Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-04-16
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 avril 1898 16 avril 1898
Description : 1898/04/16 (A2,N129). 1898/04/16 (A2,N129).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6703248b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
Pleyel, son grand concert, annuel, avec le
concours do Mme Paul Diey, Mlle Fredrik-
scn. cantatrice norwégienao,. MM. Andrieu
et Kerrion. Cette soirée, qui sera un nou-
veau succès pour Mme Saillard-Dielz comp-
tera parmi les plus intéressantes de la sai-
son mustcaic.
—o—
Le dincr des « Mille Regrets » du mois
d'avril a eu lieu lundi dernier, 11 avril,
chez Julien, sous la présidence de M. A.
Franck. secrétaire général du Vaudeville.
.A ce dîner assistaient les secrétaires sui-
vants : MM. Guilloire, de la Comédie-Fran-
«•aise ; Brasseur, des Variétés; Armand Lévy
de r.\mbigu-COInHlue; Maurice Valentin,
des BouHcs-Parisiens ; Jules Roques, du
Palais de Glace ; Adrien Jacques, du Théâtre !
Antoine; Fursy, du Tréteau de Tabarin, 1
Rossi, du Nouveau Cirque; Paul Lordon,des I
Folios-Dramatiques; Jules Ulrich des Doutfes
du Nord; Oller, du Moulin Rouge; Edmond
Benjamin, du Théâtre Pompadour; Charles
Akar, Des Gâchons et Widhoplf. I
Les deux fauteuils pour la représentation
de Mme Lavigne, mis en loterie, ont été I
gagnés par MM. Rossi et Oller. j
Lundi, 25 avril, à 8 h. 314, salle Erard, I
troisième concert donné par Mlle Ju-
fiel le Tontain, pianiste de grand talent. Au
programme : Beethoven, Chopin, Schu- I
mann. Liszt, Hatakirew, etc. I
—O— I
Hier soir a eu lieu à l'hôtel Continental I
le banquet annuel du syndicat de la Presse J
étrangère. • i
Aux côtés de M. ClitTord-Millage (Daily
C h rouir le] avaient pris place M.Caponi (Tri- j
'blln" de llnnic), Cavé (Stampa), Taunay pré-
>ident de la Presse judiciaire, Leydet (Fi- I
'ga7'o), etc. I
Plusieurs discours ont été prononcés I
et un concert savamment organisé a ter-
miné là soirée que i'ambassadt'ur d !ta)ie, I
le comte Toriiielli avait honoré de sa pré- I
•ence. i
-6- ;
. La matinée extraordinaire organisée au I *
profit du monument à élever il la mémoire J ®
du pot'tc populaire Eugène Pottier s'an- I
nonce comme très brillante. Elle aura lieu I r
le dimanche 2i avril à 2 h. après-midi : r
salle du Grand-Orient de France, 10, rue 1
Cadet avec le concours assuré des poètes I
chansonniers dans leurs œuvres et des ar- I
.listes des principaux concerts et théâtres I
de Paris dans leur répertoire. Parmi eux,
nous pouvons citer : BaHha, de Bercy, Nu- I
ma Blés. Th. Botrcr, Maurice Boukay, Buf- I
falo, Eugénie Buffet, André Colomb, Che- I
broux, lilovis, Violette Dechaume, Hugues I
Delortne, Louts'* France. Grégeois, V. Hyspa, I v
Howey, Clovis Hugues, Marcel Le;.my, Yon, I r
Lug, E. Letnercier, Mévislo aine. Montoya, I
Henri Martin, Maurel, Paul Paillette, Xavier »
Privas, Polin, Jehan Rictus, Secot.de Sivry,
EcJ. Teulet, Jean Varney, Ville, etc., etc. SJ
cl
—c<
M. Stanislas Meunier, professeur de géo- I n
logie au Muséum d'histoire nalnrplle ou- él
vrira son cours le mardi 19 avril 1898 à n
5 heures, dans l'amphithéâtre de la gilerie
de géologie au Jardin des Plantes, et leçon- tp
tinuera les samedis et mardis suivants il la
même heure. Il exposera l'état actuel de la Y{,
géologie expérimentale. Il cherchera à dé- 111
terminer dans quelles limites les essais el
d'imitation artificielle des phénomènes géo- «
logiques sont, légitimes et il décrira les ré- lo
aultats synthétiques dès maintenant acquis n;
dans les dillérents chapitres de la science, je
—o—
Le Pape a reçu d'une dame anglaise un
crut de Pâques valant environ l.UùO livres
st''r!ing. g(
Cet œuf est en ivoire. La moitié supé- de
Tieure est doublée de soie bt.uichc, tandis tis
que la partie inférieure forme un étui en
or dans lequel est renfermé un splendide pl
rubis entouré de brillants.
—o— ni
Le Congrès des Sociétés savantes, section c0
de botanique, a eu lieu hier soir sors la <( i
présidence ch" M. Chatin. eh
M. Tliézard a demandé que pour le pro- tej
chain congrès, on ajoute une section spé- nn
ciale d'agriculfuro, de sylviculture et des fV
industries qui s'y rattachent. ^
—o— yj(
Dans sa séance d'hier, présidée nar M. ''A
Crolsel, 1 Académie des inscriptions et lie
Lpttf-s-tcttrcs a déclaré la vacance du fait 1
feuil de M. Schefer, par suite de son décès tft:
et hxe au 20 mai la discussion des titres Mt
des candidnts.
M. barbier de Meynart a été élu membre avisi]
de la commission du prix Slanislas Julien , •
en remplacement de M. Schefer, décédé. blJ
-O-
]
La Société de Géographie de Paris a tenu d'à
nier dans son hôtel du boulevard Saint- 1
Germain sa première assemblée générale au
de 1898 sous la présidence de M. Milne-Ed- Mctaf:
\vards, membre de l'Institut, président de
la Société.
Après la lecture faite par M. le baron II u-
lot, secrétaire,du résumé des rapports sur (
les prix décernés par la Société, il a été do.
procède à la remise de ces distinctions. no
LA DAME D. VOILÉB C01
LA GRÈVE DES BATTEURS D'OR
M. Viéville adresse à notre directrice 1
_ lettre que voici :
A madame Marguerite OUl-and,
directrice de' là Frondt
j Parts, le 15 avril.
rai pris connaissance de l'article paru ôe
. matin dans votre journal et signée Peth
• Je regrette profondément d'avoir affâir*
dans le président du groupe ouvrier à ui
■ individu qui interprète mes sentiments i
1 égard des grévistes, en les dénaturant
t aussi complètement. Il y avait eu entent<
sur tous les points en litige devant M. lE
i juge de paix du Xe arrondissement; il avail
ete dit notamment que je reprendrais le5
grévistes dans Ja mesure de mes besoins;
i ils n'avaient donc qu'à se présenter je les
aurais tous repris sauf les deux ouvrières
précédemment renvoyées (condition accep-
tées par les deux parties). Ze
J'ai donc été très étonné- de voir Peth;
; cumulant les fonctions de contre maître
d'une maison concurrente, et de président
du groupe ouvrier, venir aveo une attitude
provocante, exiger que je lui fixe le chiffre
des ouvriers et ouvrières dont j'avais be-
soin: il me faisait observer en même temps
que tous les grévistes ne rentreraient pas
chez moi. J'ai vu dans sa démarche une ma-
nœuvre consistant à ne m'envoyer que les
grévistes les moins habiles, de façon à me
priver du concours de tous mes bons ou-
vriers et par suite à faire le jeu de la ITIlU-
son adverse.
Je ne m'abaisserai pas à répondre aux
insultes dont je suis si libéralement, gratifié
par un individu dont l'argot ignore la poli-
tesse; je ne lui demanderais pas non plus
de changer des habitudes avec lesquelles
il ne saurait rompre.
Veuillez agréer, madame, l'assurance de
ma considération distinguée.
[ VIÉVILLE,
M. Vieville faitjoindre à sa lettre un Post-
Scriptum ou il nous menace des rigueurs
de la loi si nous ne publions pas aujourd'hui 1
même sa réponse; les termes un peu vifs
employés pour réclamer de nous une in-
sertion à laquelle nous ne prétendons pas
nous soustraire, imposent a la dignité de
notre journal de passer sous silence une de-
mande qui nous est faite sous une forme
peu courtoise.
MON BLOC-NOTES
Ces derniers jours de soleil ont fait
verdir tous les arbres de la place de
1 'Etolle qui offre ainsi parée un coup
d 'œil vraiment printanier. L'avenue du
Bois, elle, a retrouvé depuis dimanche
ses habituels promeneurs qui, le matin
des beaux jours, aiment il l'arpenter
comme apéritif avant le déjeuner. Di-,
manche et lundi de Pâques, l'avenue a
été particulièrement brillante: des fa-
milles entières y sont venues au sortir
de la messe, montrer une nouvelle toi-
lette et se rencontrer à cet elfet — sou-
vent — avec des connaissances. Oh ! les
interminables défilés où derrière mar-
chent solennois, les parents — les vieux!
« les ancêtres » — et oit devant, le plus
loin possible afin qu'on ne les surveille
pas, vont coquettant et flirtant, les
jeunes filles et les jeunes gens.
Et dire que les parents - quelaues pa-
rents veux-je dire — ferment complai-
samment l'Œil devant ces petits déver-
gondages ! Qu'ils ont de plus la naïveté
de s'imaginer que ces manèges-Iii abou-
tissent au mariage !!
Quelle erreur est la votre, ù mères
pleines d'illusions, de croire les hommes
assez niais pour confier l'honneurdcleur
nom il des tilles frivoles et légères qui
considèrent le mariage comme une vaste
« filouterie » dont le mari sera « l'é-
chaudé » - Non, si tant d'hommes res-
tent célibataires, c'est de la faute de
quelques mères de familles inconscien-
tes,qui ne savent pas élever leurs enfants
dans la simplicité et la modestie qui con-
vient a la jeune fille destinée à devenir
l'épouse impeccable et la mère chré-
tienne ! !
Rendons cependant cette justice il no-
tre société que le genre d'éducation — le
manque d'éducation p'"tôt, — va de pair
avec les toilettes trop riches, clinquantes,
surchargées, et certaines exhibitions de
bijouteries d'un goût très douteux.
La comtesse Théodore do Nicolay vient
d'accoucher d'un fils.
La vicomtesse Paul de l'Orgerie a mis
au monde une fille, au .château de la
Mot te-Beau manoir à Pleuguencuc-Bre- '
tagne !
Ceci me remet en mémoire la manière
dont en Autriche on emmaillotte les
nouveaux-nés ; — on les place dans des
coussins dont un côté arrondi forme l'o- j
reiller — le coussin se repliant aux pieds I
est ramené sur l'enfant, ainsi, recouvert, I
devant et soutenu derrière. Il serait à I
e la souhaiter de voir prendre chez nous cette I
mode étrangère, car cela garderait quel- |
ques malheureux bébés de grandir con-1
trefaits parco que de stupides nounous I
ide les auront mal portés. j
ôe Dimanche à Auteuil pour le prix de t
Président et lundi à Longchamp. Malgré I
ife quelques vides dus au temps incertain, et I
un I au vent si désagréable pour les femmes I
nt I ^ cause des chapeaux et des coiffures —
ite I tribune réservée offrait un coup d'œil I
le joli, quoique très bariolé d'un assemblage I
ait I de toilettes claires et sombres, de costu- I
les mes sévères et légers — tout cela entre-1
IS; I mêlé de fourrures fraternisant avec del
les | printaniers chapeaux de paille,
'es Remarquées à Auteuil dimanche': I
p- I Comtesse de Pracomtal, comtesse de i
IJ- j -Breulpont, - Mme de Parceval, couitosflfr]
re' Foulques de Maillé, duchesse d'Uzès,
comtesse d'Ide ville, duchesse de Morny, I
je I comtesse de Tarente, duchesse de Mar- i
re I borough. I
e- I Le lundi à Longeli-ainp : j
Comtesse Em. Las-Cazes, vicomtesse
!I,- lS de ^ Dam pîerre, comtesses de Lestrade,
38 I Nivac, Ludovic de la Forest-Divone, !
ie I Le Marois, de la Béraudière, J. Murât, 'JI
i-1 etc., etc.
Tels que les hommes — les sports-1
îé I !?cn - ont pour les courses, une tenue I
j J dite : de courses 1 j'aimerais voir la!
tg femme prendre elle aussi une mise spé-
ig *11 qui sans négliger le petit cachet I
I d élégance nécessaire au vêlement fé- I
e minm, ne fût pas la toilette habillée I {
I qu on peut mettre il un « garden-party » 1 (
J - et j ai rêvé pour cela le classique cos-1 i
. tu me tailleur moulant bien la taille, la
s I juPJ plate rasant terre et prenant exac- I c
Ii tement les hanches. — En gris fer par f
's I exemple, la veste s'ouvrant sur une che- I
i-1 misette bleue à pois blancs — un petit I r
* toquet de paille bleue très souple avec I u
® sur le côté un piquet do bluets — des i,
gants et des bottines lacées, gris — I r
Q I l ombrelle bleue ! — Et cela serait infini- J c
I ment plus gracieux que ces collets a trois
I étages de volants qui vous caricaturent v
la plus jolie femme et en font un informe le
I paquet ! I
I v I a
j Parmi les nançaillcs,toujours en nom- I r
j bre, citons celles de : I *
[ Mlle Marie de Kergorlay, fille du comte tt
' et de la comtesse, née de la Hochefou- n
M cauld-d'Eslissac avec le comte François 1 >1
11 de Pradier d'Agrain,lieutenant au fer ùra-
1 gons, fils du marquis et de la marquise i tn
I née de Gestas de Lespcroux. I
( Du baron Jacques Surcouf, arrière 01
petit-fils du grand corsaire qui malmena I rïl
j fort nos ennemis d'Outre-Manche avec I rn
Mlle Marielle de Lourmel du Hourmelin Sl
dont le grand oncle, le général de Lour-1
mel, fut tué sous les murs do Sébas- i m
topol. V'
I Du comte de nilvas, deuxième secré-j sede
taire de la légation de Portugal avec Mlle I tri
Elisabeth d'Albignac dont l'aïeul, Dieu-1 fi/
donné d'Albignac fut à la sixième et sep- ]
tième croisade. La famille d'Albignac ur
J a ses armes dans la salle des croisades à I quso
Versailles.
De Mlle Madeleine de Geoffre-Chabri-
gnac,tHle du comte et de la comtesse née
de Uheest avec le comte de Suarez d'An- il (
lan fils du marquis et de la marquise !
défunte née de Larderel. t a,
I Sitôt après ses fiançailles, le comte de
Suarez d'Aulan est reparti pour la Drôme
où il est candidat aux élections législati le
ves, dans l'arrondissement de Nvons, pa
J sa |
Félicitons le comte de Suarez d'Aulan
d'avoir suivi le bon exemple du comte et
Boni de Cas:cilanc, candidat, lui aussi, —
les deux jeunes hommes qui se sont '
fait de la vie, une conception plus haute Pa
que de passer leur temps à fumer des me
cigares de prix et il lancer des modes ]^C]
nouvelles de complets et de culottes de
cheval — ces jeunes .gens auront l'estime rea,
et l'admiration des gens d'esprit et de
cœur, car ils prouvent avoir compris que
| la France a besoin de tous ses enfants et i
j que quel que soit le régime qui la gou- I
| verne, — quelles que soient nos opinions
à ce sujet,Loul homme qui sert la France,
lui rend le pieux hommage qu'on doit à
sa patrie !
Lundi, la baronne de Santos a ouvert
la vraie saison des fêtes après Ptlques,par A
une soirée donnée dans ses salons blancs agr
d'un si pur style Louis XVI en l'honneur Con
de Mlle île Zurlo sa petite fille. Parmi les che
jeunes filles, Mlles de la Ferronnays, de Prei
Riancey, de Roche fort. de RuiUé, de Hra
Rohan Chabot, de Monteynard, coté des
habits : jiIoi:
Prince A de Broglie, comte de Montey- soit
nard, de Reverseaux, vicomte de la Fer- terr
1 ronnays, prince de la Tour ^Auvergne
Tous ces bats, ces réceptions, ces fian-
çailles et ces mariages,, dans un monde
où tout est galtë,'où l'amour est sans obs-
tacle et le mariage chose naturelle 1 tout
ceia me fait songer avec tristesse à cette
pauvre petite ouvrière, trop tendre, trop
aimante qui craignant de perdre un jour
ràmi trop jeune pour l'epouser, a pré-
féré mourir p-endant qu'elle était aimée
encore, — mourir en plein bonheur, un
bouquet à la main — le bouquet de fleurs
fraîches encore, que l'ami lui avait don-
nê-
Elle est pleine de douloureuse philoso
sophie cette fin si triste d'une idylle
et il lui a fallu une bien grande dose de
courage, à la pauvre petite, pour quitter
la vie, quand celle-ci lui souriait — pour
lui préférer le mystère de l'éternel oubli,
et partir ainsi pour le grand voyage dont
on ne revient pas, — de peur de voir un
jour cesser cet amour qui fut tout son
bonheur.
Celle-là avait la notion exacte et vraie
de l'amour — de l'amour qui ressemble
trop à une fleur tôt flétrieI
Aussi, vite elle s'en est allée lia pauvre!
bien vite! bien vitel —pour ne pas voir
les fleurs de son cher bouquet — flé-
tries!
GHISLAINE.
TERME PARLEMENTAIRE
Hicr, 15 avril 1 le terme ! le grand terme
parisien, qui plonge dans les transes,
tant de familles, d'une pauvreté dorée,
et qui fiL parfois allumer les réchauds
libérateurs.
Paris présente dès la veille fatale un j
coup d'œil typique; les promeneurs sont
hâtifs, on rencontre des visages inquiets,
des bouches aux angles crispés, des amis
qui fuient comme redoutant un appel
au porte-monnaie. Les théâtres voient
leurs recettes faiblir, les cafés et les con-
certs eux-mêmes ne retrouvent pas leur
clientèle ordinaire.
Uneimmense préoccupation s'a.bat pour
vingt-quatre heures sur la ville, l'enve-
loppant comme d'un gigantesque filet
aux inextricables mailles.
Parmi tous ceux que cette date se-
couait hier d'un chagrin ou d'une inquié-
tude les femmes de nos députés, en rup-
ture de Chambre étaient — du moins
quelques-unes,etj'en connais —fort per-
plexes.
Devait-on donner congé au proprié-
taire, en prévision d'un échec redouté,
ou était-il sage de conserver l'apparte-
ment?
Voilà le problème que S'O posaient pas
mal de ménagères anxieuses, sur le ré-
sultat du suffrage universel.
Le congé demandé, un gros poids de
moins pèserait sur le budget en cas de 1
défaite, mais si par chance heureuse le
scrutin était favorable au mari, on se '
trouverait avec les frais et les soucis d'un j
déménagement, j
— Cela vous fait sourire m'expliquait 1
une charmante femme en m'exposant 1
son ennui, mais, quand on ne possède
que les appointements de député, pour 1
élever la nichée et nourrir la maison, les (
fins de mois sonl souvent plus difficiles '
à équilibrer que le budget gouvernemen- ,
tal. 1
Voilà pour les rangés qui ont su tenir j
la balance, et sont passes petitement sur '
le turf parlementaire en ne s'endettant j,
pas, mais à côté,cornbien d'autres, moins t
sages ou moins chanceux, doivent au
propriétaire des termes et des termes, s
et qui tremblent en songeant au lende- b
main d'une défaite possible. t
C'est un des côtés pittoresques du
Paris au jour lo jour, que ce tremble- [
ment qui agite les ménages de nos sou- e
verains du Palais-Bourbon, à l'approche
des épreuves de ce nouveau baccalau- s
réat que le peuple impose à ses élus. u
MARIAGE VILAIN.
Un Nouveau Progrès Médical
Congrès de Montpellier
(De notre correspondante spéciale).
Montpellier, 1G avril 1898.
Aux discussions scientifiques se mêlent
agréablement les réceptions auxquelles le
Comité d'organisation a su donner un ca-
chet tout spécial : mercredi soir les con-
gressistes étaient invités au château de
Urammont, magnifique domaine légué à la
Faculté de Médecine par le doyen Bouisson-
Bertrand. On peut dire qu'il faut venir à
Montpellier pour qu'une Faculté française
soit à même de recevoir ses hôtes dans ses
terres.
e. f Pendant trop longtemps on s'est obstiné i
à aecabler l Institut de legs dont ti est em- 1
n- barrassé, tandis que les Facultés de pro-1
ie vince auraient pu en faire un excellent I
s- usage. Grâce à la nouvelle loi stir les Uni-1
ut versités dont les bienfaits seront toujour I
te P lus sensibles d'un et à l'esprit d'intelligente I
m ini.V. ye " ^î1 éminent universitaire mont- I
H pell ierain, là Faculté se trouve dotée d'un I
ir, revenu qu'elle saura sûrement employer
e- pour le plus grand bien de ses élèves et I {
50 aussi do la science médicale. Souhaitons I 1
n que la belle réception faite aux congres- I 1
r's Ststes suggère à quelques-uns l'idée d imi-
ter Bouisson-Bertrand: lés Américains nous f
on.» montré depuis longtemps qu'on ne sau- (
rait faire de la richesse un'- emploi plus ,
utile et ni us noble. M
S'il fallait un encouragement de plus aux '
«3 donateurs futurs .J&-GOfniLé le leur aurait I
jr donréen préparant pour ses 400 convives I 1
ir le banquet le plus délicat et en recevant t
jt ses invités dans ce vaste parc illuminé de c
it {internes vénitiennes, de lampes à acéty-
lène, de feux de bengale multicolores. Sous I f
le. ctel M,'! UQe soirée printanière du I «
n Midi eP&ccueilhî#-p^M.outes les notabilités I
de la région, les congressistes écoutaient, I *
e ravis, un ooncert particulièrement artis-1 P
G tique donné par la musique du 2, génie. t
Après cette fête si originale et si distin- I Il
E11?6» les discussions reprennent leur cours e
r le lendemain, jeudi. Il s'agit encore d'une I
question qui n'intéressse pas seulement les I ;
Sous le nom technique d'opo-1 i
thérapie,, on désigné un progrès tout récent I
accompli dans la science médicale et dû f
surtout à des savants français Brown-Se- I f
quard, d'Arsonval, Landouzy, et aussi à ( '
leurs disciples les professeursMossé de Tou- t
lause, Gilbert et Carnot de Paris, dont les f
rapports très documentés et très suggestifs I a
tonnaient le point de départ des tliscus- N
siotis^ engagées aujourd'hui par le Congrès. I r
e Il s agit d'une méthode analogue à la sÚ- I
' rolhérapie dont le public connait déjà les q
. applicalions, et qui consiste dans I 9
c I ,, utilisation des organes à sécrétion interne, f ^
hue a déjà dépassé la période des simples I II
l promesses et si le nombre des médications il
t par les voies organiques est, dans l'état
t actuel de la science encore très. limité, il I n,
. faut prévoir une extension progressive et I
j heureuse de cette nouvelle thérapie. Le rt
, principe posé par d'Arsonval ne paraît plus
contestable : « les manifestations morbides
qui dépendent chez l'homme de la sécrétion cc
interne d'unorgane doivent être combattues se
parlesinjoctionsd'extraitsliquidesretirésde I pl
. cetorgane.pris chez uu animal en bonne san-I Qi
te JI. Il appartient aux expérimentateurs fu- ci
tursd'en tirer les conséquences qu'elles com- A,
portent pour la constitution d'uno méthode
générale de traitement par les sucs des tissus; I
sans doute ainsi que le fait remarquer le
professeur Mossé, « comme toutes les mé- I di
dications actives l'opothérapie offre des in-
convénients sérieux Il de plus, les produits se
pharmaceutiques préparés jusqu'à présent I
oll'rent de nombreux inconvénients qui ex- la
pliquentles incertitudes et certains insuc-
ces de la nouvelle méthode. Mais les beaux on
travaux du professeur Mossé sur le traite- I so
ment du goitre, ceux de M. le professeur I po
Mairet montrent que l'opothérapie peut de
amener la guérison ou tout au moins de sé- lib
rieuses améliorations. Le congrès de Mont- au
pellier permet donc de mettre nettement en
lumière sans en exagérer la portée les ré- * ,
sultats acquis désormais et qui se d(.>velop- J
peront a mesure que les expérimentateurs I de1
arriveront à purifier les produits opolhéra- s<^i
piques. « C'est la découverte imminente. M.
UUllnd ello sera parachevée, un nouveau I coi
progrès aura été accompli en médecine, un ]
nouveau résultat aura été acquis au soula-
gement de l'humanité. » *.
Le très distingué rapporteur rappelait I
aux applaudissements de son auditoire que ce]
ce nouveau procédé est comme la sérothé- 'aii
rapie une forme « d'une mémo méthode av(
visant à guérir en empruntant ses voies et I vcl
! moyens à cette grande force défensive de I l'ai
la vie appelée nature médicative, toujours I yoi
jalousement défendue par l'Ecole de Mont- I T
pellier et vers laquelle, élargies et rajeu-1
nies,les conceptions de la pathologie gêné-
raie contemporaine font aujourd'hui re- I ccu
tour. » ils ]
Il rappelait aussi non sans une légitime J leu,
satisfaction que MM. les professeurs Dn- r
breuil et Mairet ainsi que lui-même insti- reti
tuaient dès la première heure, à la Faculté ]}
de Montpellier dos expériences de nature à I
déterminer la valeur scientifique de la mé-
thode nouvelle quelques jours après qu'elle a
eût été signalée. i ^
Ainsi s'affirme une fois de plus la vitalité J
scientifique de cette vieille Ecole, qui sait blé
unir, comme le disait éloquemment M. le I ans
professeur Grasset « au respect des anciens, lare
l'esprit novateur et la foi au progrès in- taie
cessant de la science.» 1
Ce progrès est d'autant mieux accueilli
cette lois, qu'il promet au public une série
de puissantes médications et qu'il est l'œu- crUl,
vro de savants français appartenant au I j0111
pays où ainsi que l'a très bien dit M le pro- à d<
fesseurCérémillede Lausanne, «lanîédecine I J(
est, restée plus qu'ailleurs conforme à sa cup
destination supérieure, le perfectionne- • i,
ment de l'art de guérir. JJ j
M. B.
Le service de la FRONDE sera
fait gratuitement pendant un an
ai toutes les institutrices ayant
amené au Journal trois abonne-
ments d'un an.
LE FÉMINISME
Au Congrès des Sociétés savantes
er péu à glaner au point de vue
et f«5min;a./0r' au(tConffrès des Sociétés sa.
ns ce to année, qui tient en ce
s- moment ses assises à la Sorbonne.
li- Se souvient que l'an dernier nous
iS Mme Vincent nous
18 u- donna fûmes la Section et histoire et de géo-
graphie, son importante étude sur les
îx ' femmes pairs de France.
iit J .Contentons-nous donc d'une commu-
.s n,.cation de M. Prud'homme, juge au
it tribunal de Lille et membre de la Société
le de législation comparée.
fort L'honorable magistrat a dit des choses
» I fort intéressantes, sinon très nouvelles.
„ J ainsi le divorce et la séparation de corps
I î\e sont pas il fait la môme chose.
t, Nous nous en doutions déjà « La sépara-
s- tion de corps relâche le lien conjugal et
i- le divorce le rompt » ohtM.Prud 'liommo
.,s en êtes-vous bien sûr?
le 15 inciter Puis est-ce U?c. raison suffisante pour
o- ? er le législateur à inscrire dans la
>t la séparation de biens ne
lû pourra être transformée en divorce. Je
e" le fort,monsieur, que dans votre cas
à Je chat fourré ne laisse un peu trop poin-
Ll- ter sa docte oreille herminée, Il vous
r? L encore un os à ronger, une dernière
ts atlaire a juger, une nouvelle instance;
I /cnez a vous régaler encore une
f01,s du spectacle toujours comique
jS qu offre tout conflit conjugal. Ne crai-
s gnez-vous pas que la justice ne soit déjà
'■ lente, et surtout trop... onéreuse
s I Il est vrai que vous plaidez pour votre
s I maison M. le juge.
j Et de fait, nous ne comprenons guère
t I Pourquoi M. Prud homme s'acharne
i I5 re clam ont les gens, qui tout d'abord
; avaient songé à la simple séparation de
, corps. Un délai a été fixé, les époux ne
; I so sont pas réconciliés et ils ne veulent
i plus entendre parler l'un de l'autre.
I (ju importe, on ne brisera point leurs
j chaînes puisqu'ils ont eu la maladressa
( I de songer tout d abord à une demi-me-
; sure.
s I Pourquoi aussi ne pas vouloir divorcer
. dès le premier jour?
I Cependant, si le délai fixé,les époux no
j se réconcilient pas, pourquoi ne pas leur
accorder de plein droit la conversion de
la séparation de corps en divorce. N'a-t-
on pas alors la preuve formelle qu'ils ne
sont pas faits pour vivre ensemble et
pourquoi le juge s'arrogerait-il le droit
| de perpétuer le conflit au mépris de la
liberté et de la dignité des deux époux,
I au mépris surtout de leurs droits réci-
proques.
Le divorce n'a d'ailleurs au Congrès
I des Sociétés savantes que des adver-
I saires. Après M. Prud'homme, c'est
M. A. de Malarce qui rompt un lance
contre la loi Naquet.
Pour l'orateur,en votant la loi de i8S4.
leParlement n'avait d'autre but que celui
de remédier if. quelques situations ex-
ceptionnelles et pourtant assez rares,
laissant aux magistrats que l'on disait
avec raison peu favorables a la loi nou-
velle, tous les moyens pour réfréner
l'abus que le public pourrait faire du di-
I vorce.
I Il paratt qe les prévisions des législa-
I teurs ont été déçues. Peut-être aussi
ceux qui votèrent la loi Naquüt n'avaient-
ils pas les idées de derrière la tête que
leur prête M. de Malarce.
Dans tous les cas. de son étude il faut
retenir les faits suivants :
Depuis 1885, époque de la mise en vi-
gueur de la loi du divorce, les demandes
augmentent chaque année.
En 1885, 3,180 demandes, en 1 R!.H ,
8.C73. Le nombre a donc p!us que dou-
blé dans une période de moins de dix
ans. C'est cela qui chiffonne M. de Ma-
!arce. Comme si les bons mariages n'é-
taient pas les seuls qui importentau point
de vue sodaI. Mieux vaut encore le lien
conjugal brisé que le:) conflits perpétuels
entre mari et femme, toujours si dou.
loureux et d'exemple néfaste lorsqu'il y
à des enfants.
Je sais bien que la question qui préoc-
cupe surtout nos savants est celle — si
douloureuse— de la faillite du mariage,
qu'a soulevée récemment Mme Arvede
Barine dans un grand journal du matin.
Je l'avoue, ces préoccupations sont
inquiétantes et légiiimes, mais si l'on
peut déplorer l'augmentation du nombre
des unions irrégulières dans la classe
ouvrière, c'est une autre question, dè
trouver un remède à cet état de choses.
Celui qu'on nous propose serait: à notre
avis pire que le mal. Ce n'est pas lors-
LA TRIBUNE
(1)
Cette rubrique forme un feuilleton volant
dont le sujet change tous les trois juurs.
A TRAVERS L'ÉDUCATION
L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE ÉLÉMENTAIRE
L'obligation scolaire
Tous les enfants français des deux
sexes sont soumis à l'obligation scolaire.
C'est la loi; et cette loi marque un tel pro-
grès sur les régimes précédents, où le
père de famille avait le droit de laisser ses
enfants — ses filles, surtout—croupir
dans l'ignorance profonde, que l'on
éprouve un sentiment de gêne à ne pas
s^n montrer enthousiaste sans réserve.
C'est mon cas. Cependant, à moins de
m'instituer bénisseuse quand môme, ce
qui des a le désavantage d'atténuer la portée
es éloges, il faut bien m'a vouer et dé-
clarer aux autres que ce mieux incontes-
table reste encore fort en deçà de ce qui
serait bien, purement et simplement, se
Le principe en lui-môme ne saurait
discuter. Il est la conséquence inélucta-
ble de l'établissement du suffrage uni-
versel dans notre pays. En effet, de
même que l'on ne peut, sans cynisme,
vanter l'égalité dans une société où
les uns se nourrissent de mets recher
cliés tandis que d'autres meurent
de faim, — car l'on meurt de faim dans
te sens précis et cruel du mot, quoiqu'en
disent quelques bourgeois heureux de
vivre — on ne peut davantage faire allu-
sion à ce sentiment en présence des
masses populaires illettrées. Partout où
il y a des hommes qui mangent et des
hommes qui ne mangent pas; partout où
il y a des hommes qui lisent et des hom-
mes qui ne lisent pas; partout, où il y a
des hommes qui pensent et des hommes
qui ne pensent pas, la devise républi-
caine dont l 'Egalité est le second terme
est un leurre.
C'est pour en faire une réalité, que l'E-
tat républicain a voté la loi d'obligation
scolaire, et il nous a prouvé que si le
pain du corps est presque impossible à
distribuer éflUltabloment,cclui de l'esprit
est d'une diffusion plus facile. Il s'est mis
vaillamment à cette besogne, et s'il y
avait un reproche à lui adresser, cc se-
rait d'avoir, dans sa hâte d'atteindre le
but, fait abstraction de beaucoup de dé-
tails dont l'importance nous saute aux
yeux maintenant; mais lorsque, dans le
péril, on voit que le salut est au bout du
chemin, on tourne les difficultés au lieu
d'engager le combat avec elles.
Toujours est-il que l'obligation sco-
laire, en faveur de laquelle mon père fai-
sait campagne il y a un demi-siècle et
vers laquelle tendait tout mon entourage
il. l'époque où j'ai commencé à distinguer
des mots dans les conversations, cette
loi d'obligation scolaire est une conquête
de la République, et la République n'eût-
elle fait que cela, nous serions encore
fiers d'être républicains.
L'obligation de faire instruire ses en-
fants n'est cependant pas le monopole du
régime que nous nous sommes donné en
1870 et les nations qui ont pris les de-
vants, sauf la Suisse et quelques états de
l'Amérique, vivent sous le régime mo-
narchique. Il est vrai que ce sont presque
toutes des nations protestantes, et qu'il
faut savoir lire pour vivre de la Bible. Le
Portugal, cependant, monarchiste et ca-
tholique, arrive deuxième en 1844, sur la
liste des pays qui ont adopte le principe
dp. l'oblieration scolaire. C'est la Prusse
de i88"2.tient la (1763); nous datons, nous,
Du principe fondamental, il n'y a rien
il dire, sinon pour le louer sans restric-
tion. Mes critiques porteront donc seu-
lement sur son application et sur les
tempéraments quo la loi elle-même y a
malheureusement apportés.
D'abord, la durée de la fréquentation,
tout juste suffisante, non pas patir que
1 écolier apprenne beaucoup de choses
mais pour qu'il s'assimile lo peu qu'il
apprend et surtout pour qu'il s'incorpore
des habitudes d'esprit sans lesquelles
1 enseignement reçu à l'école s'envole
comme la plume au vent. Cette durée de
sept années existe plutôt sur le papier
que dans la réalité des faits, et la cause
principale de cette sorte de duperie, c'est
que la loi scolaire et la loi industrielle
ne concordent pas entre elles. L'enfant
doit fréquenter l'écolo jusqu'à treize ans
mais la fabrique l'admet à douze ans, et
c est l'école, c'cst-à-diro l'écolier qui en
pâtit ; la loi d'obligation a mis les pouces,
a inventé elle-même des moyens pour se
faire battre (par exemple la faculté de se
présenter au certificat d'études à la fin
du cours moyen, parfois avant d'avoir
douze ans révolus) ; de sorte quo le cours
supérieur devant uno sorte de mythe,
et que l'instruction reçue à l'école, sur la...
quelle nous comptons pour aplanir bien
des difficultés dont la route de l'enfant
du peuple est encombrée, cette instruc-
tion est illusoire. On s'en est heureuse-
ment aperçu depuis peu, et tout le monde
sait avec quel entrain s'organise l'œuvre
post-scolairc dont nous nous occuperons
à cette même place, le moment venu.
Donc le minimum légal deO à 13 ans
est devenu un maximum presque excep-
tionnel. C'est ma première critique,
Le mode de fréquentation, absolument
identique pour l'enfant des villes et pour
celui des campagnes, alors que los inté-
rêts des uns diffèront tout à fait de ceux
des autres, est très regrettable. Les
portes de l'école urbaine devraient être
ouvertes du matin au soir, sans excao-
tion, comme celle de la fabrique ; les
congés, les vacances pendant que le
père et la mère travaillent sont une
vraie malédiction, (mais ce sujet-là
mérite une « Tribune » qu'il aura cer-
tainement), puisqu'il est dangereux de
laisser l'enfant sans surveillance, et qu'il
est inhumain de l'associer trop tôt à la
vie industrielle. Pour le petit citadin,
l'école doit être une sorte de temple saint
et sacré, où toujours ouvert, non seule-
ment son esprit se développe, mais où
son corps est il l'abri de toutes les misè-
res qui le guettent au dehors. Neuf fois
sur dix, il y est à tous les points de vue,
mieux que partout ailleurs.
Les conditions sont tout à fait différen-
tes pour l'enfant de la campagne.
D'abord en 00 qui concerne son déve-
loppement physique, l'écolo est loin d'a-
voir les qualités du plein air. Entre quatre
murs l'écolier rural s'étiole, et la disci-
pline, quelque paternelle qu'elle soit, lui
est difficile à observer. L'effort qu'il fait'
pour s'y soumettre nuit à l'attrait de
l'instruction, et par conséquent à ses pro-
grès.
D'autre part, de très bonne heure, il
peut être associé aux occupations si mul-
tiples de la vie des champs. A six ans, il
garde les bOtes,et cette responsabilité lui
donne do l'importance à ses propres
yeux et aux yeux de ses parents. Sans
compter que cette occupation, sagement
alternée avec d'autres et avec le travail à
l'école, est beaucoup moins abrutissante
qu'on ne le croit dans les milieux où l'on
n'a pas pris l'habitude d'observer et de
réfléchir.
Dès l'âge de dix ans, le petit paysan
peut rendre des services vraiment ap-
préciables, et si le mode de fréquenta-
tion le lui permet — ce qui a lieu dans
certains pays, notamment en Danemark
qu'il faut toujours citer lorsqu'il s'agit
d'enseignement populaire — les travaux
champêtres le délassant du travail intel-
lectuel, le lui font apprécier, tandis que
ses Darcnts, non lésés, sont disposés à
.i'
l'envoyer à l'école aussi longtemps que
possible.
Pour la campagne, donc l'école quoti-
dienne et pendant toute la journée, l'hi-
ver ; l'école de demi-temps l'été, à des
heures variant selon tes besoins de la terre,
la seulement est la vérité. Il faudra y ve-
nir, et je ne me rends pas compte de
l'état d'esprit de ceux qui, vivant peu ou
prou en dehors des villes, n'en sont pas
convaincus. Comment se fait-il qu'en pé-
riode électorale, aucun candidat n'ait
l'idée d'inscrire dans sa circulaire la pro-
messe de ce progrès ?
Le droit de quitter l'école a douze ans,
et même un peu avant cet âge, n'est pas,
hélas ! le seul accroc fait à. la loi d'obli-
gation scolaire; il y en a beaucoup d'au-
tres dont je ne retiens, obligée de me
limiter, que deux seulement. C'est d'a-
bord l'inertie des commissions scolaires.
J'ai bien écrit « l'inertie », et j'aurais pu
ajouter la mauvaise volonté. Vous savez
comment elles sont composées. Il y a
d'abord deux membres de droit : le inaire
ou l'un de ses adjoints délégué par lui,
et l'inspecteur primaire. Le maire est
président et c est lui qui convoque ses
collègues. Il y a ensuite des membres
délégués par l'inspecteur d'Académie
(délégués cantonaux); il y a enfin les
membres élus par le conseil municipal,
en nombre égal au tiers de ses membres.
De cette composition vient tout le mal.
Le maire -;'magistrat élu — a autre chose
à faire que de désobliger ses électeurs
qui ne manqueraient pas, aux élections
pour le renouvellement du conseil mu-
nicipal, de lui prouver leur mécontente-
ment. Il ne convoque pas. Les autres
membres, sauf l'inspecteur primaire,
craignant les animosité de clocher, atten-
dent patiemment une convocation qu'ils
espèrent bien ne recevoir jamais. Et c'est
la chose publique qui pâtit.
Mais la « chose publique » qu'es aco?
comme l'on dit au pays du soleil.
Aux peines dérisoires édictées contre
lesDarents négligents, il faudrait donc
ajouter une sanction sérieuse contre les
commissions elles-mêmes.
Enfin ce qui entrave le plus la fréquen-
tation scolaire, c'est... le manque d'é-
coles. Et le comble des combles, c'est
que Paris, la « Ville lumière n,cstie point
de la France qui on manque le plus. Co
ne sont pas des centaines d'enfants qui,
sous le titre (J'e.rpf'ctalll" attendent leur
tour; ce sont des miniers! U. c'est une
honte!
La municipalité parisienne, en celte
occurence me rappelle un malheureux
atteint d'une maladie mentale qui, ne
pouvant habiter un palais, s'obstinait ta
coucher a la belle étoile. Certes, elle a
dépensé des millions et des millions pour.
l'instruction des enfants du peuple, et
chaque année voit s'augmenter le nom-
bre de ses écoles, mais puisqu'elle ne
I peut, malgré ses sacrifices, suffire d'em-
blée aux besoins de la population enfan-
tinc, pourquoi ne pas installer des éco-
les provisoires dans des locaux loués
pour cet usage? Ces derniers, il est
vrai, ne répondraient pas absolument-
aux exigences du règlement ; niais
qu importe si les enfants y étaient
dans de bonnes conditions d'hygiène,
s'ils y pouvaient contracter de bonnes
habitudes tout en acquérant les premiers
éléments d'lnstrnction ?
Quant au personnel enseignant qui a,
lui aussi, ses expectants qui sont légion,
il bénirait cette mesure bienfaisante.
Si le Conseil municipal hésite, quo
l'initiative privée lui donne l'exemple.
C est là, au premier chef, une œuvre d u*»
tilité publique.
PAULINE KERGOMARD.
(A suivre.J -
concours do Mme Paul Diey, Mlle Fredrik-
scn. cantatrice norwégienao,. MM. Andrieu
et Kerrion. Cette soirée, qui sera un nou-
veau succès pour Mme Saillard-Dielz comp-
tera parmi les plus intéressantes de la sai-
son mustcaic.
—o—
Le dincr des « Mille Regrets » du mois
d'avril a eu lieu lundi dernier, 11 avril,
chez Julien, sous la présidence de M. A.
Franck. secrétaire général du Vaudeville.
.A ce dîner assistaient les secrétaires sui-
vants : MM. Guilloire, de la Comédie-Fran-
«•aise ; Brasseur, des Variétés; Armand Lévy
de r.\mbigu-COInHlue; Maurice Valentin,
des BouHcs-Parisiens ; Jules Roques, du
Palais de Glace ; Adrien Jacques, du Théâtre !
Antoine; Fursy, du Tréteau de Tabarin, 1
Rossi, du Nouveau Cirque; Paul Lordon,des I
Folios-Dramatiques; Jules Ulrich des Doutfes
du Nord; Oller, du Moulin Rouge; Edmond
Benjamin, du Théâtre Pompadour; Charles
Akar, Des Gâchons et Widhoplf. I
Les deux fauteuils pour la représentation
de Mme Lavigne, mis en loterie, ont été I
gagnés par MM. Rossi et Oller. j
Lundi, 25 avril, à 8 h. 314, salle Erard, I
troisième concert donné par Mlle Ju-
fiel le Tontain, pianiste de grand talent. Au
programme : Beethoven, Chopin, Schu- I
mann. Liszt, Hatakirew, etc. I
—O— I
Hier soir a eu lieu à l'hôtel Continental I
le banquet annuel du syndicat de la Presse J
étrangère. • i
Aux côtés de M. ClitTord-Millage (Daily
C h rouir le] avaient pris place M.Caponi (Tri- j
'blln" de llnnic), Cavé (Stampa), Taunay pré-
>ident de la Presse judiciaire, Leydet (Fi- I
'ga7'o), etc. I
Plusieurs discours ont été prononcés I
et un concert savamment organisé a ter-
miné là soirée que i'ambassadt'ur d !ta)ie, I
le comte Toriiielli avait honoré de sa pré- I
•ence. i
-6- ;
. La matinée extraordinaire organisée au I *
profit du monument à élever il la mémoire J ®
du pot'tc populaire Eugène Pottier s'an- I
nonce comme très brillante. Elle aura lieu I r
le dimanche 2i avril à 2 h. après-midi : r
salle du Grand-Orient de France, 10, rue 1
Cadet avec le concours assuré des poètes I
chansonniers dans leurs œuvres et des ar- I
.listes des principaux concerts et théâtres I
de Paris dans leur répertoire. Parmi eux,
nous pouvons citer : BaHha, de Bercy, Nu- I
ma Blés. Th. Botrcr, Maurice Boukay, Buf- I
falo, Eugénie Buffet, André Colomb, Che- I
broux, lilovis, Violette Dechaume, Hugues I
Delortne, Louts'* France. Grégeois, V. Hyspa, I v
Howey, Clovis Hugues, Marcel Le;.my, Yon, I r
Lug, E. Letnercier, Mévislo aine. Montoya, I
Henri Martin, Maurel, Paul Paillette, Xavier »
Privas, Polin, Jehan Rictus, Secot.de Sivry,
EcJ. Teulet, Jean Varney, Ville, etc., etc. SJ
cl
—c<
M. Stanislas Meunier, professeur de géo- I n
logie au Muséum d'histoire nalnrplle ou- él
vrira son cours le mardi 19 avril 1898 à n
5 heures, dans l'amphithéâtre de la gilerie
de géologie au Jardin des Plantes, et leçon- tp
tinuera les samedis et mardis suivants il la
même heure. Il exposera l'état actuel de la Y{,
géologie expérimentale. Il cherchera à dé- 111
terminer dans quelles limites les essais el
d'imitation artificielle des phénomènes géo- «
logiques sont, légitimes et il décrira les ré- lo
aultats synthétiques dès maintenant acquis n;
dans les dillérents chapitres de la science, je
—o—
Le Pape a reçu d'une dame anglaise un
crut de Pâques valant environ l.UùO livres
st''r!ing. g(
Cet œuf est en ivoire. La moitié supé- de
Tieure est doublée de soie bt.uichc, tandis tis
que la partie inférieure forme un étui en
or dans lequel est renfermé un splendide pl
rubis entouré de brillants.
—o— ni
Le Congrès des Sociétés savantes, section c0
de botanique, a eu lieu hier soir sors la <( i
présidence ch" M. Chatin. eh
M. Tliézard a demandé que pour le pro- tej
chain congrès, on ajoute une section spé- nn
ciale d'agriculfuro, de sylviculture et des fV
industries qui s'y rattachent. ^
—o— yj(
Dans sa séance d'hier, présidée nar M. ''A
Crolsel, 1 Académie des inscriptions et lie
Lpttf-s-tcttrcs a déclaré la vacance du fait 1
feuil de M. Schefer, par suite de son décès tft:
et hxe au 20 mai la discussion des titres Mt
des candidnts.
M. barbier de Meynart a été élu membre avisi]
de la commission du prix Slanislas Julien , •
en remplacement de M. Schefer, décédé. blJ
-O-
]
La Société de Géographie de Paris a tenu d'à
nier dans son hôtel du boulevard Saint- 1
Germain sa première assemblée générale au
de 1898 sous la présidence de M. Milne-Ed- Mctaf:
\vards, membre de l'Institut, président de
la Société.
Après la lecture faite par M. le baron II u-
lot, secrétaire,du résumé des rapports sur (
les prix décernés par la Société, il a été do.
procède à la remise de ces distinctions. no
LA DAME D. VOILÉB C01
LA GRÈVE DES BATTEURS D'OR
M. Viéville adresse à notre directrice 1
_ lettre que voici :
A madame Marguerite OUl-and,
directrice de' là Frondt
j Parts, le 15 avril.
rai pris connaissance de l'article paru ôe
. matin dans votre journal et signée Peth
• Je regrette profondément d'avoir affâir*
dans le président du groupe ouvrier à ui
■ individu qui interprète mes sentiments i
1 égard des grévistes, en les dénaturant
t aussi complètement. Il y avait eu entent<
sur tous les points en litige devant M. lE
i juge de paix du Xe arrondissement; il avail
ete dit notamment que je reprendrais le5
grévistes dans Ja mesure de mes besoins;
i ils n'avaient donc qu'à se présenter je les
aurais tous repris sauf les deux ouvrières
précédemment renvoyées (condition accep-
tées par les deux parties). Ze
J'ai donc été très étonné- de voir Peth;
; cumulant les fonctions de contre maître
d'une maison concurrente, et de président
du groupe ouvrier, venir aveo une attitude
provocante, exiger que je lui fixe le chiffre
des ouvriers et ouvrières dont j'avais be-
soin: il me faisait observer en même temps
que tous les grévistes ne rentreraient pas
chez moi. J'ai vu dans sa démarche une ma-
nœuvre consistant à ne m'envoyer que les
grévistes les moins habiles, de façon à me
priver du concours de tous mes bons ou-
vriers et par suite à faire le jeu de la ITIlU-
son adverse.
Je ne m'abaisserai pas à répondre aux
insultes dont je suis si libéralement, gratifié
par un individu dont l'argot ignore la poli-
tesse; je ne lui demanderais pas non plus
de changer des habitudes avec lesquelles
il ne saurait rompre.
Veuillez agréer, madame, l'assurance de
ma considération distinguée.
[ VIÉVILLE,
M. Vieville faitjoindre à sa lettre un Post-
Scriptum ou il nous menace des rigueurs
de la loi si nous ne publions pas aujourd'hui 1
même sa réponse; les termes un peu vifs
employés pour réclamer de nous une in-
sertion à laquelle nous ne prétendons pas
nous soustraire, imposent a la dignité de
notre journal de passer sous silence une de-
mande qui nous est faite sous une forme
peu courtoise.
MON BLOC-NOTES
Ces derniers jours de soleil ont fait
verdir tous les arbres de la place de
1 'Etolle qui offre ainsi parée un coup
d 'œil vraiment printanier. L'avenue du
Bois, elle, a retrouvé depuis dimanche
ses habituels promeneurs qui, le matin
des beaux jours, aiment il l'arpenter
comme apéritif avant le déjeuner. Di-,
manche et lundi de Pâques, l'avenue a
été particulièrement brillante: des fa-
milles entières y sont venues au sortir
de la messe, montrer une nouvelle toi-
lette et se rencontrer à cet elfet — sou-
vent — avec des connaissances. Oh ! les
interminables défilés où derrière mar-
chent solennois, les parents — les vieux!
« les ancêtres » — et oit devant, le plus
loin possible afin qu'on ne les surveille
pas, vont coquettant et flirtant, les
jeunes filles et les jeunes gens.
Et dire que les parents - quelaues pa-
rents veux-je dire — ferment complai-
samment l'Œil devant ces petits déver-
gondages ! Qu'ils ont de plus la naïveté
de s'imaginer que ces manèges-Iii abou-
tissent au mariage !!
Quelle erreur est la votre, ù mères
pleines d'illusions, de croire les hommes
assez niais pour confier l'honneurdcleur
nom il des tilles frivoles et légères qui
considèrent le mariage comme une vaste
« filouterie » dont le mari sera « l'é-
chaudé » - Non, si tant d'hommes res-
tent célibataires, c'est de la faute de
quelques mères de familles inconscien-
tes,qui ne savent pas élever leurs enfants
dans la simplicité et la modestie qui con-
vient a la jeune fille destinée à devenir
l'épouse impeccable et la mère chré-
tienne ! !
Rendons cependant cette justice il no-
tre société que le genre d'éducation — le
manque d'éducation p'"tôt, — va de pair
avec les toilettes trop riches, clinquantes,
surchargées, et certaines exhibitions de
bijouteries d'un goût très douteux.
La comtesse Théodore do Nicolay vient
d'accoucher d'un fils.
La vicomtesse Paul de l'Orgerie a mis
au monde une fille, au .château de la
Mot te-Beau manoir à Pleuguencuc-Bre- '
tagne !
Ceci me remet en mémoire la manière
dont en Autriche on emmaillotte les
nouveaux-nés ; — on les place dans des
coussins dont un côté arrondi forme l'o- j
reiller — le coussin se repliant aux pieds I
est ramené sur l'enfant, ainsi, recouvert, I
devant et soutenu derrière. Il serait à I
e la souhaiter de voir prendre chez nous cette I
mode étrangère, car cela garderait quel- |
ques malheureux bébés de grandir con-1
trefaits parco que de stupides nounous I
ide les auront mal portés. j
ôe Dimanche à Auteuil pour le prix de t
Président et lundi à Longchamp. Malgré I
ife quelques vides dus au temps incertain, et I
un I au vent si désagréable pour les femmes I
nt I ^ cause des chapeaux et des coiffures —
ite I tribune réservée offrait un coup d'œil I
le joli, quoique très bariolé d'un assemblage I
ait I de toilettes claires et sombres, de costu- I
les mes sévères et légers — tout cela entre-1
IS; I mêlé de fourrures fraternisant avec del
les | printaniers chapeaux de paille,
'es Remarquées à Auteuil dimanche': I
p- I Comtesse de Pracomtal, comtesse de i
IJ- j -Breulpont, - Mme de Parceval, couitosflfr]
re' Foulques de Maillé, duchesse d'Uzès,
comtesse d'Ide ville, duchesse de Morny, I
je I comtesse de Tarente, duchesse de Mar- i
re I borough. I
e- I Le lundi à Longeli-ainp : j
Comtesse Em. Las-Cazes, vicomtesse
!I,- lS de ^ Dam pîerre, comtesses de Lestrade,
38 I Nivac, Ludovic de la Forest-Divone, !
ie I Le Marois, de la Béraudière, J. Murât, 'JI
i-1 etc., etc.
Tels que les hommes — les sports-1
îé I !?cn - ont pour les courses, une tenue I
j J dite : de courses 1 j'aimerais voir la!
tg femme prendre elle aussi une mise spé-
ig *11 qui sans négliger le petit cachet I
I d élégance nécessaire au vêlement fé- I
e minm, ne fût pas la toilette habillée I {
I qu on peut mettre il un « garden-party » 1 (
J - et j ai rêvé pour cela le classique cos-1 i
. tu me tailleur moulant bien la taille, la
s I juPJ plate rasant terre et prenant exac- I c
Ii tement les hanches. — En gris fer par f
's I exemple, la veste s'ouvrant sur une che- I
i-1 misette bleue à pois blancs — un petit I r
* toquet de paille bleue très souple avec I u
® sur le côté un piquet do bluets — des i,
gants et des bottines lacées, gris — I r
Q I l ombrelle bleue ! — Et cela serait infini- J c
I ment plus gracieux que ces collets a trois
I étages de volants qui vous caricaturent v
la plus jolie femme et en font un informe le
I paquet ! I
I v I a
j Parmi les nançaillcs,toujours en nom- I r
j bre, citons celles de : I *
[ Mlle Marie de Kergorlay, fille du comte tt
' et de la comtesse, née de la Hochefou- n
M cauld-d'Eslissac avec le comte François 1 >1
11 de Pradier d'Agrain,lieutenant au fer ùra-
1 gons, fils du marquis et de la marquise i tn
I née de Gestas de Lespcroux. I
( Du baron Jacques Surcouf, arrière 01
petit-fils du grand corsaire qui malmena I rïl
j fort nos ennemis d'Outre-Manche avec I rn
Mlle Marielle de Lourmel du Hourmelin Sl
dont le grand oncle, le général de Lour-1
mel, fut tué sous les murs do Sébas- i m
topol. V'
I Du comte de nilvas, deuxième secré-j sede
taire de la légation de Portugal avec Mlle I tri
Elisabeth d'Albignac dont l'aïeul, Dieu-1 fi/
donné d'Albignac fut à la sixième et sep- ]
tième croisade. La famille d'Albignac ur
J a ses armes dans la salle des croisades à I quso
Versailles.
De Mlle Madeleine de Geoffre-Chabri-
gnac,tHle du comte et de la comtesse née
de Uheest avec le comte de Suarez d'An- il (
lan fils du marquis et de la marquise !
défunte née de Larderel. t a,
I Sitôt après ses fiançailles, le comte de
Suarez d'Aulan est reparti pour la Drôme
où il est candidat aux élections législati le
ves, dans l'arrondissement de Nvons, pa
J sa |
Félicitons le comte de Suarez d'Aulan
d'avoir suivi le bon exemple du comte et
Boni de Cas:cilanc, candidat, lui aussi, —
les deux jeunes hommes qui se sont '
fait de la vie, une conception plus haute Pa
que de passer leur temps à fumer des me
cigares de prix et il lancer des modes ]^C]
nouvelles de complets et de culottes de
cheval — ces jeunes .gens auront l'estime rea,
et l'admiration des gens d'esprit et de
cœur, car ils prouvent avoir compris que
| la France a besoin de tous ses enfants et i
j que quel que soit le régime qui la gou- I
| verne, — quelles que soient nos opinions
à ce sujet,Loul homme qui sert la France,
lui rend le pieux hommage qu'on doit à
sa patrie !
Lundi, la baronne de Santos a ouvert
la vraie saison des fêtes après Ptlques,par A
une soirée donnée dans ses salons blancs agr
d'un si pur style Louis XVI en l'honneur Con
de Mlle île Zurlo sa petite fille. Parmi les che
jeunes filles, Mlles de la Ferronnays, de Prei
Riancey, de Roche fort. de RuiUé, de Hra
Rohan Chabot, de Monteynard, coté des
habits : jiIoi:
Prince A de Broglie, comte de Montey- soit
nard, de Reverseaux, vicomte de la Fer- terr
1 ronnays, prince de la Tour ^Auvergne
Tous ces bats, ces réceptions, ces fian-
çailles et ces mariages,, dans un monde
où tout est galtë,'où l'amour est sans obs-
tacle et le mariage chose naturelle 1 tout
ceia me fait songer avec tristesse à cette
pauvre petite ouvrière, trop tendre, trop
aimante qui craignant de perdre un jour
ràmi trop jeune pour l'epouser, a pré-
féré mourir p-endant qu'elle était aimée
encore, — mourir en plein bonheur, un
bouquet à la main — le bouquet de fleurs
fraîches encore, que l'ami lui avait don-
nê-
Elle est pleine de douloureuse philoso
sophie cette fin si triste d'une idylle
et il lui a fallu une bien grande dose de
courage, à la pauvre petite, pour quitter
la vie, quand celle-ci lui souriait — pour
lui préférer le mystère de l'éternel oubli,
et partir ainsi pour le grand voyage dont
on ne revient pas, — de peur de voir un
jour cesser cet amour qui fut tout son
bonheur.
Celle-là avait la notion exacte et vraie
de l'amour — de l'amour qui ressemble
trop à une fleur tôt flétrieI
Aussi, vite elle s'en est allée lia pauvre!
bien vite! bien vitel —pour ne pas voir
les fleurs de son cher bouquet — flé-
tries!
GHISLAINE.
TERME PARLEMENTAIRE
Hicr, 15 avril 1 le terme ! le grand terme
parisien, qui plonge dans les transes,
tant de familles, d'une pauvreté dorée,
et qui fiL parfois allumer les réchauds
libérateurs.
Paris présente dès la veille fatale un j
coup d'œil typique; les promeneurs sont
hâtifs, on rencontre des visages inquiets,
des bouches aux angles crispés, des amis
qui fuient comme redoutant un appel
au porte-monnaie. Les théâtres voient
leurs recettes faiblir, les cafés et les con-
certs eux-mêmes ne retrouvent pas leur
clientèle ordinaire.
Uneimmense préoccupation s'a.bat pour
vingt-quatre heures sur la ville, l'enve-
loppant comme d'un gigantesque filet
aux inextricables mailles.
Parmi tous ceux que cette date se-
couait hier d'un chagrin ou d'une inquié-
tude les femmes de nos députés, en rup-
ture de Chambre étaient — du moins
quelques-unes,etj'en connais —fort per-
plexes.
Devait-on donner congé au proprié-
taire, en prévision d'un échec redouté,
ou était-il sage de conserver l'apparte-
ment?
Voilà le problème que S'O posaient pas
mal de ménagères anxieuses, sur le ré-
sultat du suffrage universel.
Le congé demandé, un gros poids de
moins pèserait sur le budget en cas de 1
défaite, mais si par chance heureuse le
scrutin était favorable au mari, on se '
trouverait avec les frais et les soucis d'un j
déménagement, j
— Cela vous fait sourire m'expliquait 1
une charmante femme en m'exposant 1
son ennui, mais, quand on ne possède
que les appointements de député, pour 1
élever la nichée et nourrir la maison, les (
fins de mois sonl souvent plus difficiles '
à équilibrer que le budget gouvernemen- ,
tal. 1
Voilà pour les rangés qui ont su tenir j
la balance, et sont passes petitement sur '
le turf parlementaire en ne s'endettant j,
pas, mais à côté,cornbien d'autres, moins t
sages ou moins chanceux, doivent au
propriétaire des termes et des termes, s
et qui tremblent en songeant au lende- b
main d'une défaite possible. t
C'est un des côtés pittoresques du
Paris au jour lo jour, que ce tremble- [
ment qui agite les ménages de nos sou- e
verains du Palais-Bourbon, à l'approche
des épreuves de ce nouveau baccalau- s
réat que le peuple impose à ses élus. u
MARIAGE VILAIN.
Un Nouveau Progrès Médical
Congrès de Montpellier
(De notre correspondante spéciale).
Montpellier, 1G avril 1898.
Aux discussions scientifiques se mêlent
agréablement les réceptions auxquelles le
Comité d'organisation a su donner un ca-
chet tout spécial : mercredi soir les con-
gressistes étaient invités au château de
Urammont, magnifique domaine légué à la
Faculté de Médecine par le doyen Bouisson-
Bertrand. On peut dire qu'il faut venir à
Montpellier pour qu'une Faculté française
soit à même de recevoir ses hôtes dans ses
terres.
e. f Pendant trop longtemps on s'est obstiné i
à aecabler l Institut de legs dont ti est em- 1
n- barrassé, tandis que les Facultés de pro-1
ie vince auraient pu en faire un excellent I
s- usage. Grâce à la nouvelle loi stir les Uni-1
ut versités dont les bienfaits seront toujour I
te P lus sensibles d'un et à l'esprit d'intelligente I
m ini.V. ye " ^î1 éminent universitaire mont- I
H pell ierain, là Faculté se trouve dotée d'un I
ir, revenu qu'elle saura sûrement employer
e- pour le plus grand bien de ses élèves et I {
50 aussi do la science médicale. Souhaitons I 1
n que la belle réception faite aux congres- I 1
r's Ststes suggère à quelques-uns l'idée d imi-
ter Bouisson-Bertrand: lés Américains nous f
on.» montré depuis longtemps qu'on ne sau- (
rait faire de la richesse un'- emploi plus ,
utile et ni us noble. M
S'il fallait un encouragement de plus aux '
«3 donateurs futurs .J&-GOfniLé le leur aurait I
jr donréen préparant pour ses 400 convives I 1
ir le banquet le plus délicat et en recevant t
jt ses invités dans ce vaste parc illuminé de c
it {internes vénitiennes, de lampes à acéty-
lène, de feux de bengale multicolores. Sous I f
le. ctel M,'! UQe soirée printanière du I «
n Midi eP&ccueilhî#-p^M.outes les notabilités I
de la région, les congressistes écoutaient, I *
e ravis, un ooncert particulièrement artis-1 P
G tique donné par la musique du 2, génie. t
Après cette fête si originale et si distin- I Il
E11?6» les discussions reprennent leur cours e
r le lendemain, jeudi. Il s'agit encore d'une I
question qui n'intéressse pas seulement les I ;
Sous le nom technique d'opo-1 i
thérapie,, on désigné un progrès tout récent I
accompli dans la science médicale et dû f
surtout à des savants français Brown-Se- I f
quard, d'Arsonval, Landouzy, et aussi à ( '
leurs disciples les professeursMossé de Tou- t
lause, Gilbert et Carnot de Paris, dont les f
rapports très documentés et très suggestifs I a
tonnaient le point de départ des tliscus- N
siotis^ engagées aujourd'hui par le Congrès. I r
e Il s agit d'une méthode analogue à la sÚ- I
' rolhérapie dont le public connait déjà les q
. applicalions, et qui consiste dans I 9
c I ,, utilisation des organes à sécrétion interne, f ^
hue a déjà dépassé la période des simples I II
l promesses et si le nombre des médications il
t par les voies organiques est, dans l'état
t actuel de la science encore très. limité, il I n,
. faut prévoir une extension progressive et I
j heureuse de cette nouvelle thérapie. Le rt
, principe posé par d'Arsonval ne paraît plus
contestable : « les manifestations morbides
qui dépendent chez l'homme de la sécrétion cc
interne d'unorgane doivent être combattues se
parlesinjoctionsd'extraitsliquidesretirésde I pl
. cetorgane.pris chez uu animal en bonne san-I Qi
te JI. Il appartient aux expérimentateurs fu- ci
tursd'en tirer les conséquences qu'elles com- A,
portent pour la constitution d'uno méthode
générale de traitement par les sucs des tissus; I
sans doute ainsi que le fait remarquer le
professeur Mossé, « comme toutes les mé- I di
dications actives l'opothérapie offre des in-
convénients sérieux Il de plus, les produits se
pharmaceutiques préparés jusqu'à présent I
oll'rent de nombreux inconvénients qui ex- la
pliquentles incertitudes et certains insuc-
ces de la nouvelle méthode. Mais les beaux on
travaux du professeur Mossé sur le traite- I so
ment du goitre, ceux de M. le professeur I po
Mairet montrent que l'opothérapie peut de
amener la guérison ou tout au moins de sé- lib
rieuses améliorations. Le congrès de Mont- au
pellier permet donc de mettre nettement en
lumière sans en exagérer la portée les ré- * ,
sultats acquis désormais et qui se d(.>velop- J
peront a mesure que les expérimentateurs I de1
arriveront à purifier les produits opolhéra- s<^i
piques. « C'est la découverte imminente. M.
UUllnd ello sera parachevée, un nouveau I coi
progrès aura été accompli en médecine, un ]
nouveau résultat aura été acquis au soula-
gement de l'humanité. » *.
Le très distingué rapporteur rappelait I
aux applaudissements de son auditoire que ce]
ce nouveau procédé est comme la sérothé- 'aii
rapie une forme « d'une mémo méthode av(
visant à guérir en empruntant ses voies et I vcl
! moyens à cette grande force défensive de I l'ai
la vie appelée nature médicative, toujours I yoi
jalousement défendue par l'Ecole de Mont- I T
pellier et vers laquelle, élargies et rajeu-1
nies,les conceptions de la pathologie gêné-
raie contemporaine font aujourd'hui re- I ccu
tour. » ils ]
Il rappelait aussi non sans une légitime J leu,
satisfaction que MM. les professeurs Dn- r
breuil et Mairet ainsi que lui-même insti- reti
tuaient dès la première heure, à la Faculté ]}
de Montpellier dos expériences de nature à I
déterminer la valeur scientifique de la mé-
thode nouvelle quelques jours après qu'elle a
eût été signalée. i ^
Ainsi s'affirme une fois de plus la vitalité J
scientifique de cette vieille Ecole, qui sait blé
unir, comme le disait éloquemment M. le I ans
professeur Grasset « au respect des anciens, lare
l'esprit novateur et la foi au progrès in- taie
cessant de la science.» 1
Ce progrès est d'autant mieux accueilli
cette lois, qu'il promet au public une série
de puissantes médications et qu'il est l'œu- crUl,
vro de savants français appartenant au I j0111
pays où ainsi que l'a très bien dit M le pro- à d<
fesseurCérémillede Lausanne, «lanîédecine I J(
est, restée plus qu'ailleurs conforme à sa cup
destination supérieure, le perfectionne- • i,
ment de l'art de guérir. JJ j
M. B.
Le service de la FRONDE sera
fait gratuitement pendant un an
ai toutes les institutrices ayant
amené au Journal trois abonne-
ments d'un an.
LE FÉMINISME
Au Congrès des Sociétés savantes
er péu à glaner au point de vue
et f«5min;a./0r' au(tConffrès des Sociétés sa.
ns ce to année, qui tient en ce
s- moment ses assises à la Sorbonne.
li- Se souvient que l'an dernier nous
iS Mme Vincent nous
18 u- donna fûmes la Section et histoire et de géo-
graphie, son importante étude sur les
îx ' femmes pairs de France.
iit J .Contentons-nous donc d'une commu-
.s n,.cation de M. Prud'homme, juge au
it tribunal de Lille et membre de la Société
le de législation comparée.
fort L'honorable magistrat a dit des choses
» I fort intéressantes, sinon très nouvelles.
„ J ainsi le divorce et la séparation de corps
I î\e sont pas il fait la môme chose.
t, Nous nous en doutions déjà « La sépara-
s- tion de corps relâche le lien conjugal et
i- le divorce le rompt » ohtM.Prud 'liommo
.,s en êtes-vous bien sûr?
le 15 inciter Puis est-ce U?c. raison suffisante pour
o- ? er le législateur à inscrire dans la
>t la séparation de biens ne
lû pourra être transformée en divorce. Je
e" le fort,monsieur, que dans votre cas
à Je chat fourré ne laisse un peu trop poin-
Ll- ter sa docte oreille herminée, Il vous
r? L encore un os à ronger, une dernière
ts atlaire a juger, une nouvelle instance;
I /cnez a vous régaler encore une
f01,s du spectacle toujours comique
jS qu offre tout conflit conjugal. Ne crai-
s gnez-vous pas que la justice ne soit déjà
'■ lente, et surtout trop... onéreuse
s I Il est vrai que vous plaidez pour votre
s I maison M. le juge.
j Et de fait, nous ne comprenons guère
t I Pourquoi M. Prud homme s'acharne
i I
; avaient songé à la simple séparation de
, corps. Un délai a été fixé, les époux ne
; I so sont pas réconciliés et ils ne veulent
i plus entendre parler l'un de l'autre.
I (ju importe, on ne brisera point leurs
j chaînes puisqu'ils ont eu la maladressa
( I de songer tout d abord à une demi-me-
; sure.
s I Pourquoi aussi ne pas vouloir divorcer
. dès le premier jour?
I Cependant, si le délai fixé,les époux no
j se réconcilient pas, pourquoi ne pas leur
accorder de plein droit la conversion de
la séparation de corps en divorce. N'a-t-
on pas alors la preuve formelle qu'ils ne
sont pas faits pour vivre ensemble et
pourquoi le juge s'arrogerait-il le droit
| de perpétuer le conflit au mépris de la
liberté et de la dignité des deux époux,
I au mépris surtout de leurs droits réci-
proques.
Le divorce n'a d'ailleurs au Congrès
I des Sociétés savantes que des adver-
I saires. Après M. Prud'homme, c'est
M. A. de Malarce qui rompt un lance
contre la loi Naquet.
Pour l'orateur,en votant la loi de i8S4.
leParlement n'avait d'autre but que celui
de remédier if. quelques situations ex-
ceptionnelles et pourtant assez rares,
laissant aux magistrats que l'on disait
avec raison peu favorables a la loi nou-
velle, tous les moyens pour réfréner
l'abus que le public pourrait faire du di-
I vorce.
I Il paratt qe les prévisions des législa-
I teurs ont été déçues. Peut-être aussi
ceux qui votèrent la loi Naquüt n'avaient-
ils pas les idées de derrière la tête que
leur prête M. de Malarce.
Dans tous les cas. de son étude il faut
retenir les faits suivants :
Depuis 1885, époque de la mise en vi-
gueur de la loi du divorce, les demandes
augmentent chaque année.
En 1885, 3,180 demandes, en 1 R!.H ,
8.C73. Le nombre a donc p!us que dou-
blé dans une période de moins de dix
ans. C'est cela qui chiffonne M. de Ma-
!arce. Comme si les bons mariages n'é-
taient pas les seuls qui importentau point
de vue sodaI. Mieux vaut encore le lien
conjugal brisé que le:) conflits perpétuels
entre mari et femme, toujours si dou.
loureux et d'exemple néfaste lorsqu'il y
à des enfants.
Je sais bien que la question qui préoc-
cupe surtout nos savants est celle — si
douloureuse— de la faillite du mariage,
qu'a soulevée récemment Mme Arvede
Barine dans un grand journal du matin.
Je l'avoue, ces préoccupations sont
inquiétantes et légiiimes, mais si l'on
peut déplorer l'augmentation du nombre
des unions irrégulières dans la classe
ouvrière, c'est une autre question, dè
trouver un remède à cet état de choses.
Celui qu'on nous propose serait: à notre
avis pire que le mal. Ce n'est pas lors-
LA TRIBUNE
(1)
Cette rubrique forme un feuilleton volant
dont le sujet change tous les trois juurs.
A TRAVERS L'ÉDUCATION
L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE ÉLÉMENTAIRE
L'obligation scolaire
Tous les enfants français des deux
sexes sont soumis à l'obligation scolaire.
C'est la loi; et cette loi marque un tel pro-
grès sur les régimes précédents, où le
père de famille avait le droit de laisser ses
enfants — ses filles, surtout—croupir
dans l'ignorance profonde, que l'on
éprouve un sentiment de gêne à ne pas
s^n montrer enthousiaste sans réserve.
C'est mon cas. Cependant, à moins de
m'instituer bénisseuse quand môme, ce
qui des a le désavantage d'atténuer la portée
es éloges, il faut bien m'a vouer et dé-
clarer aux autres que ce mieux incontes-
table reste encore fort en deçà de ce qui
serait bien, purement et simplement, se
Le principe en lui-môme ne saurait
discuter. Il est la conséquence inélucta-
ble de l'établissement du suffrage uni-
versel dans notre pays. En effet, de
même que l'on ne peut, sans cynisme,
vanter l'égalité dans une société où
les uns se nourrissent de mets recher
cliés tandis que d'autres meurent
de faim, — car l'on meurt de faim dans
te sens précis et cruel du mot, quoiqu'en
disent quelques bourgeois heureux de
vivre — on ne peut davantage faire allu-
sion à ce sentiment en présence des
masses populaires illettrées. Partout où
il y a des hommes qui mangent et des
hommes qui ne mangent pas; partout où
il y a des hommes qui lisent et des hom-
mes qui ne lisent pas; partout, où il y a
des hommes qui pensent et des hommes
qui ne pensent pas, la devise républi-
caine dont l 'Egalité est le second terme
est un leurre.
C'est pour en faire une réalité, que l'E-
tat républicain a voté la loi d'obligation
scolaire, et il nous a prouvé que si le
pain du corps est presque impossible à
distribuer éflUltabloment,cclui de l'esprit
est d'une diffusion plus facile. Il s'est mis
vaillamment à cette besogne, et s'il y
avait un reproche à lui adresser, cc se-
rait d'avoir, dans sa hâte d'atteindre le
but, fait abstraction de beaucoup de dé-
tails dont l'importance nous saute aux
yeux maintenant; mais lorsque, dans le
péril, on voit que le salut est au bout du
chemin, on tourne les difficultés au lieu
d'engager le combat avec elles.
Toujours est-il que l'obligation sco-
laire, en faveur de laquelle mon père fai-
sait campagne il y a un demi-siècle et
vers laquelle tendait tout mon entourage
il. l'époque où j'ai commencé à distinguer
des mots dans les conversations, cette
loi d'obligation scolaire est une conquête
de la République, et la République n'eût-
elle fait que cela, nous serions encore
fiers d'être républicains.
L'obligation de faire instruire ses en-
fants n'est cependant pas le monopole du
régime que nous nous sommes donné en
1870 et les nations qui ont pris les de-
vants, sauf la Suisse et quelques états de
l'Amérique, vivent sous le régime mo-
narchique. Il est vrai que ce sont presque
toutes des nations protestantes, et qu'il
faut savoir lire pour vivre de la Bible. Le
Portugal, cependant, monarchiste et ca-
tholique, arrive deuxième en 1844, sur la
liste des pays qui ont adopte le principe
dp. l'oblieration scolaire. C'est la Prusse
de i88"2.tient la (1763); nous datons, nous,
Du principe fondamental, il n'y a rien
il dire, sinon pour le louer sans restric-
tion. Mes critiques porteront donc seu-
lement sur son application et sur les
tempéraments quo la loi elle-même y a
malheureusement apportés.
D'abord, la durée de la fréquentation,
tout juste suffisante, non pas patir que
1 écolier apprenne beaucoup de choses
mais pour qu'il s'assimile lo peu qu'il
apprend et surtout pour qu'il s'incorpore
des habitudes d'esprit sans lesquelles
1 enseignement reçu à l'école s'envole
comme la plume au vent. Cette durée de
sept années existe plutôt sur le papier
que dans la réalité des faits, et la cause
principale de cette sorte de duperie, c'est
que la loi scolaire et la loi industrielle
ne concordent pas entre elles. L'enfant
doit fréquenter l'écolo jusqu'à treize ans
mais la fabrique l'admet à douze ans, et
c est l'école, c'cst-à-diro l'écolier qui en
pâtit ; la loi d'obligation a mis les pouces,
a inventé elle-même des moyens pour se
faire battre (par exemple la faculté de se
présenter au certificat d'études à la fin
du cours moyen, parfois avant d'avoir
douze ans révolus) ; de sorte quo le cours
supérieur devant uno sorte de mythe,
et que l'instruction reçue à l'école, sur la...
quelle nous comptons pour aplanir bien
des difficultés dont la route de l'enfant
du peuple est encombrée, cette instruc-
tion est illusoire. On s'en est heureuse-
ment aperçu depuis peu, et tout le monde
sait avec quel entrain s'organise l'œuvre
post-scolairc dont nous nous occuperons
à cette même place, le moment venu.
Donc le minimum légal deO à 13 ans
est devenu un maximum presque excep-
tionnel. C'est ma première critique,
Le mode de fréquentation, absolument
identique pour l'enfant des villes et pour
celui des campagnes, alors que los inté-
rêts des uns diffèront tout à fait de ceux
des autres, est très regrettable. Les
portes de l'école urbaine devraient être
ouvertes du matin au soir, sans excao-
tion, comme celle de la fabrique ; les
congés, les vacances pendant que le
père et la mère travaillent sont une
vraie malédiction, (mais ce sujet-là
mérite une « Tribune » qu'il aura cer-
tainement), puisqu'il est dangereux de
laisser l'enfant sans surveillance, et qu'il
est inhumain de l'associer trop tôt à la
vie industrielle. Pour le petit citadin,
l'école doit être une sorte de temple saint
et sacré, où toujours ouvert, non seule-
ment son esprit se développe, mais où
son corps est il l'abri de toutes les misè-
res qui le guettent au dehors. Neuf fois
sur dix, il y est à tous les points de vue,
mieux que partout ailleurs.
Les conditions sont tout à fait différen-
tes pour l'enfant de la campagne.
D'abord en 00 qui concerne son déve-
loppement physique, l'écolo est loin d'a-
voir les qualités du plein air. Entre quatre
murs l'écolier rural s'étiole, et la disci-
pline, quelque paternelle qu'elle soit, lui
est difficile à observer. L'effort qu'il fait'
pour s'y soumettre nuit à l'attrait de
l'instruction, et par conséquent à ses pro-
grès.
D'autre part, de très bonne heure, il
peut être associé aux occupations si mul-
tiples de la vie des champs. A six ans, il
garde les bOtes,et cette responsabilité lui
donne do l'importance à ses propres
yeux et aux yeux de ses parents. Sans
compter que cette occupation, sagement
alternée avec d'autres et avec le travail à
l'école, est beaucoup moins abrutissante
qu'on ne le croit dans les milieux où l'on
n'a pas pris l'habitude d'observer et de
réfléchir.
Dès l'âge de dix ans, le petit paysan
peut rendre des services vraiment ap-
préciables, et si le mode de fréquenta-
tion le lui permet — ce qui a lieu dans
certains pays, notamment en Danemark
qu'il faut toujours citer lorsqu'il s'agit
d'enseignement populaire — les travaux
champêtres le délassant du travail intel-
lectuel, le lui font apprécier, tandis que
ses Darcnts, non lésés, sont disposés à
.i'
l'envoyer à l'école aussi longtemps que
possible.
Pour la campagne, donc l'école quoti-
dienne et pendant toute la journée, l'hi-
ver ; l'école de demi-temps l'été, à des
heures variant selon tes besoins de la terre,
la seulement est la vérité. Il faudra y ve-
nir, et je ne me rends pas compte de
l'état d'esprit de ceux qui, vivant peu ou
prou en dehors des villes, n'en sont pas
convaincus. Comment se fait-il qu'en pé-
riode électorale, aucun candidat n'ait
l'idée d'inscrire dans sa circulaire la pro-
messe de ce progrès ?
Le droit de quitter l'école a douze ans,
et même un peu avant cet âge, n'est pas,
hélas ! le seul accroc fait à. la loi d'obli-
gation scolaire; il y en a beaucoup d'au-
tres dont je ne retiens, obligée de me
limiter, que deux seulement. C'est d'a-
bord l'inertie des commissions scolaires.
J'ai bien écrit « l'inertie », et j'aurais pu
ajouter la mauvaise volonté. Vous savez
comment elles sont composées. Il y a
d'abord deux membres de droit : le inaire
ou l'un de ses adjoints délégué par lui,
et l'inspecteur primaire. Le maire est
président et c est lui qui convoque ses
collègues. Il y a ensuite des membres
délégués par l'inspecteur d'Académie
(délégués cantonaux); il y a enfin les
membres élus par le conseil municipal,
en nombre égal au tiers de ses membres.
De cette composition vient tout le mal.
Le maire -;'magistrat élu — a autre chose
à faire que de désobliger ses électeurs
qui ne manqueraient pas, aux élections
pour le renouvellement du conseil mu-
nicipal, de lui prouver leur mécontente-
ment. Il ne convoque pas. Les autres
membres, sauf l'inspecteur primaire,
craignant les animosité de clocher, atten-
dent patiemment une convocation qu'ils
espèrent bien ne recevoir jamais. Et c'est
la chose publique qui pâtit.
Mais la « chose publique » qu'es aco?
comme l'on dit au pays du soleil.
Aux peines dérisoires édictées contre
lesDarents négligents, il faudrait donc
ajouter une sanction sérieuse contre les
commissions elles-mêmes.
Enfin ce qui entrave le plus la fréquen-
tation scolaire, c'est... le manque d'é-
coles. Et le comble des combles, c'est
que Paris, la « Ville lumière n,cstie point
de la France qui on manque le plus. Co
ne sont pas des centaines d'enfants qui,
sous le titre (J'e.rpf'ctalll" attendent leur
tour; ce sont des miniers! U. c'est une
honte!
La municipalité parisienne, en celte
occurence me rappelle un malheureux
atteint d'une maladie mentale qui, ne
pouvant habiter un palais, s'obstinait ta
coucher a la belle étoile. Certes, elle a
dépensé des millions et des millions pour.
l'instruction des enfants du peuple, et
chaque année voit s'augmenter le nom-
bre de ses écoles, mais puisqu'elle ne
I peut, malgré ses sacrifices, suffire d'em-
blée aux besoins de la population enfan-
tinc, pourquoi ne pas installer des éco-
les provisoires dans des locaux loués
pour cet usage? Ces derniers, il est
vrai, ne répondraient pas absolument-
aux exigences du règlement ; niais
qu importe si les enfants y étaient
dans de bonnes conditions d'hygiène,
s'ils y pouvaient contracter de bonnes
habitudes tout en acquérant les premiers
éléments d'lnstrnction ?
Quant au personnel enseignant qui a,
lui aussi, ses expectants qui sont légion,
il bénirait cette mesure bienfaisante.
Si le Conseil municipal hésite, quo
l'initiative privée lui donne l'exemple.
C est là, au premier chef, une œuvre d u*»
tilité publique.
PAULINE KERGOMARD.
(A suivre.J -
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