Titre : L'Ouest-Éclair : journal quotidien d'informations, politique, littéraire, commercial
Éditeur : [s.n.] (Rennes)
Date d'édition : 1920-05-10
Contributeur : Desgrées du Lou, Emmanuel (1867-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32830550k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 mai 1920 10 mai 1920
Description : 1920/05/10 (Numéro 7417). 1920/05/10 (Numéro 7417).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG14 Collection numérique : BIPFPIG14
Description : Collection numérique : BIPFPIG29 Collection numérique : BIPFPIG29
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Description : Collection numérique : Fonds régional : Bretagne Collection numérique : Fonds régional : Bretagne
Description : Collection numérique : Yroise, bibliothèque... Collection numérique : Yroise, bibliothèque numérique de Brest
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k646175f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/11/2008
ulMECItUH POLI1IQIIE FIL TÉLÉQRAPH1QUB
E«ma«»i dessrées du lou JOURNAL RÉPUBLICAIN QUOTIDIEN 8Péoi^
!la ANNIE,
ANNONCES:
Elles aont nqam
dans dm Baresnx
A RENNES
M. Bu de Pré MtM
A PARIS
I, Batte la hm
et dans tonte* les
Agaoees de Publicité
LUNDI
MAI
1920
Rogations
N* 7.417.
ABONNEMENT*
Un an. 46t.
Six mois.. M t.
Trois mots 11 f.
Un mots.. « f m
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X»
TÛ.ÉPHOIE UmmMnXm m Rédaetioa iM^ÏM
LES IDÉES ET LES LIVRES |*wv~
A PU O PO 5 D'UN POÈTE NORMAND: ..1..
-111- A. -P. GARNIÉR
Kotre spirituel censeur des Choses et Gens
donné récemment le fouet aux « fantans
des Muses qut ne leur demandent plus
l'honneur de chevaucher Pégase, mais la
permission d'aller à dada •. Je n'ai pas le
dessein de consoler ces grands bébés, en leur
offrant du nanan ». Je souhaiterais seule-
ment -d'expliquer où ils ont bobo C'est
évidemment à leur cher petit coeur, bien plu-
tôt qu'à leur pauvre « tototte •. Leur petit
cœur est tout seul, dans le noir, et il a froid
et il a peur, comme le petit Yniold de Maeter-
linck. Tt, comme Je petit Yniold, il éprouve
le plus grand désir « d'aller dire quelque
chose à quelqu'un », d'al:er dire n'im-
porte quoi à n'importe qui.
Seulement, il n'y a plus personne pour
écouter la plainte des petits fanfans •. Le
monde a bien autre chose à faire. Et les
poètes (les bons eux-mêmes hélas !) n'ont
plus de public. Or, un poète sans public, c'est
un peintre au pays des aveugles, un musi-
cien chez les sourds, une ombre qui a perdu
son corps. Alors, les poètes se déclarent
dadaïstes, ou cubistes, par renoncement. Ils
prononcent les trois vœux d'obscurité, d'in-
sanité et de stérilité. Puis ils revêtent com-
me un cilice le dédain injurieux «es criti-
ques et rtes lecteurs. Par là-dessus, un solide
pourpoint d'impénétrable orgueil, en cuir
de vache espagnole, et mis aux philistins
A dada A dada
Le « dadaïsme rst une forme délirant
du désespoir intellectuel, ordinairement dé-
terminée par un amour malheureux pour la
célébrité (réserve faite pour les cas de cré-
tinisme congénital). On s'y jette comme à la
Seine. On tire des coups de pistolet en l'air,
au lieu de se faire sauter la cervelle. Et, tout
compte fait, cela vaut bien mieux, car on en
guérit p:us facilement.
Un temps fut, et non pas si lointain, où
lns poètes avaient un vaste public, et non
pas seulement dans les salons, mais jusqu'au
plus profond du :peuple. On se plaisait alors,
il la veillée (et la veiliée commençait à six
ùiAires, car on dînait à cinq) aux délices de
la lecture en commun. On ne voyait pas,
««nw Biijonnttnit, xhaqro -membre de X&
famille, renfrogné dans son coin, dévorant
sa pitance littéraire, à la façon dont un chien
hargneux ronge un os. Le père mâchonne
:son. journal jusqu'aux annonces. La mère
somnole sur des « Fleurs des Saints ou sur
l'Almanach de l'année. Les filles suivent à
travers les méandres du feuilleton bleu
la fille pauvre et le jeune vicomte, qui sont
bien résolus à ne se rejo'ndre devant l'autel
nuptial qu'à la dernière page. Le fils lit un
roman policier, farci de coups de revolver,
ou feuillette un catalogue d'automobiles.
Autrefois il y a quelque soixante ans
il n'en allait pas ainsi. La famille compor-
tait une communauté spirituelle, et entrete-
nait un culte du beau. La table desservie,
on y posait le livre, d'un geste plus pieux
encore qu'on n'y avait placé, au moment du
repas, la miche vénérable du pain. Autour
du livre, un cercle se formait, comme autour
d'un foyer dont la flamme allait éclairer non
plus des visages inclinés, mais des n^es
attentives. Quelqu'un prêtait son souffle, et
la flamme, en effet. s'élevait. Les pensées,
les soucis, les tendresses, les espoirs quoti.
diens, à son reflet se transfiguraient. L'his-
toire revivait, les morts reparaissaient. De
brusques rayons perçaient les ombres de l'a-
venir et les nuées du ciel. L'invisible deve-
nait réel. Et, du jeune enfant jusqu'à la mère
pensive qui le tenait sur ses genoux, l'oreille
tendue vers les berceaux où dormaient les
plus petits, chacun recevait, de cette lumière
répandue ce qu'il en pouvait passer dans
l'embrasure de son âme. Et Corneille, Ra-
ci')(,. Lamartine, Hugo, étaient, dans d'hjm-
bles demeures, les hôtes de chaque soir. Je
l'on accueillait familièrement, en dépit de
lcur jrloirp, dans l'infinité, en voistns.
tel utaii i UMi«e u. ,.c.l=. presque par-
tout, il est en désuétude, et c'est grand dom-
mage pour le goût et pour la culture, et
même pour l'union des esprits. Nous y avons
beaucoup perdu. Voyez, our ne prendre que
ce petit cOté comme écrivaient les moins
écolières de nos'aïeules. Comparez leurs
lettres si fines, si piquantes, si délicates et
d'un si joli tour, aux billets informes que
griffonnent nos plus belles madames sur
d'affreuses cartes-lettres.
Tant que la noble et cordiale coutume de
la lecture en famille ne sera pas revenue
à la mode, les poètes ne retrouveront pas de
public véritable. Ils resteront condamnés à
se lire, à se louer e. à se dénigrer les uns les
autres poète poetam frtcat. L'art des vers
ne regagnera de faveur qu'avec la lecture à
voix haute, parce qu'il n'existe que par elle.
Le prix très élevé des livres contribuera-t-il
à cette renaissance 1 Il semble qu'il le de-
vrait nécessiter. Partager un plaisir qui
coûte si cher, ne serait-ce point d'une sage
économie Si ce retour à la tradition se pro-
duit, les poètes de la famille et de U petite
patrie en profit ront les premiers.
Voici, par exemple, un volume d'un jeune
poète normand, A.-P. Ga.rnier, Gcs Corneilles
sur la Tour, qui me semble admirablement
propre à favoriser ce mouvement. Tous les
aspects de la petite ville provinc.ale y sont
saisis, décrits ou chantés dans une suite de
douzains ou la poésie se fait tantôt pein-
ture et l'on songe alors aux tableaux des
maîtres hollandais, tantôt musique et
l'on songe alo's à des pièces de Couperin
poiy le clavecin
A.-P. Garn,ier sait le prix de la conscience
chez l'artiste comme chez
l'artisan. Les deux mots n'ont-ils pas même
racine Et, que l'on tienne la plume ou le
rabot, la première ambition ne doit-oHe pas
être de se montrer bon ouvrier ? Il a pris
le plus grand soin de composer son «uvre,
de lui donner un équilibre et une structure.
rompant ainsi avec <dont se sont autorisés trop d'auteum pour
grouper sous un mênv titre des morceaux
hétéroclites, sans li-an entre eux et sans har-
monie d'ensemble ce sans-façon donne à
beaucoup de livres uodernes l'aspect déplai-
sant d'une corbeille où l'on a vidé, au petit
bonheur, tous ses fonds de tiroir. Victor Hu-
go a proclamé que le mot est un être vi-
vont C'est encore plus vrai du livre. ladls
un recueil s'appelait souvent corpus, ce qui
signifiait un ensemble organique. Noô jeunes
auteurs ne médntent point assez sur ces con-
ditions essentielles de l'art, et je les souhaite-
rais plus sensibles au « tourment de l'unité j.
Ce sont les corneilles, les corneilles de il
tour, habitants des clochers, des donjons,
des beffrois, qui forment ici le chœur. A l'i-
mage de da tragédie grecque, c'est le. chœur
qui annonce, qui commente. Toujours pré-
sent, c'est lui qui déroule la trame du destin,
sur laquelle s'enroutait et se déroulent les
ftls de l'action.
Une corneille jase au dus du presbytère,
Puis se baigne midi dans l'ancien bértitier
Une outre cric au loin sur un ton de mégère.
Leur regarù aigu plonge dans toutes les
fenêtres. Elles respirent sur toutes les che-
minées le fumet de tous les fricots. Elles
savent où le vieil avare cache scrii tr.'Sor,
sous quel arbre, au «.ilaiï de la Lunp, la jolie
tfille rejoint son amoureux. Elles font écho,
de le2hrs cris moqueurs à toutes les disputes,
mêlent leurs voix de mauvais augure il l>i«n
des carillons de noces et leurs éciats de rire
ironiques à bien des glas trop compassés.
Elles connaissent le curé, le notaire et la.
commère, et d'ivrogne et la coquette. Tour à
tour, elles nous les montrent, et a-j célèbrent,
et
que de bonne botr
Les hommes .d'eu bai vous écoutent.-
\'allezplus criet J sur Les routes
Tous nos défaut- et nos travers.
Il n'il a pas darts Lunivers
Que vices, tnai, haines et doutes.
Jfais, corneilles, penchez-vnus toutes
Sur nos bourgs dignes et divers.
11 est bien permis de sourire un peu lorsque
l'on avise, sur 1e champ de foire, lac person-
nages de la comédie villageoise ( train Je
jouer leur rôle
Le maire, né malin, serre des doigts grais-
Le médecin sourit ses clients crédules.
Pendant que, bien au frais, les buveurs se
reposant
Ils sont une dizaine en Uaitbrrac attablé*.
Gros fermiers discutant du bélail et (les blet.
Cauteleux, réfléchis, l'œil vif et hauX le verbe,
Ils jugent par sentence et parlent par pro-
\v,crbc.
Les coudes sur la table et rivés h leurs banc.,
Toisant d'un fin regard les nouveaux arri-
]vanti
Bavards ou renfrognés plaisantins nu sé-
\vères,
Ils pincent la servante en dégustant leurs
\verres.
Sous la poutre enfumée, au fond du cabaret.
Ils sacrent sans raison. et boivent sniis arrfl
Jusqu'à ce que leur femme, inquiéte nu ja-
\louse.
S'en vienne en mnuqréant les tirer par la
Maupassani et Uai-bvy d'Aurevilly, los glo-
rieux Normands, eussent salué avec joie cette
poésie forte et drue jaillie de leur riche ter-
roir. Et je suis bien sûr que Pau'. Haral, le
maître vigoureux de la poésie de p',etn >ir,
sVst régalé de ce bon plat. Je vomirais qu
ne fût pas réservé à la gourmandise de quel-
ques invités mai* qu'il fût se-rvi sur beaucoup
de tables de famille, à la mode d'autrefois,
et que l'on y savourât, au oours des veillées.
ces courts poèmes pleins de suc. comme l'on
croque des châtaignes, en buvant du cidre.
Je vomirais aussi que les Instituteurs :i
(je l'ai remarqué) se préoccupent de plus (,il
plus de donner fi leurs écoliers des textes
propres il leur faire aimer ia vie rtistique.
en choisissent quelques-uns pour les e-:er-
ci-es de récitation. Ces images de leur vie fa-
milière aideraient les enfants à sentir 'e
charme de la poésie, et la poésie, son tour,
les aiderait à sentir ehnrm<< d<> la ̃̃>
champêtre.
Ainsi le ,.hant du poète contribuerait m
réveil de nos énergies nationales. 1d est \sse?
beau et assez vigoureux pour mérltcT **?tN»
consécration.
Jean DES COGNETS.
Un directeur d'usine arrêté
pour propagande bolcheviste
Rouen; 9 mai. M. Langiet, commissai.re
spécial, a arrêté Mile Eugénte Gaignon, mal-
tresse d'un sieur Hoffherget, qui avait créé il
.Saiut-Auhin-6ur-Soie un centre bolcheviste.
Cet individu, dont les origines sont plus que
suspectes, ci été expulse, le 17 avril dernier.
Le père de Mlle Gaignon a été également ar-
rêté pour complicité.
M. Leniflet a également arrêrè M. Alfred
Roussel, directeur de l'usine Robbe, sous l'in-
i-uîriation de propagande bolcheviste.
DU BLÉ NOUS ARRIVE
d'Argentine et d'Australie
PARIS. 9 mai. Dans son numéro de sa-
medi. YOucst-Ectair annonçait que cette an-
née l'Amérique aurait une récolte déficitaire
en blé. Est-ce- il dire que nous sommes me-
nacés de la famine Evidemment, non. Il
convient, en effet, dé se souvenir de re qui
s'est passé en février dernier.
Les Américains, à qui nous' nous étions
surtout adressés jusque là pour nos achats
1 de blé, émirent a cette époque la oréte^.ition
de ne plus nous en fournir que si r.ous ac-
ceptions 75 de farine, ceci naturellement
daas le but de réserver le travail de la mou-
ture il leurs meuniers et de garder It scn.
Devant notrè refus, Ils réduisirent cette pro-
purtion it 50 'Nous refusâmes encore. Alors
talonnés par nos besoins, nous achetâmes du
blé en Argentine et en Australie. Or, ce blé
ne nous est pas encore parvenu.
En février, en effet, au moment nifiinp où
nous passions ces marchés, éclataient en Ar-
gentine des grèves qui eurent pour 'ffet d in-
terrompre pendant plns d'un mois len expé-
ditions de froment il destination do notre
paye. Aujourd'hui, les expéditions nu repris
et il ne faut pa? oublier que trois 1 is srnt
nécessaires un bateau pour viir de la
République \rgentine en France Ce M* va
donc nous arriver. Il nous en vi Mit aii^si
d'Australle. en très grosses qunntit-s De ce
pays, il met par voiliers plus de cent Jours
n nous parvenir. Mais, ne l'oublions pas. le
flottant. c'esl-à-dire les chargements qui
font route Par mer, est actuellement consi
dprable.
Il est même si considérable qu'il se pour-
rait que nous n'ayons pas manger pen-
dant bien longtemps du pain dans la fahri-
cation duquel les succédanés entrent pour
une proportion aussi importante nue celle
ou'a du prescrire le sous-secrétaire d'Etat nu
ravitaillement. Il en est même qui préten-
dent que nous reverrons dans quelques se-
mailles. sur r.cs tables. le nain fait surtout
do farine de lili-, moins blanc toutefois qu'a-
vant la guerre puisque le taux obligatoire
d'extraction des farines est supérieur à ce-
lui des temps normaux.
Mais, nous dira-t-on peut-ô.trc. vous êtes
bien optimiste. A ouoi nous répondrons sa-
tnedi soir, M. Thoumyre, sous-secrétaire d'E-
tat au ravitaillement, présidait le hanquet
des Normands de Paris. Or, parlant du blé
et du pain, il a déclaré
Actuellement, nous devons recourir Il
des importations élevées toutefois, nous
avons la chance d'avoir, cette année, une ré-
colte evcelJente.. alors que la récolte est
beaucoup moins importante dans les pays
étrangers. •
Et il a terminée en disant partir
,d'août. nous serons en mesure d'avoir du
pain blanc. et Pour toujours »
LES TRAMWAYS SONT GRATUITS.
MAIS ILS NE CIRCULENT PLUS
Pabis, 9 mai. Ce n'est pas un apologue
c'est une dOptche de Haie
Le soviet de Petrograd avait décidé que
la circulation sur les tramways serait gra-
tuite. Mais cette décision n'a pu être appli-
ouée faute de força motrice. les tramways
de Petrograd ne circulent plus depuis le
cnmmencement de l'année..
Ajoutons que depuis que les chemins de
fer russes sont natinnalisés, ils font comme
les tramways de Peirograd ils ne marchent
plus.
LA SITUATION
GA LEÇON DES GRÈVES
E fait de nationalisation, c'est la rta-
tiort qui va pritir de la grcve, même
très réduite, des cheminots. Le per-
sonnel fidèle et Ics remplaçants volon-
taires ont fait de leur rnteux pour assurer
le transport des voyat/eurs qui se sont peu
aperçus de la crise. Mais il est incontes-
lablc que le transport des marchandises a
été troublé par cettc grève, si atténuée
qu'elle ait été.
L'engorgement des gares de bifurcation
et des gares de marchandises, dans les
grands centres, est déjir considérable et il
faudra plusieurs semaines pour revenir ci
ait ecortlemcnt normal. La conséqencc est
facile Il saisir les marchés et le com-
merce ne verront pas leurs stocks suf/i-
samment renouvelés et afors les négociants
augmenteront le prix des denrées qui sont
en leur possession. Qu'ils aient tort ou
raison d'agir ainsi, ce n'est point la ques-
tion. Quand il y peu d'ouvriers pour
beaucoup d'ouvrage il faut les payer plus
cher; quattd il y a peu de denrées pour
beaucoup de consommateurs leur prix s'é-
lève automatiquement. C'est un fait d'ex-
périence: on peut méme dire que c'est une
lui.
Si bien que les grévistes, qui protestent
contre la vie chère et contre la spécula-
tion, ne font en arrêtant la production ou
les transports qu'aggraver la cherté et fa-
voriser les spéculateurs.
Depuis la guerre où lant d'expériences
ont été tentées, où tant de comparaisons
et de raisonnements ont pu être faits, les
ouvrier.s ont appris, souvent ci leurs dé-
pens, ci mieux comprendre les répercus-
sions de toutes choses et it calculer les
incidences de faits, d'actes, de décisions
dont autrefois Ils n'apercevaient pas toute
la portée. Ifs savent mieux et aussitôt ils
sont plus sages, et plus nous irons, moins
les gréviculteurs feront leurs /rais.
P.-O. DOLBEHT.
COMMENT ILS RÉPARENT
Un cuirassé allemand
saboté
par son équipage
-o^o-
CiiERBurnc. 9 mai, Une imposante voie
d'eau a été constatée à bord du cuirassé al-
lemand Thunnnvn, Récupéré par la marine
française et actuellement .sur rade. Des ba-
tcaux-pcinpps amarrés le long du bâtiment
L'puidfint l'Eau qui pénètre à raison de 70
tonnes par jour. Mais la voie d'eau reste in-
itouvab'e.
L'on attribue cette voie d'eau a un acte de
saboUige accompli par l'équipage allemand
avant son départ.
La Roumanie
va-t-eUe se joindre à la Pologne ?
Rccap.est, 9 mai. Les victoires des Polo-
nais sur le front bnicheviste retentissent
joyeusement au cœur des Roumains. Nous
savons qu'elles ont causô une grande im-
pression dans les milieux jronvernenientaux.
fin snit que la Rounnnie était eu ponrfiar-
1ers de paix avec les Soviets depuis de ton-
dues semaines. Ces pourparlers viennent d'c-
lerrompns. Les journaux officieux de Hura-
rest. font valoir rplte circonstance pour de-
mander que la Doumanie. qui a un ligne
nolitinup commune avec la Pologne, sorte
de son inaction et s? joigne à son alliée afin
oue les deux pays soient solidaires dans
lo"r ntiitudo envers le bol^hev'sme.
Il n'est nns douteux qu'une action cmïi-
niwno de Ui Roumanie et de la Pologne met-
trait en mauvaise posture la répnbliniie des
Snviols ilans le sud de la 'Russie. C'est de te
c'té-li! o"0 viendront quelque jour 1rs libé-
rateurs de Moscou.
APRÈS LE PROCÈS CAILLAOX
Une vive protestation
des
capitaines au cabotage
Lorient, 9 mal. (De notre, correspondant
particulier). .L'Ouest-Eclair. a signalé, a.
lendemain du verdict de la Haute-Cour. -dap«
l'affaire Caillaux. que la Fédération des In*
crits maritimes et des Capitaines au Cabo.
tage avait adressé à M. Caillaux, un télé-
gramme lui faisant connaître que la Fédéra»
tion s'offrait de payer une partie des frais
du proct's.
Cette information avait idéohatné dès K
début un toile général, dans la.plupart des
ports, et notamment dans les ports de l'océan
mais, les capitaines au cabotage n'avaient
pas eu l'occasion de se réunir à ce sujet.
Nous apprenons que saisissant la première
occasion qui leur était offerte. Us ont fait le
nécessaire pour manifester leurs sentiments
sur cette affaire.
Deux importantes reunions ont eu lieu à
CardifT et a Port-Talbot (Angleterre), aux
capitaines s'étaieiit joints la plupart des équi-
pages. Une lettre a été rédigée et signée par
les navigateurs présents et 1ran.smise an syn-
dicat de Saint-Naznire. Les capitaines an ca-
hotago déclarent dans ce manifeste que ni
iM'ouniairement. ni moralement, ils ne se so-
lidariseront avec M. Caillaux et qu'ils in-
sist.ent nour aile leuTs syndicats reswrtifs
demandent il la fédération nne rétractation
concornant les capitaines au cabotage car
ils affirment one c'est il l'unanimité que ces
derniers ont déridé dn r>rotester contre l'in-
cornoration qwi a été faite de leurs titres pa!
la fédération.
Ils sont décidé? A (ruitter Ci'\ groupement
s'ils n'obtiennent, pas satisfaction. Ajoutons
nue les canitaines lorientais ont pris la mê-
ino. ri^iMoion et que lpnr geste a été répété
(lnns les norts du littoral 'de la Manche et de
l'Atlantique.
L ES GRÈVES
Dans les transports parisiens
on n est pas très enthousiaste
l'ARIS, 9 mai. C'est demain que la se-
coude vague d'assaut de l'offensive cégetiste
doit se mettre eu marche. Les Parisiens qui,
ce matin, ont voyagé en autobus n'ont pas
manqué de parler aux contrôleurs et aux
chauffeurs de la menace de grève q^ pewit
sur nos transports en commun. N vons déjà affirmer, et chacun peut eu faire
la constatation soi-même, que le personnel
des autobus répond par un haussement d'é-
paules.
Il ne s'agit pas ici de ses intérêts corpora-
tifs, de ses salaires, de ses retraites. 11 s'agit
d'une grève politique ir tendances révolution-
naires, sans revendications précises, d'une
écliauffouréc dont les cheminots tiennent
se dégager et où on veut jeter ces employés
des transports comme bouche-trous.
Dans leur majorité ces travailleurs ne mar-
chent pas et ils le disent tout net. Nous ne
répéterons pas tous les termes expressifs et
énergiques par lesquels on accueillait nos
questions sur les impressions ressenties
après la lecture des journaux On en a
mare nous ont dit le plus grand nombre.
DANS LES ENTREPRISES DE TRANSPORTS
Dans les compagnies de transport en com-
mun on semble optimiste. Au Métropolitain,
au Nord-Sud, on déclare n'avoir constate
aucun signe d'effervescence parmi lé person-
nel. Il en est de même à la compagnie des
Omnibus, où a eu lieu ce matin une conte-
rence pour envisager la situation et les me-
sures à prendre pour faire face aux besoins
du public.
Dans les compagnies de voitures on se
tient sur la réserve. On ignore si les conduc-
teurs sont décidés ou non à abandonner le
travail. En somme on reste dans l'expecta-
tive.
A simple titre de renseignements enregis-
trons un bruit d'après lequel la C. G. T. son-
gerait à lancer une nouvelle vague de grè-
ves Elle concernerait les services dn gaz
et de l'électricité, auxquels on demanderait
de cesser le travail mardi ou mercredi. Ce
n'est la, répétons-le, qu'un bruit qu'il con-
vient d'a.ccueillir avec toutes les «réactw
qu'elle comporte,
LA RESISTANCE SE PREPARE
Paris, 9 mai. Les représentants de plu-1
sieurs compagnies de transports en commun,
se sont présentés ce matin à 11 h. 30 il. la
préfecture de police, où ils out eu une entre-
vue avec plusieurs liauts fonctionnaires de
cette administration au sujet de la grève
projetée.
Les représentants des compagnies ont d6.
claré qu'ils s'étaient mis d'accord pour faire
circuler demain un grand nombre de voitu-'
res, de façon que la circulation parisienne
ne soit pas gênée par le nouveau mouve-
ment que la C. G. T. voudrait déclencher.
On nous a déclare c2 matin au cabinet du
ministre des travaux publics que toutes dis-
positions utiles avaient été prises pour assu-
rer demain et les jours suivantes le fonction-
nement des divers services de transports en
commun.
UNE DEMANDE D'INTERPELLATION
PARIS, a mai. M. Pierre Taittinger, dé-
puté de la Chnrente-Intérieure, demande à
interpeller le ministre des travaux publics
1° Au sujet des mesures qu'il compte pren-
dre pour encourager, d'uno part, le person-
nel resté fidèle à son devoir et, d'autre part,
pour éviter, au lendemain de la présente
grève des chemins de fer, 1e retour de com-
plaisances fâcheuses et de faiblesses coupa-
bles il. l'égard de certains meneurs qui ont
été, sur le réseau de l'Etat, les causes de la
démoralisation d'une partie du personnel;
20 Sur l'attitude qu'il compte avoir vis-à-vis
des ateliers de réparations du même réseau,
foyers de contamination révolutionnaire
pour le corps des cheminots, ateliers qui, au
point de vue du rendement, auraient tout
intérêt il. passer entre les mains de rtaKta*
trie privée.
E«ma«»i dessrées du lou JOURNAL RÉPUBLICAIN QUOTIDIEN 8Péoi^
!la ANNIE,
ANNONCES:
Elles aont nqam
dans dm Baresnx
A RENNES
M. Bu de Pré MtM
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I, Batte la hm
et dans tonte* les
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MAI
1920
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ABONNEMENT*
Un an. 46t.
Six mois.. M t.
Trois mots 11 f.
Un mots.. « f m
ta iitwt oh
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X»
TÛ.ÉPHOIE UmmMnXm m Rédaetioa iM^ÏM
LES IDÉES ET LES LIVRES |*wv~
A PU O PO 5 D'UN POÈTE NORMAND: ..1..
-111- A. -P. GARNIÉR
Kotre spirituel censeur des Choses et Gens
donné récemment le fouet aux « fantans
des Muses qut ne leur demandent plus
l'honneur de chevaucher Pégase, mais la
permission d'aller à dada •. Je n'ai pas le
dessein de consoler ces grands bébés, en leur
offrant du nanan ». Je souhaiterais seule-
ment -d'expliquer où ils ont bobo C'est
évidemment à leur cher petit coeur, bien plu-
tôt qu'à leur pauvre « tototte •. Leur petit
cœur est tout seul, dans le noir, et il a froid
et il a peur, comme le petit Yniold de Maeter-
linck. Tt, comme Je petit Yniold, il éprouve
le plus grand désir « d'aller dire quelque
chose à quelqu'un », d'al:er dire n'im-
porte quoi à n'importe qui.
Seulement, il n'y a plus personne pour
écouter la plainte des petits fanfans •. Le
monde a bien autre chose à faire. Et les
poètes (les bons eux-mêmes hélas !) n'ont
plus de public. Or, un poète sans public, c'est
un peintre au pays des aveugles, un musi-
cien chez les sourds, une ombre qui a perdu
son corps. Alors, les poètes se déclarent
dadaïstes, ou cubistes, par renoncement. Ils
prononcent les trois vœux d'obscurité, d'in-
sanité et de stérilité. Puis ils revêtent com-
me un cilice le dédain injurieux «es criti-
ques et rtes lecteurs. Par là-dessus, un solide
pourpoint d'impénétrable orgueil, en cuir
de vache espagnole, et mis aux philistins
A dada A dada
Le « dadaïsme rst une forme délirant
du désespoir intellectuel, ordinairement dé-
terminée par un amour malheureux pour la
célébrité (réserve faite pour les cas de cré-
tinisme congénital). On s'y jette comme à la
Seine. On tire des coups de pistolet en l'air,
au lieu de se faire sauter la cervelle. Et, tout
compte fait, cela vaut bien mieux, car on en
guérit p:us facilement.
Un temps fut, et non pas si lointain, où
lns poètes avaient un vaste public, et non
pas seulement dans les salons, mais jusqu'au
plus profond du :peuple. On se plaisait alors,
il la veillée (et la veiliée commençait à six
ùiAires, car on dînait à cinq) aux délices de
la lecture en commun. On ne voyait pas,
««nw Biijonnttnit, xhaqro -membre de X&
famille, renfrogné dans son coin, dévorant
sa pitance littéraire, à la façon dont un chien
hargneux ronge un os. Le père mâchonne
:son. journal jusqu'aux annonces. La mère
somnole sur des « Fleurs des Saints ou sur
l'Almanach de l'année. Les filles suivent à
travers les méandres du feuilleton bleu
la fille pauvre et le jeune vicomte, qui sont
bien résolus à ne se rejo'ndre devant l'autel
nuptial qu'à la dernière page. Le fils lit un
roman policier, farci de coups de revolver,
ou feuillette un catalogue d'automobiles.
Autrefois il y a quelque soixante ans
il n'en allait pas ainsi. La famille compor-
tait une communauté spirituelle, et entrete-
nait un culte du beau. La table desservie,
on y posait le livre, d'un geste plus pieux
encore qu'on n'y avait placé, au moment du
repas, la miche vénérable du pain. Autour
du livre, un cercle se formait, comme autour
d'un foyer dont la flamme allait éclairer non
plus des visages inclinés, mais des n^es
attentives. Quelqu'un prêtait son souffle, et
la flamme, en effet. s'élevait. Les pensées,
les soucis, les tendresses, les espoirs quoti.
diens, à son reflet se transfiguraient. L'his-
toire revivait, les morts reparaissaient. De
brusques rayons perçaient les ombres de l'a-
venir et les nuées du ciel. L'invisible deve-
nait réel. Et, du jeune enfant jusqu'à la mère
pensive qui le tenait sur ses genoux, l'oreille
tendue vers les berceaux où dormaient les
plus petits, chacun recevait, de cette lumière
répandue ce qu'il en pouvait passer dans
l'embrasure de son âme. Et Corneille, Ra-
ci')(,. Lamartine, Hugo, étaient, dans d'hjm-
bles demeures, les hôtes de chaque soir. Je
l'on accueillait familièrement, en dépit de
lcur jrloirp, dans l'infinité, en voistns.
tel utaii i UMi«e u. ,.c.l=. presque par-
tout, il est en désuétude, et c'est grand dom-
mage pour le goût et pour la culture, et
même pour l'union des esprits. Nous y avons
beaucoup perdu. Voyez, our ne prendre que
ce petit cOté comme écrivaient les moins
écolières de nos'aïeules. Comparez leurs
lettres si fines, si piquantes, si délicates et
d'un si joli tour, aux billets informes que
griffonnent nos plus belles madames sur
d'affreuses cartes-lettres.
Tant que la noble et cordiale coutume de
la lecture en famille ne sera pas revenue
à la mode, les poètes ne retrouveront pas de
public véritable. Ils resteront condamnés à
se lire, à se louer e. à se dénigrer les uns les
autres poète poetam frtcat. L'art des vers
ne regagnera de faveur qu'avec la lecture à
voix haute, parce qu'il n'existe que par elle.
Le prix très élevé des livres contribuera-t-il
à cette renaissance 1 Il semble qu'il le de-
vrait nécessiter. Partager un plaisir qui
coûte si cher, ne serait-ce point d'une sage
économie Si ce retour à la tradition se pro-
duit, les poètes de la famille et de U petite
patrie en profit ront les premiers.
Voici, par exemple, un volume d'un jeune
poète normand, A.-P. Ga.rnier, Gcs Corneilles
sur la Tour, qui me semble admirablement
propre à favoriser ce mouvement. Tous les
aspects de la petite ville provinc.ale y sont
saisis, décrits ou chantés dans une suite de
douzains ou la poésie se fait tantôt pein-
ture et l'on songe alors aux tableaux des
maîtres hollandais, tantôt musique et
l'on songe alo's à des pièces de Couperin
poiy le clavecin
A.-P. Garn,ier sait le prix de la conscience
chez l'artiste comme chez
l'artisan. Les deux mots n'ont-ils pas même
racine Et, que l'on tienne la plume ou le
rabot, la première ambition ne doit-oHe pas
être de se montrer bon ouvrier ? Il a pris
le plus grand soin de composer son «uvre,
de lui donner un équilibre et une structure.
rompant ainsi avec <
grouper sous un mênv titre des morceaux
hétéroclites, sans li-an entre eux et sans har-
monie d'ensemble ce sans-façon donne à
beaucoup de livres uodernes l'aspect déplai-
sant d'une corbeille où l'on a vidé, au petit
bonheur, tous ses fonds de tiroir. Victor Hu-
go a proclamé que le mot est un être vi-
vont C'est encore plus vrai du livre. ladls
un recueil s'appelait souvent corpus, ce qui
signifiait un ensemble organique. Noô jeunes
auteurs ne médntent point assez sur ces con-
ditions essentielles de l'art, et je les souhaite-
rais plus sensibles au « tourment de l'unité j.
Ce sont les corneilles, les corneilles de il
tour, habitants des clochers, des donjons,
des beffrois, qui forment ici le chœur. A l'i-
mage de da tragédie grecque, c'est le. chœur
qui annonce, qui commente. Toujours pré-
sent, c'est lui qui déroule la trame du destin,
sur laquelle s'enroutait et se déroulent les
ftls de l'action.
Une corneille jase au dus du presbytère,
Puis se baigne midi dans l'ancien bértitier
Une outre cric au loin sur un ton de mégère.
Leur regarù aigu plonge dans toutes les
fenêtres. Elles respirent sur toutes les che-
minées le fumet de tous les fricots. Elles
savent où le vieil avare cache scrii tr.'Sor,
sous quel arbre, au «.ilaiï de la Lunp, la jolie
tfille rejoint son amoureux. Elles font écho,
de le2hrs cris moqueurs à toutes les disputes,
mêlent leurs voix de mauvais augure il l>i«n
des carillons de noces et leurs éciats de rire
ironiques à bien des glas trop compassés.
Elles connaissent le curé, le notaire et la.
commère, et d'ivrogne et la coquette. Tour à
tour, elles nous les montrent, et a-j célèbrent,
et
que de bonne botr
Les hommes .d'eu bai vous écoutent.-
\'allezplus criet J sur Les routes
Tous nos défaut- et nos travers.
Il n'il a pas darts Lunivers
Que vices, tnai, haines et doutes.
Jfais, corneilles, penchez-vnus toutes
Sur nos bourgs dignes et divers.
11 est bien permis de sourire un peu lorsque
l'on avise, sur 1e champ de foire, lac person-
nages de la comédie villageoise ( train Je
jouer leur rôle
Le maire, né malin, serre des doigts grais-
Le médecin sourit ses clients crédules.
Pendant que, bien au frais, les buveurs se
reposant
Ils sont une dizaine en Uaitbrrac attablé*.
Gros fermiers discutant du bélail et (les blet.
Cauteleux, réfléchis, l'œil vif et hauX le verbe,
Ils jugent par sentence et parlent par pro-
\v,crbc.
Les coudes sur la table et rivés h leurs banc.,
Toisant d'un fin regard les nouveaux arri-
]vanti
Bavards ou renfrognés plaisantins nu sé-
\vères,
Ils pincent la servante en dégustant leurs
\verres.
Sous la poutre enfumée, au fond du cabaret.
Ils sacrent sans raison. et boivent sniis arrfl
Jusqu'à ce que leur femme, inquiéte nu ja-
\louse.
S'en vienne en mnuqréant les tirer par la
Maupassani et Uai-bvy d'Aurevilly, los glo-
rieux Normands, eussent salué avec joie cette
poésie forte et drue jaillie de leur riche ter-
roir. Et je suis bien sûr que Pau'. Haral, le
maître vigoureux de la poésie de p',etn >ir,
sVst régalé de ce bon plat. Je vomirais qu
ne fût pas réservé à la gourmandise de quel-
ques invités mai* qu'il fût se-rvi sur beaucoup
de tables de famille, à la mode d'autrefois,
et que l'on y savourât, au oours des veillées.
ces courts poèmes pleins de suc. comme l'on
croque des châtaignes, en buvant du cidre.
Je vomirais aussi que les Instituteurs :i
(je l'ai remarqué) se préoccupent de plus (,il
plus de donner fi leurs écoliers des textes
propres il leur faire aimer ia vie rtistique.
en choisissent quelques-uns pour les e-:er-
ci-es de récitation. Ces images de leur vie fa-
milière aideraient les enfants à sentir 'e
charme de la poésie, et la poésie, son tour,
les aiderait à sentir ehnrm<< d<> la ̃̃>
champêtre.
Ainsi le ,.hant du poète contribuerait m
réveil de nos énergies nationales. 1d est \sse?
beau et assez vigoureux pour mérltcT **?tN»
consécration.
Jean DES COGNETS.
Un directeur d'usine arrêté
pour propagande bolcheviste
Rouen; 9 mai. M. Langiet, commissai.re
spécial, a arrêté Mile Eugénte Gaignon, mal-
tresse d'un sieur Hoffherget, qui avait créé il
.Saiut-Auhin-6ur-Soie un centre bolcheviste.
Cet individu, dont les origines sont plus que
suspectes, ci été expulse, le 17 avril dernier.
Le père de Mlle Gaignon a été également ar-
rêté pour complicité.
M. Leniflet a également arrêrè M. Alfred
Roussel, directeur de l'usine Robbe, sous l'in-
i-uîriation de propagande bolcheviste.
DU BLÉ NOUS ARRIVE
d'Argentine et d'Australie
PARIS. 9 mai. Dans son numéro de sa-
medi. YOucst-Ectair annonçait que cette an-
née l'Amérique aurait une récolte déficitaire
en blé. Est-ce- il dire que nous sommes me-
nacés de la famine Evidemment, non. Il
convient, en effet, dé se souvenir de re qui
s'est passé en février dernier.
Les Américains, à qui nous' nous étions
surtout adressés jusque là pour nos achats
1 de blé, émirent a cette époque la oréte^.ition
de ne plus nous en fournir que si r.ous ac-
ceptions 75 de farine, ceci naturellement
daas le but de réserver le travail de la mou-
ture il leurs meuniers et de garder It scn.
Devant notrè refus, Ils réduisirent cette pro-
purtion it 50 'Nous refusâmes encore. Alors
talonnés par nos besoins, nous achetâmes du
blé en Argentine et en Australie. Or, ce blé
ne nous est pas encore parvenu.
En février, en effet, au moment nifiinp où
nous passions ces marchés, éclataient en Ar-
gentine des grèves qui eurent pour 'ffet d in-
terrompre pendant plns d'un mois len expé-
ditions de froment il destination do notre
paye. Aujourd'hui, les expéditions nu repris
et il ne faut pa? oublier que trois 1 is srnt
nécessaires un bateau pour viir de la
République \rgentine en France Ce M* va
donc nous arriver. Il nous en vi Mit aii^si
d'Australle. en très grosses qunntit-s De ce
pays, il met par voiliers plus de cent Jours
n nous parvenir. Mais, ne l'oublions pas. le
flottant. c'esl-à-dire les chargements qui
font route Par mer, est actuellement consi
dprable.
Il est même si considérable qu'il se pour-
rait que nous n'ayons pas manger pen-
dant bien longtemps du pain dans la fahri-
cation duquel les succédanés entrent pour
une proportion aussi importante nue celle
ou'a du prescrire le sous-secrétaire d'Etat nu
ravitaillement. Il en est même qui préten-
dent que nous reverrons dans quelques se-
mailles. sur r.cs tables. le nain fait surtout
do farine de lili-, moins blanc toutefois qu'a-
vant la guerre puisque le taux obligatoire
d'extraction des farines est supérieur à ce-
lui des temps normaux.
Mais, nous dira-t-on peut-ô.trc. vous êtes
bien optimiste. A ouoi nous répondrons sa-
tnedi soir, M. Thoumyre, sous-secrétaire d'E-
tat au ravitaillement, présidait le hanquet
des Normands de Paris. Or, parlant du blé
et du pain, il a déclaré
Actuellement, nous devons recourir Il
des importations élevées toutefois, nous
avons la chance d'avoir, cette année, une ré-
colte evcelJente.. alors que la récolte est
beaucoup moins importante dans les pays
étrangers. •
Et il a terminée en disant partir
,d'août. nous serons en mesure d'avoir du
pain blanc. et Pour toujours »
LES TRAMWAYS SONT GRATUITS.
MAIS ILS NE CIRCULENT PLUS
Pabis, 9 mai. Ce n'est pas un apologue
c'est une dOptche de Haie
Le soviet de Petrograd avait décidé que
la circulation sur les tramways serait gra-
tuite. Mais cette décision n'a pu être appli-
ouée faute de força motrice. les tramways
de Petrograd ne circulent plus depuis le
cnmmencement de l'année..
Ajoutons que depuis que les chemins de
fer russes sont natinnalisés, ils font comme
les tramways de Peirograd ils ne marchent
plus.
LA SITUATION
GA LEÇON DES GRÈVES
E fait de nationalisation, c'est la rta-
tiort qui va pritir de la grcve, même
très réduite, des cheminots. Le per-
sonnel fidèle et Ics remplaçants volon-
taires ont fait de leur rnteux pour assurer
le transport des voyat/eurs qui se sont peu
aperçus de la crise. Mais il est incontes-
lablc que le transport des marchandises a
été troublé par cettc grève, si atténuée
qu'elle ait été.
L'engorgement des gares de bifurcation
et des gares de marchandises, dans les
grands centres, est déjir considérable et il
faudra plusieurs semaines pour revenir ci
ait ecortlemcnt normal. La conséqencc est
facile Il saisir les marchés et le com-
merce ne verront pas leurs stocks suf/i-
samment renouvelés et afors les négociants
augmenteront le prix des denrées qui sont
en leur possession. Qu'ils aient tort ou
raison d'agir ainsi, ce n'est point la ques-
tion. Quand il y peu d'ouvriers pour
beaucoup d'ouvrage il faut les payer plus
cher; quattd il y a peu de denrées pour
beaucoup de consommateurs leur prix s'é-
lève automatiquement. C'est un fait d'ex-
périence: on peut méme dire que c'est une
lui.
Si bien que les grévistes, qui protestent
contre la vie chère et contre la spécula-
tion, ne font en arrêtant la production ou
les transports qu'aggraver la cherté et fa-
voriser les spéculateurs.
Depuis la guerre où lant d'expériences
ont été tentées, où tant de comparaisons
et de raisonnements ont pu être faits, les
ouvrier.s ont appris, souvent ci leurs dé-
pens, ci mieux comprendre les répercus-
sions de toutes choses et it calculer les
incidences de faits, d'actes, de décisions
dont autrefois Ils n'apercevaient pas toute
la portée. Ifs savent mieux et aussitôt ils
sont plus sages, et plus nous irons, moins
les gréviculteurs feront leurs /rais.
P.-O. DOLBEHT.
COMMENT ILS RÉPARENT
Un cuirassé allemand
saboté
par son équipage
-o^o-
CiiERBurnc. 9 mai, Une imposante voie
d'eau a été constatée à bord du cuirassé al-
lemand Thunnnvn, Récupéré par la marine
française et actuellement .sur rade. Des ba-
tcaux-pcinpps amarrés le long du bâtiment
L'puidfint l'Eau qui pénètre à raison de 70
tonnes par jour. Mais la voie d'eau reste in-
itouvab'e.
L'on attribue cette voie d'eau a un acte de
saboUige accompli par l'équipage allemand
avant son départ.
La Roumanie
va-t-eUe se joindre à la Pologne ?
Rccap.est, 9 mai. Les victoires des Polo-
nais sur le front bnicheviste retentissent
joyeusement au cœur des Roumains. Nous
savons qu'elles ont causô une grande im-
pression dans les milieux jronvernenientaux.
fin snit que la Rounnnie était eu ponrfiar-
1ers de paix avec les Soviets depuis de ton-
dues semaines. Ces pourparlers viennent d'c-
lerrompns. Les journaux officieux de Hura-
rest. font valoir rplte circonstance pour de-
mander que la Doumanie. qui a un ligne
nolitinup commune avec la Pologne, sorte
de son inaction et s? joigne à son alliée afin
oue les deux pays soient solidaires dans
lo"r ntiitudo envers le bol^hev'sme.
Il n'est nns douteux qu'une action cmïi-
niwno de Ui Roumanie et de la Pologne met-
trait en mauvaise posture la répnbliniie des
Snviols ilans le sud de la 'Russie. C'est de te
c'té-li! o"0 viendront quelque jour 1rs libé-
rateurs de Moscou.
APRÈS LE PROCÈS CAILLAOX
Une vive protestation
des
capitaines au cabotage
Lorient, 9 mal. (De notre, correspondant
particulier). .L'Ouest-Eclair. a signalé, a.
lendemain du verdict de la Haute-Cour. -dap«
l'affaire Caillaux. que la Fédération des In*
crits maritimes et des Capitaines au Cabo.
tage avait adressé à M. Caillaux, un télé-
gramme lui faisant connaître que la Fédéra»
tion s'offrait de payer une partie des frais
du proct's.
Cette information avait idéohatné dès K
début un toile général, dans la.plupart des
ports, et notamment dans les ports de l'océan
mais, les capitaines au cabotage n'avaient
pas eu l'occasion de se réunir à ce sujet.
Nous apprenons que saisissant la première
occasion qui leur était offerte. Us ont fait le
nécessaire pour manifester leurs sentiments
sur cette affaire.
Deux importantes reunions ont eu lieu à
CardifT et a Port-Talbot (Angleterre), aux
capitaines s'étaieiit joints la plupart des équi-
pages. Une lettre a été rédigée et signée par
les navigateurs présents et 1ran.smise an syn-
dicat de Saint-Naznire. Les capitaines an ca-
hotago déclarent dans ce manifeste que ni
iM'ouniairement. ni moralement, ils ne se so-
lidariseront avec M. Caillaux et qu'ils in-
sist.ent nour aile leuTs syndicats reswrtifs
demandent il la fédération nne rétractation
concornant les capitaines au cabotage car
ils affirment one c'est il l'unanimité que ces
derniers ont déridé dn r>rotester contre l'in-
cornoration qwi a été faite de leurs titres pa!
la fédération.
Ils sont décidé? A (ruitter Ci'\ groupement
s'ils n'obtiennent, pas satisfaction. Ajoutons
nue les canitaines lorientais ont pris la mê-
ino. ri^iMoion et que lpnr geste a été répété
(lnns les norts du littoral 'de la Manche et de
l'Atlantique.
L ES GRÈVES
Dans les transports parisiens
on n est pas très enthousiaste
l'ARIS, 9 mai. C'est demain que la se-
coude vague d'assaut de l'offensive cégetiste
doit se mettre eu marche. Les Parisiens qui,
ce matin, ont voyagé en autobus n'ont pas
manqué de parler aux contrôleurs et aux
chauffeurs de la menace de grève q^ pewit
sur nos transports en commun. N
la constatation soi-même, que le personnel
des autobus répond par un haussement d'é-
paules.
Il ne s'agit pas ici de ses intérêts corpora-
tifs, de ses salaires, de ses retraites. 11 s'agit
d'une grève politique ir tendances révolution-
naires, sans revendications précises, d'une
écliauffouréc dont les cheminots tiennent
se dégager et où on veut jeter ces employés
des transports comme bouche-trous.
Dans leur majorité ces travailleurs ne mar-
chent pas et ils le disent tout net. Nous ne
répéterons pas tous les termes expressifs et
énergiques par lesquels on accueillait nos
questions sur les impressions ressenties
après la lecture des journaux On en a
mare nous ont dit le plus grand nombre.
DANS LES ENTREPRISES DE TRANSPORTS
Dans les compagnies de transport en com-
mun on semble optimiste. Au Métropolitain,
au Nord-Sud, on déclare n'avoir constate
aucun signe d'effervescence parmi lé person-
nel. Il en est de même à la compagnie des
Omnibus, où a eu lieu ce matin une conte-
rence pour envisager la situation et les me-
sures à prendre pour faire face aux besoins
du public.
Dans les compagnies de voitures on se
tient sur la réserve. On ignore si les conduc-
teurs sont décidés ou non à abandonner le
travail. En somme on reste dans l'expecta-
tive.
A simple titre de renseignements enregis-
trons un bruit d'après lequel la C. G. T. son-
gerait à lancer une nouvelle vague de grè-
ves Elle concernerait les services dn gaz
et de l'électricité, auxquels on demanderait
de cesser le travail mardi ou mercredi. Ce
n'est la, répétons-le, qu'un bruit qu'il con-
vient d'a.ccueillir avec toutes les «réactw
qu'elle comporte,
LA RESISTANCE SE PREPARE
Paris, 9 mai. Les représentants de plu-1
sieurs compagnies de transports en commun,
se sont présentés ce matin à 11 h. 30 il. la
préfecture de police, où ils out eu une entre-
vue avec plusieurs liauts fonctionnaires de
cette administration au sujet de la grève
projetée.
Les représentants des compagnies ont d6.
claré qu'ils s'étaient mis d'accord pour faire
circuler demain un grand nombre de voitu-'
res, de façon que la circulation parisienne
ne soit pas gênée par le nouveau mouve-
ment que la C. G. T. voudrait déclencher.
On nous a déclare c2 matin au cabinet du
ministre des travaux publics que toutes dis-
positions utiles avaient été prises pour assu-
rer demain et les jours suivantes le fonction-
nement des divers services de transports en
commun.
UNE DEMANDE D'INTERPELLATION
PARIS, a mai. M. Pierre Taittinger, dé-
puté de la Chnrente-Intérieure, demande à
interpeller le ministre des travaux publics
1° Au sujet des mesures qu'il compte pren-
dre pour encourager, d'uno part, le person-
nel resté fidèle à son devoir et, d'autre part,
pour éviter, au lendemain de la présente
grève des chemins de fer, 1e retour de com-
plaisances fâcheuses et de faiblesses coupa-
bles il. l'égard de certains meneurs qui ont
été, sur le réseau de l'Etat, les causes de la
démoralisation d'une partie du personnel;
20 Sur l'attitude qu'il compte avoir vis-à-vis
des ateliers de réparations du même réseau,
foyers de contamination révolutionnaire
pour le corps des cheminots, ateliers qui, au
point de vue du rendement, auraient tout
intérêt il. passer entre les mains de rtaKta*
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