l'Aérophile, Février 1932 37
VOL D'ESSAI sur le monoplan Farman 234, Salmson 95 cv.
L'appareil, construit suivant la formule
caisson, en bois, est muni d'un moteur Salmson
95 CV. (1).
Le premier poste est celui du passager, le
second, plus profond (car derrière le caisson
de l'aile), celui du pilote; derrière ce dernier,
un coffre assez vaste, permet d'emporter des
bagages de route.
L'accès de ces postes est facile, l'installation
commode et nette de tout hauban. Le manche
est bien en main; les pieds, placés sur des pé-
dales, dans des sortes de gouttières, ne sont
Pas gênés par le siège AV.
Sur la paroi gauche de l'habitacle, se trou-
vent les manettes de gaz et d'air, sur la paroi
droite, la pompe d'injection, l'essence et
l' extincteur ; le tableau de bord comporte le
contact et les instruments classiques. Les cein-
tures de sièges se composent d'une lanière de
cuir fermée par une goupille.
A propos de la manette des gaz, signalons
que, lorsqu'on a piloté des avions étrangers et
des avions français, la commande de l'ouver-
ture en poussant vers l'AV. semble beaucoup
Plus naturelle et conforme, d'autre part, aux
réflexes du cavalier.
Ce vol d'essai a eu lieu par un après-midi
assez froid de janvier, avec un plafond de 3 à
400 mètres, des paquets de brume, un vent assez
fort.
, Le moteur est parti, après un court brassage,
a la première sollicitation du démarreur ;
(1) Les caractéristiques de l'appareil sont : En-
vergure, 9 m. 110; Longueur : 6 m. 150; Surface :
14 m2 50; Poids à vide : 400 kgs.; Poids emporté :
essence (75 1.) : 54 kgs.; huile (10 1.) : 10 kgs.;
Pilote : 88 kgs. ; passager : 88 kgs. ; bagages :
37 kgs.; Poids total : 677 kgs.; Poids au m2:
46 kgs. 6; Poids au CV : 7 kgs. 1.
Performances : Vitesse 70-190 km./h.; Rayon
d'action : 600 kms.; consommation d'essence : 28 1.
d ; l'heure environ; huile : 0 1. 8.
l'appareil, au sol, se conduit bien, grâce à la
large voie de son train, mais, étant assez cabré,
exige, comme presque tous les tandems à poste
de pilotage AR, de bien pencher la tête sur les
côtés, pour regarder vers l'avant.
Le décollage est aisé, grâce à l'excédent de
puissance; il se fit sur une longueur de 100 à
130 mètres environ; contrairement à certains
avions où il ne faut pas trop pousser sur le
manche, il faut ici bien mettre l'appareil en
ligne de vol pour qu'il ne décolle pas à grande
incidence; ensuite, il monte bien.
La vitesse de croisière peut atteindre 160
kmh. En vol normal, on se tient généralement
à 120 au Badin; déjà, à cette allure, les mou-
vements du manche doivent être minimes. En
virage, à l'encontre des appareils parasols qui
prennent, en somme, seuls l'inclinaison voulue,
il faut relativement beaucoup de manche et
peu de « pied ».
La position bien dégagée du pilote donne
une bonne visibilité, mais elle exige que l'on
attache solidement son serre-tête ainsi que ses
lunettes et que l'on se couvre hermétiquement
le haut du dos et la nuque; la ventilation se
fait sentir.
Avant l'atterrissage, ne pas piquer, naturel-
lement, avec du moteur, ni même après avoir
coupé; retenir, au contraire, l'appareil, sinon,
la vitesse augmente rapidement.
Au voisinage du sol, les mouvements du man-
che doivent être particulièrement doux; au-
trement, l'appareil, très sensible et dont la voi-
lure surbaissée comprime un matelas d'air, re-
monte instantanément.
En résumé, le monoplan Farman F. 234-
Salmson 95 CV. est un appareil de sport ra-
pide, permettant d'excellentes moyennes et,
d'autre part, amusant à piloter.
M. S. DUCOUT,
Ingénieur civil
de l'Aéronautique.
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