Titre : L'Aérophile
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-08-01
Contributeur : Besançon, Georges (1866-1934). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344143803
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 25059 Nombre total de vues : 25059
Description : 01 août 1932 01 août 1932
Description : 1932/08/01 (A40,N8)-1932/08/31. 1932/08/01 (A40,N8)-1932/08/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65536654
Source : Musée Air France, 2013-273394
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/11/2013
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l'Aérophile, Août 1932 227
L'Aéro- Club de France en deuil
-Le comte Henri Je la Valette
Santos Dumont
En un seul mois, le 6 et le 24 juillet, à ces
dates si douloureusement frappantes d'être si
rapprochées, le comte Henri de La Valette,
premier vice-président de l'Aéro-Club, à l'état
baissant, et Santos Dumont, le glorieux arti-
san de la renaissance du ballon dirigeable et
de l'avion, en France, sont passés de ce monde
à un monde supérieur où notre perpétuelle
affection les accompagne.
En cette triste coïncidence, on ne peut que
songer aux vers immortels de Lamartine :
Ici-bas la douleur à la douleur s'enchaîne,
Le jour succède au jour et la peine à la peine.
La vie du comte Henri de La Valette et
celle de Santos-Dumont sont intimement mê-
lées entre elles, étroitement liées à. l'histoire
de l'Aéro-Club, qui s'écrit. Des biographies
exigeant tout un livre ne sauraient être esquis-
sées en quelques pauvres lignes. Mais on a
le devoir de répondre à la pieuse pensée du
directeur de l'Aérophile en réunissant, sur
une même page de cette antique Revue, les
noins de ces ouvriers de la première heure
que la mort elle-même n'a pas voulu séparer.
Malgré la différence de leurs âges, soixante-
dix ans et cinquante-neuf ans, ils se sont
suivis de près sur le chemin qui mène à
l'éternel rendez-vous. Leurs âmes, envolées
de la terre, ont pu se concerter pour attein-
dre ensemble l'altitude suprême d'où l'on
ne descend pas.
N'étant pas tenu de garder le secret, je puis
révéler, entre autres choses, leur commune
aspiration religieuse, en harmonie avec la
sublime pensée de leur poète favori :
Borné dans sa nature, infini dans ses vœux,
L'homme est un dieu tombé, qui se souvient
[des cieux.
Santos Dumont savait ces vers par cœur et
les traduisait en actes. Il disait volontiers qu'il
avait appris l'Aéronautique dans Lamartine,
et qu'il n'avait pas eu besoin d'autre maître.
Il y a, dans cette boutade, une belle part de
vérité. Un épisode, entre mille, est à noter ici.
Un jour, la comtesse d'Eu, fille de l'Empe-
reur Don Pedro, la princesse Isabelle, de-
manda au triomphateur du Prix Deutsch de
la Meurthe :
— D'où vous est venue cette noble ambi-
tion de vous élever dans le ciel?
Santos Dumont, pour toute réponse, récita :
— L'homme est un dieu tombé qui se sou-
vient des cieux.
- Oh! dit la princesse, chaque inventeur
En haut de la page :
En haut de la page :
A gauche : le comte Henri de La Valette.
A droite : le dernier portrait de Santos Dumont, fait en France — par M. Georges Besancon - à
Orthez (Basses-Pyrénées), en avril 1931.
L'Aéro- Club de France en deuil
-Le comte Henri Je la Valette
Santos Dumont
En un seul mois, le 6 et le 24 juillet, à ces
dates si douloureusement frappantes d'être si
rapprochées, le comte Henri de La Valette,
premier vice-président de l'Aéro-Club, à l'état
baissant, et Santos Dumont, le glorieux arti-
san de la renaissance du ballon dirigeable et
de l'avion, en France, sont passés de ce monde
à un monde supérieur où notre perpétuelle
affection les accompagne.
En cette triste coïncidence, on ne peut que
songer aux vers immortels de Lamartine :
Ici-bas la douleur à la douleur s'enchaîne,
Le jour succède au jour et la peine à la peine.
La vie du comte Henri de La Valette et
celle de Santos-Dumont sont intimement mê-
lées entre elles, étroitement liées à. l'histoire
de l'Aéro-Club, qui s'écrit. Des biographies
exigeant tout un livre ne sauraient être esquis-
sées en quelques pauvres lignes. Mais on a
le devoir de répondre à la pieuse pensée du
directeur de l'Aérophile en réunissant, sur
une même page de cette antique Revue, les
noins de ces ouvriers de la première heure
que la mort elle-même n'a pas voulu séparer.
Malgré la différence de leurs âges, soixante-
dix ans et cinquante-neuf ans, ils se sont
suivis de près sur le chemin qui mène à
l'éternel rendez-vous. Leurs âmes, envolées
de la terre, ont pu se concerter pour attein-
dre ensemble l'altitude suprême d'où l'on
ne descend pas.
N'étant pas tenu de garder le secret, je puis
révéler, entre autres choses, leur commune
aspiration religieuse, en harmonie avec la
sublime pensée de leur poète favori :
Borné dans sa nature, infini dans ses vœux,
L'homme est un dieu tombé, qui se souvient
[des cieux.
Santos Dumont savait ces vers par cœur et
les traduisait en actes. Il disait volontiers qu'il
avait appris l'Aéronautique dans Lamartine,
et qu'il n'avait pas eu besoin d'autre maître.
Il y a, dans cette boutade, une belle part de
vérité. Un épisode, entre mille, est à noter ici.
Un jour, la comtesse d'Eu, fille de l'Empe-
reur Don Pedro, la princesse Isabelle, de-
manda au triomphateur du Prix Deutsch de
la Meurthe :
— D'où vous est venue cette noble ambi-
tion de vous élever dans le ciel?
Santos Dumont, pour toute réponse, récita :
— L'homme est un dieu tombé qui se sou-
vient des cieux.
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