Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-07-22
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 juillet 1869 22 juillet 1869
Description : 1869/07/22 (Numéro 203). 1869/07/22 (Numéro 203).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
S4« ANNEE.—N* 205.
J
BOREAUX A PARIS r i« de Ttlols 40." ■ '
II
ABONNEMENS DES DÉPARTESŒNS H
TROIS MOIS. 16 FR.
BIX MOIS... 32 FR.
UN AN 64 FR.
• «i(r *^ass pays étrangers , voir le tableau
publié les 5 et 20 de chaque mois.
Imprimerie du Constitutionnel,
E. G ibiat et Cfi.
rue des Bons-Enfans, 19.
JOGRNAIi POLITIQUE IITTERAIRE EMYERSEL.
Le modo d'ABONXEMENT le plus simple est l'envoi d'un bon de poste ou d'un
sur Paris, à l'ordre de l 'administrateur du journal, r. de Valois, n. 10.
effet
Les lettres ou envois d'argent non affranchis sont refusés.
Les articles déposés ne sont pas rendus.
'JEUlîï 2 € J JUILLET 1869.
ABONNEMENS DE PARIS;.
TROIS MOIS....... 13 FRÏ
51? MOIS v 26 FR.
UN AN. S2 FR.
UN NUMÉRO 90 CENTIMES.
Les abonnemens datent dès •?" e * 1®
de chaque mois.
S'adresser pour les Annonces à MM. F auchey, Laffite, B ullier, et C e ,
place de la Bourse, 8, à M. Dcport, 7,' rue Coq-IIéron, et ^Waji dujour^
v ---- - réserve d'examen,, et, fil y. alteu,de modification parJadmimstrano»
Les Annonces ne sont reçues que sous la réserve
du journal.
PARIS, 21 JUILLET.
La détermination prise par le
ment de maintenir la prorogatio
Législatif continue à être, de la
grand nombre da journaux, l'objet"
ques dont nous ne saurions, en tout!
rité, admettre la justesse.
Cëtte décision peut être envisagée à un
double point dé vue, celui du droit et celui
de l'opportunité politique. Quant au droit,
aucun doute ne saurait s'élever : le pouvoir
exécutif a constitutionnellemeat le droit
de proroger l'assemblée des représentans ;
aussi, là-dèssus, toutes les opinions sont
•d'accord. Reste la question,d'opportunité.
Or, nous le demandons àtousles hommes
de bon sens, comment serait-il possible, sans
préjudice pour la cause libérale, de faire déli
bérer en même temps une Chambre à pou
voirs restreints et un Sénat chargé de préparer
les décrets qui doivent étendre ces pouvoirs 1
On nous a bien dit que le Corps Législatif
«'avait qu'à terminer la vérification des pou
voirs et qu'il aurait pu accomplir cette tâche
-dans la quinzaine préô^d^Jt|a réunion du
Sénat. Mais, a-t-ondéjà ôdfelie qu« la gauche
s'était dès le début déclarée contre l'opinion
de ceux qui voulaient renfermer la Chambre
dans ces limites étroites et qu'elle préten
dait, au contraire, donner aux délibérations
des développemens infinis, voire même
ériger la Chambre en un» sorte d'assemblée
constituante ï II suffit de rappeler ces vel
léités an ïnème temps que Ips dispositions
de certains esprits hostiles au principe pro
gressif du message impérial, pour démon
tre!;, que la reprise des séances de la Chaxn-
loin d'avancer les réformes censtitu-
nelles, les aurait retardées, sinon compro
mises. ,
Certes, nous comprenons l'impatience lé
gitime qu'éprouvent les députés dont les
élections sent contestées, de voir leurs pou-;
- voirs examinés et consolidés par un vote de
leurs collègues ; mais, n'est-ce pas là Une
question d'un ordre relativement secondaire
en présence de cette autre question, la pre
mière entre toutes, celle de modifier la Cons
titution, promptement et par la voie régu
lière, sur les bases du message impérial?
Les signataires de l'interpellation du cen
tre gauche .l'ont compris comme nous. Dans
leur réunion d'hier ils ont adopté la résolu
tion suivante :
? . ......
: a Les signataires, persistant dans les idées
» et dans les principes que formulait leur
» demande d'interpellation, s'ajournent à la
» prochaine convocation du Corps Légis-
» latif. »
La portée de cette résolution est facile à
saisir, Les auteurs de l'interpellation, avant
de juger 1® ministère, veulent le voir à l'eau-
H vre, prêts à l'appuyer dans l'exécution large
et sans délai des réformes promises. C'est
là une attitude parfaitement digue et vrai
ment politique, qui sera approuvée, nous
en sommes sûrs, par tons les bons esprits.
Le gouvernement sait maintenant à quoi
s'en, tenir ; qu'il se mette promptement à
l'œuvre, qu'il réalise le programme impérial
«du 12 juillet tel qu'il a été conçu, c'est-à-
dire dans un esprit sincèrement libéral, et
il aura avec lui la majorité de la - représen
tation nationale, la majorité du pays.
Une crise, qui n'est pas' sans gravité,
fient de se produire en Angleterre.
On sait que la Chambre des lords ne veut
accepter le bill relatif à l'Eglise d'Irlande
qu'avec certains amendemens qui en altè
rent, jusqu'à un certain peiût, l'esprit et
l'économie, et que le ministère, d'accord
avec la majorité de la Chambre des commu
nes, a déclarés inacceptables.
La Chambre des lords, malgré le bllme
que sa conduite a rencontré dans lepublic, a
maintenu dans un nouveau vote les amende
mens antérieurement adoptés. Par suite,
lord Granville a demandé l'ajournement des
débats afin de se consulter avec ses collé- J
0™- ,,d
/fcNbus appelons l'attention de nos lecteurs
-5u'r ; -'n\tre correspondance s particulière de
MadiLdjj qu'on trouvera plus loin. Il est cer-
ourd'hui que l'opinion carliste gagne
ain dans l'armée et dans les masses,
découverte d'une conspiration carliste
la garnison de Saragosse n'a /ait que
retarder un mouvèment que le ministère a
eu le tort jusqu'à présent de traiter avec
dédain et qui semble imminent.
Edouard Simon.
TÉtâGBAPBQE' PRIVÉE.
agence ha vas.
Aiajgleîew'e.
Londres, 21 juillet, 2 h. du matin.
Chambre des 'lords. — Après une très vive
discussion, la Chambre décide, par 173 voix
contre 95, de maintenir ses amendemens au
préambule du bill relatif à l'abolition de l'Eglise
d'Irlande.
Lord Granville déclare aussitôt qu'il ne peut
pas prendre la responsabilité de continuer la
discussion sans consulter ses collègues du cabi
net. Il propose, en conséquence, d'ajourner la
discussion.
L'ajeurnemeat de la discussion est adopté.
Londres, 21 juillet.
Un conseil des ministres -sera tenu aujour
d'hui à onze heures.
Le Morning Post et le Daily News disent
qu'il est indispensable de retirer le bill sur l'E
glise d'Irlande et de convoquer pour l'automne,
«n session extraordinaire, le Parlement, afin de
lui soumettre le bill de nouveau.
Le Times recommande une grande modéra
tion aux deux partis et la continuation des dé
bats à la Chambre haute à l'effet de réaliser un
compromis.
Etats-Unis.
i Washington, 20 juillet.
L'autorisation, donnée par le gouvernement
américain, pour l'atterrissement du câble fran
çais, comprend le droit de mettre la nouvelle li
gne en activité assitôt que la pose sera terminée.
New-York, 20 juillet.
Le steamer Holsatia. de la compagnie ham-
boyrgeoise, çst arrivé a New-York, ce matin à
sept heures.
, New-York, 20 juillet.
Le parti radical cherche M faire annuler les
élections de Virginie pour cause d'intimidation
exercée sur les nègres.
Los moissons sont partout beaucoup.au-des
sus d'une récolte moyenne.
Le.maréchal des États-Unis a capturé, h mi
nuit, le ijBste de l'expédition des flibustiers des
tinée à Cuba. Le colonel Ryan s*ost échappé. Le
maréchal a télégraphié au président qu'il croyait
que cela mettrait fin à toutes les entreprises do
co genre à New-York. . /
On assure que les chances dos insurgés de
Cuba sont très faibles. v
Belgique.
Bruxelles, 20 juillet, soir.
La cour d'assises..a condamné M. Bachelory à
six mois de prison et à 200 francs d'amende
pour offense enrors l'Empereur des Français.
Bruxelles, 21 juillet.
La brochure qui a motivé hier la condamna
tion, par la cour d'assises du Brabant, de M. 6a-
cholery à six mois de prison, 200 fr. d'amende
et tous,les frais du procès> pour offense envers
l'Empereur des Français, était intitulée : la Ré
volution et datée du 1" mai -1869. Le ministère
public a très énergiquesnent soutenu la préven
tion.
JtïossSe. .
Saint-Pétergboùrg, 21 juillet.
L'assertion de la Patrie, d'après laquelle la
revue de la flotte passée à Tramsuna devrait
être considérée comme une démonstration anti-
prussienne, çst démentie par ce fait que tes per
sonnages étrangers qui ont assisté à cette revue
étaient tous des Prussiens, savoir : l'ambassa
deur de Prusse, le plénipotentiaire militaire
prussien et trois autres officiers allemands.
Le plénipotentiaire prussien accompagnera le
czar dans son voyage en Crimée.
Le czar partira dans huit jours pour la Cri
mée. ✓ "
service l)e nuit:
• ■ Prusse........, .
Berlin; 21 juillet.
La Correspondance provinciale dit que le
congé donne à M. de .Bismark, en tant que mi-
nistro prussien, n'est que provisoiro. mais que
son éloignement dos affaires est' complet pour
toute la durée de ce congé. Ainsi, pendant cet
te période , M. de Bismark ne prendra aucune
part aux projets de loi qui serdnt présentés au
Parlement prussien.
La Correspondance ajoute que l'accord qui
existe au sein du ministère permet d'affirmer à
4'avance que l'esprit et les tendances politiques
de M. de Bismark continueront de prévaloir.
La Correspondance confirme qu'uue loi géné
rale sur l'enseignement sera- présentée prochai
nement au Parlement.
EBjsagme.
Madrid, 21 juillet.
On annonce que le général" Prim partira pour
Vichy dans les premiers jours du mois d'août,
s'il ne survient pas de complications.
cours de la. bourse. ,
codhs de clôture, le ïo le 21 Hausse. Baisse.
30/Oaucomp't. 71.80 72 05 e 25 » s
—Fin ctu mois. 71.75 71 97 » 22 » »
41/2au cotnpt. 103.50 103 20 » » » 30
Le Journal officiel du 21 publie le décret
suivant
NAPOLÉON, • ;
Par Ta grâce de Dieu et la volonté nationale ,
Empereur des Français,
A tous présens et à venir, salut ;
Vu l'article 23 deJa Constitution, * »
Avons décrété et décrétons co qui suit :
Art. 1 er . —.M. Rouher, sénateur, ancien mi
nistre, est nommé président du v Sénat poijr l'an
née 1869.
Art. 2. — Notre garde des sceaux , ministre
de la justice et des cultes, est chargé do l'exé
cution dii présent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 20 juillet
1869.
, NAPOLÉON.
Par l'Empereur :
Le garde des sceaux, ministre
de la justice et des cultes,
duvergier. •
. si. isociiEit.
Depuis quelques jours, une question étaif
sur toutes les lèvres :
« Que va faire M. Rouherî »
On ne pouvait croire que réminent minis
tre d'Etat abandonnerait le pouvoir comme
tout le monde, et qu'après avoir occupé le
second rang comme influence et comme au
torité, il se résignerait à un rôle plus mo
deste.
On disait que Mr Rouher refuserait toute
espèce-de compensation; qu'il se ferait
nommer député et que, de son banc, il do
minerait encore cette majorité qu'il a si sou
vent et si longtemps entraînée par la puis
sance de son incomparable .talent.
On disait aussi quo M. Rouher se retirerait
ostensiblement de la spène politique, et
qu'en réalité, caché derrière tel ou tel con
seiller de la couronne, il serait l'inspirateur,
l'âme du nouveau ministère, en attendant
qu'il' reprît la direction des affaires publi
ques. :
La présence do M. Rouher au Corps Lé
gislatif pouvait créer de sérieux embarras
au cabinet. Un ami trop important est sou
vent dangereux, et il est évident qu'un mi
nistre qui n'aurait pas sur la Chambre une
action directe rer'et faire place à un autre mieux écouté.
M.< Rouher a sans cloute compris tout cela.
Il aura pensé que.sa retraite devait être sé
rieuse et paraître telle, puisque le Journal
officiel de ee matin nous apprend qu'il est
nommé président du Sénat pour l'année
1869.
Les premiers, peut-être", dans la presse
dynastique, nous avons r«gretté que M. Rou
her n'ait pas laissé à des.hommes nouveaux
la mission d'élaborer et (d'appliquer les ré
formes du 19 janvier. Aussi nous trouvons-
nous fort à l'aise peur rendre justice aux
facultés tout à fait exceptionnelles du nou
veau président du Sénat.
Organe irrespensable d'une poliliquo né
cessairement variabl^puisqu'elle doit sui
vre les mouvemen's changeans de l'opinion
publique, M. Itouhar fut amené par les exi
gences de sa situation à soutenir les th^ps
les plus opposées. La liberté de la presse,
qu'il défendit l'année dernière, avait trouvé
•n lui, quelques mois aupararanl, un ad
versaire résolu et très autorisé. De même
pour le droit de réuniom
Au cette absence de doctrine per
sonnelle était absolument conforme à la let
tre et à l'esprit de la Constitution impériale.
L'Empereur concentrant entre ses mains tou
te l'autorité et aussi toute la responsabilité,
8on ministre principal n'était, pour ainsi'
parler, que le verbe du souverain, l'avocat
. chargé d'expliquer et d® défendre une cause
dont il n'avait pas composé le dossier. 1
L'opinien publique commençait à s'émou
voir de ces fréquentes contradictions, ce qui
indique fort clairement que la France n'ad
met pas plus l'irresponsabilité des ministres
aujourd'hui qu'elle n'admettait l'irrespon
sabilité du monarque sous le gouvernement
de Juillet, 1
La! cenfiance s'affaiblissait, on s'irritait
d'autant plus que tout le, monde savait M.
Rouher fort capable «d'avoir une politique à
lui et d'appliquer ses propres idées.
On eût désiré qu'au lieu d'être l'organe
persistant des phases successives de la poli
tique impériale, M. Rouher se réservât pour
une autre miss.ion ; qu'il se retirât pour se
montrer fidèle à lui-même, et qu'il reparût
pour accomplir avec éclat l'œuvre admirable
dont la France poursuit l'achèvement depuis
1789.
M. Rouher possède au plus haut degré les
facultés et les connaissances qui font les
grands'ministres. Toutes les branches de la
politique, toutes les parties de l'admiaistra-
tion lui sont familières ; malheureuse
ment, l'opinion ne se laisse guère in
fluencer pat les textes de loi; elle ne voulait
pas croire à l'impersonnalité du ministre
d'Etat, et sa parole perdait chaque jour de
cette autorité si nécessaire à celui qui parle
au nom de l'Empereur.
S'il avait fait la première expérience des
réformes que nous promet le message, im
périal, il eût porté le dernier coup à sa po
pularité : peut - être même fût-il tombé
sous uqe manifestation de cette Chambre
qui cependant lui était si dévouée.
Il l'a compris : il s'est retiré. Au Sénat, il
peut jouer un grand rôle, en mettant toute
sa iégitime influence au service de la liberté.
On nous dit que certains sénateurs seraient
disposés à restioindre plutôt qu'à étendre les
réformes soumises' à leur haute approba
tion; c'est à.M..Rouher qu'il appartient de
défendre la cause parlementaire et de don
ner ainsi un gage aux idées.nouvelles.
Il n'y a pas, il ne doit pas y avoir de fer-
ces perdues en politique. Si nous avons
salué comme une bonne nouvelle la sup
pression du mini&lère d'Etat, c'est qu'elle
permettra à M. Rouher de refaire sa popu
larité; de rétablir .sa'situation vis-à-vis du
paj s, de se retremper dans la retraite et de.
reparaître aux affaires le jour où l'on aura
oublié les contradictions de l'orateur pour
ne songer qu'à, la grande intelligence do
l'homme d'État.
ROBERT M1TCHELL.
d'interpellation, s'ajournent à la prochaine con
vocation du Corps Législatif. »
La gafliche s'est réunie aussi hier soir dans
la salle des conférences du Corps Législa
tif; M. Thiers aurait proposé l'adoption
d'une sorte de compte-rendu aux électeurs,
sur la rédaction duquel il a été impossible
de s'entendre.
am. matagrin.
Le conseil des ministres a tenu aujour
d'hui sa séance ordinaire à Saint-Cloud,
sous la,présidence de l'Empereur. «
Hier, au ministère de l'intérieur, a eu
lieu une réunion préparatoire de quelques
ministres à l'occasion du sénatûs-consulte.
On assure, dit la Patrie, que M. de Chasse-
loup-Laubat est chargé de la rédaction du
projet, de concert avec d'autres de ses col
lègues. . /
Nous lisons dans la France :
Plusieurs journaux annoncent que le nouveau
sénatus-consulte sera préparé par M. le marquis
de Ghasseloup-Laubat, auquel seront adjoints
plusieurs membres du conseil d'Etat.
D'après nos propres informations, ce rensei
gnement serait exact. .Mais nous croyons pou
voir ajouter que M. Duvergier, ministre de la
justice, a été chargé de cette élaboration, avec
la ministre président le conseil d'État. '
L'Empereur, en remettant ce soin à ces deux
ministres, leur aurait, exprimé son intention
formelle que toutes lep réformes annoncées dans
le message soient introduites dans le • sénatus-
consulte do la manière la plus libérale. .
S. Exc. M. Baroche vient de quitter Paris pour
se rendre à sa campagne, où il compte passer
quelques jours avant l'ouverture de la session
extraordinaire du Sénat. ■
M. Baroche est aujourd'hui le plus ancien
membre du conseil privé. Il on fait partie de
puis 1888, époque de la fondation.
On parle d'une lettre autographe très affec
tueuse que l'Empereur aurait adressée à m. Du-
ruy lç jour même où il a accepté la démission
de co ministre.
Soixante des signataires d® la demande
d'interpellations, les seuls encore présens.à
Paris-, se soVit réunis .hier dans l'un des bu
reaux du Corps Législatif, sous la prési
dence de l'hono'rabie M. de Talhouèt qui
s'est exprimé en ces termes : , i
« Lorsque nous avons appris que le Corps
» Législatif $tait prorogé inaefiniment, il a pa-
» ru convenable à plusieurs d'entre nous de
» provoquer une réunion des députés qui
» avaient signé la demande -d'interpellation,
» pour affirmer à nouveau, avant de nous sé-
» parer,- les principes et les idées au nom dos-
» quels nous avons obtenu par un message de
» 1 Empereur d'importantes réformes libérales.
,» Pour ma part, a, ajouté M. de Talhouët. je
« pense que nous n'avons plus aujeurd'dnui
» qu'à attendre'avec confiance le résultat du
» sénatus-consulte, en déclarant que nous res-
» tons cependant unis panr le succès des mô-
» mes'idées et des mêmes principes. »
Sur la proposition de M. Buffet, il a été décidé
que MM. Sagris et Josseau s^raient ehargés de
formuler, dans les termes les plus concis, la
déclaration des signataires do l'interpellation,
et que cette déclaration pourrait être rendue
publique. La voici :
« Les signataires, persistant dans les idées et
dans loj principes que formulait leur demande
La Patrie publie la lettreftuivante :
Paris, 21 juillet.
Monsieur le rédacteur,
Je vous demande la permission de rectifier
une erreur de votre journal.
En citant les membres du conseil privé', la
Patrie nomme S. A. I. Mgr le prince Napo
léon le premier. Le, prince ne fait pas partie
de droit du conseil privé; il on avait été nom
mé vice-président,'et a dônné sa démission en
186S ; il y a donc quatre ans quo le prince n'a
plus pu à prendre aucune part aux. délibérations
des conseils du gouvernement, quels qu'ils
soient.
Des bruits fort inexacts ou tout h fait faux
sont fréquemment répandus par la presse sur
le cbmpte du prince ;M"opinîon publique y at
tache, en général, trop peu d'importance pour
qu'il Boit nécessaire do les rectifier oa de 1rs
démentir ; mais il me semble, Monsieur le re
dactetir, qu'il n'en saurait être de même du fait
matériellement.erroné que-je lisdans la Patrie,
et que -je vous serai obligé do vouloir bien pec-
tifier par la publicatioa de ma^lottre.
Recevez, Monsieur le rédacteur, l'assuranco
de ma considération la plus distinguée.
' ESI. UUBAINE,
Secrétaire particulier,diLprince Napoléon.
M. Justin Durand nous adresse la lettre
suivante: .-
!• ;: • - Paris; 21 juillet 1Ç09. •
Monsieur le rédacteur en chef,
^L'attaque inattendue, contraire à tons les
précédons, qiîi s'est produite au Corps Légis
latif les 2 ut 3 juillet contre mon élection, a été
poudant quelques jours un aliment pour la
presse. . .
Il m'avait paru inutile d'intervenir dans cette
polémique: - 1 ■' -
Calomnié à la tribune, c'est de la tribuno seu
lement quo j'attendaijj une juste réparation.
Aujourd'hui; la prorogation indéfinie du Corps
Législatif remet cette réparation h une • époque
si éloignée, qu'il ne me rsste plus d'autre nioywn
de protoster contre d'odieusos' imputations que
par la publicité dos journaux. '
Je viens donc vous demander, l'insertion la
plus prompte possible de cette lettre par laquelle
je donne le démenti le plus absolu, le plus for
mel à toutes les allégations calomnieuses inven
tées contre mon élection.
J'ajoute que j'ai remis h Ja sous-commission
du 7 e bureau les documens les > plus précis, les
plus authentiques, pour les réduire à néant.
J'attends, avec la plus vive iaipalionco,- la
jour où la'discussion publique vengera la véri
té ei indignement outragén. ■
Veuillez agréer, Monsieur lo rédacteur en chef,
l'assurance de ma parfaite considération,
JUSTIN DURAND.
43, rue Neuve-des-Mathurins.
Nous sommes en mesure de préciser un
incident qui se .jattacheau£ dernières com
binaisons ministérielles; et sur lequel noiis
avons recueilli des renseignemens positxts.
Le ministère de l'instruction publique,
confié à M- Bourbeau, avait été offert d a-
bord à M. Segris qui l'a refusé ; ,
C'est alors que l'oa a songe à placer M. ;
Segris à la justice et M. de la Guéronnière à
l'instruction publique, Mais, par des raisons
politiques déjà coanues , M. Segris ne pou
vait accepter cette nouvelle proposition.
Quant à M. dé La Guéronnière, de passa-
_j' à Paris vendredi dernier pour se rendre
aux eauï de Niederbronn, il fut appelé
aussitôt chez un des ministres qm avait re
çu de l'Empereur la mission de coecourir
à la formation du nouveau ministère.
À la communication qui lui fut faite, no-
tre ministre à Bruxelles répondit'en expo-,
santles motifs qui lui faisaient décliner
teute pensé» devant aboutir à son nom.
r c. riEL.
revue des journaux de paris
DU 21 JUILLET.
Le Journal des Débats apprécie l'article du
Peuple français que nous avons reproduit,
hier en partie; ses réflexions sont conformes
à celles qu'à'publiées le Constitutionnel. ;
M. Clément Duvernois se trompe quaind .il
croit que le chef d 'un Etat ne peut, sans abdi -
auer, tenir compte des volontés exprimées pat,
les représentans d« psys qu'f gouverne, ot que
les souverains qui n'oni oas à compter avec les
Parlemens sont les seuls à lAire jgrand. Pour ne
parler que de ce que nous &yphs vu de nos
propres yeux et à nos portes, la y^oria,
le roi des Belges, LéopoId I er , et . io .roi Victor-
Emmanuel ne seront-ils pas places tK»_ naut
dans l'histoire? Leurs règnes ne compterons
pas parmi les plus 1 heureux et-les plus .brillais
du dix-neuvièmp siècle ? Sous- l_o sage et loyal
gouvernement de la reine Victoria, l'Angleterre
a développé ses richesses dans . une, proportion
énorme : elle a réformé , ses anciennes lois
commerciales, montré la première k l Europe
ce que peut la liberté du commerce pour la pros
périté des nations; la gloire des armes n,e lui a
pas manqué : elle a,triomphé avec nous en pri
mée et en Chine ; elle a dompté en quelques
mois la gigantesque insurrection des Gipayes/
et peadaut que nous liquidions , tristemeat
nos comptes du Mexique, elle frappai?;, un coup
décisif" au cœui d 'un -pays sauvage, presque
inaccessible, où jamais les,forces d aucune puis
sance- européenne n'oyaient encore pénétré. La
Belgiquo ne peut pss prétendre à joutrun ? oie snr
les grands chainps de h citai 'le -do 1, uni ver», îri °^
lo roi Léopold l or a su au'pioi«s, JftHÎ
plus congtitûtionnel des souvuriïjns <îl}Topeen» f
assurer à son pays, on .même
dépendance et la prospérité, une h Wf,. P"'» ;
quo illimitée et la plus parfaite, égJMJte civi
le.;-Quant' au prince -que nous appels au
jourd'hui ron d'Italie,, si co- sont nos aiiii's
qi>i ontr '-repoussé l'Autriolie de la Loiif .'?»
n'est-ce pas sa > qualité de ,roi canstitntioj.în^i
qui, en lui attirant s i le-Tespec,ti et ,1.amour
peuples de la péninsule, les a décidés.a^so. ran
ger sous- son-sceptre 'Constitutionnel. de? ,,qu ils
ont pu disposer d 'eux -mêmes? A quoi a-i il du
ce beau surnom'de'«rat honnête homni/e (re çççr
lantuotn»)r; si-re -n 'est à son respect ppur .eftia-
tut'qu'il a, le lendemain de Novare,'reius» il j-
broger, maigre toutes les iustano«> de'. 1, A utric-ie
victorieuse ? On voit que les souver^s consti
tutionnels sont parfois ceux qui font Jo plus
grand.
■ La France est'de l'avis-des- Débats, EHe*
ne^voit dans l'article du Peuple-français
le développement de la doctrine de la dicta
ture, libérale,, deux idées inconciliables :
N'est-H^pas" évident quo, lo jour où lo-pouvoir 1
personncl'assooiB à sa responsabilité • d'.iutn s-
responsalité• «rtlbctives; et introduit, le : çon!.;olo
d'un autre pouvoir 'dans son initiative ut.Jaos
ses actes, ce jour-là, il se dénatureiforceTpent
et Cesse d'exister-? <- - ■ •
C'e'st co qui est-arrivé dès le 24- novftn)t>r«
186 *0 fc'est ce qui aïrive aujourd'hui avec yo'-l
irrésistifilo impulsion. Au lieu de. .le:iU>s»rnukt.
sous 1 des hàbiletésde langage qui ne sont (j'ie îles'
équivoques indignes u'un grand prin.ee etd uu
giiar.d'pûupte, il faut avoir'le courage-de le ,a, 1 ni
pour ne pas entretenir des- 1 illusions fatales qu 1
n'abdutiraiept qu'aux -plus cruels métpuipti^-
M. Duvernois ne va pas sans doute, dans l'wx-
pression de sa'doctrine, à cette -formule absolue»
par laquelle nous la traduisons ; peut-ôtro nie-
me ne croit-il 'pas y aller-:-'mais ce< n'est quo
l'erreur d'un esprit"-généreux ; la forme
peut rien'; le fond est bien tel que nous t'ap
précions. — 1 J. Cohen.
Le Siècle rrroit potsih 'ljté
de faire grand. Passantes revue les réfor
mes que lo Peuple demande.au pouvoir
exécutif, il s'exprime ainsi:
Il faut de 1 l'argoat et beaucoup d'argent poar
, établit.riûslructioa primair.o gratuite <-t obligw-
«toiro. Où'en trouver? Dans uhè'forte réduction
^g383858S«agî
Feuilleton M Constitutionnel, 22 juill
LA DESTINEE
Première partie.
, IV.
(Suite.)
L'autre trait fatal àu tableau des mœurs
modernes, ce sont les tendances, de jour en
jour plus nettement, plus audacieusement
accusées, d'un séfrsualisme qui nous dé
bord». L'on ne sSsgpjQtante pas de briller, on
veut jouir. La çréojceupation du bien boire
et du bien maugei; à. ^nvahi tout le inonde ;
la cuisina, aujourd'h^fs^on journal com
me la salon, et les feuilles les plus accrédi
tées, entre les nouvelles de la cour et las
comptes rendus des Chambres,'publient le
menu du lendemain.
On ne nous parle que de jus et de coulis,
d'entremets et de liors-d'osuvr», ds-potagas
et de ragoûts, Pour peu que vous ayez plus
de cœur que d'estomac, c'est à vous donner
envie de mourir de faim, ou tout au moins
de vivrs de broueLnoir.il est passé le temps
où. une maîtresse de maison était certaine
de faire oublier le rôtiabsent à ses convives,
en leur contant une histoire bien tournée.
Le luxe de la, table a, du reste, suivi la
même progression que tous l«s autre"s. Un
(Voir» le Constitutionnel du 21 juillet.)
dîner aujourd'hui est une grosse affaire qui
soulève la question d'argent. Il n'est plus
permis à personne d& recevoir, compte au
trefois, ses amis sans cérémonie. La salle à
manger est devenue un champ clos comme
le salon : toutes les rivalité* s'y rencon
trent et s'y livrent bataille. Là aussi on fait
assaut de recherches et de magnificen
ces ; là aussi on lutte d'excentricité. On
viole à plaisir l'ordre des.saisons; on sert des
primeurs fades et coûteuses, longtemps avant
lemomènt où la nature, qui fait bien ce
qu'elle fait, leur donnerait une maturité sa
voureuse; on sert pour l'œil plus que pour
la bouche, à la russe, avec une abondance
exagérée de cristaux et de lumières, et des
surtouts d'argent dont, souvent, le prix
paierait une petite fèrme. On emprunte à
tous les pays le fond même du festin; on
peut faire un cours complet de géographie
avec son menu : le caviar vient de Péters-
bourg, le sterlet, du Tolga ou de la Moldavie;
les langues de renne», de Norvège ; les
jambons, d'Tork; les grouses^ d'Ecosse ; les
gelinottes, de Russie; les faisans, de Bohème;
le filet d'ours, dés Alpes et des Pyrénées.—
Pais il y a aussi le chapitre des excentrici
tés: on taille ies côtelettes dans un homard,
on fait rôtir ua lièvre dans son peil; l'hiver
dernier, chez la duchesse de R..., dans un
diner qui avait débuté par un petage' aux
nids d'hirondelles, dent les ingrédiens avaient
été rapportés de Chine, on servit un gigan
tesque pâté de cœurs de colombes, à faire
P* »er toutes les femmes sensibles.
Il ne faut pas croira que cette multiplicité
de plats ait pour résultat de vous faire faire
un meilleur dîner. Je dirai hardiment le
contraire. — Les maîtres d'hôtels excellent
dans l'art de vous découper des tranches
élégamment microscopiques/beaucoup plus
capables d'exciter- netre appétit que de le
satisfaire. -■ -. ■
Les vin$ tiennent à ne rester en arrière
ni comme recherche, ni comme variété. On
ne veut plus que des grands crûs, et comme
la production est devenue inférieure à la
demande, la valeur vénale a singulièrement
haussé. Il n'importe ! plus les vins de tel
crû coûtent cher et plus on en veut boire 1
Cette profusion ruineuse n'est même pas
agréable. L'amphitryon qui aligne huit ver
res devant votre assiette n'a pas le ,sens vrai
des choses. Ces arômes divers, qu'il faut sa
vourer en un espace de temps assez restreint,
se nuisent les uns aux autres. On combat et
•on contrarie les sensations, avant même
qu'elles n'aient eu le loisir de se dévelop
per. Mais les valets de pied ont pompeuse
ment annoncé le Montrachet-des-cheva)iers,
le Clos-Vougeot de 54, le Johannisberg ca
chet du prince, le Tokay d'Esterhazy, le Chà-
teau-Laffite, le Château-Laroseet leChâteau-
Yquem. Ces boissons/dignes de la table des
rofs, se sont succédé dans un opulent dé
sordre. On a ébloui des convives jaloux, qui
ne sauront vous en rendre autant. On est
satisfait.
Lalnême attraction sensuelle que nous
signalions tout à l'heure est également ex
ploitée au théâtre, et là elle reçoit un déve
loppement encore plus effréné. Ce ne sont
peint les scènes littéraires qui obtiennent les
succès les plus vifs et les plus fructueux.
Ces pièces d',un genre particulier, que l'on
appelle des pièces à femmes — après leur
nom, toute analyse est inutile — sont celles ,
qui ont le plus ae chance d'être agréées du'
public. L'es directeurs le savent bien, et
leurs secrétaires aussi. Quand on rédige
les savantes réclames destinées à prendra
la feule, comme le miroir prend les a-
louettes, on ne vante pas le mérite du
style de la pièce, sa haute portée philoso
phique, ses tendances morales, la nouveauté
des situations ou le pathétique du drame.
— Non ! mais on insinue habilement que
l'on à engagé un assortiment, complet des
plus jolies femmes de Paris, et qu'au cin
quième acte, on verra briller, dans un ciel
d'apothéose, plus de .bras, de jambes et
d'épaules qu'aucun autre théâtre n'en offrit
jamais aux lorgnettes émerveillées des
avant-scènes et des fauteuils d'orchestre.
Les tableaux qui font prime dans les
ventes, api èsayoir fait émeute au Salen, s'at
taquent au même ordre d'idées, ou plutôt
de sensations, qui a plusieurs fois inspiré
M. Gérome — dans sa Phryné, comme dans
son Roi Candaule ; c'est le déshabillé, moins
décent que le nu lui-même!
Personne ne contestera ces faits d'une au
thenticité malheureusement trop indiscuta
ble. Ils attestent un désordre moral profend,
déjà chronique, et qui pourrait devenir in
curable s'il ne s'accomplissait dans le monde
moral une révolution .heureuse. Ile ne jet
tent pas le trouble seulement dans les âmes;
ils ontTeur contre-coup dans l'économie so
ciale^ et amènent d'inévitables perturbations
dans la position financière des familles. Il
est certain que la société française, — et sur
tout la société parisienne, — se trouvent au
jourd'hui" dans des conditions anormales.
0n a monté trop haut le diapasen de la vie;
tout est surfait. Il n'y a plus d'accord entra,
les recettes et les- dépenses, et le chef de la
commuaauté qui, trop souvent, se trouve en
fac® d'fen déficit,, est obligé pour le cou
vrir d'avoir recours aux moyens extraor
dinaires. De là cette fureur de spécula
tions téméraires, cette fièvre d'agiotage,
qui est aussi un des signes des temps. On a.
besoin d'improviser des ressources #t. de
trouver dans les chances aléatoires du jeu
ce trop indispensable argent, que ne four
nit pas suffisamment le patrimoine, et que
l'on ne'saurait obtenir avec assez d'abon
dance en le demandant au travail. Mais le
jeu a ses alternatives de succès et de revers;
la nature aveugle reprend ce qu'elle a don-
,né; et après vous avoir fait goûter les.: joies
périlleuses d'une aisance factice, elle fait
paraître plus amère la gône d'une ruine trop
réelle.. • ' •
Si maintenant nous détournons nos re
gards de la société en général, poup les re
porter sur le cercle plus restreint; de la fa»
mille, nous y trouvons ies mêmes symptô
mes effrayans, lesjoaêmes germes d'une dis
solution proclwiinè. Depuis trop longtemps
déjà le mariage n'est plus l'union aussi inti
me qu'indissoluble de deux êtres, la fusion
de deux âmes, l'enlacement étroit de deux
destinées. Nous avons changé tout cela 1
l'inclination mutuelle tend à disparaître de
plus eu plus do nos habitudes ; elle est.
remplacée par la spéculation du mariage
prêtre. Les époux assortis ne sont plus
que des associés 'en nom collectif, qui ne
demanderaient, que trop souvent à se dé-,
barrasser de leur raison sociale. Le 'Mino-
taure, décrit par Balzac, ma«g® les belles et
les jeunes... et les autres enragent de n'être
ppint mangéesI Chez les enfans, le respect
filial n'existe plus guère qu'à l'état de sou-,
venir, et les pères semblent s'estimer beu-
reuxtquand ils sont les amis et les camara
des leur fils.
Nous avions autrefois ua type charmant,
dont le roman usait largement, —.et-dont
la comédie abusait parfois — mais person
ne ne songeait à se plaindre, parce qu'il
plaisait à tout le monde. — Je veux parler
de la jeune fille. — La jeune ûlle, dans
la vie réelle, comme dans les œuvres d'ima
gination, apportait avec elle sa fraîcheur
i native, son doux éclat, sa grâce enchante-
; resse. Les cœurs s'épanouissaient devant ces
' printemps de la vie, comme la nature tout en
tière s'entr'ouvre et fleurit au printemps ,ue
l'année :,à son approche, soudain et coro-
ma par enchantement, s'apaisaient les ora
ges qui grondaient da.ns: nos âmes ,: les
moins bons auraient craint de troubler l'at
mosphère de calme ejt.de. sérénité qui en
tourait son innocence. On devenait meilleur
dès qu'on-était près d'elle. Elle nous gagnait
par je ne sais quelle corçtagiondu bien. Au
jourd'hui/ la jeune fille n'existe plus. Il nous
reste bien encore quelques jolies créatures
à peau lisse, à deux pieds, sans plumes,
sans barbe..* et sans cœur! Voilà tout 1 ...
• la candeur est partie, avec la naïveté. On ne
rougit plus, on raisonne; l'œil ne sa baisse
plus-sous le voile discret des cils; il
cherche votre regard,, ou du moins il l'at
tend. , ■
On sait tout,, on discute sur tout. On est
toujours vertueuse, du moins j'aime à te
croire ; en tout cas, mon cher Monsieur, on
n'est plus innocente !
Là aussi, dans son dernier sanctuaire, le
principe d'autorité estidiscuté et méconnu.
La poésie est -railléo , et 1'idéslàhonni. Le
roman, contre lequel déclament encore des
moralistes à courte vue , a depuis long-'
temps cessé d'être un danger pour ces es-'
prits "positifs et froids, qui ont vite fait iio
ealculerce que vaut un homme dans le s'ens
américain du mot valoir, .qui s'apprécie tou-*
jour» eu dollars.
Quant aux jeunes hommes, on peut les di
viser en deux catégories. Leè uns n'eu ten
dent parler que de chiffres toute leur vie ;
leurs pères malaisés • leur ont répété taiit de
fois ce mot triste et fameux : « Enrichissez-
vous I » que tout s'est, desséché en eux, et
qu'ils n'ont plus qu'un chiffre à la place du
J
BOREAUX A PARIS r i« de Ttlols 40." ■ '
II
ABONNEMENS DES DÉPARTESŒNS H
TROIS MOIS. 16 FR.
BIX MOIS... 32 FR.
UN AN 64 FR.
• «i(r *^ass pays étrangers , voir le tableau
publié les 5 et 20 de chaque mois.
Imprimerie du Constitutionnel,
E. G ibiat et Cfi.
rue des Bons-Enfans, 19.
JOGRNAIi POLITIQUE IITTERAIRE EMYERSEL.
Le modo d'ABONXEMENT le plus simple est l'envoi d'un bon de poste ou d'un
sur Paris, à l'ordre de l 'administrateur du journal, r. de Valois, n. 10.
effet
Les lettres ou envois d'argent non affranchis sont refusés.
Les articles déposés ne sont pas rendus.
'JEUlîï 2 € J JUILLET 1869.
ABONNEMENS DE PARIS;.
TROIS MOIS....... 13 FRÏ
51? MOIS v 26 FR.
UN AN. S2 FR.
UN NUMÉRO 90 CENTIMES.
Les abonnemens datent dès •?" e * 1®
de chaque mois.
S'adresser pour les Annonces à MM. F auchey, Laffite, B ullier, et C e ,
place de la Bourse, 8, à M. Dcport, 7,' rue Coq-IIéron, et ^Waji dujour^
v ---- - réserve d'examen,, et, fil y. alteu,de modification parJadmimstrano»
Les Annonces ne sont reçues que sous la réserve
du journal.
PARIS, 21 JUILLET.
La détermination prise par le
ment de maintenir la prorogatio
Législatif continue à être, de la
grand nombre da journaux, l'objet"
ques dont nous ne saurions, en tout!
rité, admettre la justesse.
Cëtte décision peut être envisagée à un
double point dé vue, celui du droit et celui
de l'opportunité politique. Quant au droit,
aucun doute ne saurait s'élever : le pouvoir
exécutif a constitutionnellemeat le droit
de proroger l'assemblée des représentans ;
aussi, là-dèssus, toutes les opinions sont
•d'accord. Reste la question,d'opportunité.
Or, nous le demandons àtousles hommes
de bon sens, comment serait-il possible, sans
préjudice pour la cause libérale, de faire déli
bérer en même temps une Chambre à pou
voirs restreints et un Sénat chargé de préparer
les décrets qui doivent étendre ces pouvoirs 1
On nous a bien dit que le Corps Législatif
«'avait qu'à terminer la vérification des pou
voirs et qu'il aurait pu accomplir cette tâche
-dans la quinzaine préô^d^Jt|a réunion du
Sénat. Mais, a-t-ondéjà ôdfelie qu« la gauche
s'était dès le début déclarée contre l'opinion
de ceux qui voulaient renfermer la Chambre
dans ces limites étroites et qu'elle préten
dait, au contraire, donner aux délibérations
des développemens infinis, voire même
ériger la Chambre en un» sorte d'assemblée
constituante ï II suffit de rappeler ces vel
léités an ïnème temps que Ips dispositions
de certains esprits hostiles au principe pro
gressif du message impérial, pour démon
tre!;, que la reprise des séances de la Chaxn-
loin d'avancer les réformes censtitu-
nelles, les aurait retardées, sinon compro
mises. ,
Certes, nous comprenons l'impatience lé
gitime qu'éprouvent les députés dont les
élections sent contestées, de voir leurs pou-;
- voirs examinés et consolidés par un vote de
leurs collègues ; mais, n'est-ce pas là Une
question d'un ordre relativement secondaire
en présence de cette autre question, la pre
mière entre toutes, celle de modifier la Cons
titution, promptement et par la voie régu
lière, sur les bases du message impérial?
Les signataires de l'interpellation du cen
tre gauche .l'ont compris comme nous. Dans
leur réunion d'hier ils ont adopté la résolu
tion suivante :
? . ......
: a Les signataires, persistant dans les idées
» et dans les principes que formulait leur
» demande d'interpellation, s'ajournent à la
» prochaine convocation du Corps Légis-
» latif. »
La portée de cette résolution est facile à
saisir, Les auteurs de l'interpellation, avant
de juger 1® ministère, veulent le voir à l'eau-
H vre, prêts à l'appuyer dans l'exécution large
et sans délai des réformes promises. C'est
là une attitude parfaitement digue et vrai
ment politique, qui sera approuvée, nous
en sommes sûrs, par tons les bons esprits.
Le gouvernement sait maintenant à quoi
s'en, tenir ; qu'il se mette promptement à
l'œuvre, qu'il réalise le programme impérial
«du 12 juillet tel qu'il a été conçu, c'est-à-
dire dans un esprit sincèrement libéral, et
il aura avec lui la majorité de la - représen
tation nationale, la majorité du pays.
Une crise, qui n'est pas' sans gravité,
fient de se produire en Angleterre.
On sait que la Chambre des lords ne veut
accepter le bill relatif à l'Eglise d'Irlande
qu'avec certains amendemens qui en altè
rent, jusqu'à un certain peiût, l'esprit et
l'économie, et que le ministère, d'accord
avec la majorité de la Chambre des commu
nes, a déclarés inacceptables.
La Chambre des lords, malgré le bllme
que sa conduite a rencontré dans lepublic, a
maintenu dans un nouveau vote les amende
mens antérieurement adoptés. Par suite,
lord Granville a demandé l'ajournement des
débats afin de se consulter avec ses collé- J
0™- ,,d
/fcNbus appelons l'attention de nos lecteurs
-5u'r ; -'n\tre correspondance s particulière de
MadiLdjj qu'on trouvera plus loin. Il est cer-
ourd'hui que l'opinion carliste gagne
ain dans l'armée et dans les masses,
découverte d'une conspiration carliste
la garnison de Saragosse n'a /ait que
retarder un mouvèment que le ministère a
eu le tort jusqu'à présent de traiter avec
dédain et qui semble imminent.
Edouard Simon.
TÉtâGBAPBQE' PRIVÉE.
agence ha vas.
Aiajgleîew'e.
Londres, 21 juillet, 2 h. du matin.
Chambre des 'lords. — Après une très vive
discussion, la Chambre décide, par 173 voix
contre 95, de maintenir ses amendemens au
préambule du bill relatif à l'abolition de l'Eglise
d'Irlande.
Lord Granville déclare aussitôt qu'il ne peut
pas prendre la responsabilité de continuer la
discussion sans consulter ses collègues du cabi
net. Il propose, en conséquence, d'ajourner la
discussion.
L'ajeurnemeat de la discussion est adopté.
Londres, 21 juillet.
Un conseil des ministres -sera tenu aujour
d'hui à onze heures.
Le Morning Post et le Daily News disent
qu'il est indispensable de retirer le bill sur l'E
glise d'Irlande et de convoquer pour l'automne,
«n session extraordinaire, le Parlement, afin de
lui soumettre le bill de nouveau.
Le Times recommande une grande modéra
tion aux deux partis et la continuation des dé
bats à la Chambre haute à l'effet de réaliser un
compromis.
Etats-Unis.
i Washington, 20 juillet.
L'autorisation, donnée par le gouvernement
américain, pour l'atterrissement du câble fran
çais, comprend le droit de mettre la nouvelle li
gne en activité assitôt que la pose sera terminée.
New-York, 20 juillet.
Le steamer Holsatia. de la compagnie ham-
boyrgeoise, çst arrivé a New-York, ce matin à
sept heures.
, New-York, 20 juillet.
Le parti radical cherche M faire annuler les
élections de Virginie pour cause d'intimidation
exercée sur les nègres.
Los moissons sont partout beaucoup.au-des
sus d'une récolte moyenne.
Le.maréchal des États-Unis a capturé, h mi
nuit, le ijBste de l'expédition des flibustiers des
tinée à Cuba. Le colonel Ryan s*ost échappé. Le
maréchal a télégraphié au président qu'il croyait
que cela mettrait fin à toutes les entreprises do
co genre à New-York. . /
On assure que les chances dos insurgés de
Cuba sont très faibles. v
Belgique.
Bruxelles, 20 juillet, soir.
La cour d'assises..a condamné M. Bachelory à
six mois de prison et à 200 francs d'amende
pour offense enrors l'Empereur des Français.
Bruxelles, 21 juillet.
La brochure qui a motivé hier la condamna
tion, par la cour d'assises du Brabant, de M. 6a-
cholery à six mois de prison, 200 fr. d'amende
et tous,les frais du procès> pour offense envers
l'Empereur des Français, était intitulée : la Ré
volution et datée du 1" mai -1869. Le ministère
public a très énergiquesnent soutenu la préven
tion.
JtïossSe. .
Saint-Pétergboùrg, 21 juillet.
L'assertion de la Patrie, d'après laquelle la
revue de la flotte passée à Tramsuna devrait
être considérée comme une démonstration anti-
prussienne, çst démentie par ce fait que tes per
sonnages étrangers qui ont assisté à cette revue
étaient tous des Prussiens, savoir : l'ambassa
deur de Prusse, le plénipotentiaire militaire
prussien et trois autres officiers allemands.
Le plénipotentiaire prussien accompagnera le
czar dans son voyage en Crimée.
Le czar partira dans huit jours pour la Cri
mée. ✓ "
service l)e nuit:
• ■ Prusse........, .
Berlin; 21 juillet.
La Correspondance provinciale dit que le
congé donne à M. de .Bismark, en tant que mi-
nistro prussien, n'est que provisoiro. mais que
son éloignement dos affaires est' complet pour
toute la durée de ce congé. Ainsi, pendant cet
te période , M. de Bismark ne prendra aucune
part aux projets de loi qui serdnt présentés au
Parlement prussien.
La Correspondance ajoute que l'accord qui
existe au sein du ministère permet d'affirmer à
4'avance que l'esprit et les tendances politiques
de M. de Bismark continueront de prévaloir.
La Correspondance confirme qu'uue loi géné
rale sur l'enseignement sera- présentée prochai
nement au Parlement.
EBjsagme.
Madrid, 21 juillet.
On annonce que le général" Prim partira pour
Vichy dans les premiers jours du mois d'août,
s'il ne survient pas de complications.
cours de la. bourse. ,
codhs de clôture, le ïo le 21 Hausse. Baisse.
30/Oaucomp't. 71.80 72 05 e 25 » s
—Fin ctu mois. 71.75 71 97 » 22 » »
41/2au cotnpt. 103.50 103 20 » » » 30
Le Journal officiel du 21 publie le décret
suivant
NAPOLÉON, • ;
Par Ta grâce de Dieu et la volonté nationale ,
Empereur des Français,
A tous présens et à venir, salut ;
Vu l'article 23 deJa Constitution, * »
Avons décrété et décrétons co qui suit :
Art. 1 er . —.M. Rouher, sénateur, ancien mi
nistre, est nommé président du v Sénat poijr l'an
née 1869.
Art. 2. — Notre garde des sceaux , ministre
de la justice et des cultes, est chargé do l'exé
cution dii présent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 20 juillet
1869.
, NAPOLÉON.
Par l'Empereur :
Le garde des sceaux, ministre
de la justice et des cultes,
duvergier. •
. si. isociiEit.
Depuis quelques jours, une question étaif
sur toutes les lèvres :
« Que va faire M. Rouherî »
On ne pouvait croire que réminent minis
tre d'Etat abandonnerait le pouvoir comme
tout le monde, et qu'après avoir occupé le
second rang comme influence et comme au
torité, il se résignerait à un rôle plus mo
deste.
On disait que Mr Rouher refuserait toute
espèce-de compensation; qu'il se ferait
nommer député et que, de son banc, il do
minerait encore cette majorité qu'il a si sou
vent et si longtemps entraînée par la puis
sance de son incomparable .talent.
On disait aussi quo M. Rouher se retirerait
ostensiblement de la spène politique, et
qu'en réalité, caché derrière tel ou tel con
seiller de la couronne, il serait l'inspirateur,
l'âme du nouveau ministère, en attendant
qu'il' reprît la direction des affaires publi
ques. :
La présence do M. Rouher au Corps Lé
gislatif pouvait créer de sérieux embarras
au cabinet. Un ami trop important est sou
vent dangereux, et il est évident qu'un mi
nistre qui n'aurait pas sur la Chambre une
action directe
M.< Rouher a sans cloute compris tout cela.
Il aura pensé que.sa retraite devait être sé
rieuse et paraître telle, puisque le Journal
officiel de ee matin nous apprend qu'il est
nommé président du Sénat pour l'année
1869.
Les premiers, peut-être", dans la presse
dynastique, nous avons r«gretté que M. Rou
her n'ait pas laissé à des.hommes nouveaux
la mission d'élaborer et (d'appliquer les ré
formes du 19 janvier. Aussi nous trouvons-
nous fort à l'aise peur rendre justice aux
facultés tout à fait exceptionnelles du nou
veau président du Sénat.
Organe irrespensable d'une poliliquo né
cessairement variabl^puisqu'elle doit sui
vre les mouvemen's changeans de l'opinion
publique, M. Itouhar fut amené par les exi
gences de sa situation à soutenir les th^ps
les plus opposées. La liberté de la presse,
qu'il défendit l'année dernière, avait trouvé
•n lui, quelques mois aupararanl, un ad
versaire résolu et très autorisé. De même
pour le droit de réuniom
Au cette absence de doctrine per
sonnelle était absolument conforme à la let
tre et à l'esprit de la Constitution impériale.
L'Empereur concentrant entre ses mains tou
te l'autorité et aussi toute la responsabilité,
8on ministre principal n'était, pour ainsi'
parler, que le verbe du souverain, l'avocat
. chargé d'expliquer et d® défendre une cause
dont il n'avait pas composé le dossier. 1
L'opinien publique commençait à s'émou
voir de ces fréquentes contradictions, ce qui
indique fort clairement que la France n'ad
met pas plus l'irresponsabilité des ministres
aujourd'hui qu'elle n'admettait l'irrespon
sabilité du monarque sous le gouvernement
de Juillet, 1
La! cenfiance s'affaiblissait, on s'irritait
d'autant plus que tout le, monde savait M.
Rouher fort capable «d'avoir une politique à
lui et d'appliquer ses propres idées.
On eût désiré qu'au lieu d'être l'organe
persistant des phases successives de la poli
tique impériale, M. Rouher se réservât pour
une autre miss.ion ; qu'il se retirât pour se
montrer fidèle à lui-même, et qu'il reparût
pour accomplir avec éclat l'œuvre admirable
dont la France poursuit l'achèvement depuis
1789.
M. Rouher possède au plus haut degré les
facultés et les connaissances qui font les
grands'ministres. Toutes les branches de la
politique, toutes les parties de l'admiaistra-
tion lui sont familières ; malheureuse
ment, l'opinion ne se laisse guère in
fluencer pat les textes de loi; elle ne voulait
pas croire à l'impersonnalité du ministre
d'Etat, et sa parole perdait chaque jour de
cette autorité si nécessaire à celui qui parle
au nom de l'Empereur.
S'il avait fait la première expérience des
réformes que nous promet le message, im
périal, il eût porté le dernier coup à sa po
pularité : peut - être même fût-il tombé
sous uqe manifestation de cette Chambre
qui cependant lui était si dévouée.
Il l'a compris : il s'est retiré. Au Sénat, il
peut jouer un grand rôle, en mettant toute
sa iégitime influence au service de la liberté.
On nous dit que certains sénateurs seraient
disposés à restioindre plutôt qu'à étendre les
réformes soumises' à leur haute approba
tion; c'est à.M..Rouher qu'il appartient de
défendre la cause parlementaire et de don
ner ainsi un gage aux idées.nouvelles.
Il n'y a pas, il ne doit pas y avoir de fer-
ces perdues en politique. Si nous avons
salué comme une bonne nouvelle la sup
pression du mini&lère d'Etat, c'est qu'elle
permettra à M. Rouher de refaire sa popu
larité; de rétablir .sa'situation vis-à-vis du
paj s, de se retremper dans la retraite et de.
reparaître aux affaires le jour où l'on aura
oublié les contradictions de l'orateur pour
ne songer qu'à, la grande intelligence do
l'homme d'État.
ROBERT M1TCHELL.
d'interpellation, s'ajournent à la prochaine con
vocation du Corps Législatif. »
La gafliche s'est réunie aussi hier soir dans
la salle des conférences du Corps Législa
tif; M. Thiers aurait proposé l'adoption
d'une sorte de compte-rendu aux électeurs,
sur la rédaction duquel il a été impossible
de s'entendre.
am. matagrin.
Le conseil des ministres a tenu aujour
d'hui sa séance ordinaire à Saint-Cloud,
sous la,présidence de l'Empereur. «
Hier, au ministère de l'intérieur, a eu
lieu une réunion préparatoire de quelques
ministres à l'occasion du sénatûs-consulte.
On assure, dit la Patrie, que M. de Chasse-
loup-Laubat est chargé de la rédaction du
projet, de concert avec d'autres de ses col
lègues. . /
Nous lisons dans la France :
Plusieurs journaux annoncent que le nouveau
sénatus-consulte sera préparé par M. le marquis
de Ghasseloup-Laubat, auquel seront adjoints
plusieurs membres du conseil d'Etat.
D'après nos propres informations, ce rensei
gnement serait exact. .Mais nous croyons pou
voir ajouter que M. Duvergier, ministre de la
justice, a été chargé de cette élaboration, avec
la ministre président le conseil d'État. '
L'Empereur, en remettant ce soin à ces deux
ministres, leur aurait, exprimé son intention
formelle que toutes lep réformes annoncées dans
le message soient introduites dans le • sénatus-
consulte do la manière la plus libérale. .
S. Exc. M. Baroche vient de quitter Paris pour
se rendre à sa campagne, où il compte passer
quelques jours avant l'ouverture de la session
extraordinaire du Sénat. ■
M. Baroche est aujourd'hui le plus ancien
membre du conseil privé. Il on fait partie de
puis 1888, époque de la fondation.
On parle d'une lettre autographe très affec
tueuse que l'Empereur aurait adressée à m. Du-
ruy lç jour même où il a accepté la démission
de co ministre.
Soixante des signataires d® la demande
d'interpellations, les seuls encore présens.à
Paris-, se soVit réunis .hier dans l'un des bu
reaux du Corps Législatif, sous la prési
dence de l'hono'rabie M. de Talhouèt qui
s'est exprimé en ces termes : , i
« Lorsque nous avons appris que le Corps
» Législatif $tait prorogé inaefiniment, il a pa-
» ru convenable à plusieurs d'entre nous de
» provoquer une réunion des députés qui
» avaient signé la demande -d'interpellation,
» pour affirmer à nouveau, avant de nous sé-
» parer,- les principes et les idées au nom dos-
» quels nous avons obtenu par un message de
» 1 Empereur d'importantes réformes libérales.
,» Pour ma part, a, ajouté M. de Talhouët. je
« pense que nous n'avons plus aujeurd'dnui
» qu'à attendre'avec confiance le résultat du
» sénatus-consulte, en déclarant que nous res-
» tons cependant unis panr le succès des mô-
» mes'idées et des mêmes principes. »
Sur la proposition de M. Buffet, il a été décidé
que MM. Sagris et Josseau s^raient ehargés de
formuler, dans les termes les plus concis, la
déclaration des signataires do l'interpellation,
et que cette déclaration pourrait être rendue
publique. La voici :
« Les signataires, persistant dans les idées et
dans loj principes que formulait leur demande
La Patrie publie la lettreftuivante :
Paris, 21 juillet.
Monsieur le rédacteur,
Je vous demande la permission de rectifier
une erreur de votre journal.
En citant les membres du conseil privé', la
Patrie nomme S. A. I. Mgr le prince Napo
léon le premier. Le, prince ne fait pas partie
de droit du conseil privé; il on avait été nom
mé vice-président,'et a dônné sa démission en
186S ; il y a donc quatre ans quo le prince n'a
plus pu à prendre aucune part aux. délibérations
des conseils du gouvernement, quels qu'ils
soient.
Des bruits fort inexacts ou tout h fait faux
sont fréquemment répandus par la presse sur
le cbmpte du prince ;M"opinîon publique y at
tache, en général, trop peu d'importance pour
qu'il Boit nécessaire do les rectifier oa de 1rs
démentir ; mais il me semble, Monsieur le re
dactetir, qu'il n'en saurait être de même du fait
matériellement.erroné que-je lisdans la Patrie,
et que -je vous serai obligé do vouloir bien pec-
tifier par la publicatioa de ma^lottre.
Recevez, Monsieur le rédacteur, l'assuranco
de ma considération la plus distinguée.
' ESI. UUBAINE,
Secrétaire particulier,diLprince Napoléon.
M. Justin Durand nous adresse la lettre
suivante: .-
!• ;: • - Paris; 21 juillet 1Ç09. •
Monsieur le rédacteur en chef,
^L'attaque inattendue, contraire à tons les
précédons, qiîi s'est produite au Corps Légis
latif les 2 ut 3 juillet contre mon élection, a été
poudant quelques jours un aliment pour la
presse. . .
Il m'avait paru inutile d'intervenir dans cette
polémique: - 1 ■' -
Calomnié à la tribune, c'est de la tribuno seu
lement quo j'attendaijj une juste réparation.
Aujourd'hui; la prorogation indéfinie du Corps
Législatif remet cette réparation h une • époque
si éloignée, qu'il ne me rsste plus d'autre nioywn
de protoster contre d'odieusos' imputations que
par la publicité dos journaux. '
Je viens donc vous demander, l'insertion la
plus prompte possible de cette lettre par laquelle
je donne le démenti le plus absolu, le plus for
mel à toutes les allégations calomnieuses inven
tées contre mon élection.
J'ajoute que j'ai remis h Ja sous-commission
du 7 e bureau les documens les > plus précis, les
plus authentiques, pour les réduire à néant.
J'attends, avec la plus vive iaipalionco,- la
jour où la'discussion publique vengera la véri
té ei indignement outragén. ■
Veuillez agréer, Monsieur lo rédacteur en chef,
l'assurance de ma parfaite considération,
JUSTIN DURAND.
43, rue Neuve-des-Mathurins.
Nous sommes en mesure de préciser un
incident qui se .jattacheau£ dernières com
binaisons ministérielles; et sur lequel noiis
avons recueilli des renseignemens positxts.
Le ministère de l'instruction publique,
confié à M- Bourbeau, avait été offert d a-
bord à M. Segris qui l'a refusé ; ,
C'est alors que l'oa a songe à placer M. ;
Segris à la justice et M. de la Guéronnière à
l'instruction publique, Mais, par des raisons
politiques déjà coanues , M. Segris ne pou
vait accepter cette nouvelle proposition.
Quant à M. dé La Guéronnière, de passa-
_j' à Paris vendredi dernier pour se rendre
aux eauï de Niederbronn, il fut appelé
aussitôt chez un des ministres qm avait re
çu de l'Empereur la mission de coecourir
à la formation du nouveau ministère.
À la communication qui lui fut faite, no-
tre ministre à Bruxelles répondit'en expo-,
santles motifs qui lui faisaient décliner
teute pensé» devant aboutir à son nom.
r c. riEL.
revue des journaux de paris
DU 21 JUILLET.
Le Journal des Débats apprécie l'article du
Peuple français que nous avons reproduit,
hier en partie; ses réflexions sont conformes
à celles qu'à'publiées le Constitutionnel. ;
M. Clément Duvernois se trompe quaind .il
croit que le chef d 'un Etat ne peut, sans abdi -
auer, tenir compte des volontés exprimées pat,
les représentans d« psys qu'f gouverne, ot que
les souverains qui n'oni oas à compter avec les
Parlemens sont les seuls à lAire jgrand. Pour ne
parler que de ce que nous &yphs vu de nos
propres yeux et à nos portes, la y^oria,
le roi des Belges, LéopoId I er , et . io .roi Victor-
Emmanuel ne seront-ils pas places tK»_ naut
dans l'histoire? Leurs règnes ne compterons
pas parmi les plus 1 heureux et-les plus .brillais
du dix-neuvièmp siècle ? Sous- l_o sage et loyal
gouvernement de la reine Victoria, l'Angleterre
a développé ses richesses dans . une, proportion
énorme : elle a réformé , ses anciennes lois
commerciales, montré la première k l Europe
ce que peut la liberté du commerce pour la pros
périté des nations; la gloire des armes n,e lui a
pas manqué : elle a,triomphé avec nous en pri
mée et en Chine ; elle a dompté en quelques
mois la gigantesque insurrection des Gipayes/
et peadaut que nous liquidions , tristemeat
nos comptes du Mexique, elle frappai?;, un coup
décisif" au cœui d 'un -pays sauvage, presque
inaccessible, où jamais les,forces d aucune puis
sance- européenne n'oyaient encore pénétré. La
Belgiquo ne peut pss prétendre à joutrun ? oie snr
les grands chainps de h citai 'le -do 1, uni ver», îri °^
lo roi Léopold l or a su au'pioi«s, JftHÎ
plus congtitûtionnel des souvuriïjns <îl}Topeen» f
assurer à son pays, on .même
dépendance et la prospérité, une h Wf,. P"'» ;
quo illimitée et la plus parfaite, égJMJte civi
le.;-Quant' au prince -que nous appels au
jourd'hui ron d'Italie,, si co- sont nos aiiii's
qi>i ontr '-repoussé l'Autriolie de la Loiif .'?»
n'est-ce pas sa > qualité de ,roi canstitntioj.în^i
qui, en lui attirant s i le-Tespec,ti et ,1.amour
peuples de la péninsule, les a décidés.a^so. ran
ger sous- son-sceptre 'Constitutionnel. de? ,,qu ils
ont pu disposer d 'eux -mêmes? A quoi a-i il du
ce beau surnom'de'«rat honnête homni/e (re çççr
lantuotn»)r; si-re -n 'est à son respect ppur .eftia-
tut'qu'il a, le lendemain de Novare,'reius» il j-
broger, maigre toutes les iustano«> de'. 1, A utric-ie
victorieuse ? On voit que les souver^s consti
tutionnels sont parfois ceux qui font Jo plus
grand.
■ La France est'de l'avis-des- Débats, EHe*
ne^voit dans l'article du Peuple-français
le développement de la doctrine de la dicta
ture, libérale,, deux idées inconciliables :
N'est-H^pas" évident quo, lo jour où lo-pouvoir 1
personncl'assooiB à sa responsabilité • d'.iutn s-
responsalité• «rtlbctives; et introduit, le : çon!.;olo
d'un autre pouvoir 'dans son initiative ut.Jaos
ses actes, ce jour-là, il se dénatureiforceTpent
et Cesse d'exister-? <- - ■ •
C'e'st co qui est-arrivé dès le 24- novftn)t>r«
186 *0 fc'est ce qui aïrive aujourd'hui avec yo'-l
irrésistifilo impulsion. Au lieu de. .le:iU>s»rnukt.
sous 1 des hàbiletésde langage qui ne sont (j'ie îles'
équivoques indignes u'un grand prin.ee etd uu
giiar.d'pûupte, il faut avoir'le courage-de le ,a, 1 ni
pour ne pas entretenir des- 1 illusions fatales qu 1
n'abdutiraiept qu'aux -plus cruels métpuipti^-
M. Duvernois ne va pas sans doute, dans l'wx-
pression de sa'doctrine, à cette -formule absolue»
par laquelle nous la traduisons ; peut-ôtro nie-
me ne croit-il 'pas y aller-:-'mais ce< n'est quo
l'erreur d'un esprit"-généreux ; la forme
peut rien'; le fond est bien tel que nous t'ap
précions. — 1 J. Cohen.
Le Siècle rrroit potsih 'ljté
de faire grand. Passantes revue les réfor
mes que lo Peuple demande.au pouvoir
exécutif, il s'exprime ainsi:
Il faut de 1 l'argoat et beaucoup d'argent poar
, établit.riûslructioa primair.o gratuite <-t obligw-
«toiro. Où'en trouver? Dans uhè'forte réduction
^g383858S«agî
Feuilleton M Constitutionnel, 22 juill
LA DESTINEE
Première partie.
, IV.
(Suite.)
L'autre trait fatal àu tableau des mœurs
modernes, ce sont les tendances, de jour en
jour plus nettement, plus audacieusement
accusées, d'un séfrsualisme qui nous dé
bord». L'on ne sSsgpjQtante pas de briller, on
veut jouir. La çréojceupation du bien boire
et du bien maugei; à. ^nvahi tout le inonde ;
la cuisina, aujourd'h^fs^on journal com
me la salon, et les feuilles les plus accrédi
tées, entre les nouvelles de la cour et las
comptes rendus des Chambres,'publient le
menu du lendemain.
On ne nous parle que de jus et de coulis,
d'entremets et de liors-d'osuvr», ds-potagas
et de ragoûts, Pour peu que vous ayez plus
de cœur que d'estomac, c'est à vous donner
envie de mourir de faim, ou tout au moins
de vivrs de broueLnoir.il est passé le temps
où. une maîtresse de maison était certaine
de faire oublier le rôtiabsent à ses convives,
en leur contant une histoire bien tournée.
Le luxe de la, table a, du reste, suivi la
même progression que tous l«s autre"s. Un
(Voir» le Constitutionnel du 21 juillet.)
dîner aujourd'hui est une grosse affaire qui
soulève la question d'argent. Il n'est plus
permis à personne d& recevoir, compte au
trefois, ses amis sans cérémonie. La salle à
manger est devenue un champ clos comme
le salon : toutes les rivalité* s'y rencon
trent et s'y livrent bataille. Là aussi on fait
assaut de recherches et de magnificen
ces ; là aussi on lutte d'excentricité. On
viole à plaisir l'ordre des.saisons; on sert des
primeurs fades et coûteuses, longtemps avant
lemomènt où la nature, qui fait bien ce
qu'elle fait, leur donnerait une maturité sa
voureuse; on sert pour l'œil plus que pour
la bouche, à la russe, avec une abondance
exagérée de cristaux et de lumières, et des
surtouts d'argent dont, souvent, le prix
paierait une petite fèrme. On emprunte à
tous les pays le fond même du festin; on
peut faire un cours complet de géographie
avec son menu : le caviar vient de Péters-
bourg, le sterlet, du Tolga ou de la Moldavie;
les langues de renne», de Norvège ; les
jambons, d'Tork; les grouses^ d'Ecosse ; les
gelinottes, de Russie; les faisans, de Bohème;
le filet d'ours, dés Alpes et des Pyrénées.—
Pais il y a aussi le chapitre des excentrici
tés: on taille ies côtelettes dans un homard,
on fait rôtir ua lièvre dans son peil; l'hiver
dernier, chez la duchesse de R..., dans un
diner qui avait débuté par un petage' aux
nids d'hirondelles, dent les ingrédiens avaient
été rapportés de Chine, on servit un gigan
tesque pâté de cœurs de colombes, à faire
P* »er toutes les femmes sensibles.
Il ne faut pas croira que cette multiplicité
de plats ait pour résultat de vous faire faire
un meilleur dîner. Je dirai hardiment le
contraire. — Les maîtres d'hôtels excellent
dans l'art de vous découper des tranches
élégamment microscopiques/beaucoup plus
capables d'exciter- netre appétit que de le
satisfaire. -■ -. ■
Les vin$ tiennent à ne rester en arrière
ni comme recherche, ni comme variété. On
ne veut plus que des grands crûs, et comme
la production est devenue inférieure à la
demande, la valeur vénale a singulièrement
haussé. Il n'importe ! plus les vins de tel
crû coûtent cher et plus on en veut boire 1
Cette profusion ruineuse n'est même pas
agréable. L'amphitryon qui aligne huit ver
res devant votre assiette n'a pas le ,sens vrai
des choses. Ces arômes divers, qu'il faut sa
vourer en un espace de temps assez restreint,
se nuisent les uns aux autres. On combat et
•on contrarie les sensations, avant même
qu'elles n'aient eu le loisir de se dévelop
per. Mais les valets de pied ont pompeuse
ment annoncé le Montrachet-des-cheva)iers,
le Clos-Vougeot de 54, le Johannisberg ca
chet du prince, le Tokay d'Esterhazy, le Chà-
teau-Laffite, le Château-Laroseet leChâteau-
Yquem. Ces boissons/dignes de la table des
rofs, se sont succédé dans un opulent dé
sordre. On a ébloui des convives jaloux, qui
ne sauront vous en rendre autant. On est
satisfait.
Lalnême attraction sensuelle que nous
signalions tout à l'heure est également ex
ploitée au théâtre, et là elle reçoit un déve
loppement encore plus effréné. Ce ne sont
peint les scènes littéraires qui obtiennent les
succès les plus vifs et les plus fructueux.
Ces pièces d',un genre particulier, que l'on
appelle des pièces à femmes — après leur
nom, toute analyse est inutile — sont celles ,
qui ont le plus ae chance d'être agréées du'
public. L'es directeurs le savent bien, et
leurs secrétaires aussi. Quand on rédige
les savantes réclames destinées à prendra
la feule, comme le miroir prend les a-
louettes, on ne vante pas le mérite du
style de la pièce, sa haute portée philoso
phique, ses tendances morales, la nouveauté
des situations ou le pathétique du drame.
— Non ! mais on insinue habilement que
l'on à engagé un assortiment, complet des
plus jolies femmes de Paris, et qu'au cin
quième acte, on verra briller, dans un ciel
d'apothéose, plus de .bras, de jambes et
d'épaules qu'aucun autre théâtre n'en offrit
jamais aux lorgnettes émerveillées des
avant-scènes et des fauteuils d'orchestre.
Les tableaux qui font prime dans les
ventes, api èsayoir fait émeute au Salen, s'at
taquent au même ordre d'idées, ou plutôt
de sensations, qui a plusieurs fois inspiré
M. Gérome — dans sa Phryné, comme dans
son Roi Candaule ; c'est le déshabillé, moins
décent que le nu lui-même!
Personne ne contestera ces faits d'une au
thenticité malheureusement trop indiscuta
ble. Ils attestent un désordre moral profend,
déjà chronique, et qui pourrait devenir in
curable s'il ne s'accomplissait dans le monde
moral une révolution .heureuse. Ile ne jet
tent pas le trouble seulement dans les âmes;
ils ontTeur contre-coup dans l'économie so
ciale^ et amènent d'inévitables perturbations
dans la position financière des familles. Il
est certain que la société française, — et sur
tout la société parisienne, — se trouvent au
jourd'hui" dans des conditions anormales.
0n a monté trop haut le diapasen de la vie;
tout est surfait. Il n'y a plus d'accord entra,
les recettes et les- dépenses, et le chef de la
commuaauté qui, trop souvent, se trouve en
fac® d'fen déficit,, est obligé pour le cou
vrir d'avoir recours aux moyens extraor
dinaires. De là cette fureur de spécula
tions téméraires, cette fièvre d'agiotage,
qui est aussi un des signes des temps. On a.
besoin d'improviser des ressources #t. de
trouver dans les chances aléatoires du jeu
ce trop indispensable argent, que ne four
nit pas suffisamment le patrimoine, et que
l'on ne'saurait obtenir avec assez d'abon
dance en le demandant au travail. Mais le
jeu a ses alternatives de succès et de revers;
la nature aveugle reprend ce qu'elle a don-
,né; et après vous avoir fait goûter les.: joies
périlleuses d'une aisance factice, elle fait
paraître plus amère la gône d'une ruine trop
réelle.. • ' •
Si maintenant nous détournons nos re
gards de la société en général, poup les re
porter sur le cercle plus restreint; de la fa»
mille, nous y trouvons ies mêmes symptô
mes effrayans, lesjoaêmes germes d'une dis
solution proclwiinè. Depuis trop longtemps
déjà le mariage n'est plus l'union aussi inti
me qu'indissoluble de deux êtres, la fusion
de deux âmes, l'enlacement étroit de deux
destinées. Nous avons changé tout cela 1
l'inclination mutuelle tend à disparaître de
plus eu plus do nos habitudes ; elle est.
remplacée par la spéculation du mariage
que des associés 'en nom collectif, qui ne
demanderaient, que trop souvent à se dé-,
barrasser de leur raison sociale. Le 'Mino-
taure, décrit par Balzac, ma«g® les belles et
les jeunes... et les autres enragent de n'être
ppint mangéesI Chez les enfans, le respect
filial n'existe plus guère qu'à l'état de sou-,
venir, et les pères semblent s'estimer beu-
reuxtquand ils sont les amis et les camara
des leur fils.
Nous avions autrefois ua type charmant,
dont le roman usait largement, —.et-dont
la comédie abusait parfois — mais person
ne ne songeait à se plaindre, parce qu'il
plaisait à tout le monde. — Je veux parler
de la jeune fille. — La jeune ûlle, dans
la vie réelle, comme dans les œuvres d'ima
gination, apportait avec elle sa fraîcheur
i native, son doux éclat, sa grâce enchante-
; resse. Les cœurs s'épanouissaient devant ces
' printemps de la vie, comme la nature tout en
tière s'entr'ouvre et fleurit au printemps ,ue
l'année :,à son approche, soudain et coro-
ma par enchantement, s'apaisaient les ora
ges qui grondaient da.ns: nos âmes ,: les
moins bons auraient craint de troubler l'at
mosphère de calme ejt.de. sérénité qui en
tourait son innocence. On devenait meilleur
dès qu'on-était près d'elle. Elle nous gagnait
par je ne sais quelle corçtagiondu bien. Au
jourd'hui/ la jeune fille n'existe plus. Il nous
reste bien encore quelques jolies créatures
à peau lisse, à deux pieds, sans plumes,
sans barbe..* et sans cœur! Voilà tout 1 ...
• la candeur est partie, avec la naïveté. On ne
rougit plus, on raisonne; l'œil ne sa baisse
plus-sous le voile discret des cils; il
cherche votre regard,, ou du moins il l'at
tend. , ■
On sait tout,, on discute sur tout. On est
toujours vertueuse, du moins j'aime à te
croire ; en tout cas, mon cher Monsieur, on
n'est plus innocente !
Là aussi, dans son dernier sanctuaire, le
principe d'autorité estidiscuté et méconnu.
La poésie est -railléo , et 1'idéslàhonni. Le
roman, contre lequel déclament encore des
moralistes à courte vue , a depuis long-'
temps cessé d'être un danger pour ces es-'
prits "positifs et froids, qui ont vite fait iio
ealculerce que vaut un homme dans le s'ens
américain du mot valoir, .qui s'apprécie tou-*
jour» eu dollars.
Quant aux jeunes hommes, on peut les di
viser en deux catégories. Leè uns n'eu ten
dent parler que de chiffres toute leur vie ;
leurs pères malaisés • leur ont répété taiit de
fois ce mot triste et fameux : « Enrichissez-
vous I » que tout s'est, desséché en eux, et
qu'ils n'ont plus qu'un chiffre à la place du
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