
tre fois.
A la fin de la séance, M. Chéron dépose le
projet de loi sur le renvoi de la classe 19€3«
Séance jeudi.
Pauï Dôllîus.
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Leur succès s'affirme chaque jour davantage pour
les bals, soirées, décorations féeriques de jardins,
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A l'Etranger
Le procès des anarchistes espagnols.
Deuxième journée
L'interrogatoire de Nakens
Madrid, 4 juin. - L'audience est ouverte
à i h. 40.
Le défenseur de Conception Perez, étant
indisposé, pour éviter une suspension des dé-
bats, Me Rozalem, défenseur de Mata est char-
gé également de la cause de celle-ci. Le pro*
cureur; procède à l'interrogatoire de Nakens.
maintenant, on l'invoque contre nous et,
quand nous voulons nous appuyer sur elle,
on nous l'oppose.
« On nous parle sans cesse de la régénéra-
tion de notre marine marchande, et j'estime
qu'elle ne serait pas si difficile qu'on le croit
à accomplir ; mais, royez-vous qu elle ne soit
possible, quand des actes de ce genre inexpli-
cables, illogiques, irréfléchis, nous font per-
dre en trois jours le résultat acquis par trois
années d'efforts ? --.,
« Je ne sais quelle tournure vont prendre
•les événements, mais, pour mon compte, si la
situation doit- se prolonger dans les mêmes
conditions, je suis prêt à donner ma démis-
sion au comité des armateurs.
Et M. Charles Roux s'éloigne pour aller
rejoindre M. Brindeau, député du Havre, qui
sort de la salle des séances.
,iii.
Le côU dangereux de cette grève, si courte
soit-elle, c'est qu'elle ouvre le champ à la
concurrence étrangère et menace la confiance
que, jusqu'ici on témoignait à nos moyens de
transport.
Les Compagnies étrangères sont, depuis
longtemps, à l'affût : de Cherbourg partent
des lignes allemandes, les Messageries Mari-
times et les, Chargeurs Réunis verront leur
trafic se partager, pour l'Amérique du Sud,
entre les Compagnies Pacific Steam Naviga-
tion, Roijal Mail et Hamburg Amerika ; au-
jourd'hui mercredi 5 juin, la White Star, une
Compaignie anglaise, ouvre un service entre
Cheribourg et New-York, et ses navires : Ma-
jesrtc, Teutonic, Oceanic et Adriatic sont d'u-
ne puissance et d'un luxe d'aménagement de
nature à inquiéter notre trafic.
C'est là le côtô dangereux de. la question, et
il ne faudrait pas que des conflits du genre de
celui qui prend fin se renouvellent souvent
pour porter à notre marine marchande des
coups dont elle ne se relèverait pas, en dépit
des efforts tentés pour la défendre.
- Eugène Destez.
11 ■ « • —• ■
La urève des inscrits maritimes
La grève et le commerce extérieur
Les « Rois de la commission n. - De la maison
Fould à la firme Borgfeldt
Nous avons traduit, avant-hier, l'impression
des administrateurs de nos grandes Compa-
gnies de navigation, au sujet de la malencon-
treuse grève ; nous avons dit, hier, ce qu'en
pensent les Agences Maritimes, et nous avons
recueilli les doléances des producteurs d'Algé-
rie, des expéditeurs de Normandie ; nous don-
nons, aujourd'hui, l'opinion des représentants
les plus autorisés de notre commerce exté-
rieur. des « Rois de la commission », en un
mot.
Maison Fould
La maison Fould, 30, rue d'Hauteville, est
une des plus importantes, sinon la plus impor-
tante, de la place. Elle « vaut » au moins
30.000 tonnes, de marchandises par an 1 30 mil-
lions de kilogrammes 1 -
Le chef de la maison, qui est en même
temps administrateur de la Compagnie des
Chargeurs -Réuiiis- - croit devoir, en tant
qu'armateur, observer la plus grande réserve
au sujet de la grève ; mais, en tant que com-
missionnaire. il veut bien nous donner son
impression. La maison Fould fait surtout asec
l'Amérique du Sud et l'Extrême-Orient.
« tNous n'avions pas de gros départs à assu-
rer pour la semaine dernière, nous dit M.
Fould, c'est pourquoi nous n'avons pas encore
très souffert de cette malheureuse grève. Tou-
tefois, la saison commence, et, avec elle nos
, fortes expéditions ; si la grève durait, nous se-
rions obligés de nous adresser aux ports d'An-
vers, de Hambourg même et c'est ainsi qu'on
nous forcera à favoriser la concurrence étran-
gère. a -
— Croyez-vous, monsieur, à la durée de la
grève ?
— Je n'ai, là-dessus, aucune espèce dôpi-
nion. La parole est au gouvernement, mais sa
tâche ne paraît pas facile. D'un côté les 30 mil-
lions qu'il faudrait trouver pour satisfaire aux
exigences des grévistes ; d'un autre côté, c'est
l'arrêt forcé de notre commerce maritime :
quelle intolérable situation !.
Maison Elie Weill
La maison Elie Weill tient, avec la maison
Fould, la tête de la commission parisienne et
française.
M. Weill nous accueille très aimablement et
ne nous cache pas qu'il considère la situation
- comme grave, extrêmement grave.
— Je n'ai pas été" jusqu'ici, dit M. Weill, gê-
né par l'arrêt brusque de notre navigation. J'ai
bien des marchandises à bord de la Provence
et restées en souffrance au Havre, mais j'es-
père ibien qu'elles n'y resteront pas trop long-
temps. Au reste, j'expédie tout autant par An-
vers que par le Havre. La Compagnie générale
Transatlantique est, en effet, trop à cheval sur
certains règlements désuets ; elle s'enferme
dans ces règlement parfois ridicules, et elle
veut y enfermer ses clients avec elle. Or, ce
n'est pas ainsi qu'on fait des affaires dans la
commission et c'est peut-être parce que les
Compagnies étrangères sont moins rigoristes
qu'elles trouvent plus facilement à charger.
En tout cas, cette grève est infiniment regret-
table, elle peut causer à tout le commerce fran-
çais des pertes incalculables. Qui nous donne-
ra donc un gouvernement qui s'occupe des af-
faires et non pas uniquement de politique.
Tout cela. est malheureux, bien malheureux.
Maison Schloss
M. Adolphe Schloss, chef de la maison
Schloss, 4, rue Martel, semble moins alarmé.
Il n'a pas été jusqu'ici gêné par la. grève. Si
elle continue, il fera ses expéditions par navi-
res anglais, mais il espère que ça ne continue-
ra pas. M. Schlo&s nous fait remarquer que la
&aison ne fait que commeneer,,c'est. pourquoi
les expéditions ne sont pas encore très impor-
tantes, mais si elle durait quinze jours encore,
elle aurait les conséquences les plus graves
pour la commission de Paris et de France.
M. Friedmann, chef de l'importante maison
Lévy Friedmann et Cie; 23.rue Bleue, nous ex-
prime à peu près la même opinion et nous fait
remarquer que les commerces anglais et alle-
mand vont, de par la grève, prendre une nou-
velle avance sur les marchés de l'Amérique
du Sud où le commerce français est déjà si
fortement maltraitée:
Maison Alexander
Une grosse maison de commission pour
l'Amérique du Nord. M. Alexander a de gros
chargements en souffrace sur la Provence ; et
la grève actuelle lui semble d'autant plus mal-
encontreuse..
—. J'ai déjà dû, nous déclare M. Alexander
prévoir que la grève durera et examiner com-
ment je pourrais assurer le transport de mes
expéditions par des compagnies anglaises ou
américaines. Je serai forcé de m'adresser —
et avant peu — à la White Star line ou à
YAmerican line : c'est autant que perdra la na-
vigation française. Et comme mes confrères
devront en faire autant, jugez cé que perdront
nos Compagnies maritimes. 1?uig, il y aura
forcément des retards dans les envois,et il faut
craindre qu'un certain nombre de clients du
commerce français ne prennent l'haibitude de
s'adresser ailleurs : les Anglais et les Alle-
mands vont gagner tout ce que nous perdrons.
Et pourtant, ça allait bien depuis plusieurs an-
nées.
Maison Borgfeldt
Une très importante maison franco-améri-
caine pour les- Etats-Unis et le Canada.
M. Tweyffort, directeur de la maison, nous
explique que la grève ne l'a pas jusqu'ici gêné.
, - Nous avons pris fhabitude, dit M. Tweyf-
fort, d'expédier le moins possible'par les ports
français, nous y avons été forcés et nous l'a-
vons bien regretté, car toutes nos sympathies
sont pour la France et les Français. Autrefois
nous expédiions surtout par Marseille et le
Havre, mais les diverses grèves qui ont éclaté,
.{f""puis plusieurs années dans ces ports, nous
ecausé un tort si considérable que nous
avons -dû nous adresser ailleurs et que nous
n expédions plus presque rien par les ports et
les bateaux français. Nous le regrettons, je le
répète, mais on ne fait pas des affaires avec du
sentiment.
Nous terminerons sur ces mots ; de ces In-
terviews prises aux sources les plus autori-
sées, nos lecteurs pourront tirer la conclu-
sion .qui s'impose : un peu moins de politique,
mais un peu plus d'affaires. — G. Ho.
Le sort des officiers
On croit qu'il n'y aura pas de victimes. — Des-
On croit qu'il n'y aura p de victimes. - De~
sanctions rigoureuses auraient des consé-
quences déplorables.
iM. Thomson a promis d'intervenir auprès
des Compagnies pour assurer la réintégration
des officiers sous cette condition qu'ils se re-
mettraient immédiatement au service des en-
treprises qu'ils avaient abandonnées.
Dans plusieurs ports les états-majors étaient
{.éjà considérés oomme démissionnaires et
des capitaines furent accueillis froidement —
môme un peu maladroitsment — par une bu-
reaucratie trop zélée.
En d'autre villes les états-majors sont, au-
jourd'hui encore, dans l'impossibilité absolue
de reprendre tout de suite la mer. Les inscrits
non .gradés ont une attitude menaçante, et il
y aurait un danger réel pour les officiers à
regagner les navires tandis que leurs troupes
se disposent, par tous les moyens, à en défen-
dre l'acès.
Verrons-nous, pour ces raisons, des car-
rières brisées ? Sera-t-on impitoyable dans .les
milieux dirigeants de la navigation ?
— Non, répondent délibérément ceux qui
sont bien placés pour savoir.
Il est certain au surplus que 'Ion ne rem-
placerait pas aisément ceux qui assurent avec
tant d'autorité le commandement de notre ma-
rine marchande.
Un délégué, tout particulièrement intéressé
dans la question, nous déclarait hier :
* — Les Compagnies et les armateurs ont
l'impérieux devoir de se montrer d'une gran-
de libéralité à notre égard, que nous soyons
à la tête ou dans le rang. Le mouverpent n'a
pas été dirigé contre les Compagnies ni contre
les armateurs. Il s'est produit, spontanément,
dans un but de solidarité, pour une cause col-
lective, en faveur d'une revendication légiti-
me.
« Nous ne sommes pas des perturbateurs.
Nous n'avons jamais eu le désir de créer à
notre pays une situation désavantageuse.
Nous avons entendu faire une manifestation
grandiose au profit d'un droit incontesté.
« Nous ne nous sommes livrés à aucun ex-
cès. En dépit de certaines excitations, .nous
nous sommes maintenus dans la légalité, stric-
tement. Nous ne regrettons pas ce que nous
avons fait. Nu) ne saurait nous en tenir ri-
gueur. On créerait un double péril en nous
frappant. »
Ir - Un double péril
- Oui, car, d'abord, on provoquerait un
soulèvement nouveau, peut-être plus redouta-
ble, parce que plus duraible, que le précé-
dent. Deux tiers au moins de nos camarades
déserteraient le bord, jusqu'à la victoire, si de
fâcheuses sanetions causaient des détresses
parmi nouFt La situation ne serait pas seule-
ment inquiétante, comme au premier jour de
la grève : elle le serait dix fois plus. L'immen-
se majorité des équipages marcherait avec les
chefs. Le conflit s'éterniserait.
« D'autre part, la marine française s'en
trouverait, même après la bataille, sérieuse-'
ment mutilée, amoindrie. Nos états-majors se
verraient dans l'obligation d'examiner les of-
fres de plusieurs Compagnies étrangè-
res, toutes disposées, croyez-le, à nous faire
des propositions ».
Nous sommes persuadés que l'on n'en arri-
vera pas là. Des pourparlers ont eu lieu, dans
l'après-midi d'hier, qui promettent une solu-
tion satisfaisante pour tout le monde. De nom-
breux officiers sont avertis, que leurs pestes
leur seront rendus,aux uns d'ici deux ou trois
jours, aux autres d'ici deux ou trois semaine?.
Il est à souhaiter que ces promesses suffi-
sent aux états-majors. Il est indispsnsanle
qu'elles soient intégralement tenues. — L. B.
Grève partielle
1 Les équipages reprennent la mer
"—-
Une autre4 phase du conflit. — Les chefs retour-
nent à bord. — Quelques ports récalci- - !
trants. Les pêcheurs
pèchent
, Il y a encore une grève dans les ports. Il
n'y a plus de grève générale des inscrits ma-
ritimes. Nous pouvions intituler l'article de
vendredi dernier « la mer sans marins ».
Nous intitulerons peut-être l'article de ven-
dredi prochain « La grève sans grévistes ».
• Quelle quantité reste-t-il de combattants ?
Un nombre inférieur comparativement à ce-
lui qui fut enregistré le deuxième jour du
mois, un nombre dérisoire par rapport à ce
que les promoteurs du mouvement .e::,comp-
taient.
Le conflit, au surplus, a changé de physio-
nomie, complètement. La lutte n'a pas conser-
vé son caractère d'unanimité dans les grades ;
elle a perdu sa principale raison d'être : cette
questiondes six cents francs de retraite solu-
tionnée au petit bonheur, avec des phrases
prometteuses et l'on ne sait au juste quels ex-
pédients miraculeux, permettant de couper la
poire en deux : un tout petit quartier pour les
marins et le gros morceau pour le gouverne-
ment.
Dès à présent, les états-majors ont signé la
paix avec les Compagnies ou se proposent de
le faire aussitôt que l'on se prêtera à une con-
versation. Les délégués, ceux-ci avec empres-
sement, ceux-là. à contre-cœur, ont, comme
nous l'avons annoncé les premiers, conseillé
télégraphiquement le retour à bord.
Il y a, cela va de soi, dans une aventure de
ce genre, des récalcitrants, des grévistes quand
même. -
II y a donc encore une grève dans les ports.
-_ la suite du soulèvement qui- se produisit, poui
beaucoup, sur un prétexte, et que des agita-
teurs prolongeront jusqu'à l'extrême limite.
Mais il n'y a plus d'inquiétude à concevoir
quant au transport des voyageurs, des dépê-
ches et des marchandises. On redoute — on
ne saurait trop redouter — des incidents iso-
lés, car la défaite est, comme la peur, mau-
vaise conseillère. On ne redoute plus — on
ne saurait plus redouter — l'interruption des
services indispensables à rindustrie, au com-
merce et au plaisir de la France.
Officiers et équipages avouent généralement
une certaine déception, et récriminent. Le
contraire étonnerait !.
- La lutte a été mal engagée, nous déclarait
hier soir un des visiteurs de M. Thomson.
Nous avons été « lâch-és -», dès le commen-
-cement, par ceux dont le concours nous était
le plus nécessaire et nous semblait le plus na-
turel.
« Il en résultera, croyez-le bien, de nou-
veaux et prochains différends. »
Nous nous en étions douté.
Le chômage actuel ne saurait durer que
dans quatre ou cinq ports et en perdant pro-
gressivement de son importance. La crise re-
deviendrait grave seulement si les états-ma-
jors, traités impitoyablement, se trouvaient
contraints d'éterniser la rebellion. Mais cette
!hypothèse mérite à peine d'être envisaJgée. Les
officiers, déliés de leur engagement par- les dé-
pêches expédiées lundi soir après l'entretien
nie Royale, sont, dans l'ensemble, disposés
à se contenter des vagues satisfactions accor-
dées (en paroles) par la commission parlemen-
taire.
En ce qui concerne les pêcheurs, nous som-
mes à même d'affirmer, en dehors des rensei-
gnements d'agences, qu'ils considèrent la grè-
ve comme finie et qu'ils ont tendu leurs filets,
à la récente marée, partout où l'intimidation
n'a pas empêché de délier les amarres.
De source autorisée également, nous tenons
que les réunions où fut votée, malgré l'avis
venu de Paris, la continuation de la grève,
« la grève à outrance H, ne comprenaient qu'un
auditoire assez restreint.
Toulon, le Havre, Bordeaux et Nantes* pa-
raissent plus difficles à apaiser que les au-
tres ports. L agitation y est entretenue de lon-
gue main. La résistance des équipages n'a
rien qui puisse surprendre. Mais les officiers
ont vraisemblablement pris une détermination
conciliante, à l'heure où paraissent ces lignes.
Et cela pare à tout danger.
Louis Besse..
Les délégués des inscrits maritimes
i : - à la Chambre
Les délégués des inscrits maritimes se sont
rendus hier après-midi à la Chambre, où ils
ont été reçus par M. Le Bail, rapporteur de
commission de la marine. Ils lui ont remis les
tarifs de pensions transactionnels qu'ils ont
adqptés dans la réunion tenue le matin.
Plusieurs délégués ont reçu des syndicats
qu'ils représentent des dépêches leur deman-
dant quelle-conduite ils devaient tenir. Ils ont
tous répondu qu'ils confirmaient les instruc-
tions données lundi par dépêche, conseillant
la reprise immédiate du travail sous la seule
réserve qu'il n'y ait aucune mesure prise par
les compagnies contre les grévistes officiers ou
inscrits.
Dans les ports
L'avis d'avoir à cesser la grève télégraphié di-
manche par les délégués des inscrits maritimes, a
étédivers-ement accueilli dans les ports.
A Marseille, au moment du départ du paquebot
Isly pour Bizerte et Tunis avec son état-major et
des marins de l'Etat, un groupe d'inscrits mariti-
mes a tenté de monter à bord pour demander le
débarquement de quelques hommes d'équipage,
mais la police est intervenue et a fait circuler les
inscrits.
Aux Messageries Maritimes les états-majors sont
au complet et les travaux de manipulation des mar-
chandises s'exécutent comme par le passé.
En sortant
échoué, mais a pu se dégager peu de temps après,
avec le concours de remorqueurs de l'Etat. Les sca-
phandriers ont constaté qu'il n'avait aucune ava-
rie. Le torpilleur a repris sa route.
Le paquebot la Russie, de la Société générale des
transports maritimes, a effectué son départ régu-
lier pour Oran avec son état-major et son équi-
page composé des navires de l'Etat.
Le transport de l'Etat Shamrock est arrivé hier
soir à Marseillé.
*
A Toulon, les inscrits ne sont nullement déci-
dés à reprendre le travail et hier matin encore, ils
ont tenu une réunion au cours de laquelle ils ont
voté la grève à outrance. Ils ont déclaré qu'ils
étaient décidés à empêcher énergiquement tout dé-
(part de bateau.
A La Rochelle, hier matin, les grévistes ont tendu
des câbles à l'entrée du port empêchant ainsi la
sortie des vapeurs des lies de Ré* et d'Oléron et des
bateaux de pêche.
A Nantes, la Compagnie des Messageries Mari-
times qui assure le service de Nantes avec les
diverses localités qui se trouvent sur la Loire entre
Nantes et Saint-Nazairex a dû arrêter son service
hier matin, tous les équipages ayant débarqué.
Au Havre, la grève continue.
Les quais, les tentes des compagnies et la pois-
sonnerie sont gardés par l'infanterie et la gendar-
merie. r
L'autorité qui assume le service d'ordre, au lieu
de faire garder la nuit les ponts qui font communi-
quer la çille avec les quartiers maritimes, les a ou-
verts. Cette mesure a occasionné un douloureux
accident. En effet, lundi soir, un officier de port, M.
Leveux, qui allait prendre son service, trompé par
l'obscurité, ne voyant pas.le pont ouvert, est tom-
bé dans le canal de Tancarville et s'est, noyé.
A Dunkerque, les capitaines, officiers mécani-
ciens ont voté la reprise du travail. La gendar-
merie occupe les quais. Les lamaneurs ont arrêté
le travail.
?
« ■ ♦ m m
1 Le Mondé
a
Pari».
Un auditoire restreint mais fort select a eu la
bonne fortune d'entendre hier chez M. et Mime de
Montry la grande artiste Litvinne, qui s'est mon-
trée égale à elle-même dans des genres différents
et des langues diverses. Tour à tour dans des mé-
lodies de Raynaldo Ha-hn, dans le Réveil de la
Walkyrie de Heyer, puis dans les pages de Beethfi-
ven in questa tomba oscura, chantées en italien, et
enfin dans la Mort d Y seuil, -en allemand, elle a
montré la diversité de son art, la souplesse de sa
voix et la parfaite unité de sa-merveilleuse dic-
tion
Deux ténors russes : Ml\LWI'OThSky et Koubitzky,
dont le dernier fait partie de la troupe des con-
certs russes, ont tenu magistralement leur place
à côté de la grande artiste. M. Wronsky, à la voix
puissante et chaude, a chanté des airs d'.4ïda, de la
Tosca et Agile héréditaire de Guillaume Tell, qui
ont fait valoir toute la beauté de son organe, et
M. Koubitzky a interprété avec une mélancolie
poignante des mélodies slaves très orlgmales, dont
il a su rendre le caractère intéressant.
Enfin Mlle Thérèse Duroziez, impeccable accom-
pagnatrice et virtuose de grand talent, a donné la
mesure de sa valeur dans l'exécution du Carnaral
de Grieyg et du Caprice espagnol de Markowsky.
— Le comte de Khevenhuller, ambassadeur
d'Autriche donnera samedi prochain, dans son hô-
tel de la rue de Varenne, un grand dîner diplo-
matique et mondain suivi d'un tour de valse.,
— Five o'clock avant-hier, chez le comte et la
comtesse de Geoffre de Chabrignuc, en leur hôtel
de la rue Léotnard-de-Vinci. On a applaudi le baron
Grouvcl et Mme Lefèvre des Loges. Le piano était
tenu par M. du Sautoy. ,
Héconnu : comtesse de La Teillais, vicomtesse de
Saint-Georges, vicomte et vicomtesse de Forgemol
de Bostquénard, Mme Pierre de Vallée, vicomtesse
Vilain XIIII, Mme MassLng, comtesse de Caumont
de Marivault, Mme et Mlle Péan, Mme Jeanniot"
Mme Robert Vallier, Mme Back de Surany, Mme
et Mlle Ferrari, marquis de Rochegude, M. Roze
de Villereau.
- Tour de valse de neuf heures à minuit chez
la duchesse d'Estissac en son hôtel de la rue Saint-
Dominique.
Parmi les jeunes filles : Mlles de La Rochefou-
cauld, de Mérode, de Lévis-Mirepoix, de Partz, de
Talhouëtjde 8aporta,de LUf-Saluces, de La Forest-
Divonne, de Kergorlay, Amelot, de Balorre, de
Virieu, de Montesquiou.
Parmi les habits noirs : comte de Mérode, comtes
L. H. et G. de La Rochefoucauld, marquis de Lé-
vis, comte de Saint-Phalle, vicomte de Merlemont,
marquis de Croix,comte d'Audiffret-Pasquier,comte
J. de Nicolay, comte J. de La Rochc-Aymon, comte
de Lambertye, comte de Moustier.
Le cotillon était mené par Mlles de La Rochjefou-
cauld et M. de Fouquières.
— La fête annuelle des Guides a eu lieu hier
dans le parc du château de la Marche. Elle a été
favorisée par un temps relativement beau.
Le rendez-vous était fixé à deux heures ai l'entrée
de l'avenue du Bois. Le parcours était idéal : tra-
versée du Bois, porté de Boulogne, route du Bord
de l'eau, traversée du parc de Saint-Cloud, Mar-
nes et Vaucresson.
Sur un théâtre de verdure aménagé dans l'un
des endroits les plus pittoresques du parc, a eu
lieu une représentation artistique très intéressante.
Le programme comportait : Surprise au Bain, co-
médi.e en un acte de M. Ernest Depré, jouée par
Mlle Alice Bonheur et M. Legallo ; Octave, fantai-
sie de MM. Yves Mirande et Géroule, interprétée
par Mlle Renée C-orciade, MM. Legallo, Cazalis et
Champel. Très applaudie aussi Mlle Pomponnctte
dans ses da/nses 1830 et modernes.
Sept coachmen étaient présents : duc de Brissac,
M. Joseph Pastré, comte Henri d'Yanville, baron
de iZuylen de Nyvelt, M. Le Roux de Villers, ba-
ron Carlo de Marchi, et M. G. Pauwels.
Reconnu au hasard sur les voitures :
Baron et baronne E. de l'Espée, baron et baron-
ne de Graffenried-Villars, comtesse de Saint-BIan-
quat, vicomte Henry de Trédern, Mme Sickles,
marquis et marquise de Broc, M. et Mme Ancel,
baron et baronne de Vaufreland, M. de Blanpré,
comte et comtesse Karl de Beaumont, M. et Mme
J,. de Largentaye, prince et princesse O. de Bro-
glie, comte- et comtesse Sebran de Rohan-Chabot,
comte et comtesse Le Pontois, M. et Mme Nagels-
mackers, comte de Zogheb, comte de la Mazelière,
vicomtesse de Vanssay, comtesse de Lignac, comte
et comtesse de Reverseaux, Mme Alistair Hny,
comte H. de Bernis, comte R. d'.Yanville, vicomte
et vicomtesse G. de Bagneux, vicomte et vicomtes-
se de Beaufort, comte et comtesse de Ranchicourt,
comte et comtesse de Naussay, M. P. de Vienne,
comte et comtesse de Terves, comte et comtesse
Antonetti, M. R. Harnoir, Mme G. Pauwels, etc..
- Sont arrivés à Paris et descendus à, l'Hôtel
Continental :
M. et Mme John Kane et leur famille, de New.
York ; marquis et marquise de Patrizi, de Rome ;•
M. et Mme P. Carissimo, de Roubaix ; M. et Mme
Hauptman, comte d'Oultremont, de New-York ;
M. et Mme H. Scott, Mme et Mlle Pilkington, de
Londres ; M. et Mme Beaumont, de Douvres ; M.
et Mme Colleye, de Bruxelles ; M. et Mlle E. Zaisst
de New-York.
Charité
La vente annuelle au profit de la Société de Chtr-
rité maternelle aue préside avec tant de 'dévoue-
ment la duchesse de Mouchy, a eu lieu hier. et a
été très réussie. La recette a dépassé les nrévl-
sions les plus optimistes.
Reconnu parmi les dames vendeuses :
Princesse Murât, comtesse Murât, princesse de
Poix, comtesse de Berulle, Mme Busson-Billault,
Mme Maurice Bischoffsheim, Mmes A. Evette,
Gaston Germain, Paul Lebaudy, Moore, comtesse
H. de Noailles, W.-K. Vanderbilt, vicomtesse Vi-
gier, comtesse et Mlle Benedetti, marquise de Ga-
nay, comtesse Paul de Pourtalès, baronne de Sou-
beyran, comtesse de Saint-Sauveur, Mme Léonce
Lafarge, Mme de Saint-Sinoch, comtesse Maupéou,
Mme Henri Schneider, duchesse de Trevise, ba-
ronne de Balorre, marquise de Brantés, Mme Mau-
rice Brémarcf, etc.
Mariages
Hier, 'en l'église Saint-Roch, a été célébré le ma-
riage de Mlle Henriette Ducaruge, fille de M. Du-
caruge avoué près la cour d'appel de Paris, avec
le .vicomte de la Laurencie, lieutenant au 21e chas-
seurs.
- Les témoins du marié étaient le colonel Four-
cade, commandant, le 218 chasseurs, et le vicomte
Paul de la Laurencie, lieutenant au 346 d'artillerie ;
ceux de la mariée étaient le' baron Abel de Taver-
nost, capitaine au 20e dragons et M. Henry de la
Ilamayde, son beau-frère.
La quête a été faite par Mlles JRécopé et Jacque-
line Mahler, accompagnées des lieutenants 'de Gui-
ringaud et d'Aurelle. "-
Dans le cortège et l'assistance :
Baron et baronne Abel de Tavernost, vicomte et
vicomtesse Paul de la Laurencie, vicomte et vicom-
tesse Jean de la Laurencie, comte et comtesse de
Moré, comte et comtesse Récopé, M. et Mme Loo-
nen, M. et Mme F. Mahler, M. et Mme Georges
Mahler, comte et comtesse de Jumilhac, comte et
comtesse de Livron, Mme G. Ducarugc, baron et
baronne A. de Nexon, baron et baronne Pierre de
Tavernost, MM. André et Jean Récopé, Mme de la
Hamayde. baron N. Gourgaud, M. et Mme Alfred
Lacaze, marquis et marquise de Solages, baronne
de Nexon, Mme Vallée, Mme Loonen, comte
et comtesse d'Hespel, général et Mme Sabatié, vi
comte et vicomtesse de Dionne, Mme Filhos, M. et
Mme Van de Walle, vicomte et vicomtesse Pau* de
Cu-rel, baron et baronne Antoine de Tavernost, M.
et Mme Clauzel, M. J. Delapahne, marquis et mar-
quise d'Ussel, vicomte et vicomtesse de Rochasl
comte et comtesse Dcligny, baron et baronne Mer-
lin, M. et Mme F. de Lander, comte et romt.w.e
Guv rfo Cordon, lieutenant d'Aurel, M. et Mme Japy
de T^nncourt. vicomtesse de Spoelberch, comtesse
de Mouchy, etc.
Anrès la cérémonie, M. Ducaruge a donné une
'-'l'ente réception dans ses salons de la rue de
Rivoli.
- On vient de célébrer au château d'Amenon,
dans la Sarthe, le mariage de M. Tony Chalus,
fils de M. Joseph Chalus le banquier bien connu
avec Mlle Elisabeth de la Guillonnière, fille du co-
lonel de la Guillonnière, démissionnaire, ancien
commandant le 36° d'artillerie.
Les témoins du marié étaient M. Maurice Chalus
et le baron de Langlade, ses oncles ; pour la ma-
riée : le comte de La Briffe, intendant général en
retraite et M. Gaston -die la Guillonnière.
ftècroiogie.
UusEuuts DU GÉNÉRAL BILLOT. - Les obsèques du
général Billot, ancien ministre de la guerre, séna-
teur inamovible, ont eu lieú hier, à lllidi, à l'église
baml-i< rançois-Xavier.
Les trouves qui ont rendu les honneurs étaient :
deux bataillons du 102° régiment d'inianterie, avec-
tête de colonne, drapeau et musique, un escadron
du 2e cuirassiers et une batterie du lao régiment
d'artillerie, sous le commandement du général
Uoëlle, commandant la 13e brigade d'inlanierie.
Déjà un grand nombre d'homme^ politiques, de
généraux et d officiers de tous grades et de toutes
armes étaient venus saluer la famille qui se tenait
devant la chapelle ardente dressée à l'entrée du n°
15 de l'avenue de Tourville. Peu de temps après
trois voitures amenèrent les délégués du Sénat,
conduits par M. Peytral, vice-président.
Le colonel Ebener, représentant le président de
la République, arrive en voiture avec M. Jean La-
nes, secrétaire général de la présidence. Mme Fal-
lières, qui vient assister également aux obsèques,
est dans -une' seconde voiture.
A midi, les tambours et les clairons battent et
sonnent aux champs. Le cercueil du général Billot
est transporté sur le corbillard de Z* classe qui
stationnait devant la maison mortuaire. Sur la biè-
re, on a déposé la tunique, et le chapeau à plumes
blanches du défunt ; les insignes de grand-croix de
la Légion d'honneur et la médaille militaire se dé-
tachent sur un coussin de velours. Le cheval de
bataille du général est conduit par une ordonnance,
derrière le corbillard. -
Les cordons du poêle sont tenus par M. Méline,
sénateur, ancien président du conseil ; le général
Florentin, grand-chancelier de la Légion d'honneur;
les généraux Brugère et Metzinger et Je comte de
Muntlort,séHatcur, ancien officier d'ordonnance du
général Billot. Le deuil est conduit par MM. Louis
Billot, lieutenant au 15e régiment de chasseurs, fils
du général ; le docteur Malherbe, son gendre, et
M. Pierre Dufay, son beau-frère.
Parmi les nombreuses notabilités politiques et
militaires qui suivaient le convoi, nous avons re-
marqué MM. Brisson, président de la Chambre des
députés ; Guérin, vice-président du Sénat ; Emile
Loubet, ancien président, de la République, et son
fils Paul Loubet ; Ribot, Cochery, Doumer, André
Leban, Chaumié, Darian, Berteaux, anciens minis-
tres ; de nombreux sénateurs et députés : MM.
Magnin, Ranson, Dérenger, Prevet, etc ; les géné-
raux Dalsfein, gouverneur de Paris, Hagron, Mer-
cier, Négrier, Zurlindcn, Famin, Pisor, Gonse ; le
vice-amiral Gervais, les vice-amiraux Bienaimé, de
la JailJc, Jauréguiberry ; le médecin inspecteur
Strauss, directeur du service de santé au minis-
tère de la guerre ; les préfets de la Seine et de po-
lice.
Le 158 chasseurs, le régiment où est incorporé le
lieutenant Louis Billot, avait envoyé une délégation
de quatre lieutenants.
1 Un catafalque orné-de faisceaux de drapeaux
avait été dressé au milieu de la nef de l'église
Saint-François-Xavier. Un service funèbre avec
chant et musique a été célébré par le premier vi-
caire de la paroisse ; l'absoute a été donnée par
M. Gréa, curé.
La. cérémonie religieuse terminée, le corps a été
replacé sur le corbillard et les troupes ont défilé,
le général Boëlle en fête.
Le cercueil a été ensuite déposé dans un caveau
de l'église. L'inhumation provisoire aura lieu ce
matin au cimetière Montparnasse ; le corps sera
transporté dans cinq ou six jours à Chaumeil (Cor-
rèze), où il sera inhumé.
— Les obsèques d'Armand de Castéja, fils du
comte de Castéja et de la comtesse, née Monte-
1 |'Jo, ont eu lieu hier matin à dix heures en l'église
Sa? nt-Pi orre-de-Ch a i Ilot.
Un grand nombre d'amis étaient venus apporter
aux familles » de Castéja et de Montebello leurs
condoléances émues.
, - On annonce la mort de :
Mme veuve Lamy, mère de M. Etienne Lnmy,
membre de l'Académie française, décédée, 3, place
d'Iéna ; -
La marquise du Liscoct, née du Martroy, décé-
dée à l'âge de cinquante-trois ans, à Ncuilly-sur-
Seine.
M. Henri Levaux. avoué honoraire près la Cour
d'appel" décédé à l'âge de quatre-vingt-huit ans. >
De Tan ville.
— -■ ..» ♦ ♦ » —"
La Réforme du Mariage
Le Comité de réforme du mariage a tenu, se-
medi, sa réunion chez son président, Me Henri
Coulon.
On a adressé des félicitations à la Chambre pour
le vote des lois permettant le mariage entre beau-
frère et belle-sœur et réduisant les délais de viduitâ
en matière de divorce, réformes préconisées par le
Comité.. -
Puis on a abordé la question de la puissance pa-
rentale. A cette occasion, le Comité, entendant
protester contre la situation confessionnelle créée
arbitrairement aux Français dès l'âge de l'incon-
science et qui les oblige souvent à des apostasies
dont ils souffrent, consacre cette protestation par
le vote de l'article suivant :
Il Aucune religion n'étant reconnue par la loi,
V enfant de Tun ou l'autre sexe pourra à dix-huit
ans, seul et librement, déclarer par un acte public
s'il entend appartenir ou non à un culte quelcon-
que, quel que soit celui qu'on lui ait fait pratiquer
jusqu'alors. »
Ont pris part à la discussion : Mme Oddo-Deflou,
MM. Henri Coulon, Sébastien-Charles-Leconte, Ju-
les Bois, Léopold Laoour et René de Chavagnes.
Informations politiques
Conseil des ministres
Le Conseil dies mini&tres s'est réuni, hier rnatin,à
l'Elysée, sous la présidence de M. Fallières.
M. Thomson, ministre de la marine, a entretenu
le Conseil, de la grève des inscrits maritimes qu'on
peut considérer comme touchant à sa 'fin.
Le Conseil s'est ensuite occupé de la crise viti-
cole. Le gouvernement se mettra à la disposition de
la Chambre pour discuter aussi promptement que
celle-ci le désirera, le projet de loi destiné à répri-
mer les fraudes par mouillage ou sucrage, dont ce
rapport veut inaugurer le débat par les interpella-
tions déjà déposées au sujet des fraudes, le gou-
vernement acceptera la discussion de ces interpel-
lations, pour après-demain jeudi.
Le Conseil à" décidé de demander à la Chambre
de joi. £ ure les interpellations de MM, Denys Co-,
Juin et de C-astelnaw relativee aux papiers Mon-
tagnini à la discussion des conclusions du rap-
port de la commission d'enquête.
Le' ministre de la guerre a communiqué au Con-
seil les résultats de l'enquête ordonnée pour recher-
cher s'il était exact que des réservistes de la gar-
nison d'Agde eussent participé, dimanche dernier,
à la manifestation des viticulteurs, à Nîmes.
Il résulte des informations recueillies par le "géné-
ral Picquart, qu'il a, en effet, été accordé, dimanche
dernier, des permissions à 154 réservistes de la
garnison d'Agde. Mais aucun de ces permission-
naires n'a reçu, ajoute-t-on, l'autorisation ae se ren-
dre à Nîmes. S'il était établi qu'un certain nombre
d'entre eux sont néanmoins allés à Nîmes, ils se-
ront l'objet de mesures disciplinaires.
Les ministres se réuniront demain jeudi, en Con-
seil de cabinet, au ministère de l'intérieur, sous la
présidence de M. Clemenceau.
Le président du Conseil a quitté la Chambre, pour
rentrer chez lui se reposer.
Le voyage du roi de Danemark
Cherbourg, 4 juin. — D'après les nouvelles ins-
tructions sur le voyage présidentiel, - M. Fallières
arrivera à Cherbourg le 14 juin vers 7 heures du
matin. Il sera accompagné des présidents de la
Chambre et du Sénat, de MM. Clemenceau, Thom-
son et Pichon.
Après la visile de l'Hôtel-Dieu, il se rendra à
l'arsenal et s'embarquera sur l'Elan pour aller at-
tendre sur rade l'arrivée du yacht royal, attendu
à 9 heures.
M. Fallières montera à bord et passera avec le
souverain danois la revue navale, puis il rentrera à
l'arsenal pour le déjeuner à dix heures et demie.
Le déport pour Paris aura lieu h 11- h. 30.
La réorganisation de la magistrature
La commission de la réforme judiciaire, après
avoir entendu M. Magnaud sur sa proposition de
réorganisation de la magistrature, s'est prononcée,
par 7 voix contre 2 et une abstention, contre le prin-
cipe de l'élection des juges.
Elle a adopté ensuite le principe du concours
pour entrer dans la magistrature.
Crédits supplémentaires
i La Chambre a été saisie, hier, d'un cahier de
crédits supplémentaires qui font peser, compte te-
nu des annulations de crédits, une charge de 40 mil-
lions 344.728 francs sur l'exercice 1907.
Parmi les crédits demandés, signalons :
30.000 francs pour transformer en légation l'a-
gence diplomatique et consulaire de Bangkok.
80.000 francs pour l'envoi, à Addis-Ababa, d'une
mission française à l'effet de régler avec l'empe-
reur Menelick, la question des chemins de fer éthio-
piens. Cette mission, composée de cinq personnes,
a quitté la France au mois d'avril et doit arriver à
Addis-Ababa, vers la fin de juin.
218.000 francs, pour construction d'un hôtel con-
sulaire à Alexandrie.
200.000 francs pour l'installation des services du
cabinet du ministre des affaires étrangères.
120.000 francs pour participation de la France à
la conférence de La Haye.
620.000 francs pour la réception du roi et de la
reine de Norvège ; du roi et de la reine de Dane-
mark : « frais d'aménagement du ministère des
affaires étrangères, illumination et décoration des
monuments publics, dépenses de la présidence de la
République et des divers ministères ».
450.810 francs pour la création, à Paris, à la di-
rection de "la Sûreté générale, d' « un contrôle gé-
néral des services de recherches dans les départe-
ments .» et la création de 12 brigades régionales de
police mobiles, composées chacune de 3 commis-
saires et de 10 inspecteurs. Ces services doivent
fonctionner à partir du 1er juillet.
15.707.435 francs, pour matériel d'artillerie de
campagne, 3.302.225 pour armement des places,
981.697 pour armes portatives.
85.000 francs pour indemnités (pertes d'effets, de
matériel, de cours, etc.), résultant de l'incendie de
l'Alflésiras et de l'explosion de YJéna.
45.000 francs pour célébrer le,256 anniversaire de
1 ouverture du premier lycée de filles.
275.000 francs pour installer le chauffage à la va-
peur dans les ministères de l'intérieur et des affai-
res étrangères.
728.500 francs pour aménager l'ancien archevêché
de Paris en ministère du travail.
596.000 francs pour effectuer des réparations à
l'Opéra, avant l'installation de la nouvelle direc-
tion.
778.000 francs pour transfert du musée du Lu-
xembourg à l'ancien séminaire de Saint-Sulpice.
EN L'HONNEUR DES MINISTRES DU CANADA. — Profi-
tant de la présence à Paris de sir Wilfrid Laurier,
premier ministre ; sir W. F. Fielding, ministre des
-finances ; sir L. P. Brodeur, ministre de la marine
du Canada ; le conseil de direction du Comité
Républicain du Commerce, de l'Industrie et de
1 Agriculture, a décidé de leur offrir, le lundi 24
juin, sous la présidence de M. Gaston Doumerguef
ministre du commerce, dans les salons du Grand-
Hôtel, un banquet auquel les dames seront admises.
DUEL DE PRESSE. — Bordeaux, 4 juin. — Ce ma-
tin, aux environs de Bordeaux a eu lieu un duel à
l'épée entre MM. Lucien-Victor Meunier, rédacteur
en chef de la France de Bordeaux, et Barrère ré-
dacteur à la Petite Gironde.
A la première reprise, M. Lucien-Victor Meu-
nier a été atteint au bras droit d'une blessure de
trois centimètres. qui a mis fin au combat.
Cette rencontre avait été motivée par une polé-
ÏÏiomme0 presse sur la Ligue des droits de
l'homme.
La Chambre
Il y a des gens qui se disent espagnols et
qui ne sont pas espagnols ; et il y a des gens
qui prétendent savoir l'italien et qui ne savent
,pas l'italien. Ceci n'a d'importance que quand
ces gens se chargent de traduire des lettres
italiennes.
On sait du reste que c'est ce qui est arrivé
pour la traduction des papiers Montagnini.
Cet incident serait très important s'il n'en
était de même chaque fois qu'on a une pièce
à traduire.
En outre, le numérotage des pièces du dos-
sier a été fait avec quelque néglieelice.,
La commission des papiers Montagnini s'en
est émue ; puis elle a décidé que les irrégu-
larités n'avaient aucune influence sur la por-
tée politique de l'affaire ; et il me semble
qu'elle a sagement décidé car qui donc croi-
rait que, toutes les traductions fussent-elles
reconnues fausses, on rappellerait M. Mon-
tagnini.,
Mais MM. Denya Cochin et de Castelnau,
lumières de la droite, ne sont pas de cet avis,
et ils ont' cru qu'il était bon d'interpeller le
gouvernement sur ces sauts de puce.
C'est ce que M. Cruppi, qui présidait, a an-
noncé au début de la séance d'hier. Mais le
gouvernement, représenté, par M, Guyot-Des-
saigne, a émis l'avis que le monde pouvait
vivre sans que cette interpellation ait été dis-
cutée, et il a proposé de ia joindre au dÓbat
qui aura lieu à propos du rapport de la com-
mission des papiers Montagnini.
Aussitôt, M. de Castelnau bondit. M. de
Castelnau est un torrent qui roule un flot de
paroles qui rebondissent comme les eaux sur
les cailloux d'un gave. 1
Ce flot, autant qu'on peut le deviner, affir-
me que l'opinion publique s'est vivement
émue. Le flot continue en rappelant les cam-
pagnes de M. Clemenceau en faveur de la li-
berté individuelle.
— Nul n'a protesté aussi énergiquement que
lui, continue le flot, contre les saisies et les
perquisitions arbitraires. Il a ainsi jugé sé-
vèrement Paffaire Montagnini 1
Sur cette flèche du Parthe, le flot rentre
dans son lit, et ses admirateurs (M. de Cas-
telnau a des admirateurs) s'empressent de lui
serrer la main — si toutefois un flot a une
main.
M. Clemenceau n'a pas l'air ému, ce qui le
'distingue de l'opinion publique.
Il ne s'émeut même pas quand M. Denys
Cochin vient apporter l'affluent de son élo-
quence lénitive au torrent Castelnau.
Il déibute par un trait, soigneusement ai-
guisé : -
— On a anis beaucoup de temps à faire des
traductions fausses ; on mettra peut-être ell-
,core plus de temps à faire des traductions
vraies (oh !. ah ! eh ! que c'est joli 1 dit la
douairière). On livre ainsi à l'opinion publi-
que (pauvre opinion 1) des pièces faussement
traduites où les pensées et les paroles d'ad-
versaires politiques sont travesties. C'ejt sur
des pièces pareilles qu'on juge ceux-ci (oh î
dit la douairière).
Et voici une nouvelle flèche barbelée qui
fait littéralement pâmer la bonne douairière. :
— M. Clemenceau a protesté avec éloquence
contre ces procédés policiers !. Vos articles
pour la liberté sont les considérants sur les-
quels vous avez appuyé une loi de despotis-
me. Vous me rappelez Napoléon l
La douairière glousse d'admiration.
Mais M. Clemenceau répond simplement :
—? Tout cela est fort bien, mais il faudra, ap-
porter des faits danS' la discussion..
Ett aux applaudissement de la gauche, l'in-
terpellation est jointe à la future discussion du
rapport.
La Chambre a alors abordé les choses sérieux
ses.
1° Eille a refusé l'autorisation de poursuites
demandée contre MM. Biétry, Basly, et Leroy**'
Beaulieu.
2° Elle a adopté une proposition de loi vo«
tée par le Sénat et modifiant la loi de 18711
sur les conseils généraux. Cette proposition;
mettra, paraît-il, beaucoup plus de clarté dans
les budgets départementaux, ce qui les dis-
tinguera de la discussion, car, à part le rap-
porteur, M. Bonnevay, le commissaire du gou*
vernement, M. Bruman, et M. Bepmale, per*
sonne n'avait l'air de savoir de quoi i] retour-?
nait ; et pourtant presque tous les députés r
sont conseillers généraux 1 -
3° La Chambre a supprimé les économats
patronaux. à
On sait de quoi il s'agit. Dans le principe,*
pour faciliter à leurs ouvriers l'achat des den-
rées ^nécessaires à la vie, pour leur faire réa-
liser des économies, certains patrons organi-
sèrent des bureaux et magasins de vente où
les travailleurs trouvaient à meilleur compte
une foule de choses.C'étaient des manières de
coopératives de consommation, dont le patron
faisait les fonds. Mais cette institution s'est
corrompue. Dans certaines industries, elle est
devenue un moyen de coercition- morale des
ouvriers. Dans certaines autres, une source de
bénéfices pour les patrons.
On voit le système : l'ouvrier n'est pas forcé
de se fournir à l'économat, mais quiconque ne -
s'y fournit pas est mal vu et risque sa place.,
Quant à celui qui s'y fournit, il doit payer les
prix qu'on lui impose. Il y a même des pa-
trons qui paient une partie des salaires en je-
tons, avec lesquels on peut acheter de la mar-
chandise dans les économats. Ces jetons, on
les appelle monnaie de Cayenne; et quand les
ouvriers veulent en réaliser la valeur en ar-
gent, les commerçants du yillage les-leur ra-
chètent à raison de 80 centimes pour un franc.
On cite le cas de certaine compagnie qui n'a
d'autre bénéfice que celui qu'elle tire de son
économat.
Ce système est la cause de nombreuses grè*
ves et de celles qui prennent le plus d'âpreté.'
Aussi, beaucoup d'économistes le condarrM *
nent, même feu Léon Say et Paul Leroy-Beau-
lieu. ■
Pour le supprimer, on voit marcher la main
dans la main, M. Coutant d'h ry, socialiste
chevelu, et M. Flayelle, progressiste modéré,
successeur de M. Mëline.
M. Coûtant a déclaré, en secouant sa cheve-
lure, que, « par les économats, les patrons
voulaient rétablir le servage. » -- , ,•
M. Flayelle a ajouté que, même en dehors
de tout esprit de lucre, « l'institution a un
caractère immoral ». s
Le rapporteur, M. Zévaès, a dit :
— En votant la suppression des économats,
la Chambre fera œuvre de paix socfàîe, de
,justice et d'équité.
Toute la Chambre a applaudi les trois ora-
teurs.
Néanmoins, M. de Villebois-Mareuil - un
homme à belle barbe — a eu le courage de
déclarer que, s'il y a de mauvais économats,
il en est de bons, et qu'il ne faut pas suppri-
mer ceux-ci en même temps que ceux-lù.
Il a cité l'exemple de l'économat de la Com-
pagnie d'Orléans, dont la plupart des ouvriers,
a ajouté M. Saumande, demandant le main.,
tien.
En conséquence, M. de Villebois-Mareuil
propose de maintenir les économats, mais en
leur interdisant tout bénéfice.
— C'est la ruine du petit commerce 1 s'écrie
M. Coûtant.
Et l'amendement de M. Villebois-Mareuil est
repoussé.
Tous les économats patronaux devront donc
être supprimés dans un délai de cinq années.
Le détail des articles donne lieu à une dis-
cussion tellement longue et confuse qu'lH fau6
renvoyer l'examen de cette loi sur laquelle
presque tout le monde est d'accord, à demain.
> Puis, oh se bat pour l'ordre du jour. Il y a
lutte entre les vins du Midi et les Conseils de
guerre.
P, aut-il d'abord remédier à la crise viticüle.
Faut-il d'abord supprimer les conseils de
guerre ? Faut-il mêler les deux discussions au
risque de décider par exemple que les juges
militaires seront condamnés à boire tout le via
du Midi ? 1 „
! Il faut une heure, plusieurs scrutins et
infiniment de paroles pour déeder :
* 1° Que jeudi on achèvera les économats et on
commencera l'examen de la question viticole ;
2° Que vendredi matin on continuera la ques-
tion des vins jusqu'à solution.
3° Ensuite, viendra la suppression des con..
seils de guerre.
Le Sénat >
f -
t M. Antonin. Dubost a prononcé l'oraîsoir
funèbre du général Billot. <,
- Antonin, cessa d'enterrer, ou je cesse d'é-
crire !
Puis, ces vieux messieurs se srnt. occupé
d'une question fort importante : la prostitution
des mineures.
• Une première proposition de loi a déjà été
examinée le 30 mars 1906. Mais en présence
des difficultés qu'elle présentait. < elle fut ren-
voyée à la Commission.
Hier, la Commission présentait un nouveau
texte. Et M. Bérenger a longuement expliqué'
que ce n'était pas encore l'idéal. On peut bien
arrêter les mineures qui scngent à tirer parti
de leurs charmes, mais comment ensuite les.
ramener à la vertu ? Grave problème 1 II faut
être bien naïf pour se flatter de la résoudre.
Le meilleur moyen serait encore d'assurer à
chaque jeune fille qui aime la vie facile" qui a
horreur de l'atelier,, qui préfère les jolies robes
aux autres, le moyen de satisfaire ses goûts.
Et qui donc affirmerait qu'il n'en resterait pas
encore, et beaucoup, pour n'être pas contentes,,
et conserver aussi un faible pour les sentiers:
du vice, ces sentiers seraient-ifs boueux ?
Quoi qu'il en soit, l'effort de la Commissiorii,
est louable, et on a aimé à entendre M. Béren-
ger avouer qu'elle ne croyait pas avoir aiteinfc
la perfection. ",',
Cette modestie est rare chez les moralistes eft
les philanthropes.
La proposition prohibe les arrestations par-
la police pour le seul fait de prostitutiou, car,
dit le commissaire du gouvernement, la pros-
titution n'est pas un délit.
Ele prescrit que les prostituées mifteurest
seront recueillies dans des établissements de
refuge où on devra leur apprendre un métier*
Mais, comme ces , établissements seront
qu'on le veuille ou non, des prisons,ne craint-
on pas que le métier appris là ne laisse qUel
le souvenir de la coereition" de l'impossibilité
de sortir à son gré ?
Le Sénat continuera cette discussion une au-4
tre fois.
A la fin de la séance, M. Chéron dépose le
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Madrid, 4 juin. - L'audience est ouverte
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Le défenseur de Conception Perez, étant
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bats, Me Rozalem, défenseur de Mata est char-
gé également de la cause de celle-ci. Le pro*
cureur; procède à l'interrogatoire de Nakens.
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