Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-07-30
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 juillet 1869 30 juillet 1869
Description : 1869/07/30 (Numéro 211). 1869/07/30 (Numéro 211).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
54« ANNEE.—.V 211.
BUREAUX k PARIS
4 k'Ù^
rue de Valois (Palais-Royal) J îkeJUi*-
B
VENDREDI 50 JUILLET 1869,
mmmzssÈm
ABONNEMENS DES DÉPAB.TMEN8 r
1R0IS MOIS....... 16 FR.
SIX MOIS.. .. '32 FR.
UN AN.......;.... 64 FR.
^ V -û^l KS pays étrangers , voir le tableau
publié les 5 et 20 de chaque mois.
Imprimerie du Constitutionnel,
E. G ibiat et C°. "
rue des Bons-Enfans, 19.
ABONNEMENS DE PARIS.
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TROIS MOIS....
SIX MOIS
UN' 'AN.
13 FR.
26 FR.
82 FR.
JOURNAL POLITIQUE LITTERAIRE, UNIVERSEL.
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m NUMÉRO 20 CENTIMES.
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mencement du feuilleton en cours
cation : ' '
îiA DESïlTWÉfc;
PAR!S, s i9 JU&ÎEt.»-•'
Les- nouvelles d'Espagne sont toujours
énigmaiiques. Uu télégramme de Madrid,
en date .de mercredi soir, parle d'une circu
laire diplomatique projetée et du tarif
douanier, sans mentionner les mouvemens
insurrectionnels.
D'après notre correspondance de Madrid,
on aurait à s'attendre à deux mouvemens :
l'un, ' républicain , serait sur le point d'é
clater dans le sud ; l'autre, carliste, se dé
velopperait dans les provinces du nord. La
présence de Tristany en Catalogne, à la tête
d'un corps assez considérable, paraît certai
ne. Des arrestations nombreuses continuent
d'être opérées par le gouvernement dails les
rangs de l'armée.
• On apprend de Vienne que les négocia
tions concernant les rectifications de fron
tières entre la Transylvanie et la Moldavie,
rendues nécessaires par suite de l'occupa
tion, par les Roumains, de quelques points
du territoire, viennent d'être interrompues.
L« président de la commission hongroise,
M." Belay, a prouvé, à l'aide des documens
tirés des archives de la cour de Vienne et du
gouvernement de la Transylvanie, que la fo
rêt qui est en litige est située sur le territoi
re transylvain: Le gouvernement roumain af
firme le contraire, sans pouvoir le prouver, de
sorte que la commission hongroise/ désespé
rant de s'entendre avec la commission rou
maine, propose au gouvernement austro-
hongrois de prendrelQÙt'simplement posses
sion des territoires contestés.
On sait que la ' dépêche adressée par M. de
Beust au ministre d'Autriche à Dresde,' au
sujet de l'incident franco-belge* a donné
lieu à une vive polémique des< journaux
prussiens et autrichiens. Pour éclaircif ce
débat j le cabinet de Vienne se propose de
publier prochainement toute la' correspon
dance diplomatique relative à eette affaire.
- Nous ne demanderions pas mieux que de
laisser dans l'oubli 1'a.ttitudr étrange qu'une
partie dë la prèsse française a prisâ dans les
.événemens d'Allemagne ,de 18Ç6, et nous
aimerions bien ne pas rappeler à quel point
cette attitude a été en contradiction avec le :
sentiment public en France. >
Pourquoi faut-il que le Journal des Dé
bats toujours et toujours sfattache à raviver
des souvenirs qui n'ont rien de flatteur pour
le patrititisme'français et à raconte? les évé
nemens d'Allemagne d'une manière' qui,
n'est nullement conforme à la vérité histo
rique, tout cela en vue d'une justifica -
tion qui nous semble impossible, au point
de vue 4ës intérêts de laFrance. ' :
L'auire jour, par la plume de M. David, le !
Journal.des Débats vantait les mérites d'une
politique, dô laisser-faire absolu qu'il, dé-<
couvrait, un peu tardivement, dans la ckr!
culaire du 16 septembre 1866. Aujourd'hui, i
c'est M. John Lemoinne qui s'efforce de dé
montrer qùè.tout devait arriver en Allema
gne ainsi que cela est arrivé,parce que/saps.
la guerre de 1866, l'Allemagne no serait pas
devenue une puissance maritime. Nous ne
savons si, dans un prochain article, l'hono
rable écrivain des Débats prouvera que rien
est plus profitable aux intérêts français que
domination maritime de la Prusse dans les
>rs européennes, à côté des marines de
"•l^ance et d'Angleterre.
Au milieu de son enthousiasme très franc,
'en présence des nouvelles créations mariti
mes de la Prusse, M. John Lemoinne ou
blie les faits réels et il traite un peu en
poète l'histoire de l'Allemagne de 1848
à 1866, A l'en croire, ce serait l'Autriche
seule qui se serait opposée, en 1848, à la
création d'une marine allemande et ce se
rait elle qui aurait exigé la vente à l'encan
des quelques bâtimens de guerre compo
sant alors cette marine. ■
Or, il est à la connaissance de tous que
l'œuvre de restauration de la Diète germani
que a été faite en commun par la Prusse et
l'Autriche. La Prusse surtout a poussé à la
vente de cet embryon de marine, parce
qu'elle ne voulait qu'une marine prussienne
et non pas une marine fédérale, de même
que la Prusse s'est opposée depuis à toute
réforme de la Confédération parce qu'elle
voulait une Prusse agrandie et non pas une
Allemagne féàérativement unie.
• S I1 est étonnant qu'un écrivain distingué
comme M. John'Lemoinne ne prenne pas la
peine d'étudier à fond les documens histo
riques accessiblésà tout le monde, avant de
porter un jugement si peu équitable sur le
rôle joué dans ces événemens par chacune
des deux grandes puissances allemandes.
Il serait enfin temps de laisser là les phra
ses stéréotypées et les argumens tradition
nels; lorsqu'on parle des affaires d'Allema
gne et d'envisager ces questions de plus
haut. Soutenir aujourd'hui encore que l 'Aur
triche ne voulait pas de l'unité allemande
et que la Prusse la voulait, c'est, — que
M. John Lemoinne nous pardonne l'expres
sion^—raconter des fables à de petits col
légiens. Ce que l'Autriche voulait, c'é
tait la rénovation libérale de la Confédéra
tion germanique; ce qu'elle ne voulait pas,
e'est l'absorption des Etats allemands par la
Prusse. Voilà l'objet de la lutte de 1866,
lutte dans laquelle une campagne de sept
jours a donné tort à l'Autriche contre la
Prusse.
Mais les victoires du champ ' de > "bataille
ne sont pas des raisons devant la justice de
l'histoire et, ce qui est plus, elles ne le sont
pas non plus devant ceque M. John Lemoinne
"appelle « les Vrais Allemands.*».Non, quoi
qu'en dise l'écrivain 'du Journal des Débats,
«l'Allemagne» ne s'est pas ralliée à la
Prusse. L'Allemagne, cela résulte de toutes
les . manifestations libres de l'opinion chez
hos voisins, ne trouve pas la satisfaction de.
ses besoins d'unité dans cette centralisation
militaire et bureaucratique qui a été néces
saire pour créer la monarchie prussienne ,
mais qui répugne au génie germanique, au
tonome et individualiste. > >
; M. John Lemoinno veut bien admettre que
« ce nouveau développement de puissance,
» et d'influence devrait nous faire réfléchir
» et nous rendre graves,» Mais c'est s'eriga-1
germai, selon nous, dansce. travail'de ré-
flôxioni que d'exposer avec! complaisance et
dé motiver d'une : façon .inexacte la nouvelle
création maritime de la ÎPrusse. '
Si nous nous sommes arrêtés plus Ion- .
guement à ce sujet, c'est parce que nous
tenions à dire au Journal des Débals que
nous sommes parfaitement décidés à . faire
tout ce qui sera en notre pouvoir, pour
empêcher que l'opinioù en France voie clair
trop tard, ainsi que cela s'est produit en
1866, dans les faits qui se produisent sur nos
frontières.
edouard simon.
asbncr eavas.
. Angleterre.-
Londres, 28 juillet, 9 h. du soir.
Chambre des communes. —> Lo bill pour l'a
bolition de la peine de mort, combattu par le
gouvernement, a été rejeté par 118 voix contre
US.
Toici qùelques détails sur la discussion :
M. Fowler dit que s'il fallait de nouveaux ar
gumens pour soutonir le bill d8 l'honorable
membre qui représente Northampton,' on les
trouverait dans lë Blue-BÔùk publié depuis que
la peine de mort a été "abolie pour tous les gen
res de crimes, excepté pour l'assassinat aveG
préméditation. Le nombre des crimes a dimi
nué, et il faut attribuer ce résultat à. l'efficacité
plus'grande de la répression, maintenant que
lés jurés n'ont plus à craindre d'appliquer la
peine dé mort aux faussaires, aux incendiaires et
autres .catégories de criminels. On a eu raison
d'abolir les exécutions publiques, parce qu 'il
avait été évidemment démontré qu'elles h'arrê-
taient pas le bras des assassins. Un autre avan
tage qui découlerait do l 'abolition, de la peine
capitale, c'est qu'on rendrait certaine, la pu
nition du crime, tandis qu'elle dépend'main
tenant dé la détermination que" peut prendre
le secrétaire de l'intérieur; le secrétaire de l'in
térieur a une attribution qui ne devrait être con
fiée à personne; on lui adresse continuellement
des requêtes pour commuer la peine de mort
quand un verdict l'a prononcée,et pour ne citer
qu'un exemple mémorable, peut-on avoir oublié
ce qui s'est fait pour "William Paltner, l'empoi
sonneur de Rugby, le scélérat le plus consommé
dont iès annales du crimo aient gardé lé souve
nir:" A peine la sentence de mort avait-elle été
prononcée contre lui, '-que le secrétaire de l'in
térieur fut assailli'de Tequêtes pour la commu
tation de là. peine, sous prétexté qu'il existait
encore quelques doutes sur cette, affaire. Voilât
ce qu'on devrait empêcher, et lo seul moyen de
le faire, ce serait d'abolir la peino de mort et de
rendre certaine l'exécution d'une peine pronon
cée par un verdict'du jury et par la sentence
d'un juge. En conséquence, M. Fowler appuie
la seconde, lecture du bill. • ,
M. J.-D. Lewis combat la motion et demande
■qu'on ajourne à trois mois cette seconde lecture,
i M. Bruce déclare qu'il n'est pas non plus par
tisan du bill. Le,vote a lieu. .
Etats-Uni®.
i * ' New-York, 28'juillet soir:
Hier, sur le ehemin do fer do Memphis, près
de Glarksville dans .le.Tonnessea,' un train a dé
raillé en passant sur un pont. Plusieurs wa
gons ont été brûlés. On compte G morts et 30
blessés;
©sïïaeîàîs&fflfc. ~
r Copenhague, 29 juillet.
. La ville est on fêle à "l'occasion ' dù. mariage
du prince royal de Danemark, qui a lieu au
jourd'hui même b! Stockholm.
Suède.
, aiockholb, 29 juillet.
■ Aujourd'hui, dans la chapelle du château,
l'archevêque Reutordahl à'célébré lé mariage
du prince héritier de Danemark avec la prin
cesse Louise de Suède;'
Biusie. ' ■
Saint-Pétersbourg, 29 jùillot.
Lé d(jp«rt,du czàr pour la Crimée n'aura lieu
probablement que samedi prochain, atteiidu'que
S. M. s'est rendue à Cronstadt' pour visiter les
travaux dii port. ' - ;
Le catnp de Krasnoë-Sëlo'a été levé. j '
Le grand-duc* Nicolas, sur l'invitation du roi
de Prusse, se rendra prochainement à Kœnigs-
berg, où il assistera aux manœuvres d'au
tomne. . ;
Prlnclpanîi!s-l)an«l»icnnes.
- • ••' • 'Bucharest, 28 juillet. ;
Le prince Charles partira bientôt.pour la Cri
mée où il.va rendre visite au czar. De là, il se
rendra à Vienne et ensuite à Paris.
kV " " Egypte.
Alexandrié, 28 juillet. ,
Le khédive est arrivé aujourd'hui à midi
après une traversée excellente.
„ S, 'A. a reçu un accueil chaleureux do la "part
de la population. Un grand nombro do person
nes' sont accourues dos provinces pour lui pré
senter leurs hommages.
Le khédive a reçu les représontans du clergé,
de l'armée et du commerce.
La ville entière est en fêie. -
Une foule innombrable d'Européens et d'in
digènes circule dans les rues.
Alexandrie (Egypto); 28 juillet, 2 h.; .•
Le khédive est arrivé aujourd'hui à midi. La
santé de Son Altesse est excellente.
Madrid,'28 juillet, 9 h: du soir.
Oh annonce que la Gazette publiera prochai
nement une circulaire du ministre d'Etat aux
agens diplomatiques de l'Espagne dans laquelle
seraient; énumérés les actes les plus importans
de la révolution et serait exposé le plan do gou
vernement du cabinet actuel; : :
L'Imparciat considère lo nouveau tarif doua
nier comme peu libéral dans certaines parties.
Algérie.
Marseille, 29 juillet.
Les journaux d'Alger du 27 juillet, arrivés ce
matin, ne mentionnent aucun mouvement de
troupes. Ils constatent seulement que chaque
annee, pendant les chaleurs,'une partie des
corps dq midi sont cantonnés sur le*littoral.
Le Moniteur algérien dit que des fêtes bril
lantes ont été échangées entre la ville et l'esca-
dre.Ae gouverneur général et l'amiral y assis
taient/Un bal a réuni, à bord du Magenta, l'é
lite de la société algérienne.
service de nuit.
Angleterre.
■■■' Londres , 29 juillet.
Le bilan hebdomadaire de la Banque d'Angle
terre :donne les résultats suivan? : • •
Augmentation : Réserve des billets, 415,0031. st.
.— ^.Compte du Trésor 98,l'701.st.
rf- . Encaisse métall.,', 92,0831. st.
Diminution : Portefeuille, ' 219,2951. st.
■ . —- Comptes'particul. 324,6211. st.
. ' îÎMSsïe.
Saint-Pétersbourg, 29 juillet.
La Banque de Saint-Pétersbourg ouvrira, le
21 août, une souscription pour 18 millions de
roubles en billets de banque 5 0/0 (capital no
minal). Une somme égale en papier-monnaie
sera détruite. La souscription continuera lés 21,
23 et 24 août. '
Etspagsae. >
Madrid, 28 juillet.
L 'Impartial ditque les bandes- qui, ,sur di
vers'points, se disposaient à prendre les armes
ont renoncé à'ce projet.
L'Impartial pense qu'à la suite de l'échec de
Ciudad-Real, elles ont 'dû'recevoir, l'ordre de
suspendre leurs opérations. ■<■■■-■ •
Hier, quelques coups do feh ont été tirés dans
les environs de la citadelle de Pampelune. Les
sentinelles ont répondu et'les- volontaires de la
liberté se sont approchés de la forteresse pour
empêcher toute tentative de coup de main.
cours de là . B ourse.
cours de clôture . .16.28.... !s 29 Hausse. Baissé.
30/0aucompt. 72.25 , 72 20 » » » 05
h ■
.—Fin du mois. 72.15 ; 72.27" t 12
41/2au compt.slQ3.25 103.25 « :»
Dans son numéro de ce matin, le Figaro
publie la teneur des modifications constitut-
tionnelles que contiendra le sé'natùs-con-
sulte du 2 août, et donne cé texte comme":
une sorte"do document officiel et authenti-:
'■que, puisqu'il déclare^ qu'il; est sorti sousi
cette forme des délibérations'.du conseil des
ministres tenu mercredi'à Saint-Cloud, sous:
la>présidence.de l'Empereur. ;' ■
Nous pouvons affirmer que le Figaro a
été'indui't èn'erreur et qu'il n'existe, én ce
moment, aucun texte du séhatus-consulte;
qui puisse avoir un caractère officiel.
Le document qu'il publie est composé
partie avec des fragmens du message du
12 juillet, paTtie avec des repsoignemens
empruntés à divers journaux; il n'a donc
pas d'autre valeur que toutes les révélations
faites jusqu'à ce jour, et qui reposaient sur
de vagues indications plutôt que sur des
données authentiques.
Am. Matagrin.
Le journal le Figaro avait demandé s'il
était vrai que des instructions secrètes aux
inspecteurs généraux, pour l'année 1869,
interdisent de porter pour la première fois,
sur le tableau d'avancement, des sous-offl-
ciers âgés de vingUhuit ans.
De la part d'un journal dont le chronir
queur quotidien, M. Jules Richard, traite tes
questions, d'administration et de législation
militaires avec iUn talent et une autorité in
contestables/la question méritait une ré
ponse qui ne. s'est pas fait, attendre.,
Le ministre de la guerre n'a nullement in
terdit aux inspecteurs généraux de porter
aux, tableaux d'avancement pour le grade de
sous-lieutenant, ,dps sous-officiérs âgés de
plus; de vingt-huit ans, mais, dans, l'intérêt
de la bonne composition et du rajeunisse
ment si désirable dé l'armée, M. le maré
chal Niel se .bornait à émettre lè désir, de
voir porter de préférence des. hommes
jeunes. • •
,, Les instructions ministérielles étaient si
peu impératives à cet égard, qu'un Commu
niqué, du reste très courtois,- adressé au Fi
garo, nous apprend que « les deux tiers des
candidats .nouveaux, ont .plu,s da, vingt-,huit
«ns; parmi eux-il.s'en trouve de .trente-trois,
trente-quatre et trente-cinq ans; il y a" même
un sous-oflicier proposé pour la. première
fois, qui est âgé dè quarante ans et deux
mois. ».
, Nous sommes, surpris ' qu'un écrivain
compétent n'appuie pas les;mesures, de M. :
le maréchal Niel à l'effet de rajeunir, lei
corps des sous-officiers, beaucoup trop s
vieilii par une application prolongée de' 1
loi du 26 avril 1855.,._■ .
Quant à nous, loin de blâmer.les instruc
iions fonfidentiellès et.non secrètes .du. mi- i
nistrè i d« f la': guerre,,,',n.«us regrettons' .,qab i
MM. les généraux iaspecteurs, par . respect !
pour'les droits acquis, n'aient pas cru de
voir s'y conformer. Et. nous ferons remar
■ quer qu'en, agissant ainsi, ces, offioiers.gé-,
néraux ont fait preuve d'un esprit, d'indé
pendance et de justice qui a toujours", quoi s
qu'on dise, distingué l'armé# frânjijàise. : i
A. WÀcdxer.
! -
Le conseil - d'Etat vient d'être.saisi par !»■'
ministre,des finances des rrjioç]ific'ations qu'il
est question d'apporter au?;, statuts qu!Cré-.
dit foncier. Ces modifications, qui portent-
notamment sur les'articles 2 et 4 des sta-•
tuls relatifs'a^forids ét^ViU■'.càpi|
tal soeial, seront, dit-on,"prbmp'leïnéàt exa-,
toinées-. • -• ■ . i !
,' Yqioi la;nôuvelle rédaction proposée poar,
ces articles : ' ■
•f ■ " ■ . . -, f -,-r ' -, , , J
. Art. 2.,La. ^ociéle, est, autorisée à reevoir, •
aveo ou sijns .intérêts, (jes pâpiiàux or/dépôt. :
Ces-capitaux devront ÔSrà^epïiéséhî'éi, soit ^.ar;
des:versemens «U' compte, cousant au i ïté^oi', '
soit par des valeurs de portefeuille^ oscompta ■ 1
ble§ ^ qOatre-viugt-dix jours"ou ckis' boiw Trésor, soit par-dçrs avances .poiir-iin terme qai i
n'excédera, pa? qpatre .r .yingt-dix' jour?,"sur )es.
•bligations éoiises. pàr.'Jo'.Cçédit'Jjçuciér.OiU tous
autres titres-admis.par lailiaasjueçommft garan-:
tie d'avances. Les conditions et la proportion «doi
ces* divers''ennplois nefont déterminées par loi
conseil,d'administration. ' i
Les ■ versomens au Trésot devront, toujours:
6tre:du quart,au,.mo;riâ,.et;les valpuqs depor-:
tofeuille.ne pourÈoùt fi^çiiiier le .tioiS jau plus dui
montant des isommes ta Société pourra ainsi recevoir en. dépôt ntv
pourront dépasser le chiffre^lo 00 millionsi.. :
Art, 4. Lo : fonds social est porté à'9Q mil
lions do francs, n'est affecté à la garantie de:
engagemens sociaux, et spécialement des^obli-
gations foncières et communales en lettres de
gage. Il so divise en 180,000 actions de 800 fr.'
chacune., 120,000 actions sont, actuellement
émises, les 60,000 autres le seront- sur la déci
sion du conseil d'administration, approuvée
par le ministre des flnances..Lors de l'émission
des nouvelles actions, il sera prélevé, : sur les
réserves disponibles de la compagnie, en dehors
de la réserve statutaire, une somme suffisante
pour opérer la libération de ces actions jusqu'à
concurrence de 280. francs. Le chiffre des ac
tions émises sera maintenu dans la proportion
du vingtième au moins des obligations en cir
culation, conformément à l'article 8 delà loi du
6 juillet 1860. Les nouvelles actions ne pour
ront être livrées au-dessous du pair.
BMW
mtmsta&Éms.
i,
t
L'exécotion internationale des jugemens.
nouvelle convention avec la su1ssb.
2« article.
La multiplicité des relations personnelles
et des transactions commerciales entre les,
individus quiappartiennentàdifférentes na
tions amène nécessairement dans certains
cas des difficultés, des contestations, des
règlemens d'intérêts qui nécessitent l'inter
vention d'une autorité judiciaire.. Quelle se
ra cette autorité chargée de statuer sur les
différends des Français avec les étrangers et
réciproquement? Par quelle procédure por
tera-t-on le litige devant le tribunal compé
tent? Quelles lois appliquera ce tribunal?
Et enfla, lorsque, sa décision aura été ren
due, par quels moyens assurera-t-on l'exé
cution de ses jugemens ? Voilà les quatre
questions principales que nos gouvernans
ont eu à résoudre dans les conventions qu'ils
ont conclues avec les gouvernemens étran
gers. ■ :
Il s'en faut de beaucoup que toutes ces
conventions soient identiques. Elles sont
bien loin notamment, d'assurer une situation
uniforme au Français qui se trouve, à l'é
tranger, en conflit d'intérêts avec un étran
ger. Pour ne citer qu'un exemple, 1e Fran
çais établi en. Suisse, qui-'est en procès
avec un Suisse, est jugé par les tribunaux
suisses du lieu de sa résidence et d'après
les lois de cette partie de la Confédération
helvétique. Au contraire, un Français rési
dant en Egypte, ayant à plaider contre un
Egyptien, a le droit d'être jugé en première
instance par le consulat français, en appel
par la cour impériale d'Aix en Provence, et
•ce sont les lois françaises qui sont appli
quées; • ' ,
,!, p'autres différences, moins sailîuiit^s as
surément màis, cependant . considérables ,
sont consacrées par nos traités. Notre légis
lation internatiopale .en jnalièré ' judiciaire
est donc bien loin encore d'èlro amvi-cà celle
unité que nous indiquions hier comms le
but vers lequel ou doit lendre, ■ ■ '
. Sans doute les, différences .du", fuit ont.pu
légitime-' dés conventions'différai tes. il. est
bien certain, paT exemple, que dans les pays
ou là justice locpie no présentait ni fixité ni^ra-
raîihes, rious„fiv.ous dû assurer,îi, tttjs j'iatio-»
naux, toutes .les .fois que nous l'avons p>' (
la protection do la'juridicîion et de» lois
^.'Vuç^^os, 'Mais cos exceptions doivent né-
-cessaxremerit^lispflriître. à valent partout une.organisation judieiàire
"régulière,et .une législation impartiale. ïlia'y
a pa,s, 'en'elï'/it,:. deux .vériiés -.^t doux.- justi
ces. £)n peut prévoir le jour^ù les-règles du
droit ihternîiUorinl, seront .assez'clairernont
élupjdées, assez.nëtleipent'formuléos,. pour
-que .les mêmes slipûktittasr'''^iâsonl;iHi, rap
ports detous les peuples entre eux. La'c-on-
vention qui est équitable ayee un peunté
.du Nord ne..saurait ne pas l'être' 'avec un
peuple du Midi. . .
Le traité qui vie r; t i'C-i.ro Cuu'lu éntr.elii
Confédération .suissQ ùt l{i F.r;>nce s'éloigne-
t-il beaucoup ; de ces îég',f>S' immuables que
leur évidente justice fera -un' jour uni vcrsel-
]emént,accpp,îer?, Nous jie le.pensons p-;s; et
nous croyôns que sur beaucoup de points il
Fenilletou du ConslitutionBel, 30 juill
l. • V n
LÀ 'DESTINEE
l»rcm8crë partie.
X.
(Suite.) ■
— Vous autres, ajouta la Hongroise, en se
tournant vers ses amies, profitez, du moins,
da mon exemple 1 Tâchez que cette leçon,
qui me coûte assez cher, ne soit pas pérdue
pour tout le monde. N'oubliez pas ce que
vous avez entendu ce soir, et si vous faites
la folie d'aimer, ' aimez quelqu'un qui soit
libre 1 n'aime^ jamais un homme marié I
n'écoutez pas: ses promesses'" l'soit qu'il ne
le veuille, soit qu'il na. le puisse, il ne les
tiendra jamais... Traître ou menteur 1 telle
est l'alternative, etj "dans les deux cas, vous
êtes aussi mal partagées !• ; : y.
Devant co débordement de parôles violén-
îes, devant cette celère vrai# ou feiatè, mais
vraiment inattendue, irâpé.tueuse, irrésisti
ble, et à laquell» rien ne l'avait préparé,
Roger deMeillan, nous l'avons déjà dit, res
ta comme atterré. . ■
Ce jeutie homme, à qui la nâture et la
fortune avaient, à l'envi, prodigue leurs
plus précieuses faveurs, qui avait pour lui
la naissance, la: distinction, t Ja. fprtunf, et
avec cela .une des .plus jolies femmes 'de Pa
ris- en ua mot tout ce qu'il faut pour vivre
tranquille, honoré, aimé,heureux/ pour
tout dire en-un mot! — s'était -épris tout à
coup dè la Piêtri-Nera. Il âvait' épfouvé —
•et il éprouvait encore—pour celle fière'beau-
t& une de ces passions dominatrices ' abso
lues, insensées/pour l/i^u&Ues, parfois, les
moralistes incertains së^sftriténi tsuiés,d'in
voquer le privilège,.de Tirresponsabilité mo
rale, tant ils leur reconnaissent une puis
sance presque invincible et une domination
fatale. ... ■
(Voir le Constitutionnel du 29 juillet.)
■ Ajoutons qu'en ee moment le marquis
était sous l'empire d'une jalousie naissante,
qui aiguillonnait encore son fol amour. Il
savait qu'un jaune Péruvien, bien de sa per
sonne, et qui paraissait avoir appoïté à Paris
les mines'd'or de sa patrie, rôdait autour de
la belle Hongroise dans un voisinage dont
l'intimité n'était pas faite le moins du monde
pour le rassurer ; tandis qu'un prince russe,
célèbre pour, ses diamans bleus-, voulait-il ui
faire'passer une rivière autour du x;ou. Il
y a vraiment des circonstance» oirl 'Gn ; croi-
'ràit que l'hoinihé n'est- plus maître'dô t ses
actes, où il ne dirige plus sa viè. Il est pré-
cipité iur une pente, où lô's grands mots de
raison, de loyaulé, de devoir et 4'hcnneur
sont impuissans à l'arrêter. ,
Le marquis but coup sur coup un rouge-
"bord dé Romanée-j et une pleine coupe de,
via dé Champagne glacé, qu'il prit Au iia-i
£, sàrd dans les cinq ou six verres qu'il avait
devant lui, et jetant à la jsune f*mmo uti'
regard troublé : . , t _ ■
— Ni moi non-plus, lui dit-il d'une' voix
haletante, je ne veux continuer une pareille
vie, en proie à des tortures qui nous aigris
sent l'un et l'autre... et qui finiraient par me
rendre capable d'un crime!... d» tous les
"cririies ! Je sais que tu as beaucoiip fait pour
moi.;. L , je ne Yeux pas moins faire à mon
tour.' ; Parle I commande! j'obéirai.
" _ É'ii bieii j'exige que tu ne retournes plus
chez cette femme... .
— Cette femme 1... mais c'est ma femme!
murmura le marquis,
— Je ne veux plus que tu me quittes je
veux que tu vives ici, près de moi, avefi'rrio'i,
toujùur's! et que lu sois à moi copine je suis
à'toi.'.. Si tu cjti's non, • va-l-en'; car je'ne
t'aime plusl si tu dis oui, viens ici que je
timbrasse, car je t'adore! , :
En «nlendant l'ultimatum qûi lui signi
fiait cette terrible alternative , M. de Meillan
se sentît effretisem'ent pâlir. Le spectre delà
ho'nte'së dressa'devant lui'; il crut cïnteridra
pat avança 'lës mille bruitsla médisancé,
lès Bîille" échos du scandale, répétant son
nom accolé au nom de cette, belle - impure,
connue d# , ; lout Paris, et avec laquelle sa
liaison n'était plus un mystère pour peison-,
ne. S'il disait oui, c'était toute'considération
à jamais perdue/ c'était une sorte d'infamie
morale, atlachéô'poûr toujourfe a gà-iriémoi-
' re... iiiàis ; s'iï disait non, C'était l'adieu éter-
nel ; c'était la^épxratiqn irrévocable/c'était
la plus séduisante des créatures à jamais ar
rachée de ses bras, gt, chose jplus terrible à
penser, jetée dans les bras d'un autre 1
A co moment'suprême il la regarda.
Jamais peut-être la Pietra-Nera n'avait'élé
plus belle. Elle eût pu poserpour l'image de
la Fascination. L'animation au souper colo-
îait d'un reflet rose l'ardente pâleur de son vi
sage marmoréen; 1 ses yeux noirs avaient des
flammes pour regards ; ses dents humides
étinceiaient à travers ses lèvres entrouver
tes; les àiles fines do ses narines se relevaient
"et palpitaient ; les. mouvemens tumhltueux
de sa pditriné soulevaient la 'légère étoffé' de
sa robo : 'mais, l'espression d'audacieux défi
qili avait'aïiimé ses tiaits- mobiles quelques
inË.tans auparavant faisait place à une mé
lancolie résignée, qui devait la rendre plus
irrésistible encore. 'Le génie du mal, qui
perd les hommes en les charmant, ne doit
pas preridre'de formes plus séduisantes.
' — Je ferai tout ce que tu voudras 1 mur
mura le mari d'Antoinette, qui déjà n'avait
.plus la force de vouloir contre elle. /
Les libations multipliées do ce festin ana-
créontique avaient fini par noyer les der
niers scrupules dans,-les vorres chez ceux-là
mêmes qui s'étaient tenus et' observés le
plus longtemps. Aussi, de toutes parts, au
milieu de ce monde qui vivait de la pas
sion, pour elle et par elle, sans souci de
fce 1 que-l'on appelle la s'ainlëté du devoir,
il y eufun triple hUrraih! et'un applaudis
sement unanime, quand on entendit s'affir
mer ainsi le triomphe do la passion sur la
devoir, de l'amour sur la raison, de la mal
tresse sur la femme !
— Buvons au second mariage du-mar-
qùis 1 dit la rousse aux yeux verts, en sou
levant sa coupe.... .
"... — C'est le seul vrai, àjoulïile jeune M. do
Nangisj et je crois que je puis me vanter
'd'en avoir publié lés bans! Ne trouvez-vous
pas que les futurs époux..,
Futurs passés !
— Futurs présens I f
— Me doivent bien un cierge?
— 06 le brûlera pour foi a leurmesseî
— Si = îious les couronnions de roses? de
manda la sentimentale voisine de M. d'Am-
bleuse dont la voix de colombe n'avait rien
roucoulé dsFpuis'dix minutes. . -
— Il vaudrait mieux envoyer chercher le
bonnet de coton de Roger ! -i'- 1 "
"'"L'incidëhf est -vidé ^ fit le marquis/que
' ces saillies 'menaient mal à l'aise, j'e J potte la
t=ant^é de Nana ! qui -m'aimn me suive ! Ar
rière.,les pèns.ées.funèbres, ne songeons plus
qu'à la joie, au plaisir, à l'&mourr ,
'■ XI. . . .
Le speech n'était pas encore fini quand- la
porte d® la salle à manger s'ouvrit.
— J'avais dit qu'on nous laissât! fit la
. maîtresse de la maison,'en se penchant un
peu pour voir qui arrivait ainsi en trouble-
lâle,.car «Us avait fait retirer tous les domes
tiques.
Les convives «ux-môm^s tournèrent la
tête: •' '■ : '
C'était le maître d'hôtel, dont la tenue
correcte, la mine grave et froide faisait un
-assez plaisant contraste, au milieu de tous
- ces, soupeurs avinés.. Il tenait à la main un:
plateau d'argent, sur lequel:on voyait un'
billet plié en triangle, cacheté, mais sans
enveloppe, et avec un seul nom pour adresse.
— Qu'est-ce donc, Gautier? fit Nana im
patiente; vous savez bien que j'avais dit
qu'on ne vînt pas ! Allez vous-en ! A demain
les affaires sérieuses !
— Madame" la comtesse^ c'est un billet
pour M. le marquis.
— Donnez-le-moi, alors !
Le maître d'hôtel, homme honnête et ser
viteur respectueux, eut un instant d'imper
ceptible hésitation.
- Le marquis se leva ; la comtesse en fit au
tant.- .
Tous les convives, attentifs, retenaient
leur souffle. Chacun devinait qu'il se passait
en ce moment sous ses yeux un drame in
time et violent, dont les - principaux acteurs
jouaient pour eux-mêmes, et prenaient leurs
rôles au sérieux. , , ,,.
^ Jè'm'amuse comme à l'Ambigu! fit
Nangis à demi-voix,
Nana et Roger, cependant, avaient avancé
'la main en même temps vers le plateau. M. -
de Meillan prit la lettre. '
-r-. On attend I dit le maître d'hôtel.
— D» qui est-ce ? demanda impérieuse
ment la Hongroise; <•
Le marquis ne répondit pas, mais il pâlit
et rougit tour à tour»; ét un frisson nerveux
le secoua. ! Il avait reconnu le cachet de
Bfme de Meillan. : •
—• C'est de ta femme, je crois ? fit la Pie
tra-Nera avec une singulière hauteur, i ... .
■Il répondit par un signe de tèto qui disait
oui. -.
Alors, c'est moi qui lirai ! donne donc!
fit-elle, en demandant le papier du geste au
tant que de la parole.
Déjà Roger avait brisé la .cire, et-il avait
lu — dévoré — d'un coup d'œil, 1rs troi§
lignes jetées en bâte, dîune main'fiévréùse,;
sur la page jrestëe blanche., - ; . j
— Ya I tu peux lire en effet ! dit-il en lui,
passant le billet. tout ouvert... Adieu ! »
— Ah ! fit la Hongroise, eu laissant retom
ber le papier. -j
Roger s'élança vers, la porte.,La Piotra-f
Nera le suivit. " , J
Tous les convives se levèrent. 11 y eut!
comme un tumulte pendant quelques secon-j
des. Chacun se demandait quelle ..pouvait'
être la cause de cette sortie, qui ressemblait
si fort à une fuite. ' . |
— C'est peut-être sa feinme qui vient 1© ;
cherclierj dit, la, blonde voisine du baron,
d'Ambleuse, Rozane Hébel> qu'on surnom-;
mait la Verveine, à cause du parfum qu'elle^
portait toujours. . .. .. J
— âi c'était celay il ne s'en irait pas, lit
Julia, la rousse aux yeux verts. -
— C'est plus grave ! exclama M. de Nan- ,
gis, qui venait de ramasser la lettre oubliée
à terre. , .
— Lisez ! lisez donc ! cria-t-on da toutes
parts. , ,
« Pardonnez-moi i de vous déranger,;mon
ami... mais votre fille se meurt. Je vous en
voie la voiture. Ramenez un médecin. Je
suis folle.
» antoinette. » i
Il y eut un mojuent de silence. Tout la^
monde se regarda. Sur tous'Jes visages on
•pouvait lire un-effroi voisin fie la stupeur J
Ce dramatique incident avait remué fies fi-
"bres secrètes au fond des cœurs les plus en
durcis. On peut se jouer. de l'honneur des
familles,.de la vie des hommes, du repos
des -femmes, de leur bonheur, de leurave-
iijr, do touts) leur existence.,, Qn peut boiro
leurs larmes,! ce sont passb-temps de cour
tisanes. Mais choz .les plus.perverties -d'en
tre toutes ces créatures, la maternité reste
toujours auguste.et sacrée... elles se disant
qu'elles aussi.peuvent-être mères!-et les
droits de l'enfant demeurent impresetip-
tibies à^leurs yeux.
Aussi ce billet de deux lignes," qui proje
tait sur tous les fronts l'ombre d'une enfant
mourante, changea-t-il en un moment les
dispositions de chacun.. Je n'en .'saurais
comparer l'effet plus justement qu'à ces
coups da tonnerre des.«rages d'étéj quiécla-
tent parfois oans.la sérénité d'une matinée
bleue, sans que rien les ait présagés, et qui
bouleversent la nature entière. ;•••>
■ ! Elle-même, la fi ère Pieti'a-Nera; malgré
son humeur àltière, sa volonté implacable,
et sa haine injuste et farouche coràre/fe itour-
quise/elle.sentit bien que tout le mon'iVlui
donnerait tort, si .«11b -tentait. maintenant
d'abuser de son influence pour retenir M. de
Méillan près d'elle,
• Elle ne pouvait, sous.peine de'sa vuir'sé-
vèrement blâmer jiar les moins' austères de
ses belles'amies, rien se penïKjtlîe contrfe la
inère d'une pauyre enfant à son lit de mort.
Le mari se livrait à elle .tout, entier : c'était
bien 1 mais elle n'avait pas le droit de tou
cher ati père.
Elle, le comprit, ,'
" Aussi/d'un -ton mécontent dont elle eût
voulu faire un ton chagrin :
— Parlez! je ne vous retiens pas 1 dit-elle
à Hogery :qu'elle avait suivi jusqu'à la porte
de son dernier sa Ion;-partez 1
■ — Il le faut bien! répliqua doucement le
-maçquis avec un. regard qui priait. Ceci est
vraiment un- cas de force majeure... et toi-
même tu ne me pardonnerais pas;.. : '
•-nJaçhez.que je n'ài'e pas autre chose à
vous pardonner l
—■Nana i ' < ■ » .-. m ■ 1
•— Quand puis-je espérer vous revoir !
— Qhl dès que je pourrai, tu n'en douïes
pas. ■ l.l; V. • .
. — Mais-quand pourrez-vous ? Dans un
.mois? . "■■ ... j . ■ ■
'■ ■— Folio 1 , tdemaînfmatin ! de bonne heurt!
Adieu, ma chère aimée..." 1 1 --i . <
Il,se pencha vers olie pour' l'embrasser.
rEllo.,baissa la >têîe , ;se. dérobant aiix lèvres
-qui la> cherchais 1/et le baiser se'perdit
■dans ses cheveux. Et, comme si ce refus dé
la ; dernière caresse a'eût pa,s été.encore
assez pour elle, son'dermeî mot'fut'ucefjè-
che de Parthe, 1 iî ! écro".h'éeeR p'einè poîimie :
— ■Tout ce que, tu viiiiis de me- conter \h
i dït'.ello, 'tu sais bien une i« n'on '
pas un 'mot. 1
luidït-ello, 'tu sais bien que je n'en crois.
peux-tu parler
t— Ah ! malheureùs.e I
ainsi?
— Eh ! qui me dit que toUl cela n'est pas
une histoire forgéé à plaisir par ta femme
qui trouve là nuit longue, et' qui' s'ennuie à
tîûttendrel... Mais", prends gsrd'j;'car si j'an-
prenàis qu'à yous deux vous m'ou^ie?.
ttompée...
-—Ne crains, rien ! lit la marquis avec, une
mvolGptôire tristesse; et peut-être un mé
lancolique retour sur les joiès^si vite perdues
do sa-vie-de-fâmillé; elle ne m'aime plus
assez pour mentir..". Adieu 1.
'ut-' ,v • . .'ï-'<»wïs'EMAIJtT. .
(Lq sutle À un prochain numéro.)
BUREAUX k PARIS
4 k'Ù^
rue de Valois (Palais-Royal) J îkeJUi*-
B
VENDREDI 50 JUILLET 1869,
mmmzssÈm
ABONNEMENS DES DÉPAB.TMEN8 r
1R0IS MOIS....... 16 FR.
SIX MOIS.. .. '32 FR.
UN AN.......;.... 64 FR.
^ V -û^l KS pays étrangers , voir le tableau
publié les 5 et 20 de chaque mois.
Imprimerie du Constitutionnel,
E. G ibiat et C°. "
rue des Bons-Enfans, 19.
ABONNEMENS DE PARIS.
ifit ; -
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• K-,
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i |- ; -j
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TROIS MOIS....
SIX MOIS
UN' 'AN.
13 FR.
26 FR.
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JOURNAL POLITIQUE LITTERAIRE, UNIVERSEL.
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m NUMÉRO 20 CENTIMES.
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-place de la Bourse* 8, à M. Dcport, 7,, rue Coq-Héron, et au bureau du jouri
Les Annonces ne sont reçues que sous la réserve cC examen,, et, s'il y a lieu, de modification par tadmini
v- J , ■■■■ - - - : du. journal. . . ,. . .. "
Sur présentation de la quittance d'abon
nement, les Abonnés nouveaux du journal
le Constitutionnel recevront ep prima le com
mencement du feuilleton en cours
cation : ' '
îiA DESïlTWÉfc;
PAR!S, s i9 JU&ÎEt.»-•'
Les- nouvelles d'Espagne sont toujours
énigmaiiques. Uu télégramme de Madrid,
en date .de mercredi soir, parle d'une circu
laire diplomatique projetée et du tarif
douanier, sans mentionner les mouvemens
insurrectionnels.
D'après notre correspondance de Madrid,
on aurait à s'attendre à deux mouvemens :
l'un, ' républicain , serait sur le point d'é
clater dans le sud ; l'autre, carliste, se dé
velopperait dans les provinces du nord. La
présence de Tristany en Catalogne, à la tête
d'un corps assez considérable, paraît certai
ne. Des arrestations nombreuses continuent
d'être opérées par le gouvernement dails les
rangs de l'armée.
• On apprend de Vienne que les négocia
tions concernant les rectifications de fron
tières entre la Transylvanie et la Moldavie,
rendues nécessaires par suite de l'occupa
tion, par les Roumains, de quelques points
du territoire, viennent d'être interrompues.
L« président de la commission hongroise,
M." Belay, a prouvé, à l'aide des documens
tirés des archives de la cour de Vienne et du
gouvernement de la Transylvanie, que la fo
rêt qui est en litige est située sur le territoi
re transylvain: Le gouvernement roumain af
firme le contraire, sans pouvoir le prouver, de
sorte que la commission hongroise/ désespé
rant de s'entendre avec la commission rou
maine, propose au gouvernement austro-
hongrois de prendrelQÙt'simplement posses
sion des territoires contestés.
On sait que la ' dépêche adressée par M. de
Beust au ministre d'Autriche à Dresde,' au
sujet de l'incident franco-belge* a donné
lieu à une vive polémique des< journaux
prussiens et autrichiens. Pour éclaircif ce
débat j le cabinet de Vienne se propose de
publier prochainement toute la' correspon
dance diplomatique relative à eette affaire.
- Nous ne demanderions pas mieux que de
laisser dans l'oubli 1'a.ttitudr étrange qu'une
partie dë la prèsse française a prisâ dans les
.événemens d'Allemagne ,de 18Ç6, et nous
aimerions bien ne pas rappeler à quel point
cette attitude a été en contradiction avec le :
sentiment public en France. >
Pourquoi faut-il que le Journal des Dé
bats toujours et toujours sfattache à raviver
des souvenirs qui n'ont rien de flatteur pour
le patrititisme'français et à raconte? les évé
nemens d'Allemagne d'une manière' qui,
n'est nullement conforme à la vérité histo
rique, tout cela en vue d'une justifica -
tion qui nous semble impossible, au point
de vue 4ës intérêts de laFrance. ' :
L'auire jour, par la plume de M. David, le !
Journal.des Débats vantait les mérites d'une
politique, dô laisser-faire absolu qu'il, dé-<
couvrait, un peu tardivement, dans la ckr!
culaire du 16 septembre 1866. Aujourd'hui, i
c'est M. John Lemoinne qui s'efforce de dé
montrer qùè.tout devait arriver en Allema
gne ainsi que cela est arrivé,parce que/saps.
la guerre de 1866, l'Allemagne no serait pas
devenue une puissance maritime. Nous ne
savons si, dans un prochain article, l'hono
rable écrivain des Débats prouvera que rien
est plus profitable aux intérêts français que
domination maritime de la Prusse dans les
>rs européennes, à côté des marines de
"•l^ance et d'Angleterre.
Au milieu de son enthousiasme très franc,
'en présence des nouvelles créations mariti
mes de la Prusse, M. John Lemoinne ou
blie les faits réels et il traite un peu en
poète l'histoire de l'Allemagne de 1848
à 1866, A l'en croire, ce serait l'Autriche
seule qui se serait opposée, en 1848, à la
création d'une marine allemande et ce se
rait elle qui aurait exigé la vente à l'encan
des quelques bâtimens de guerre compo
sant alors cette marine. ■
Or, il est à la connaissance de tous que
l'œuvre de restauration de la Diète germani
que a été faite en commun par la Prusse et
l'Autriche. La Prusse surtout a poussé à la
vente de cet embryon de marine, parce
qu'elle ne voulait qu'une marine prussienne
et non pas une marine fédérale, de même
que la Prusse s'est opposée depuis à toute
réforme de la Confédération parce qu'elle
voulait une Prusse agrandie et non pas une
Allemagne féàérativement unie.
• S I1 est étonnant qu'un écrivain distingué
comme M. John'Lemoinne ne prenne pas la
peine d'étudier à fond les documens histo
riques accessiblésà tout le monde, avant de
porter un jugement si peu équitable sur le
rôle joué dans ces événemens par chacune
des deux grandes puissances allemandes.
Il serait enfin temps de laisser là les phra
ses stéréotypées et les argumens tradition
nels; lorsqu'on parle des affaires d'Allema
gne et d'envisager ces questions de plus
haut. Soutenir aujourd'hui encore que l 'Aur
triche ne voulait pas de l'unité allemande
et que la Prusse la voulait, c'est, — que
M. John Lemoinne nous pardonne l'expres
sion^—raconter des fables à de petits col
légiens. Ce que l'Autriche voulait, c'é
tait la rénovation libérale de la Confédéra
tion germanique; ce qu'elle ne voulait pas,
e'est l'absorption des Etats allemands par la
Prusse. Voilà l'objet de la lutte de 1866,
lutte dans laquelle une campagne de sept
jours a donné tort à l'Autriche contre la
Prusse.
Mais les victoires du champ ' de > "bataille
ne sont pas des raisons devant la justice de
l'histoire et, ce qui est plus, elles ne le sont
pas non plus devant ceque M. John Lemoinne
"appelle « les Vrais Allemands.*».Non, quoi
qu'en dise l'écrivain 'du Journal des Débats,
«l'Allemagne» ne s'est pas ralliée à la
Prusse. L'Allemagne, cela résulte de toutes
les . manifestations libres de l'opinion chez
hos voisins, ne trouve pas la satisfaction de.
ses besoins d'unité dans cette centralisation
militaire et bureaucratique qui a été néces
saire pour créer la monarchie prussienne ,
mais qui répugne au génie germanique, au
tonome et individualiste. > >
; M. John Lemoinno veut bien admettre que
« ce nouveau développement de puissance,
» et d'influence devrait nous faire réfléchir
» et nous rendre graves,» Mais c'est s'eriga-1
germai, selon nous, dansce. travail'de ré-
flôxioni que d'exposer avec! complaisance et
dé motiver d'une : façon .inexacte la nouvelle
création maritime de la ÎPrusse. '
Si nous nous sommes arrêtés plus Ion- .
guement à ce sujet, c'est parce que nous
tenions à dire au Journal des Débals que
nous sommes parfaitement décidés à . faire
tout ce qui sera en notre pouvoir, pour
empêcher que l'opinioù en France voie clair
trop tard, ainsi que cela s'est produit en
1866, dans les faits qui se produisent sur nos
frontières.
edouard simon.
asbncr eavas.
. Angleterre.-
Londres, 28 juillet, 9 h. du soir.
Chambre des communes. —> Lo bill pour l'a
bolition de la peine de mort, combattu par le
gouvernement, a été rejeté par 118 voix contre
US.
Toici qùelques détails sur la discussion :
M. Fowler dit que s'il fallait de nouveaux ar
gumens pour soutonir le bill d8 l'honorable
membre qui représente Northampton,' on les
trouverait dans lë Blue-BÔùk publié depuis que
la peine de mort a été "abolie pour tous les gen
res de crimes, excepté pour l'assassinat aveG
préméditation. Le nombre des crimes a dimi
nué, et il faut attribuer ce résultat à. l'efficacité
plus'grande de la répression, maintenant que
lés jurés n'ont plus à craindre d'appliquer la
peine dé mort aux faussaires, aux incendiaires et
autres .catégories de criminels. On a eu raison
d'abolir les exécutions publiques, parce qu 'il
avait été évidemment démontré qu'elles h'arrê-
taient pas le bras des assassins. Un autre avan
tage qui découlerait do l 'abolition, de la peine
capitale, c'est qu'on rendrait certaine, la pu
nition du crime, tandis qu'elle dépend'main
tenant dé la détermination que" peut prendre
le secrétaire de l'intérieur; le secrétaire de l'in
térieur a une attribution qui ne devrait être con
fiée à personne; on lui adresse continuellement
des requêtes pour commuer la peine de mort
quand un verdict l'a prononcée,et pour ne citer
qu'un exemple mémorable, peut-on avoir oublié
ce qui s'est fait pour "William Paltner, l'empoi
sonneur de Rugby, le scélérat le plus consommé
dont iès annales du crimo aient gardé lé souve
nir:" A peine la sentence de mort avait-elle été
prononcée contre lui, '-que le secrétaire de l'in
térieur fut assailli'de Tequêtes pour la commu
tation de là. peine, sous prétexté qu'il existait
encore quelques doutes sur cette, affaire. Voilât
ce qu'on devrait empêcher, et lo seul moyen de
le faire, ce serait d'abolir la peino de mort et de
rendre certaine l'exécution d'une peine pronon
cée par un verdict'du jury et par la sentence
d'un juge. En conséquence, M. Fowler appuie
la seconde, lecture du bill. • ,
M. J.-D. Lewis combat la motion et demande
■qu'on ajourne à trois mois cette seconde lecture,
i M. Bruce déclare qu'il n'est pas non plus par
tisan du bill. Le,vote a lieu. .
Etats-Uni®.
i * ' New-York, 28'juillet soir:
Hier, sur le ehemin do fer do Memphis, près
de Glarksville dans .le.Tonnessea,' un train a dé
raillé en passant sur un pont. Plusieurs wa
gons ont été brûlés. On compte G morts et 30
blessés;
©sïïaeîàîs&fflfc. ~
r Copenhague, 29 juillet.
. La ville est on fêle à "l'occasion ' dù. mariage
du prince royal de Danemark, qui a lieu au
jourd'hui même b! Stockholm.
Suède.
, aiockholb, 29 juillet.
■ Aujourd'hui, dans la chapelle du château,
l'archevêque Reutordahl à'célébré lé mariage
du prince héritier de Danemark avec la prin
cesse Louise de Suède;'
Biusie. ' ■
Saint-Pétersbourg, 29 jùillot.
Lé d(jp«rt,du czàr pour la Crimée n'aura lieu
probablement que samedi prochain, atteiidu'que
S. M. s'est rendue à Cronstadt' pour visiter les
travaux dii port. ' - ;
Le catnp de Krasnoë-Sëlo'a été levé. j '
Le grand-duc* Nicolas, sur l'invitation du roi
de Prusse, se rendra prochainement à Kœnigs-
berg, où il assistera aux manœuvres d'au
tomne. . ;
Prlnclpanîi!s-l)an«l»icnnes.
- • ••' • 'Bucharest, 28 juillet. ;
Le prince Charles partira bientôt.pour la Cri
mée où il.va rendre visite au czar. De là, il se
rendra à Vienne et ensuite à Paris.
kV " " Egypte.
Alexandrié, 28 juillet. ,
Le khédive est arrivé aujourd'hui à midi
après une traversée excellente.
„ S, 'A. a reçu un accueil chaleureux do la "part
de la population. Un grand nombro do person
nes' sont accourues dos provinces pour lui pré
senter leurs hommages.
Le khédive a reçu les représontans du clergé,
de l'armée et du commerce.
La ville entière est en fêie. -
Une foule innombrable d'Européens et d'in
digènes circule dans les rues.
Alexandrie (Egypto); 28 juillet, 2 h.; .•
Le khédive est arrivé aujourd'hui à midi. La
santé de Son Altesse est excellente.
Madrid,'28 juillet, 9 h: du soir.
Oh annonce que la Gazette publiera prochai
nement une circulaire du ministre d'Etat aux
agens diplomatiques de l'Espagne dans laquelle
seraient; énumérés les actes les plus importans
de la révolution et serait exposé le plan do gou
vernement du cabinet actuel; : :
L'Imparciat considère lo nouveau tarif doua
nier comme peu libéral dans certaines parties.
Algérie.
Marseille, 29 juillet.
Les journaux d'Alger du 27 juillet, arrivés ce
matin, ne mentionnent aucun mouvement de
troupes. Ils constatent seulement que chaque
annee, pendant les chaleurs,'une partie des
corps dq midi sont cantonnés sur le*littoral.
Le Moniteur algérien dit que des fêtes bril
lantes ont été échangées entre la ville et l'esca-
dre.Ae gouverneur général et l'amiral y assis
taient/Un bal a réuni, à bord du Magenta, l'é
lite de la société algérienne.
service de nuit.
Angleterre.
■■■' Londres , 29 juillet.
Le bilan hebdomadaire de la Banque d'Angle
terre :donne les résultats suivan? : • •
Augmentation : Réserve des billets, 415,0031. st.
.— ^.Compte du Trésor 98,l'701.st.
rf- . Encaisse métall.,', 92,0831. st.
Diminution : Portefeuille, ' 219,2951. st.
■ . —- Comptes'particul. 324,6211. st.
. ' îÎMSsïe.
Saint-Pétersbourg, 29 juillet.
La Banque de Saint-Pétersbourg ouvrira, le
21 août, une souscription pour 18 millions de
roubles en billets de banque 5 0/0 (capital no
minal). Une somme égale en papier-monnaie
sera détruite. La souscription continuera lés 21,
23 et 24 août. '
Etspagsae. >
Madrid, 28 juillet.
L 'Impartial ditque les bandes- qui, ,sur di
vers'points, se disposaient à prendre les armes
ont renoncé à'ce projet.
L'Impartial pense qu'à la suite de l'échec de
Ciudad-Real, elles ont 'dû'recevoir, l'ordre de
suspendre leurs opérations. ■<■■■-■ •
Hier, quelques coups do feh ont été tirés dans
les environs de la citadelle de Pampelune. Les
sentinelles ont répondu et'les- volontaires de la
liberté se sont approchés de la forteresse pour
empêcher toute tentative de coup de main.
cours de là . B ourse.
cours de clôture . .16.28.... !s 29 Hausse. Baissé.
30/0aucompt. 72.25 , 72 20 » » » 05
h ■
.—Fin du mois. 72.15 ; 72.27" t 12
41/2au compt.slQ3.25 103.25 « :»
Dans son numéro de ce matin, le Figaro
publie la teneur des modifications constitut-
tionnelles que contiendra le sé'natùs-con-
sulte du 2 août, et donne cé texte comme":
une sorte"do document officiel et authenti-:
'■que, puisqu'il déclare^ qu'il; est sorti sousi
cette forme des délibérations'.du conseil des
ministres tenu mercredi'à Saint-Cloud, sous:
la>présidence.de l'Empereur. ;' ■
Nous pouvons affirmer que le Figaro a
été'indui't èn'erreur et qu'il n'existe, én ce
moment, aucun texte du séhatus-consulte;
qui puisse avoir un caractère officiel.
Le document qu'il publie est composé
partie avec des fragmens du message du
12 juillet, paTtie avec des repsoignemens
empruntés à divers journaux; il n'a donc
pas d'autre valeur que toutes les révélations
faites jusqu'à ce jour, et qui reposaient sur
de vagues indications plutôt que sur des
données authentiques.
Am. Matagrin.
Le journal le Figaro avait demandé s'il
était vrai que des instructions secrètes aux
inspecteurs généraux, pour l'année 1869,
interdisent de porter pour la première fois,
sur le tableau d'avancement, des sous-offl-
ciers âgés de vingUhuit ans.
De la part d'un journal dont le chronir
queur quotidien, M. Jules Richard, traite tes
questions, d'administration et de législation
militaires avec iUn talent et une autorité in
contestables/la question méritait une ré
ponse qui ne. s'est pas fait, attendre.,
Le ministre de la guerre n'a nullement in
terdit aux inspecteurs généraux de porter
aux, tableaux d'avancement pour le grade de
sous-lieutenant, ,dps sous-officiérs âgés de
plus; de vingt-huit ans, mais, dans, l'intérêt
de la bonne composition et du rajeunisse
ment si désirable dé l'armée, M. le maré
chal Niel se .bornait à émettre lè désir, de
voir porter de préférence des. hommes
jeunes. • •
,, Les instructions ministérielles étaient si
peu impératives à cet égard, qu'un Commu
niqué, du reste très courtois,- adressé au Fi
garo, nous apprend que « les deux tiers des
candidats .nouveaux, ont .plu,s da, vingt-,huit
«ns; parmi eux-il.s'en trouve de .trente-trois,
trente-quatre et trente-cinq ans; il y a" même
un sous-oflicier proposé pour la. première
fois, qui est âgé dè quarante ans et deux
mois. ».
, Nous sommes, surpris ' qu'un écrivain
compétent n'appuie pas les;mesures, de M. :
le maréchal Niel à l'effet de rajeunir, lei
corps des sous-officiers, beaucoup trop s
vieilii par une application prolongée de' 1
loi du 26 avril 1855.,._■ .
Quant à nous, loin de blâmer.les instruc
iions fonfidentiellès et.non secrètes .du. mi- i
nistrè i d« f la': guerre,,,',n.«us regrettons' .,qab i
MM. les généraux iaspecteurs, par . respect !
pour'les droits acquis, n'aient pas cru de
voir s'y conformer. Et. nous ferons remar
■ quer qu'en, agissant ainsi, ces, offioiers.gé-,
néraux ont fait preuve d'un esprit, d'indé
pendance et de justice qui a toujours", quoi s
qu'on dise, distingué l'armé# frânjijàise. : i
A. WÀcdxer.
! -
Le conseil - d'Etat vient d'être.saisi par !»■'
ministre,des finances des rrjioç]ific'ations qu'il
est question d'apporter au?;, statuts qu!Cré-.
dit foncier. Ces modifications, qui portent-
notamment sur les'articles 2 et 4 des sta-•
tuls relatifs'a^forids ét^ViU■'.càpi|
tal soeial, seront, dit-on,"prbmp'leïnéàt exa-,
toinées-. • -• ■ . i !
,' Yqioi la;nôuvelle rédaction proposée poar,
ces articles : ' ■
•f ■ " ■ . . -, f -,-r ' -, , , J
. Art. 2.,La. ^ociéle, est, autorisée à reevoir, •
aveo ou sijns .intérêts, (jes pâpiiàux or/dépôt. :
Ces-capitaux devront ÔSrà^epïiéséhî'éi, soit ^.ar;
des:versemens «U' compte, cousant au i ïté^oi', '
soit par des valeurs de portefeuille^ oscompta ■ 1
ble§ ^ qOatre-viugt-dix jours"ou ckis' boiw
n'excédera, pa? qpatre .r .yingt-dix' jour?,"sur )es.
•bligations éoiises. pàr.'Jo'.Cçédit'Jjçuciér.OiU tous
autres titres-admis.par lailiaasjueçommft garan-:
tie d'avances. Les conditions et la proportion «doi
ces* divers''ennplois nefont déterminées par loi
conseil,d'administration. ' i
Les ■ versomens au Trésot devront, toujours:
6tre:du quart,au,.mo;riâ,.et;les valpuqs depor-:
tofeuille.ne pourÈoùt fi^çiiiier le .tioiS jau plus dui
montant des isommes ta Société pourra ainsi recevoir en. dépôt ntv
pourront dépasser le chiffre^lo 00 millionsi.. :
Art, 4. Lo : fonds social est porté à'9Q mil
lions do francs, n'est affecté à la garantie de:
engagemens sociaux, et spécialement des^obli-
gations foncières et communales en lettres de
gage. Il so divise en 180,000 actions de 800 fr.'
chacune., 120,000 actions sont, actuellement
émises, les 60,000 autres le seront- sur la déci
sion du conseil d'administration, approuvée
par le ministre des flnances..Lors de l'émission
des nouvelles actions, il sera prélevé, : sur les
réserves disponibles de la compagnie, en dehors
de la réserve statutaire, une somme suffisante
pour opérer la libération de ces actions jusqu'à
concurrence de 280. francs. Le chiffre des ac
tions émises sera maintenu dans la proportion
du vingtième au moins des obligations en cir
culation, conformément à l'article 8 delà loi du
6 juillet 1860. Les nouvelles actions ne pour
ront être livrées au-dessous du pair.
BMW
mtmsta&Éms.
i,
t
L'exécotion internationale des jugemens.
nouvelle convention avec la su1ssb.
2« article.
La multiplicité des relations personnelles
et des transactions commerciales entre les,
individus quiappartiennentàdifférentes na
tions amène nécessairement dans certains
cas des difficultés, des contestations, des
règlemens d'intérêts qui nécessitent l'inter
vention d'une autorité judiciaire.. Quelle se
ra cette autorité chargée de statuer sur les
différends des Français avec les étrangers et
réciproquement? Par quelle procédure por
tera-t-on le litige devant le tribunal compé
tent? Quelles lois appliquera ce tribunal?
Et enfla, lorsque, sa décision aura été ren
due, par quels moyens assurera-t-on l'exé
cution de ses jugemens ? Voilà les quatre
questions principales que nos gouvernans
ont eu à résoudre dans les conventions qu'ils
ont conclues avec les gouvernemens étran
gers. ■ :
Il s'en faut de beaucoup que toutes ces
conventions soient identiques. Elles sont
bien loin notamment, d'assurer une situation
uniforme au Français qui se trouve, à l'é
tranger, en conflit d'intérêts avec un étran
ger. Pour ne citer qu'un exemple, 1e Fran
çais établi en. Suisse, qui-'est en procès
avec un Suisse, est jugé par les tribunaux
suisses du lieu de sa résidence et d'après
les lois de cette partie de la Confédération
helvétique. Au contraire, un Français rési
dant en Egypte, ayant à plaider contre un
Egyptien, a le droit d'être jugé en première
instance par le consulat français, en appel
par la cour impériale d'Aix en Provence, et
•ce sont les lois françaises qui sont appli
quées; • ' ,
,!, p'autres différences, moins sailîuiit^s as
surément màis, cependant . considérables ,
sont consacrées par nos traités. Notre légis
lation internatiopale .en jnalièré ' judiciaire
est donc bien loin encore d'èlro amvi-cà celle
unité que nous indiquions hier comms le
but vers lequel ou doit lendre, ■ ■ '
. Sans doute les, différences .du", fuit ont.pu
légitime-' dés conventions'différai tes. il. est
bien certain, paT exemple, que dans les pays
ou là justice locpie no présentait ni fixité ni^ra-
raîihes, rious„fiv.ous dû assurer,îi, tttjs j'iatio-»
naux, toutes .les .fois que nous l'avons p>' (
la protection do la'juridicîion et de» lois
^.'Vuç^^os, 'Mais cos exceptions doivent né-
-cessaxremerit^lispflriître. à
"régulière,et .une législation impartiale. ïlia'y
a pa,s, 'en'elï'/it,:. deux .vériiés -.^t doux.- justi
ces. £)n peut prévoir le jour^ù les-règles du
droit ihternîiUorinl, seront .assez'clairernont
élupjdées, assez.nëtleipent'formuléos,. pour
-que .les mêmes slipûktittasr'''^iâsonl;iHi, rap
ports detous les peuples entre eux. La'c-on-
vention qui est équitable ayee un peunté
.du Nord ne..saurait ne pas l'être' 'avec un
peuple du Midi. . .
Le traité qui vie r; t i'C-i.ro Cuu'lu éntr.elii
Confédération .suissQ ùt l{i F.r;>nce s'éloigne-
t-il beaucoup ; de ces îég',f>S' immuables que
leur évidente justice fera -un' jour uni vcrsel-
]emént,accpp,îer?, Nous jie le.pensons p-;s; et
nous croyôns que sur beaucoup de points il
Fenilletou du ConslitutionBel, 30 juill
l. • V n
LÀ 'DESTINEE
l»rcm8crë partie.
X.
(Suite.) ■
— Vous autres, ajouta la Hongroise, en se
tournant vers ses amies, profitez, du moins,
da mon exemple 1 Tâchez que cette leçon,
qui me coûte assez cher, ne soit pas pérdue
pour tout le monde. N'oubliez pas ce que
vous avez entendu ce soir, et si vous faites
la folie d'aimer, ' aimez quelqu'un qui soit
libre 1 n'aime^ jamais un homme marié I
n'écoutez pas: ses promesses'" l'soit qu'il ne
le veuille, soit qu'il na. le puisse, il ne les
tiendra jamais... Traître ou menteur 1 telle
est l'alternative, etj "dans les deux cas, vous
êtes aussi mal partagées !• ; : y.
Devant co débordement de parôles violén-
îes, devant cette celère vrai# ou feiatè, mais
vraiment inattendue, irâpé.tueuse, irrésisti
ble, et à laquell» rien ne l'avait préparé,
Roger deMeillan, nous l'avons déjà dit, res
ta comme atterré. . ■
Ce jeutie homme, à qui la nâture et la
fortune avaient, à l'envi, prodigue leurs
plus précieuses faveurs, qui avait pour lui
la naissance, la: distinction, t Ja. fprtunf, et
avec cela .une des .plus jolies femmes 'de Pa
ris- en ua mot tout ce qu'il faut pour vivre
tranquille, honoré, aimé,heureux/ pour
tout dire en-un mot! — s'était -épris tout à
coup dè la Piêtri-Nera. Il âvait' épfouvé —
•et il éprouvait encore—pour celle fière'beau-
t& une de ces passions dominatrices ' abso
lues, insensées/pour l/i^u&Ues, parfois, les
moralistes incertains së^sftriténi tsuiés,d'in
voquer le privilège,.de Tirresponsabilité mo
rale, tant ils leur reconnaissent une puis
sance presque invincible et une domination
fatale. ... ■
(Voir le Constitutionnel du 29 juillet.)
■ Ajoutons qu'en ee moment le marquis
était sous l'empire d'une jalousie naissante,
qui aiguillonnait encore son fol amour. Il
savait qu'un jaune Péruvien, bien de sa per
sonne, et qui paraissait avoir appoïté à Paris
les mines'd'or de sa patrie, rôdait autour de
la belle Hongroise dans un voisinage dont
l'intimité n'était pas faite le moins du monde
pour le rassurer ; tandis qu'un prince russe,
célèbre pour, ses diamans bleus-, voulait-il ui
faire'passer une rivière autour du x;ou. Il
y a vraiment des circonstance» oirl 'Gn ; croi-
'ràit que l'hoinihé n'est- plus maître'dô t ses
actes, où il ne dirige plus sa viè. Il est pré-
cipité iur une pente, où lô's grands mots de
raison, de loyaulé, de devoir et 4'hcnneur
sont impuissans à l'arrêter. ,
Le marquis but coup sur coup un rouge-
"bord dé Romanée-j et une pleine coupe de,
via dé Champagne glacé, qu'il prit Au iia-i
£, sàrd dans les cinq ou six verres qu'il avait
devant lui, et jetant à la jsune f*mmo uti'
regard troublé : . , t _ ■
— Ni moi non-plus, lui dit-il d'une' voix
haletante, je ne veux continuer une pareille
vie, en proie à des tortures qui nous aigris
sent l'un et l'autre... et qui finiraient par me
rendre capable d'un crime!... d» tous les
"cririies ! Je sais que tu as beaucoiip fait pour
moi.;. L , je ne Yeux pas moins faire à mon
tour.' ; Parle I commande! j'obéirai.
" _ É'ii bieii j'exige que tu ne retournes plus
chez cette femme... .
— Cette femme 1... mais c'est ma femme!
murmura le marquis,
— Je ne veux plus que tu me quittes je
veux que tu vives ici, près de moi, avefi'rrio'i,
toujùur's! et que lu sois à moi copine je suis
à'toi.'.. Si tu cjti's non, • va-l-en'; car je'ne
t'aime plusl si tu dis oui, viens ici que je
timbrasse, car je t'adore! , :
En «nlendant l'ultimatum qûi lui signi
fiait cette terrible alternative , M. de Meillan
se sentît effretisem'ent pâlir. Le spectre delà
ho'nte'së dressa'devant lui'; il crut cïnteridra
pat avança 'lës mille bruitsla médisancé,
lès Bîille" échos du scandale, répétant son
nom accolé au nom de cette, belle - impure,
connue d# , ; lout Paris, et avec laquelle sa
liaison n'était plus un mystère pour peison-,
ne. S'il disait oui, c'était toute'considération
à jamais perdue/ c'était une sorte d'infamie
morale, atlachéô'poûr toujourfe a gà-iriémoi-
' re... iiiàis ; s'iï disait non, C'était l'adieu éter-
nel ; c'était la^épxratiqn irrévocable/c'était
la plus séduisante des créatures à jamais ar
rachée de ses bras, gt, chose jplus terrible à
penser, jetée dans les bras d'un autre 1
A co moment'suprême il la regarda.
Jamais peut-être la Pietra-Nera n'avait'élé
plus belle. Elle eût pu poserpour l'image de
la Fascination. L'animation au souper colo-
îait d'un reflet rose l'ardente pâleur de son vi
sage marmoréen; 1 ses yeux noirs avaient des
flammes pour regards ; ses dents humides
étinceiaient à travers ses lèvres entrouver
tes; les àiles fines do ses narines se relevaient
"et palpitaient ; les. mouvemens tumhltueux
de sa pditriné soulevaient la 'légère étoffé' de
sa robo : 'mais, l'espression d'audacieux défi
qili avait'aïiimé ses tiaits- mobiles quelques
inË.tans auparavant faisait place à une mé
lancolie résignée, qui devait la rendre plus
irrésistible encore. 'Le génie du mal, qui
perd les hommes en les charmant, ne doit
pas preridre'de formes plus séduisantes.
' — Je ferai tout ce que tu voudras 1 mur
mura le mari d'Antoinette, qui déjà n'avait
.plus la force de vouloir contre elle. /
Les libations multipliées do ce festin ana-
créontique avaient fini par noyer les der
niers scrupules dans,-les vorres chez ceux-là
mêmes qui s'étaient tenus et' observés le
plus longtemps. Aussi, de toutes parts, au
milieu de ce monde qui vivait de la pas
sion, pour elle et par elle, sans souci de
fce 1 que-l'on appelle la s'ainlëté du devoir,
il y eufun triple hUrraih! et'un applaudis
sement unanime, quand on entendit s'affir
mer ainsi le triomphe do la passion sur la
devoir, de l'amour sur la raison, de la mal
tresse sur la femme !
— Buvons au second mariage du-mar-
qùis 1 dit la rousse aux yeux verts, en sou
levant sa coupe.... .
"... — C'est le seul vrai, àjoulïile jeune M. do
Nangisj et je crois que je puis me vanter
'd'en avoir publié lés bans! Ne trouvez-vous
pas que les futurs époux..,
Futurs passés !
— Futurs présens I f
— Me doivent bien un cierge?
— 06 le brûlera pour foi a leurmesseî
— Si = îious les couronnions de roses? de
manda la sentimentale voisine de M. d'Am-
bleuse dont la voix de colombe n'avait rien
roucoulé dsFpuis'dix minutes. . -
— Il vaudrait mieux envoyer chercher le
bonnet de coton de Roger ! -i'- 1 "
"'"L'incidëhf est -vidé ^ fit le marquis/que
' ces saillies 'menaient mal à l'aise, j'e J potte la
t=ant^é de Nana ! qui -m'aimn me suive ! Ar
rière.,les pèns.ées.funèbres, ne songeons plus
qu'à la joie, au plaisir, à l'&mourr ,
'■ XI. . . .
Le speech n'était pas encore fini quand- la
porte d® la salle à manger s'ouvrit.
— J'avais dit qu'on nous laissât! fit la
. maîtresse de la maison,'en se penchant un
peu pour voir qui arrivait ainsi en trouble-
lâle,.car «Us avait fait retirer tous les domes
tiques.
Les convives «ux-môm^s tournèrent la
tête: •' '■ : '
C'était le maître d'hôtel, dont la tenue
correcte, la mine grave et froide faisait un
-assez plaisant contraste, au milieu de tous
- ces, soupeurs avinés.. Il tenait à la main un:
plateau d'argent, sur lequel:on voyait un'
billet plié en triangle, cacheté, mais sans
enveloppe, et avec un seul nom pour adresse.
— Qu'est-ce donc, Gautier? fit Nana im
patiente; vous savez bien que j'avais dit
qu'on ne vînt pas ! Allez vous-en ! A demain
les affaires sérieuses !
— Madame" la comtesse^ c'est un billet
pour M. le marquis.
— Donnez-le-moi, alors !
Le maître d'hôtel, homme honnête et ser
viteur respectueux, eut un instant d'imper
ceptible hésitation.
- Le marquis se leva ; la comtesse en fit au
tant.- .
Tous les convives, attentifs, retenaient
leur souffle. Chacun devinait qu'il se passait
en ce moment sous ses yeux un drame in
time et violent, dont les - principaux acteurs
jouaient pour eux-mêmes, et prenaient leurs
rôles au sérieux. , , ,,.
^ Jè'm'amuse comme à l'Ambigu! fit
Nangis à demi-voix,
Nana et Roger, cependant, avaient avancé
'la main en même temps vers le plateau. M. -
de Meillan prit la lettre. '
-r-. On attend I dit le maître d'hôtel.
— D» qui est-ce ? demanda impérieuse
ment la Hongroise; <•
Le marquis ne répondit pas, mais il pâlit
et rougit tour à tour»; ét un frisson nerveux
le secoua. ! Il avait reconnu le cachet de
Bfme de Meillan. : •
—• C'est de ta femme, je crois ? fit la Pie
tra-Nera avec une singulière hauteur, i ... .
■Il répondit par un signe de tèto qui disait
oui. -.
Alors, c'est moi qui lirai ! donne donc!
fit-elle, en demandant le papier du geste au
tant que de la parole.
Déjà Roger avait brisé la .cire, et-il avait
lu — dévoré — d'un coup d'œil, 1rs troi§
lignes jetées en bâte, dîune main'fiévréùse,;
sur la page jrestëe blanche., - ; . j
— Ya I tu peux lire en effet ! dit-il en lui,
passant le billet. tout ouvert... Adieu ! »
— Ah ! fit la Hongroise, eu laissant retom
ber le papier. -j
Roger s'élança vers, la porte.,La Piotra-f
Nera le suivit. " , J
Tous les convives se levèrent. 11 y eut!
comme un tumulte pendant quelques secon-j
des. Chacun se demandait quelle ..pouvait'
être la cause de cette sortie, qui ressemblait
si fort à une fuite. ' . |
— C'est peut-être sa feinme qui vient 1© ;
cherclierj dit, la, blonde voisine du baron,
d'Ambleuse, Rozane Hébel> qu'on surnom-;
mait la Verveine, à cause du parfum qu'elle^
portait toujours. . .. .. J
— âi c'était celay il ne s'en irait pas, lit
Julia, la rousse aux yeux verts. -
— C'est plus grave ! exclama M. de Nan- ,
gis, qui venait de ramasser la lettre oubliée
à terre. , .
— Lisez ! lisez donc ! cria-t-on da toutes
parts. , ,
« Pardonnez-moi i de vous déranger,;mon
ami... mais votre fille se meurt. Je vous en
voie la voiture. Ramenez un médecin. Je
suis folle.
» antoinette. » i
Il y eut un mojuent de silence. Tout la^
monde se regarda. Sur tous'Jes visages on
•pouvait lire un-effroi voisin fie la stupeur J
Ce dramatique incident avait remué fies fi-
"bres secrètes au fond des cœurs les plus en
durcis. On peut se jouer. de l'honneur des
familles,.de la vie des hommes, du repos
des -femmes, de leur bonheur, de leurave-
iijr, do touts) leur existence.,, Qn peut boiro
leurs larmes,! ce sont passb-temps de cour
tisanes. Mais choz .les plus.perverties -d'en
tre toutes ces créatures, la maternité reste
toujours auguste.et sacrée... elles se disant
qu'elles aussi.peuvent-être mères!-et les
droits de l'enfant demeurent impresetip-
tibies à^leurs yeux.
Aussi ce billet de deux lignes," qui proje
tait sur tous les fronts l'ombre d'une enfant
mourante, changea-t-il en un moment les
dispositions de chacun.. Je n'en .'saurais
comparer l'effet plus justement qu'à ces
coups da tonnerre des.«rages d'étéj quiécla-
tent parfois oans.la sérénité d'une matinée
bleue, sans que rien les ait présagés, et qui
bouleversent la nature entière. ;•••>
■ ! Elle-même, la fi ère Pieti'a-Nera; malgré
son humeur àltière, sa volonté implacable,
et sa haine injuste et farouche coràre/fe itour-
quise/elle.sentit bien que tout le mon'iVlui
donnerait tort, si .«11b -tentait. maintenant
d'abuser de son influence pour retenir M. de
Méillan près d'elle,
• Elle ne pouvait, sous.peine de'sa vuir'sé-
vèrement blâmer jiar les moins' austères de
ses belles'amies, rien se penïKjtlîe contrfe la
inère d'une pauyre enfant à son lit de mort.
Le mari se livrait à elle .tout, entier : c'était
bien 1 mais elle n'avait pas le droit de tou
cher ati père.
Elle, le comprit, ,'
" Aussi/d'un -ton mécontent dont elle eût
voulu faire un ton chagrin :
— Parlez! je ne vous retiens pas 1 dit-elle
à Hogery :qu'elle avait suivi jusqu'à la porte
de son dernier sa Ion;-partez 1
■ — Il le faut bien! répliqua doucement le
-maçquis avec un. regard qui priait. Ceci est
vraiment un- cas de force majeure... et toi-
même tu ne me pardonnerais pas;.. : '
•-nJaçhez.que je n'ài'e pas autre chose à
vous pardonner l
—■Nana i ' < ■ » .-. m ■ 1
•— Quand puis-je espérer vous revoir !
— Qhl dès que je pourrai, tu n'en douïes
pas. ■ l.l; V. • .
. — Mais-quand pourrez-vous ? Dans un
.mois? . "■■ ... j . ■ ■
'■ ■— Folio 1 , tdemaînfmatin ! de bonne heurt!
Adieu, ma chère aimée..." 1 1 --i . <
Il,se pencha vers olie pour' l'embrasser.
rEllo.,baissa la >têîe , ;se. dérobant aiix lèvres
-qui la> cherchais 1/et le baiser se'perdit
■dans ses cheveux. Et, comme si ce refus dé
la ; dernière caresse a'eût pa,s été.encore
assez pour elle, son'dermeî mot'fut'ucefjè-
che de Parthe, 1 iî ! écro".h'éeeR p'einè poîimie :
— ■Tout ce que, tu viiiiis de me- conter \h
i dït'.ello, 'tu sais bien une i« n'on '
pas un 'mot. 1
luidït-ello, 'tu sais bien que je n'en crois.
peux-tu parler
t— Ah ! malheureùs.e I
ainsi?
— Eh ! qui me dit que toUl cela n'est pas
une histoire forgéé à plaisir par ta femme
qui trouve là nuit longue, et' qui' s'ennuie à
tîûttendrel... Mais", prends gsrd'j;'car si j'an-
prenàis qu'à yous deux vous m'ou^ie?.
ttompée...
-—Ne crains, rien ! lit la marquis avec, une
mvolGptôire tristesse; et peut-être un mé
lancolique retour sur les joiès^si vite perdues
do sa-vie-de-fâmillé; elle ne m'aime plus
assez pour mentir..". Adieu 1.
'ut-' ,v • . .'ï-'<»wïs'EMAIJtT. .
(Lq sutle À un prochain numéro.)
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