Titre : Le Travailleur normand havrais : paraissant le dimanche
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Rouen)
Date d'édition : 1900-11-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32880313v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 novembre 1900 25 novembre 1900
Description : 1900/11/25 (A10,N510). 1900/11/25 (A10,N510).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG14 Collection numérique : BIPFPIG14
Description : Collection numérique : BIPFPIG27 Collection numérique : BIPFPIG27
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6393012j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-90656, JO-90677
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
Dixftme Annéf Jt
Ce Numei&l CINO Centimes
Dimanche 2'1 Novembrp f o()8lli
Abonnements
Seiàe-iafiut" -lue et -
Départements lnmtFopUés 4fr. *
Autres Départements,,.. 5',fr.
, <', t six mois
six, mois
- Seine-Inférieure, .B"' , Jt : -
2 fr
très départements., - ̃% fr»751
- t"
., abonnements se patenta
l'avance et 88 font- à partir du
1er et 16 de chaque moiâu - 1. 1
ROMUHD
"= ,"' t i -, ,.
:-:s: '.A.. v: Et Â.. I S
i. MA 6 8
;
PAU A ISS AHTLR DIMANCHE
Insertions^
Annonces. la ligne 0 fr, 50
Avis d'inhumation - 1 fr.
Réclames. - g fr,^
Rédaction & Adoiniitritioi J]
ROUEN
Quai de Paris, 23
BUREAUX AU HAVRB
ii, Rue de Parié, it
Les abonnements eo paient à
l'avance et se tont à partir du 1er et
l (j do chaque mois.
SEMAINE POLITIQUE
La tactique des réactionnaires
L'affaire des décorations Le
discours de M. Delcos» é 2
Dégrèvement des boissons
Comme le voulait Boileau, la Chambre
joint île grave aux doux, le plaisant au
Sévère. »
Les affaires étrangères sont chose bien
1 inaccessible à des députés peu préparés
à la diplomatie, la réforme des boissons
soulève bien des questions dont la dis-
cussion risque de dégénérer en incohé-
rences et en contradictions ; il faut de
temps en temps se livrer à des exercices
moins compliqués : c'est pourquoi on
avait ans l'autre jour ce bon M.Decrais
sur la sellette.
On l'accusait seulement d'avoir recom-
mencé l'affaire Wilson. au ministère de
la marine ; il avait également fait assas-
siner plusieurs officiers au Sénégal et
au Soudan, mais il n'en était pas question
dans la même interpellation ; à chaque
jour suffit sa peine.
Si l'opposition avait pu créer un bon
scandale, quelle aubaine 1 Quand on né
peut renverser un ministère pour sa po-
litique générale on s'en prend à chaque
ministre en particulier et si on parvient
à faire en détail oe qu'on n'a pas réussi à
faire d'un seul coup, le résultat est tou.
jours le même.
M. Docrais ayant un fils qui est son
secrétaire naturellement, il a été tout
simplement de prétendre d'abord que le
jeune homme a de a dettes, qu'en suite il
a voulu sa faire des ressources pour les
payer et qu'enfin ces ressources seraient
des remises à lui faites pour obtenir des
décorations à des gens qui n'en sont pas
dignes, maie qui paient pour suppléer à
leur défaut de mérites.
Cette campagne avait oommjpcé par
dTWfrues insinuations, puis des noms
avaient tété mis en avant; mais voici que
le gouvernement a eu le mauvais goût
d'accepter une interpellation immédiato
sur ces accusations.
L'opposition en a été suffoquée; lisez
les journaux comme le Gaulois, l'organe
de l'ancien Etat-Major 'et la République
qu'impire M. Méline, autrefois mieux
inspiré ; le ministère n'est pas loyal, il
n'a pas attendu que les accusations pus-
sent être appuyées de preuves, c'est un
escamotage.
On comprend qu'ils ne soient pas con-
tents, car M. Drumont à la remorque de
qui ils se mettent a été assi piteux qu'on
peut l'être.
Les accusations contre le ministre des 1
colonies avaient été lancées par la Libre
Parole dans des articles signés Papil-
laud ; or, M. Papillaud est un collabora-
teur habituel, un subordonné de M. Dru-
mont .qui est rédacteur en chef et ne
laisse passer que les articles qu'il veut
bien.
Alors, on a tenu à M. Drumont le lan-
gage suivant : Puisque vous avez laissé
publier ces attaques, vous avez certaine-
ment demande à M. Papillaud les justifi-
cations qu'il doit avoir entre les mains :
indiquez-les nous.
M. Drumont a répondu : Je ne puis
rien vous indiquer du tout ; comme jour-
naliste je ne joue pas le même rôle que
comme député : le rôle de la presse est
de recueillir les rumeurs, les bruits, les
accusations fondées ou non et d'en sai
sir l'opinion publique; c'est ce que nous
avons fait.
Ainsi quand, dans ces journaux-là, ils
affirment que tel ou tel ministre ou
fonctionnaire a commis un méfait quel-
conque, cela veut dire que le bruit en
court, que cela se prétend dans les petits
cercles de politiciens antisémites ou na-
tionalistes; c'est ainsi qu'ils sont de bonne
foi.
Aussi, le mieux est-il de laisser Dru-
mont et consorts pour ce qu'il sont et de 1
juger les hommes en place d'après leurs
actes et non d'après les appréciations de
ces professionnels de la diffamation.
C'est ainsi que la Chambre a acclamé
mardi dernier M. Delcatssé à la suite d'un
discours en termes fort élevés dans le-
quel il exposait la politique extérieure du
gouvernement et notamment le rôle joué
parla Fra danS les négociations au
sujet de rEflrôme-Qrient. ; ; ,
• A^T^ctdiscwirs, les qntfffliaftifs de
}" 4.
traître, de vendu, de duc de Tteçhoda que-
Ces messieurs de l'opposition se plaisent
à décerner aux ministres n'étaient plus
une honte que pour ceux qui s'en servent
comme d'arguments et qui ne cherchent
dans l'examen des affaires étrangères
que des prétextes pour combattre un
gouvernement dont la politique intérieure
ne leur convient pas; il est bien entendu
que ce sont les gens qui ont le monopole
du patriotisme qui ont ainsi recours à
ces procédés.
Ceux qui, par tempérament ou par
haine des institutions actuelles cherchent
& critiquer les hommes et les choses ont
cependant assez d'occasions de le-foire
sans y mêler l'étranger. 1
C'est ainsi qu'ils pourraient relever
par exemple un nouveau cas d'incohé-
rence parlementaire dans le vote de la
loi sur le régime des boissons; il est
vrai que le problème est ardu et que la.
solution, quelle qu'elle soit, fera beau-
coup de mécontents, ce qui explique l'em-
barras de ceux qui voudraient satisfaire
tout le monde et ne s'aliéner aucun parti
de la clientèle électorale.
Le gouvernement avait dit : Dégrevons
dans une large mesure les boissons hy-
giéniques et comblons le déficit à l'aide
d'une augmentation de droits sur l'alcool.
M. Vaillant répondait : Il faut dégrever
complètement les boissons que l'usage
rend presque aussi indispensables que
le pain, car il ne faut pas frapper d'im-
pôts l'alimentation quotidienne du tra-
vailleur. Mais le déficit sera alors plu
considérable qne celui en vue duquel le
gouvernement avait projeté sa surtaxe
sur l'alcool, et puis les droits sur ce pro-
duit ne seront pas sérieusement perçus
tant que les bouilleurs de cru échappe-
ront au fisc et pourront, sous prétexte
de consommation personnelle, faire en-
trer dans ta circulation des alcools qui
n'auront rlen-payé ; il faut donc suppri-
mer ce privilège et même aller plus loin,
donner le monopole de la fabrication et
de la rectification a l'Etat.
Ainsi parlait M. Vaillant et les députés
étaiont de son avis tant qu'il s'agissait de
dégrever les boissons hygiéniques ; mais
ces qu'il fallait toucher aux bouilleurs de
cru la scène changeait.
Nous no voulons pas, s'écriait M: Gus-
tavo Rivet, appauvrir encore nos cultiva-
teurs et nos viticulteurs qui sont les
nourriceurs de la Patrie.
Le fait est qu'il est dur d'empêcher les
gens de tirer de leur exploitation tout ce
qu'elle peut produire et que supprimer
les droits de bouillir les marcs de la ré-
colte, ce serait déposséder d'une part de
propriété, ce serait une sorte d'expro-
priation.
Et puis les innombrables débitants que
deviendraient-ils ?
Le Tsar a bien pu en Russie décréter
que l'alcool ne serait plus débité que par
l'Etat ; les principes de 1889 n'ont pas
encore été proclamés par là et la fameuse
maxime: la propriété est inviolable et
sacrée n'a pas cours là-bas comme chez
nous.
De sorte que malgré les efforts de ceux 1
qui m ènent avec tant de raisons la cam- 1
pagne antialcoolique les moyens un peu
trop radicaux de M. Vaillant ont été re-
poussés.
L'intérêt du fisc, la santé publique, les
droits de cultivateurs et de commer-
çants voilà autant d'intérêts qui se heur-
tent et se combattent dans cette mêlée
du régime des boissons ; comment sortir
de cette situation inextricable sinon en
faisant une cote mal taillée ; c'est à quoi
le gouvernement s'est résolu et c'est
pourquoi son projet sera finalement voté,
comme étant le moins mauvais, bien que
la Chambre ait commencé par indiquer
qu'elle ne le trouvait pas bon en adoptant
l'article lop du projet Vaillant sauf à l'a-
bandonner le lendemain.
Civie.
LE TSAR
Partout on Europe, les nouvelles meilleu-
res de la santé du tsar ont été accuéillies
avec une satisfaction profonde. Nulle part
la joie n'aura été plus. sincère que dans naa
trc pays. Si, comme les autres, notre na
lion doit envisager avec anxiété la dispari-
tion posslblo d'un facteur aussi important
delà situation internationale que le souve-
rain absolu d'un immense empire, elle a
augmenta cette anxiété politique des alar-
mes d'une affection personnelle.
La nation française a témoigné par des
démonstrations, dont on lui a reproché à
l'étranger F enthousiasme, que c'était avec
Aine cordialité particulière, dépassant le do-
Ç:fnKthè de la tibiit que pour entrer dans celui
du sentiment, qu'elle considérait Nicolas II
-comme le souverain « ami et allié »,
LES CONGRÉGATIONS
A l'heure ou la question des congréga-
tions religieuses se présente devant la
Chambre, il nous parait utile de rensei-
gner nos lecteurs sur l'existence ae ces
congrégations et sur leur passé. Vous
pourrez peut-être ainsi mieux suivre là
discussion et mieux comprendre la porJp
tée de l'ceuvre de salubrité publique entre-
pripe par le ministère.
C'est au vie siècle nue les premiers
ordres monastiques s'établirent en Gana
le. A cette époque, Saint Martin fonda lé
monastère de Marmoutiers, SaiutGolom-
ban celui de Luxeuil, Les règnes de
Charlemagne et de Louis le Débonnsrire
paraissent avoir été plus spécialement
favorables à la multiplication des ordres
divers. Les croisades contribuèrent aussi
à la propagation des vœux monastiques.
Et nulle restriction n'était alors apportée
au libre exercice des droits civils des
moines et des religieuses. C'est au Ule
siècle seulement que se placent les pre-
mières mesures de défense des rois.
L'ordonnance la plus ancienne date de
Saint-Louis. Le pieux roi, frappé de l'ex-
tension que prenait la propriété foncière
des divers ordres, rendit une ordonnance
qui se trouve rapportée dans les Institu-
tions coutumières de Loisei ; (t. 1) « Gens
d'Eglise, de Communauté et main morte
peuvent acquérir un fief, seigneurie et
service d'autrui ; mais ils sont contral-
gnables d'en vider leurs mains dans l'an
et jour du commandement à eux fait
après exhibition de leur contrat. Après.
l'an, ils n'y peuvent être contraints,mais
sont tenus d'en payer l'indemnité au sei-
Sneur et prendre amortissement du
toi. »
Les congrégations vécurent sous ce
régime de la dépossession et de l'impôt
pendant 300 ans. Il leur fut encore, vers
la même époque, défendu de signer des
contrats à fond perdu. En cas de contra-
vention, les biens acquis à ce titre étaient
nnfhnnAA.
En 1534 se fonda la plus célèbre des
congrégations, celle des jésuites. Elle
eût les fortunes les plus diverses. Son
premier acte fut de bâtir un collège à
Paris, (1650) mais, sur l'avis de revê-
que, le Parlement refusa d'enregistrer les
lettres patentes. Il ne consentit à cet
enregistrement qu'après que les jésuites
eurent solennellement promis, à l'Assem-
blée de Poissy (15 septembre 1501) de se
soumettre entièrement à l'évêque diocé-
sain. Dès 1594, le nouvel ordre était
expulsé. Il se rétablit néanmoins. Louts
XV l'aholit par l'édit ds novembre 1704.
De son côté, suivaut bref du 20 juillet
1773, le pape Clément XIV le supprima,
déclarant « qu'à cause de l'esprit d'intri-
gue de cet ordre, l'Eglise, tant qu'il exis-
.orait, n'aurait jamais une paix dura-
ble. » - - 1
Sous la monarchie, il ne pouvait y
avoir do congrégations non autorisées.
L'autorisation se donnait à des condi-
tions générales et à des conditions parti-
culières.
Conditions générales. - Autorisation
du roi, apros enquête devant le Parle-
ment, avis favorable des personnos inté-
ressées, notamment des communes; con-
sentement de l'évêque diocésain.
Conditions particulières. 25 ans
d'Age ou bien consentement par écrit
des père et mère.
Ces conditions devaient être stricte- '1
ment observées. La déclaration de ÎHGO
prescrivit que les officiers publics se
rendraient dans les communautés
établies depuis moins de dix ans et se
feraient représenter les lettres patentes
d'autorisations. Si elles n'en possédaient
point, ordre leur serait donné de se dis-
perser et l'exécution do cet ordre serait
assuré conformément aux ordonnances.
Enfin l'édit de 10G6, considérant que
quelques congrégations subsistaient né-
anmoins sans autorisation prescrivit des
poursuites criminelles contre leurs di-
recteurs.
Donc la congrégation, sous l'ancienne
monarchie, était soumise à l'autorisation
lu roi et à la surveillance de l'évêque
diocésain.
Nous avons vu que St-Louis avait res-
treint, pour les congrégations, la faculté
d'acquérir ou d'augmenter démesuré-
ment leurs possessions territoriales. L'é-
dit de mai 1532 et lordonnance de mai
1579, disposeront que, désormais, les
vœux monastiques entraîneraient mort
civile. Du moment où il entrait dans la
congrégation, les biens du religieux pas-
saient à ses héritiers, à moins qu'il n'en
eut disposé par testament. Auquel cas,
par le seul fait de la prise d'habit, sa suc-
cession était ouverte.
La coutume de Paris portait pour les
congrégations, iuterdiction d'acquérir.
L'Edit de Châteaubriant de mai 1532
leur interdisait de succéder.
Telle est l'œuvre de l'ancienne monar-
chie. Elle combattait les congrégations
en leur refusant la permission de s'enri-
chir. Elle croyait arriver à son but par
ces mesures draconiennes que nous ve-
nons de citer. - - -
Elle n'arnva a rien. Malgré toutes ces
ordonnances, sévèrement appliquées, les
congrégations grandirent, se propagè-
rent et leur fortune pécuniaire ou fon-
cière fut immense. Parce qne la congré-
gation c'est la force de 1 accumulation
qui naît de l'économie. C'est la force de
la ruse qui naît de l'interposition des
personnes.
L'Economie 1 Nul religieux ne possède.
Ce qu'il reçoit, il est obligé de le trans-
mettre au chef de son ordre. C'est de cet
ordre qu'il tient sa maigre existence.
Et quand Tordre est fatigué de le nour-
rir, il l'envoie en mission dans les parois-
ses où il le fait entretenir par les curés.
L'ordre s'enrichit de tout. Quant au re-
ligieux, SL-Benoît l'a dit (ebap. 33.): « Il
importe d'extirper en lui, jusqu'à la raci-
ne, le vice de la propriété. Des qu'il a
fait profession, il ne peut pas même dis-
poser de son corps. Il n'a pas même un
livre, des tablettes, un poinçon. Tout est
mis en commun et nul, parmi les reli-
gieux, ne doit avoir la témérité de dire
que quelque chose lui appartient. »
Les personnes interposées 1 C'est en
effet dans la complicite de ces person-
ne 1 qui prêtent leur nom à l'acquisition
de la propriété, que les ordres trouvent
moyen de posséder contrairement aux
lois.
Or, l'ancienne monarchie no vit que le
danger de l'économie. Elle n'aperçut
point le danger qui naît de l'interposition
des personnes. D'où l'inutilité de la lutte
qu'elle soutint.
De la lutte de la première république,
ne disons qu'un mot. Elle fut brève et
victorieuse. La loi du lu février 1791
supprima les vœux, prononça la disso-
lution des associations où il s'en faisait,
et leur interdit de se rétablir à l'avenir.
Et comme, malgré la loi, les congré-
gations ne s'étaient point toutes disper-
sées, elle prononça contre celles qui per-
sistaient a rester unies, la peine de la
déportation à la Guyanne. (Loi du 17
août 17U2). Le moyen était sûr. Il pro-
duisit immédiatement l'effet voulu. Les
congrégations désertèrent alors la Fran-
co.
Cependant, au bout de quelques an-
nées, la Révolution ayant dégénéré en
tyrannie et la tyrannie en faiblesse et on
imbécilité, la nation songea à la restau-
ration d'un pouvoir fort et sérieux. L'em-
pire vint.
Aussitôt il se préoccupa de donner sa-
tisfaction à ceux que la Révolution avait
empêchés, suivant l'expression de Ca-
mille Desmoulins, do inesser et d'être
messés Le concordat fut fait. Les arti-
cles organiques suivirent : par la loi du
18 germinal an X fut autorise l'établisse-
ment des chapitres cathédraux et des
séminaires, L'art. 11 de-la loi portait :
« Tous autres établissements ecclésias-
tiques sont supprimés. »
Le sons de cet article II est fort net, si
l'on se reporte au rapport que Por-
talis fit devant leConseil a Etat : a Toutes
les institutions monastiques ont disparu,
disait-il. Ellesavaientété minées parle
temps. Il n'est point nécessaire à la reli-
gion qu'il existe des Institutions pa-
reilles. »
Quelques congrégations, néanmoins,
se formèrent encore. Inlr'autres colle
dos Dames de Picpus qui date de 1 o 1.
Le décret du 3 messidor an XII en pro-
nonça la dissolution: « Aucune congre
gation d'hommes ou de femmes no pour-
ra se former à l'avenir, sous prétexte de
religion, à moins qu'elle n'ait été formel-
lement autoriséopar décret impérial, sur
le vu des statuts et règlements. »
Les premières autorisations furent
données par décret du 2() septembre 1N09.
L'empereur autorisa les Frères de la
doctrine chrétienne, les ordres monas-
tiques chargés du service des monta-
gnes (St-Beruard, MontGenévre,Gran.le
Chartreuse) et les femmes qui s'étaient
alors vouées au service des malades ou
à l'instruction publique.
C'est dans cette situation par rapport
aux congrégations que la Restauration
va trouver la Franco. Je ne sais pour-
qnoi le retour de la royauté avait fait
espérer aux moines de toutes sortes que
la pays serait désormais à leur merci.
Ils tentèrent de conquérir l'influence
par deux moyens, les missions et l'ins-
truction publique.
Louis XVIII et Charles X voulaient
bien que des missionnaires allassont
dans les villes et les campagnes repré-
senter la révolution et l'empire comme
l'abomination des abominations. Celà fai-
sait l'affaire de la royauté. C'était très
bien. Mais ils n'admirent pas que les
congrégations pussent, en donuant- l'ins-
truction secondaire, pétrir, pour la do-
mination future de Rome, le cerveau des
enfants, Et jamais gouvernement ne fut
plus dur pour les congréganistes ensei-
- gnants, que celui-là. Si bien que sous les
rois, la fortune congréganisto ne fit
point de grands progrès. Louis Philippe
suivit l'exemple de ses cousins.
Mais, sotis le régime de ce roi, vivait
une race conçue pendant les guerres de
'l'empire, Musset la dépeint ainsi : « Gé-
nération ardente, pâle, nerveuse, mise
au monde par des mères inquiètes, alors
que les maris et les frères étaient on
Allemagne, conçue entre deux batailles,
élêvée dans les collèges aux roulements
du tambour, »
A cette race chétive,à ces jeunes gens
à l'œil sombre, suivant 1 expression du
poète, devint bientôt insupportable l'in-
action née d'une longue paix. Les cer-
veaux travaillaient,des conceptions j ustes
parfois, souvent grandioses et utopistes,
mais toujours libérales, éclorent au so-
leil, La liberté, cette liberté que les an-
cêtres avaienteréée, mais qu'ils n'avaient
point connue dans le chaos des révolu-
tions, la liberté devint la déesse du jour.
Et les congrégations, toujours habiles,
toujours à l'afffit, surent profiter de co
mouvement d'opinion.
Elles entrèrent en campagne. « Pour-
quoi cette distinction entre la congréga-
tion autorisée et la congrégateon non
autorisée au point do vue de l'enseigne-
ment, dirent elles. Que la congrégation
non autorisée n'ait point le droit de pos-
séder, puisqu'elle ne forme point corps,
soit. Mais ses membres sont libres. La
soutane n'est, en somme, qu'une redin-
gote plus longue. Ce n'est point parce
qu'un homme s'habillo de telle ou telle
façon qu'il sera privé do ses droits. Or,
nous sommos savants, nous sommes
honnêtes, pourquoi nous opprimer dans
notre droit d'enseigner la jeunesse. C'est
contraire à la liberté. »
Ce beau raisonnement eÚt un plein suc-
cès. La loi Fallou;: en sortit le 15 mars
1850. Voici commout s'exprimait le rap-
porteur de la loi : « Les membres des
congrégations religieuses non recon-
nues par l'Etat pourront-ils ouvrir et di-
riger des établissements d'instruction se-
condaire et y profesRer f La réponse no
peut être douteuse. Nous réglons l'exer-
cice d'un droit public, à la jouissance du-
quel sont appelés tous los citoyens, sans
autre exception que ceux dont l'immora-
lité a été déclarée par un arrêt de justice.
Nous disons, avec le rapporteur du pro-
jet de loi présenté à la Constituante : « La
République n'interdit qu'aux ignorants et
aux indignes le droit d'enseigner. Ello
ne connaît pas les corporations. Elle ne
les connaît ni pour les gêner ni pour les
protéger; elle ne voit devant elle quo
des professeurs. 1
Donc, professeurs 10S Jésuites, profes-
seurs les Dominicains, professeurs les
dames de Picpus, les adoratrices du
Cœur bleu, du CI"ur rouge. Partout se
fondèrent des maisons d'éducation, dans
lesquelles, sous l'apparence du profes-
sorat, vécurent dos congrégations en-
tières. La profession apparente ce fut to
professorat; la profession réelle, ce fut
la mendicité, lacaptation des héritages.
Je n'en. yeux qu'un exemple.
Vous avez tous ontondu parler des
dames du Sacré-Cceur. Co sont les Pic-
puciennes, Partout elles ont fondé, de-
puis la loi Falloux. des établissements
d'éducation. Eu 1853. trois ans après la
loi, l'évêque d'Arras, visiteur apostolique,
écrivait, dans son rapport au pape : c La
congrégatton des Dames de l'Adoration
perpétuelle dos Sacrés-Cœurs de Jésus et
Marie, établie à Picpus, possède en
Frauce 21 établissements. »
El Berryer qui, dans un procès célè-
bre défendait la congrégation à laquello
Emile Ollivier avait reproché sa fortune
peu évangélique, prétendit que ces 24
établissements étaient à peu près impro-
ductifs. Ce qui permettait aux trois mille
sœurs, qui composaient la congrégation,
de vivre, c étaient les dons des unies
pieuses. «Il ne faut pas croire, disait
Borryer, que le pou qui reste à la fin de
chaque année soit lo pro.luit des béné-
fices réalisés dans les maisons. 11 y a
beaucoup d'limes chrétiennes qui s'inté-
ressent à la congrégation de Picpus, qui
lui donnent dos socours. »
Voyons, d'un mot, quelles étaient les
ressources de la communauté.
Lo bilan do lKïo, établi par M"" de
Guorry, va nous montrer le mouvement
de fonds d'une année. Trois mille RI'P.urs
eut vécu un an sur les socours, et il reste :
ACTIF
(n'caisse lo 2(> mai 10.000fr,
Lo 1 1 mai vendu los rentes
d' \'; pag no. , ln. O.lQ
d'iîspagno 111.040
Total ISl.OlOfr.
DÉPENSES
Pour la maison do Saint-Ser-
vao 59.000 fr.
Pour cello do Chartres 35.000
Pour Valparaiso (iO.OOO
1 1. 000 f
Beslo not ^7.040 fr.
1 leçu de Paris., ..,. :H.OOO
Placés 01.010 fr.
Or la. loi Falloux, intervenue quinze
ans plus tard, allait ouvrir un plus vaste
champ d'exploitation. Jo laisse à penser
ce que doit êtro, à Phonre actuelle, la
fortune de cetto congrégation.
C'est devant ce daugèr do l'accapare-
ment de la richesse publique, devant
cette menace du rétablissement de la
main-morte, que s'émurent les esprits
éclairés.
Le 13 mai 1882, M. Waldeck-Rous-
seau déposait à la Chambre un projet de
loi aux termes duquel : * Toute congréga-
tion religieuse d'hommes ou de femmes
serait prohibée et le fait d'en faire partie
constituerait le délit puni des peines de
l'art. 201 du Code pénal- »
Ce projet fut pris en considération,
Le 22 octobre 1«S3, M. Waldeck-Rous-
seall, alors ministre de l'intérieur, pré-
sentait un projet de loi sur les associa-
tions : « Les associations ordinaires se-
ront licites sans autorisation et acquier-
ront la personnalité civile par le fait de
l'autorisation, tandis que los associations
religieuses no pourront se former sans
autorisation législative préalable. Sont
illicites les associations entre Français
et étrangers et dirigées par un chef soit
étranger, soit résidant à l'étranger. »
Le - 10 janvier 1802, M. de Freycinot
déposait à son tour un projet analoguo,
où il remplaçait par l'antorisation judi-
ciaire l'autorisation législative.
Ces mosuros peuvent avoir leur grande
utilité. Cependant nous avons vu succes-
sivament la royauté et la Révolution les
prendre inutilement.
La congrégation, êtro impersonnel,
échappe toujours à la foudre et toujours
se reconstitue.
Nous sommes d'avis qu'il faudrait frap-
por non la congrégation seule, mais en
mfime temps lo refugv» où elle s'abrite.
Ce qno vent la congrégation, c'ost la
richesse, qui donne 1 influence. Or, los
congrégations non autorisées n'ont point
lo droit de posséder. Comment donc
acquièrent-elles la possession que la loi
leur déniet
Par le jeu de personnes interposées.
Vous en avez vu uu exemple lors de la
perquisition faite chez les Assomption-
nistes. locataires apparents do leur hôtel,
mais nantis d'une contre-lettre qui leur
on reconnaissait la propriété.
C'est cette interposition des personnes
qu'il faudrait rendre impossible.
Vous savez, qu'eu droit Français sont
nulles les dispositions soit par donation,
soit par testament au profit des incapa-
bles, suit qu'on les déguise sous la forme
d'un contrat à litre ouéreux, soit cpi'on
les fasse sous le nom de personnes inter-
posées. (Art. 'JLt Code civil).
Or, nous voudrions assurer à cet arti-
cle do nos lois une sanction, et nous de-
manderions qu'on insérât au Code Pénal
un article ainsi conçu : « Toute congré-
gation religieuse non autorisée qui aura
bénéficié d'une donation ou d'un legs fait
à personne interposée, sera poursuivie
en la personne de ses supérieurs géné-
ral, provincial et local. -
< La peine sera de 3 à 5 ans d'empri-
sonnement et d'une amende égale a la
valeur des biens formant l'objet du legs
ou de la donation.
« Serout Dunios do mûmes Deines les
personnos interposées. - -- - , L'
« Lesolîiciers publics, qui auront prêté
sciemment leur concours à ces actes,soit
qu'ils se présentent sous leur véritable
aspect, soit qu'ils soient déguisés sous la
forme do contrats à titre onéreux, seront
frappés de destitution, et le prix de leur
ofllco fora retour à l'Etat.
t Les circonstances atténuantes ne sont
point applicables au présent article. »
Nous pensons que, du jour ou cet arti-
cle serait voté, c'en serait fait en France
des congrégations non autorisées.
Quant aux autres, c'est au gouverne-
ment qui les connait. puisqu'il les a au-
torisées, à exercer sur ellos une surveil-
lance telle qu'elles ne puissent commet-
tre d'abus.
Spartacus.
MOYENS DE TRANSPORT
Tramways divers. Trolleys
électriques. Monorails. -
Suppression des rails.-Ponts
suspendus et à transbordeur.
C tmmonlanl le dii/Mn do la Sagesse des
nations: « Ù ijuchiue chose malheur est,
bon, •> J{t'Hj:))tti)) Franklin, "ni ne fut pas
un soi, a rcrll 11IIelq\ll' pari colle pensée la-
pidaire : « il on est. de l'homme de bleu
« comme dos piaules aronial iqui-s, \ilus olles
«. sont hl'l)-é,', plus elles exhalent leurs
« paiTuins : >
.k Ill'. sai:'\ i ¡IIll:; les braves e.l hounêles
citoyens qu'oui, écrasés, en ces derniers
temps, los chemins cle fer, Il'amways.inù-
I ropolilains ,'1 ;\III)'I' (llI1(lllI()llÍlc l-!.'()Ù[('I'Olll.
cet aphorisme, d Il célèbre philantroiie, j'en
houle forlcmeiil; ils auraient préféré sans
doute la lunun* ol saine conservation de
leurs « parfums •̃> aux hroieinenls dont ils
ont clé viel i N IO s.
Si d ailleurs le malheur olnil bon a quel-
que chose danslacircoiislaiice, il pousserait
les ingénieurs et los chercheurs ;i trouver
des engins et des systèmes pour empêcher
le retour de pareilles calamités.
Au contraire jo crois que plus ils vont,
plus los inventeurs,e mporlé-; parla folie do
la vitesse et la. passif>u de supprimer l'obs-
tacle, multiplient les nouveaux uvlires de
locomotion elles conslrucliuus qui s'y rap-
portent.
Lie n'est pas lo lieu de faire une étude sur
les moyens de transport, c'est d'ailleurs af-
faire aii\ professionnels el techniciens:
mais il y a une constatai ion à relever, c'est
celle dela I rnnsl'ormalion des voies el des
véhicules: si elle est déjà banale, elle n'en
esl pas moins vraie!
Le lemps n'est plus où,
Dans un chemin môiUant, sablonneux, nialalsiS
Six forts clH-vaux tiraient, un cuche !
I.es lara-os routes et les railways modernes
sont sillonnés de toutes parts par les teufs-
leufs légers ou parles lourdes locomotives:
on traverse les collines, on passe les riviè-
res. on grimpe los côtes aussi bien assis
qu'au coin de sou l'eu, et, connue Guzinan,
l'art de voyager ne connaît plus d'obstacle.
lin dehors dos chemins do fer qui traver-
sent en tons sons notre beau département,
si l'on considère seulement Rouen C'I le
Havre, quelles nombreuses facilités de cir-
culation no sonl-elles pas ulVerles à Unis,au
riche comme au pauvre, au bourgeois com-
me à l'ouvrier.'
Rouen possède Iroisréseaux de tramways
électriques, un chemin de 1er funiculaire,
un pont à transbordeur, et ses habitants
peuvent mouler à lion-Secours ou au cime-
tière du Nord aussi commodément qu'ils se
promènent sur le cours B, \Ù'ldil'll,
Le Havre est couvert également par un
vaste réseau cle tramways el son funicu-
laire me ne a la (..oie,tantôt Soutenu eu I air,
tantôt en souterrain, toujours sans souci
des diflicullés et des obstacles.
11 y a encore des tramways mécaniques
à Ulbeuf et d'autres sont en projet en plus
d'un point do la Seine inferieure.
Jusqu'ici tous ces divers réseaux ont
adoplé le système dit (\u trolley : dire qu'il
soil gracieux ol arlislique serait certaine-
ment commettre une hérésie esthcMiquo,
maison revanche combien il esl commode,
el facile à établir !
f.'esl naguère ù Harnétal, si je me sou-
viens bien, qu'un conseiller municipal, bien
intentionné sans doute, proposa l'établis-
sement d'un rn.<'fr0[)0tif. sans Son
projet n'eut pas de succès: aussi bien on
voiî. par te fouetionneinenl de ce système
à Taris, combien il présente encore d'incon-
vénients ; les journaux relèvent plusieurs
accidents tous los jours.
Le système, clos pa\cs melnl.hfues avec,
polils ballais frfi m. pour prendre l'énergie
électrique au passage, esl dangereux pour
les chevaux, pariiculièroment dans les cas
où le renversement du clou qui donne la
communication à l'intérieur du pavé, ne
s'elVeetue pas correctement après lepnssagc
de la voiture.
Les cars munis d'accumulateurs sont bien
lourds, eliors à établir et demandent, des
relais, oie.
Si le trolley parait iriompher pour le mo-
t menl, par contre ou <\l'l'Í\ c à réduire lQ
Ce Numei&l CINO Centimes
Dimanche 2'1 Novembrp f o()8lli
Abonnements
Seiàe-iafiut" -lue et -
Départements lnmtFopUés 4fr. *
Autres Départements,,.. 5',fr.
, <', t six mois
six, mois
- Seine-Inférieure, .B"' , Jt : -
2 fr
très départements., - ̃% fr»751
- t"
., abonnements se patenta
l'avance et 88 font- à partir du
1er et 16 de chaque moiâu - 1. 1
ROMUHD
"= ,"' t i -, ,.
:-:s: '.A.. v: Et Â.. I S
i. MA 6 8
;
PAU A ISS AHTLR DIMANCHE
Insertions^
Annonces. la ligne 0 fr, 50
Avis d'inhumation - 1 fr.
Réclames. - g fr,^
Rédaction & Adoiniitritioi J]
ROUEN
Quai de Paris, 23
BUREAUX AU HAVRB
ii, Rue de Parié, it
Les abonnements eo paient à
l'avance et se tont à partir du 1er et
l (j do chaque mois.
SEMAINE POLITIQUE
La tactique des réactionnaires
L'affaire des décorations Le
discours de M. Delcos» é 2
Dégrèvement des boissons
Comme le voulait Boileau, la Chambre
joint île grave aux doux, le plaisant au
Sévère. »
Les affaires étrangères sont chose bien
1 inaccessible à des députés peu préparés
à la diplomatie, la réforme des boissons
soulève bien des questions dont la dis-
cussion risque de dégénérer en incohé-
rences et en contradictions ; il faut de
temps en temps se livrer à des exercices
moins compliqués : c'est pourquoi on
avait ans l'autre jour ce bon M.Decrais
sur la sellette.
On l'accusait seulement d'avoir recom-
mencé l'affaire Wilson. au ministère de
la marine ; il avait également fait assas-
siner plusieurs officiers au Sénégal et
au Soudan, mais il n'en était pas question
dans la même interpellation ; à chaque
jour suffit sa peine.
Si l'opposition avait pu créer un bon
scandale, quelle aubaine 1 Quand on né
peut renverser un ministère pour sa po-
litique générale on s'en prend à chaque
ministre en particulier et si on parvient
à faire en détail oe qu'on n'a pas réussi à
faire d'un seul coup, le résultat est tou.
jours le même.
M. Docrais ayant un fils qui est son
secrétaire naturellement, il a été tout
simplement de prétendre d'abord que le
jeune homme a de a dettes, qu'en suite il
a voulu sa faire des ressources pour les
payer et qu'enfin ces ressources seraient
des remises à lui faites pour obtenir des
décorations à des gens qui n'en sont pas
dignes, maie qui paient pour suppléer à
leur défaut de mérites.
Cette campagne avait oommjpcé par
dTWfrues insinuations, puis des noms
avaient tété mis en avant; mais voici que
le gouvernement a eu le mauvais goût
d'accepter une interpellation immédiato
sur ces accusations.
L'opposition en a été suffoquée; lisez
les journaux comme le Gaulois, l'organe
de l'ancien Etat-Major 'et la République
qu'impire M. Méline, autrefois mieux
inspiré ; le ministère n'est pas loyal, il
n'a pas attendu que les accusations pus-
sent être appuyées de preuves, c'est un
escamotage.
On comprend qu'ils ne soient pas con-
tents, car M. Drumont à la remorque de
qui ils se mettent a été assi piteux qu'on
peut l'être.
Les accusations contre le ministre des 1
colonies avaient été lancées par la Libre
Parole dans des articles signés Papil-
laud ; or, M. Papillaud est un collabora-
teur habituel, un subordonné de M. Dru-
mont .qui est rédacteur en chef et ne
laisse passer que les articles qu'il veut
bien.
Alors, on a tenu à M. Drumont le lan-
gage suivant : Puisque vous avez laissé
publier ces attaques, vous avez certaine-
ment demande à M. Papillaud les justifi-
cations qu'il doit avoir entre les mains :
indiquez-les nous.
M. Drumont a répondu : Je ne puis
rien vous indiquer du tout ; comme jour-
naliste je ne joue pas le même rôle que
comme député : le rôle de la presse est
de recueillir les rumeurs, les bruits, les
accusations fondées ou non et d'en sai
sir l'opinion publique; c'est ce que nous
avons fait.
Ainsi quand, dans ces journaux-là, ils
affirment que tel ou tel ministre ou
fonctionnaire a commis un méfait quel-
conque, cela veut dire que le bruit en
court, que cela se prétend dans les petits
cercles de politiciens antisémites ou na-
tionalistes; c'est ainsi qu'ils sont de bonne
foi.
Aussi, le mieux est-il de laisser Dru-
mont et consorts pour ce qu'il sont et de 1
juger les hommes en place d'après leurs
actes et non d'après les appréciations de
ces professionnels de la diffamation.
C'est ainsi que la Chambre a acclamé
mardi dernier M. Delcatssé à la suite d'un
discours en termes fort élevés dans le-
quel il exposait la politique extérieure du
gouvernement et notamment le rôle joué
parla Fra danS les négociations au
sujet de rEflrôme-Qrient. ; ; ,
• A^T^ctdiscwirs, les qntfffliaftifs de
}" 4.
traître, de vendu, de duc de Tteçhoda que-
Ces messieurs de l'opposition se plaisent
à décerner aux ministres n'étaient plus
une honte que pour ceux qui s'en servent
comme d'arguments et qui ne cherchent
dans l'examen des affaires étrangères
que des prétextes pour combattre un
gouvernement dont la politique intérieure
ne leur convient pas; il est bien entendu
que ce sont les gens qui ont le monopole
du patriotisme qui ont ainsi recours à
ces procédés.
Ceux qui, par tempérament ou par
haine des institutions actuelles cherchent
& critiquer les hommes et les choses ont
cependant assez d'occasions de le-foire
sans y mêler l'étranger. 1
C'est ainsi qu'ils pourraient relever
par exemple un nouveau cas d'incohé-
rence parlementaire dans le vote de la
loi sur le régime des boissons; il est
vrai que le problème est ardu et que la.
solution, quelle qu'elle soit, fera beau-
coup de mécontents, ce qui explique l'em-
barras de ceux qui voudraient satisfaire
tout le monde et ne s'aliéner aucun parti
de la clientèle électorale.
Le gouvernement avait dit : Dégrevons
dans une large mesure les boissons hy-
giéniques et comblons le déficit à l'aide
d'une augmentation de droits sur l'alcool.
M. Vaillant répondait : Il faut dégrever
complètement les boissons que l'usage
rend presque aussi indispensables que
le pain, car il ne faut pas frapper d'im-
pôts l'alimentation quotidienne du tra-
vailleur. Mais le déficit sera alors plu
considérable qne celui en vue duquel le
gouvernement avait projeté sa surtaxe
sur l'alcool, et puis les droits sur ce pro-
duit ne seront pas sérieusement perçus
tant que les bouilleurs de cru échappe-
ront au fisc et pourront, sous prétexte
de consommation personnelle, faire en-
trer dans ta circulation des alcools qui
n'auront rlen-payé ; il faut donc suppri-
mer ce privilège et même aller plus loin,
donner le monopole de la fabrication et
de la rectification a l'Etat.
Ainsi parlait M. Vaillant et les députés
étaiont de son avis tant qu'il s'agissait de
dégrever les boissons hygiéniques ; mais
ces qu'il fallait toucher aux bouilleurs de
cru la scène changeait.
Nous no voulons pas, s'écriait M: Gus-
tavo Rivet, appauvrir encore nos cultiva-
teurs et nos viticulteurs qui sont les
nourriceurs de la Patrie.
Le fait est qu'il est dur d'empêcher les
gens de tirer de leur exploitation tout ce
qu'elle peut produire et que supprimer
les droits de bouillir les marcs de la ré-
colte, ce serait déposséder d'une part de
propriété, ce serait une sorte d'expro-
priation.
Et puis les innombrables débitants que
deviendraient-ils ?
Le Tsar a bien pu en Russie décréter
que l'alcool ne serait plus débité que par
l'Etat ; les principes de 1889 n'ont pas
encore été proclamés par là et la fameuse
maxime: la propriété est inviolable et
sacrée n'a pas cours là-bas comme chez
nous.
De sorte que malgré les efforts de ceux 1
qui m ènent avec tant de raisons la cam- 1
pagne antialcoolique les moyens un peu
trop radicaux de M. Vaillant ont été re-
poussés.
L'intérêt du fisc, la santé publique, les
droits de cultivateurs et de commer-
çants voilà autant d'intérêts qui se heur-
tent et se combattent dans cette mêlée
du régime des boissons ; comment sortir
de cette situation inextricable sinon en
faisant une cote mal taillée ; c'est à quoi
le gouvernement s'est résolu et c'est
pourquoi son projet sera finalement voté,
comme étant le moins mauvais, bien que
la Chambre ait commencé par indiquer
qu'elle ne le trouvait pas bon en adoptant
l'article lop du projet Vaillant sauf à l'a-
bandonner le lendemain.
Civie.
LE TSAR
Partout on Europe, les nouvelles meilleu-
res de la santé du tsar ont été accuéillies
avec une satisfaction profonde. Nulle part
la joie n'aura été plus. sincère que dans naa
trc pays. Si, comme les autres, notre na
lion doit envisager avec anxiété la dispari-
tion posslblo d'un facteur aussi important
delà situation internationale que le souve-
rain absolu d'un immense empire, elle a
augmenta cette anxiété politique des alar-
mes d'une affection personnelle.
La nation française a témoigné par des
démonstrations, dont on lui a reproché à
l'étranger F enthousiasme, que c'était avec
Aine cordialité particulière, dépassant le do-
Ç:fnKthè de la tibiit que pour entrer dans celui
du sentiment, qu'elle considérait Nicolas II
-comme le souverain « ami et allié »,
LES CONGRÉGATIONS
A l'heure ou la question des congréga-
tions religieuses se présente devant la
Chambre, il nous parait utile de rensei-
gner nos lecteurs sur l'existence ae ces
congrégations et sur leur passé. Vous
pourrez peut-être ainsi mieux suivre là
discussion et mieux comprendre la porJp
tée de l'ceuvre de salubrité publique entre-
pripe par le ministère.
C'est au vie siècle nue les premiers
ordres monastiques s'établirent en Gana
le. A cette époque, Saint Martin fonda lé
monastère de Marmoutiers, SaiutGolom-
ban celui de Luxeuil, Les règnes de
Charlemagne et de Louis le Débonnsrire
paraissent avoir été plus spécialement
favorables à la multiplication des ordres
divers. Les croisades contribuèrent aussi
à la propagation des vœux monastiques.
Et nulle restriction n'était alors apportée
au libre exercice des droits civils des
moines et des religieuses. C'est au Ule
siècle seulement que se placent les pre-
mières mesures de défense des rois.
L'ordonnance la plus ancienne date de
Saint-Louis. Le pieux roi, frappé de l'ex-
tension que prenait la propriété foncière
des divers ordres, rendit une ordonnance
qui se trouve rapportée dans les Institu-
tions coutumières de Loisei ; (t. 1) « Gens
d'Eglise, de Communauté et main morte
peuvent acquérir un fief, seigneurie et
service d'autrui ; mais ils sont contral-
gnables d'en vider leurs mains dans l'an
et jour du commandement à eux fait
après exhibition de leur contrat. Après.
l'an, ils n'y peuvent être contraints,mais
sont tenus d'en payer l'indemnité au sei-
Sneur et prendre amortissement du
toi. »
Les congrégations vécurent sous ce
régime de la dépossession et de l'impôt
pendant 300 ans. Il leur fut encore, vers
la même époque, défendu de signer des
contrats à fond perdu. En cas de contra-
vention, les biens acquis à ce titre étaient
nnfhnnAA.
En 1534 se fonda la plus célèbre des
congrégations, celle des jésuites. Elle
eût les fortunes les plus diverses. Son
premier acte fut de bâtir un collège à
Paris, (1650) mais, sur l'avis de revê-
que, le Parlement refusa d'enregistrer les
lettres patentes. Il ne consentit à cet
enregistrement qu'après que les jésuites
eurent solennellement promis, à l'Assem-
blée de Poissy (15 septembre 1501) de se
soumettre entièrement à l'évêque diocé-
sain. Dès 1594, le nouvel ordre était
expulsé. Il se rétablit néanmoins. Louts
XV l'aholit par l'édit ds novembre 1704.
De son côté, suivaut bref du 20 juillet
1773, le pape Clément XIV le supprima,
déclarant « qu'à cause de l'esprit d'intri-
gue de cet ordre, l'Eglise, tant qu'il exis-
.orait, n'aurait jamais une paix dura-
ble. » - - 1
Sous la monarchie, il ne pouvait y
avoir do congrégations non autorisées.
L'autorisation se donnait à des condi-
tions générales et à des conditions parti-
culières.
Conditions générales. - Autorisation
du roi, apros enquête devant le Parle-
ment, avis favorable des personnos inté-
ressées, notamment des communes; con-
sentement de l'évêque diocésain.
Conditions particulières. 25 ans
d'Age ou bien consentement par écrit
des père et mère.
Ces conditions devaient être stricte- '1
ment observées. La déclaration de ÎHGO
prescrivit que les officiers publics se
rendraient dans les communautés
établies depuis moins de dix ans et se
feraient représenter les lettres patentes
d'autorisations. Si elles n'en possédaient
point, ordre leur serait donné de se dis-
perser et l'exécution do cet ordre serait
assuré conformément aux ordonnances.
Enfin l'édit de 10G6, considérant que
quelques congrégations subsistaient né-
anmoins sans autorisation prescrivit des
poursuites criminelles contre leurs di-
recteurs.
Donc la congrégation, sous l'ancienne
monarchie, était soumise à l'autorisation
lu roi et à la surveillance de l'évêque
diocésain.
Nous avons vu que St-Louis avait res-
treint, pour les congrégations, la faculté
d'acquérir ou d'augmenter démesuré-
ment leurs possessions territoriales. L'é-
dit de mai 1532 et lordonnance de mai
1579, disposeront que, désormais, les
vœux monastiques entraîneraient mort
civile. Du moment où il entrait dans la
congrégation, les biens du religieux pas-
saient à ses héritiers, à moins qu'il n'en
eut disposé par testament. Auquel cas,
par le seul fait de la prise d'habit, sa suc-
cession était ouverte.
La coutume de Paris portait pour les
congrégations, iuterdiction d'acquérir.
L'Edit de Châteaubriant de mai 1532
leur interdisait de succéder.
Telle est l'œuvre de l'ancienne monar-
chie. Elle combattait les congrégations
en leur refusant la permission de s'enri-
chir. Elle croyait arriver à son but par
ces mesures draconiennes que nous ve-
nons de citer. - - -
Elle n'arnva a rien. Malgré toutes ces
ordonnances, sévèrement appliquées, les
congrégations grandirent, se propagè-
rent et leur fortune pécuniaire ou fon-
cière fut immense. Parce qne la congré-
gation c'est la force de 1 accumulation
qui naît de l'économie. C'est la force de
la ruse qui naît de l'interposition des
personnes.
L'Economie 1 Nul religieux ne possède.
Ce qu'il reçoit, il est obligé de le trans-
mettre au chef de son ordre. C'est de cet
ordre qu'il tient sa maigre existence.
Et quand Tordre est fatigué de le nour-
rir, il l'envoie en mission dans les parois-
ses où il le fait entretenir par les curés.
L'ordre s'enrichit de tout. Quant au re-
ligieux, SL-Benoît l'a dit (ebap. 33.): « Il
importe d'extirper en lui, jusqu'à la raci-
ne, le vice de la propriété. Des qu'il a
fait profession, il ne peut pas même dis-
poser de son corps. Il n'a pas même un
livre, des tablettes, un poinçon. Tout est
mis en commun et nul, parmi les reli-
gieux, ne doit avoir la témérité de dire
que quelque chose lui appartient. »
Les personnes interposées 1 C'est en
effet dans la complicite de ces person-
ne 1 qui prêtent leur nom à l'acquisition
de la propriété, que les ordres trouvent
moyen de posséder contrairement aux
lois.
Or, l'ancienne monarchie no vit que le
danger de l'économie. Elle n'aperçut
point le danger qui naît de l'interposition
des personnes. D'où l'inutilité de la lutte
qu'elle soutint.
De la lutte de la première république,
ne disons qu'un mot. Elle fut brève et
victorieuse. La loi du lu février 1791
supprima les vœux, prononça la disso-
lution des associations où il s'en faisait,
et leur interdit de se rétablir à l'avenir.
Et comme, malgré la loi, les congré-
gations ne s'étaient point toutes disper-
sées, elle prononça contre celles qui per-
sistaient a rester unies, la peine de la
déportation à la Guyanne. (Loi du 17
août 17U2). Le moyen était sûr. Il pro-
duisit immédiatement l'effet voulu. Les
congrégations désertèrent alors la Fran-
co.
Cependant, au bout de quelques an-
nées, la Révolution ayant dégénéré en
tyrannie et la tyrannie en faiblesse et on
imbécilité, la nation songea à la restau-
ration d'un pouvoir fort et sérieux. L'em-
pire vint.
Aussitôt il se préoccupa de donner sa-
tisfaction à ceux que la Révolution avait
empêchés, suivant l'expression de Ca-
mille Desmoulins, do inesser et d'être
messés Le concordat fut fait. Les arti-
cles organiques suivirent : par la loi du
18 germinal an X fut autorise l'établisse-
ment des chapitres cathédraux et des
séminaires, L'art. 11 de-la loi portait :
« Tous autres établissements ecclésias-
tiques sont supprimés. »
Le sons de cet article II est fort net, si
l'on se reporte au rapport que Por-
talis fit devant leConseil a Etat : a Toutes
les institutions monastiques ont disparu,
disait-il. Ellesavaientété minées parle
temps. Il n'est point nécessaire à la reli-
gion qu'il existe des Institutions pa-
reilles. »
Quelques congrégations, néanmoins,
se formèrent encore. Inlr'autres colle
dos Dames de Picpus qui date de 1 o 1.
Le décret du 3 messidor an XII en pro-
nonça la dissolution: « Aucune congre
gation d'hommes ou de femmes no pour-
ra se former à l'avenir, sous prétexte de
religion, à moins qu'elle n'ait été formel-
lement autoriséopar décret impérial, sur
le vu des statuts et règlements. »
Les premières autorisations furent
données par décret du 2() septembre 1N09.
L'empereur autorisa les Frères de la
doctrine chrétienne, les ordres monas-
tiques chargés du service des monta-
gnes (St-Beruard, MontGenévre,Gran.le
Chartreuse) et les femmes qui s'étaient
alors vouées au service des malades ou
à l'instruction publique.
C'est dans cette situation par rapport
aux congrégations que la Restauration
va trouver la Franco. Je ne sais pour-
qnoi le retour de la royauté avait fait
espérer aux moines de toutes sortes que
la pays serait désormais à leur merci.
Ils tentèrent de conquérir l'influence
par deux moyens, les missions et l'ins-
truction publique.
Louis XVIII et Charles X voulaient
bien que des missionnaires allassont
dans les villes et les campagnes repré-
senter la révolution et l'empire comme
l'abomination des abominations. Celà fai-
sait l'affaire de la royauté. C'était très
bien. Mais ils n'admirent pas que les
congrégations pussent, en donuant- l'ins-
truction secondaire, pétrir, pour la do-
mination future de Rome, le cerveau des
enfants, Et jamais gouvernement ne fut
plus dur pour les congréganistes ensei-
- gnants, que celui-là. Si bien que sous les
rois, la fortune congréganisto ne fit
point de grands progrès. Louis Philippe
suivit l'exemple de ses cousins.
Mais, sotis le régime de ce roi, vivait
une race conçue pendant les guerres de
'l'empire, Musset la dépeint ainsi : « Gé-
nération ardente, pâle, nerveuse, mise
au monde par des mères inquiètes, alors
que les maris et les frères étaient on
Allemagne, conçue entre deux batailles,
élêvée dans les collèges aux roulements
du tambour, »
A cette race chétive,à ces jeunes gens
à l'œil sombre, suivant 1 expression du
poète, devint bientôt insupportable l'in-
action née d'une longue paix. Les cer-
veaux travaillaient,des conceptions j ustes
parfois, souvent grandioses et utopistes,
mais toujours libérales, éclorent au so-
leil, La liberté, cette liberté que les an-
cêtres avaienteréée, mais qu'ils n'avaient
point connue dans le chaos des révolu-
tions, la liberté devint la déesse du jour.
Et les congrégations, toujours habiles,
toujours à l'afffit, surent profiter de co
mouvement d'opinion.
Elles entrèrent en campagne. « Pour-
quoi cette distinction entre la congréga-
tion autorisée et la congrégateon non
autorisée au point do vue de l'enseigne-
ment, dirent elles. Que la congrégation
non autorisée n'ait point le droit de pos-
séder, puisqu'elle ne forme point corps,
soit. Mais ses membres sont libres. La
soutane n'est, en somme, qu'une redin-
gote plus longue. Ce n'est point parce
qu'un homme s'habillo de telle ou telle
façon qu'il sera privé do ses droits. Or,
nous sommos savants, nous sommes
honnêtes, pourquoi nous opprimer dans
notre droit d'enseigner la jeunesse. C'est
contraire à la liberté. »
Ce beau raisonnement eÚt un plein suc-
cès. La loi Fallou;: en sortit le 15 mars
1850. Voici commout s'exprimait le rap-
porteur de la loi : « Les membres des
congrégations religieuses non recon-
nues par l'Etat pourront-ils ouvrir et di-
riger des établissements d'instruction se-
condaire et y profesRer f La réponse no
peut être douteuse. Nous réglons l'exer-
cice d'un droit public, à la jouissance du-
quel sont appelés tous los citoyens, sans
autre exception que ceux dont l'immora-
lité a été déclarée par un arrêt de justice.
Nous disons, avec le rapporteur du pro-
jet de loi présenté à la Constituante : « La
République n'interdit qu'aux ignorants et
aux indignes le droit d'enseigner. Ello
ne connaît pas les corporations. Elle ne
les connaît ni pour les gêner ni pour les
protéger; elle ne voit devant elle quo
des professeurs. 1
Donc, professeurs 10S Jésuites, profes-
seurs les Dominicains, professeurs les
dames de Picpus, les adoratrices du
Cœur bleu, du CI"ur rouge. Partout se
fondèrent des maisons d'éducation, dans
lesquelles, sous l'apparence du profes-
sorat, vécurent dos congrégations en-
tières. La profession apparente ce fut to
professorat; la profession réelle, ce fut
la mendicité, lacaptation des héritages.
Je n'en. yeux qu'un exemple.
Vous avez tous ontondu parler des
dames du Sacré-Cceur. Co sont les Pic-
puciennes, Partout elles ont fondé, de-
puis la loi Falloux. des établissements
d'éducation. Eu 1853. trois ans après la
loi, l'évêque d'Arras, visiteur apostolique,
écrivait, dans son rapport au pape : c La
congrégatton des Dames de l'Adoration
perpétuelle dos Sacrés-Cœurs de Jésus et
Marie, établie à Picpus, possède en
Frauce 21 établissements. »
El Berryer qui, dans un procès célè-
bre défendait la congrégation à laquello
Emile Ollivier avait reproché sa fortune
peu évangélique, prétendit que ces 24
établissements étaient à peu près impro-
ductifs. Ce qui permettait aux trois mille
sœurs, qui composaient la congrégation,
de vivre, c étaient les dons des unies
pieuses. «Il ne faut pas croire, disait
Borryer, que le pou qui reste à la fin de
chaque année soit lo pro.luit des béné-
fices réalisés dans les maisons. 11 y a
beaucoup d'limes chrétiennes qui s'inté-
ressent à la congrégation de Picpus, qui
lui donnent dos socours. »
Voyons, d'un mot, quelles étaient les
ressources de la communauté.
Lo bilan do lKïo, établi par M"" de
Guorry, va nous montrer le mouvement
de fonds d'une année. Trois mille RI'P.urs
eut vécu un an sur les socours, et il reste :
ACTIF
(n'caisse lo 2(> mai 10.000fr,
Lo 1 1 mai vendu los rentes
d' \'; pag no. , ln. O.lQ
d'iîspagno 111.040
Total ISl.OlOfr.
DÉPENSES
Pour la maison do Saint-Ser-
vao 59.000 fr.
Pour cello do Chartres 35.000
Pour Valparaiso (iO.OOO
1 1. 000 f
Beslo not ^7.040 fr.
1 leçu de Paris., ..,. :H.OOO
Placés 01.010 fr.
Or la. loi Falloux, intervenue quinze
ans plus tard, allait ouvrir un plus vaste
champ d'exploitation. Jo laisse à penser
ce que doit êtro, à Phonre actuelle, la
fortune de cetto congrégation.
C'est devant ce daugèr do l'accapare-
ment de la richesse publique, devant
cette menace du rétablissement de la
main-morte, que s'émurent les esprits
éclairés.
Le 13 mai 1882, M. Waldeck-Rous-
seau déposait à la Chambre un projet de
loi aux termes duquel : * Toute congréga-
tion religieuse d'hommes ou de femmes
serait prohibée et le fait d'en faire partie
constituerait le délit puni des peines de
l'art. 201 du Code pénal- »
Ce projet fut pris en considération,
Le 22 octobre 1«S3, M. Waldeck-Rous-
seall, alors ministre de l'intérieur, pré-
sentait un projet de loi sur les associa-
tions : « Les associations ordinaires se-
ront licites sans autorisation et acquier-
ront la personnalité civile par le fait de
l'autorisation, tandis que los associations
religieuses no pourront se former sans
autorisation législative préalable. Sont
illicites les associations entre Français
et étrangers et dirigées par un chef soit
étranger, soit résidant à l'étranger. »
Le - 10 janvier 1802, M. de Freycinot
déposait à son tour un projet analoguo,
où il remplaçait par l'antorisation judi-
ciaire l'autorisation législative.
Ces mosuros peuvent avoir leur grande
utilité. Cependant nous avons vu succes-
sivament la royauté et la Révolution les
prendre inutilement.
La congrégation, êtro impersonnel,
échappe toujours à la foudre et toujours
se reconstitue.
Nous sommes d'avis qu'il faudrait frap-
por non la congrégation seule, mais en
mfime temps lo refugv» où elle s'abrite.
Ce qno vent la congrégation, c'ost la
richesse, qui donne 1 influence. Or, los
congrégations non autorisées n'ont point
lo droit de posséder. Comment donc
acquièrent-elles la possession que la loi
leur déniet
Par le jeu de personnes interposées.
Vous en avez vu uu exemple lors de la
perquisition faite chez les Assomption-
nistes. locataires apparents do leur hôtel,
mais nantis d'une contre-lettre qui leur
on reconnaissait la propriété.
C'est cette interposition des personnes
qu'il faudrait rendre impossible.
Vous savez, qu'eu droit Français sont
nulles les dispositions soit par donation,
soit par testament au profit des incapa-
bles, suit qu'on les déguise sous la forme
d'un contrat à litre ouéreux, soit cpi'on
les fasse sous le nom de personnes inter-
posées. (Art. 'JLt Code civil).
Or, nous voudrions assurer à cet arti-
cle do nos lois une sanction, et nous de-
manderions qu'on insérât au Code Pénal
un article ainsi conçu : « Toute congré-
gation religieuse non autorisée qui aura
bénéficié d'une donation ou d'un legs fait
à personne interposée, sera poursuivie
en la personne de ses supérieurs géné-
ral, provincial et local. -
< La peine sera de 3 à 5 ans d'empri-
sonnement et d'une amende égale a la
valeur des biens formant l'objet du legs
ou de la donation.
« Serout Dunios do mûmes Deines les
personnos interposées. - -- - , L'
« Lesolîiciers publics, qui auront prêté
sciemment leur concours à ces actes,soit
qu'ils se présentent sous leur véritable
aspect, soit qu'ils soient déguisés sous la
forme do contrats à titre onéreux, seront
frappés de destitution, et le prix de leur
ofllco fora retour à l'Etat.
t Les circonstances atténuantes ne sont
point applicables au présent article. »
Nous pensons que, du jour ou cet arti-
cle serait voté, c'en serait fait en France
des congrégations non autorisées.
Quant aux autres, c'est au gouverne-
ment qui les connait. puisqu'il les a au-
torisées, à exercer sur ellos une surveil-
lance telle qu'elles ne puissent commet-
tre d'abus.
Spartacus.
MOYENS DE TRANSPORT
Tramways divers. Trolleys
électriques. Monorails. -
Suppression des rails.-Ponts
suspendus et à transbordeur.
C tmmonlanl le dii/Mn do la Sagesse des
nations: « Ù ijuchiue chose malheur est,
bon, •> J{t'Hj:))tti)) Franklin, "ni ne fut pas
un soi, a rcrll 11IIelq\ll' pari colle pensée la-
pidaire : « il on est. de l'homme de bleu
« comme dos piaules aronial iqui-s, \ilus olles
«. sont hl'l)-é,', plus elles exhalent leurs
« paiTuins : >
.k Ill'. sai:'\ i ¡IIll:; les braves e.l hounêles
citoyens qu'oui, écrasés, en ces derniers
temps, los chemins cle fer, Il'amways.inù-
I ropolilains ,'1 ;\III)'I' (llI1(lllI()llÍlc l-!.'()Ù[('I'Olll.
cet aphorisme, d Il célèbre philantroiie, j'en
houle forlcmeiil; ils auraient préféré sans
doute la lunun* ol saine conservation de
leurs « parfums •̃> aux hroieinenls dont ils
ont clé viel i N IO s.
Si d ailleurs le malheur olnil bon a quel-
que chose danslacircoiislaiice, il pousserait
les ingénieurs et los chercheurs ;i trouver
des engins et des systèmes pour empêcher
le retour de pareilles calamités.
Au contraire jo crois que plus ils vont,
plus los inventeurs,e mporlé-; parla folie do
la vitesse et la. passif>u de supprimer l'obs-
tacle, multiplient les nouveaux uvlires de
locomotion elles conslrucliuus qui s'y rap-
portent.
Lie n'est pas lo lieu de faire une étude sur
les moyens de transport, c'est d'ailleurs af-
faire aii\ professionnels el techniciens:
mais il y a une constatai ion à relever, c'est
celle dela I rnnsl'ormalion des voies el des
véhicules: si elle est déjà banale, elle n'en
esl pas moins vraie!
Le lemps n'est plus où,
Dans un chemin môiUant, sablonneux, nialalsiS
Six forts clH-vaux tiraient, un cuche !
I.es lara-os routes et les railways modernes
sont sillonnés de toutes parts par les teufs-
leufs légers ou parles lourdes locomotives:
on traverse les collines, on passe les riviè-
res. on grimpe los côtes aussi bien assis
qu'au coin de sou l'eu, et, connue Guzinan,
l'art de voyager ne connaît plus d'obstacle.
lin dehors dos chemins do fer qui traver-
sent en tons sons notre beau département,
si l'on considère seulement Rouen C'I le
Havre, quelles nombreuses facilités de cir-
culation no sonl-elles pas ulVerles à Unis,au
riche comme au pauvre, au bourgeois com-
me à l'ouvrier.'
Rouen possède Iroisréseaux de tramways
électriques, un chemin de 1er funiculaire,
un pont à transbordeur, et ses habitants
peuvent mouler à lion-Secours ou au cime-
tière du Nord aussi commodément qu'ils se
promènent sur le cours B, \Ù'ldil'll,
Le Havre est couvert également par un
vaste réseau cle tramways el son funicu-
laire me ne a la (..oie,tantôt Soutenu eu I air,
tantôt en souterrain, toujours sans souci
des diflicullés et des obstacles.
11 y a encore des tramways mécaniques
à Ulbeuf et d'autres sont en projet en plus
d'un point do la Seine inferieure.
Jusqu'ici tous ces divers réseaux ont
adoplé le système dit (\u trolley : dire qu'il
soil gracieux ol arlislique serait certaine-
ment commettre une hérésie esthcMiquo,
maison revanche combien il esl commode,
el facile à établir !
f.'esl naguère ù Harnétal, si je me sou-
viens bien, qu'un conseiller municipal, bien
intentionné sans doute, proposa l'établis-
sement d'un rn.<'fr0[)0tif
projet n'eut pas de succès: aussi bien on
voiî. par te fouetionneinenl de ce système
à Taris, combien il présente encore d'incon-
vénients ; les journaux relèvent plusieurs
accidents tous los jours.
Le système, clos pa\cs melnl.hfues avec,
polils ballais frfi m. pour prendre l'énergie
électrique au passage, esl dangereux pour
les chevaux, pariiculièroment dans les cas
où le renversement du clou qui donne la
communication à l'intérieur du pavé, ne
s'elVeetue pas correctement après lepnssagc
de la voiture.
Les cars munis d'accumulateurs sont bien
lourds, eliors à établir et demandent, des
relais, oie.
Si le trolley parait iriompher pour le mo-
t menl, par contre ou <\l'l'Í\ c à réduire lQ
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 60.22%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 60.22%.
- Collections numériques similaires Fonds régional : Aquitaine Fonds régional : Aquitaine /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Aquit1"Ordonnance du roi, concernant les dragons garde-côtes de la province de Guyenne. . Du 21 octobre 1758 /ark:/12148/bd6t54203974m.highres Règlement en interprétation de celui du 13 août 1757, concernant les milices garde-côtes de la province de Guyenne . Du 21 octobre 1758 /ark:/12148/bd6t542039736.highresFonds régional : Corse Fonds régional : Corse /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "RCorse1" Fonds régional : Limousin Fonds régional : Limousin /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Limous1" Fonds régional : Rhône-Alpes Fonds régional : Rhône-Alpes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "RhoneAlp1"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6393012j/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6393012j/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6393012j/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6393012j/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6393012j
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6393012j
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6393012j/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest