Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-12-21
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 décembre 1898 21 décembre 1898
Description : 1898/12/21 (A2,N378). 1898/12/21 (A2,N378).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6703497h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
situation dans les provineu do YanfrTȎ eu cri-
tique. D'après les dépêches reçues une unon-
nh're aurait dépassé Nankin. En présence de ces
événements le croiseur anglais IphigeuÜl, est
partie pour cette destination. L Angleterre pré-
tend s'opposer de toutes ses forces à ce que les
droits français soient plue activement étendus.
Lord Berestord a émis cette opinion que les in-
térêts commerciaux engages sont avant tout
cosmopolites, et, qu'aucune puissance n a le
privilège de désorganiser le commerce au dé-
triment des autres.
Cependant, hâtons-nous de le - re
la bienvenue cordiale souhaitée à M.Cambon a
Londres, par ses compatriotes, a eu du reten-
tissement dans la société londonmenne. ^
presse anglaise a salué sa venue par une appro-
baUou gêné rate. Cette phrase du Globe donne
la mesure .Ic l'appréciation : -
attendre de lui avec connance tout ce que la
courtoisie et le tact peuvent tenter pour amélio-
rer la situation des deux pays. •
M. Balfour secrétaire en chef délégué ..... pour
! Irlande a prononcé n Keigliley un discours
tri s commenté. il y est fait allusion aux
Binas du M. illadston.-- de Lord Hosebcrry, et de
S:r William Harcourt. Naturolleiutiit, il a déve-
loppai cette thèse : quj le lil)éralisine d hier dif-
ftre absolument de l'ancien, mais que ruur de-
venir une force réelle en politique, il doit encore
ee transformer.
MADEMOISELLE.
CHOSES DE L'ENSEIGNEMENT
Répartition officielle des vacances
A l'issue de la dernière séance du dernier
conseil académique, le vice-recteur de
' Académie de Paris a. fait connaître la re-
partition des vacances pour l'année sco-
laire 189S-1890.
Cet te répartition est, me semhle-t-iJ, iden-
tique à celle des années précédentes qui
n'était pas à l'abri de la critique. Visible-
ment, pour qui est au courant de ces
choses, c'est un cumpromis entre la néces-
sitô indiscutable du repos pour les écoliers
et pour leurs maîtres, et les exigences de
la grande majorité des parents qui pensent
les uns tout bas, les autres tout haut que
« l'Université en prend bien à son aise ».
Quelques-uns vont jusqu'à 1 accuser do
chercher à économiser quelques repas.
En somme, les vacances sont trop fré-
quenles et elles sont trop longues.
La question mérite que 1 on s ^ y ar-
pote*
J'ai dit, il y a quelques mois, dans une
Tribune, ce que j'en pensais et, depuis, ma
conviction ne s'est pas mollitiée; mais on
ne saurait trop répéter que les fatigues de
l'enseignement nécessitent des conges pour
le personnel enseignant, et que la tension
de l'esprit n'est bonne ni pour le dévelop-
pement intellectuel, ni pour le développe-
ment physique de la jeunesse.
Le principe même des vacances n'esl
d'ailleurs pas discuté, il ne saurait . être
t'ion par des ignorants ou des malinten-
tionnés. Il n'en est pas de mème de leur
durée et de l'époque où elles ont lieu. La
grande presse est entrée en campagne à ce
sujet. il y a quelques années, pour que les
crandes vacances fussent avancées d un
mois : la période juillet-aout aurait rem-
placé, en cas de succès, la période août-
septembre. On n'a point abouti.
La queslion est, en elTei, très complexe,
puisqu'il faut tenir compte des convenan-
ces des Pères de famille, ou plutôt des exi-
gences de leur situation, et de quelque
chose de plus tenace encore: de leurs habi-
tudes, et de la routine générale.
Des raisons de premier ordre militeraient
cependant en faveur d une modification.
Les hygiénistes qui, pour nous empêcher
de mourir, s'appliquent à nous rendre la
vie insupportable, entrent aujourd hui en
scène avec cette question des vacances, et
ils nous déclarent que le travail, pendant
la canicule est non seulement uue corvée
disproportionnée aux forces de la jeunesse,
mais que c est roeinc un réel danger.
Alors.... , ,
Alors, en attendant mieux, cest-a-dire
une solution rationnelle quant à l'époque
des vacances, on pourrait, au moins, tenter
une modification de l'horaire pendant les
grandes chaleurs. Pourquoi n'essaîera;t-on
pas de faire les classe le matin, de 7 heures
à 9 heures, et l'après-midi de 4 heures a
t; heures.' Pourquoi n*"saierai t-on pas,
ilarçs certaines régions plus chaudes que les
autres, de ne faire la classe que le malin i
No pourrait-on pas, pendant le mois de
ennieuh' diminuer sensiblement les exerci-
ces écrits?
Mais ce qu'il faudrait, surtout, c , est une
.combinaison qui permette de reporter les
COIIII)-)Sl.ii)ns. ios examens, les concours a
. une époque plus clémente.....
nh ! je sais bien que l'on a (léclart'- cent,
fûts que la chose était impossible! Mais
. â'inip>»ssibililé d aujourd 'hui, c est la possi-
bilité do demain, pour qui veut faire demain
autriuni ut qu'hier et aujourd hui.
Lorsque l'on étoulfe dans un monde, il
faut, avant asphyxie complète, avoir le cou-
rage d'en briser la paroi.
Revenons à la répartition des vacances
pour 1S<>S-1899. J'ai dit qu'elle n'était pas à
l'abri de la critique. Voici mes raisons :
Canné de la Toussaint.
11 y a à peine un mois que les écoliers
80nt rentrés ; ils commencent à s'entraîner
au travail; (et chacun sait ce qu il leur faut
de bonne volonté !) non-seulement, ils ne
sont pas encore fatigués, ils s'épanouissent
en une saine activité.
Pourquoi rompre sitôt le charme 7
Pourquoi ne pas assimiler la « fête reli-
lieuse » à un dimanche ordinaire? C'est-à-
dire enwyer les internes aux offices avec
leurs surveillants?
Donc, je supprimerais le congé de la
Toussaint.
Mais je donnerais un congé sérieux , . com-
mençant la veille de Noël et se terminant
dans les premiers jours de janvier.
Au point de vue de l'hygiène, ce serait
bon,après unllrimcslre de travail ; au point
de vue moral, ce serait excellent.
Car au moment où l'annéo finit, et où
l'année recommence, il est nécessaire que
les membres dispersés de la famille revicn-
nent au foyer et que se renoue le fil de la
; tradition qti'ont distendu la lutte des pa-
rents pour !a vie et l'éducation des enfants
au dehors.
Une nation qui n'a pas ou qui n'a plus ces
sortes de jubilés s'effrite.
Donc « sérieux » congé de fin d'année.
Autre congé « sérieux » à Pâques. C'est la
fin du semestre le plus chargé : vingt jours
au moins. (Remarquez que je supprime les
Il jours gras » qui viennent trop tôt après
le jour de l'an, et dont la tradition est vrai-
ment bien vulgaire).
Kntin la Fête nationale, et des vacances
de deux mois au moins.. I
D'ailleurs, on procède ainsi à l'étranger,
en Angleterre notamment.
PAULINE KERGOMARD.
Surveillez vos cheveux et ceux de vos
bébés s'ils foncent, lisez, 4" page, la
Blondine Vi'laki.
Soirée Parisienne
Voyage autour du Code
La mème thèse dans la pièce des Variétés
que dans celle des Français; mais cette
fois, elle est présentée d'une façon (1 ri-
golo » qui a diverti l'assistance — ce que
prouve une fois de plus que tout dépend
de la manière de montrer et d'envisager les
choses. Comme le disent spirituellement
MM. Georges Duval et Maurico Hennequin
dans le Voyage autour du Code, l'heure du
couturier comme l'heure de l'absinthe,
ne doit jamais se manquer. Donc suivons
cet axiome, et donnons tout de suite les
descriptions des toilettes de la svelte et
jolie Lucy Gérard. Une seule observation :
ces toilettes sont trop ajustées sur son
soupçon de corps. En dehors de cela, elles
sont fort réussies.
Robe de broderie mauve posée en trans-
parence sur du taffetas de même ton. Cor-
sage boléro devant, redingote demi-longue
derrière. Jupe formée par deux volants de
mousseline de soie garnis de ruchés. Ces
volanls simulent des dents arrondies.
Robe princesse en mousseline grise
entièrement fc'oncéc;sur la jupe deux plis-
sés également froncés. Chapeau tulle bleu
de ciel recouvert dentelle blanche.
Grand manteau Directoire drap gros
bleu croise sur le côté, trois pèlerines si-
mulent le col. Toque en plumage vert.
Le désopilant Guy, ancien oflicier de
Castel-Sarrazia, qui a tous les titres pour
être percepteur, a voulu rivaliser d'élégance
avec nos gommeux du Bois. Ce provincial,
qui se parisianise de temps à autre, nous a
fort amusés par sesaccoulrements bizarres.
Il a un choix de pantalons boudants aux
couleurs étranges ut un certain chapeau de
Panama, qui ne peut avoir d égal en drôle-
rie que celui de Magnier, la tante Evangé-
line,)lalgré son petit bonnet ruche, sa robe a
' grands ramages, ses allures de vieille fille,
pas du tout rococo, la tante, elle est même
tout à fait nouveau jeu
Brasseur, l'avocat Verdisson, change avec
virtuosité d'allures et d'ameublemeuts.
Au 1er acte,dans son sevère cabinet d'avo-
cat des grandes Compagnies, il a de la cor-
rection, des imposants favoris et des gants
gris souris qui ont dù être faits pour un
parfait notaire. Au second acte, dans un in-
térieur tendu peluche vieux rose, il reçoit
des femmes du monde, du vrai monde, de
celles que l'on rencontre dans les cabarets
de la butte!
La maison de la tante Evangeline est pro
prette, gaie et l'on comprend que des úmOll-
roux s'y plaisent. Après le départ d'une
fanfare divertissante au possible Oll le rire
des spectateurs t'ailchorus, nous monterons
avec les deux amants dans la petite cham-
bre bleue. Celte 011 plusieurs années aupa-
ravant..... ravant.....parfaitcmcnt.Rien n'y estchangé :
voici les mêmes tentures en perse blanche
il ramages, les siège', la cheminée ni) git
sous un gtobe, la couronne de Heurs d'oran-
cers, nn peu beaucoup jaunie. Voici le Ill.
Mais inutile de vous retirer discrètement
car le second mari,vieille noblesse de che-
val,le baron de Clairembois, va faire irrup-
tion. Cet amusant baron a un cocyza chro-
nique très gènant qui augmente à vue d'oeil,
(j'allais dire a vue de nez.) Une fenêtre ou-
verte et crac, la fâcheuse crise d'éternue-
ment survient.
On racontait hier que le directeur des
Variétés, craignant que Prince ne pa-
rût pas suffisamment « pincé x par ln
rhume, avait passé son temps depuis huit
jours à faire des courants d'air derrière
son pensionnair(',On disait aussi, mais ceci,
sous toute réserve, que les auteurs, très
contents des interprètes,a vaient commande
pour chacun d'eux six douzaines de mou-
choirs qu'ils leur offriront le soir de la cen-
tième.
BERTHE MENDÈS.
Causerie Littéraire
La Fête à OoqueTille, par Emile Zola, des- U
sinée par André Devambez. (Eugène a
Fasquelle, éditeur.)
Aucune oeuvre du Maître Emile Zola, rût-
elle de quelques pages seulement, ne peut
laisser que d intéresser vivement le public.
Celle d'aujourd'hui, amusante en ses dé-
tails est d'une gaieté tout l\ fait communi- p
calive, et d'une truculence pantagruélique, e
avec un joli petit rayon d'amour qui éclaire tl
même la face des ivrognes, dont le crayon t,
de M. André Devambez a si joliment par- 11
semé le volume. c
Coqueville est un petit village de pe- 'V
clieurs au bord de l'Océan. Il est divisé par p
la haine de deux familles autrefois élloi- s
tement unies et alliée, les MahÚ et les Fro- r
che. Les Floche, au temps de la splendeur e
des Mahé, se sont implantés chez eux, et t
peu à peu les ont annihilés. Aujourd hui,
les Mahé sont pauvres, les Floche sont ri- I
ches. Indc-Ü'œ — et jamais un Floche ne
permettra à sa fille d'épouser un Mahé.
Cependant Delphin aune Margot. — Margot,
sous les gifles de son père, dira bien des
lèvres, qu'elle ne veut pas de Delphin, mais
ses veux affirment le contraire. La lutte est
là, et s'accentue chaque jour; les deux
camps, celui du Floche, et celui du Mahé, t
sont près d'en venir aux mains, lorsqu'un |
navire anglais sombre en ces parages; sa j
cargaison composée de quoi garnir la cave
d'un roi, Hotte sur les eaux vertes d'une
mer tranquille. La pêche est auan(lonnée,le
homard dédaigné, on laisse le maquereau .
à ses joyeux ébats, et les sardines à leurs
familles; ce sont les tonneaux seuls qu 'on
recherche avec fureur et, tels sont les ex-
quis breuvages qu'ils renferment, que, du-
rant sept jours, tout le village de Croque- (
ville vit sur la plage, dans l'allégresse ,
d'une puissante soûlerie.. i
Les chiens, les chats, les poules même
se mêlent ù. cette fête. — Les maisons sont
abandonnées, les chenils vides, et les pou-
laillers déserts. Et du fait de la tendresse
bien connue que l'ivrognerie met dans le
cœur des gens, les Mahé et les Floche se
jettent dans les bras les uns des autres, et
noient dans l'abondance des liqueurs ex-
quises, leurs immémoriales querelles —
Margot et Delphin, trouvés endormis joue
contre joue seront mariés au milieu de la
réconciliation générale, et désormais le vil-
lage ne formant plus qu'une seule et même
famille verra reileurir en lui les délices de
l'âge d'or... Grâces en soient rendues à la
cargaison du navire anglais!
A quelque chose malheur est bon ! dit un
vieux proverbe qui ne manque pas de
sens.
Mon oncle et mon curé, par Jean de la
Brète, illustrations de E. Vulliemin,\ Pion
Nourrit éditeurs).
Encombrée par l'abondance et poussée
aussi par ['urgence de parler des livres il-
lustrés qui naissent à cette époque de l'an-
née, tels que roses en juin, j'avais pris le
très beau livre, de Mon oncle et mon curé
pour n'y jeter qu'un rapide regard, mais
j'ai été tout d'abord séduite, entraînée par
cotte œuvre charmante d'un homme de
talent et d'esprit ; les très jolis dessins qui
! accompagnent le texte. L'histoire si pure, si
: fraîche, si pleine de mouvement de Reine
de Lavalle, racontée par elle-même avec
beaucoup d'humeur et de gaieté est tout il
fait amusante. Reine est une jeune fille
bien moderne; elle possède beaucoup de
fermeté, de résolution et d'initiative. Si
elle parvient a bien établir sa yie, elle ne
l'a pas volé, son cœur droit, sa franchise
courageuse, sa persévérance, lui méritaient
le bonheur. Je ne dirai pas que Reine a tou-
jours été parfaitement respectueuse pour
une tante très acariâtre chez laquelle elle
vivait.— Elle a su se dé fendre d'elle, et vous
reconnaîtrez avec moi en lisant le volume,
qu elle a joliment bieu fait d'être si genti-
ment volontaire; ses mutineries ont de la
grâce ; c'est bien une vraie jeune fille rem-
plie de l'ardeur de vivre, vaillante et déci-
dée, bien autrement intéressante en sa sin-
cér'ité etses défauts mêmes, que les bêlantes
liéioïnes des romans d'autrefois...
35 mois de campagne en Chine, au Ton-
kin. Cou rbet-ltîvière (, iSS-2-1885) par Emile
Duboc, lieutenant de vaisseau en retraite.
Préface de Pierre Loti. Illustrations par
P. Marié et A. Brun (Charavay, Mantoux,
Martin, éditeurs).
Quel magnifique livre ! Quels beaux récits
il renferme de noire glorieuse campagne,
et comme en lisant. ces faits héroïques, le
cœur nous bat d'une émotion très poignante
et très douce a la fois. Le lieutenant Emile
Duboc, avec une netteté et une clarté re-
marquables, nous initie aux principales
opérations de notre année: la prise de
. Nam-Dinh,les expéditions si mouvementées
contre les pil'alN;:le combat de Fou-Tchéou,
le blocus de Formose, la prise de Kélung,
l'inondation de la pagode des Quatre-Colon-
nes, et la narration de la mort du comman-
(latit Ilivière,- celle de l amiral Courbet, et
1 épisode où, sur l'ordre de ce dernier, 1 au-
teur du livre, alla faire éclater, avec un
petit canot à vapeur de huit mètres, la fré-
gate chinoise le Yu- Yen montée par 600
hommes d'équipage et armée de 23 canons
Krupp ! Voilà l'histoire que doivent lire nos
jeunes garçons, histoire d'hier, frémissante
de dévouements obscurs, de patriotisme,
de désirs de gloire, et de cette belle valeur
française qui rait les héros et les martyrs. ]
Histoire de Viwtàt, par Uo8 Barracaad.
Illustrations de Bouard (Gharavay, Man-
toux, Martin, éditeurs).
Un superbe volume oei la spirituelle fan-
taisie se mêle aux plus émouvants récits,
aux plus intéressantes péripéties.
Le fils du Garde-Chasse, texte et illustra-
tions de L. M. Vauzanges (Charavay Man-
tous Martin, éditeurs.)
Encore un attrayant et beau livre publié
par la Librairie il'yclacation de la jeunesse qui
en compte déjà tant à son actif. Celui-ci est
tout à fait intéressant pour les jeunes lec-
teurs car il dépeint alertement la vie qui
leur est particulière — récits de collège, de
chasse, de concours au tir, impressions de
voyages au bord de la mer, à Cenearneau,
pays de la sardine, avec les détails des
soins à lui' donner depuis sa sortie de la
mer jusqu'à sa mise en boite. Instruction
et récréation. Tel est le plan de 1 'œuvrc
très réussie de M. Vauzanges.
Histoire de Turenne, racontée à mes
enfants, par Théodore Cahu, illustré
d'aquarelles par Paul Dufresne (Société
d'édition et de librairie, ancienne maison
Furne).
M. Théodore Cahu a publié déjà l'histoire
de Jeanne d'Arc, de Bertrand Duguesclin,
du chevalier Bayard; il continue sa série
par celle de Turenne. Les grandes figures
étudiées avec soin dans leur ensemble et
leurs détails ne peuvent qu'intéresser 1 es-
prit et l'imagination de nos enfants, et les
porter à l'admiration de ces héros qui sont
la gloire de notre patrie. Indépendantes (lu
texte, écrit avec clarté et simplicité, les
aquarelles qui accompagnent le livre, sont
amusantes et jolies. Turenne est un de nos
meilleurs livres d'étrennes, et pour le pro-
chain jour de l'an, j'en recommande 1 ac-
quisition aux parents soucieux de mettre
autre chose que des fantaisies légères dans
l'esurit de leurs enfants.
MANOEL DE GRANDFORT.
LIVRES D'ETRENNES
Voyages exeentriquCM. Corsaire Tr i
picx, par Paul d'Ivoi.
Un magnifique volume illustré de plus de
120 gravures de Louis Tiuayrc. Homan
d'aventures extraordinaires, de voyages,
de péripéties, de dangers courus, de récits
palpitants. Beaucoup d'esprit et d 'ii-na--iiia-
tion font du Corsaire un des livres que je
recommande le plus volontiers.
Les Fées en train de plaisir, par
Arsène Alexandre,illuslrêcs de dessins de
Lucien Metivet.
Délicieux de fantaisie, amusant à re-
garder. La joie des tous petils entants qui
y verront, par une étrange tm-Lamorpho-e.
les mamans jouer à la poupée, et les papas
grondés par les babics, grâce a la malice
des jolies petites tees..
(Les deux volumes édités par la société
d'édition et de liUairlC, ancienne librairie
Furne).
M. G.
FAITS DIVERS
LUGUBRE TI'.m;\'AILLE. — Des ouvriers
occupés à charger des matériaux au quai
(rOrsay, sous le pont ù'Iéna, ont découvert
hier matin, sous un tas de briques, le ca-
davrc d'un homme âgé de quarante ans en-
'viroo dont l'ideiititt", n'a pu être établie, et
dont l'a mort parait remonter à six jours.
Un pied, une partie de la cuisse et les
joues de ce malheureux avaient déji1 ete
dévorés par les rats..
On suppose que c est un vagabond qui
ayant cherché un refuge sous le pont pour
la nuit aura été surpris par 1 'éboulement
d'un tas de briques.
M. Pelartly a fait transporter le corps a la
Morgue.
LES DI^ESPKRÏ'.ES:. — Mlle Henriette
Boyer àuée de 17 ans, demeurant chez ses
parenls, 37, rue Didot, s'est jetée hier matin
par une fenêtre du cinquième étage et s est
brisé la colonne vertébrale. Elle a été trans-
portée mourante a l'hôpital Bronssais.
' , -- \ la même hcut\\ Mlle Mari'' Léger.
âgée de 18 ans, a tenté de s'empeitouner
en absorbant chez elle, rue de Tolbiac, une
i décoction d'allumettes. Elle a été conduite
à l'hôpital Corhin. Son état est désespéré.
— Quelques heures plus tard, M!!c [conre
R..., âgée de 11) ans, habitant chez ses pa-
rents, cours de Vincennes. s est tiré deux
coups de revolver dans la poitrine. Elle est
soignée a l'hôpital Saint-Antoine. On a peu
d'espoir de la sauver.
l'=, DON. — Le directeur de la Compagnie
du Gaz a adressé hier matin au Préfet de
police une somme de 1.000 trancs pour
rmll\'l'C des vacances des gardiens de la
paix.
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TRIBUNE DU TRAVAIL
Noir et blanc
A la réunion $lu 1" décembre, c'étaient les
longs sarraus blancs des commis de l'épicerie
qui lançaient leur note claire dans la grande P
salle de la Bourse du Travail. n
Lundi, ces vaillants travailleurs étaient en
moins grand nombre, car, maîtres de. maison, P
ils avaient invité leurs camarades des bazars,
des magasins de nouveautés, des employés de t
la cbaussurc.
Et ceux-ci, dans le noir costume de leur em-
ploi, avaient répondu avec enthousiasme à cet r
appel fraternel..... f
Les revendications des commis épiciers sont j
d'ailleurs communes à tous les employés. 2
Nous les avons indiqués hier. Disons seule- ^
ment qu'elles ont été développées avec une veri- c
tablé éloquence. ,, .. -
Ce sont les pionniers de l'idée qui prennent
d'abord la parole. Beausoleil, le president de la <
réunion; Lambert, secrétaire; Dufay, François, 1
Decrou, Schneider, représentant les diverses ca-
tégories d'employés.
Que demandent-ils ?
1* Un salaire fixe, au mois, afin que les rares t
jours de repos qu'ils réclament ne soient pas (
l'occasion d'une perle d'appointements. La sup- (
pression di' cette méchante invention qui s'a-
pelle la guelte. et qui fait de l'employé, non
l'émule, mais le rival de son camarade, qui per- <
met au patron de masquer l'amende sous une
forme flue n'atteindra pas la loi;
, 20 La jcurnée de 12 heures, repas compris ]
; (et les repas d'une heure au lieu de 25 mi-
nutes ;
La cessation du travail à midi le dimanche ; j
Un jour par an le complet repos, et ils propo-
sent le lundi de Pentecôte. ,
Les difficultés d'exécution, ce qui pourrait j
nuire aux intérêts du patron, en honnêtes tra-
vailleurs ils s'en sontpréoccupés.
Ainsi. ils réservent les fêtes de No51 et du jour
de l'An, dans leurs demandes de réglementa-
tion d'heures de travail.
D'ailleurs, en Hollande, en Allemagne, en
Angleterre, les magasins fermentà 8 h.
Pourquoi ce qui se passe dans ces pays, ne se
passerait-il pas en France?
Là, j'ouvre uneparenthèsepourdire à mes amis
employés que la question est plus complexe
qu'clic n'en a l'air d'abord.
Ils me demandent d'engager les ménagères a
faire leurs provisions ledimanche mat.inou avant
8h. du soir,
Or,la plupart,employées toute la journée au dc-
hors,out,en rentrant à s'occuper du diner, du mé-
na3c, des enfants.
Le dimanche?
On vaaulavoir. On raccommode les vêtements
de toute la maisonnée.
Est-ce à direflud je déclare irréalisables les re-
vendications d.'s employés pour la limitation delà
journée et le repos hebdomadaire ?
Non, certes. Je pense que s ils obtiennent gain
de cause sur ce point, les ménagères, un peu
liénées d'abord, diront à leurs maris :
Eh mais, toi qui as le bulletin de vote, de-
mande à tes représentants que les conditions du
travail s'améliorent, de ti-lle sortes que tous
deux, notre fonction industrielle accomplie, il,
nous reste le temps de remplir nos devoirs de
famille, sans hâle et sans fatigue.
Que la journée, n'duit.e à 10, 9. 8 heures, et...
plus tard G peut être, nous, nous puissions faire
nos provisions î des heures telles que nous ne
privions pas d'autr.'s citoyens de goûter eux
uussi les joies lie la, l'ainilie.
Ouvriers de l'usine, ouvriers des magasins,
vous ne pouvez rien les uns sans les autres.
Et voila pourquoi, nous autres du parti ouvrier.
nous «omnics si heureux de vous voir arriver a
l'idét> du groupement syndical.
t. est la question des étalages qui est et.u-
dLa solution du Conseil municipal, c'est-à-dir.3
/autorisation de l'étalage d la condition que la
journée à huit heures dit soir ne satisfait
pas les éraleurs; ils en demandent la suppres-
Meurtrier pour l'homme et la femme dans la
mauvaise saison, il est, de plus, immoral pour
celle-cI.Le travail de la porte n'est pas fait pour la
femme, dit le citoyen Beausoleil qui fidt remar-
quer d'ailleurs que l'dalage extérieur ne répond
pas à un réel besoin car on n'achète pas plus
qu'on ne peut consommer.
La, encore, je voudrais dire mon mot.
C'est à Vienne, en Autriche, où j'étais dele-
Kuée de l'enseignement libre à 1 Exposition de
1873 que j'ai vu pour la première fois ces mar
chandises débordant des magasins dans les
quartiers les plus select!
Vienne, toute belle capitale qu elle est, m'Jo a
fait l'i'tfet d'un grand bazar,
Et quand. plus tard. j'ai vu successivement
nos magasins élégants céder presque tous a
l'entraînement du moment, j'avoue que j en ai
été choquée dans mon ï=eiuiment esthetique.
4" Les employés demandent encore l'alimenta-
tion et le conchaucs :¡ures.
ils sont généralement fort mal nourris, pins
nm 1 lot'.és encore. et astreints à rentrer à une
certaine heure...
Ain:-,i les commis de la maison Potin, avaient
été av.,).tis lors de la dernière grande réunion
qu'iis délaient rentrer à minuit, sous peine d une
amende de 3 francs. ,
Mai* mus par te sentiment du dovoii,. us res-
t.'rvnt jus'luit la liu. et aucun ne fut frappe
d'a!llf'ndf>, ce!a. grâce à la bonne entente qui les
iv')' amenés tous comme un s-ml homnve. De
; plus, la maison Potin a fait afficher dans ses
. magasins un avis — que je donne en passant,
aux ménagères — prévenant que les magasins
i seraient, désormais. fermés à 6heures;
t'unc. voici déjà une petite cGnquetç. On en
1 verra bien d'autres, à en juger par 1 enthou-
i stasme do toa* les Teetooi SoiN oMsents;' fci
réunion, lesquets applaudissaient frénétiquement
les orateurs qui leur préconisaient l'union sJUl"
: dicale,
Un ordre du jour a été vote en ce sens.
Et l'on s'est séparé en se donnant rendez-vous
pour jeudi 22, dans une réunion où sera com-
muniquée la réponse des patrons.
Messieurs les officiels, vous êtes très bien ins-
pirés en formulant des vœux pour la « Hépu-
blique du Travail la, car voici la Itúrublique des
travailleurs aui 83 dessine à l'horizon.
MARIE BONNEVIAL.
Chambre syndicale ouvrière des Limooadiers.
Restaurateurs et assimilés. Grande réunion cor-
[ porative, Bourse du Travail, annexe A, 35. rue
! J.-J. Rousseau, mercredi 21 décembre 1SJ0 à
2 h. ii2 du soir. Suppression des bureaux de
placement et des frais. On traitera la question
du port facultatif de la barbe.
SPORTING-NOTES
Vélocipédie
« Le Circuit hivernal » a donné une première
réunion à Oran la 19 décembre. Lea séries du
Grand Prix ont été disputées, la finale se courra
dimanche.
Voici les résultats détailles :
Amateurs : 1" Armand, 2* Cornez, 3" Chau-
cherot. t
Algérienne : 1" Figale, 21 Charint.
Grand Prixd'Oran: Les séries sont gagnées
Par Tommaselli, Grogna et Banker.
Handicap : 1" Banker, 2* Tommaselli, 3* Gro-
gna.
Un match de motocycles entre Marcellin et
Baras s'est disputé lundi au Parc des Princes.
Bavas a battu son adversaire. Il a couvert lcf
20 kilomètres en 24 minutes 34 secondes.
Une course de dames de sept jours à raison
de 1 h. Ip2 par jour a. été courue au Tattersallà
Chicago......
Les courses peu disputées n ont pas justifiei-ar
l'intérêt motivé par le public la première jour-
née, aussi l'assistance était des plus clairsemées
les derniers jours.
Lizzie Glaw et Lisette ont etc classées dead-
hcat, malgré une énergique protestation de
Lisette, qui décidément n'est nas en formes, a
été battue dans la course générale par Anderson.
Les séries éliminatoires pour le Championnat
du Monde se poursuivent avec le mfane intérêt
et sont toujours aussi suivies par le public,
La troisième journée Schackmann, tombe Sa-
lomon Max. ,
François le Farinier tombe Edgard _, Joly, Ma-
zin tombe Jaccavail ; Fournier tombe Poirée et
Pvxtlasinski tombe BoU/toux.
'i Illtt"IlN -nnt. fort anotaudis.
NÉVA.
SAVON MYAUTOIUMCE^ËËË!^>—3—1|——
LA FINANCE
Impression de morne abattement; per-
sonne n'est en train. On éprouve un senti-
ment d'oppression comme si l'on assistait
à la mort d'un être cher. C'est en effet un
ensevelissement qui a eu lieu : celui du
drapeau français, cédant la place, là-bas,
sur les bords du Nil, aux couleurs anglo-
égyptiennes.
"Le Marché est terne, en baisse. Nos Ren-
tes s'inclinent pleines d'humilité. Le Per-
pétuel réaclionne à 101 75, au comptant et
à 101 87, à terme; l'Amortissable recule à
101 30, au comptant, perdant 30 cent, ot à
101 40, à terme, en moins-value de 10; le
3 112 faiblit à tOi 45.
L'Extérieure est offerte, puis demandée —
pour racheter il faut bien vendre — et fina-
lement gagne 30 cent. à 45.40. Le Macaroni
se tasse il 9,L80 au comptant et à 95.90 à
terme : le Por tugais avance à 24. Peu varia-
bles les Brésiliens; le 4 OiO réactionne à
53.25 et le 4 1 [2 ne change pas à 57. Quel-
ques demandes sérieuses poussent, les
Turcs en avant. La Douane clôture à 510 et
la Consolidée à 405.
Les établissements de crédit se calment
aujourd'hui, et si la Vieille Dame encaissa
encore 50 francs au comptant, à 3.870, à
terme elle fléchit à 3.830. On demande du
Comptoir d'Escompte à 587; le Lyonnais
vaut 865; la Banque internationale revient
à r)5S. La Banque spéciale dezi valeurs indus-
trielles reste soutenue à 251 et la Banque
française d émission est ferme à 160.
Les Chemins de fer subissent un léger
tassement.
Quant aux Industrielles, leurs mouve-
ments sont très hésitants : Suez est lourd à
3,615; la Thomson-Houston est en nouvelle
perte de 15 francs ; ce n'est pas elle qui re-
trouve son centre de gravité!
La Rahkmanovka, mine de fer, est re-
cherchée à 7 lu ; la Conservation des Liqui-
des se maintient à 75 et la Novo-Pavlov!:a a
un marché très animé à 149.
Le rapport de la De Beers n'est pas préci-
sément très satisfaisant; l'accueil qu'il re-
çoit en Bourse montre qu'on s'attendait à
mieux, et on la vend, suivant en ça II)
Stock Exchange. La Lancaster clôture à
73 50 et la Mav à 95 50.
TRIBOULETTE.
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FEUILLETON DE LA FRONDE
Du 21 DÉCEMBRE 1898
(58) La Sœur du Mort
DEUXIÈME PARTIE
V
Près du bonheur
— Ah 1 vous avez raison, cette femme
Ut encore ma femme, c'est mon mau-
vais génie, elle me poursuit ; je suis
obligé de la subir. C'est affreux.
— Confiance, Jacques, courage, je
crois que vous en serez bientôt débar-
rassé 1...
Il sursauta.
— Armande, vous savez quelque
chose, vous m'avez fait venir pour une
importante communication. De grâce,
parlez, oh, parlez, je vous en conjure.
Avec un regard d'infinie tendresse,
elle reprit la phrase abandonnée.
— Reconnaîtriez-vous l'écriture de
Mme Farjeoi?
— Entre mille.
— Même si elle jouait le déguise-
ment?
Oui.....
— Accordez-moi une minute et je suis
à vous.
Armande sortit du salon.
Quand elle y revint, elle tenait à la
main un carton sur lequel les fragments
de la lettre avaient été collés.
D'un bond, Farjeol se leva.
Armande l'arrêta d'une main.
f — Ecoutez-moi, dit-elle, êtes-vous as-
: sez courageux pour apprendre une
1 chose que nous savons, nous, et que
! cette lettre trouvée par hasard sur la
flage, mous a révélée.
— Tout, tout, je puis tout apprendre.
Rien de ce qui regarde madame Farl*eol
ne me touchera, vous pouvez en être
certaine... communiquez-moi, de grâce.
Elle tenait toujours le carton éloigné
car elle comprenait que Jacques ne se
doutait pas de la réalité.
— Eh bien, Jacques, cxpiiqua-t-c!ic,
les pressentiments que j'avais sont près
de devenir réalité.
— Armande, Armande, que dites-
vous?... De grâce, si vous n'êtes pas
sûre, ne parlez pas... Cette lettre, oh!
lisez-moi cette lettre !...
Il tomba sur un fauteuil.
Elle s'assit également, et, avant de
commencer, elle dit encore :
— Solange Mercœur a trempé dans le
crime !...
— Dans le crime, répéta-t-il, les yeux
hagards.
! — C'est-à-dire dans la fausse dénon-
ciation. C'est à elle, du reste, que cette
lettre a été adressée...
— Une fausse dénonciation!... Une
lettre 1... Comment vous est-elle tombée
dans les mains ?
— Peu importe : elle y est, c est 1 es-
sentiel, et, avec elle, Jacques, nous tou-
chons au bonheur.
— Au bonheur!... Mais alors, mon
enfant, ma fille, ma petite Marthe f...
— Ecoutez-moi.
Armande lut.
Le pauvre homme ne put prononcer
une seule parole.
Il étouffait.
Les mots ne lui venaient pas.
Tout à coup il éclata en sanglots.
Armande et Louis pleurèrent avec lui.
— Est-ce possible J... Dieu, est-ce pos-
sible !... disait-il entre ses larmes.
Il voulut lire lui-même la lettre.
Les yeux voilés, les larmes tremblan-
tes sur sa moustache, il parvint enfin à
la parcourir.
— Oui. c'est son écriture. La malheur
reu5e!.. L'mt'me'" Armande. où est
mon enfant? Béate soyez-voua pour avoir
oem pièce entre III flMtae-
Il se levait, s'asseyait, ne croyant pas
au bonheur qui lui arrivait.
Il redemanda :
— Armande, pourvu que nous trou-
vions ma petite Marthe... Oii aller pour
la chercher, la trouver, la presser dans
mes bras, la lui ravir, oh! oui, là lui en-
lever pour toujours!.. Aujourd 'hui, elle
est perdue pour elle.
Comme mademoiselle Engilbert le re-
gardaît.
— Vous savez autre chose, dit-il. Dites-
moi tout. Connaissez-vous le lieu où vit
ma petite?
Elle attendait encore.
Armande, vous savez tout, je le com-
p)-ends.
Vous êtes mon ange gnrdien... Vous
m'avez retenu à la vie ! .. Partez, parlez...
je vous en supplie. Savez-vous ou est
mon enfant?
— Oui, je le sais.
Il se leva en lui prenant la main.
—,De grâce, allons où elle est. Condui-
1 sez-moi.
Je ne puis rien sans vous.
— Je sais où elle est, reprit Armande,
mais il nous faut user de quelque mé-
nagement pour y arriver.. i
— Des ménagements ? Moi, le père 1
j'ai droit d'entrée partout, partout où
est ma petite Marthe, rai droit de la ra-
vir a n importe qui... elle loin d'ici?
— Non.
— A Portnichet, elle est à Portnichet
même"
— Oui, mon ami, et demain vous la
verrez.
— Demain!.. Pourquoi pas tout de
suite?
— Elle habite avec Solange Mercœur
un chalet dont les portes restent conti-
nuellement fermées a clef. Si je vous
parle ainsi, Jacques, c'est que j'ai es-
sayé moi-même de m'introduire dans la
demeure.
— Vainement?
— Vainement.
— Ob t irai chercher la justice qui M
1 peut me refuser son concours.
— Il y a un moyen plus simple. Evi-
tons le bruit. Demain matin, vous vous
posterez dans ma cabine qui est en face
du chalet Bluette. A dix heures, géné-
ralement l'enfant va faire une prome-
nade avec Solange. Vous les laisserez
sortir. Quand elles seront sur la route,
vous vous montrerez et vous prendrez
votre enfant...
Farjeol marchait.
— Demain! Demain!... Et si la more
arrive cette nuit?
— D'après cette lettre, elle n arrivera
que la semaine prochaine.
Farjeol courbait la tête.
Le bonheur l'écrasait et la crainte de
voir quelque obstacle surgir au dernier
moment le faisait trembler.
— Mes amis, dit -il, en s'adressant tour
à tour à Louis Engilbert et à sœur,
venez avec moi ; conduisez-moi où est
mon enfant. Rester ici, serait une lâ-
~ cheté.
— Jacques vous compromettrez le
succès de notre entreprise.
— Ayez pitié de moi, ayez pitié de
moi, murmura-t-il, des larmes plein les
^ Armande réfléchit un instant.
— Si vous !e désirez, mon ami, nous
allons sortit- tous trois ; nous nous ren-
drons devant Bluette, mais, promettez a
mon frère et à moi de ne rien faire qui
puisse entraver pour demain nos démar-
ches. Nous sommes à la veille de réussir,
nous touchons au but. Qu une impru-
dence ne vienne pas faire tout crouler.
— Je vius le promets, affirma Jac-
ques. Je ferai tout, tout pour ne rien
brusquer. Ce me sera déjà une consola-
tion de voir la lumière qui éclaire mon
enfant, de voir la chambre ou elle vit...
Et qui satt? sur les rideaux se proulera
peut-être sa jolie petite tête...
Tous trois sortirent.
Pas un mot ne tomba de leurs lèvres
jusqu'à BlueUe.
La. Armande, dit :
— Jacques, iai foi en votre, sairole.
'Men qui puisse vous trahir.
— Ayez confiance, mon amie!
— Eli bien, nous y sommes.
Ils s'arrêtèrent.
Une fenêtre du chalet était éclairée.
Les branches des sapins la cachaient
à demi, mais on la voyait suffisamment
pour découvrir des ombres qui glissaient
dans la chambre.
Cette partie de la plage était absolu-
ment déserte.
Dans la nuit, la respiration des amis
s'entendait.
Sans parler.ils restèrent là longtemps
Ce fut Armande qui rompit le silence.
— Venez, dit-elle.
Louis et Jacques la suivirent.
lis traversèrent la rote.
Devant eux se trouvait toute une ligne
de cabines..
« Voici la nôtre, expliqua-t-elle. u est
là que vous viendrez... Je me tiendrai
moi-même à quelques pas, non pour
prendre le premier baiser de la mi-
gnonne, mais le second.
Jacques porta la main à son cœur.
- Jusqu'à demain... Comme c est
long ! soupira-t-il.
Puis, se tournant vers Bluette .
- Adieu, chérie, adieu, mon enfant
aimée, à bientôt...
Farjeol ne ferma pas l œil de la nuit.
Le lendemain, il était debout quand
personne n'était levé à Ker-Avray.
Vers neuf heures, avec Armande, il se
dirigea du côté de Bluette.
L'attente fut horriblement longue.
Jacques resta près d'une heure, l'œil
sur le chalet.
; 11 formait dix projets pour le cas où
l'enfant, la sienne, ne sortirait pas, car il
I ne resterait pas inactif s *il la voyait dans
1 le jardin de Bluette.
Dix heures sonnaient à 1 église de
Porlnichet quand, escortée de Solange,
la petite Marthe se montra.
Farjeol crut s'évanouir.
Il se cramponnai à la charpente de la
i cabine et, les yeux agrandis, il regardait
sa fille. . -
Jamais autant au'à cette heure. Far-.
jeol n'avait compris la puissance et la
force de la paternité.
Il se sentait toutes les énergies pour
arriver à son enfant.
Ses mains se crispaient.
Il aurait brisé tous les obstacles.
Comme Armande t'avait dit, Solange,
tenant l'enfant par la main, sortit de
l'enclos.
Au moment où la domestique fermait
la porte la fillette prit tes devants de
quelques pas.
Jacques vit rouge.
N'était-ce pas le moment de fondre
sur elle?
Cinquante mètres le séparaient encore
de son enfant.
Il jugea prudent de les laisser s'avan-
cer davantage sur la route afin de les
surprendre de dos.
Marthe, un attrape-papillon à la main,
courait après un insecte.
Solange la suivait.
Le moment parut propice à Far-
jeol.
Il sortit de la cabine, prit la direction
qu'il voyait prendre à Solange.
Il ne courut pas, afin de n éveiller l'at-
tention de personne, mais il allongea le
pas, tout en le posant doucement poui
éviter le grincement du sable.
Ne voyant rien, rien que sa fille, il ap-
prochai t du gentil frou-frou blanc.
Il en était à dix pas.
Il la touchait presque.
i Jacques ouvrit les bras.
Marthe lui appartenait
f — Ma chérie, mon trésor, ma fille tu
C'esl tout ce qu'il put dire tandis que
r des transports d'amour lui faisaient
i serrer son enfant contre sa poitrine et
déposer des baisers fous sar son front,
sur ses yeux, sur la robe, sur toute la
petite effrayée.
MME PIERRE DAX.
F F A NWTRRY.
tique. D'après les dépêches reçues une unon-
nh're aurait dépassé Nankin. En présence de ces
événements le croiseur anglais IphigeuÜl, est
partie pour cette destination. L Angleterre pré-
tend s'opposer de toutes ses forces à ce que les
droits français soient plue activement étendus.
Lord Berestord a émis cette opinion que les in-
térêts commerciaux engages sont avant tout
cosmopolites, et, qu'aucune puissance n a le
privilège de désorganiser le commerce au dé-
triment des autres.
Cependant, hâtons-nous de le - re
la bienvenue cordiale souhaitée à M.Cambon a
Londres, par ses compatriotes, a eu du reten-
tissement dans la société londonmenne. ^
presse anglaise a salué sa venue par une appro-
baUou gêné rate. Cette phrase du Globe donne
la mesure .Ic l'appréciation : -
attendre de lui avec connance tout ce que la
courtoisie et le tact peuvent tenter pour amélio-
rer la situation des deux pays. •
M. Balfour secrétaire en chef délégué ..... pour
! Irlande a prononcé n Keigliley un discours
tri s commenté. il y est fait allusion aux
Binas du M. illadston.-- de Lord Hosebcrry, et de
S:r William Harcourt. Naturolleiutiit, il a déve-
loppai cette thèse : quj le lil)éralisine d hier dif-
ftre absolument de l'ancien, mais que ruur de-
venir une force réelle en politique, il doit encore
ee transformer.
MADEMOISELLE.
CHOSES DE L'ENSEIGNEMENT
Répartition officielle des vacances
A l'issue de la dernière séance du dernier
conseil académique, le vice-recteur de
' Académie de Paris a. fait connaître la re-
partition des vacances pour l'année sco-
laire 189S-1890.
Cet te répartition est, me semhle-t-iJ, iden-
tique à celle des années précédentes qui
n'était pas à l'abri de la critique. Visible-
ment, pour qui est au courant de ces
choses, c'est un cumpromis entre la néces-
sitô indiscutable du repos pour les écoliers
et pour leurs maîtres, et les exigences de
la grande majorité des parents qui pensent
les uns tout bas, les autres tout haut que
« l'Université en prend bien à son aise ».
Quelques-uns vont jusqu'à 1 accuser do
chercher à économiser quelques repas.
En somme, les vacances sont trop fré-
quenles et elles sont trop longues.
La question mérite que 1 on s ^ y ar-
pote*
J'ai dit, il y a quelques mois, dans une
Tribune, ce que j'en pensais et, depuis, ma
conviction ne s'est pas mollitiée; mais on
ne saurait trop répéter que les fatigues de
l'enseignement nécessitent des conges pour
le personnel enseignant, et que la tension
de l'esprit n'est bonne ni pour le dévelop-
pement intellectuel, ni pour le développe-
ment physique de la jeunesse.
Le principe même des vacances n'esl
d'ailleurs pas discuté, il ne saurait . être
t'ion par des ignorants ou des malinten-
tionnés. Il n'en est pas de mème de leur
durée et de l'époque où elles ont lieu. La
grande presse est entrée en campagne à ce
sujet. il y a quelques années, pour que les
crandes vacances fussent avancées d un
mois : la période juillet-aout aurait rem-
placé, en cas de succès, la période août-
septembre. On n'a point abouti.
La queslion est, en elTei, très complexe,
puisqu'il faut tenir compte des convenan-
ces des Pères de famille, ou plutôt des exi-
gences de leur situation, et de quelque
chose de plus tenace encore: de leurs habi-
tudes, et de la routine générale.
Des raisons de premier ordre militeraient
cependant en faveur d une modification.
Les hygiénistes qui, pour nous empêcher
de mourir, s'appliquent à nous rendre la
vie insupportable, entrent aujourd hui en
scène avec cette question des vacances, et
ils nous déclarent que le travail, pendant
la canicule est non seulement uue corvée
disproportionnée aux forces de la jeunesse,
mais que c est roeinc un réel danger.
Alors.... , ,
Alors, en attendant mieux, cest-a-dire
une solution rationnelle quant à l'époque
des vacances, on pourrait, au moins, tenter
une modification de l'horaire pendant les
grandes chaleurs. Pourquoi n'essaîera;t-on
pas de faire les classe le matin, de 7 heures
à 9 heures, et l'après-midi de 4 heures a
t; heures.' Pourquoi n*"saierai t-on pas,
ilarçs certaines régions plus chaudes que les
autres, de ne faire la classe que le malin i
No pourrait-on pas, pendant le mois de
ennieuh' diminuer sensiblement les exerci-
ces écrits?
Mais ce qu'il faudrait, surtout, c , est une
.combinaison qui permette de reporter les
COIIII)-)Sl.ii)ns. ios examens, les concours a
. une époque plus clémente.....
nh ! je sais bien que l'on a (léclart'- cent,
fûts que la chose était impossible! Mais
. â'inip>»ssibililé d aujourd 'hui, c est la possi-
bilité do demain, pour qui veut faire demain
autriuni ut qu'hier et aujourd hui.
Lorsque l'on étoulfe dans un monde, il
faut, avant asphyxie complète, avoir le cou-
rage d'en briser la paroi.
Revenons à la répartition des vacances
pour 1S<>S-1899. J'ai dit qu'elle n'était pas à
l'abri de la critique. Voici mes raisons :
Canné de la Toussaint.
11 y a à peine un mois que les écoliers
80nt rentrés ; ils commencent à s'entraîner
au travail; (et chacun sait ce qu il leur faut
de bonne volonté !) non-seulement, ils ne
sont pas encore fatigués, ils s'épanouissent
en une saine activité.
Pourquoi rompre sitôt le charme 7
Pourquoi ne pas assimiler la « fête reli-
lieuse » à un dimanche ordinaire? C'est-à-
dire enwyer les internes aux offices avec
leurs surveillants?
Donc, je supprimerais le congé de la
Toussaint.
Mais je donnerais un congé sérieux , . com-
mençant la veille de Noël et se terminant
dans les premiers jours de janvier.
Au point de vue de l'hygiène, ce serait
bon,après unllrimcslre de travail ; au point
de vue moral, ce serait excellent.
Car au moment où l'annéo finit, et où
l'année recommence, il est nécessaire que
les membres dispersés de la famille revicn-
nent au foyer et que se renoue le fil de la
; tradition qti'ont distendu la lutte des pa-
rents pour !a vie et l'éducation des enfants
au dehors.
Une nation qui n'a pas ou qui n'a plus ces
sortes de jubilés s'effrite.
Donc « sérieux » congé de fin d'année.
Autre congé « sérieux » à Pâques. C'est la
fin du semestre le plus chargé : vingt jours
au moins. (Remarquez que je supprime les
Il jours gras » qui viennent trop tôt après
le jour de l'an, et dont la tradition est vrai-
ment bien vulgaire).
Kntin la Fête nationale, et des vacances
de deux mois au moins.. I
D'ailleurs, on procède ainsi à l'étranger,
en Angleterre notamment.
PAULINE KERGOMARD.
Surveillez vos cheveux et ceux de vos
bébés s'ils foncent, lisez, 4" page, la
Blondine Vi'laki.
Soirée Parisienne
Voyage autour du Code
La mème thèse dans la pièce des Variétés
que dans celle des Français; mais cette
fois, elle est présentée d'une façon (1 ri-
golo » qui a diverti l'assistance — ce que
prouve une fois de plus que tout dépend
de la manière de montrer et d'envisager les
choses. Comme le disent spirituellement
MM. Georges Duval et Maurico Hennequin
dans le Voyage autour du Code, l'heure du
couturier comme l'heure de l'absinthe,
ne doit jamais se manquer. Donc suivons
cet axiome, et donnons tout de suite les
descriptions des toilettes de la svelte et
jolie Lucy Gérard. Une seule observation :
ces toilettes sont trop ajustées sur son
soupçon de corps. En dehors de cela, elles
sont fort réussies.
Robe de broderie mauve posée en trans-
parence sur du taffetas de même ton. Cor-
sage boléro devant, redingote demi-longue
derrière. Jupe formée par deux volants de
mousseline de soie garnis de ruchés. Ces
volanls simulent des dents arrondies.
Robe princesse en mousseline grise
entièrement fc'oncéc;sur la jupe deux plis-
sés également froncés. Chapeau tulle bleu
de ciel recouvert dentelle blanche.
Grand manteau Directoire drap gros
bleu croise sur le côté, trois pèlerines si-
mulent le col. Toque en plumage vert.
Le désopilant Guy, ancien oflicier de
Castel-Sarrazia, qui a tous les titres pour
être percepteur, a voulu rivaliser d'élégance
avec nos gommeux du Bois. Ce provincial,
qui se parisianise de temps à autre, nous a
fort amusés par sesaccoulrements bizarres.
Il a un choix de pantalons boudants aux
couleurs étranges ut un certain chapeau de
Panama, qui ne peut avoir d égal en drôle-
rie que celui de Magnier, la tante Evangé-
line,)lalgré son petit bonnet ruche, sa robe a
' grands ramages, ses allures de vieille fille,
pas du tout rococo, la tante, elle est même
tout à fait nouveau jeu
Brasseur, l'avocat Verdisson, change avec
virtuosité d'allures et d'ameublemeuts.
Au 1er acte,dans son sevère cabinet d'avo-
cat des grandes Compagnies, il a de la cor-
rection, des imposants favoris et des gants
gris souris qui ont dù être faits pour un
parfait notaire. Au second acte, dans un in-
térieur tendu peluche vieux rose, il reçoit
des femmes du monde, du vrai monde, de
celles que l'on rencontre dans les cabarets
de la butte!
La maison de la tante Evangeline est pro
prette, gaie et l'on comprend que des úmOll-
roux s'y plaisent. Après le départ d'une
fanfare divertissante au possible Oll le rire
des spectateurs t'ailchorus, nous monterons
avec les deux amants dans la petite cham-
bre bleue. Celte 011 plusieurs années aupa-
ravant..... ravant.....parfaitcmcnt.Rien n'y estchangé :
voici les mêmes tentures en perse blanche
il ramages, les siège', la cheminée ni) git
sous un gtobe, la couronne de Heurs d'oran-
cers, nn peu beaucoup jaunie. Voici le Ill.
Mais inutile de vous retirer discrètement
car le second mari,vieille noblesse de che-
val,le baron de Clairembois, va faire irrup-
tion. Cet amusant baron a un cocyza chro-
nique très gènant qui augmente à vue d'oeil,
(j'allais dire a vue de nez.) Une fenêtre ou-
verte et crac, la fâcheuse crise d'éternue-
ment survient.
On racontait hier que le directeur des
Variétés, craignant que Prince ne pa-
rût pas suffisamment « pincé x par ln
rhume, avait passé son temps depuis huit
jours à faire des courants d'air derrière
son pensionnair(',On disait aussi, mais ceci,
sous toute réserve, que les auteurs, très
contents des interprètes,a vaient commande
pour chacun d'eux six douzaines de mou-
choirs qu'ils leur offriront le soir de la cen-
tième.
BERTHE MENDÈS.
Causerie Littéraire
La Fête à OoqueTille, par Emile Zola, des- U
sinée par André Devambez. (Eugène a
Fasquelle, éditeur.)
Aucune oeuvre du Maître Emile Zola, rût-
elle de quelques pages seulement, ne peut
laisser que d intéresser vivement le public.
Celle d'aujourd'hui, amusante en ses dé-
tails est d'une gaieté tout l\ fait communi- p
calive, et d'une truculence pantagruélique, e
avec un joli petit rayon d'amour qui éclaire tl
même la face des ivrognes, dont le crayon t,
de M. André Devambez a si joliment par- 11
semé le volume. c
Coqueville est un petit village de pe- 'V
clieurs au bord de l'Océan. Il est divisé par p
la haine de deux familles autrefois élloi- s
tement unies et alliée, les MahÚ et les Fro- r
che. Les Floche, au temps de la splendeur e
des Mahé, se sont implantés chez eux, et t
peu à peu les ont annihilés. Aujourd hui,
les Mahé sont pauvres, les Floche sont ri- I
ches. Indc-Ü'œ — et jamais un Floche ne
permettra à sa fille d'épouser un Mahé.
Cependant Delphin aune Margot. — Margot,
sous les gifles de son père, dira bien des
lèvres, qu'elle ne veut pas de Delphin, mais
ses veux affirment le contraire. La lutte est
là, et s'accentue chaque jour; les deux
camps, celui du Floche, et celui du Mahé, t
sont près d'en venir aux mains, lorsqu'un |
navire anglais sombre en ces parages; sa j
cargaison composée de quoi garnir la cave
d'un roi, Hotte sur les eaux vertes d'une
mer tranquille. La pêche est auan(lonnée,le
homard dédaigné, on laisse le maquereau .
à ses joyeux ébats, et les sardines à leurs
familles; ce sont les tonneaux seuls qu 'on
recherche avec fureur et, tels sont les ex-
quis breuvages qu'ils renferment, que, du-
rant sept jours, tout le village de Croque- (
ville vit sur la plage, dans l'allégresse ,
d'une puissante soûlerie.. i
Les chiens, les chats, les poules même
se mêlent ù. cette fête. — Les maisons sont
abandonnées, les chenils vides, et les pou-
laillers déserts. Et du fait de la tendresse
bien connue que l'ivrognerie met dans le
cœur des gens, les Mahé et les Floche se
jettent dans les bras les uns des autres, et
noient dans l'abondance des liqueurs ex-
quises, leurs immémoriales querelles —
Margot et Delphin, trouvés endormis joue
contre joue seront mariés au milieu de la
réconciliation générale, et désormais le vil-
lage ne formant plus qu'une seule et même
famille verra reileurir en lui les délices de
l'âge d'or... Grâces en soient rendues à la
cargaison du navire anglais!
A quelque chose malheur est bon ! dit un
vieux proverbe qui ne manque pas de
sens.
Mon oncle et mon curé, par Jean de la
Brète, illustrations de E. Vulliemin,\ Pion
Nourrit éditeurs).
Encombrée par l'abondance et poussée
aussi par ['urgence de parler des livres il-
lustrés qui naissent à cette époque de l'an-
née, tels que roses en juin, j'avais pris le
très beau livre, de Mon oncle et mon curé
pour n'y jeter qu'un rapide regard, mais
j'ai été tout d'abord séduite, entraînée par
cotte œuvre charmante d'un homme de
talent et d'esprit ; les très jolis dessins qui
! accompagnent le texte. L'histoire si pure, si
: fraîche, si pleine de mouvement de Reine
de Lavalle, racontée par elle-même avec
beaucoup d'humeur et de gaieté est tout il
fait amusante. Reine est une jeune fille
bien moderne; elle possède beaucoup de
fermeté, de résolution et d'initiative. Si
elle parvient a bien établir sa yie, elle ne
l'a pas volé, son cœur droit, sa franchise
courageuse, sa persévérance, lui méritaient
le bonheur. Je ne dirai pas que Reine a tou-
jours été parfaitement respectueuse pour
une tante très acariâtre chez laquelle elle
vivait.— Elle a su se dé fendre d'elle, et vous
reconnaîtrez avec moi en lisant le volume,
qu elle a joliment bieu fait d'être si genti-
ment volontaire; ses mutineries ont de la
grâce ; c'est bien une vraie jeune fille rem-
plie de l'ardeur de vivre, vaillante et déci-
dée, bien autrement intéressante en sa sin-
cér'ité etses défauts mêmes, que les bêlantes
liéioïnes des romans d'autrefois...
35 mois de campagne en Chine, au Ton-
kin. Cou rbet-ltîvière (, iSS-2-1885) par Emile
Duboc, lieutenant de vaisseau en retraite.
Préface de Pierre Loti. Illustrations par
P. Marié et A. Brun (Charavay, Mantoux,
Martin, éditeurs).
Quel magnifique livre ! Quels beaux récits
il renferme de noire glorieuse campagne,
et comme en lisant. ces faits héroïques, le
cœur nous bat d'une émotion très poignante
et très douce a la fois. Le lieutenant Emile
Duboc, avec une netteté et une clarté re-
marquables, nous initie aux principales
opérations de notre année: la prise de
. Nam-Dinh,les expéditions si mouvementées
contre les pil'alN;:le combat de Fou-Tchéou,
le blocus de Formose, la prise de Kélung,
l'inondation de la pagode des Quatre-Colon-
nes, et la narration de la mort du comman-
(latit Ilivière,- celle de l amiral Courbet, et
1 épisode où, sur l'ordre de ce dernier, 1 au-
teur du livre, alla faire éclater, avec un
petit canot à vapeur de huit mètres, la fré-
gate chinoise le Yu- Yen montée par 600
hommes d'équipage et armée de 23 canons
Krupp ! Voilà l'histoire que doivent lire nos
jeunes garçons, histoire d'hier, frémissante
de dévouements obscurs, de patriotisme,
de désirs de gloire, et de cette belle valeur
française qui rait les héros et les martyrs. ]
Histoire de Viwtàt, par Uo8 Barracaad.
Illustrations de Bouard (Gharavay, Man-
toux, Martin, éditeurs).
Un superbe volume oei la spirituelle fan-
taisie se mêle aux plus émouvants récits,
aux plus intéressantes péripéties.
Le fils du Garde-Chasse, texte et illustra-
tions de L. M. Vauzanges (Charavay Man-
tous Martin, éditeurs.)
Encore un attrayant et beau livre publié
par la Librairie il'yclacation de la jeunesse qui
en compte déjà tant à son actif. Celui-ci est
tout à fait intéressant pour les jeunes lec-
teurs car il dépeint alertement la vie qui
leur est particulière — récits de collège, de
chasse, de concours au tir, impressions de
voyages au bord de la mer, à Cenearneau,
pays de la sardine, avec les détails des
soins à lui' donner depuis sa sortie de la
mer jusqu'à sa mise en boite. Instruction
et récréation. Tel est le plan de 1 'œuvrc
très réussie de M. Vauzanges.
Histoire de Turenne, racontée à mes
enfants, par Théodore Cahu, illustré
d'aquarelles par Paul Dufresne (Société
d'édition et de librairie, ancienne maison
Furne).
M. Théodore Cahu a publié déjà l'histoire
de Jeanne d'Arc, de Bertrand Duguesclin,
du chevalier Bayard; il continue sa série
par celle de Turenne. Les grandes figures
étudiées avec soin dans leur ensemble et
leurs détails ne peuvent qu'intéresser 1 es-
prit et l'imagination de nos enfants, et les
porter à l'admiration de ces héros qui sont
la gloire de notre patrie. Indépendantes (lu
texte, écrit avec clarté et simplicité, les
aquarelles qui accompagnent le livre, sont
amusantes et jolies. Turenne est un de nos
meilleurs livres d'étrennes, et pour le pro-
chain jour de l'an, j'en recommande 1 ac-
quisition aux parents soucieux de mettre
autre chose que des fantaisies légères dans
l'esurit de leurs enfants.
MANOEL DE GRANDFORT.
LIVRES D'ETRENNES
Voyages exeentriquCM. Corsaire Tr i
picx, par Paul d'Ivoi.
Un magnifique volume illustré de plus de
120 gravures de Louis Tiuayrc. Homan
d'aventures extraordinaires, de voyages,
de péripéties, de dangers courus, de récits
palpitants. Beaucoup d'esprit et d 'ii-na--iiia-
tion font du Corsaire un des livres que je
recommande le plus volontiers.
Les Fées en train de plaisir, par
Arsène Alexandre,illuslrêcs de dessins de
Lucien Metivet.
Délicieux de fantaisie, amusant à re-
garder. La joie des tous petils entants qui
y verront, par une étrange tm-Lamorpho-e.
les mamans jouer à la poupée, et les papas
grondés par les babics, grâce a la malice
des jolies petites tees..
(Les deux volumes édités par la société
d'édition et de liUairlC, ancienne librairie
Furne).
M. G.
FAITS DIVERS
LUGUBRE TI'.m;\'AILLE. — Des ouvriers
occupés à charger des matériaux au quai
(rOrsay, sous le pont ù'Iéna, ont découvert
hier matin, sous un tas de briques, le ca-
davrc d'un homme âgé de quarante ans en-
'viroo dont l'ideiititt", n'a pu être établie, et
dont l'a mort parait remonter à six jours.
Un pied, une partie de la cuisse et les
joues de ce malheureux avaient déji1 ete
dévorés par les rats..
On suppose que c est un vagabond qui
ayant cherché un refuge sous le pont pour
la nuit aura été surpris par 1 'éboulement
d'un tas de briques.
M. Pelartly a fait transporter le corps a la
Morgue.
LES DI^ESPKRÏ'.ES:. — Mlle Henriette
Boyer àuée de 17 ans, demeurant chez ses
parenls, 37, rue Didot, s'est jetée hier matin
par une fenêtre du cinquième étage et s est
brisé la colonne vertébrale. Elle a été trans-
portée mourante a l'hôpital Bronssais.
' , -- \ la même hcut\\ Mlle Mari'' Léger.
âgée de 18 ans, a tenté de s'empeitouner
en absorbant chez elle, rue de Tolbiac, une
i décoction d'allumettes. Elle a été conduite
à l'hôpital Corhin. Son état est désespéré.
— Quelques heures plus tard, M!!c [conre
R..., âgée de 11) ans, habitant chez ses pa-
rents, cours de Vincennes. s est tiré deux
coups de revolver dans la poitrine. Elle est
soignée a l'hôpital Saint-Antoine. On a peu
d'espoir de la sauver.
l'=, DON. — Le directeur de la Compagnie
du Gaz a adressé hier matin au Préfet de
police une somme de 1.000 trancs pour
rmll\'l'C des vacances des gardiens de la
paix.
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TRIBUNE DU TRAVAIL
Noir et blanc
A la réunion $lu 1" décembre, c'étaient les
longs sarraus blancs des commis de l'épicerie
qui lançaient leur note claire dans la grande P
salle de la Bourse du Travail. n
Lundi, ces vaillants travailleurs étaient en
moins grand nombre, car, maîtres de. maison, P
ils avaient invité leurs camarades des bazars,
des magasins de nouveautés, des employés de t
la cbaussurc.
Et ceux-ci, dans le noir costume de leur em-
ploi, avaient répondu avec enthousiasme à cet r
appel fraternel..... f
Les revendications des commis épiciers sont j
d'ailleurs communes à tous les employés. 2
Nous les avons indiqués hier. Disons seule- ^
ment qu'elles ont été développées avec une veri- c
tablé éloquence. ,, .. -
Ce sont les pionniers de l'idée qui prennent
d'abord la parole. Beausoleil, le president de la <
réunion; Lambert, secrétaire; Dufay, François, 1
Decrou, Schneider, représentant les diverses ca-
tégories d'employés.
Que demandent-ils ?
1* Un salaire fixe, au mois, afin que les rares t
jours de repos qu'ils réclament ne soient pas (
l'occasion d'une perle d'appointements. La sup- (
pression di' cette méchante invention qui s'a-
pelle la guelte. et qui fait de l'employé, non
l'émule, mais le rival de son camarade, qui per- <
met au patron de masquer l'amende sous une
forme flue n'atteindra pas la loi;
, 20 La jcurnée de 12 heures, repas compris ]
; (et les repas d'une heure au lieu de 25 mi-
nutes ;
La cessation du travail à midi le dimanche ; j
Un jour par an le complet repos, et ils propo-
sent le lundi de Pentecôte. ,
Les difficultés d'exécution, ce qui pourrait j
nuire aux intérêts du patron, en honnêtes tra-
vailleurs ils s'en sontpréoccupés.
Ainsi. ils réservent les fêtes de No51 et du jour
de l'An, dans leurs demandes de réglementa-
tion d'heures de travail.
D'ailleurs, en Hollande, en Allemagne, en
Angleterre, les magasins fermentà 8 h.
Pourquoi ce qui se passe dans ces pays, ne se
passerait-il pas en France?
Là, j'ouvre uneparenthèsepourdire à mes amis
employés que la question est plus complexe
qu'clic n'en a l'air d'abord.
Ils me demandent d'engager les ménagères a
faire leurs provisions ledimanche mat.inou avant
8h. du soir,
Or,la plupart,employées toute la journée au dc-
hors,out,en rentrant à s'occuper du diner, du mé-
na3c, des enfants.
Le dimanche?
On vaaulavoir. On raccommode les vêtements
de toute la maisonnée.
Est-ce à direflud je déclare irréalisables les re-
vendications d.'s employés pour la limitation delà
journée et le repos hebdomadaire ?
Non, certes. Je pense que s ils obtiennent gain
de cause sur ce point, les ménagères, un peu
liénées d'abord, diront à leurs maris :
Eh mais, toi qui as le bulletin de vote, de-
mande à tes représentants que les conditions du
travail s'améliorent, de ti-lle sortes que tous
deux, notre fonction industrielle accomplie, il,
nous reste le temps de remplir nos devoirs de
famille, sans hâle et sans fatigue.
Que la journée, n'duit.e à 10, 9. 8 heures, et...
plus tard G peut être, nous, nous puissions faire
nos provisions î des heures telles que nous ne
privions pas d'autr.'s citoyens de goûter eux
uussi les joies lie la, l'ainilie.
Ouvriers de l'usine, ouvriers des magasins,
vous ne pouvez rien les uns sans les autres.
Et voila pourquoi, nous autres du parti ouvrier.
nous «omnics si heureux de vous voir arriver a
l'idét> du groupement syndical.
t. est la question des étalages qui est et.u-
dLa solution du Conseil municipal, c'est-à-dir.3
/autorisation de l'étalage d la condition que la
journée à huit heures dit soir ne satisfait
pas les éraleurs; ils en demandent la suppres-
Meurtrier pour l'homme et la femme dans la
mauvaise saison, il est, de plus, immoral pour
celle-cI.Le travail de la porte n'est pas fait pour la
femme, dit le citoyen Beausoleil qui fidt remar-
quer d'ailleurs que l'dalage extérieur ne répond
pas à un réel besoin car on n'achète pas plus
qu'on ne peut consommer.
La, encore, je voudrais dire mon mot.
C'est à Vienne, en Autriche, où j'étais dele-
Kuée de l'enseignement libre à 1 Exposition de
1873 que j'ai vu pour la première fois ces mar
chandises débordant des magasins dans les
quartiers les plus select!
Vienne, toute belle capitale qu elle est, m'Jo a
fait l'i'tfet d'un grand bazar,
Et quand. plus tard. j'ai vu successivement
nos magasins élégants céder presque tous a
l'entraînement du moment, j'avoue que j en ai
été choquée dans mon ï=eiuiment esthetique.
4" Les employés demandent encore l'alimenta-
tion et le conchaucs :¡ures.
ils sont généralement fort mal nourris, pins
nm 1 lot'.és encore. et astreints à rentrer à une
certaine heure...
Ain:-,i les commis de la maison Potin, avaient
été av.,).tis lors de la dernière grande réunion
qu'iis délaient rentrer à minuit, sous peine d une
amende de 3 francs. ,
Mai* mus par te sentiment du dovoii,. us res-
t.'rvnt jus'luit la liu. et aucun ne fut frappe
d'a!llf'ndf>, ce!a. grâce à la bonne entente qui les
iv')' amenés tous comme un s-ml homnve. De
; plus, la maison Potin a fait afficher dans ses
. magasins un avis — que je donne en passant,
aux ménagères — prévenant que les magasins
i seraient, désormais. fermés à 6heures;
t'unc. voici déjà une petite cGnquetç. On en
1 verra bien d'autres, à en juger par 1 enthou-
i stasme do toa* les Teetooi SoiN oMsents;' fci
réunion, lesquets applaudissaient frénétiquement
les orateurs qui leur préconisaient l'union sJUl"
: dicale,
Un ordre du jour a été vote en ce sens.
Et l'on s'est séparé en se donnant rendez-vous
pour jeudi 22, dans une réunion où sera com-
muniquée la réponse des patrons.
Messieurs les officiels, vous êtes très bien ins-
pirés en formulant des vœux pour la « Hépu-
blique du Travail la, car voici la Itúrublique des
travailleurs aui 83 dessine à l'horizon.
MARIE BONNEVIAL.
Chambre syndicale ouvrière des Limooadiers.
Restaurateurs et assimilés. Grande réunion cor-
[ porative, Bourse du Travail, annexe A, 35. rue
! J.-J. Rousseau, mercredi 21 décembre 1SJ0 à
2 h. ii2 du soir. Suppression des bureaux de
placement et des frais. On traitera la question
du port facultatif de la barbe.
SPORTING-NOTES
Vélocipédie
« Le Circuit hivernal » a donné une première
réunion à Oran la 19 décembre. Lea séries du
Grand Prix ont été disputées, la finale se courra
dimanche.
Voici les résultats détailles :
Amateurs : 1" Armand, 2* Cornez, 3" Chau-
cherot. t
Algérienne : 1" Figale, 21 Charint.
Grand Prixd'Oran: Les séries sont gagnées
Par Tommaselli, Grogna et Banker.
Handicap : 1" Banker, 2* Tommaselli, 3* Gro-
gna.
Un match de motocycles entre Marcellin et
Baras s'est disputé lundi au Parc des Princes.
Bavas a battu son adversaire. Il a couvert lcf
20 kilomètres en 24 minutes 34 secondes.
Une course de dames de sept jours à raison
de 1 h. Ip2 par jour a. été courue au Tattersallà
Chicago......
Les courses peu disputées n ont pas justifiei-ar
l'intérêt motivé par le public la première jour-
née, aussi l'assistance était des plus clairsemées
les derniers jours.
Lizzie Glaw et Lisette ont etc classées dead-
hcat, malgré une énergique protestation de
Lisette, qui décidément n'est nas en formes, a
été battue dans la course générale par Anderson.
Les séries éliminatoires pour le Championnat
du Monde se poursuivent avec le mfane intérêt
et sont toujours aussi suivies par le public,
La troisième journée Schackmann, tombe Sa-
lomon Max. ,
François le Farinier tombe Edgard _, Joly, Ma-
zin tombe Jaccavail ; Fournier tombe Poirée et
Pvxtlasinski tombe BoU/toux.
'i Illtt"IlN -nnt. fort anotaudis.
NÉVA.
SAVON MYAUTOIUMCE^ËËË!^>—3—1|——
LA FINANCE
Impression de morne abattement; per-
sonne n'est en train. On éprouve un senti-
ment d'oppression comme si l'on assistait
à la mort d'un être cher. C'est en effet un
ensevelissement qui a eu lieu : celui du
drapeau français, cédant la place, là-bas,
sur les bords du Nil, aux couleurs anglo-
égyptiennes.
"Le Marché est terne, en baisse. Nos Ren-
tes s'inclinent pleines d'humilité. Le Per-
pétuel réaclionne à 101 75, au comptant et
à 101 87, à terme; l'Amortissable recule à
101 30, au comptant, perdant 30 cent, ot à
101 40, à terme, en moins-value de 10; le
3 112 faiblit à tOi 45.
L'Extérieure est offerte, puis demandée —
pour racheter il faut bien vendre — et fina-
lement gagne 30 cent. à 45.40. Le Macaroni
se tasse il 9,L80 au comptant et à 95.90 à
terme : le Por tugais avance à 24. Peu varia-
bles les Brésiliens; le 4 OiO réactionne à
53.25 et le 4 1 [2 ne change pas à 57. Quel-
ques demandes sérieuses poussent, les
Turcs en avant. La Douane clôture à 510 et
la Consolidée à 405.
Les établissements de crédit se calment
aujourd'hui, et si la Vieille Dame encaissa
encore 50 francs au comptant, à 3.870, à
terme elle fléchit à 3.830. On demande du
Comptoir d'Escompte à 587; le Lyonnais
vaut 865; la Banque internationale revient
à r)5S. La Banque spéciale dezi valeurs indus-
trielles reste soutenue à 251 et la Banque
française d émission est ferme à 160.
Les Chemins de fer subissent un léger
tassement.
Quant aux Industrielles, leurs mouve-
ments sont très hésitants : Suez est lourd à
3,615; la Thomson-Houston est en nouvelle
perte de 15 francs ; ce n'est pas elle qui re-
trouve son centre de gravité!
La Rahkmanovka, mine de fer, est re-
cherchée à 7 lu ; la Conservation des Liqui-
des se maintient à 75 et la Novo-Pavlov!:a a
un marché très animé à 149.
Le rapport de la De Beers n'est pas préci-
sément très satisfaisant; l'accueil qu'il re-
çoit en Bourse montre qu'on s'attendait à
mieux, et on la vend, suivant en ça II)
Stock Exchange. La Lancaster clôture à
73 50 et la Mav à 95 50.
TRIBOULETTE.
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FEUILLETON DE LA FRONDE
Du 21 DÉCEMBRE 1898
(58) La Sœur du Mort
DEUXIÈME PARTIE
V
Près du bonheur
— Ah 1 vous avez raison, cette femme
Ut encore ma femme, c'est mon mau-
vais génie, elle me poursuit ; je suis
obligé de la subir. C'est affreux.
— Confiance, Jacques, courage, je
crois que vous en serez bientôt débar-
rassé 1...
Il sursauta.
— Armande, vous savez quelque
chose, vous m'avez fait venir pour une
importante communication. De grâce,
parlez, oh, parlez, je vous en conjure.
Avec un regard d'infinie tendresse,
elle reprit la phrase abandonnée.
— Reconnaîtriez-vous l'écriture de
Mme Farjeoi?
— Entre mille.
— Même si elle jouait le déguise-
ment?
Oui.....
— Accordez-moi une minute et je suis
à vous.
Armande sortit du salon.
Quand elle y revint, elle tenait à la
main un carton sur lequel les fragments
de la lettre avaient été collés.
D'un bond, Farjeol se leva.
Armande l'arrêta d'une main.
f — Ecoutez-moi, dit-elle, êtes-vous as-
: sez courageux pour apprendre une
1 chose que nous savons, nous, et que
! cette lettre trouvée par hasard sur la
flage, mous a révélée.
— Tout, tout, je puis tout apprendre.
Rien de ce qui regarde madame Farl*eol
ne me touchera, vous pouvez en être
certaine... communiquez-moi, de grâce.
Elle tenait toujours le carton éloigné
car elle comprenait que Jacques ne se
doutait pas de la réalité.
— Eh bien, Jacques, cxpiiqua-t-c!ic,
les pressentiments que j'avais sont près
de devenir réalité.
— Armande, Armande, que dites-
vous?... De grâce, si vous n'êtes pas
sûre, ne parlez pas... Cette lettre, oh!
lisez-moi cette lettre !...
Il tomba sur un fauteuil.
Elle s'assit également, et, avant de
commencer, elle dit encore :
— Solange Mercœur a trempé dans le
crime !...
— Dans le crime, répéta-t-il, les yeux
hagards.
! — C'est-à-dire dans la fausse dénon-
ciation. C'est à elle, du reste, que cette
lettre a été adressée...
— Une fausse dénonciation!... Une
lettre 1... Comment vous est-elle tombée
dans les mains ?
— Peu importe : elle y est, c est 1 es-
sentiel, et, avec elle, Jacques, nous tou-
chons au bonheur.
— Au bonheur!... Mais alors, mon
enfant, ma fille, ma petite Marthe f...
— Ecoutez-moi.
Armande lut.
Le pauvre homme ne put prononcer
une seule parole.
Il étouffait.
Les mots ne lui venaient pas.
Tout à coup il éclata en sanglots.
Armande et Louis pleurèrent avec lui.
— Est-ce possible J... Dieu, est-ce pos-
sible !... disait-il entre ses larmes.
Il voulut lire lui-même la lettre.
Les yeux voilés, les larmes tremblan-
tes sur sa moustache, il parvint enfin à
la parcourir.
— Oui. c'est son écriture. La malheur
reu5e!.. L'mt'me'" Armande. où est
mon enfant? Béate soyez-voua pour avoir
oem pièce entre III flMtae-
Il se levait, s'asseyait, ne croyant pas
au bonheur qui lui arrivait.
Il redemanda :
— Armande, pourvu que nous trou-
vions ma petite Marthe... Oii aller pour
la chercher, la trouver, la presser dans
mes bras, la lui ravir, oh! oui, là lui en-
lever pour toujours!.. Aujourd 'hui, elle
est perdue pour elle.
Comme mademoiselle Engilbert le re-
gardaît.
— Vous savez autre chose, dit-il. Dites-
moi tout. Connaissez-vous le lieu où vit
ma petite?
Elle attendait encore.
Armande, vous savez tout, je le com-
p)-ends.
Vous êtes mon ange gnrdien... Vous
m'avez retenu à la vie ! .. Partez, parlez...
je vous en supplie. Savez-vous ou est
mon enfant?
— Oui, je le sais.
Il se leva en lui prenant la main.
—,De grâce, allons où elle est. Condui-
1 sez-moi.
Je ne puis rien sans vous.
— Je sais où elle est, reprit Armande,
mais il nous faut user de quelque mé-
nagement pour y arriver.. i
— Des ménagements ? Moi, le père 1
j'ai droit d'entrée partout, partout où
est ma petite Marthe, rai droit de la ra-
vir a n importe qui... elle loin d'ici?
— Non.
— A Portnichet, elle est à Portnichet
même"
— Oui, mon ami, et demain vous la
verrez.
— Demain!.. Pourquoi pas tout de
suite?
— Elle habite avec Solange Mercœur
un chalet dont les portes restent conti-
nuellement fermées a clef. Si je vous
parle ainsi, Jacques, c'est que j'ai es-
sayé moi-même de m'introduire dans la
demeure.
— Vainement?
— Vainement.
— Ob t irai chercher la justice qui M
1 peut me refuser son concours.
— Il y a un moyen plus simple. Evi-
tons le bruit. Demain matin, vous vous
posterez dans ma cabine qui est en face
du chalet Bluette. A dix heures, géné-
ralement l'enfant va faire une prome-
nade avec Solange. Vous les laisserez
sortir. Quand elles seront sur la route,
vous vous montrerez et vous prendrez
votre enfant...
Farjeol marchait.
— Demain! Demain!... Et si la more
arrive cette nuit?
— D'après cette lettre, elle n arrivera
que la semaine prochaine.
Farjeol courbait la tête.
Le bonheur l'écrasait et la crainte de
voir quelque obstacle surgir au dernier
moment le faisait trembler.
— Mes amis, dit -il, en s'adressant tour
à tour à Louis Engilbert et à sœur,
venez avec moi ; conduisez-moi où est
mon enfant. Rester ici, serait une lâ-
~ cheté.
— Jacques vous compromettrez le
succès de notre entreprise.
— Ayez pitié de moi, ayez pitié de
moi, murmura-t-il, des larmes plein les
^ Armande réfléchit un instant.
— Si vous !e désirez, mon ami, nous
allons sortit- tous trois ; nous nous ren-
drons devant Bluette, mais, promettez a
mon frère et à moi de ne rien faire qui
puisse entraver pour demain nos démar-
ches. Nous sommes à la veille de réussir,
nous touchons au but. Qu une impru-
dence ne vienne pas faire tout crouler.
— Je vius le promets, affirma Jac-
ques. Je ferai tout, tout pour ne rien
brusquer. Ce me sera déjà une consola-
tion de voir la lumière qui éclaire mon
enfant, de voir la chambre ou elle vit...
Et qui satt? sur les rideaux se proulera
peut-être sa jolie petite tête...
Tous trois sortirent.
Pas un mot ne tomba de leurs lèvres
jusqu'à BlueUe.
La. Armande, dit :
— Jacques, iai foi en votre, sairole.
'Men qui puisse vous trahir.
— Ayez confiance, mon amie!
— Eli bien, nous y sommes.
Ils s'arrêtèrent.
Une fenêtre du chalet était éclairée.
Les branches des sapins la cachaient
à demi, mais on la voyait suffisamment
pour découvrir des ombres qui glissaient
dans la chambre.
Cette partie de la plage était absolu-
ment déserte.
Dans la nuit, la respiration des amis
s'entendait.
Sans parler.ils restèrent là longtemps
Ce fut Armande qui rompit le silence.
— Venez, dit-elle.
Louis et Jacques la suivirent.
lis traversèrent la rote.
Devant eux se trouvait toute une ligne
de cabines..
« Voici la nôtre, expliqua-t-elle. u est
là que vous viendrez... Je me tiendrai
moi-même à quelques pas, non pour
prendre le premier baiser de la mi-
gnonne, mais le second.
Jacques porta la main à son cœur.
- Jusqu'à demain... Comme c est
long ! soupira-t-il.
Puis, se tournant vers Bluette .
- Adieu, chérie, adieu, mon enfant
aimée, à bientôt...
Farjeol ne ferma pas l œil de la nuit.
Le lendemain, il était debout quand
personne n'était levé à Ker-Avray.
Vers neuf heures, avec Armande, il se
dirigea du côté de Bluette.
L'attente fut horriblement longue.
Jacques resta près d'une heure, l'œil
sur le chalet.
; 11 formait dix projets pour le cas où
l'enfant, la sienne, ne sortirait pas, car il
I ne resterait pas inactif s *il la voyait dans
1 le jardin de Bluette.
Dix heures sonnaient à 1 église de
Porlnichet quand, escortée de Solange,
la petite Marthe se montra.
Farjeol crut s'évanouir.
Il se cramponnai à la charpente de la
i cabine et, les yeux agrandis, il regardait
sa fille. . -
Jamais autant au'à cette heure. Far-.
jeol n'avait compris la puissance et la
force de la paternité.
Il se sentait toutes les énergies pour
arriver à son enfant.
Ses mains se crispaient.
Il aurait brisé tous les obstacles.
Comme Armande t'avait dit, Solange,
tenant l'enfant par la main, sortit de
l'enclos.
Au moment où la domestique fermait
la porte la fillette prit tes devants de
quelques pas.
Jacques vit rouge.
N'était-ce pas le moment de fondre
sur elle?
Cinquante mètres le séparaient encore
de son enfant.
Il jugea prudent de les laisser s'avan-
cer davantage sur la route afin de les
surprendre de dos.
Marthe, un attrape-papillon à la main,
courait après un insecte.
Solange la suivait.
Le moment parut propice à Far-
jeol.
Il sortit de la cabine, prit la direction
qu'il voyait prendre à Solange.
Il ne courut pas, afin de n éveiller l'at-
tention de personne, mais il allongea le
pas, tout en le posant doucement poui
éviter le grincement du sable.
Ne voyant rien, rien que sa fille, il ap-
prochai t du gentil frou-frou blanc.
Il en était à dix pas.
Il la touchait presque.
i Jacques ouvrit les bras.
Marthe lui appartenait
f — Ma chérie, mon trésor, ma fille tu
C'esl tout ce qu'il put dire tandis que
r des transports d'amour lui faisaient
i serrer son enfant contre sa poitrine et
déposer des baisers fous sar son front,
sur ses yeux, sur la robe, sur toute la
petite effrayée.
MME PIERRE DAX.
F F A NWTRRY.
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